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 Propose-moi le paradis [Aub&Jo]

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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyMer 21 Nov 2018 - 6:07


Propose-moi le paradis
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
Elle t’a laissé savourer ses lèvres alors que vous ne vous connaissiez que depuis quelques minutes. Tu lui as présenté ton prénom seulement quelques secondes avant de l’embrasser. Et vous avez échangé un baiser des plus passionnés; tu ne saurais dire combien de temps il a duré. Tu t’étais quelque peu retenu pour ne pas faire fuir Aubrey. Il a toujours été dans tes habitudes de brusquer tes partenaires qui en demandaient toujours plus. Tu ne pouvais pas bousiller ta chance avec cette psychologue en témoignant d’un peu trop de sauvagerie. Elle t’a quitté quelques secondes plus tôt en te référant à sa voiture luxueuse. Une Audi. Tu n’as jamais mis le pied dans un automobile aussi dispendieux mais tu sais reconnaître toutes les marques. Quatre anneaux placés à l’horizontal. Tu trouveras cette fameuse voiture noire rapidement. Ton regard se pose sur ta compagne qui s’éloigne, tu profites de son inattention pour jeter un coup d’œil à ses longues jambes soutenues par des talons élégants. Tu te permets une petite observation de ses fesses au travers son pantalon flexible puis tu te mords la lèvre inférieure pour t’empêcher de trop y penser. Il est trop tôt pour avoir ce genre d’idées. Alors tu replaces maladroitement ton entre-jambe coincé et tu t’empares de ton balai ainsi que de ton charriot de la honte pour les ranger dans la conciergerie. Tu passes par après par la salle de bain, là où tu observes longuement ton reflet dans ton miroir. Tu n’as pas assez remercié Blake qui t’a permis d’utiliser sa salle de bain hier soir. Ta barbe semble soignée et tes cheveux ne tombent plus à tes épaules; tu ne pouvais plus supporter le poids de cette coiffe pesante. Tu t’abaisses vers le robinet pour boire quelques gorgées d’eau puis tu asperges ton visage de quelques gouttes pour régulariser ta température. Depuis ce baiser, tu avais l’impression que tes tripes s’étaient transformées en brasier. Tu passes ta main dans tes cheveux pour recoiffer quelques mèches rebelles puis tu penses être prêt. Le pas pressé, tu contournes l’accueil en serrant les dents. Tu ne veux pas que le propriétaire de la bibliothèque te remarque. Malheur, ton nom résonne dans l’établissement vide et tu t’arrêtes avant de faire face à cet homme qui s’approche de toi d’un pas décidé.

- Tu n’as pas lavé les vitres hier, ni avant-hier, d’ailleurs. Tu devrais le faire ce soir, avant de partir. J’imagine que tu n’es pas pressé ?

Ton regard se perd un moment sur les dalles du plancher et tu soupires fortement avant d’hocher la tête.

- Si, je suis occupé. Quelqu’un m’attend.


Tu comprends, aux yeux insistants de ton soi-disant patron, que tu n’as pas intérêt à sortir d’ici sans avoir fait ce qu’il t’a demandé. Tu serres machinalement les poings alors que ton regard s’assombrit mais tu arrives à te contenir derrière une inspiration contrôlée. Tu tournes les talons et tu souffles :

- Désolé. Pas ce soir.

Tu te diriges vers la sortie d’un pas décidé lorsque la voix de l’homme qui pense être au pouvoir s’élève une dernière fois :

- Je vais le noter dans ton rapport, Joseph.


Il peut se l’enfoncer dans le cul, son rapport. T’as encore six-cents heures de travail à faire ici. Que tu refuses de laver les vitres une soirée ne va pas te renvoyer directement en prison. Même si tu n’es pas entièrement libre, tu considères que tu gardes le droit à une certaine liberté. Plus aucun barreau ne te bloque la vue. Tu fais un premier pas dans le stationnement et tu t’arrêtes, le regard attentif, les yeux curieux. Tu cherches la Audi noire et tu la trouves moins rapidement que tu ne l’aurais pensé. Tous tes tracas s’évaporent lorsque tu revois le visage d’Aubrey à travers le parebrise de la voiture. Tu accélères le pas pour la rejoindre et tu te permets d’ouvrir la porte du côté passager avant de t’écraser dans le siège. Tu souris légèrement en regardant la psychologue du coin de l’œil.

- Alors… Le restaurant de mon choix, c’est bien ce que tu as dit ? Tu ne m’en veux pas si je ne choisis pas le mc donald ?

Ton regard admire l’intérieur de l’automobile, tu te retiens de toucher à tout. Tu ne te souviens pas de la dernière fois où tu as mis les pieds dans une voiture qui n’était pas un taxi. Tu prends tes aises, tu ajustes le banc comme si tu étais chez toi.

- Je n’ai jamais mangé du homard. C’est bon ?

Tu lorgnes la conductrice, attendant qu’elle comprenne que tu as envie d’aller dans un restaurant chic ce soir même si tu ne portes absolument pas un habit approprié.    

               
     
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyMer 21 Nov 2018 - 21:42

J’étais folle. Je venais d’accepter de dîner avec un homme dont je ne connaissais que l’identité. Que dis-je ? Je venais même d’embrasser un homme dont je ne connaissais que l’identité. Et tout ça pourquoi ? Parce que son charme indiscutable m’avait convaincue de vouloir jouer avec le feu. Mais n’avais-je seulement conscience que la situation pouvait devenir absolument dramatique, au delà d’être répréhensible aux yeux de mon époux ? Sans doute pas, non. J’étais une brillante psychologue pour ceux qui me consultaient, mais en devenais une pitoyable lorsqu’il s’agissait de ma personne. Les livres que j’avais consulté étaient formel à ce sujet : la vie reprendrait son cours d’antan lorsque la crise de la quarantaine n’aurait plus lieu d’exister. D’accord. Parfait. Mais dans cette hypothèse, que fallait-il à la mienne pour qu’elle cesse de me conduire vers ses chemins interdits, ses chemins excitants ? L’explosion irrémédiable de mon couple, de ma vie ?  C’était ce qui m’étreignait la gorge tandis que je rejoignais mon Audi noire, où je pris place au siège conducteur. J’avais encore neuf minutes avant que Joseph me rejoigne. Je pouvais encore me permettre de partir sans lui, sans un égard pour la parole que je m’étais engagée à tenir. Non. J’estimais que cela était lâche. Si effectivement mes remords m’encourageaient à la réflexion, à changer de cap, je me devais d’être sincère avec l’homme de ménage. Je soupirais donc profondément d’agacement, lorsque mon téléphone se mit à sonner dans mon sac-à-main. Je l’extirpais aussitôt pour y découvrir le surnom affectif de mon époux, sur l’écran. J’acceptais l’appelle après une grande inspiration.

_ Bonsoir mon coeur. Lui dis-je sans attendre le son de sa voix à mon oreille, adoptant un ton on-ne-peut-plus charmant. […] _ Je vais bien merci, et toi ? […] _ C’est une excellente nouvelle. La maison a Sidney semblait avoir enfin trouvé un acquéreur sérieux. L’occasion pour lui de pouvoir potentiellement venir s’installer à Brisbane. […] _ Moi ? Oh, rien de bien intéressant en dehors du travail. Je n’allais pas lui raconter ma dernière rencontre qui m’avait insidieusement convaincue de lui offrir de goûter mes lèvres, quelques minutes auparavant. _ Le loft est vide sans toi. J’ai hâte que tu puisses m’y rejoindre pour de bon. Une vérité. La vie en solitaire ne me plaisait absolument pas, comme lui de son côté. […] _ Oui. Cela serait bien si tu pouvais te libérer quelques jours pour m’y rejoindre. Ce qu’il ne ferait pas, trop carriériste pour consacrer des jours entiers à sa femme. […] _ D’accord. Tu n’auras qu’à me prévenir en avance et je m’arrangerai pour venir te chercher à l’aéroport. Nous pourrions même éventuellement en profiter pour dîner au restaurant ? Dans l’hypothèse ou mon mari ferait un effort pour se rendre disponible, je pourrai en faire tout autant. Cela serait sûrement bénéfique à notre couple en plein naufrage. […] _ Je comprends. Moi aussi j’ai des projets qui m’attendent. […] _ Dîner entre amies. Je dirigeais  mon regard en direction de la bibliothèque, d’où Joseph sortait précisément au même moment. _ Et justement, il se trouve qu’Abigaël arrive. Je dois te laisser. […] _ Merci, toi également. Je t’aime.

Je ricanais légèrement une fois que la communication fut coupée. C’était fou de constater que nous usions de cette déclaration d’amour comme d’une ponctuation à nos conversations, en lieu et place d’une vrai marque d’affection. Rangeant mon téléphone dans ma poche, j’entendis la portière passagère s’ouvrir. Instinctivement, je jetais un regard à Joseph qui s’installait à mes côtés, sans aucune gêne. Quelque chose me disait que cet homme était hypothétiquement du genre pique assiette. Et, à en juger l’admiration presque enfantine qu’il avait pour mon véhicule, je devinais que le train de vie de Joseph était au delà de ce j’avais envisagée, auparavant. Cet homme n’était pas de la classe sociale modeste. Il était pauvre.

_ Effectivement. Confirmais-je quant à sa liberté de choisir le restaurant de son choix, avant de rire à l’interrogation qui suivi. _ Et absolument pas. Le rassurais-je avec humour. _ Je te serais plutôt reconnaissante de m’éviter ce genre d’endroit.

Je n’avais jamais mit les pieds dans un fast-food de ma vie. Je n’envisageais pas de corriger cela de sitôt, même pour un joli garçon. Joli garçon qui - soit-dit-en-passant, n’avait véritablement pas de  problème à prendre ses aises dans mon Audi.

