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 Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo]

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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyDim 18 Nov 2018 - 21:12


Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
Il fait beau, à l’extérieur. Le quartier de Toowong est submergé par les rayons de soleil faibles qui disparaissent lentement derrière la ligne d’horizon. La journée n’est plus toute jeune, tu n’as besoin que de jeter un seul regard vers les aiguilles de l’horloge pour déterminer que la bibliothèque ferme dans quinze minutes. Il est bientôt dix-sept heures et tu es ici depuis treize heures. La forme du manche à balai s’est imprégnée dans ta paume et tu commences à sentir des crampes dans tes doigts. Ces putains de travaux communautaires; ils vont finir par te tuer. Tu n’as pas l’impression d’être plus libre maintenant que tu as quitté la prison. Tu serais même presque prêt à affirmer que la vie derrière les barreaux était plus facile : tu avais accès à un lit, à de la nourriture et même à une télévision. Maintenant, tu passes tes journées entières à chercher de quoi te mettre sous la dent. Tu n’as plus un sou depuis que les deux motards à qui tu devais de l’argent t’ont arraché ton sac des mains et son parti avec ta dernière liasse de billets de vingt. Tu as essayé de reprendre contact avec tes vieux potes mais personne ne veut supporter ta présence depuis que la ville a posé l’étiquette de délinquant sur ton front. Tu as menti à beaucoup trop de monde dans le passé. Plus personne ne te fait confiance. Tu as l’impression que, bientôt, toi-même tu ne te feras plus confiance.

Tes paupières sont lourdes. Tu commences à sentir les effets de la fatigue. La bibliothèque était agitée, aujourd’hui. Tu n’as pas su te trouver un siège tranquille sur lequel reposer tes yeux quelques minutes. Les clients n’ont pas arrêté de te contourner, de te demander de te pousser sur le côté le temps qu’ils aillent récupérer un livre dans la rangée que t’étais en train de nettoyer. Avec le temps, t’as appris à contenir tes commentaires mais, dans tes débuts, il t’arrivait très souvent d’envoyer chier ces gens qui venaient te déranger. À plusieurs reprises, le propriétaire de la bibliothèque est venu te taper les doigts. Et t’as obéis; tu dois finir ces travaux communautaires pour enfin récupérer ton titre de citoyen libre. Occupé à replacer quelques livres de psychologie qui ont mal été rangés, tu remarques une silhouette féminine du coin des yeux. Tu n’y portes pas vraiment attention; tu as juste hâte de sortir d’ici, même si tu ne sais toujours pas où tu iras ce soir. Mais, c’est lorsque tu te fraies un chemin derrière la dame qu’une douce odeur de vanille vient chatouiller tes narines. Tu t’arrêtes sans vraiment t’en rendre compte et tu poses tes deux iris bleues sur la femme qui est toujours occupée à feuilleter un épais bouquin psychologique. Tu gardes le silence un moment, profitant de cet effluve sucré qui ouvre davantage ton appétit, comme si c’était possible. Et, enfin, tu observes l’accoutrement de la dame, comme à ton habitude lorsque tu croises une nouvelle personne. Tu as cette manie d’essayer de deviner le salaire d’une personne et, cette femme, tu es prêt à parier qu’elle gagne plus que ce dont elle a besoin. Tu te permets un moment d’examiner son tailleur parfaitement ajusté, ses pantalons légers et amples qui recouvrent ses longues jambes et… Ses fesses. Tu restes un homme avant tout. Tu te pinces les lèvres pour t’empêcher de sourire trop ouvertement puis tu te replaces légèrement pour observer son visage que tu n’as pas encore eu le temps d’admirer. Par réflexe, tu replaces tes cheveux trop longs vers l’arrière et c’est à ce moment que la jolie femme te remarque. Tu croises son regard, tu restes hébété un moment puis tu détournes les yeux en faisant mine de t’intéresser aux bouquins dans les étagères. Putain. Cette fille pourrait faire bander le plus gay des homosexuels. Tu te mords fortement la lèvre pour t’empêcher de réagir ouvertement et tu réfléchis. Tu fais travailler tes méninges. Et t’as une idée. Tu observes du coin de l’œil le livre qu’elle tient toujours entre les mains puis tu tentes :

- Ah ! Tu lis… Un bouquin… Psychologique.


Tu t’empourpres. Tu n’es pas tombé sur la proie la plus facile. Tu adores lire. T’as lu la moitié des livres qu’on retrouve à la bibliothèque. Mais tu aimes les romans, les aventures. Pas les recueils scientifiques.

- Yep, désolé. J’voulais utiliser la technique facile pour approcher une femme mais je n’ai aucune idée du titre du livre que tu tiens entre les mains et je pourrais encore moins t’en parler. Sinon… T'aimes bien le cerveau ?
 

N’importe qui pourrait deviner que t’as rarement fait ce genre de chose. Charmer des femmes n’a jamais été la première de tes préoccupations. Mais, celle-là… T’es sûr de pouvoir en tirer quelque chose. Si seulement t'avais pas utilisé ces mots pathétiques.   
   
               
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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyLun 19 Nov 2018 - 19:52

Précédemment
Tu veux un conseil d’amie ? Dis-lui. Votre couple ne peut pas surmonter la crise que vous traversez actuellement avec pour fondation une infidélité de ta part. A la rigueur, prétexte-lui que tu avais besoin d’attention et que cet homme c’est dévoué à t’en apporter mais… s’il te plaît, pour l’amour qu’il n’a eu de cesse de te porter au cours des vingt dernières années, fais preuve de franchise. Délicat lorsque l’on était partiellement honnête envers soi-même. La culpabilité. Je lui souriais. Cela ne marche que sur les patients, tu sais. Qui ne tente rien n’a rien ! Elle éclata de rire, puis me serra dans ses bras. Oui. Tu as raison. Qui ne tente rien n’a rien.

A présent
Étrange cependant que je n’en n’étais pas intimement convaincu. Sans doute parce que je pressentais les moments qui découleraient d’un aveu sincère, au détour d’un quelconque dîner avec mon époux. Jon se fâcherait, sous la violence de l’annonce impensable, pour ne pas dire insoupçonnable ; pendant que moi je fuirais immédiatement la conversation, consciente des répercussions à venir non seulement sur ma personne, mais également sur l’homme devenu mon amant. Un ancien cambrioleur pour le compte de la mafia. Je retenais un léger rire sarcastique à cette pensée. Et dire que je croyais qu’il n’y avait que dans les films que l’on affrontait de tel scénario.

