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Message(#)(joassan) for blue skies EmptyMar 20 Nov 2018 - 1:02


joanne & hassan
for blue skies

It's been a long year since we last spoke. How's your halo ? Just between you and I, you and me and the sad lights. I never believed you, I only wanted to, but for all this what did I miss ? Do you ever get homesick ? I can't get use to this, I can't get use to this, I'll never get use to this. ☆☆☆



« Vous verrez, elle vaut vraiment le coup. Vous ne regretterez pas d’avoir été infidèle. » Parce qu’il s’était laissé happé par ses propres pensées et n’avait pas écouté un traitre mot de la phrase précédente, Hassan avait arqué un sourcil dubitatif face à ce commentaire visiblement sorti de son contexte. « On parle bien toujours de voitures ? » A demi-sérieuse, la question était néanmoins passée pour un mouvement totalement calculé et avait arrachée à son interlocuteur un rire cadrant avec le côté un peu beauf du sous-entendu. « J’en ai bien peur. Alors, vous la prenez ? » Les mains s’enfonçant dans les poches de son jean avec indécision, le brun avait inspiré une grande bouffée d’air comme si elle devait lui permettre de se décider plus vite, tandis que ses yeux glissaient sur les courbes de la Mazda troisième du nom, son rouge grenat à lui seul capable de faire pencher la balance dans la décision d’Hassan malgré un attachement aux Ford qui s’étaient jusqu’ici succédées dans sa vie de conducteur. Désormais plus attaché à sa moto qu’il ne l’aurait un jour imaginé, il s’était caché derrière cette excuse suffisamment longtemps pour ne pas avoir à s’avouer que l’idée de posséder à nouveau une voiture le terrifiait : il lui fallait être capable d’affirmer avec certitude que celle-là ne finirait pas comme la précédente, et malgré la pente ascendante que prenait à nouveau son moral depuis quelques mois l’angoisse du jamais dire jamais n’avait pas totalement disparue. Pourtant posséder de nouveau une voiture paraissait de plus en plus indispensable, tant pour espérer pouvoir promener Spike et Bandit plus loin que les limites de Logan City atteignables à pieds, que pour parfaire les arrangements nécessaires qu’il devrait apporter dans son quotidien. Et quitte à devoir retourner derrière un volant le professeur comptait bien fonctionner au coup de cœur, raison pour laquelle un sourire satisfait s’était finalement étiré sur ses lèvres au moment de céder « Allez. Ford restera mon amour de jeunesse. » et de tendre une main décidée au propriétaire du rubis motorisé qui serait bientôt sien. […] Crispé, c’était en revanche le sourire barrant son visage lorsque livré à lui-même avec son nouveau joujou il avait pour la première fois tourné la clef pour mettre le contact et faire ronronner le moteur. Inspirant avec lenteur et réajustant ses lunettes de soleil sur son nez plutôt deux fois qu’une au moment d’expirer, il avait fait glisser ses mains autour du volant avec encore un brin d’hésitation et finalement enclenché la marche avant à l’instant même où le soleil de fin d’après-midi passait derrière la ligne d’horizon créée par les buildings de Spring Hill. Cette voiture-là ne serait pas plus témoin qu’actrice d’une nouvelle déchéance, il s’en faisait la promesse.

Ayant évité avec sagesse l’artère principale de la ville et ses bouchons de fin de journée, le brun n’avait pas attendu plus de quelques minutes avant d’ouvrir les deux fenêtres avant pour laisser l’air s’engouffrer dans le véhicule ; Une habitude revenue aussi vite que le vélo en son temps. Les immeubles laissant un temps leur place au Victoria Bridge sous lequel coulait un fleuve que le soleil de cette heure-ci rendait orangé, Hassan s’en tirait à bon compte en estimant avoir accompli suffisamment de ses bonnes résolutions pour aujourd’hui avant que le panneau indiquant South Brisbane ne le ramène à ses contradictions et à ce qu’il repoussait depuis plusieurs jours déjà. « C’est une mauvaise idée. » s’était-il murmuré à lui-même tout en activant son clignotant pour changer de file, et la mâchoire désormais crispée par la perspective d’une conversation déplaisante – ou au moins malaisante – il avait pourtant engagé sa voiture dans le parking souterrain du Kurilpa Point Park. Laissant là sa nouvelle acquisition, coincée entre une Jeep d’un autre temps et une Toyota, Hassan avait retrouvé la surface et sa chaleur pour le court trajet à pieds le menant finalement au pied du bâtiment géométrique abritant le musée d’art moderne. S’il en fallait un où le brun n’ait jamais mis les pieds malgré une vie entière passée à Brisbane, c’était bien celui-ci, et s’il s’avouait sans honte totalement imperméable au moderne et au contemporain ses affinités en matière d’art n’étaient pas ce qui motivaient sa présence ce soir-là. Prenant de plein fouet la climatisation du hall à peine avait-il passé le seuil, le professeur avait réprimé un frisson probablement pas provoqué par la température, et observant un instant autour de lui avec l’air d’un touriste qui ne retrouvait pas son chemin il s’était enfin décidé à se diriger vers l’accueil où une femme au chignon serré et à la quarantaine bien entamée l’avait accueilli d’un sourire mesuré, Hassan la saluant rapidement avant d’en venir au fait. « J’aurais souhaité savoir si Joanne Prescott travaille toujours ici. » L’observant à travers le verre de ses lunettes, dans lequel se reflétait une partie de l’écran face à elle, l’employée s’apprêtait à l’évidence à offrir une réponse toute faite qui ne l’avancerait sans doute à rien, avant que le claquement d’une paire de talons sur le sol ne la coupe dans son élan « Il semblerait. » Le regard attrapant un point quelque part derrière lui, l’employée avait persuadé Hassan de se retourner un bref instant, le laissant désormais face à une Joanne qui terminait manifestement sa journée de travail et devant qui il n’avait d’abord pas su formuler le moindre mot.
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Message(#)(joassan) for blue skies EmptyMer 21 Nov 2018 - 17:18