_ Tout va à ta convenance ? Tu es confortablement installé ? Lui adressais-je  spontanément, non sans humour taquin. _ Car si ma modeste voiture est inconfortable, je peux toujours nous louer une limousine ? Chose que je ne ferais pas. Je voulais bien être appréciable à cet homme en lui offrant ce qu’il ne pouvait se permettre lui-même, mais pas au point de lui dérouler le tapis rouge. _  Quant aux Homards, ce n’est pas mon met préféré de la haute gastronomie mais, de ce que je me souviens, c’est tout de même délicieux. Seul son palais pourrait s’en faire une propre opinion. _ J’en conclus que tu désires t’en faire ta propre idée ?

C’était une question rhétorique, bien entendu. Je n’étais pas idiote au point de ne pas avoir compris son choix évident de restaurant, haut classé dans les guides étoilés. Cependant, un problème de taille s’offrait à nous : sa tenue. Aucun maître d’hôtel ne le laisserait entré vêtu ainsi. Il fallait y remédier en priorité.

_ Nous allons devoir faire un petit détour en chemin. Lui annonçais-je doucement, directive. _ Ta tenue ne colle absolument pas au restaurant que tu as choisis. Nous allons directement nous faire recaler dès l’entrée. A Sydney, j’aurais pu l’emmener dans mon restaurant préféré sans que cela ne soit un problème. Mais ici, je devais impérativement nous adapter au code vestimentaire de l’endroit. _ Nous allons corriger cela en priorité. Poursuivais-je en allumant mon G.P.S, en quête d’un grand-hôtel dans les environs. _ Alors… Emporium Hotel. C’est là que nous allons.

L’itinéraire validé, j’attachais ma ceinture, puis démarrais le véhicule, avant de prendre la direction de Fortitude Valley comme me l’indiquait mon assistant vocal. Je suivais d’ailleurs consciencieusement ses directives, mettant légèrement en sourdine le disque de Queen qui jouait dans l’habitacle. Après quelques minutes de circulation pour passer d’un quartier à un autre de la ville, nous arrivions à destination. Immédiatement, je stationnais mon véhicule devant l’entrée de l’hôtel où un voiturier vint m’ouvrir la portière.

_ Ne la stationnait pas trop loin, Je vais rapidement en avoir à nouveau besoin. Indiquais-je à celui-ci, lui laissant mes clefs contre un bon numéroté.
_ Bien madame.
_ Suis-moi Joseph.

Indiquais-je à mon invité, dont j’ignorais bien les moindres réactions. Nous avions une mission à accomplir : le rendre présentable. Nous n’avions donc pas de temps à perdre à nous extasier sur ce qui n’était finalement pour moi que le quotidien, quand mes parents s’exilaient à l’autre bout du pays pour les vacances. Rejoignant la réception, je réservais à la réceptionniste l’une des ses plus belles suites encore libres pour la nuit, sous mon nom de jeune-fille, avant de m’emparer de la carte qu’elle me tendait.

_ Auriez-vous une boutique de prêt-à-porté masculin dans votre hôtel, pour monsieur ?

Elle l’observa des pieds à la tête, légèrement dédaigneuse.

_ Oui. Soupira-t-elle, avant de me l’indiquer sur un plan qu’elle griffonnait de son stylo noire.
_ Bien. Vous ajouterez les achats qui y seront fait sur ma note. Fis-je sans la remercier, froidement. _ Et croyez-moi, je saurais quel opinion formuler quant à l’accueil sur votre formulaire d’appréciation.

Je me montrais désagréable, c’est un fait. Cependant, je n’appréciais pas que l’on juge un être humain sur sa tenue. Ce n’était pas parce que Joseph était pauvre physiquement, qu’il ne possédait pas une richesse du coeur. Me consacrant à nouveau à lui, en nous éloignant de la réception, je lui indiquais avec douceur la suite du programme.

_ Nous allons être amenés à être séparé durant quelques minutes, le temps que nous nous apprêtions chacun de notre côté. Je lui tendais la carte de la suite, ainsi que le plan de l’hôtel. _ Tu vas te rendre immédiatement à cette boutique de prêt-à-porté masculin. Ils ne possèdent peut-être pas les complets des plus grands couturiers mais je suis convaincue qu’ils t’en trouveront surement un qui fera l’affaire. Hôtel de luxe oblige. _ Tu leur préciseras dès ton arrivée que tu viens de la part de madame Cotwell, et que tu désires être élégamment vêtu des pieds à la tête pour un dîner.

Avec ce nom, il était assuré d’être servi comme n’importe quel client de cet hôtel. Et pour cause : mon père était une figure importante des affaires en Australie. Il était donc inimaginable qu’ils ne fassent pas le rapprochement.

_ Lorsque tu auras ta tenue, tu regagneras la suite 5015 où tu prendras le temps de te rendre encore plus séduisant que tu ne l’es déjà. Je lui offrais un clin d’oeil à l’appuie. _ En ce qui me concerne, je vais rentrer chez moi me faire la plus belle possible pour toi. Je viendrais te chercher à la suite dès mon retour. Je déposais un fin baiser sur sa joue _ A tout-à-l’heure.

Lui dis-je en guise de conclusion, avant de quitter l’hôtel où je récupérais mon véhicule. Dès que le voiturier me la rendit, je regagnais mon loft pour me préparer à cette soirée pleine de rebondissement inattendue.

@Joseph Keegan
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyJeu 22 Nov 2018 - 1:54


Propose-moi le paradis
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
Un enfant dans une boutique de jouets. C’est exactement à quoi tu ressembles en ce moment même. Tu n’as jamais réellement porté une grande attention aux voitures mais maintenant que tu te trouves dans une bagnole qui vaut plus cher que tout l’argent que tu t’es fait dans ta vie, tu agis comme une personne qui est né avec une passion pour la carrosserie. Tes mains se font un peu trop curieuses, elles touchent à tout ce qui les frôle et tu ignores complètement la réaction de la demoiselle à ta droite. Si ça peut la divertir, pourquoi pas. Tu hoches la tête en réponse à sa question lorsqu’elle s’assure que tu es bien confortable et tu ricanes en te calant dans le siège lorsqu’elle propose la limousine.

- Non, merci. Les limousines attirent les regards et c’est bien ce que je souhaite éviter.

Tu passes ta langue sur tes lèvres en plissant le regard. Tu as toujours aimé le poisson et les fruits de mer. Voilà bien longtemps que tu n’as pas pu te payer le luxe de faire cuire un saumon dans une poêle mais l’idée de pouvoir déguster du homard ce soir te rend impatient. Et ce, même si tu ajouteras au moins quarante dollars sur la facture d’Aubrey. Elle ne semble pas blessée par ton manque de considération. Mais tu ne serais pas qui tu es si tu ne profitais pas de chaque occasion qui se présente à toi.

- Yep. J’ai bien envie de croquer dans ce qui m’est habituellement interdit.


Tu te mords la lèvre inférieure en lorgnant la conductrice. Encore une fois, le ton de ta voix a apporté un double sens à tes paroles et tu espères que cette dernière l’a compris. Le goût du homard n’égalerait probablement pas la saveur de ses seins. Tu as bien l’intention de ne pas terminer la soirée seul. Le sujet dévie vers ton accoutrement et ton regard se fronce instantanément lorsqu’Aubrey présente son choix de s’arrêter en chemin. Tu tends le cou pour observer la destination inscrite dans le GPS et un sourire hébété soulève tes lèvres lorsque ta compagnie t’explique que vous allez vous arrêter dans un des hôtels les plus chics de Fortune Valley. L’Emporium : tu le connais très bien. Tu n’as jamais mis le pied à l’intérieur mais tu es une vraie carte de la ville. Tu connais tous les hôtels, tous les restaurants et, surtout, tous les petits motels et auberges à prix moindres. Depuis que tu n’as plus de téléphone, ton sens de l’orientation s’est raffiné et, le chemin pour se rendre à l’hôtel étoilé, tu pourrais le dicter avant le GPS. Toutefois, tu soulèves une question que n’importe quel garçon curieux aurait posé.

- Depuis quand on va à l’hôtel avant de manger ?

Car, tu le sais bien, la chambre; c’est pour conclure. Tu ne reçois pas de réponse mais le sourire amusé d’Aubrey à la suite de ta réflexion te rassure. Elle sait ce qu’elle fait et tu ne risques pas de regretter son idée. Tu te laisses bercer par le moteur silencieux de l’Audi, tu entends la voix de Freddy Mercury entre chacune des directions données par l’assistant routier de ta conductrice et tu profites du moment pour observer la ville dérouler devant tes yeux. Pour la première fois depuis des lustres, tu sens que ton cœur est confortable posé dans un futon de coton. Quelques minutes plus tard, vous arrivez à destination et tu laisses Aubrey s’occuper de tout. Toi, tu t’occupes en observant la façade de l’Emporium et en essayant de deviner ce que tu trouveras à l’intérieur. La voix d’Aubrey te sort de ton petit jeu, elle te dit de la suivre et tu t’exécutes en sortant de la voiture qui sera par la suite prêtée à un voiturier. Tu te laisses guider comme un enfant qui découvre la vie d’adulte et, devant la réception, tu comprends enfin ce que vous êtes venus faire ici. La psychologue souhaite t’offrir des habits chics et, en réaction à cette nouvelle, ton regard t’éclaircit et tes lèvres se retroussent. Devant le regard gorgé de jugements de la réceptionniste, tu souris sarcastiquement et tu lui offres un petit doigt d’honneur discret qu’Aubrey ne remarque pas. Les paroles presque hautaines de ta compagnie t’étonnent positivement. Elle est comme toi; elle ne laisse pas le jugement des autres l’affecter. Ensuite, le déroulement de la soirée est étalé. Tu hoches la tête à chacune des directives, cachant ta hâte de te découvrir dans un complet élégant. Tu notes chacune des informations dans le fond de ta mémoire et lorsque vient le temps des aux revoir, la belle embrasse ta joue et tu souris doucement en sentant une énième fois le parfum de vanille.

