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 Keep me hoppin'

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Message(#)Keep me hoppin' EmptyVen 16 Nov 2018 - 20:10

Les beaux jours amenaient inéluctablement leur lot de débauche, et il avait fallu plus que l’appel de la nuit pour dissuader deux ou trois irréductibles de prendre leur quartier au coin du bar. Matt, dans toute sa grandeur d’âme, accompagnait les habitués jusqu’à la porte pour leur dispenser quelques avertissements, tandis que Scarlett tapait délibérément dans les chaises avec sa serpillière pour chasser les mieux installés. L’un d’entre eux avait la tête enfouie dans ses bras et ronflait au bord de la table, suscitant les rires taquins de ses amis, qui ne se gênaient pas pour immortaliser le moment sur leur téléphone. Parvenue à leur niveau, Scarlett manqua de compatir lorsque son coude heurta involontairement le crâne du morveux, qui se réveilla en sursaut et poursuivit la dernière conversation que son cerveau avait enregistrée comme s’il ne l’avait jamais quittée. Machinalement Scar roula des yeux, avant de fixer leurs verre vides avec une insistance évocatrice que n’importe quelle personne sobre aurait interprétée comme une invitation à déguerpir. Elle laissa couler cependant, et s’éloigna sans même ronchonner, peaufinant son ménage avec une application exceptionnelle. Son obstination était clairement suspecte, alors qu’elle se faufilait derrière le bar pour sécher les derniers verres que Matt avait laissé égoutter dans le bac. Le couperet était tombé. Elle n’avait plus que trois jours pour faire ses valises et quitter son appartement. L’enthousiasme qu’elle avait feint auprès de son propriétaire n’avait été qu’un réflexe vaniteux, et lui avait même valu un raccourcissement du délai, initialement prévu à une semaine. Elle lui avait dit trois fois rien. Juste qu’elle était ravie de quitter son appartement à la décoration miteuse qui puait la schneck, et qu’elle espérait que le loyer de la prochaine locataire servirait au moins à l’entretien de sa dentition béante, à défaut de servir à celui des murs ravagés par les rats. Et voilà qu’elle devait déguerpir sur le champ. Elle pensait pourtant avoir fait preuve d’une extrême diplomatie, alors qu’elle se remémorait ces fois où la douche avait craché de l’eau froide après un shampoing mal rincé, ou lorsque le plafond s’était effrité lorsqu’une mouche battait des ailes un peu trop près. Clairement, elle l’avait tué plusieurs fois dans ta tête, et il aurait dû s’estimer heureux de n’avoir jamais eu vent des trésors d’imagination qu’elle avait déployés dans chacune des mises en scène. Dans trois jours, elle serait à la rue. Dans deux dodos même, comme l’aurait dit Moïra. Et c’était peut-être bien la seule raison qui l’empêchait de ranger son tablier et de s’en griller une en sortant. Ça, et aussi parce qu’il lui arrivait d’éprouver quelques scrupules à se décharger de son travail sur Matt sous prétexte qu’il habitait au-dessus et qu’il ne voyait pas les risques d’agression se multiplier à mesure que l’heure défilait. Le regard perdu dans la contemplation du vide, Scarlett frottait le même verre depuis une trentaine de secondes lorsque Matt retourna à ses affaires de patron, et enjoignit les derniers à prendre congés avec un complaisance à laquelle elle aurait elle-même eu du mal à résister. Et pourtant, elle avait longtemps été la chieuse qui se cachait sous les tables pour éprouver la patience des vigiles de boîte de nuit, alors que les lumières éclairaient soudainement, et de toute leur intensité, les ravages de la soirée. Des ravages auxquels elle avait délicieusement contribué, et qu’elle se voyait ironiquement réparer du haut de ses responsabilités d’adulte. « Ouaaaais ! » s’exclama-t-elle triomphante alors que la porte du bar se refermait à peine dans le sillage des trois garçons. Elle se reprit aussitôt, sans se départir des sarcasmes qu’elle affectionnait tant. « Bon OK, ils ont une merveilleuse carrière de piliers de bar qui les attend, je devrais être plus tolérante envers eux. » Ou envers quiconque, pensait-elle en faisant tinter la boîte à pourboires près de son oreille. « Avant que tu dises quoique ce soit, je pense que je suis en droit de récolter les trois quarts des pourboires ce soir, parce que j’ai été d’une efficacité rare. » Elle entendait elle-même à quel point ses diligences étaient stupides et ne servaient qu’à accabler la qualité discutable de son travail le reste du temps, mais se rassurait au moins de savoir que Matt la connaissait assez pour ne pas s’en formaliser. « Et parce que je fais des rimes, en plus. »
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Message(#)Keep me hoppin' EmptyMar 20 Nov 2018 - 4:11