_ Est-ce que ça va ? M’interrogea mon amie, me libérant de notre étreinte.
_ Parfaitement bien, oui. Ironisais-je en réponse, un sourire moqueur aux lèvres. _ Je suis à l’aube de tout perdre. Y compris la vie. _ Pourquoi cela n’irait pas ?
_ Ne dis pas ça. Je suis certaine que ton mari est un homme compréhensif. Avec les bons mots, dont seuls les psys ont le secret, je suis certaine que cette annonce ne sera pas aussi mal accueillie que tu ne le crains. De plus, il a sa part de responsabilité dans cette histoire également. Il faut qu’il en prenne conscience.

Très mauvais choix que de faire comprendre à un homme qu’il est le fautif dans une histoire d’adultère. Très mauvais choix que de ne faire comprendre à un homme qu’il est le fautif dans tout les domaines qu’il soit, surtout. C’est assurément le meilleur moyen de le positionner en ennemi, ce que je ne désirais pas.

_ Si cela ne te dérange pas, je vais gérer moi-même ce pan de ma vie.

Je n’avais jamais eu besoin de personne pour me tenir la main dans les moments difficiles ; pas même mes parents. Ce n’était pas ce jour là que j’allais commencer. Je me levais d’ailleurs aussitôt de mon siège, pour marquer mon souhait de départ imminent.

_ Où vas-tu ?
_ J’ai un rendez-vous qui m’attends à mon cabinet dans pas très longtemps. Je ne tiens pas à y être en retard à cause de la circulation bondée de la foule de personne retournant sur leur lieu de travail. Presque un mensonge.
_ Mais je croyais que tu m’avais dit que ton rendez-vous avait lieu à 14h30 et il est… Elle jeta un rapide coup-d’oeil à sa montre. _ Que 13h15 !
_ Ma langue a fourché. Prétextais-je en me saisissant de mon sac-à-main sur la patère,  dans l’entrée de son propre cabinet.
_ Je ne dirais pas que tu cherches à me fuir mais… Si. Finalement je vais le dire. Tu cherches à me fuir.

Je souriais bien malgré moi. Mon amie était certainement encore plus perspicace que je ne l’étais envers mes patients.

_ Bravo. La félicitais-je avec un sourire franc. _ Tu m’as percée à jour, encore une fois. Comme quoi je ne suis pas la femme si complexe que tu me prétendais l’être.
_ Tu as tort de prendre tout ceci à la légère, Aubrey.
_ Je ne prends rien à la légère, Abigaël. Je préfère uniquement que notre relation en reste à celle que nous avons depuis tant d’années, des amies proches.
_ Notre amitié ne se brisera pas parce que je t’aide à te sortir de cette galère.
_ C’est un fait. Mais elle dépassera des limites que j’ai toujours voulu conserver entre nous.
_ Ce qui veut dire ?
_ Que je t’apprécie. Et que je ne désire pas que nos échanges sympathiques souffrent de problèmes qui ne concernent que moi.
_ C’est pourtant le principe même de toute bonne amitié. Être présent l’un pour l’autre, même dans les coups durs.
_ Cela ne fait pas partie de la conception de la mienne, à mon sujet.

A ces mots, je quittais son cabinet, sans un regard en arrière. J’étais consciente qu’elle m’en voudrait de cet affront, mais je savais qu’elle s’en remettrait. Ce n’était pas la première fois que je fuyais les débats que je jugeais stériles. De plus, j’estimais que j’avais besoin d’un moment de solitude pour analyser le déjeuner qui venait de se terminer. Il était si singulier, que je ne savais même pas si je devais me réjouir de mes confidences, ou au contraire les regretter. Je n’avais pas pour habitude de me dévoiler entièrement à quelqu’un. Je craignais des répercussions de l’avoir fait, aussi spontanément. Peut-être Abigaël irait toucher un mot à Jon au sujet de cette liaison ? Peut-être m’harcèlerait-elle pour que je fasse preuve de sincérité ? Je le redoutais. Je le redoutais d’autant plus que je redoutais de ne jamais parvenir à me comprendre. Je décidais donc de prendre réellement les choses plus aux sérieux, tel que me l’avait conseillée mon amie. Et pour ce faire, je prévoyais de me rendre à la bibliothèque après mes deux rendez-vous à mon cabinet. Deux rendez-vous simples, de premières prises de contacts. Les patients étaient enclin à faire connaissance, étant eux-même à la tête du choix de venir me consulter, et les entretiens passèrent très vite. Dès le départ du second client, je quittais mon cabinet pour me rendre à la bibliothèque, comme prévu, dans un autre quartier de la ville. Je me stationnais non loin du lieu avant de m’y engouffrer pour me perdre dans le rayon concernant la psychologie. Pour la première fois depuis que j’exerçais mon métier, mes recherches n’étaient pas centrées sur la résolution d’un cas épineux d’un patient complexe. Elles étaient exclusivement focalisées sur mon propre mal, que je nommais « crise de la quarantaine ». Je feuilletais d’ailleurs des dizaines de livres abordant le sujet de la même façon, avec légèreté. Selon les auteurs, le démon de midi repartirait dès lors que le manque de la vie d’avant apparaitrait. Soit. Je voulais bien l’accepter. Cependant, je m’interrogeais sur la probabilité que le retour à la vie antérieure soit possible. Jon ne me pardonnerait pas d’un claquement de doigt mes aventures sexuelles passées ; et je ne pourrais plus accepter notre train de vie si monotone. J’en étais à cette constatation lorsque je sentis un regard sur ma personne, insistant. Immédiatement, je tournais mon visage par réflexe en direction de l’homme dont il venait. Un homme d’une trentaine d’années à vu de nez, simulant un intérêt soudain pour les livres, et tenant un balai à la main. Je m’amusais de le découvrir aussi mal-à-l’aise pour un comportement on-ne-peut-plus naturel chez la gente masculine. Je me retenais même de lui lancer une boutade, préférant me replonger dans mes lectures. Il pouvait s’en formaliser, après tout. Je ne désirais pas particulièrement m’en assurer. J’étais même disposée à ne plus lui accorder la moindre attention, jusqu’à ce qu’il engage maladroitement la conversation.

_ Très perspicace. Lui déclarais-je avec amusement, un sourire au visage.