- L’attente sera douloureuse.

Tu l’observes tourner des talons, incapable de croire qu’elle pourrait être plus ravissante qu’elle ne l’est déjà. Tu restes immobile de longues secondes, jusqu’à ce que tu ne voies plus la silhouette de l’âme généreuse et tu te diriges à ton tour là où tu dois te rendre. Tu gardes la carte de la chambre dans ta main et tu suis le plan de l’hôtel pour te rendre là où tu trouveras chaussure à ton pied. Comme Aubrey te l’a expliqué, tu présentes le nom Cotwell en arrivant et, aussitôt, on prend ton cas en charge. Tu laisses l’homme s’occuper de tout, tu ne fais que te planter devant un miroir tandis qu’il te présente des exemples de complets et ton choix s’arrête sur un ensemble complètement noir. La facture est mise de côté et tu retrouves ta luxueuse suite, accompagné d’un grand sac en carton dans lequel sont pliés tes habits. Devant l’immensité de la salle de bain, tu restes un moment muet et tu reprends tes esprits en sachant que les minutes s’écoulent. Tu te débarrasses de tes habits habituels, tu fais bien attention de reprendre la carte d’affaire d’Aubrey pour ne pas la perdre, et tu te glisses sous la douche dans l’intention d’en sortir complètement neuf. L’eau chaude contre ton dos détend tes muscles endoloris par le manque de sommeil. Lorsque tu es fin prêt, habillé de noir charbon et chaussé de cuire véritable, tu te laisses tomber dans le lit bien trop grand pour un seul couple et tu fixes le plafond en attendant le retour de celle que tu comptes bien ramener ici après le repas. Tu ne sais pas combien de temps tu attends mais, à un moment, on frappe à la porte et tu te redresses rapidement. Par réflexe, tu passes ta main dans tes cheveux fraîchement peignés et tu vas ouvrir pour tomber nez-à-nez avec Aubrey, plus resplendissante que jamais. Tu l’observes de bas en haut, bouche-bée, sans aucune gêne et tu souris en coin en lui tendant ta cravate :

- Je n’ai aucune idée comment attacher ce truc.

               
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyJeu 22 Nov 2018 - 3:19


Éviter les regards. Là-dessus, nous étions d’accord. Cependant, je doutais que cela soit pour les mêmes raisons. En ce qui me concernait, je voulais éviter que l’on nous remarque pour mon statut civil d’épouse. Quant à lui, je dois admettre que je l’ignorais bien. Mais cela n’était pas grave. Je me promettais de l’interroger à ce propos lorsque l’occasion s’offrirait à moi, au cours du dîner. Pour le moment, le sujet qui nous intéressait était le restaurant que mon invité avait choisit. Et sans surprise, il optait pour un endroit qu’il ne pouvait pas s’offrir, servant du homard. Je validais ce choix, faisant volontairement abstraction à l’ambiguïté des mots qu’il m’adressait. J’y faisais abstraction surtout parce qu’un problème me sautait aux yeux, à son choix : sa tenue. Elle ne collait absolument au code vestimentaires des restaurants de luxe, et nous finirions recaler dès que nous aurions affaire au maître d’hôtel. Une idée impensable. Il fallait impérativement que l’on corrige cet obstacle. Sans chercher à m’enquérir d’un potentiel complet qui trainerait au fond de l’un de ses placards, j’annonçais une déviation sur notre direction. Pour qu’il puisse obtenir un complet et se préparer, je ne voyais aucune autre option qu’un hôtel. Je choisissais le plus luxueux de la liste que me proposait mon G.P.S : L’Emporium Hotel. Lorsque l’itinéraire fut tracée, je démarrais mon véhicule pour nous y emmener sous les indication de mon assistant vocal. Alors que nous attentions à un feu rouge, mon passager me posa une question assez inattendu mais totalement amusante : depuis quand allions-nous à l’hôtel avant de manger. Je ne pouvais contenir un éclat de rire avant de lui répondre, amusée.

_ Depuis qu’il est de bon ton de s’habiller en circonstance.

En d’autres mots : adopter une tenue adéquate au restaurant choisi. Une chose a laquelle on ne devait surement pas prêter attention lorsque l’on était pauvre. Du moins, je le supposais puisque j’avais toute ma vie, ou presque, était en compagnie de personnes aux revenus plus élevés. Arrivant à destination, je laissais mon Audi au voiturier, avant d’inviter Joseph à me suivre dans le hall de l’hôtel. Je savais ce que je voulais. Je ne perdais donc pas de temps en rêvasseries, que je laissais volontiers à mon invité. La réceptionniste me donna la carte de la suite 5015 puis m’indiqua sur un plan, à ma demande, la localisation d’une boutique de prêt-à-porter masculin. C’était parfait, en omettant le comportement déplaisant de cette dernière. Joseph allait pouvoir se trouver un complet pour le dîner, comme je l’escomptais. Je l’invitais d’ailleurs à y aller de ce pas. Plus vite nous serions prêts, plus vite il pourrait croquer, comme il avait dit, dans les pinces d’un homard valant la peau des fesses. Lui donnant rendez-vous ultérieurement dans sa suite, je quittais l’hôtel pour rejoindre mon loft. L’occasion pour moi d’analyser le contenu de cette fin de journée exceptionnelle, tout en me préparant. Et une chose était certaine : je ne savais toujours pas jusqu’à où j’allais m’aventurer comme ça. Une fois que je m’estimais prête, je quittais mon loft pour reprendre la direction de l’hôtel. Là-encore, je fournissais une instruction très précise au voiturier : garder mon véhicule à disposition. Je n’envisageais pas de m’attarder vingt minutes dans la suite si Joseph était prêt, comme je l’espérais. Prenant la direction de la suite, je m’engouffrais dans l’ascenseur de l’hôtel, où je pressais le bouton du cinquième étage. Ce ne fut qu’au moment où les portes allaient se refermaient qu’un couple du troisième âge me fit signe de les retenir. Ce que je fis, immédiatement, les attendant patiemment.

_ Merci très chère. Me remercia la femme, un sourire charmant au visage.
_ Je vous en prie. Lui répondis-je aussi charmante.

Je n’allais pas les laisser attendre le prochain ascenseur. Cela n’aurait pas été galant. Alors que la boite de métal grimpait les étages, je les écoutais distraitement en pleine conversation. Ils discutaient de leurs enfants, qu’ils se réjouissaient de pouvoir réunir à Noël pour la première fois tous ensemble. J’imaginais le repas de famille avec un sourire triste. J’imaginais mes propres enfants s’extasiaient autour de moi de leurs présent puis, au ding de l’étage du couple de retraités, ils s’évaporèrent pour ne laisser qu’une grande table vide. Ce que la vie pouvait être cruelle, parfois. Me narguer avec cette image de mon couple qui n’existerait sans doute jamais, à l’instant où je retrouvais un homme qui n’était pas mon mari ? C’était particulièrement horrible. Quittant l’ascenseur, je me dirigeais jusqu’à la suite 5015 où après avoir toquée trois petits coups brefs à la porte, je découvris Joseph on-ne-peut-plus élégant.

_ Ce complet noir te va à ravir. Lui signifiais-je charmante, presque aussitôt. _ La grande classe. On dirait James bond, mais en beaucoup plus sexy.

Je n’avais jamais eu d’intérêt pour l’agent 007. C’était donc un véritable compliment que je lui faisais. Me tendant sa cravate, Joseph me confia à la suite son incapacité à la nouer. Je lui offris un sourire compatissant, avant de m’en saisir pour lui passer délicatement autour de son cou, sous son col de chemise.

_  La première fois que j’ai appris à nouer une cravate, c’était à l’occasion de mes fiançailles. Lui confiais-je en commençant à la nouer. _ Mes parents tenaient à ce que mon époux et moi fassions les choses dans les règles, et je tenais à pouvoir nouer la cravate de mon mari comme ma mère le faisait avec mon père. Je serrais le noeud délicatement. _ Une occasion qui ne s’est pas souvent présentée. Déplorais-je en replaçant son col convenablement, ma tâche accomplie. _ Voilà. Absolument parfait.

Je lui souriais avec tendresse, plongeant mon regard dans le sien.

_ Prêt pour aller dîner ?

Tenue d’Aubrey.

@Joseph Keegan
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyJeu 22 Nov 2018 - 4:22


Propose-moi le paradis
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
La robe repose sur elle comme un mince voile de soie, les courbes de ses hanches et de sa poitrine se laissent observer comme si elles ne désiraient que ça; et tu ne caches pas tes yeux curieux qui profitent de la vision qui leur est offerte. Aubrey le sait déjà. Ils ont la fâcheuse habitude à fixer ce qui les attire. Et, en ce moment, tu ne sais plus où regarder. Tu te permets d’observer sa jambe découverte quelques secondes avant de finalement replonger tes iris dans ceux de la belle. Tu notes la présence d’un maquillage léger et naturel qui ne te laisse pas de marbre. Ses lèvres légèrement parsemées d’une couleur rosée t’invitent une nouvelle fois à les approcher mais tu te retiens en restant planté comme un piquet tandis qu’Aubrey te couvre de compliments. Tu humectes tes lèvres en contenant un sourire satisfait et tu la remercies d’un signe de tête tandis que ta langue est occupée à chercher la bonne chose à dire. Pourtant, c’est la mauvaise chose à dire qui sort en premier.