Des fois, j’avais l’air con. Bon, j’vous entends, pas que des fois, ça va c’est bon, c’est legit, ça passe, je vous capte, merci du rappel. Des fois, je laissais mon regard devenir neutre, je laissais mes prunelles dériver à travers le bar, je remarquais, je glissais d’un client à un autre, détaillait les détails, m’amusait d’un trait différent, d’une ressemblance entre l’un et l’autre. Et parfois, j’arrêtais de regarder, de m’égarer, et je fixais un point, un seul. Ce soir, c’était elle. Et à qui je mens, c’était pas mal souvent elle, une poignée de secondes, à peine une minute. C’était son visage fermé qui m’arrachait un rire étouffé parce que je la connaissais assez par coeur pour savoir que ça allait barder dans l’instant suivant pour la personne se frottant à elle. C’était son rire cristallin qui augurait autant de bonnes que de mauvaises choses. C’était sa silhouette qui dansait avec innocemment calculée d’un point à un autre, ses mimiques, ses expressions, ses cambrures. C’était Scarlett qui, à la seconde où sa langue claque une énième fois à l'intention des clients qui collent, je sens le besoin d’intervenir. Matt dans toute sa splendeur, le héros dont personne a besoin, qui arrive à leur hauteur, se poste comme le grand gamin au sourire à deux balles, battement de cils à outrance.  « C’est bon les gars, y’en reste plus une goutte j’ai vérifié. » à l’attention de leurs verres vides qui partent sans plus de cérémonies avec la brune dans la volée. Et si Scar retourne ailleurs terminer sa fermeture, je me poste à la table, attends patiemment, le sourire en coin de celui qui gère son monde comme sa famille, en mieux - à voir ce qui se trame avec mes soeurs, on repassera sur ladite gestion.   « On se revoit demain? Passez au comptoir me voir en arrivant. » battement de cils d’office, la promesse d’un shot gratuit chacun suffit à ce qu’ils remballent leurs affaires, aillent voir au prochain food truck de tacos sur l’allée si j’y suis - l’air béat puant le houblon, tatouant leurs visages enflés par l’alcool ingéré.

« Le commerce roule grâce à des ivrognes comme eux, t’oublie pas.  » et il siffle, joueur le Matt. Retournant à la vaisselle et à la caisse, c’est un éclat de rire tintant au même rythme que les pièces que la brune agite sous mes yeux qui renchérit, comme pour prouver mon point. Je la connaissais piquante, je la savais brûlante, mais la Warren avait compris au fil des pourboires et des longues soirées de boulot que la diplomatie payait toujours plus, mieux. L’instinct relance plus vite que je ne le réalise, et le caractère McGrath trop protecteur en puissance la rattrape dans l’angle lorsque je glisse sur la pointe de l’iceberg qu’elle a amené.  « T’as besoin de plus que d’hab? » mais l’entente, c’était de la laisser tranquille, de pas jouer au sauveur à outrance avec elle. Affligé mais grand garçon, je secoue la tête pour la dédouaner de répondre, pas à ranger les diverses bouteilles éparses disposées par-delà sur le bois vernis en poursuivant, trop blasé pour l’être vraiment. « Deklan s’en balance prends sa part, il était occupé à draguer la p’tite blonde de la semaine dernière anyways. » la preuve est pointée de mon menton, à montrer l'autre barman qui roucoule les yeux brillants la bouche en coeur pendu aux lèvres de sa conquête d’avant revenue réclamer son dû ce soir.  « Un dernier verre avant que tu partes? » deux bouteilles entre les mains, le choix entre le bourbon et le rhum, et j’attends pas avant de filer chercher des verres propres sur la tablette au-dessus de la tête de Scarlett.  « Ou t’espères les rattraper pour leur dire ta façon de penser hors-commerce? » un coup d’oeil taquin par-dessus mon épaule, j’attends qu’elle confirme avant de verser sa portion ; ma rasade à moi est déjà à même d’être servie.
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Message(#)Keep me hoppin' EmptyJeu 13 Déc 2018 - 0:44