C’était mignon : sa timidité. Cela lui donnait quelque chose d’adorable même si, expérience oblige, je savais qu’il était malvenu de prendre un probable loup pour un mouton innocent.

_ Tu n’as pas à être désolé. Repris-je suite à ses excuses, ainsi qu’à son aveu de tentative raté d’abordage. _ Tu as au moins le mérite de t’être lancé. Et c’était une réussite, puisque je lui parlais. _ Et pour répondre à ta question, Poursuivais-je en souriant, véritablement amusée de son attitude incertaine. _ Oui. J’aime le cerveau. C’était une drôle de manière de parler de la psychologie, mais je ne m’en formalisais pas. _ J’en ai même fait ma spécialité.

Cela restait évasif. Je pouvais autant être une psychologue qu’une chirurgienne spécialisée dans le domaine. J’étais curieuse de découvrir sous quel blouse cet homme m’imaginait. [/justify]

@Joseph Keegan
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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyLun 19 Nov 2018 - 22:10


Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
Des femmes autoritaires, tu n’en as jamais côtoyé au fil de ta vie. Tu n’as jamais fait partie de ce monde. Les filles qui venaient vers toi te ressemblaient souvent; peu de scolarité, une passion un peu trop marquée pour le foutage de gueule et une dose de cannabis dans les poumons. Tu n’as jamais visé plus haut, pourtant, tu sais que tu ne vaux pas ce que tu laisses paraître. Tu aurais pu faire de grandes choses si tu avais trouvé une voie dans laquelle t’engager. Malheureusement, c’est un gang qui t’a trouvé en premier et, une fois que le pas est franchi, il est bien difficile de faire marche arrière. Selon plusieurs, t’es qu’un délinquant qu’il vaudrait mieux renvoyer en prison mais tu as encore espoir que, un jour ou l’autre, quelque chose de bien te tombe sur les épaules. Un emploi stable, une personne stable, un nouveau truc qui te motiverait à avancer. Tu tournes en rond depuis des années et tu commences seulement maintenant à t’en rendre compte. Tu n’as plus rien à perdre depuis quelques mois. C’est probablement pour cette raison que tu n’as pas eu beaucoup de difficulté à approcher cette femme en tailleur qui t’aurait, quelques années plus tôt, intimidé. Tu as perdu la face à plusieurs reprises dans les derniers mois, ça ne va pas te tuer de la perdre une énième fois aujourd’hui. Dans le pire des cas, la demoiselle va te regarder de bas en haut, fera pareil pour ton balai, et détournera les yeux en comprenant que t’es pas le genre d’homme qui ramène un gros salaire à la maison. « Très perspicace. » À la vue du sourire amical de la jolie femme, tu sens la commissure de tes lèvres se soulever. Tu détournes les yeux un moment. Tu as brisé la glace et elle ne semble pas vouloir te rejeter comme la plupart des autres. Vêtu de jeans troués et d’un simple t-shirt blanc, tu es encore surpris de voir qu’une personne aussi distinguée ait pu te rendre un sourire. Ça t’encourage à continuer. Tu n’es peut-être pas une peine perdue en fin de compte. Ton sourire s’élargit davantage lorsque la lectrice continue sans jamais montrer un manque d’intérêt. Tu redresses la tête pour plonger ton regard bleu dans le sien et lorsqu’elle affirme aimer le cerveau, tu ricanes en passant ta main dans tes cheveux, réflexe que tu n’as jamais eu devant une femme auparavant. Même si tu as trente-cinq ans, tu découvres encore certaines facettes de ta personnalité. Jamais tu n’aurais cru pouvoir perdre tes mots devant une autre personne, toi qui es le premier à lancer des paroles irréfléchies. Mais, cette fois, tu prends le temps de bien faire tourner ta langue dans ta bouche pour ne pas laisser une connerie s’en échapper. Tu n’auras probablement pas une deuxième chance. Et, sans que tu ne t’en rendes compte, tu oublies la première raison pour laquelle tu as abordé cette femme. « J’en ai même fait ma spécialité. » Ton regard se plisse, tu t’interroges un moment sur le sens de ses propos et tu reposes ton attention sur l’épais bouquin qu’elle n’a toujours pas replacé dans l’étagère. Tu lis quelques lignes dans le haut de la page et tu finis par pencher la tête sur le côté en gardant appui sur ton balai.

- J’imagine que tu dois en voir beaucoup, des cas étranges, docteure. Rien ne doit te surprendre.

 
Ton regard se perd un moment sur les lèvres fournies de celle que tu considères maintenant comme une psychologue sans en avoir la certitude et tu serres la mâchoire en recroisant son regard, comme si tu venais de te rendre compte que tu venais de loucher sur sa bouche un peu trop longtemps. Reprends-toi, Jo. T’es pas du genre à te laisser intimider par l’apparence. Tu n’as habituellement aucune difficulté à engager la conversation avec de jolies filles.

- Ne fais pas gaffe à mes yeux, ils ont la fâcheuse habitude de fixer ce qui les attire.

Et, à la suite de ces paroles, tu observes le visage de la belle de bas en haut sans t’attarder sur un détail en particulier, jusqu’à ce que tu retombes sur ses yeux aussi bleus que les tiens. Tu ne sens pas tes joues s’empourprer, pourtant, elles sont bel et bien aussi rouges qu’une pomme assez mûre pour tomber d’elle-même sur la pelouse.        
     
 
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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyMar 20 Nov 2018 - 1:38

Mon attention détourné de ma lecture, je prenais le temps d’observer l’homme avec qui je conversais. La première chose qui me sauta aux yeux fut sa tenue, évidemment. Elle dénotait un cadre de vie modeste, voir pauvre ; et la présence du balai signifiait un emploi aux maigres revenus. Déjà, rien qu’à ce constat, bon nombre de femmes de ma classe sociale auraient immédiatement laissées cet homme en plan. Ce qui n’était pas dans mon intention. Je ne jugeais pas les gens sur la valeur de leur compte en banque, mais plutôt sur leur tempérament. Et celui que j’entrapercevais chez cet inconnu démontrait un certain manque de confiance en soi. Je ne saurais dire si cela se généralisait à sa vie de tout les jours, ne le connaissant pas encore suffisamment pour l’affirmer. Cependant, à la couleur que prenaient ses joues, j’imaginais que son état actuel était de ma conséquence. Ce qui m’étonnait, je dois avouer. L’homme n’avait pas l’air beaucoup plus jeune que moi. Et au vu de son charme, il devait avoir eu quelques conquêtes au cours de son existence. Je m’interrogeais, par conséquent. Qu’est-ce qui pouvait autant l’intimider chez ma personne : Mon tailleur venant d’une magasin de prêt-à-porter sans prétention ? Mon attitude bourgeoise dénaturant de ma simplicité naturelle lorsque l’on me connaissait ? J’estimais qu’il s’agissait de l’ensemble, sans doute. Je trouvais cela tellement adorable que je m’en sentais flattée, je dois dire. Soudainement, il pencha sa tête pour lire quelques lignes de mon livre. Je l’observais avec attention, intriguée à mon tour. Que cherchait-il exactement ? La réponse me fut apportée à sa phrase qui suivit son geste, et qui ne manquait pas de me faire rire brièvement.