- Cette robe est magnifique. Elle me donne un avant-goût de ce qui se cache en dessous.

Putain. Un vrai gentleman. Tu préfères vite changer de sujet en lui tendant ta cravate, noire elle aussi, et tu lui confies ne jamais avoir appris à nouer ce genre d’accessoire. Tu as déjà porté la cravate lorsque tu étais jeune, les jours d’Église, mais c’est ton père qui s’occupait de joliment la serrer à ton cou. Lorsque les doigts d’Aubrey se mettent glisser le long de ton col, un frisson parcourt ton échine et tu peines à garder tes yeux rivés dans les siens tandis qu’elle te parle de quelque chose que tu aurais toi-même jugé d’intime. Ton regard de plisse à sa première révélation et tu te permets d’observer quelques secondes l’alliance à son doigt, celle que tu avais déjà remarquée plus tôt mais qui ne t’avait pas donné envie de soulever des questions. Lorsque la cravate est parfaitement nouée à ton cou, tu viens la toucher du bout des doigts pour t’assurer que le travail a bien été fait puis tu attrapes doucement la main gauche de la psychologue au passage. Tu te permets d’observer le bijou de plus près tandis que tu réfléchis à ce que tu dois dire. Tu n’as aucune honte à toucher le diamant qui orne l’anneau, diamant qui pourrait être sacré au cœur de bien des mariés.

- Je ne comprends pas exactement. Est-ce que tu me dis que ton mari est décédé ou alors suis-je l’objet de tes tromperies ?

Tu relâches sa main en penchant la tête sur le côté, le regard rempli de questions. Une personne divorcée ne garderait pas le symbole de son mariage à son annulaire. Il ne pouvait pas y avoir d’autres options : soit Aubrey désirait trouver du plaisir ailleurs, soit son mari avait été enterré.

- J’imagine qu’une psychologue doit savoir ce qu’elle fait.

Puis, ta compagne te rappelle qu’il est bientôt l’heure de savourer un repas onéreux. Aussitôt, tu sens ton estomac crier famine et tu réponds par un hochement de tête en tendant ton bras vers Aubrey dans le but qu’elle s’y accroche. C’est bien ce que font les garçons bien éduqués, non ?

- Je serai toujours prêt à aller dîner. J’espère que tu as aussi faim que moi car je compte prolonger la soirée.

Tu enfonces la carte de la chambre dans la poche de tes pantalons noirs et tu souris en coin en fermant la porte derrière toi. Tu guides ta compagne jusqu’aux ascenseurs et tu fais mine de ne pas être impressionné par tous les objets décoratifs dans le corridor. Mais, au fond de toi, tu essayes d’estimer le prix de chaque cadre, chaque tableau, chaque vase. Tu serais surpris de savoir que tes estimations ne se rapprochent pas du tout de la réelle valeur des objets. Lorsque les portes de l’ascenseur se ferment, tu sens que vous êtes assez seuls pour tenter une question poussée.

- Tu ne me connais pas du tout. Je ne veux pas te faire peur mais je pourrais être un ex dealer qui a fait de la taule et qui se pique à la cocaïne à chaque occasion qui se présente.


Un sourire sarcastique anime ton visage, tu lorgnes la psychologue, les yeux brillants et amusés. Tu viens directement de lui donner ta description. Mais personne ne croirait quelqu’un qui admet ceci à voix haute dès le premier dîner.

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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyJeu 22 Nov 2018 - 5:32

Aaaah. La franchise de Joseph. Je ne sais pas pourquoi elle avait le don de me faire sourire au lieu de m’offusquer. J’aurais normalement dû me sentir gênée qu’il me déshabille de ses prunelles insistantes en me le confirmant à haute voix mais… quelque chose chez lui provoquait plutôt chez moi une forme d’amusement. Peut-être parce que j’y associais volontairement une maladresse que je trouvais adorable. Sans doute. Depuis que je l’avais rencontrée à la bibliothèque, je me plaisais à l’imaginer différent de ce que son comportement dépeignait. J’en voulais pour exemple cette volonté farouche de l’imaginer gentil garçon alors que, indubitablement, de nombreux indices démontraient le contraire. Le plus flagrant étant son attitude générale, un peu bourru. Les gentils garçons n’expriment pas aussi activement leur émoi au sujet des femmes qu’ils courtisent. Ils la dissimulent sous les atours de beaux discours. Mais allez savoir, c’était peut-être ça qui le rendait attachant finalement. Il ne me faisait pas l’affront de dissimuler ses attentes quant à notre soirée sous des beaux discours qu’il ne croyait pas lui-même. Il me faisait preuve de franchise en tout temps, ainsi qu’en toute circonstance. Cependant, je crois bon de préciser que l’issue de cette soirée demeurait tout de même plus qu’incertaine. Et ma seule présence dans une jolie robe du soir pour aller dîner en sa charmante compagnie, ne garantissait pas que j’allais me fondre dans ses bras cette nuit-là. Disons que ce serait le dîner lui-même qui déterminerait cette issue. Si l’homme que je découvrais me captiver au point de me donner l’envie d’être sienne le temps de quelques heures, je l’accompagnerais dans ses draps. Si au contraire l’homme que je découvrais me déplaisais, je lui laisserais le plaisir de jouir de cette suite tout seul. C’était une bonne contrepartie non ? A mes yeux cela l’était, en tout cas. Et tandis que je lui rendais service en nouant sa nouvelle cravate noire, je me laissais aller à de nouvelles confidences que je méprisais faire avec d’autre. Rien de bien extravagant, toutefois. Simplement une anecdote sans intérêt qu’il avait parfaitement le droit de vite oublier. Se saisissant de ma main gauche une fois que ma tâche fut terminée, Joseph admira l’alliance qui ornait mon annulaire gauche, avant de me confier une incompréhension. Je l’écoutais avec attention, m’étonnant qu’il ait compris quelque chose que je n’abordais pourtant pas.

_ Ni l’un ni l’autre. Lui répondis-je avec douceur, laissant ma main dans la sienne. _ Mon mari n’est pas mort, et tu n’es pas l’objet de mes tromperies. J’étais entièrement sincère à ce sujet. Ce n’était pas ainsi que je considérais les choses. _ Non. A mes yeux tu es surtout une belle rencontre que je me complais à découvrir d’avantage dans un luxe que tu ne connais pas. Je lui souriais. _ Et ne va pas croire que je te fais la charité car ce n’est pas le cas non plus. Je veux juste que notre soirée devienne inoubliable. Il ajouta ensuite qu’en tant que psychologue, je devais savoir ce que je fais. _ Absolument pas. Avouais-je spontanément en laissant ma main retombait doucement le long de mon corps. _ J’agis uniquement sous l’impulsivité du moment, sans savoir si j’ai raison ou non de le faire. Je ricanais quelque peu avec amertume, contre moi-même. _ Enfin. Si. Je sais que j’ai tort de le faire, ne serai-ce que par loyauté envers mon époux, mais je ne peux pas m’empêcher de le faire.

C’était une mise-à-nue radicale. Cet homme en savait désormais bien plus sur mon compte que mon amie Abigaël.

_ Allons dîner. Dis-je pour conclure cet instant gênant, en enroulant mon bras à celui qu’il me proposait.

Je ne savais pas si j’avais aussi faim que lui, mais je savais que je préférais aller manger. Quittant la chambre à son bras, je le laissais nous guider jusqu’à l’ascenseur en l’observant avec attention. Il admirait la décoration du corridor avec attention. J’étais curieuse de savoir ce qui l’intriguait à ce point. Était-ce les dorures que l’on retrouvait partout et surtout ? Étai-ce la décoration datée d’une autre époque, que je n’affectionnais pas ? Je l’ignorais. Mais j’estimais que cela devait être un ensemble d’éléments. Regagnant la boite en métal qui se fermait sur nous, j’observais mon invité lorsqu’il prit la parole. Effectivement. Je ne le connaissais pas du tout. Et la description du portrait type d’un homme effrayant qu’il me faisait était bien trop détaillé pour qu’elle soit un exemple sortie de nulle-part. Tout chez lui le confirmait. De son regard brillant de malice à son sourire sarcastique, je comprenais qu’il venait de se décrire lui-même.

_ Ce n’est pas comme ça que je t’imaginais, je dois l'avouer. Et cela ne change rien à l'opinion que j'ai de toi. Lui confiais-je en souriant, le regard vissé dans le sien. _ Tu es un homme d’une compagnie agréable et ce ne sont pas tes erreurs passés ou actuels qui me convaincront du contraire.

J’avais eu affaire à bien pire.
J’aurais affaire à bien pire.

@Joseph Keegan[/quote]
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyVen 23 Nov 2018 - 2:45


Propose-moi le paradis
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
Tu n'es pas encore certain de ne pas être dans un rêve. Tu n’as pas encore essayé de te pincer le bras pour te réveiller; tu veux tout de même faire durer ce moment même s’il n’est nourri que par ton imagination. Cependant, tes rêves ne sont jamais aussi spéciaux. Habituellement, lorsque tu te réveilles le matin ou la nuit – dépendamment de l’heure à laquelle ton corps a décidé de te laisser t’endormir –, tu ne peux pas vanter les histoires qui se sont déroulées dans ton sommeil souvent très mouvementé. Tu sais que tu n’es pas en très bonne santé. Tu ne manges pas assez et lorsque tu le fais tu n’apportes pas les nutriments nécessaires au fonctionnement de ton corps. Un jour, la réalité te tombera sur la tête et tu comprendras que tu ne peux pas survivre en n’offrant à ton organisme que l’aiguille d’une seringue. Tu es encore trop jeune pour sentir les vrais effets secondaires de tes mauvaises habitudes. La main que tu tiens entre la tienne te permet de garder contact avec le moment présent. Tu clignes à plusieurs reprises des paupières lorsqu’Aubrey infirme tes deux hypothèses concernant son mari. Tes sourcils se froncent, signe que tu n’arrives pas à comprendre. Elle précise davantage ses dires et tu viens machinalement mordiller ta lèvre inférieure en observant les siennes que tu aimerais savourer une deuxième fois.