C’était autant son amour des sarcasmes que son sens de la contradiction qui avait poussé Scarlett à éclater d’une joie qu’elle seule savait excessive. Elle ne trompait personne. Scar aimait beaucoup trop la provocation pour faire preuve d’aigreur face aux insubordinations des clients, qui n’étaient à ses yeux que des prétextes pour justifier un manque de professionnalisme que Matt aurait autrement condamné. Parfois elle se demandait vraiment ce qu’il pouvait bien discerner qu’elle était incapable d’identifier elle-même. Comme si toutes leurs années de fréquentation avaient rendu son jugement aussi arbitraire qu’il pouvait l’être face aux exubérances de sa sœur, qui n’était jamais en reste lorsqu’il s’agissait de faire preuve de mauvaise volonté. Et elle en profitait. Beaucoup trop. Elle profitait aussi de cet attachement bien plus que fraternel qu’elle lui prêtait parfois, quand son regard vrillait dans son décolleté comme si c’était l’adage d’un patron. Une manie qu’elle se serait empressée de dénoncer si elle ne la trouvait pas si flatteuse, presque délicate de sa part. Dans ses yeux à lui, tout semblait plus attendrissant. Certainement qu’elle était elle aussi très partiale dans ses réactions lorsque Matt était impliqué, et elle appréciait particulièrement ce petit jeu subtil auquel ils s’adonnaient ensemble, pourtant chacun persuadé d’être les seuls à en maîtriser les règles. Mais ce soir, elle était peut-être bien plus impatiente que d’ordinaire de profiter de ces quelques instants privilégiés en sa compagnie, à refaire le monde en feignant boucler son travail à un rythme encore plus nonchalant que d’habitude, pendant que lui s’occupait naturellement d’en faire beaucoup plus que ne l’exigeait son statut. Il lui cédait trop de choses, mais Scar s’évertuait encore et toujours de tester les limites de sa bienveillance à son égard, comme elle s’acharnait à le faire pour tout le reste. « J’apprends vite. Et des meilleurs. » rétorqua-t-elle, non contente de mousser un peu l’égo de son ami avant de le racketter finement d’une partie de sa caisse. Elle haussa les épaules, une moue penaude pendue au visage, lorsqu’il la questionna brièvement avant de se rétracter. Son regard glissa vers ce cher Deklan, qui de toute évidence avait déjà récolté sa part ce soir, et un sourire malicieux étira ses lèvres dénudées. Ni une ni deux, elle fourra les billets dans son soutien-gorge, et abandonna les pièces à leur triste sort au fond du bocal, indignes de rejoindre leurs confrères au creux chaleureux de sa poitrine. Matt avait malgré tout compris que quelque chose clochait, et Scar regretta juste à cet instant de le savoir si perspicace. Elle n’était pas prête à mendier, ni à déceler la commisération dans ses yeux d’ordinaire si mutins. Pour faire diversion, elle tenta vainement d’étouffer un rire qui s’avéra d’autant plus retentissant, et détourna le regard lorsqu’elle sentit celui de Deklan se poser sur elle avec réprobation. « Je rêve ou elle a plus de seins que la semaine dernière ? Et de cheveux ? » murmura-t-elle comme une confidence que leur audience devinerait sans doute moqueuse, sans en connaître les détails. « Tu devrais pas me tenter comme ça. J’ai beaucoup trop pris sur moi ce soir. J’ai besoin de me défouler un coup. » le conjura-t-elle alors qu’il lui versait déjà sa dose méritée de bourbon. « A mon calme olympien ! » dit-elle en levant son verre et se pliant avec un plaisir non dissimulé au jeu des regards soutenus. Un tintement de verre plus tard, elle avait déjà descendu le sien, et l’enjoignit d’un signe de tête de lui en accorder un second. « Puis en plus tu sais quoi. Ils me rappellent un peu nous, dans notre insouciante jeunesse. Mais en beaucoup plus fragiles... Ils ont bu quoi ? Deux pintes ? Et ça dort sur les tables. » Qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour revivre ce temps où les menaces d’expulsion ne planaient pas au-dessus de sa tête comme les fâcheuses conséquences d’une vie d’adulte. « Et tu sais quoi ? J’ai pas envie de rentrer ce soir. Ça te tente pas une petite virée dans Brisbane by night ? »
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Message(#)Keep me hoppin' EmptyMar 18 Déc 2018 - 17:18

Les mains déjà enfouies dans la jarre à pourboire, elle s’amuse de mon ego d’un minaudement et d’un autre, elle qui savait comment me jouer du violon parfaitement à l’oreille, me dire exactement ce que je voulais entendre pour contrôler le reste comme un pantin aux cordes allégées par la nostalgie des beaux jours, de l’amitié qui s’étire sur plusieurs générations. « Tu dis juste ça pour me flatter : disclaimer, ça fonctionne parfaitement. » et malgré tout il gonfle mon torse, il s’élargit mon sourire, la suivant des yeux dans le processus qu’elle maîtrise à la perfection de s’en remplir pleins les poches. Et le décolleté. Ouais Matt, c’est bon, la demie-seconde que tu t’autorises pour reluquer s’étire depuis presque 30 secondes supplémentaires, chill out, regarde ailleurs. La toux du stupido de service pris sur le fait qui boucle le reste, et voilà que Scar m’offre la parfaite distraction, maintenant qu’à son tour elle narre la soirée de notre Deklan national, le seul et unique, et sa voix dans les graves qui vole la vedette aux sons de basse qu’on entend résonner dans la sono encore allumée malgré l’ambiance vide de chez vide du DBD en fin de nuit.  « J’aurais dû t’écouter et investir dans du meilleur éclairage. La mode des guirlandes lumineuses d’hipster, ça vaut rien quand y’a des questions du genre qui restent sans réponse. » plissant des yeux avec difficulté, je tente vainement de lui offrir une réponse, maintenant plus que mitigé par ce qu’elle avance et l’impression physique que la nana du jour m’a laissée la dernière fois, et aujourd’hui encore. Rien n’y fait, les lumières grosses comme des pièces de monnaie et à allure tamisée romantique mystérieuse et autres buzzwords sur Amazon suffisent à ce que j’abandonne, profite du bourbon fraîchement servi pour arroser mon amertume d’une longue lampée.  « Comme toujours. » et j’éclate de rire, voyant qu’elle ne se croit même pas Scarlett, quand elle clame avoir pris sur elle. Pour l’avoir vue dans tous les états inimaginables, fallait tout de même souligner le plus honnêtement du monde que son caractère de merde toujours prêt à la foutre dans des situations pas possible avait pris du mieux au fil des années. Mais lorsque la brune renchérit en insistant sur le fait qu’elle se considère calme, son sarcasme me brûle les oreilles, mon rire casse le silence ambiant du bar dans un écho malicieux. « À force de le répéter, c'est là où on y croit right? » doucement, doucement, mais tout de même je la vois bien se remplir un verre à nouveau, sirote le mien sans m’empresser, plutôt amusé de son débit d’alcool qu’elle tenait particulièrement bien - disons que la pratique y faisait pour beaucoup. D’ailleurs.  « Deux pintes et encore, je pense qu’à un moment ils ont demandé chacun un jello shot ; la jeunesse d’aujourd’hui me déprime. » à l’époque, on buvait notre poids et demi en houblon et autres cochonneries, le nombre de bouteilles du bar de papa qu’on s’était enfilées au fond du jardin, remplaçant à chaque fois l’alcool bu par de l’eau ou du jus de pommes, complètement idiots, notre jeu probablement passible de peine de mort pour avoir bousillé d’excellentes bouteilles de cognac, de vodka, de porto. Haussant le sourcil lorsque la Warren propose une sortie mondaine, et plutôt habitué à ce qu’elle se tire une fois son quart terminé pour retourner errer faire ce qu’elle sait faire de mieux, à savoir gérer une vie secrète qu’elle m’a toujours foncièrement refusée  de connaître, c’est amusé que je m’appuie de dos sur le comptoir, arquant la nuque avec malice.  « C’était déjà au programme. » la laissant mariner un peu avant de terminer d’une longue gorgée mon bourbon, je poursuis, chantonnant.  « Y’a un rassemblement de food trucks plus loin, j’avais déjà prévu aller faire du repérage. » parce qu’elle sait autant que tout le reste de l’équipe qu’il s’agit là d’un projet que je chéris depuis de longs mois déjà, l’achat d’un food truck de plus en plus haut sur ma bucket list, un cousin du café, le menu déjà prêt et dressé dans ma tête.  