_ Effectivement. Lui affirmais-je en plongeant mon regard dans le sien. _ Dans mon métier, je suis amenée à rencontrer des « cas » étranges. Toutefois, contrairement aux psychiatres qui eux traitent des pathologies plus ou moins graves, moi je me charge exclusivement de personnes ayant besoin de conseils.

C’était une définition très succincte de mon métier, j’en conviens. Néanmoins, elle permettait à l’homme de mieux comprendre la nuance entre un psychiatre et un psychologue. Si le premier était habilité à soigner des troubles mentaux ; le second était plus consulté dans le cadre d’un besoin d’écoute. Ce qui ne rendait pas la profession moins passionnante pour autant, d’ailleurs. Je trouvais toujours fascinant, à presque vingt ans de carrière, de découvrir la vie des autres. Leurs petits tracas. Leurs petites douleurs. Bref. J’aimais mon métier et cela devait s’en doute ce lire dans mon regard. En parlant de regard, je perçu que celui de mon interlocuteur allait se perdre sur mes lèvres. Je ne pus m’empêcher de rire légèrement à cela. Pourquoi les hommes trouvaient-ils fascinant mes lèvres pulpeuses ? Était-ce parce qu’elles étaient proéminentes sur mon visage ? Était-ce parce qu’elles ne semblaient pas naturelles ? C’était là des questions qui m’effleuraient l’esprit, et que je n’avais jamais eu l’opportunité de poser aux principaux concernés. Je me laissais tentée par l’idée que le moment était peut-être venu.

_ Il n’y pas de mal. Lui assurais-je à sa confession, quant à l’habitude de ses yeux de fixer ce qui leur plaîsait. _ Toutefois, me permettez-vous une question ? Je n’attendais pas sa réponse, sautant sur l’occasion qui se présentait enfin à moi, au bout de presque toute une vie. _ Pourquoi mes lèvres ont-elles un tel attrait à vos yeux ? Je veux dire : j’ai bien conscience qu’elles sont très volumineuses et qu’elles donnent le sentiment que je prends une expression sexy en permanence mais, en dehors de ce détail, qu’est-ce qui vous captive à ce point ?

L’étude que je faisais en l’interrogant à ce propos était relativement osée, c’est vrai ; surtout pour quelqu’un qui rougissait rien qu’en mon unique présence. Mais je ne pouvais, ne voulais pas passer à côté de cette opportunité de comprendre. De plus, cet homme semblait ne pas rencontrer sincèrement de problème à exprimer librement le fond de sa pensée, aussi maladroitement soit-il. Je me disais donc qu’il ferait comme il l’avait fait depuis qu’il m’avait abordé, et qu’ensuite le sujet serait oublié. Du moins, je l’espérais. Je ne cherchais pas non plus à l’allumer. J’étais simplement une psychologue curieuse, comme Abigaël.

@Joseph Keegan
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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyMar 20 Nov 2018 - 20:22


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Joseph Keegan & Aubrey Kruger
Les aiguilles tournent plus lentement, les secondes s’attardent; tu as l’impression d’être complètement seul avec cette femme à la prestance impressionnante. Tu es déjà habitué au refus, pourtant, celle-ci ne semble pas dérangée par ta présence qui en agace habituellement plus d’un. Et, c’est sans oublier qu’en ce moment tu t’affiches complètement; ton stupide balai entre tes mains et ton stupide chariot de conciergerie au coin de la rangée. Tu n’as pas l’habitude d’approcher les jolis gens lorsque tu es à la bibliothèque pourtant, celle-là, son odeur ta piégé dans son filet. Tu aurais pu attendre la fermeture de l’établissement pour te débarrasser de ton matériel et ainsi augmenter tes chances de faire parler la psychologue mais ta chance sourit, aujourd’hui. Il faut croire que, malgré ta situation bien handicapante, tu arrives encore à attirer le regard de même celles qui devraient regarder les riches banquiers. Mais, peut-être te trompes-tu simplement. Rien ne t’affirme que cette femme n’a pas simplement pitié de toi. Et, là, tu tomberais bien bas. Tu te mords la lèvre inférieure pour empêcher ton visage d’afficher un trop grand sourire lorsque la psychologue t’explique en quoi consiste son travail. Tu avises pour la première fois sa façon si singulière de parler, ses mots bien détachés et son ton doux mais structuré. Tu te perds un moment dans ses mots qui caressent tes tympans et tu sors enfin de tes pensées lorsque sa voix s’estompe. Tu restes un moment silencieux en observant le bleu océan de ses iris et tu clignes plus rapidement des paupières sans jamais détourner le regard.

- Des conseils ? Mmh. J’imagine que j’en aurais grandement besoin. Mais j’ai beaucoup trop d’égo pour l’admettre. Pourtant, je viens de le faire… La vie est pleine de surprises.


Tu te râcles la gorge en fronçant les sourcils, conscient de laisser des mots inhabituels sortir de ta bouche. Tu n’es habituellement pas le genre de garçon qui fait usage de tournures de phrases. Habituellement, tu es direct, spontané, et tu remarques ton erreur seulement une fois qu’il est trop tard. Mais, cette remarque ne t’empêche pas de garder la tête haute devant la psychologue dont tu aimerais bien savoir le prénom. Tu commences déjà à t’imaginer qu’elle possède la plus belle des identités. Le nom d’une fleur, peut-être. Une fleur de vanille. Bientôt, tu perds le contrôle de tes yeux et elle le remarque. Pourtant, elle ne semble absolument pas gênée par ce droit que tu te confères. Tu es même prêt à parier que ça l’amuse. Tes doutes s’évaporent lorsqu’elle te pose une question des plus uniques. Pourquoi les hommes sont-ils aussi attirés par ses lèvres. Un mince sourire malin soulève tes lèvres, tu te mords la langue pour t’empêcher de dire la première connerie qui te passe par la tête puis tu observes quelques secondes les lèvres pulpeuses de ton interlocutrice.