- Cette soirée est déjà inoubliable : j’espère qu’après nos échanges tu as compris que ma sincérité n’a d’égal que la chance que j’ai en ce moment.


Un vrai poète, ce soir. Tu n’as pas l’habitude de t’entendre déverser ta passion pour les jolies phrases. Si tu adores la lecture, c’est bien parce que tu connais la force des mots et l’impact qu’ils peuvent avoir. Tu as l’impression que toutes ces heures investies le nez fourré dans les bouquins jouent enfin en ta faveur. Malgré ton apparence négligée, tu as su capter l’attention d’une femme aussi distinguée qu’un lustre de cristal. Et tu ne sais pas qui tu dois remercier pour ça. Aubrey t’avoue avoir un tempérament plutôt impulsif et ça t’arrache un rictus peut-être malsain, peut-être complice.

- On est deux adolescents impulsifs, alors. La seule différence c’est que personne ne m’attend chez moi, ce soir. Tu fais ce que tu veux, j’espère simplement que ton mari ne commettra pas de crime passionnel.


Tu sens que la discussion doit s’achever lorsque ta compagnie dans sa robe verte s’accroche au bras que tu lui offres. Vous vous retrouvez dans une intimité improvisée au beau milieu d’un ascenseur assez grand pour contenir quatre fois ton égo. Si ton regard se perdait quelques secondes plus tôt dans les ornements superficiels de l’hôtel, il est maintenant rivé vers la femme à qui tu révèles ta vie sans aucun filtre. Et tu te retrouves bien hébété lorsque la psychologue devine que tu n’as pas inventé tout ça, que tu es bel et bien ce que tu as décrit. Ton cœur se décroche de ses artères et s’écrase dans le fond de tes tripes; tu oublies aussi de respirer pendant quelques secondes. Mais la belle ne te laisse pas longtemps dans tes démons, elle te rassure rapidement; son avis à ton propos ne change pas.

- Je suis chanceux d’être tombé sur une psychologue. Rien ne saurait t’ébranler.


Tu gonfles tes poumons et les portes de l’ascenseurs s’ouvrent, concluant cette discussion qui ne mériterait pas de s’étaler publiquement. Tu connais déjà le chemin vers l’extérieur, vous attendez patiemment que le voiturier rapproche l’Audi et lorsqu’il tend les clés à Aubrey, tu sens ton corps se tendre à l’idée de poser une question dangereuse. Non. Tu ne vas pas lui demander. Tu n’as pas le permis; tu la tuerais si tu t’offrais pour conduire sa bagnole. Alors tu t’installes du côté passager, tu replaces ton complet qui s’est froissé dans le mouvement et tu te laisses guider par la conduite agréable d’une fleur de vanille. Le chemin jusqu’au restaurant n’est pas bien long et quand tu vois les premières tables au travers les vitres, ton ventre te rappelle qu’il existe en te faisant vibrer en entier. Voilà bien longtemps que tu n’avais pas ressenti cette sensation de faim dans ton estomac; tu t’étais habitué à ne pas espérer beaucoup manger en une journée. Tu offres à nouveau ton bras à Aubrey et tu la portes jusqu’à l’accueil du restaurant, là où une table vous est attribuée. Tu gardes ton calme même si tous tes membres ont envie de frétiller. Aucun regard déplaisant ne se pose sur toi; tu es comme tout le monde. Chic. Bientôt, vous êtes attablés dans un coin assez intime. Un menu épais est posé devant vos yeux, tu n’attends pas une seconde pour l’ouvrir et pour y jeter un coup d’œil affamé.

- J’imagine que si je veux un homard, je n’ai pas besoin de lire le nom compliqué de tous ces plats.

Tu reposes instantanément le menu avant de poser tes yeux sur Aubrey. Tu souris en coin puis tu te pinces les lèvres pour te contenir un peu.

- Je t’écoute. Dis-moi ce qui réveille ton appétit. Et je ne parle pas de foie gras ou de carpaccio de bœuf.


Elle peut manger ce qu’elle veut, ça t’est égal. L’information que tu cherches à recueillir est un peu plus intime et elle ne se trouve pas entre les pages d’un menu.      
   
   
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Dernière édition par Joseph Keegan le Ven 23 Nov 2018 - 20:16, édité 1 fois
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyVen 23 Nov 2018 - 19:35

Je souris aux mots que m’adresse Joseph.. C’est appréciable qu’il me certifie que cette soirée est déjà inoubliable. Quant au fait que sa sincérité n’a d’égale que sa chance, je le crois sur parole. Jusqu’ici il ne s’est jamais rabaissé à me raconter n’importe quoi pour me satisfaire alors… je pense sans me tromper qu’il a prouvé qu’il était un homme digne de confiance. Sans doute même bien plus digne de confiance que je ne le serais jamais plus. Il est honnête. Il n’a rien à cacher. Ou rien qui ne me concerne réellement. Il n’a donc pas à s’inquiéter à ce propos. Il n’a qu’à profiter de cette soirée pleinement, en faisant fie des confessions d’une épouse récemment volage. Ce que je me promets de lui épargner, me trouvant beaucoup trop bavarde au sujet de mes propres paradoxes. Joseph n’y est pour rien si je n’agis plus véritablement en accord avec ma conscience. Il n’a donc nullement besoin de se sentir tel un objet de divertissement pour une femme riche. Je ris d’ailleurs quelque peu à cette idée que nous soyons tout les deux des adolescents impulsifs. Et si c’était ça, finalement, la réponse que je cherchais dans les livres. Et si tout ce qui m’arrivait, que j’estime parfaitement incontrôlable, n’était qu’une crise d’adolescence à retardement. Cela ne m’apparait pas impossible. J’ai été amenée très jeune à me comporter comme une femme, au prix d’une adolescence sacrifiée. Je me promets donc d’explorer cette option plus sérieusement ultérieurement. Pour l’instant, je me contente de rassurer mon invité du mieux que je le peux, quant à mon époux.

_ Je te promets que je ne dirais rien de toi à mon mari si d’aventure il apprenait notre potentielle liaison.

Pour l’heure, nous ne faisons rien de mal. Au contraire. En dehors d’un petit baiser échangé à la bibliothèque, nous avons essentiellement passé notre temps à nous préparer pour le dîner. Dîner que j’invite Joseph à aller partager en enroulant mon bras au sien, immédiatement. Il n’a peut-être pas l’habitude des endroits chics, mais il possède tout d’un véritable gentleman. C’est à croire qu’il a du sang aristocrate dans les veines sans lui même en avoir conscience. D’ailleurs, au portrait qu’il dépeint d’un homme dangereux, que je devine assez rapidement être lui, je confirme cet état de fait. Joseph ne réalise absolument pas les qualités qu’il possède. D’ailleurs, qu’il ait fait de la prison, qu’il se pique pour se droguer, ne change absolument pas mon opinion. Il reste un homme charmant dont j’apprécie la compagnie depuis l’instant où il m’a abordé.

_ Ne crois pas ça. Dis-je en riant au fait que ma carrière me rend inébranlable. _ Le simple fait d’avoir étudiée la psychologie ne m’immunise pas contre les réactions parfois stupides de l’être humain. J’ai juste appris à ne pas me fier aux apparences ou aux erreurs que l’on peut commettre.

Je ne suis pas parfaite, même si j’en donne l’allure. Je suis juste comme lui : une femme parée d’une belle tenue, cachant un être abject. Pour le moment je dissimule bien mon jeu en jouant toujours l’épouse idéale, mais le jour où le vernis craquellera que je serais comme lui : infréquentable. Une idée qui m’étreint le coeur, et que je chasse dès lors que les portes de l’ascenseur s’ouvre sur nous. Je ne parle d’ailleurs plus à Joseph. Je me concentre sur le voiturier, que j’aborde pour récupérer mon véhicule au parking de l’hôtel ; puis ensuite sur la route que m’indique le G.P.S, qui connait bien mieux Brisbane que moi. Je me retiens de préciser à Joseph la raison de cet emploi excessif d’assistant vocal. Je me dis qu’il finira bien par deviner que je suis étrangère à cette ville. Stationnant mon véhicule non loin du restaurant chic du quartier de Spring Hill, je rejoins mon invité qui m’offre à nouveau son bras. Je l’en remercie d’un sourire charmant tandis que nous prenons déjà la direction de l’Esquire. Je demande une table pour deux au maitre d’hôtel, dès qu’il nous accueille. Il nous indique immédiatement de lui suivre jusqu’à une table partiellement cachée du reste du restaurant. Je souris en songeant qu’il nous a prit pour un couple marié. Le remerciant tandis qu’il m’ouvre mon siège, je me saisie du menu qu’il nous offre avant son départ. Il y a beaucoup de choix. Cependant, il n’y a rien de bien nouveau contrairement aux autres restaurants de la même gamme. Je l’observe avec attention lorsque Joseph reprend la parole, avec cette franchise que j’apprécie véritablement.