M’assurant que Deklan soit pas trop distrait par ce qui se passe dans son jeans pour ne pas oublier de fermer le DBD, je laisse à Scarlett le temps de finaliser ses trucs, aller chercher ses affaires, l’attendant sagement dans le hall d’entrée la clope de récompense d’une longue semaine roulant entre mes doigts.  « Milady. » j’entame la marche, passant lourdement mon bras autour de ses épaules l’air bien con, la lune qui illumine le trottoir, l’air pesant qui rend la manoeuvre presque suffocante à travers.  « On est pas bien là? » un rire ou deux, question rhétorique, un coup d’oeil dans la bonne direction, et je poursuis, heureux, vraiment.  « Pas besoin de casser des dents - ou des nez - tout ce qu’il faut à la vie, c’est de la bière bon marché et un hot dog dégoulinant de chili. » à l’allusion à ses pulsions violentes s’additionne mon dernier épisode agressif, mon poing s’étant occupé de l’arcade nasale d’Ezra dans les règles de l’art. Au loin, on remarque déjà les différents logos des camions, tous stationnés et sortant des boîtes de carton remplies à rebord de delicacies toutes plus grasses les unes que les autres, profitant de la fermeture des bars pour alimenter les estomacs les plus en manque de junk food après une bonne cuite.  « Me dis rien. Fais juste cligner des yeux une fois pour oui, aucune pour non. » ralentissant le pas jusqu’à ce que Scar s’arrête à mes côtés, c’est la seule et unique mention qui montera, la seule et unique question. Je sais que j’ai pas affaire là. « Tout va bien pour toi, j’peux dormir la nuit sur mes deux oreilles? » mais n’en reste qu’on ne change pas Matt McGrath aussi facilement. Et deux cartons jaunes ce soir valent un carton rouge.  « Et fais pas ta chiante, je t’ai demandé ça la dernière fois y’a plus de deux mois. You gotta give me something. »
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Message(#)Keep me hoppin' EmptyLun 7 Jan 2019 - 0:20