- Tu veux une réponse sincère ? La plupart des hommes te diraient qu’on regarde tes lèvres car elles sont bien jolies mais…

Tu reposes tes yeux dans les siens en attendant sa réaction et tu te permets enfin d’étaler la vérité, du moins, ta vérité. Tu n’as jamais eu de bonnes fréquentations et tes potes et toi ont toujours vu les femmes comme des objets de plaisir. Tu n’as jamais réellement pris le temps de rencontrer une fille au-delà de son apparence. Et c’est pour quoi tu révèles quelque chose d’assez osé.

- On les regarde car elles sont invitantes. On aimerait bien les goûter pour qu’ensuite elles nous goûtent, nous.


Tu serres la mâchoire, au point d’entendre tes dents craquer et tu grimaces en pivotant la tête vers ailleurs, là où tu ne pourrais pas être témoin de la réaction de cette femme distinguée à qui tu viens de lancer une vulgarité. Tu es conscient que tu viens de tirer une pièce dans les airs. Si elle retombe sur face, tu te prendras une baffe. Si elle retombe sur pile, ce sera ton jour de chance. Mais, comme les choses semblent bien se passer pour toi cet après-midi, t’as encore espoir que cette psychologue admire ton honnêteté. Car c’est bien l’une de tes qualités. Si on veut.      
     
     
 
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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyMer 21 Nov 2018 - 1:40

J’éclatais de rire à la confession de l’inconnu au balai. Alors ainsi, il avait bien besoin de conseils mais son égo le dissuaderait de le dire. Mais que venait-il de faire alors, dans ce cas ? Hé bien justement de l’avouer. Ce qui était particulièrement drôle et ne manquait pas de me maintenir mon fou rire actif. Surtout lorsqu’il mettait cette réaction sur l’étonnante capacité de la vie à être pleine de surprise. Effectivement. Il avait raison. La vie avait toujours le don de vous amener à faire ou dire des choses que vous n’auriez jamais cru auparavant. Et dans le cas présent, pour ma part, c’était conversé avec l’employé s’occupant du ménage de la bibliothèque, en lie et place de faire des recherches sur ma crise existentielle passagère. Cela n’avait rien de dégradant ni de gênant, cela dit. Au contraire. J’appréciais beaucoup notre échange, même si je commençais doucement à m’interroger sur les intentions ayant poussés cet homme à m’aborder. Quoique. Non. Qui espère-je convaincre en me supposant naïve à ce point ? Vous ? J’en doute. Fine observatrice, j’avais depuis longtemps compris qu’il tentait maladroitement de me séduire. Une idée que je trouvais plaisante, et qui expliquait sans doute que je ne lui brise pas si vite ses espoirs.

_ Pour obtenir des conseils, il faut surtout prioritairement avoir le besoin ou l’envie de raconter à une personne comme moi ce qui nécessiteraient des conseils. Lui déclarais-je avec légèreté, mon éclat de rire calmé. _ Alors, qu’importe ce que te dis ton égo, si cela peut améliorer ta vie, te rendre plus heureux, il ne faut surtout pas hésiter à pousser la porte d’un cabinet de psychologie.

C’était déjà un conseil, quelque part. Sincère, qui plus est. S’il voulait améliorer sa qualité de vie en allant chercher des conseils auprès de personnes aimant le cerveau, comme moi par exemple, il devait mettre son égo de côté. Certain de mes confrères auraient profité de cette occasion que nous abordions le sujet pour lui glisser leur carte de visite. Moi, je n’en fis rien. J’estimais que les gens n’avaient pas à être subtilement influencés dans la décision qu’était de suivre une thérapie. Ce n’était pas anodin. Il s’agissait d’un véritable engagement entre le professionnel et son patient. Si ce dernier venait aux séances avec un sentiment d’obligation, les résultats n’aboutiraient à rien de positif. D’ailleurs, je ne comprenais pas pourquoi je réfléchissais à cela. Le ton de la conversation n’était absolument pas la psychologie. Elle n’était qu’un prétexte d’approche, intelligente au passage, et le comportement de l’homme le confirmait. Il lorgnait sur mes lèvres avec une insistance qui n’en finissait pas de m’amuser. J’en profitais pour lui poser cette question qui m’avait toujours brûlée les lèvres, justement : pourquoi les individus de sexe masculins s’attardaient autant à ces dernières ? Il me demanda si je voulais la vérité. Absolument ! Je ne lui avais pas posée cette question pour qu’il m’invente un mensonge que je ne croirais pas. Je n’attendais pas de lui non plus qu’il me fasse la confession de l’excuse numéro une des compatriotes masculins. Je désirais qu’il me fasse profiter de cette franchise qu’il m’avait démontré.

_ Bien sûr que je désire une réponse sincère ! Sinon, quel intérêt de te poser cette question ?

C’était une interrogation rhétorique, bien entendu. Je n’attendais pas qu’il m’explique le pourquoi du comment de l’intérêt seul à m’intéresser à l’attrait des hommes pour mes lèvres pulpeuses. Je cherchais uniquement à le convaincre à plonger dans le grand bain, sans la terreur de s’écraser en son fond. Ce qu’il fit, d’une manière moins crue que je l’aurais imaginée.

_ C’est joliment dit. Lui déclarais-je avec un immense sourire aux lèvres, amusée, avant d’ajouter. _ Par conséquent j’en conclus que tu les observes toi également pour cette raison ? Parce qu’elles t’invitent à les goûter ?

Oui, maintenant que ma première interrogation avait obtenue une réponse intéressante, je souhaitais en obtenir une de manière plus personnelle. A lui de voir s’il avait le courage d’admettre haut et fort, qu’effectivement, il les avait dévisagées par envie d’y apposer potentiellement sa bouche, et ce ultérieurement.