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La fin d'année approchait, et cela était synonyme de réunions à foison. Le QAGOMA faisait le point sur l'année écoulée et lançait déjà les projets pour l'année suivante. Il fallait tout peaufiner pour les expositions temporaires, s'assurer que l'import des oeuvres se passe parfaitement bien, et finir d'organiser les événements qui allaient ponctuer les années suivantes. Les réunions n'étaient pas ce que préféraient Joanne, loin de là. Mais au moins, l'équipe du QAGOMA avait un bon esprit d'initiative et de réactivité. Les affaires ne traînaient pas ou ne tournaient pas en rond. La direction voulait de l'efficacité, qui soit à la hauteur de leur prestige. En écoutant la liste des acquisitions de l'année, la petite blonde espérait que l'année suivante, il y aurait un tableau que Joanne aurait trouvé seule. Elle ne perdait certainement pas cet objectif de vue, même si elle entreprenait à côté un tout autre projet avec Marius. L'ambition n'était pas le fort de la jeune femme, mais tout ce qui était prévu la motivait particulièrement. Elle était véritablement emballée et espérait que tout allait se faire. Le QAGOMA aimait beaucoup faire des expositions sur l'art asiatique, certainement de fait que des pays comme le Chine et le Japon ne se trouvaient pas si loin que ça, comparé à d'autres régions disposant d'une culture et d'une histoire artistique particulièrement riche. Joanne rêvait du jour où ils envisageraient d'emprunter des oeuvres à de grands musées européens et de le concentrer sur une exposition temporaire de quelques mois. A une période, elle avait eu une idée bien précise qui n'avait jamais abouti, et elle s'était orientée sur autre chose. La dernière réunion de la journée touchait enfin à sa fin, la jeune femme avait le temps de passer dans son bureau pour finir rapidement certaines choses et de faire un peu de rangement. Son côté organisé avait horreur de laisser derrière elle un bureau mal rangé et des dossiers non classés. Un coup d''oeil à la montre et sur le téléphone portable avant de le ranger dans le sac et Joanne pressa ensuite le pas pour aller chercher son fils à la crèche. C'était devenu quasi habituel. Elle avait beau avoir des journées un peu plus chargées qu'avant, elle restait la première à rentrer à la maison. Elle ne le reprochait pas à Jamie, loin de là. Il avait certainement bien plus d'obligations qu'elle au travail, plus de responsabilités et cela devenait très vite chronophage.  Son sac sur l'épaule, elle aimait faire un dernier passage dans la galerie dont elle avait la charge avant de quitter son lieu de travail. Plongée dans ses pensées durant sa marche, ce n'était qu'au dernier moment qu'elle réalisait qui venait de se présenter à l'accueil. Incapable de dissimuler sa surprise, sa marche s'arrêta de façon nette, peut-être même brutale. Elle eut même un léger mouvement de recul, hésitant pendant un bref instant de rebrousser chemin.La première questoin qu'elle se posait était : que faisait-il ici ? A moins que ses goûts n'aient radicalement changé depuis, Joanne savait que l'art contemporain n'était pas sa tasse de thé et qu'il aurait évité avec précaution la galerie d'art historique international pour ne pas la voir elle. Et même, quand ils étaient ensemble, c'était plutôt elle qui le traînait dans les musées de Brisbane à la moindre nouveautés. Pourtant, c'était bien Hassan qui était là, qui la regardait, qui semblait l'attendre. Alors que cela semblait parfaitement improbable pour elle. Jamais n'aurait-elle songé le revoir un jour, encore moins qu'il se rende dans un endroit où il aurait été bien difficile de la manquer. Le brun la regardait, sans prononcer le moindre mot. Et Joanne, de son côté, se posait une foule de questions. Elle ignorait comment réagir, si elle devait simplement passer son chemin, ou s'il fallait l'aborder. Lui parler... Oui, mais comment ? Par un simple bonjour ? La jeune femme avait dit ce qu'elle avait à dire durant leur dernière conversation, lui n'avait rien eu à ajouter. Et l'hôtesse d'accueil assistait à ces retrouvailles bien étranges en essayant d'être discrète. Joanne était nerveuse, son regard était fuyant. Le revoir faisait revenir toutes ces sensations très douloureuses de leur dernière entrevue. Elle souffla un "Bonjour." particulièrement timide, parce qu'elle restait une personne polie. Ses doigts nerveux glissaient une mèche de cheveux derrière son oreille. Encore une fois, elle s'attendait à ce qu'il passe son chemin et que ça s'arrête ici. Mais ils se regardaient en chien de faïence, manquant tous les deux de mots. Joanne peinait à comprendre ses intentions, en arrivant. "Nous devrions aller dehors." Malgré l'immensité du bâtiment et tout l'espace qu'il y avait, Joanne avait l'impression de manquer d'air. Et qu'importe ce qu'il se passe, elle ne voulait pas que ses collègues en soient témoins. La différence de température était particulièrement flagrante entre l'intérieur et l'extérieur, surtout en cette période de l'année. Elle pensait qu'en faisant quelque pas, elle trouverait quoi dire. Les usages n'avaient plus vraiment leur place vu la situation actuelle de leur relation. Il avait l'air de bien se porter, en tout cas, c'était déjà.  "Je ne pensais pas que tu voudrais me revoir un jour." Hassan avait dit qu'elle l'avait déçu, qu'il était triste, et en colère, qu'il ne se sentait pas capable de considérer quoi que ce soit avec elle pour le moment. Joanne avait laissé une ouverture en tenant paroles pendant plusieurs semaines en venant régulièrement à l'université entre midi et deux comme elle le lui avait dit, puis elle avait abandonné l'idée après sa discussion avec Jamie. Hassan n'était jamais venu, la petite blonde en avait conclu qu'il préférait rester éloigné d'elle définitivement. Le coeur serré, elle n'avait pas la moindre idéee de ce qu'elle pourrait ajouter de plus. Elle avait présenté ses excuses, elle l'avait laissé tranquille. Les lèvres pincées, Joanne cherchait à gérer toutes les émotions qui remontaient d'un coup, mais elle se sentait rapidement mal. Non, elle n'était pas fière de la manière dont elle s'était comportée, elle regrettait cette période. Une époque où elle ne se reconnaissait pas. Rapidement, pour on ne sait quelle raison, elle se disait qu'il avait peut-être besoin d'un service, de quelque chose. Tout lui semblait possible hormis le fait qu'il veuille potentiellement renouer. "Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?" finit-elle par demander avec sa voix naturellement douce, son regard hésitant toujours à croiser celui du brun, ayant bien trop peur de ce qu'elle pourrait y voir.
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Message(#)(joassan) for blue skies EmptyVen 21 Déc 2018 - 23:24

Milieu de semaine, fin d’après-midi … Il n’y avait pour ainsi dire pas âme qui vive dans le grand hall du QAGOMA, les quelques visiteurs combinant l’envie de se cultiver et le temps libre à disposition trop occupés à arpenter les galeries du musée, et la silhouette d’Hassan seule semblant ne pas être à sa place, adoptant la posture fuyante de celui qui n’était pas réellement certain de vouloir être là. Le cœur et l’esprit, comme souvent, ne parvenaient pas à se mettre d’accord et quand le premier croyait courir à la catastrophe et à des blessures qu’il était las de devoir tenter de soigner ensuite, le second savait qu’aujourd’hui ou un des jours qui suivrait il devrait bien se résoudre à faire ce pourquoi il était venu … Ce n’était qu’un pansement à arracher. Simplement un pansement. Lorsque le claquement des talons l’avait fait se retourner et que son regard était allé accrocher la silhouette de Joanne, pourtant, il ne s’était plus senti le courage de rien et avait simplement resserré ses doigts autour de la paire de lunettes de soleil qu’il gardait à la main, incapable d’amorcer lui-même la discussion. Loin de montrer meilleure assurance, la blonde avait fait un pas en arrière, prise elle aussi de cet instinct qui leur dictait à l’un et à l’autre de ne pas s’infliger une débâcle supplémentaire – et si par le passé il s’était senti heurté par un tel réflexe, par la violence de ce que pouvait signifier un mouvement de recul dans ses pas à elle, aujourd’hui ne subsistait plus que le malaise que lui inspirait le fait de se retrouver à nouveau face à Joanne quand leurs chemins n’avaient guère plus de raison de se croiser. Plus courageuse que lui, ou simplement moins guidée par l’amertume de leur dernier face à face, elle avait risqué la première un « Bonjour. » hésitant et semblé attendre la réaction d’Hassan pour décider de la conduite à adopter ensuite. La gorge désormais plus sèche que l’outback australien, le brun avait malgré tout tenté de déglutir avant qu’un « Hey. » un peu gauche ne lui échappe, lui donnant une raison supplémentaire de se maudire parce qu’il détestait ça. Ce manque d’assurance si éloigné de ce qu’il avait été si longtemps, cette image de type à peine capable de contrôler sa voix et donc par extension probablement pas en mesure de contrôler sa vie. Il était là, c’était lui qui l’avait décidé et c’était à lui de reprendre les rênes de cette discussion, mais le regard de Joanne alourdissant ses épaules et celui de l’agente d’accueil s’écrasant dans son dos il en oubliait toutes les phrases préfabriquées qu’il avait commencé à préparer des jours auparavant. Était-ce ce silence qu’il s’obstinait à garder ou le regard en biais de leur spectatrice involontaire, reste que remettant une mèche de cheveux derrière son oreille comme elle avait l’habitude de le faire en période de grande perplexité, Joanne avait de nouveau tendu la perche en suggérant « Nous devrions aller dehors. » sur un ton qui laissait à penser qu’il ne s’agissait pas tant d’une proposition que d’un état de fait.

L’habitude lui faisant adresser un signe de tête poli du côté de l’accueil avant de tourner les talons, Hassan s’était laissé guider par les pas de Joanne sans broncher, les yeux papillonnant face à l’agression du soleil mais sa paire de lunettes allant sagement pendre au col de son polo plutôt que sur son nez ; S’il devait au moins quelque chose à son ex-femme c’était de ne pas se cacher derrière le verre teinté de ses Ray-Ban pour s’adresser à elle. Elle valait mieux que ça, ils valaient mieux que ça. « Je ne pensais pas que tu voudrais me revoir un jour. » Les mains s’enfonçant dans les poches de son jean, le professeur avait lentement secoué la tête et admis d’un ton raisonnablement désolé « Ouais je … Excuse-moi d’avoir débarqué comme ça sans prévenir. J’avais pas vraiment prévu de le faire avant de passer le Victoria Bridge. » Il avait pris les choses dans le désordre, poussé par il ne savait quel sentiment d’urgence s’étant emparé de lui alors qu’il était au volant, quand il aurait simplement pu envoyer un SMS à Joanne pour lui donner rendez-vous et faire les choses telles qu’il les avait envisagées initialement. Leurs pas les guidant jusqu’au Kurilpa Bridge, Hassan s’était adossé à la balustrade pour tourner le dos au fleuve et avait reposé sur la blonde un regard prudent. Il se disait qu’il devrait faire un effort, lui demander comment elle allait ou comment se passait son travail … Mais à quoi bon ? Quelle illusion y’avait-il encore à entretenir après le naufrage qui était le leur ? Et Joanne n’était pas dupe, au fond, comme en témoignait le « Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? » avec lequel elle avait de nouveau brisé le court silence s’étant installé, comme si elle aussi savait qu’ils étaient bien au-delà des banalités d’usages. « J’ai un service à te demander. » avait-il alors admis sans chercher à tourner autour du pot. Laissant échapper un léger soupir, il avait fixé le bout de ses chaussures un court instant avant de relever les yeux vers Joanne « Je sais que c’est un peu gonflé de ma part de débarquer comme ça après autant de temps, mais ... » Mais rien, elle n’avait probablement que faire de ses justifications, et il n’était pas là pour lui faire perdre inutilement son temps. « D’ici une semaine ou deux une assistante sociale va prendre contact avec toi, elle voudra sûrement te rencontrer. J’ai dû lui donner ton numéro, mais je me suis dit qu’il valait mieux ça que de la laisser débarquer sans s’annoncer au musée. » Comme lui. Quant à l’adresse de son ex-femme, il ne l’avait tout simplement pas, et n’aurait de toute façon pas risqué de provoquer une colère ou une crise de jalousie de Jamie – il doutait qu’une crise cardiaque ne suffise à le délester de tous ses travers. Chassant cependant rapidement le bonhomme de ses pensées, il en était revenu à ses propres affaires et à l’oreille pour l’instant toujours attentive que lui accordait Joanne. « Elle va te poser des questions à propos de moi. Probablement aussi à propos de notre mariage, et de comment se passaient les choses quand on vivait ensemble. Et je sais que l’idée de parler de nous à une inconnue a quelque chose de déplaisant et d’un peu intrusif, alors tu n’es pas obligée d’accepter de la rencontrer … Mais je te demande vraiment ça comme une faveur. Et c'est la seule et unique que je te demanderai. » Une faveur qu’elle serait en droit de lui refuser, après les mois sous silence et l’absence totale de nouvelles. Une faveur qu’il lui coûtait de demander plus encore que ne l’imaginait sûrement, mais qu’il se résolvait à quémander malgré tout parce que ses projets méritaient qu’il ravale sa fierté pour les mener à bien, même s’il devait pour cela perdre la face devant la seule personne envers qui il se refusait à toute démonstration de vulnérabilité supplémentaire.
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Message(#)(joassan) for blue skies EmptyVen 28 Déc 2018 - 21:50