Scarlett se demandait parfois s’ils aimaient juste s’amuser de leurs egos respectifs, ou s’ils étaient foncièrement incapables d’avoir une mauvaise pensée l’un pour l’autre. A son tour Matt lui avait renvoyé un compliment à peine voilé, comme s’il s’agissait d’un jeu ancestral duquel ils tenaient les scores. Pour ce compte-là, Scar se révélait d’une incroyable assiduité, même si elle avait cette fâcheuse tendance à oublier, juste l’espace d’un instant, que les concessions que son ami lui accordait étaient rarement gratuites. Elle balaya ses aveux d’un revers de la main, aussi faussement modeste qu’affecté, mais se délectait de l’entendre dire qu’elle avait eu raison de vouloir imposer sa sensibilité féminine dans la décoration du bar, et de comprendre à demi-mot qu’il lui concédait avoir fait quelques fautes de goût. En témoignait son roulement d’yeux incontrôlé, qui n’était pas sans rappeler que, malgré son sang chaud, elle demeurait une femme persuadée de toujours faire preuve d’une meilleure sagesse. « Sois pas désagréable s’il-te-plait, tu commençais tout juste à m'amadouer. » grogna-t-elle, alors que Matt dénigrait ses efforts. Elle avait eu beau feindre la plaisanterie, une partie d’elle se sentait vexée de n’avoir droit qu’à des railleries. De fait, il y avait une part de lucidité dans le discours moralisateur du jeune homme, et Scarlett pria pour qu’il lui épargne les banalités puériles comme quoi seule la vérité blessait. Au fond d’elle, la brune avait véritablement eu l’impression d’avoir été d’un flegme à toute épreuve, mais peut-être devait-elle arrêter de se comparer à ses plus mauvais jours pour justifier sa politesse imparfaite. Pour sûr, elle aurait tout aussi bien pu foutre ces gamins dehors moyennant quelques coups de pied au cul, mais ce n’était pas ce qui la rendait si magnanime. « Ils finiront par apprécier ma répartie. Les mecs adorent ça, qu’on leur tienne tête. Pourquoi tu crois qu’on me sollicite moi plutôt que Deklan ? Ils ont l’impression que je suis leur pote. » dit-elle pour se rassurer d’être une personne appréciable malgré son caractère de merde. Elle s’enfila son dernier verre, satisfaite d’entendre Matt adhérer à son programme de soirée. En revanche, elle s’impatienta bien vite de ses manières d’étirer le suspense comme s’il y avait le moindre doute qu’il l’écarte de ses plans. Ce n’était pas dans son intérêt de lui vendre du rêve pour finalement l’en priver. Autrement il aurait menti. L’agacement de Scar se lisait sur son visage autant que dans les gestes pressant de ses mains, qui moulinaient en quête d’une réponse. Matt s’en réjouissait, et après quelques secondes qui parurent une éternité, il daigna enfin lui exposer la suite de ses idées. « Parfait ! » répondit-elle du tac au tac, comme si elle venait d’oublier l’énervement qui avait failli l’envahir un instant plus tôt. « Tu crois qu’il y aura de la musique ? » Après une œillade entendue auprès de Deklan, Scarlett déposa son verre sale dans l’évier et se lesta de ses affaires. Matt l’attendait déjà, et elle ne put s’empêcher d’afficher un air de contentement un peu niais. Elle répondit avec plaisir à la galanterie limite gauche du jeune homme, avec tout autant d’approximation, après avoir pris soin d’allumer une cigarette au bout de ses lèvres. « Merveilleusement bien. » répondit-elle avec ce qu’elle pensait être un accent britannique affiné. La cadence de leurs pas ne tarda pas à se synchroniser naturellement, tandis qu’ils laissaient dans leur sillage la fumée nuisible du tabac dont ils se régalaient en silence. « Je te laisse le soin de casser des nez, j’ai pas une précision aussi chirurgicale que la tienne. »  Ils s’arrêtèrent enfin, et Scarlett ne put s’empêcher de humer l’air avec appétit. Son ventre gargouillait déjà, bien trop stimulé après une soirée à grignoter dans les bols de chips qu’elle apportait aux clients. « Pourquoi tu dis ça ?  Comme si c’était une obligation que quelque chose aille mal dans ma vie... » répondit-elle piquée au vif. Elle se tempéra néanmoins, bien consciente que quelque chose allait de fait toujours mal dans sa vie, et que c’était d’autant plus pertinent ce soir. Cette question, elle l’avait redoutée, mais elle s’était promis d’être honnête avec Matt, à défaut de l’être avec sa famille. « Toi tu peux dormir sur tes deux oreilles, mais moi je sais pas où je vais dormir demain. » concéda-t-elle dans un haussement d’épaules. « Mon proprio m’a expulsée. Mais t’en fais pas, j’irai voir Tommy et on trouvera une solution. Il va me faire la morale pendant dix minutes, je ferai semblant de l’écouter avec l’attention d’une petite sœur totalement irresponsable qui s’en cogne, puis Moira finira par débouler pour lui rappeler que je suis une adulte comme lui. Ou alors il aura juste l’impression d’avoir deux enfants à s’occuper. Dans tous les cas, tout va bien. » Scarlett s’avança dans la lumière diffuse des camions, espérant échapper au discours inquiet de Matt. « On peut aller manger maintenant ? »
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Message(#)Keep me hoppin' EmptyVen 18 Jan 2019 - 23:05

Les soirées se suivaient et se ressemblaient relativement. On fermait toujours en trio, parfois Asher qui pouvait se libérer les week-ends et s’assurer de jouer les DJs le temps que les plus abîmés attendent patiemment leur uber sur le coin de la rue. La dynamique était depuis maintenant deux ans bien développée, Deklan faisait la salle, Scarlett se chargeait du bar, je me mettais les mains dans la caisse. On restait prendre une bière ou deux après, on disait de la merde, on refaisait le monde. Le DBD étant devenu ma seule et unique maison pendant un temps, et maintenant avec le loft d’en haut qui me donnait l’impression de jamais vraiment avoir besoin de sortir, c’était d’un normal désarmant que la majorité de mes journées et de mes nuits soient passées avec eux. Et j’y vois absolument pas de mal, au contraire, à étirer le côtoiement presque exclusif, à poursuivre la soirée avec Scar. On a beau se voir un nombre incalculable d’heures pas jour, se parler à ne plus savoir quoi se dire, communiquer par interjections et soupirs, coups d’oeil d’emblée, reste que sa compagnie est cool, qu'elle fait partie du portrait, que la vie est pas pareille sans elle. « J’te trouverai un endroit avec, si y’en a pas. Je fais pas les choses à moitié tu sais bien. » mes fonctions du dude toujours prêt à jouer au chevalier servant ressortent lorsque je passe mon bras autour de ses épaules et qu’elle se laisse à jouer les britanniques bien guidées. Piquant une bouffée de sa clope entre deux lattes qu’elle se tire elle-même, c’est un départ vers l’after au goût de nachos et autre bouffe bien grasse.