@Joseph Keegan
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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyMer 21 Nov 2018 - 2:21


Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
Un rire si pur; tu n’arrives toujours pas à croire que ce sont tes paroles qui l’ont nourri. Les yeux de la belle sont brillants, ridés par l’amusement et toi tu restes hébété, peut-être perdu. C’est bien la première fois que tu te retrouves dans ce genre de situation. Tu te trouves ridicule mais la psychologue semble passer un bon moment. Tu n’as plus qu’à espérer qu’elle ne rit pas de toi, mais bien avec toi. Tu ne regrettes pas encore d’avoir eu le courage d’approcher une femme si distinguée et tu espères que le temps ne te fera pas changer d’avis. Tu te surprends à espérer que la bibliothèque ne fermera jamais, toi qui es habituellement le premier à sortir lorsque tu as terminé d’y passer le balai. Tu comptes bien étirer les minutes jusqu’à ce que plus jamais tu ne recroises cette femme qui a probablement mieux à faire de ses soirées. Tu t’imprègnes de son visage; tu l’encres sous ta peau. Si elle t’oublie, toi tu ne feras pas la même erreur. Ses prochaines paroles te prennent légèrement au dépourvu. Jamais, au grand jamais tu n’as envisagé de consulter une spécialiste du cerveau. Tu as bien trop de choses à cacher. Tu as l’impression que les psychologues sont capables de lire au-delà des mots. Et tu ne voudrais pas qu’elle puisse rassembler les pièces du casse-tête et comprendre que ta vie n’a pas parcouru le même chemin que les autres. Tu es passé par des sentiers battus parfois plus dangereux, parfois plus faciles. T’as vécu sans te soucier de l’opinion des autres et c’est encore ce que tu fais aujourd’hui. Toutefois, maintenant que t’es devenu une sorte de concierge qui ne récolte pas une pièce de monnaie, tu commences à sentir la honte. Très peu nombreux sont ceux qui sont au courant pour la misère dans laquelle tu es tombé. Il n’y a que Blake qui t’a arraché les mots de la bouche. Il avait compris que tu lui avais menti en affirmant travailler dans une petite épicerie et en affirmant avoir un toit sous lequel confortablement dormir.

- Je ne pense pas que c’est ce dont j’ai besoin en ce moment, mais je prends toujours des notes. Donne-moi ton nom, ton numéro de téléphone, et je pourrai m’en souvenir comme je me souviens de mon propre anniversaire.

Toi qui cherchais un moyen pour lui demander son prénom; tu n’aurais pas pu avoir une meilleure idée. Tu doutes que la demoiselle a compris tes intentions même si toi-même tu ne sais plus ce que tu cherches tirer de cette rencontre. Peut-être simplement avoir eu le courage de l’aborder te suffirait. L’espace d’un moment, tu as oublié que, en premier lieu, tu souhaitais tirer un peu d’argent de cette psychologue visiblement bien nantie. Ton attention se repose un instant sur le bouquin finalement fermé entre les mains de ta compagnie et tu louches un moment sur l’anneau à son annulaire. Tu comprends ce que cela signifie. Mais t’as jamais été un gentil garçon. Les règles, tu les as toujours jetées par la fenêtre. Encore récemment tu t’es enfermé dans la salle de bain de l’établissement pour fumer un joint. Tu l’aurais probablement refait aujourd’hui si tu n’avais pas perdu tes dernières feuilles de cannabis trois jours plus tôt. La réponse que t’offre la belle t’arrache un sourire malin et ta timidité s’envole d’un coup de vent. Ton teint redevient naturel; tu as l’impression de retrouver l’une de ces filles que tu as dragué dans le passé. Plus de détournements de phrases, plus de masque : la vraie et crue question. As-tu envie de m’embrasser. Machinalement, ta tête bascule de bas en haut et tu ne te gênes toujours pas pour évacuer les premières paroles qui te chatouillent le bout de la langue.

- On ne peut rien te cacher. J’ai l’impression qu’elles sont sucrées. Je voudrais bien les réserver pour le dessert et te proposer de venir dîner avec moi mais je suis à sec. Je ne te ferais pas le coup d’avoir oublié mon portefeuille car je l’ai simplement perdu. J’aime bien mentir, mais j’ai l’impression de ne pas pouvoir le faire avec toi.

Tu souffles tout ton air par tes narines en prenant davantage appui sur ton balai, réalisant que tu viens littéralement d’avouer ne pas avoir assez d’argent pour payer son repas. Tu serres la mâchoire en gardant les deux yeux rivés sur le sol, t’attendant à ce que la discussion prenne fin maintenant.

     
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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyMer 21 Nov 2018 - 3:33

Il ne pensait pas avoir besoin d’un suivi psychologique. Hé bien soit. Je n’allais pas le convaincre d’aller à l’encontre de cette décision. Je n’étais pas dans cette bibliothèque en quête de nouveaux clients, après tout. Non, si j’y étais, c’était essentiellement en quête de réponses à mes interrogations personnelles. Du moins, c’était ce qui était initialement prévu. Désormais, je prenais beaucoup de plaisir à converser avec cet homme aux antipodes de ceux que j’étais amenée à rencontrer, majoritairement. Et j’appréciais qu’il me demande tout de même mes cordonnées, pour le cas où il changerait d’opinion. Cela démontrait qu’il faisait preuve d’une grande ouverture d’esprit. Un signe d’intelligence que j’appréciais à sa juste valeur. Lui faisant signe de patienter, je déposais le livre que je tenais dans le rayonnage, puis ouvrait mon sac-à-main en quête de mon portefeuille.

_ Il y a toujours tellement de choses futiles dans le sac d’une femme. Lui déclarais-je avec amusement, justifiant ainsi le temps que je prenais à trouver mon portefeuille. _ Ah. Voilà ce que je cherchais. Je sortais victorieuse l’objet de ma convoitise. _ Je vais te donner ma carte de visite, cela sera beaucoup plus simple. Ce que je fis, immédiatement, après en avoir sortie eu de mon portefeuille. _ La voici. Surtout, ne te sens pas obligé de venir me consulter parce que nous avons eu cette conversation tout les deux. Chaque être humain est parfaitement libre de vouloir se débrouiller seul, sans l’aide de personne.

J’étais d’ailleurs la personne la mieux placée pour non seulement le démontrer, mais également le comprendre. Je n’aimais pas l’idée de me confier à quelqu’un, même amicalement. De ce fait, je me voyais très mal forcer une tierce personne à le faire envers moi, sous prétexte qu’il s’agissait là de mon gagne pain.