_ Effectivement. Je lui confirme, un sourire charmant. _ Le Homard porte toujours le même nom, quelque soit le restaurant.

Le Homard Terminado, si je ne m’abuse. Enfin. Peut-être qu’ici il font preuve d’originalité. Alors que je reprends la lecture de mon menu, Joseph me pose une question à laquelle je ne m’attendais pas. Qu’est-ce qui réveille mon appétit sexuel. Excellente interrogation. Je n’en ai absolument aucune idée. En dehors de mes aventures intimes avec l’un de mes patients, qui avait un don pour aiguiser mon appétit en faisant rien de particulier - j’imagine, je n’ai jamais vraiment ressentie un besoin irrépressible de sexe. Il y a bien eu les premiers émois avec mon mari, qui ont tenu une grande majorité de notre union. Toutefois, ils étaient motivés par nos sentiments. De ce fait, je me sens soudainement comme une adolescente qui ne se connaitrait pas sur le plan intime.

_ Hé bien… J’entame, après un profond soupir ne dissimulant pas mon embarras. _ Je dois admettre que je n’en ai aucune idée. Autant faire preuve d’honnêteté également. N’est-ce pas ? _ Je… C’est difficile d’admettre à l’âge de quarante ans que l’on a eu une vie sexuelle affreusement basique autant qu’exempt de folie. Si l’on fait l’impasse sur ma liaison passé, c’est entendu. _ Je me suis mariée très jeune avec mon mari. Je poursuis, le regard toujours vissé dans le menu. _ Je ne sais donc pas ce qui est susceptible d’éveiller mon appétit en dehors de profonds sentiments amoureux. Je lui lance un regard furtif, pour juger de l’ampleur de mes mots sur son étonnement. _ J’imagine qu’être en présence d’un homme séduisant, autant qu’entreprenant, doit être de ces choses qui en font partie.

Je me fie uniquement à mon aventure avec Liam, pour avancer cela. Je n’ai aucune idée si cela est exacte. D’ailleurs, je crois bon de toujours m’accrocher à mon menu, en quête d’un plat susceptible d’aiguiser mon véritable appétit

@Joseph Keegan
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyLun 26 Nov 2018 - 23:06


Propose-moi le paradis
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
La soirée ne cessera de te surprendre. Tu es bientôt prêt à affirmer que cette journée sera la meilleure de ta vie. Et ce, parce que quelques bons cœurs bien nantis ne se permettent pas de juger une personne en fonction de son statut social. Tu es tombé sur la lumière la plus généreuse parmi toutes les petites lucioles. Tu es encore incertain de mériter cette attention. Tu as gagné à la loterie sans acheter de ticket. Cette chaise sous tes fesses vaut probablement plus que ta vie selon les yeux du peuple. Et, quelques fois, tu arrives à te convaincre de ne réellement pas valoir plus qu’un carré de cuir véritable. Mais, ce soir, tu n’es pas ici pour penser au sort que tu mérites. Ce homard, tu croqueras dedans à pleine dents et tu en dégusteras chaque morceau de chair en oubliant que jamais tu n’aurais pu te payer le luxe de simplement y goûter. Tu as déjà reposé le menu et tes deux coudes sont confortablement posés sur la table tandis que tes yeux scrutent ta compagnie qui n’a pas encore posé le doigt sur le repas qu’elle a envie de commander ce soir. Tu profites de ces quelques secondes de silence pour respirer doucement tandis que ton corps oublie l’espace d’un instant qu’il est en situation de survie depuis des semaines. Cette boule de nervosité qui te collait au ventre disparait pour laisser la place au crustacé que ce dernier accueillera plus tard. Mais, bientôt, tu brises le silence en posant une question qui aurait été risquée pour n’importe quel homme fuyant la franchise. Tu n’es pas ici pour tourner autour du pot sans jamais y tremper un pied. Tu constates que ta question pose quelques problèmes à Aubrey, sa réponse n’est pas aussi instinctive que tu l’aurais cru. Tu fronces les sourcils en l’écoutant, incertain de vouloir faire preuve de logique pour comprendre qu’elle et son mari sont ensemble depuis trop longtemps et que jamais elle n’a pu tenter d’expériences avant d’entrer dans le monde réel. Un sourire discret soulève tes lèvres lorsqu’elle révèle être attirée par les hommes séduisants et entreprenants mais une interrogation te brûle la curiosité.

- Attends. Es-tu en train de me dire que ton mari a aussi été ton premier petit copain ? Tu n’as jamais eu d’expériences avant de te donner à un seul et unique homme ?

Tu marques une pause en haussant les sourcils et tu te calles dans ta chaise, armé de ta nonchalance. T’as beau être en complet, tu restes le même garçon qui n’a jamais voulu devenir un disciple des bonnes manières.

- Tu m’étonnes que tu aies envie de voir ailleurs. Je ne connais pas ton mari et j’imagine qu’il ne vaut mieux pas que je le connaisse, mais on ne peut pas se satisfaire d’une seule personne.


Tu te pinces les lèvres en haussant les épaules et tu gardes le silence le temps que le serveur remplisse vos verres d’eau et lorsque vous êtes de nouveaux seuls, tu te permets de tremper tes lèvres dans le liquide un peu trop neutre à ton goût pour finalement conclure :

- Du moins. Moi je ne pourrais pas me satisfaire d’une seule personne. Je n’ai qu’à regarder mes parents pour voir que je n’ai pas envie de devenir comme eux. Ils sont ensemble depuis le début, eux aussi.

Un ricanement malhonnête soulève ta poitrine et tu souffles finalement :

- Ils seraient déçus de voir que je ne me suis jamais réellement casé. Ils seraient déçus de me voir, tout simplement.

Tu serres la mâchoire en t’empêchant de respirer quelques secondes et tu es bien heureux que le serveur vienne à ce moment vous demander si vous désirez quelque chose à boire pour débuter le repas. Tu observes Aubrey du coin de l’œil et tu l’interroges du regard. Tu ne n’y connais absolument pas en vin; tu ne te saoules que par la vodka. Tu es certain qu’elle aura une meilleure idée du vin à choisi, cette boisson a quelque chose de bien trop distingué pour toi.        
   
   
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyMar 27 Nov 2018 - 3:51

Je m’en doutais. Mes propos précédents ne pouvaient pas être autrement que surprenant aux oreilles de mon invité. Et l’interrogation qui suit ne manque pas de me le confirmer. Pourquoi ? Parce qu’il n’en croit tout simplement pas ces propres oreilles. C’est à tel point, qu’il estime avoir besoin de changer les termes pour mieux les assimiler. Ce qui est relativement amusant, je dois dire. Voir déconcertant, peut-être. Inconsciemment, il me pousse à faire un choix sur la réponse que je vais lui fournir. Si je réponds par l’affirmatif, je vais lui mentir. Je vais lui laisser entendre que mon mari est mon seul homme, alors que j’en ai officiellement eu un autre au cours des mois passés. Peut-être même – et je dis bien peut-être, va-t-il vouloir se dévouer à me faire vivre une nuit exceptionnelle sur le plan intime, comme on se dévouerait à prendre en pitié une cause perdue. Impensable. Si je réponds à contrario par le négatif, il va de nouveau se faire à l’idée qu’il n’est qu’un objet sexuel pour une riche couguar mariée et… Je soupire, imperceptiblement. Ce que tout ceci semble compliqué tout d’un coup. Le mieux resterait que j’agisse comme je le fais depuis que nous nous sommes rencontrés, avec impulsivité, mais quelque chose m’en empêche. La peur. La peur de ne pas être perçue telle que je le suis vraiment. La peur de nous entraîner fatalement sur un chemin dont je ne suis pas certaine de vouloir emprunter la direction. La peur de n’être encore que la femme de passage, bien que j’en sois une indubitablement. Et pour cause : ces valeurs sur le plan relationnel n’ont rien de communes aux miennes. Selon lui, on ne peut se satisfaire d’une seule personne à vie ; c’est donc normal que j’en vienne à me chercher des amants, consciemment ou non. Sujet sur lequel je ne suis pas d’accord. Cela va sans doute paraître démodée, mais il se trouve que je suis convaincue que la sexualité prend une dimension totalement différente, lorsque des sentiments sincères entre en équation. La preuve en est : mon mariage. J’ai vécue vingt ans avec pour seul amant mon époux, et je ne me suis jamais sentie frustrer sur le plan intime de notre union. Non. C’est les aléas de la vie qui m’ont conduites à m’offrir à d’autres bras et… Peu importe. Le débat ne mérite pas d’être abordé présentement. Il resterait stérile, gâchant peut-être par la même occasion le dîner. Je préfère plutôt me concentrer successivement sur l’intervention du serveur, puis les confessions spontanées de Joseph sur ces parents. L’amertume à leur sujet est palpable à des kilomètres à la ronde. Je sens que nous sommes en plein dans un sujet sensible. Un sujet qui lui fait mal. Un sujet qui motive éventuellement ces actions présentes. En résumé : un sujet que j’aimerais approfondir pour l’aider, et qu’il cherchera obstinément à fuir pour se protéger. J’ai le temps d’un nouvel interlude soudain du serveur pour opter de la « bonne » réaction à avoir. En attendant, je me concentre partiellement sur la carte des plats, puis celles des vins, pour passer commande.

_ Nous prendrons votre meilleur vin blanc pour accompagner une assiette d’huître en entrée. Le serveur note consciencieusement cette demande, tandis que j’énonce la suite du menu. _ Ensuite, nous prendrons un Homard Terminador pour monsieur, et un pavé de thon rouge, sauce soja aux saveurs d'acacia, accompagné de sa ratatouille de légumes de saison.
_ Pour le vin ?
_ Apportez-nous ce que recommande le chef avec ces deux plats.