Retour sur ses manières au café et dans la vie, sur les miennes que j’étale non sans bomber le torse, le souvenir de la table défoncée au même titre que le nez d’Ezra. « Y’a rien qu’on maîtrise pas avec de la pratique. » et j’en suis fier, pauvre con que je suis, roucoulant du souvenir qui remonte, prêt à miser tout ce que j’ai que Scar avait tous les moyens possibles pour surpasser le maître que je personnifiais. Je la voulais dans mon hypothétique équipe de fight club, en clair.  Sachant pertinemment qu’aborder le sujet qui fâche, que lui demander comment elle va, la piquerait au détour. Elle est pareille que Jill, ce genre de question l’horripile, ce genre de commentaire l'envoie directement en zone offensive. L’étreinte autour de ses épaules se resserre, je complète, sur le même ton qu’elle avec un tantinet de moquerie tout de même. « Je le voyais plus comme une obligation que je m’assure que tout aille bien ; mais prends-le comme ça tant que tu veux, et tant que tu me réponds. » battant des cils, je vais d’office dans le sens de notre accord tacite, celui où je ferme ma gueule si elle me confirme que rien n’est en train de merder dans son quotidien. Pas besoin d’élaborer, pas besoin de me faire un historique complet. Juste un ok, un hochement de tête, quelque chose, et on passe à un autre sujet. Pourtant, comme si j’avais touché un point sensible, Scar se défait de son mutisme pour raconter en une tirade sans aucune inspiration possible ses soucis de logement. Sa diversion une fois les foods trucks dans notre champ de vision ne prend pas, même si je nous commande deux frites au cheddar pour la forme. « Pourquoi tu dors pas à l’appart le temps de te retrouver quelque chose? » comme si c’était l’évidence, comme s’il s’agissait de la question la plus rhétorique possible. « J’suis sérieux Scar. » et ça, ça arrive une fois à toutes les années pairs. Faut en profiter. « T’es au-dessus du café, tu peux arriver au boulot à la minute près sans que je râle. » listant les avantages de mon idée de génie, je dégaine un billet pour payer la nourriture, la laissant à peine ajouter quoi que ce soit. « Et Jules s’est enfin fait une copine qui a du sens, il crèche chez elle et a libéré la chambre d’amis. » pas trop tôt, Monsieur parasite qui a passé sa vie à se gratter un lit chez moi, qui enfin semble prêt à voler de ses propres ailes. « Ou alors t’as peur qu’entre travailler et vivre avec moi, ton coeur balance. J’te comprends totalement, tu m’as vu rien qu’un peu? » faisant demi-tour pour me retrouver face à elle, je bats des cils, condescendant au possible.
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Message(#)Keep me hoppin' EmptyVen 22 Fév 2019 - 18:19

Leurs bras entremêlés, Scarlett en avait oublié toute l’ambiguïté de cette tendresse qu'ils échangeaient parfois avec tout le naturel du monde, comme si ce n’était rien d’autre qu’un geste naïf et innocent. Au fil des années, Matt avait endossé de bon gré le rôle de grand frère qu’elle n’avait jamais pu se résoudre à accorder à Marius, et le jeune homme ne manquait jamais de le rappeler chaque fois qu’il prenait de ses nouvelles, autrement dit à chacune de leurs conversations quotidiennes, entre deux ordres teintés de paternalisme. Et si Scarlett prenait un malin plaisir à se braquer, c’était simplement par excès d’orgueil, tout comme elle le ferait avec n’importe quel autre membre de sa famille. Elle n’en demeurait pas moins consciente que son inquiétude à lui n’était motivée par aucune obligation morale, contrairement aux multiples tentatives de Beth pour la remettre sur le chemin qu’elle estimait le plus décent pour les Warren. Lui, il était juste bienveillant… et peut-être légèrement entiché, elle n’en était jamais totalement certaine. Elle le gratifia d’un regard reconnaissant lorsqu’il lui promit de lui trouver de la musique, comme si c’était l’aveu silencieux qu’il était prêt à remuer ciel et terre pour elle, quitte à construire de ses mains un instrument de fortune qui suffirait à la distraire d’une évidente déception. Prêt aussi à lui donner quelques cours de self-defense, dénigrant par la même occasion toute l’ironie qu’un témoin extérieur aurait pu déceler en notant la circonférence respective de leurs bras. La perspective de ces moments en sa compagnie lui semblait pourtant alléchante. « Ouais t’as raison. Mais je crois que je préfère ma méthode un peu brouillon. Genre je fonce dans le tas. Ça me rappelle le derby. » Un souvenir doux-amer, mais de toute évidence son caractère était trop prononcé pour même faire preuve d’aussi peu de discipline. Depuis son éviction de l’équipe, Scarlett n’avait jamais dénié se trouver un défouloir alternatif, et avait fini fatalement par improviser chaque jour son propre ring dans l’enceinte du DBD, où elle décrochait quelques uppercuts verbaux à quiconque s’avisait de la dénigrer. Si cette méthode avait fait ses preuves, elle n’en demeurait pas moins insuffisante, et la violence physique qu’elle déversait autrefois sur la piste n’avait encore su trouver son équivalent, l’obligeant à laisser glisser quelques verres sur le sol à défaut de pouvoir les éclater sur les crânes méritants de certains clients. Beth lui aurait conseillé d’aller voir un psy, et lui aurait même gracieusement avancé l’argent si les séances s’étaient avérées concluantes, mais Scar n’était pas de ces adeptes de l’introspection, sans doute parce qu’elle avait peur de mettre le doigt sur des névroses dont elle niait l’existence avec complaisance. Ce soir pourtant elle n’avait pas tourné autour du pot, et avait arraché le pansement en espérant foncièrement que Matt, fidèle à des principes auquel il avait lui-même habitué son entourage, volerait à son secours. L’égoïsme dont elle faisait preuve avait parfois le don de l'incommoder, jusqu'à ce que la satisfaction prenne le dessus. Évidemment que Matt allait gracieusement jouer les hôtes dévoués. Évidemment qu'elle avait déjà envisagé toutes les autres solutions et que celle-ci s'était révélée la meilleure. Parce qu'outre son incapacité à juger ses écarts de maturité, le jeune homme était une oreille attentive dont elle ne saurait plus se passer, et lui prodiguait des conseils qu'elle s'évertuait d'appliquer seulement lorsqu'il avait le dos tourné, de peur de flatter son orgueil autant que pour éviter les écueils. L'entendre déballer son idée avec une telle évidence la rassura, et si Scar s'empêcha par pure fierté de sauter de joie, le sourire timide qui étira ses lèvres n'en était pas moins reconnaissant. Elle tourna la tête, une main posée à l'arrière du crâne pour faire mine de cogiter, comme si sa décision avait plus d'importance pour lui que pour elle. « Tu ferais ça ? » demanda-t-elle avec une fausse crédulité, alors qu'ils savaient bien tous les deux que sa question était aussi rhétorique que celle que Matt avait bien pu formuler deux secondes plus tôt. « Je vais pas te mentir, si je réfléchis c'est juste parce que je serai très limitée en excuses pour arriver en retard. Mais entre travailler ou vivre avec toi, je choisis les deux. » dit-elle dans un élan de niaiserie approprié, tandis que Matt dégainait un billet qu'elle fustigea du regard, visiblement gênée de se voir offrir un repas en plus d'un toit comme si elle n'était qu'une œuvre de charité. « T'es un ami en or Matt. Je sais que tu le sais, mais je te le dis quand même. » ajouta-t-elle en le remerciant d'une étreinte parmi tant d'autres. « Et ce sera que temporaire. Je refuse d'être comme Jules et d'abuser de ta générosité. Je trouverai une coloc ou un autre taudis dans lequel je pourrai vivre sans me ruiner. Franchement, je sais que j'ai dit le contraire mais j'aurais pas voulu embêter Tommy. Il a assez de soucis pour que je lui ajoute les miens... » Elle piocha dans la barquette que Matt tenait à bout de bras, et tous deux tournèrent les talons à la recherche d'une place qui ne serait envahie par les hipsters du coin, nouvelle clientèle privilégiée du bar. « D'ailleurs, si tu pouvais éviter de lui en parler. Il va en faire tout un foin, mes parents vont l'apprendre et j'aurai droit à un sermon de plus au traditionnel repas de Noël. »
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Message(#)Keep me hoppin' EmptyDim 10 Mar 2019 - 22:21