_ Et je vais te faire une confidence. Repris-je aussitôt, toujours souriante. _ Je déteste l’idée seule de me confier à quelqu’un. J’ai le sentiment que c’est comme une intrusion dans mon jardin privé ; que cet personne pourrait ensuite le saccager. Quelque chose qui m’effrayait au plus haut point. Essentiellement depuis que mon amie connaissait l’existence de ma liaison. _ Mais je ferais mieux de me taire. Je vais définitivement te faire fuir les psychologues.

J’éclatais de rire à cette pensée. Peut-être était-ce effectivement le cas. Peut-être que l’homme qui me faisait face venait d’être convaincu de ne jamais pousser la porte d’un cabinet de psychologie, uniquement parce que je m’étais confiée sur mon propre refus. Et cela m’était totalement égal. Car encore une fois, je n’étais pas présente en ces lieux pour débaucher de nouveaux patients. Qui plus est, des patients où les relations risqueraient d’être on-ne-peut-plus être ambigües. Chose dont je n’avais absolument pas besoin. Non. En ce qui me concernait, à ce moment là, j’avais plutôt besoin de m’amuser comme je le faisais en compagnie de cet homme. J’avais besoin de me sentir vivante en repoussant toujours plus les limites des interdits, pour peut-être les briser d’avantage. Et c’est ce que je faisais, d’une certaine manière, en personnalisant mon interrogation quant à l’attrait des hommes au sujet de mes lèvres. Je poussais mon interlocuteur au défi d’admettre, ou non, qu’il désirait m’embrasser, comme on s’amuse à parier sur l’avenir. Soudainement, l’attitude de celui-ci changea du tout au tout. L’homme devint joueur, reprenant ainsi confiance en lui, et ses joues retrouvèrent une teinte tout-à-fait normale. J’appréciais le sourire qui se dessinaient alors sur son visage. Il me confirmait qu’il m’avait bien aborder dans l’idée de me plaire. Joueuse à mon tout, j’optais sur un coup de tête de lui laisser toutes ces chances ; au risque d’ajouter un second coup de couteau au contrat.

_ Sucrée, vraiment ? Répétais-je avec amusement, a ces aveux quant à sa volonté de goûter mes lèvres en guise de dessert à un dîner qu’il ne pourrait m’offrir. _ C’est intéressant. Et je le pensais. _ Et si je te proposais de les goûter maintenant, avant ce dîner que je suis entièrement disposée à t’offrir, et ce contre uniquement comme monnaie d'échange ton identité, est-ce que tu accepterais ?

Je me fichais qu’il soit pauvre. Je me fichais qu’il me séduisait pour mon argent. Je voulais savoir s’il oserait m’embrasser, en plein sur son lieu de travail.

@Joseph Keegan
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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyMer 21 Nov 2018 - 4:17


Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin
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Elle pouvait mettre autant de temps qu’elle le souhaitait à chercher l’objet de ses désirs dans son sac à main; tu profitais de cet instant d’inattention pour observer sa gestuelle féminine et ses cheveux longs légèrement courbés par le mouvement. Tu t’imagines humer l’odeur de chaque mèche. Une odeur de vanille que tu n’oublieras probablement jamais. Si tu as oublié certains événements de ton enfance, c’était bien pour ne plus jamais laisser une information s’échapper de ta mémoire dans le futur. La psychologue te tend sa carte d’affaire, tu t’empresses de la récupérer pour découvrir son nom et enfin lier son visage à une identité. Tu lis les quelques lettres en arborant un sourire victorieux et tu te pinces les lèvres en plongeant à nouveau tes yeux dans ceux d’Aubrey. D’un simple regard, tu la complimentes sur son prénom ravissant et tu n’attends pas une seconde de plus pour glisser la carte dans les poches de tes jeans, ayant à nouveau l’impression de te trimbaler avec quelque chose de précieux sur toi. Tu allais répondre à ses paroles mais elle prend le dessus en t’avisant qu’elle te fera une confidence. Tu penches la tête sur le côté, l’air interrogateur, et tu l’écoutes d’une oreille attentive. Lorsque son secret est dévoilé, tu passes une main dans ta courte barbe en faisant mine de réfléchir.

- J’ai l’impression que tu as beaucoup de choses à cacher. Je comprends ton ressenti. J’aurais employé d’autres mots mais je crois que mes idées rejoignent les tiennes. En révélant quelques informations sur nous, on perd un peu le contrôle de notre vie, j’imagine. On offre une télécommande à un autre…

Tu fais la moue, tu prends le temps de gonfler tes poumons d’un air nouveau et tu termines sur un ton sarcastique.

- Ne t’inquiète pas, j’avais déjà bien assez peur des psychologues avant que tu ne me révèles ceci.


Évidemment, c’est faux. Tu n’as jamais réfléchi à cette profession avant aujourd’hui. Tu ne sais pas si tu crois au pouvoir des mots. Jamais un psychologue ne te fera accepter chacun des coups que tu as reçus pendant ton enfance. Si tu caches ces marques dans ton dos, c’est bien pour éviter de t’expliquer au premier venu. Plusieurs de tes conquêtes les ont remarquées mais rarement elles ne posaient les questions. Tu as toujours vécu dans un autre monde, là où il n’est pas rare de rencontrer quelqu’un qui a déjà tiré ou qui s’est déjà pris une balle. Le rire d’Aubrey te ramène à la réalité, tu ravales tes pensées et tu te joins à sa joie en émettant une sorte de ricanement. Tu ne pourrais pas rire à gorge déployée comme elle le fait; t’as une certaine retenue depuis toujours. Pourtant, lorsque le sujet dévie vers quelque chose que n’importe quel autre homme aurait trouvé un peu trop intime, toi, tu te sens à nouveau dans tes eaux. Tu reprends le contrôle du voilier, la barre du navire entre les mains et le vent dans les voiles. Il n’est plus question pour toi de détourner la conversation et d’utiliser les mots doux. Elle t’offre ouvertement de goûter à ses lèvres, là, maintenant, entre deux rangées de livres psychologiques. Tu ne sais pas si tu arrives à croire à cet instant qui ne devrait arriver que dans les films mais jamais tu ne manquerais l’occasion de faire un tel acte.

- Je vais te payer tout de suite, alors. Je m’appelle Joseph.