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Le soleil d'été n'était guère indulgent avec les iris clairs de Joanne. Elle ne sortait quasiment jamais sans ses lunettes de soleil, étant facilement éblouie par le moindre rayon qui perçait le ciel. Pourtant, là, ayant l'esprit bien ailleurs, l'idée d'aller chercher ses lunettes de soleil dans son sac à main ne lui effleurait absolument pas l'esprit. Ses songes étaient bien ailleurs et cela n'était dû qu'au fait de la présence d'Hassan. Elle avait beau se poser des tas de questions, elle ne trouvait pas la raison de sa venue. Mal à l'aise, elle sentait son coeur battre à un rythme anormalement vite. Il était plus convenable d'aller dehors car la discussion ne pouvait être en aucun cas professionnelle. Les murs avaient des oreilles et elle ne voulait pas de drama sur son lieu de travail. Il y avait une légère brises qui rendait l'air un peu plus respirable. Après que Jamie et elle avaient discuté sur les gradins du terrain de rugby, Joanne s'était rapidement imaginée qu'Hassan avait été témoin de la scène et qu'il ne pouvait qu'être reconnaissant envers Jamie pour avoir incité son épouse à ne plus venir à  l'université. Une vérité certainement fausse, mais qui avait su la convaincre le moment venu. Cela avait été pour elle carillon de la fin de leur relation, quelle qu'elle soit depuis qu'ils se sont revus après le divorce. Tout semblait se confirmer lorsqu'Hassan lui avouait que venir la voir n'était qu'une idée de dernière minute. Elle esquissa un maigre sourire, les lèvres pincées, avant d'acquiescer d'un léger signe de tête. Personne ne demandait comment l'autre allait, personne ne se laissait une chance de prendre des nouvelles. Ne serait-ce que s'assurer que tout aille bien. Joanne adorerait savoir s'il allait bien, encore plus lorsqu'elle croisait son regard. Mais les mots ne venaient pas, ou bien les phrases qu'elle avait en tête lui semblaient déplacés, trop intimes, peut-être inadéquates vu la situation. Pourtant, elle ne pensait qu'à "Comment ça va ?" ou "Quelles sont les nouvelles depuis la dernière fois ?", mais, à ses yeux, c'était peut-être déjà trop invasif. Pour elle, il était donc plus judicieux de connaître la raison de sa venue. Elle doutait qu'il se soit décidé au dernier moment de venir la voir pour discuter de la pluie et du beau temps. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il avouait être là pour lui demander un service. Les rouages compliqués de l'esprit de Joanne tournaient à vive allure, cherchant en quoi elle pourrait l'aider, mais rien ne lui venait à l'esprit. Il n'était pas nécessaire qu'elle dise quoi que ce soit pour qu'il reprenne la parole. Gonflé de venir juste pour lui demander un service ? Oui, un peu, certainement. Il ne lui parlait plus mais par contre, il n'hésitait pas à venir vers elle pour avoir besoin de son aide. La petite blonde ne savait pas quoi en penser. Elle se retenait bien de faire une remarque par rapport à cela, pour la simple et bonne raison qu'elle ne voulait pas déclencher un nouveau conflit avec lui. Elle était lasse des larmes, des drames, des regards noirs et du malaise qui l'envahissait comme à chaque fois dans ce genre de situations. "Mais quoi ?" demanda-t-elle doucement, sans la moindre agressivité dans sa voix. Elle aurait bien aimé entendre la fin de sa phrase. Et pourquoi devait-il venir la voir elle ? Elle n'était pas certaine de pouvoir lui apporter quoi que ce soit. Hassan devait être bien entouré et elle devait être la dernière personne qu'il désirait voir et dont il pourrait avoir besoin. Il ne venait pas là par gaieté de coeur. Hassan expliquait la situation. Une assistante qui voudrait entendre sur qu'elle avait à dire lorsqu'elle vivait avec Hassan ? Perplexe, la jeune femme croisa les bras pendant quelques secondes et fronça les sourcils, ne comprenant pas l'intérêt de sa démarcher. Dans quel but ? Joanne baissa finalement les yeux à la fin de ses explications. Après être restée un moment statique, elle se mit à afficher un léger rictus nerveux. Elle se trouvait ridicule, tout simplement. Bien sûr, elle ne s'était pas faite d'illusions. Mais elle devait reconnaître qu'il y avait une partie d'elle-même qui espérait qu'il soit revenu dans l'espoir de renouer, ou ne serait-ce, que d'amorcer quelque chose. Son apparition devenait plus blessante qu'autre chose. Il avait besoin d'elle dans son intérêt à lui, rien de plus. C'était ainsi qu'elle voyait les choses à chaud. Peut-être que ce n'était qu'un juste retour des choses, elle ne savait pas comment lui percevait cette situation. "Ce serait trrop indiscret de ma part de te demander pourquoi une assistante sociale aurait besoin de savoir comment nous étions ensemble avant ?" lui demanda-t-elle, le regard fuyant. Hassanc onnaissait suffisamment son ex-femme pour savoir qu'elle n'aimait pas vraiment partager sa vie privée à n'importe qui. Qu'elle ait été avec Hassan, ou Jamie ensuite, elle aimait garder les moments partagés précieusement pour elle, comme si elle craignait que si elle dévoilait ces beaux souvenirs, elle les perdrait à jamais. Surtout s'il fallait confier sa vie de couple. "Les témoignages de Qasim, Fatima ou Yasmine ne sont pas suffisants ?" demanda-t-elle alors, curieuse. "Je ne vois sincèrement pas ce que je pourrais ajouter de plus à ce qu'ils pourraient dire." Ils connaissaient très bien Hassan, peut-être mieux que Joanne elle-même. Cela semblait particulièrement lui coûter, de lui demander cette fameuse faveur. Il ne le ferait pas s'il avait eu une autre option – ça, Joanne en était persuadée. Bien que les circonstances étaient différentes, cela lui rappelait vaguement la fois où Jamie lui avait demandé de témoigner en sa faveur pour faire taire les journalistes les plus médisants et elle avait accepté de le faire malgré leur relation compliquée durant les faits. Joanne avait de nombreux défauts, mais la méchanceté n'en était pas une. Si elle pouvait aider, elle le ferait, et cette fois-ci n'était pas bien différente des autres. Hassan n'avait certainement pas vu sa bienveillance depuis longtemps. "Je... Je te tiendrai au courant dès que j'aurai rencontré l’assistante sociale." dit-elle au bout d'un long moment de silence. Ses doigts glissaient délicatement une mèche derrière son oreille, le regard toujours bas. "Je dois avouer que je ne suis pas très enthousiaste à l'idée de parler de notre vie à deux à une parfaite inconnue et que j'ai peur des questions qu'elle risque de poser, mais si ça peut t'aider..." Eh bien, elle y répondrait comme elle le pourrait. Joanne haussa timidement les épaules. Joanne ne lui souhaitait que le meilleur, alors si divulguer quelques informations sur leur vie personnelle pouvait être d'une quelconque utilité, alors soit. Cette conversation aurait pu se termine aussi simplement que cela, mais pourtant ils restaient tous les deux bien statiques, à se regarder en chien de faïence. Comme s'ils ne se connaissaient pas, ou plus. Ses yeux regardaient ses doigts nerveux. Un tic qu'elle avait depuis son enfance et qui ne l'avait jamais quitté lorsqu'elle était nerveuse, ou mal à l'aise. "J'espère que tu te portes bien." dit-elle après un long moment de silence. Enfin elle levait les yeux vers lui. Il n'était pas obligé de répondre quoi que ce soit. Elle ne se voyait tout simple pas achever une conversation après un accord tacite suite à une faveur demandée. "Je suis désolée, Hassan." Elle prit une profonde inspiration. "Je suis désolée du jour où tu m'as demandée le divorce et où tu aurais très certainement préféré une autre réaction de ma part que celle que j'ai eu..." Elle ne s'attendait plus à ce qu'il comprenne qu'elle n'avait pas voulu lui mettre des bâtons dans les roues pour les procédures. A cette époque, elle ignorait tout de sa maladie et ne voulait que son bonheur. Et si la clé était de divorcer, eh bien soit. "... Et pour toutes les fois où j'ai pu te blesser, te mettre en colère, ou te décevoir." Joanne avait conscience que la liste devait être bien longue et elle ne cherchait plus vraiment son pardon. Elle voulait simplement qu'il sache que, malgré la vie qu'elle menait avec Jamie, les regrets de ses erreurs la hantaient. Ils pouvaient la pousser à bout, mais au lieu de ça, elle préférait utiliser ces expériences pour devenir une meilleure personne. La petite blonde était partie du postulat qu'il s'agissait peut-être de la dernière fois qu'ils se verraient. Il avait dit que c'était la seule faveur qu'il lui demanderait, elle avait interprété cette phrase comme s'il ne comptait plus avoir affaire à elle. "Ca ne changera à tout ce qu'il s'est passé, mais je voulais juste que tu le saches." Car il ne s'agissait pas de mots que l'on pouvait envoyer par SMS, par mail, par le biais d'un téléphone, ou d'une messagerie vocale. Ce n'était pas des mots en l'air, ni des pensées volatiles susceptibles de se désintégrer au moindre coup de vent.
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Message(#)(joassan) for blue skies EmptyVen 18 Jan 2019 - 21:36