« Tu ferais ça ? » qu’elle s’étonne, alors que la proposition n’a rien de plus évident à mes oreilles, de plus simple et de plus logique à mes yeux. Scarlett, j’avais grandi et évolué avec elle à portée, et encore plus depuis que j’étais revenu dans le coin. Elle faisait partie de mon quotidien, elle était toujours là, ambiante, peu importe au boulot ou même à l’appart, quand elle venait squatter avec les potes et le team au moins une fois tous les deux jours. Y’a rien qui est forcé ici, y’a rien qui est exagéré ; c’était ça l’accord entre nous deux, c’était ça le sous-entendu, à lire entre les lignes. She needs it ; I’m there to help. « C’est déjà fait. » que je rétorque le plus simplement du monde, sur son ton, même pas que je dénote son conditionnel quand dans ma tête à moi, le double de clé lui appartient déjà. Resserrant naturellement l’étreinte, c’est un immense sourire bien con qui couronne mes lèvres quand elle se complait à se trouver des excuses, quand c’est un done deal, quand autant à mon sens qu’au sien, y’a pas besoin de débattre plus longtemps, y’a pas de guerre d’égo ici, personne combat, personne tire, personne complique les choses. « Je suis sûr que tu trouveras parfaitement quoi me sortir comme excuses de merde. J’ai une confiance aveugle en tes capacités. » j’éclate de rire de plus belle, m’avouant la curiosité plutôt engagée de voir si elle a l’imagination assez fertile pour se gruger de nouvelles excuses au fil de nos pas, des plats achetés qu'on gobe sur le chemin.

Viennent les compliments, et je dodeline fièrement de la tête comme le gros imbu que je peux être. « Hésite pas à le répéter haut et fort, le plus souvent possible hen. » encore plus quand Jill et Ginny sont dans le coin que je pense, mais garde pour moi. Avec Scar fallait pas non plus que j’abuse, je savais très bien que j’étais toujours qu’à une claque derrière la tête, qu’à un coup dans les côtes de perdu, mais bien volontaire. Autant en profiter le temps que ça dure. Un coup d’oeil de côté pendant que la brune précise qu’elle va pas abuser, que c’est que du temporaire, que jamais elle s’étalerait quand, soyons sincères, elle me donne pas du tout l’impression d’être chiante comme coloc sur du long terme. Mais je rajoute rien, déjà qu’elle ait dit oui pour quelques jours, c’est énorme. Je ferai pas exprès en ajoutant une couche de peur qu’elle se rétracte devant de la bonté qu’elle verrait sûrement comme de la pitié, quand c’est tout sauf le cas. Y’avait peu de femmes aussi solides et fortes qu’elle dans mon entourage, la pitié était bien la dernière chose qu’elle m’inspirait. « Prends ton temps, t’es beaucoup plus agréable à vivre que Jules anyways. » suffira pour la rassurer. Je pique une bouchée dans ses affaires, lui tends mon plat comme drapeau blanc l’instant d’après. « Dammit. J’sens que je vais regretter de t’avoir dit ça par contre. » y’a de la musique un peu plus loin, y’a mes rires qui se mêlent aux notes distantes, et Scarlett que j’entraîne vers le booth principal qui a l’air d’être un genre de DJ set en plein air, lui piquant un collier fluorescent au stand d’à-côté rien que parce que c’est stupide et que ça la fera rire et qu’en ce moment, c’est que de ça qu’elle a besoin. Puis vient Tommy sur le sujet, et j’inspire, prenant le temps de bien choisir mes mots. « Tant que t’es en sécurité, il a pas besoin de savoir. » que je finis par mariner, jugeant que leur entente ressemblait énormément à celle avec Ginny que je tentais de mettre le plus en place maintenant. Faire confiance qu’elle saura se sortir de la merde toute seule, qu’elle est assez forte et assez grande et assez brillante pour ça, et être là que si elle a besoin. Tommy savait que je gardais un oeil constant sur Scar de toute façon, et si un jour je jugeais que vraiment sa situation était en pente descendante, il serait le premier averti. Mais ce soir, mais maintenant, ça va. Tout va.
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Message(#)Keep me hoppin' EmptySam 16 Mar 2019 - 12:04