Il acquiesce puis récupère nos menus. C’est le moment idéal pour reprendre notre conversation, là où il l’a interrompu précédemment. Je me racle d’ailleurs brièvement la gorge, avant de prendre la parole.

_ Tu sais, Joseph, pour rebondir sur ce que tu disais auparavant au sujet de tes parents, je pense que le plus important dans la vie n’est pas de les satisfaire ou non, mais de nous satisfaire nous même. Si tes choix te rendent heureux, ou du moins te conviennent, alors tu n’as pas à te les reprocher. Je marque une pause. _ Néanmoins, je comprends que l’on puisse accorder une importance à leur jugement. Moi-même j’ai menée toute ma vie de sorte qu’ils soient fiers de moi. C’est pour eux, notamment, que je n’ai pas fréquentée d’autres hommes que mon époux. Le travail et la réussite étaient tous ce qui comptait à leurs yeux. Encore aujourd’hui je mène mon existence en suivant ce précepte.

Sans doute à tort. Mais il est délicat de sortir d’un schéma familier pour prendre des risques, tels qu’ils soient.

@Joseph Keegan
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyMar 27 Nov 2018 - 5:47


Propose-moi le paradis
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
Elle ignore complètement tes questions; les contournent comme si jamais elle ne les avait entendues. Pourtant, tu lis le doute dans ses yeux. Tu comprends qu’elle réfléchit, qu’elle n’a probablement pas envie de balancer les premières pensées qui lui viennent à l’esprit. Tu ne sais pas si tu l’as vexée en prétendant qu’il n’était pas possible de n’avoir eu qu’un seul partenaire dans sa vie et que, maintenant, ce n’était pas étonnant si elle avait envie de goûter aux lèvres d’un homme différent. Tu ne sais pas non plus si elle pense que tu as entièrement raison et que c’est la raison de son silence. Elle craint de dévoiler à voix haute son envie de tromper son mari, peut-être. Les questions se bousculent dans ta tête. Tu fais la moue en ne recevant finalement aucune réponse et le serveur vient te sortir de ta déception. Tu te mords la lèvre inférieure lorsque ta compagnie commande une entrée d’huîtres; voici-là un autre plat luxueux auquel tu n’as jamais goûté. Tu lui offres un regard approbateur sans réellement savoir à quoi t’attendre mais tu n’es pas l’homme le plus pointilleux. Tes papilles gustatives ne se plaignent jamais. Tu te mords ensuite la lèvre inférieure pour t’empêcher de rire devant la longue commande d’Aubrey, commande à laquelle tu ne t’attendais pas. L’échange entre les deux aristocrates ne s’étend pas davantage, les menus sont récupérés et l’intimité vous est à nouveau offerte. Instinctivement, tu détends tes membres et tu soupires doucement en reposant tes coudes sur la table et ton menton sur ton poing fermé. Un léger malaise s’installe au creux de ton ventre lorsque le sujet des parents est ramené. Tu préfères détourner les yeux pour ne pas laisser Aubrey te lire comme un livre ouvert. Il y a bien des sujets sur lesquels tu n’aimes pas t’attarder et la psychologue a misé juste en choisissant celui-ci. Tu repenses à ces questions d’honneur et de fierté qui guidaient tant les valeurs de tes parents, tu serres les poings en sentant une douleur fantôme ranimer les cicatrices qui tapissent ton dos et tu te redresses vivement.

- Ouais. C’est magnifique tout ça. Mais c’est ta formule gagnante, pas la mienne. Je n’accorde aucune importance à leur jugement, et je ne l’ai jamais fait. Je préfère te le dire tout de suite, Aubrey; je ne veux pas parler de ça. Si mes parents étaient morts, je ne serais même pas au courant. Et, si on me l’apprenait, j’en aurais rien à foutre. J’imagine que ta relation avec tes parents était plus positive. Tu ne t’en sors pas mal du tout, mais j’espère que tu ne penses pas réellement que le travail et la réussite te permettront de mourir sans la crainte d’avoir gâché ta vie.


Tu te tais rapidement en portant ton verre à tes lèvres et tu remplies ta bouche d’eau, regrettant que le vin n’ait pas encore été servi. Tu grimaces en avalant. Tu replaces nerveusement tes cheveux dans une gestuelle qui ne te ressemble pas. C’est bien la première fois que tu confrontes quelqu’un qui ne partage pas les mêmes valeurs que toi et ça te déstabilise. Tu as l’impression, plus que jamais, de ne pas avoir pris les bons choix. Ça, tu le savais déjà. Mais, ce soir ça t’ébranle plus que d’habitude. Tu te décides enfin à regarder Aubrey à nouveau et tu tournes trois fois ta langue dans ta bouche avant de forcer un rire.

- Tu as complètement zappé mes questions, Aub. J’ai l’impression que nous sommes tous les deux tombés sur nos démons. Je n’ai pas envie de jouer au patient, ce soir. N’essaie pas de lire au-delà de mes yeux; il y a des réponses que tu ne veux pas obtenir.

Un frisson de dégout parcourt ton échine lorsqu’une lourde image te revient en tête et tu préfères reposer ton attention sur les tables voisines. Tu observes les plats des autres, tentant d’en goûter la saveur en admirant leurs couleurs. Mais tu n’es pas débarrassé de tes pensées.

- J’imagine que, toi, tu n’as fait que des choix qui t’ont rendue heureuse. Tu es belle, riche, en santé. Y'a pas mieux.
 
       
 
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyMer 28 Nov 2018 - 19:29

Joseph valide mon choix d’entrée commune d’un échange bref de regard. C’est parfait. Je n’ai pas commis d’impair en optant pour cette commande sans le concerter. Ce qui n’aurait pas était grave, le cas échéant. J’aurai dégustée ses demoiselles seule, et le problème aurait été réglé. Ce qui en devient un, toutefois, c’est ma décision de lui parler de ces parents. Je sens un malaise évident se propager dans tout son être. Je m’attends donc à une réaction possiblement violente, comme celles dont Liam m’a habitué dès que j’abordais son père. Verdict ? J’avais vu juste. Joseph se redresse sur son siège dans une position qui se veut de défense, et les reproches fusent sous couvert de sous-entendu entre les lignes. Il reste courtois, c’est un fait, mais il ne me trompe pas. Il n’a véritablement pas apprécié que je me permette d’explorer cette faille qu’il m’a exposé, comme chacun de mes patients avant lui, et il emploi l’attaque comme un moyen de dissuasion de m’y risquer d’avantage. Pied d’égalité. Je souris en songeant au premier homme qui a intelligemment employé cette méthode. Cependant, contrairement à Joseph, je n’ai pas de griefs contre mes géniteurs – au point de ne pas chercher à les côtoyer, et il ne connaît pas le sujet le plus douloureux me concernant. Mais j’applaudis mentalement la tentative, brillante. Je me saisie même de mon verre d’eau pour me préparer mentalement à ma réponse à venir, tandis que j’en bois une gorgée. Une personne lambda lui dirait assez grossièrement que les mots employés n’avaient été prononcés que dans le seul but de lui apporter un peu de réconfort ; qu’il n’avait pas besoin de montrer quelque peu les crocs pour faire entendre qu’il ne voulait pas de ça. Avec moi, psychologue de métier, la réponse serait bien plus complexe. Ne me demandez pas pourquoi. Je l’ignore. J’ai toujours imaginée que c’était parce que mon étude approfondie du cerveau humain me permettait de contrôler les réactions naturelles de certaines émotions, telle que la colère par exemple. Oui. Une infirme partie de moi n’a pas apprécié qu’il me juge sans me connaître. J’espère que tu ne penses pas réellement que le travail et la réussite te permettront de mourir sans la crainte d’avoir gâché ta vie. Qui est-il pour prétendre qu’une vie de sexe, de drogue, encouragent moins la crainte d’avoir gâché sa vie sur son lit de mort ? Un psychiatre de renom ? Un chercheur acharné ayant éludé la question par divers témoignages ? Mm. Certainement pas, non. Monsieur est juste un gamin qui a mal tourné parce qu’il a voulu au choix : se rebeller à un moment de sa jeunesse ; ou s’amuser à un moment de sa vie d’adulte. Je me rappelle d’ailleurs la gêne avec laquelle il m’a cité son existence passée, sous couvert d’un exemple trop détaillé pour n’en être qu’un. Pourquoi ne s’assume-t-il pas s’il pense que sa vie est bien mieux que la mienne, étriquée dans des règles parentales ? La réponse est simple : parce qu’il a ce sentiment de gâchis bien plus fort que je ne le ressens moi-même sur certains aspects de mon existence. Et son attitude est criante de vérité. Il est aussi mal-à-l’aise qu’une sourie coincée dans un coin de mur, face à un chat affamé. Et le voir se débattre me fait pitié. C’est étrange puisque jusqu’ici, cela n’était pas le cas. Je le trouvais intriguant, charmant, amusant, et que sais-je encore ; mais absolument pas touchant au point de me faire penser : pauvre garçon. Il aborde à nouveau ces questions auxquelles je n’ai pas répondu, comme un argument de défense. Il avance que mon silence laisse présager que nous sommes tout deux face à nos démons. Dans mon cas, pas réellement, non. Le seul homme qui m’expose à mes démons se trouve à être mon ex-patient : Liam. Lui, il m’aide dans mon auto-analyse de mon attitude générale, à l’opposé de celle que j’aurais eu quelques années auparavant envers sa personne. Autrefois, après que nous aurions bavardés à la bibliothèque, je lui aurais indiqué ne pas être intéressé pour plus d’une banale conversation au détour d’un rayonnage. Et il se pourrait bien que je lui formule dans les instants à suivre, s’il continue à faire preuve d’exubérance dans un domaine qu’il ne maîtrise pas. La psychologie, c’est mon domaine. De nous deux, je suis la seule à pouvoir le mettre à nue d’une simple analyse visuelle. Et c’est ce que je fais, face à son dégoût suivant son aveu sur des réponses que je ne désire soi-disant pas. Cet homme a été maltraité par son passé, moralement ou physiquement. C’est évident à la seule volonté qu’il a de se barricader derrière une armure sur lequel il espère faire renvoyer la lumière sur ma propre personne, pour me déstabiliser. Je souris amèrement en le voyant successivement fuir mon regard, pour ensuite me compartimenter dans un stéréotype de « gosse de riche ». C’est méprisable. J’aurais pu en faire autant sur son cas, précédemment. Et j’aurais dû, quand je découvre à quel point cet homme est plein de préjugés.