Il ne se sentait pas capable de prétendre être là de gaité de cœur, de faire comme si les options à sa disposition n’avaient pas été minces et comme si en dépit de tout ce qui les avait séparés ces deux dernières années se tenir face à son ex-femme ce jour-là n’était pas un exercice tant douloureux que désagréable. Il ne s’en sentait pas capable et plus encore il se refusait à le faire, y voyant une malhonnêteté et presque une cruauté dont il ne voulait pas se rendre coupable, tant pour sa propre conscience que parce que ce n’était tout simplement pas lui. Hassan pouvait être rancunier, il cultivait assurément ce défaut de pouvoir – souvent – pardonner mais de ne jamais rien oublier, mais il n’était pas quelqu’un de revanchard, et les griefs qu’il avait envers Joanne n’auraient à ses yeux pas justifié le fait de se jouer d’elle ou de ses sentiments. Sa volonté de ne pas compliquer les choses, cependant, pouvait à tort donner l’impression qu’il débarquait avec ses gros sabots pour demander des comptes à son ex-épouse, et ce même alors qu’il avait refusé d’avoir affaire à elle durant des mois, le « Mais quoi ? » qui avait échappé à la blonde semblant le confirmer malgré l’effort fourni pour ne pas faire état d’un manque de patience. Sans y apporter de réponse néanmoins, le brun avait préféré rentrer directement dans le vif de sujet certain que Joanne comprendrait bien assez vite et par elle-même les motivations qui l’avaient amené à elle. Écoutant sans l’interrompre, la blonde avait baissé les yeux un moment et gardé le silence durant ce qui avait semblé à Hassan être une éternité, ce dernier mettant cela sur le compte de sa contrariété à l’idée qu’une inconnue vienne mettre son nez dans sa vie privée. « Ce serait trop indiscret de ma part de te demander pourquoi une assistante sociale aurait besoin de savoir comment nous étions ensemble avant ? » avait-elle enfin questionné, sans relever encore les yeux vers lui « Les témoignages de Qasim, Fatima ou Yasmine ne sont pas suffisants ? Je ne vois sincèrement pas ce que je pourrais ajouter de plus à ce qu'ils pourraient dire. » Il la sentait se défiler, tenter d’échapper à la situation devant laquelle il venait de la mettre, et au fond il ne s’en étonnait pas. Il ne lui en voulait pas, non plus, conscient dès le départ qu’il lui faudrait mettre cartes sur table et exposer la totalité de la situation s’il espérait obtenir de Joanne qu’elle accepte de l’aider quand plus rien ne l’y obligeait. « Ce n’est pas avec eux que j’avais prévu de fonder une famille. » avait-il alors commencé par opposer, attendant que son ex-femme ait relevé les yeux vers lui pour poursuivre « Je suis en train de rassembler des éléments pour monter un dossier. Pour une demande d’adoption. » Ne laissant pas le temps à la petite blonde d’émettre le moindre commentaire à ce sujet, il avait secoué la tête « Et je sais, je sais ce que tu penses de l’adoption et je te demande pas d’adhérer à l’idée … Mais j’ai besoin que tu m’aides. » Plus suppliante qu’il ne l’aurait souhaité, sa voix avait eu des allures de murmures au travers de sa gorge serrée. Il se souvenait sans mal des mots échangés avec Joanne deux ans plus tôt, des sous-entendus de cette dernière quant au fait de ne pouvoir s’imaginer être mère que de A à Z, il s’en souvenait parce qu’il y avait longtemps repensé ensuite, s’en sentant peut-être plus heurté qu’il n’en avait eu conscience à l’époque. « Y’a que toi qui peut confirmer que c’est pas juste une lubie de mec qui panique en voyant la quarantaine arriver … y’a que toi qui peut leur dire que c’est un projet qu’on avait. Avoir des enfants. Que c’est quelque chose auquel je pense depuis longtemps, qu’on en avait parlé. » Il y avait ça, d’abord. Il y avait aussi le fait de s’assurer que leur divorce n’était pas le fruit de mauvais comportement de sa part, qu’il n’y avait rien de sordide chez cet homme avec qui elle avait vécu durant des années mais avec qui elle n’était pourtant plus. A nouveau Joanne avait gardé le silence un long moment, Hassan baissant les yeux à son tour et tordant ses doigts avec un malaise palpable – d’exposer ainsi, de but en blanc, un projet aussi important pour lui, mais aussi de se retrouver dans pareille situation, à devoir presque supplier son ex-femme pour obtenir son aide. « Je ... Je te tiendrai au courant dès que j'aurai rencontré l’assistante sociale. » Avait-elle enfin repris, marquant une vague pause avant de reprendre « Je dois avouer que je ne suis pas très enthousiaste à l'idée de parler de notre vie à deux à une parfaite inconnue et que j'ai peur des questions qu'elle risque de poser, mais si ça peut t'aider ... » Hassan relevant les yeux vers elle, et leurs regards se croisant véritablement pour la première fois depuis que le brun avait exposé les raisons de sa venue à la jeune femme. « Merci … » La gorge serrée à nouveau, il avait affiché un air de reconnaissance plus parlant que le remerciement en lui-même, incapable néanmoins de trouver quoi dire de plus et comment donner une suite à ce face-à-face qu’elle semblait subir plus qu’autre chose. Maintenant aurait été un bon moment pour prendre congé, la laisser vaquer à ce à quoi elle se destinait avant qu’il ne l’intercepte, et pourtant il ne sentait soudainement incapable du moindre mot ou du moindre geste supplémentaire, attendant presque de Joanne qu’elle les délivre de ce malaise mutuel dans lequel ils s’enlisaient seconde après seconde. « J'espère que tu te portes bien. » Ne parvenant pas à retenir l’expression de surprise venue éclairer son visage l’espace d’une demi-seconde, le brun avait ouvert la bouche sans trouver quoi répondre. « Je suis désolée, Hassan. » Lui accordant un nouveau regard, la blonde avait soupiré « Je suis désolée du jour où tu m'as demandée le divorce et où tu aurais très certainement préféré une autre réaction de ma part que celle que j'ai eu ... Et pour toutes les fois où j'ai pu te blesser, te mettre en colère, ou te décevoir. Ça ne changera rien à tout ce qu'il s'est passé, mais je voulais juste que tu le saches. » Presque instantanément Hassan avait cru retrouver le goût âcre de leurs précédentes conversations, de leurs anciennes entrevues et des larmes et de la peine qui en avaient résulté d’un côté comme de l’autre, et il n’avait pas envie de ça. Pas envie au point d’avoir secoué la tête sans même s’en rendre compte, son regard se perdant un moment sur le sillon du fleuve avant de revenir à Joanne « Je sais. » qu’il lui avait alors assuré d’un ton doux, sans doute un brin résigné. « Mais Joanne, la façon dont tu as géré notre divorce … y’a longtemps que ça je te l’ai pardonné. T’as fait ce que tu avais à faire pour te protéger, et c’est ce que j’ai fait moi aussi. » Se décollant de la balustrade, le brun avait fait quelques pas sur le pont, dépassant son ex-femme de quelques mètres avant de se retourner à nouveau vers elle « C’est pas le souci … » Ce n’était pas ce qui le rendait incapable de la regarder sans un fond d’amertume dans la gorge, sans un brin de rancœur face à des mots ou des choix qu’elle avait eu à son égard. Leur divorce, au fond, n’était plus rien qu’un point de départ au reste.
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Message(#)(joassan) for blue skies EmptyDim 20 Jan 2019 - 17:53