Sans surprise Matt scella leur accord avec autant de facilité que Scarlett s'exposait à ce genre de tribulations. Quelques mots prononcés, et c'était comme si le double des clés reposait déjà au fin fond de sa poche, parmi d'autres reliques de son quotidien. Sa prévenance aurait très bien pu être le résultat d'un marché qu'il avait conclu avec Tommy depuis une éternité, mais Scar n'avait jamais vraiment cherché à éclaircir ce mystère, ni même trouvé le moyen de le faire sans froisser ses intentions, ou encore insulter sa probable sincérité. Elle admirait son caractère faussement détaché, son altruisme nonchalant, et ne lui enviait que les succès mérités d'une philosophie de vie à laquelle elle était trop impétueuse pour adhérer. Tout le contraire de Marius, toujours dans le calcul et la finesse ou de Beth, dont les élans de bonté n'avaient pas plus pour objectif d'alléger son porte-monnaie que sa propre conscience. Matt croyait en elle, jusque dans ses imperfections, et Scarlett ne pu retenir un rire lorsqu'il vanta les mérites d'une imagination qui lui faisait rarement défaut s'agissant de cultiver sa mauvaise foi. « Ouais tu me diras, une coupure d'eau est si vite arrivée. Tu voudrais pas me voir débarquer en furie avec les cheveux plein de shampoing faute d'avoir pu les rincer, et menacer de faire glisser les clients dans les flaques que j'aurais laissées sur mon passage. » débita-t-elle, l'index posé sur son menton dans une grossière caricature de femme pensive, avant de partir de plus belle dans son rire. A bien y réfléchir, c'était sans doute une excuse dont elle avait déjà usé pour s'affranchir de quelques corvées, ou pour justifier ses retards de paiement.

« T'emballe pas trop mon petit, j'ai une fierté à défendre. Tu sais, ce truc super gros et encombrant qui m'empêche de rendre des comptes à ma propre famille. Et aussi qui me pousse à l'ouvrir devant mon proprio quand je devrais plutôt faire profil bas. » dit-elle avant d'enfourner quelques frites dans sa bouche. Bien-sûr qu'il savait. Il avait la même dans sa famille, même si chez les McGrath on faisait mine de recoller les morceaux ensemble, pour le meilleur et pour le pire, alors que les Warren ne manquaient jamais une occasion de se tirer dans les pattes. Même si Scar refusait de choisir un camp, elle se sentait tiraillée entre l'adoration qu'elle vouait à Tommy et l'amertume totalement légitime et non condamnable de Marius. Le jeune homme calma le jeu, et Scar se projetait déjà dans leur colocation comme si ce n'était pas le fruit d'un sort malheureux. Comme si c'était le destin. « Encore heureux que je suis plus agréable. Déjà, moi je sais assumer une partie de beer pong sans gerber partout. » rétorqua-t-elle sans se sentir offensée, alors qu'elle voyait déjà briller dans les yeux de Matt quelques lueurs de regrets. Elle hocha la tête de dépit, pourtant foncièrement très satisfaite de constater qu'elle inspirait toujours autant de crainte et d'incertitude à quelqu'un qui la connaissait jusqu'au bout des ongles. Avec elle, on savait facilement quand les coups allaient partir, mais rarement à quel endroit elle allait frapper. Cette sensation la rassurait. C'était l'une des rares constantes de sa vie, et l'une des rares emprises qu'elle était en mesure d'avoir sur les gens, à défaut de pouvoir compter sur la toute-puissance de l'argent. Sans rechigner elle se laissa traîner jusqu'à la piste de danse improvisée, arborant fièrement au cou le cadeau que Matt venait de lui faire à la dérobée, alors que ses yeux à elle vagabondaient entre les loupiotes qui pendaient le long d'une corde, dans un chaos ordonné. Elle opina à nouveau, tandis que ses hanches se trémoussaient au rythme de la musique, sans même se soucier de renverser quelques frites au passage. Tommy le saurait. Mais pour l'instant, elle était déterminée à profiter de leur petit moment de confidence comme si c'était le premier d'une série qu'elle avait hâte de poursuivre.
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