_ Je n’ai pas de « formule gagnante », Joseph. Dis-je enfin en posant le verre sur la table, avec une légère dureté dans la voix. _ Il n’y a aucune éducation idéale. Aucun chemin de vie parfait. Nous avons tous des griefs plus ou moins importants vis-à-vis de nos géniteurs – y compris le fils du prix Nobel de la paix, et tu sais pourquoi ? Question rhétorique. _ Parce qu’il est plus facile de reporter la faute sur eux plutôt que sur nous même. J’ancre mon regard lagon dans le sien, avec détermination. _ Qu’on le veuille ou non, nous faisons nos propres choix – suivant une éducation, c’est entendu – mais nos propre choix tout de même. Alors ne vient pas mettre la faute sur le dos de tes parents, qu’importe ce qu’ils ont été ou non pour toi. Et si sur ton lit de mort tu auras le sentiment d’avoir réussie ta vie parce que tu te seras fait des milliers de femmes entre deux prises de cocaïne, que grand bien te fasse. En attendant… Je me penche lentement en sa direction. _ Ne me fait pas l’affront de me cataloguer dans ses petites cases qu’ont les esprits étriqués. Je me repositionne, puis me saisie de mon verre. _ Quant à tes questions, je ne les ai pas « zappés », comme tu l’avances Joseph. Tes questions, j’ai pris le temps de les analyser pour savoir si oui ou non tu étais digne que j’y réponde avec franchise. Verdict ? Non. Suite à ta plaidoirie de défense, pour me convaincre de me mêler de mes affaires, j’ai le déplaisir de constater que je ne suis à tes yeux qu’une « gosse de riche », faisant la fierté de papa et maman, ayant fait toujours les bons choix pour devenir « parfaite ». Je marque une pause pour me désaltérer, conserver mon calme. _ Maintenant, tu m’excuseras, mais cette conversation m’a coupée l’appétit. Je te laisse savourer ton Homard ainsi que cette suite à l’hôtel. Je dépose à nouveau le verre, puis me lève. _ N’oublie pas de la rendre avant onze heures demain matin, sinon elle te sera facturée pour la nuit suivante. Je contourne la table pour lui susurrer ces mots à l’oreille, cassants, telles que n’ont été les siens face à ma méprisante « perfection ». _ Et je doute qu’un pauvre ex-taulard, mignon, et drogué de surcroit, puisse se permettre un tel luxe. Je marque une courte pause. _ C’est très désagréable, n’est-ce pas, de n’être vue que comme les stéréotypes nous imaginent. Je me redresse, puis lui souhaite courtoisement. _ Sur ce, bonne soirée Joseph, ce fut un plaisir de te rencontrer.

Je prends la direction de maître d’hôtel pour payer d’avance les plats qu’il consommera. Je ne m’attends pas à ce qu’il me rattrape, ni ne me retienne. Et je ne pense en avoir l’envie. Je pensais avoir déceler une belle âme derrière les apparences, à tort. Cet homme ne cherchait rien de plus qu’à profiter de la fortune d’une femme esseulée en la charmant de discours faussement timides. J’ai été tellement naïve. Je sors du restaurant sur cette pensée, décevante.

@Joseph Keegan
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Message(#)Propose-moi le paradis [Aub&Jo] EmptyMer 28 Nov 2018 - 20:54


Propose-moi le paradis
Joseph Keegan & Aubrey Kruger
C’est l’explosion. Une bombe atomique qui s’écrase au beau milieu de la table. Une seule survivante; celle qui s’est sentie assez vexée pour planter ses griffes dans ta main. Et qu’est-ce que tu n’arrives pas à comprendre la raison de ces nouvelles hostilités. Tu n’as pas l’impression d’avoir dit la mauvaise chose. Mais, ça, c’est bien parce que tu as toujours été habitué de parler comme ça. Tu fais partie des voyous, des délinquants. Tu as choisi ce clan en pensant que c’était celui qui te ressemblait le plus. Et tu ne t’étais pas trompé. Devant Aubrey, tu es devant un tout autre univers. C’est bien la première fois que tu te retrouves dans une situation aussi étouffante. Celle que tu embrassais quelques heures plus tôt fait usage de beaux mots pour te rappeler que tu n’es pas le seul autour de la table qui a eu ses problèmes. Tu es loin de penser le contraire, tu as compris depuis bien assez longtemps que le monde ne tourne pas autour de toi. Pourtant, tu te prends une avalanche en plein dans la figure et tu ne peux rien faire pour te défendre. Tu te contentes de serrer tous les muscles de ton corps et, bientôt, tu sens tes ongles s’enfoncer dans la chair de tes paumes. Elle affirme que tu pouvais faire tes propres choix même si tes parents t’intimaient les leurs. Tu secoues la tête, machinalement, et tu détournes la tête pour fermer les yeux un moment. Tu prends le temps d’écouter ta respiration dans le but de calmer tes nerfs qui commencent à brûler sous ta peau. Mais, bientôt, Aubrey renchérit, te rappelant ton addiction pour la drogue. Tu passes nerveusement ta main dans tes cheveux sans plus jamais poser tes yeux dans ceux de ta compagnie, et tu veux préciser entre deux reproches que tu ne collectionnes pas les femmes mais tu n’as pas le temps. Aubrey te coupe rapidement en s’inclinant vers toi et tu te recules contre le dossier de ta chaise pour éviter de sentir ses mots te caresser les oreilles. Elle continue, encore et toujours, t’envoyant à la tête des reproches mal fondés qui t’hérissent le poil. Elle pense que tu l’as étiquetée comme une gosse de riche mais elle se permet de te ranger dans la catégorie des drogués qui ont choisi de le devenir. Cette injustice assombrit ton regard mais tu ne dis toujours rien, sachant que si tu permets à un premier mot de sortir de ta bouche, tu ne pourras plus retenir toutes ces insultes qui s’entassent dans le fond de ta gorge. Une fois que tu as commencé, tu ne peux plus t’arrêter. Tu préfères éviter de te prendre une baffe, tu ne sais jamais comment tu peux réagir lorsqu’on te frappe. Un court silence suit les hostilités et tu redresses vivement la tête lorsqu’Aubrey pose son verdict final sur la table : elle va partir et te laisser de nouveau seul. Tu fronces les sourcils et tu secoues légèrement la tête sans t’en rendre compte. Tu n’as pas ton mot à dire et la psychologue se lève dans le but de s’approcher de toi pour susurrer ses dernières insultes à ton oreille. Tu ne réagis absolument pas car elle ne t’apprend rien de nouveau. Évidemment que tu ne peux pas payer ce repas, cette suite. Tu ne peux même plus t’acheter un simple sandwich dans un dépanneur. Tu glousses finalement en posant à nouveau tes yeux dans les siens et tu lui offres un minuscule sourire aussi faux qu’une guitare mal accordée et tu l’observes tourner les talons sans plus jamais ouvrir la bouche. Ce dernier sourire, il n’était là que pour cacher ton vrai visage. Maintenant que tu te retrouves seul, comme toujours, ton cœur se serre à nouveau pour te rappeler que tu ne peux compter que sur toi, maintenant. Tu restes callé dans ton siège, les pensées ailleurs et le regard perdu lorsque la première bouteille de vin et l’entrée d’huitres se posent sur la table. Tu ne prends pas la peine de remercier le serveur, tu t’empares d’un premier crustacé que tu portes à ta bouche avant d’afficher une expression de dégoût. Ça y est. Tu sais maintenant que tu n’aimes pas les huitres. Mais, ça, c’est uniquement parce que tu as complètement perdu ton appétit, toi aussi. Tu fixes le plat de longues secondes avant de finalement décider de sortir d’ici, sans oublier de récupérer la bouteille de vin blanc qui t'accompagnera. Tu sors du restaurant en enfonçant ta main libre dans ta poche et tes doigts viennent se saisir d’un carton épais. Tu le glisses hors de ta poche, tu poses tes deux iris sur la carte d’affaire d’Aubrey et, sans que tu ne le veuilles, ton cerveau mémorise toutes les informations rassemblées dessus. Son nom complet, son numéro de téléphone, l’adresse de sa clinique. Sans y penser davantage, tu déchires la carte et tu t’en départies. De nouveau seul, tu fixes la hauteur des immeubles et, te sentant minuscule, tu décides de rebrousser chemin et de te diriger là où quelqu’un connait ton nom. La route sera longue mais, la patience, tu la côtoies tous les jours. Et, tu as déniché un peu d'alcool pour te permettre d'oublier cette soirée de merde. C’est autour de minuit que tu sonnes chez Blake, et, quand on vient t’ouvrir, tu arbores à nouveau cet air de pierre qui te caractérisait si bien quand tu étais encore un criminel.  
       
 
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