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Le silence du brun suite à la question de la jeune femme donnait véritablement le ton à l'ensemble de la conversation. Il ne désirait apparemment pas s'épancher ou faire de la discussion, il était venu pour demander un service, et rien d'autre. Du moins, c'était ainsi que Joanne avait compris les choses lorsqu'elle se rendit compte que sa question resterait sans doute sans réponse. Elle sentit à nouveau ce pincement au coeur, douloureux, qu'elle avait ressenti durant leurs dernières conversations. Elle avait peut-être omis quelques brides de leurs discussions précédentes, mais cette douleur thoracique était impossible à oublier. Une douleur très spécifique, difficilement descriptible, qu'elle ne ressentait qu'en la présence de son ex-mari. Cette sensation était encore différente lorsqu'elle avait ses mauvais moments avec Jamie, l'année passée. Elle était dans l'incapacité de le décrire avec précision, mais elle pouvait affirmer que ces deux douleurs au niveau de la poitrine n'avaient absolument rien à avoir l'une avec l'autre. Dans les deux cas, c'était intense, particulièrement désagréable. Malgré tout, afin de ne pas créer davantage de tensions, Joanne n'insistait pas. Une question qui n'aurait jamais droit à sa réponse. Elle s'interrogeait sur la venue de l'assistante sociale, n'aimant guère déblatérer sur sa vie conjugale à une personne qu'elle ne connaissait ni de près, ni de loin. Il lui avait fallu plusieurs avec le psychologue qu'elle avait vu l'année passée pour qu'elle veuille bien s'ouvrir à lui, et enfin, lui révéler tout ce qui la torturait jour et nuit. Les visites s'étaient ensuite raréfiées, par manque de temps, parce qu'elle estimait qu'elle n'en avait plus besoin. Mais en se rendant compte de toutes les émotions qui refaisaient surface rien qu'en ayant son ex-mari dans son champ de vision, elle réalisait qui rien n'était réglé, que tout était encore  à faire. Joanne était déçue qu'Hassan croit qu'elle ait un avis aussi négatif sur l'adoption. Certes, ce n'était pas une option qu'elle était capable d'envisager pour elle. Cela ne l'empêchait tout de même pas d'admirer les parents qui avaient le courage de se lancer dans ce genre de procédures et de responsabilités. Ce n'était juste pas une éventualité à aborder pour elle. Peut-être que la différence était fine, peut-être qu'Hassan ne le voyait pas. Mais elle était déçue qu'avec dix ans de vie commune, à apprendre tous les jours les tempéraments de chacun, il n'ai pas saisi cela. A son tour, elle se refusait de rebondir là-dessus, cela ne ferait que mettre de l'huile sur le feu, pour pas grand chose. Cela semblait coûter beaucoup à Hassan de faire appel à elle. Joanne l'entendait dans sa voix, dans son attitude bien qu'aucun des deux n'osait véritablement se regarder droit dans les yeux. Joanne se massait nerveusement le cou, appréhendant le jour où l'assistante sociale ferait appel à elle. Mais elle avait accepté, et elle tiendrait parole. Il y a avait une bonne dizaine de questions qui lui brûlaient les lèvres mais qui ne parvenaient pas à les traverser. Pourquoi une adoption ? Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui a pesé dans la balance pour qu'il veuille se lancer dans une telle procédure ? Mais elle savait que cela ferait d'elle une personne intrusive, et elle ne l'était pas. D'autres questions sans réponses. "C'est normal." lui répondit-elle dans un murmure, un sourire tantôt timide, tantôt forcé, venant discrètement arquer le coin de sa bouche. Qu'il était troublant de se regarder enfin dans les yeux. Ce n'était que furtif, ils osaient à peine. Comme si un simple regard risquait d'être fatal, pour l'un comme pour l'autre. Leur conversation aurait pu se finir là, sans trop d'artifices, en ne restant concentré que sur la raison principale qui avait forcé Hassan à revoir son ex-femme. Celle-ci avait ravalé plus d'une fois sa curiosité depuis le début de leur conversation. Elle avait abandonné l'idée de chercher à se rattraper dès qu'elle avait réalisé qu'il ne serait jamais venu la rencontrer sur les gradins du terrain de rugby. Dès qu'elle pensait à lui, beaucoup de ses questions commençait par "et si... ?". Où en serait leur relation si elle avait agi différemment durant ces moments fatidiques ? Une foule d'interrogation qui l'aidait parfois à oublier, l'espace de quelques secondes, qu'elle était à l'origine de ce désastre. Quand elle avait croisé ses yeux bruns, elle fut prise d'un frisson. Une angoisse naissante au fond de sa poitrine, l'impression qu'il était possible que ce soit la dernière fois qu'ils se voient. Ce n'était qu'un ressenti, totalement subjectif. Mais une sensation qui lui faisait peur. En dehors de cela, il n'avait aucune raison de la solliciter par la suite et la blonde était certainement la dernière qu'il souhaitait croiser par hasard dans la rue. Alors quoi, cette discussion annonçait-elle la fin de leur relation, qu'importe le nom que l'on pouvait lui donner à ce moment là ? Ce sentiment d'urgence, peut-être injustifié, l'avait poussé à reprendre la parole, voyant là saisir une opportunité qu'elle ne pouvait décemment pas manquer. Espérer qu'il allait bien, et s'excuser. Le mal était fait, elle ne pouvait rien y faire, mais il n'y avait pas un jour où elle n'espérait pas que tout se soit passé autrement. Qu'il n'y avait pas ce malaise permanent dès qu'ils étaient l'un en face de l'autre. Que se voir ainsi aurait été un plaisir. Ne serait-ce que prendre des nouvelles, d'envoyer un simple message pour un anniversaire. Mais Joanne n'avait pas osé faire tout cela les derniers mois. Hassan lui avait pardonné le divorce. Joanne, elle ne se le pardonnait toujours pas. C'était surtout sa dernière conversation avec Yasmine qui avait profondément empiré ce mal être. Jusque là, elle était parvenue à ranger dans une boîte tout ce qu'elle regrettait et qu'elle ne pourrait pas changer. Des faits pour lesquels elle ne pourrait jamais retrouver sa propre rédemption. Elle était si occupée ces derniers temps qu'elle les avait oublié, préférant consacré chaque minute de libre à sa famille. Mais là, tout refaisait surface, et tout s'ébranlait. Des larmes venaient inondés ses yeux tristes et semblaient refuser de s'écouler. La tête toujours bien basse, elle avait remarqué qu'il avait fait quelques pas. "Le souci, c'est tout le reste." résuma-t-elle à voix basse. Ses excuses englobaient aussi ces choix là, ceux qui avaient blessé plus qu'autre chose. Des tours de passe-passe voués à l'échec, qui donnait l'impression qu'elle n'avait que jouer avec les sentiments de deux hommes qui étaient si chers à son coeur. "Je sais." souffla-t-elle ensuite, un brin résignée. Hassan n'était pas enclin à en dire trop depuis qu'il l'avait accosté, elle doutait que cela ait changé et Joanne avait fini par se dire qu'elle devait se tenir à ça. La petite blonde avait alors imposé un long moment de silence, hésitant à relancer cette conversation qui ne pouvait que s'annoncer tendu, ou alors se résigner, et ne s'en tenir qu'à la raison principale de sa venue. "Je comprends." Sa voix, tremblante et enrouée par l'émotion, était à peine perceptible. "Je n'aurais pas du remettre ça sur le tapis. Je n'aurai pas du en parler, ce n'est pas grave." dit-elle en secouant la tête, puis en la relevant vers lui. Joanne esquissait l'un de ces sourires très spécifiques : un sourire qui, pour elle, était capable de convaincre que tout allait bien. Un effort qui, à ses yeux, permettait de reprendre contenance, de prouver qu'elle tenait le choc face à ses propres émotions. Dans ces moments là, Joanne oubliait que l'on pouvait facilement deviner ce qu'elle ressentait en un coup d'oeil. Elle pouvait faire tous les efforts qu'elle voulait, les résultats n'étaient jamais bien probants.  Ses doigts repplaçaient son sac à mains correctement sur son épaule. Elle les passait ensuite sur ses yeux, histoire de se débarrasser de ces larmes de crocodile. "Je devrais juste... arrêter de t'embêter avec ça." Un rire nerveux même discret s'échappa de ses lèvres. Elle se trouvait ridicule, de continuer à persévérer comme ça. De continuer à espérer. La petite blonde ignorait quoi faire pour trouver ne serait-ce qu'un peu de grâce à ses yeux. Et Joanne était une personne qui ne vivait pas très bien de vivre avec le poids de ses regrets. Comme un boulet au pied qu'elle traînait derrière elle, péniblement. Impossible pour elle de se faire à l'idée qu'elle allait devoir faire avec, qu'il n'y avait peut-être pas d'autres issues possibles pour sa relation avec son ex-mari. Cela ne l'empêchait pas de lui souhaiter le meilleur. "J'espère que ta demande aboutira. Tu le mérites largement." lui dit-elle avec sincérité et osant croiser une nouvelle fois son regard. Hassan ferait un excellent père, Joanne n'avait jamais eu de doutes là-dessus. Joanne voyait là une belle occasion pour conclure la discussion pour de bon. A dire vrai, elle ignorait totalement ce qu'elle pouvait lui dire de plus. Depuis des mois, elle avait voulu le revoir. Elle aurait apprécié discuter avec lui, mais lui ne semblait pas vouloir être réceptif à cet effort. Joanne ne pouvait pas non plus le forcer à l'écouter, ça ne pouvait qu'empirer la situation. "Prends bien soin de toi, surtout. C'est tout ce qui compte." Sa voix tremblait. Elle acquiesça d'un signe de tête, approuvant ses propres paroles. "Je devrais te laisser, je" Je n'ai plus vraiment grand chose à faire là, pensa-t-elle.Et elle ignorait quoi dire de plus. Bien sûr qu'au fond d'elle, elle aimerait pouvoir discuter, voir ce que ces quelques mois sans la moindre de nouvelle de chacun leur avait apporté. Et se regarder continuellement en chien de faïence ne leur apportait rien de plus qu'un malaise difficilement supportable pour l'un comme pour l'autre.
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Message(#)(joassan) for blue skies EmptyMar 19 Fév 2019 - 13:05