Habituellement, tu t’éternises sur ce prénom, tu expliques que tu le détestes, qu’il se raccroche beaucoup trop à la religion et que jamais tu ne l’aurais choisi. Mais ce n’est pas le moment. Tu n’attends pas qu’elle change d’avis, tu t’approches d’elle en relâchant ton balai qui rencontre brusquement le sol et tu glisses ta main droite dans son cou pour attraper la racine de ses cheveux. Tu veux lui faire comprendre dès maintenant que tu n’as jamais été un douillet. Tu serres doucement la prise, les deux yeux plantés dans les siens, puis tu n’attends pas une seconde de plus pour rapprocher sa tête de la tienne tandis que tes paupières se ferment. Tes lèvres accueillent les siennes, bouillantes, douces, pulpeuses, et tu te jures de faire éterniser ce baiser. Ton corps se rapproche du sien sans que tu ne t’en rendes compte, tu sens bientôt sa poitrine contre ton torse et, entre deux baiser, tu viens mordiller sa lèvre inférieure pour en tester la saveur. Un sourire mielleux étire ta bouche, tu te retires enfin sans pour autant lâcher ta prise dans le bas de son crâne et tu souffles doucement ces quelques mots :

- Je dois admettre que ça m’a ouvert l’appétit.

Un rire court soulève ta poitrine et tu ne lui donnes pas plus de détails sur le genre d’appétit dont tu parles. C’est à elle de deviner. Tu imagines qu’elle n’aurait aucun mal à lire dans tes pensées ou à simplement remarquer la déformation dans tes pantalons.

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Message(#)Une fleur de vanille entre les pages d'un bouquin [Aub&Jo] EmptyMer 21 Nov 2018 - 5:14

C’était amusant qu’il suggère que j’avais des choses à cacher. Cela soulevait l’hypothèse que je n’étais peut-être pas aussi mystérieuse que je ne le croyais, ne le désirais. Et si cet homme avait été en mesure de deviner cela en quelques minutes de conversation, entre les lignes d’une simple confession sans importance ; cela laissait présager que mon mari pouvait certainement lire en moi comme dans un livre ouvert. Une idée qui me terrifiait. Et pour cause : si le crime que je dissimulais n’avait rien de répréhensible aux yeux de la loi, il avait cependant le mérite d’être l’arme fatale à toute union maritale. Et si je commettais une erreur à vouloir préserver ce qui ne pouvait l’être. Et si finalement c’était Elle qui avait raison : Abigaël. Que me restait-il de véritablement raisonnable à faire ? Certainement pas de poursuivre le désastre comme je m’évertuais à le faire, comme une adolescente obstinée. Seulement, l’homme avait visé juste en imaginant la vérité comme une télécommande que l’on donne à l’autre. Révéler ses secrets inavouables, c’est perdre le contrôle de toute une existence. Révéler ses mensonges inimaginables, c’est égaré tout espoir d’un bel avenir. De quoi me donner une bonne raison de préférer le mensonge bienfaisant à la vérité cruelle. C’était égoïste, c’est un fait. Néanmoins, je n’étais pas prête à tout voir s’envoler en fumée pour le tarif d’une conscience soulagée. D’ailleurs, en dépit de tout, je me portais très bien. Je continuais de mener ma petite vie monotone d’épouse, aux côtés d’un mari aussi carriériste que je ne l’étais moi-même, pendant que le temps se chargeait de tasser mes incartades passées. Enfin. Encore fallait-il que la vie ne me tende pas un piège au détour d’une rangée de livres de psychologie. Un piège dans lequel je tombais, bien trop heureuse de découvrir que mes rides ne me rendaient pas encore repoussantes.

_ Tant mieux, si je ne suis pas à l’origine de ta peur des psychologues. Je lui confiais avec légèreté, un fin sourire aux lèvres.

Ce n’était pas que je m’en serais mortellement voulu, non ; mais ainsi j’avais la garantie que je n’avais pas prêcher contre ma propre paroisse. Pourquoi le faire, qui plus est ? Pour m’offrir un patient aussi attirant que Liam ? Non merci. Je ne voulais plus jamais mélanger le personnel au professionnel. Je ne voulais plus jamais être autant impliqué dans la vie d’un homme qui n’était pas mon mari. Je voulais simplement prendre un peu de bon temps. N’avoir que cet envie de sourire, de vivre l’instant présent à fond. Les regrets, je les avais déjà. Je concluais qu’un de plus, ou qu’un de moins, cela ne plaiderait certainement pas d’avantage en ma faveur face à mon juge le jour de mon propre tribunal. Je me laissais donc glisser toujours plus vers ces limites interdites, excitantes, que m’offrait ce joli petit diable dans son uniforme d’homme de ménage. Je ne demandais rien en compensation, si ce n’est une identité. Il me l’offrait. Joseph. Un nom biblique qui, pour une raison que j’ignorais, ne correspondait pas à l’homme qui le portait. Ne serait-ce qu’à la manière dont il s’emparait de ma nuque, pour nous rapprocher. C’était violent, presque. Bestiale, sans doute. Et je ne cherchais à me défaire de lui, acceptant qu’il prenne ce que je lui avais proposer de prendre : mes lèvres. Mes yeux se fermèrent aux contacts de sa bouche brûlante, enivrante. Je répondais favorablement au baiser qu’il m’offrait, appréciant qu’il mordille ma lèvres inférieure par deux reprises. C’était au delà de ce que j’avais osée imaginée. C’était passionnée. Peut-être même un peu trop pour un homme et une femme qui venaient tout juste de se rencontrer. L’étreinte de nos lèvres achevées, je n’instaurais aucun mouvement de recul, laissant ma poitrine légèrement se presser contre son torse. Il avait l’appétit ouvert, à ses dires. Cela était également mon cas, je devais l’avouer. Cependant, j’estimais qu’il serait folie de céder à la tentation sans un complément d’informations à son sujet.

_ Quel gourmandise. Je lui soufflais non sans rire brièvement. _ Cependant, je suis au regret de t’annoncer que cet appétit devra attendre. Je me suis engagée à te payer un dîner au restaurant, et je tiendrai ma parole. Délicatement, je me défaisais de notre étreinte, puis jeter un oeil à ma montre. _ La bibliothèque ferme dans dix minutes. J’imagine que tu termines ton travail en même temps donc, ce que je te propose, c’est que tu me rejoignes dès que tu es libre au parking. Nous irons dans le restaurant de ton choix. Je tournais les talons, en direction de la sortie, et concluais. _ Je serais dans une Audi A1 noire. À tout de suite.

J’avais le temps d’un repas pour peser les pour moins lourds que les contres. Et je comptais bien en profiter jusqu’à la dernière minute avant de commettre à nouveau l’irréparable.

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