Joanne n’avait pas commenté, pas fait état d’une opinion qu’Hassan savait divergente à la sienne sur le sujet, et peu importe les jugements qu’elle avait ou déciderait d’avoir à propos de cet important projet de vie dans lequel il avait décidé de se lancer, elle avait eu la prévenance de ne pas lui en faire part et pour cela le brun lui était reconnaissant. Reconnaissant comme il l’était qu’elle accepte de l’aider, quand pourtant le fait qu’elle ait en premier lieu tenté de se décharger sur Qasim et Yasmine prouvait qu’elle ne le faisait pas par gaité de cœur. Il n’avait pas la prétention de penser qu’elle lui était redevable de quoi que ce soit, le temps avait suffisamment passé désormais pour qu’il apparaisse clairement que chacun avait simplement décidé de refaire sa vie de son côté comme il l’estimait être le mieux, et que les ruines de leur mariage n’avait plus rien à y faire … Au fond il n’entendait pas tant faire appel à un quelconque sentiment d’obligation de Joanne envers lui, qu’à sa capacité à faire la part des choses et à estimer qu’il avait le droit de tenter de donner vie à ses désirs de parentalité tout comme elle-même avait eu l’occasion de le faire, de son côté. « C'est normal. » lui avait-elle assuré d’une voix fluette, mais si la chose aurait éventuellement pu être vraie dans le cadre d’une relation cordiale, elle semblait beaucoup moins couler de source à la lueur de la débandade qu’étaient les liens entre les deux ex-époux. Craignant néanmoins – et tout à fait égoïstement – une subite envie de faire marche arrière de la part de Joanne, Hassan n’avait pas osé renchérir quoi que ce soit et s’était retrouvé là, bras ballants et tout à fait incapable de savoir comment terminer cette conversation qui n’en était même pas réellement une. C’était un tel gâchis, au fond, la manière dont ils ne semblaient plus savoir quoi se dire désormais, quand pendant dix ans ils avaient été d’inséparables partenaires de vie. Mais la rancœur avait toujours les griffes profondément plantées dans le dos d’Hassan, et les blessures laissées par les choix et les erreurs de jugement de Joanne continuaient d’alimenter cette sensation qu’avait le brun que jamais plus il ne pourrait regarder la blonde sans que cela ne soit une souffrance – et le fait qu’elle ne vise pas juste dans les raisons pour lesquelles s’excuser n’était qu’une preuve de plus, au fond, qu’elle ne réalisait pas l’ampleur du mal qu’elle lui avait fait. Sauf si … « Le souci, c'est tout le reste. Je sais. » lui avait-elle finalement opposé, l’air résigné et les épaules s’abaissant avec pessimisme tandis qu’elle assurait « Je comprends. » en donnant pourtant l’impression qu’il n’en était rien. « Je n'aurais pas dû remettre ça sur le tapis. Je n'aurai pas dû en parler, ce n'est pas grave. Je devrais juste ... arrêter de t'embêter avec ça. » Il ne pouvait pas lui jeter la pierre de vouloir essayer, et malgré tout il ne parvenait pas à faire autrement que se braquer lorsqu’elle tentait une approche, comme l’enfant déjà mordu par le chien qui refusait de présenter ses doigts à nouveau, même pour une simple caresse. « J'espère que ta demande aboutira. Tu le mérites largement. » avait finalement repris la blonde, revenant au sujet initial, et à la raison pour laquelle cette confrontation – cela semblait en être une, plus qu’une discussion – existait en premier lieu. Acquiesçant d’un signe de tête, à la fois reconnaissant mais également troublé par le fait d’entendre ces mots-là sortant de sa bouche à elle, Hassan n’avait pas trouvé le temps de savoir quoi répondre que déjà Joanne ajoutait « Prends bien soin de toi, surtout. C'est tout ce qui compte. » d’un ton plus incertain, celui qu’il lui connaissait être le reflet de ses précipitations maladroites, et murmurant un « Toi aussi. » qu’elle semblait à peine avoir entendu il la voyait déjà héler le train de la fuite en avant, appliquant là une habitude désormais bien trop coutumière de l’un comme de l’autre « Je devrais te laisser, je … » Pourtant elle n’avait pas bougé, la tête semblant vouloir fuir mais les pieds solidement ancrés dans le sol comme ceux du brun quelques instants plus tôt. Comme le cœur et la raison bataillaient à nouveau entre l’envie de se protéger et celle de ne pas avoir se couvrir d’une couche de regrets supplémentaire. « Je ne te fais plus confiance, Joanne. » La chair de poule glissant le long de ses bras malgré la chaleur extérieure, Hassan avait accroché le regard de Joanne avec pessimisme « C’est ça, le souci. » Puisqu’elle ne semblait pas être parvenue à mettre le doigt dessus elle-même. En lieu et place de la rancœur qui aurait normalement pu accompagner cet aveu, le brun affichait une résignation à peine voilée. « J’aimerais en être toujours capable, mais … je n’y arrive pas. Tu m’as utilisé pendant des mois, tu as prétendu que tu m’aimais encore, tu m’as fait croire à cette histoire d’alliance que tu gardais toujours dans ta poche … Tu m’as fait espérer alors que je m’étais promis de ne pas le faire. Et quand tu n’as plus eu besoin de moi tu m’as fait sortir de ta vie, comme si j’étais un jouet usé, et à ce moment-là j'ai vraiment eu le sentiment que je ne valais plus rien. » Et plus encore que tout le reste, Hassan avait souffert du fait que tout cela vienne de la seule personne qu’il n’aurait jamais imaginé capable de lui faire du mal un jour. « Tu es venue me trouver quand tu avais besoin de moi, et je t’ai aidée du mieux que j’ai pu … Mais quand moi j’ai eu besoin de toi, tu étais déjà loin. » Après avoir laissé un champ de ruines derrière elle, et avoir semé un trouble toujours pas dissipé entre Yasmine et lui sur la simple base d’intuitions et d’insinuations, elle en était retournée à son épopée d’amoureuse transie auprès d’un autre, et Hassan n’était plus devenu qu’une vilaine tâche sur le blanc immaculé de ses ambitions. « J’ai trop souvent été celui qu’on appelle quand on a besoin d’aide mais qu’on oublie dès que tout va mieux, et en trois ans c’est le seul rôle que tu m’aies jamais proposé. Et c'est un rôle dont je ne veux plus. » Une nouvelle fois, il avait haussé les épaules avec fatalisme. Le temps des reproches lui était passé et son ton n’était rien d’autre que l’expression d’un pessimisme auquel il ne voyait pas de solution. Joanne seule possédait la clef de ses incertitudes, et si elle attendait d’Hassan qu’il lui dicte la marche à suivre pour obtenir à nouveau sa confiance plutôt que son simple pardon, alors sans doute n’y avait-il aucun intérêt à la chose … Ce n’était pas un cheminement qu’il pouvait faire à sa place, et ce n'était pas non plus un cheminement qu'elle semblait vouloir entreprendre, jusqu'à présent.
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Message(#)(joassan) for blue skies EmptyMar 26 Fév 2019 - 0:32


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Hassan avait toute les raisons du monde de se refermer comme une huître dès que Joanne tentait une approche. Mais cette attitude faisait de lui le plus complexe des paradoxes lorsqu'il certifiait qu'il voudrait, quelque part, à un moment donné, être capable de donner autant crédit à ses paroles que ce n'était le cas il y a quelques années. La petite blonde avait déjà tenté plusieurs options, entre celle de venir vers lui, de s'excuser, de lui suggérer de se retrouver et de simplement discuter, même si cela ne pouvait que se résumer à faire à Joanne une montagne de reproches concernant les erreurs qu'elle avait enchaîné. Puis elle l'avait laissé tranquille, dans son monde, supposant qu'il avait besoin de prendre du recul, ou peut-être par envie de l'éloigner de sa vie, peut-être pour de bon. Et le voilà qu'il se pointe sans crier gare, à lui demander une faveur. C'était à n'y rien comprendre, Joanne ne comprenait décemment pas son attitude, et encore moins ce qu'il pouvait attendre d'elle, à terme. Le brun pouvait employer le ton le plus doux qui, avec le regard le plus tendre possible, cela ne soulageait en rien la douleur et la brutalité de ses mots. Peut-être qu'il ne s'en rendait pas compte, peut-être que c'était volontaire. Un contraste tellement abrupte entre le fond et la forme, le reflet de cette ambivalence que Joanne ne parvenait pas à saisir. Comme s'il avait ce conflit intérieur, d'un côté, le fait qu'il ne veuille jamais lui pardonner, et de l'autre, le fait qu'il aimerait plus que tout lui octroyer une belle place dans sa vie. Un casse-tête chinois dont elle ne connaissait pas le solution. Une seconde avant, il lui souhaitait de prendre soin d'elle en réponse à ce qu'elle lui espérait, une seconde après, il l’assénait d'un coup dur. Du genre, qui laissait des marques. A moins qu'il ne voulait lui faire autant de peine qu'elle ne l'en lui avait causé. Mais Joanne savait qu'Hassan n'était pas cruel, ni rancunier. Ca ne lui ressemblait pas. Ce n'était pas lui. "Tu ne me fais pas confiance, mais tu fais appel à moi , sans prévenir, sans rien, pour un projet que tu as particulièrement à coeur." dit-elle d'une voix tremblante à cause de ses sanglots, ayant enfin trouvé un peu de courage pour affronter son regard, quel que soit les émotions qu'elle pouvait y trouver. "Tu le fais par obligation, certainement pas par choix, je l'ai bien entendu, mais... C'est à n'y rien comprendre, que tu me laisses approcher un tant soit peu cette ambition qui t'es si chère." Cela demandait un minimum de confiance. Joanne ne se voyait pas demander une telle faveur envers une personne pour qui elle ne ressentait que de la méfiance et de l'aversion. "A moins que ce ne soit un véritable crève-coeur pour toi d'avoir du venir me voir ici." Et rien que d'y songer, elle en était anéantie. "Je t'avais encore aimé. Il y avait cette partie de moi qui désirait retrouver la vie qu'on avait, là où nous l'avions arrêté. Et à côté, il y avait Jamie. Je ne savais pas quoi faire, et je vous ai embourbé dans de faux espoirs pendant des mois et des mois. Ca ne pardonne en rien mon attitude, ni les décisions que j'ai pu prendre durant cette période. Et je suis la première à le regretter, la première à ne pas réussir à l'oublier." Joanne levait un instant les yeux au ciel, se demandant si cela en valait réellement la peine, d'étaler ses regrets. "Je n'ai pas d'excuses, je n'y ai pas droit."C'était avec une main tremblante qu'elle se cherchait un mouchoir en papier dans son sac à main. "Et je suis désolée de t'avoir fait senti aussi mal, sans valeur, ce n'était pas mon intention. Je pensais que..." Joanne marmonnait ensuite quelques mots incompréhensibles, agacée de ne pas trouver ce fichu paquet de mouchoirs pendant qu'elle parlait. Et puis, elle se disait que c'était bien le cadet de ses soucis, de savoir à quoi elle songeait au moment où elle avait mis un terme au semblant de relation qu'ils avaient. "Qu'importe." souffla-t-elle avant de mettre enfin la main sur ce qu'elle cherchait. Elle savait qu'il n'en voulait pas, de ses explications. Elle essuya ses joues pâles inondées de larmes, espérant retrouver par la même occasion un minimum de contenance. "Pour être parfaitement honnête, je ne sais pas ce que tu attends de moi. Je ne comprends pas." finit-elle par dire. "D'abord, tu me dis que tu ne me fais plus confiance alors que tu viens me demander une faveur, un service. Ensuite, tu dis que tu aimerais pouvoir m'accorder cette confiance, mais que tu n'y parviens pas." Elle haussa les épaules, démunie. "J'ignore comment tu arrives à penser et ressentir l'un et l'autre à la fois." Une ambivalence qu'elle peinait à saisir. Pourtant Joanne était une personne ouverte d'esprit, et toujours à l'écoute. Mais cette fois-ci, elle séchait. Il y avait cette nuance, cette sorte de je t'aime, moi non plus qui lui échappait. "J'ai dit que j'étais désolée, mais ça n'a pas suffi. Je le comprends et tu n'aurais pas pu faire autrement, compte tenu de tout ce que je t'ai fait." Quand bien même, Joanne avait tendance à pardonner plus facilement, mettons cela sur sa naïveté de croire que quelqu'un ne  pouvait pas répéter les mêmes erreurs. "J'ai tenu parole en disant que je serais là, tous les mardis, juste pour discuter, ou même pour ne rien se dire." Mais il n'était jamais venu. Faire les vingt minutes de route ne la dérangeait pas. Cela écourtait son temps de pause, mais pendant des semaines, elle avait l'espoir que ce n'était pas du temps perdu. "Finalement, je me suis dit que la dernière personne que tu voudrais voir, c'était moi, alors j'ai arrêté de venir. Je pensais que tu évitais peut-être ce coin là du campus juste pour ne pas me croiser." dit-elle en haussant les épaules, marquant son ton pour laisser comprendre que ce n'était qu'une supposition. Cette fois-ci, pendant qu'elle parlait, elle ne parvenait pas à soutenir son regard. C'était tout simplement trop dur. Sa paire d'yeux ne se désemplissait pas de larmes. "Et pourtant, qu'est-ce que je voulais avoir de tes nouvelles, ne serait-ce que de savoir si tu allais bien –mieux– sans m'avoir autour, avec les problèmes que je traîne avec moi. Même pour ton anniversaire, je voulais tellement t'écrire, mais avec les mois qui passaient, je m'étais simplement faite à l'idée que tu ne voulais tout simplement plus m'avoir dans ta vie." Sa voix virait dans les aigus à la fin de sa phrase, profondément touchée par les mots qu'elle venait de prononcer. Cette pensée là l'horrifiait, mais elle s'y serait tenue, et se se ferait faite à l'idée, peut-être. Quoi qu'il en soit, elle aurait respecté son choix. "Et tu réapparais de nulle part, parce que que tu n'as pas d'autres choix que de demander ce service là à moi. Et j'ignore si j'ai raison de croire que c'est une sorte de porte que tu entrouvres pour me laisser une chance de te faire comprendre que je ne suis pas la personne que j'ai pu être avec toi ces dernières années." Joanne n'avait d'habitude pas vraiment de mal à partager ses flots de pensées, mais cette fois-ci, ce fut le cas. Elle ne savait pas si c'était une bonne raison que de lui partager ses espoirs. Soit il allait les tuer dans l'oeuf, soit il allait laisser comprendre, d'une manière ou d'une autre, que tout n'était peut-être pas perdu.  "Quoique j'ai pu tenter de faire, ça n'est jamais assez. Ou pas la bonne solution. Ce n'est pas faut d'y avoir songé. J'y pense encore." Y en avait-il seulement une, de solution, à cet enlisement ? Joanne était contrariée, mais uniquement contre elle-même. Pas assez, elle ne faisait pas assez, elle n'était pas assez. C'était un sentiment qui la poursuivait depuis un moment déjà, peut-être même depuis toujours. Cette impression de ne pas suffire, d'une manière ou d'une autre. Les propos tenus pas Jamie en septembre, lorsqu'il disait qu'il n'était pas heureux, avait relancé ce processus autodestructeur. Et de constater que ses premiers efforts, bien que d'apparence, ne semblaient pas vraiment notoires, étaient même contre-productifs n'arrangeaient en rien son ressenti. Elle se sentait terriblement mal. Elle redressa la tête pour reprendre. "Et si c'était le cas, je ferais absolument tout mon possible  pour t'aider, pour que ça puisse fonctionner, que tu puisses adopter." dit-elle en levant légèrement les yeux au ciel, avec cet étrange espoir que la brise ne vienne sécher un peu ses sillons. La blonde se focalisait sur l'adoption parce que, pour le moment, c'était bien la seule porte qu'Hassan voulait bien lui ouvrir. Autant saisir l'opportunité tant qu'il était encore temps. Elle espérait que la suite se découlerait de manière plus naturelle que cette entière conversation. On devinait brièvement un sourire au milieu de son chagrin pendant qu'elle parlait, tant la simple idée d'avoir de l'espoir pour une éventuellement réconciliation pouvait lui mettre du baume au coeur."Et si ce n'était pas le cas, je ferais quand même tout ce que je peux pour pouvoir t'aider dans ces démarches."
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Message(#)(joassan) for blue skies EmptyVen 22 Mar 2019 - 20:22

Hassan ne comprenait plus Joanne. Peut-être était-ce l’éloignement, le fait qu’elle ne fasse plus partie de sa vie autrement que de manière sporadique, peut-être les embuches semées sur les chemins respectifs depuis leur divorce avaient-elles changé son regard sur celle dont il avait partagé la vie pendant presque une décennie … Peut-être avaient-ils simplement changé, chacun suivant désormais sa propre route, jetant de moins en moins souvent un regard en arrière sur leurs souvenirs. Mais Hassan ne comprenait plus la blonde, et se retrouvait à nouveau confronté à un regard heurté qu’il estimait ne pas mériter, n’ayant fait que répondre à une question dont elle avait insisté pour obtenir la réponse – et la réponse ne lui plaisait pas, fatalement, mais elle l’avait voulu. Laissant passer quelques secondes durant lesquels son menton s’était mis à trembler, elle avait semblé ravaler ses larmes avant de se décider à reprendre la parole, le mettant face à ce qu’elle estimait être ses contradictions. « Tu ne me fais pas confiance, mais tu fais appel à moi, sans prévenir, sans rien, pour un projet que tu as particulièrement à cœur. Tu le fais par obligation, certainement pas par choix, je l'ai bien entendu, mais ... C'est à n'y rien comprendre, que tu me laisses approcher un tant soit peu cette ambition qui t'es si chère. » qu’elle lui avait alors opposé, trouvant elle-même la solution au problème visiblement sans en avoir conscience, en se fendant finalement d’un « À moins que ce ne soit un véritable crève-cœur pour toi d'avoir dû venir me voir ici. » qui semblait avoir écrasé ses épaules avec lourdeur. Les mains glissant dans ses poches pour ne pas avoir à trouver quoi en faire, Hassan avait baissé la tête et laissé échapper un bref soupir « Qu’est-ce que tu veux que je réponde à ça … » Que c’était effectivement un crève-cœur et qu’il préfèrerait être ailleurs ? Elle ne digérait pas l’honnêteté de sa réponse précédente, alors elle ne digèrerait pas celle-ci non plus, et Hassan se refusait à lui donner plus d’occasion de faire passer sa volonté de transparence pour une tentative calculée de la blesser. « J’aurais préféré que la parole de mon frère ou de n’importe quel Khadji soit suffisante, et visiblement toi aussi. » Et s’il ne s’attendait pas à ce que la perspective la fasse sauter au plafond, cette manière qu’elle avait eue de tenter d’abord de se défiler, comme si lui donner un coup de pouce qui ne lui coûtait rien était une corvée, le décevait un peu. « Mais ce n’est pas à eux que j’ai été marié, et ce n’est pas avec eux que j’ai le plus évoqué le fait de vouloir être père un jour … Et c’est justement parce que c’est une ambition qui m’est chère que je dois mettre le maximum de chances de mon côté. Même si ça veut dire ravaler ma fierté pour quémander tout ce qui pourrait m’y aider. » Et d’avoir vécu tant de désillusions avant d’être devenue mère, il osait espérer que Joanne était à même de comprendre qu’il n’y avait pas de place pour l’hésitation et les états d’âme quand le projet était d’une telle ampleur et le désir d’une telle ardeur.

Reste qu’Hassan regrettait de s’être à nouveau trop épanché. De s’être à nouveau laissé avoir par cette tendance chez lui à avoir le cœur sur les lèvres et à ne pas pouvoir faire autrement que de laisser aller le flot de ce qui alourdissait son cœur, comme l’écharpe que l’on défaisait entièrement en ayant voulu n’en tirer que le minuscule bout de laine qui dépassait. Joanne était désolée, Joanne regrettait, Joanne ne pensait pas à mal … Rien de nouveau sous le soleil, rien que son ex-époux ne sache pas déjà et s’il en avait un temps douté, il avait fini par comprendre que la blonde croyait sincèrement à tout ce qu’elle disait. Il la savait sincère, mais il avait aussi vu à l’heure son incapacité à apprendre de ses erreurs, et il était lassé d’en faire les frais, lassé de lui accorder le bénéfice de la seconde chance pour se faire à nouveau avoir par les mêmes procédés quelques mois plus tard. « Pour être parfaitement honnête, je ne sais pas ce que tu attends de moi. Je ne comprends pas. » Avait-elle finalement repris, les mettant sur ce point-là au moins sur un même pied d’égalité et d’incompréhension. « D'abord, tu me dis que tu ne me fais plus confiance alors que tu viens me demander une faveur, un service. Ensuite, tu dis que tu aimerais pouvoir m'accorder cette confiance, mais que tu n'y parviens pas. J'ignore comment tu arrives à penser et ressentir l'un et l'autre à la fois. » Elle surinterprétait sans doute un peu, lui trouvait des intentions pourtant pas motivée par autre chose que la volonté de se donner toutes les chances d’accéder à ce qu’il espérait être le prochain chapitre de sa vie ; Au fond il n’était pas tant question de Joanne, ou de ce qu’ils avaient été, que de ce qu’il voulait être dans la suite de son existence. « Parce que j’ai envie de croire que tu ne laisseras pas ce qui s’est passé entre nous mettre des bâtons dans les roues de quelque chose que tu sais être aussi important pour moi. Là il n’est pas question de nous, il est question de moi et de ce que je veux faire de la suite de ma vie, c’est pas supposé être une contrepartie … T’as construit ton bonheur de ton côté, j’ai le droit de tenter d’en faire autant. » Et il n’avait pas l’impression de lui demander la lune, au fond il ne réclamait qu’une petite heure de son temps, juste une heure à accorder à quelqu’un dont l’avis pourrait ou non faire pencher la balance de ce que serait peut-être la vie d’Hassan, un jour. Il lui semblait que c’était peu cher payé, qu’après les nombreuses mains tendues à l’égard de la blonde lorsqu’elle en avait eu besoin ces trois dernières années, un bref retour d’ascenseur de sa part n’était pas une demande outrancière de sa part.

Mais là n’était plus la question, dans un sens. Il n’était plus tant question des raisons pour lesquelles il était venu ici que de ce que l’aveu d’Hassan de cette incapacité qu’il avait à continuer de faire confiance à Joanne après tant de déconvenues, plus que jamais incertain de la capacité de la blonde à pouvoir gérer les personnes qui gravitaient dans son entourage autrement que lorsqu’elle avait besoin d’eux. Elle pointait du doigt sa décision de « réapparaitre de nulle part » au moment le plus opportun pour lui, mais sans jamais donner l’impression de comprendre qu’elle en avait fait de même à plusieurs reprises lorsque sa relation avec Jamie battait de l’aile – elle était blessée qu’il ne lui donne signe de vie que dans son propre intérêt, mais ne paraissait pas mesure l’ampleur des blessures que ses indécisions avaient provoquées chez lui. Elle espérait qu’il ne soit pas là sans raison, que d’avoir décidé de revenir vers elle était une main tendue vers autre chose, et Hassan entendait ses espoirs, entendait la façon dont elle se persuader que cette fois-ci elle ne referait pas une énième fois les mêmes erreurs … Il entendait, mais il ne parvenait plus à y croire. La confiance trop de fois ébréchée pour que la porcelaine puisse redevenir intacte. « Quoique j'ai pu tenter de faire, ça n'est jamais assez. Ou pas la bonne solution. Ce n'est pas faut d'y avoir songé. J'y pense encore. » Les épaules s’abaissant avec impuissance, Hassan avait soupiré – que dire de plus ? Il ne savait pas, la situation ne lui paraissait pas moins inextricable qu’à elle, et une partie de lui se disait que les choses étaient peut-être destinées à ne jamais s’arranger. Que deux routes ayant fini par se séparer n’étaient peut-être tout bonnement pas supposées se croiser à nouveau. « Et si c'était le cas, je ferais absolument tout mon possible  pour t'aider, pour que ça puisse fonctionner, que tu puisses adopter. Et si ce n'était pas le cas, je ferais quand même tout ce que je peux pour pouvoir t'aider dans ces démarches. » La chair de poule glissant le long de ses bras malgré le soleil qui venait s’écraser dessus, le brun avait secoué la tête et fait ainsi état de son absence de réponse face aux questionnements de Joanne. « J’ai pas de recette miracle ou de bonne solution à te proposer … Je ne remets pas en cause ta sincérité, ou le fait que tu veuilles bien faire. Mais c’était le cas les fois précédentes aussi, et tu n’as pas tenu parole alors … Je ne sais pas. Je ne peux pas trouver pour toi ce qui me prouvera que cette fois-ci ce ne sont pas des paroles en l’air. » Elle qui avait tant de fois reproché à ses parents, son père en particulier, de se dire désolés mais de ne pas en donner l’air – la voilà désormais de l’autre côté de la barrière, et face à un casse-tête dont Hassan estimait ne pas être celui qui devait ou pouvait lui donner la solution. « Et j’aimerais te dire que je n’ai pas vraiment besoin de ton témoignage pour mon dossier, mais c’est tout le contraire, alors … Fais ce qui te semble juste. Mais si c’est une contrainte où que tu ne penses pas ça mérité, je préfère que tu annules quand l’assistante sociale t’appellera, et je ferai sans. » L’impression qu’il se tirait ainsi une balle dans le pied lui serrant la gorge avec tristesse, il avait à nouveau baissé les yeux, ravalé ce qu’il avait à ravaler, et s’éclaircissant la gorge pour se donner une contenance il avait enfin repris « Je vais te laisser. J’ai déjà suffisamment abusé de ton temps. » Et se faire du mal n’était bénéfique ni pour lui, ni pour elle – depuis le temps, ils devraient commencer à s’en rendre compte. Les lunettes de soleil glissant à nouveau sur son nez, et ses clefs de voiture récupéré par réflexe dans sa poche de jean, il avait jeté à son ex-femme un regard que le verre fumé des solaires ne lui permettrait pas d’interpréter, mais qui aurait pu prouver que le « Prends soin de toi. » restait sincère. De retour à sa voiture pourtant, il s’était laissé tomber sur le siège conducteur comme vidé de toute énergie, la gorge nouée et avec la crainte d’avoir rajouté de la difficulté à un chemin vers l’adoption déjà semé d’embûches.
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