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 Sur la deuxième marche. [Jo&Aub]

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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptyVen 30 Nov 2018 - 21:08


Sur la deuxième marche
Joseph Keegan & Aubrey Kruger

Deux heures s’écoulent. Tu ne te souviens pas de la dernière fois où t’as été endormi aussi longtemps. Tu as quelques fois réussi à t’assoupir dans les canapés à la bibliothèque hors des heures d’ouverture mais ton corps ne te laissait pas roupiller trop longtemps, alerte au moindre intru qui constaterait ton comportement déplacé. Tu n’es pas là pour dormir mais bien pour passer le balai et nettoyer les vitres jusqu’à ce qu’elles brillent. Tu te réveilles doucement en sentant des doigts chauds sur ton poignet. Ton premier réflexe est de te crisper car tu ne sais pas où tu te trouves. Tu ouvres les yeux, rapidement aveuglé par la blancheur des murs. Les paupières à moitié ouvertes, tu scrutes le visage féminin près de toi et ses pupilles foncées rencontrent les tiennes. Tu ne connais pas cette femme et tu ne penses pas qu’elle te connait. Elle retire finalement sa main de ton poignet et c’est à ce moment que tu prends conscience d’une certaine pression dans ta veine.

- Prenez votre temps monsieur Keegan. Vous êtes à l’hôpital.


Les yeux rivés sur ce fil planté dans ta peau, tu glousses nerveusement. Ce n’est pas de la drogue, pourtant, ça te procure la même sensation qu’une seringue et, malheureusement, tu en tires une certaine satisfaction.

- Ce liquide vous apporte tous les nutriments dont vous avez besoin. Ne vous inquiétez pas, ça ne fera pas plus mal. Faites simplement attention de ne pas trop bouger votre bras.

Tu l’écoutes d’une oreille. T’es concentré à loucher sur ses dents. Tu finis par hocher la tête, encore quelque peu dans les vapes. L’infirmière sort de la pièce et tu reposes ta tête contre l’oreiller moelleux. Un lit, un vrai. Si tu avais su, tu te serais évanouit plus tôt. Et, c’est là que tu t’en rends compte. Un matelas, une chambre, des soins. Tu n’as pas les moyens de rembourser tout ça. Tu écarquilles les yeux, tu te redresses et tu lances :

- Infirmière ?! J’suis pas assuré ! J’peux pas payer ça !


Tu attends quelques secondes, le souffle court, l’attention posée sur le cadre de porte et ton corps se détend entièrement lorsque c’est la silhouette d’Aubrey qui entre dans la chambre. On peut lire dans ton regard une certaine incompréhension mais tu te souviens d’absolument tout. Le cabinet, le bonbon à la menthe, la danse absolument pas réciproque, ses seins nus. Un ricanement encore un peu faible s’empare de toi, tu soupires avant de te mordre la langue pour t’empêcher de dire une connerie… Et c’est une connerie que tu lâches en premier.

- L’infirmière avait du rouge à lèvre sur les dents. Quelqu’un devrait lui dire.

Tu détournes les yeux, ne voulant absolument pas accueillir le regard d’Aubrey. Tu ne la laisses pas répondre, tu enchaînes immédiatement pour l’empêcher de te poser les stupides questions formelles auxquelles tu ne veux pas répondre.

- Je vois que tu as remis ton chemisier. Tu as bien fait, c’est pas tout le monde qui mérite d’avoir un aperçu de ces deux merveilles. On devrait contacter le gouvernement pour qu’il classifie ta poitrine comme quelque chose de protégé. Au même titre qu’un parc, ou qu’un monument célèbre.


Tu t’empourpres légèrement mais tu es bien trop pâle pour que ça ne paraisse. Tu offres un sourire qui se veut rassurant à ta compagnie. Tu t’es déjà senti bien moins bien qu’en ce moment. Tu es encore un peu étourdi mais tu sais que ça passera. T’as fait subir bien pire à ton corps, il saura se remettre d’un simple malaise. Et, la douleur à ton crâne, tu ne l’as ressens pas. Seul un léger mal de cœur trahit ta commotion.      
         
         
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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptySam 1 Déc 2018 - 1:48


J’attends. Depuis deux bonnes heures maintenant. J’attends que l’on vienne me donner des nouvelles de Joseph, et c’est insoutenable. Je n’ai pas pour habitude de ressentir de l’anxiété au quotidien. Je comprends à présent pourquoi mes patients ont horreur de cette sensation, étouffante. Cela ressemble à s’y méprendre à une petite mort, alors que cela n’en est absolument pas une. Je le sais. Je n’ai aucun symptôme m’inquiétant d’un trépas relativement proche. Cependant, cela ne m’empêche pas de me sentir très mal. Excessivement mal, j’ai envie de dire. Il faut que je sorte m’aérer un peu au risque de faire une crise de nerf. Je quitte donc mon siège où mes fessiers commencent à s’engourdir, pour rejoindre la devanture de l’entrée des urgences. Lorsque j’y suis, mon téléphone sonne au creux de ma main. C’est mon cabinet. Je décroche immédiatement.  

_ Allo. C’est Tessa à l’appareil, bien evidemment. Elle me demande si je suis toujours à l’hôpital. _ Oui. Les médecins ne m’ont pas encore donnés de nouvelles de Monsieur Keegan. Le souligner accroit mon anxiété considérablement. Comme si je venais d’admettre à haute voix que ce n’est pas normal. _ Oui. Je sais. Elle me rappelle mes rendez-vous qui m’attendent dès la demi-heure qui arrive, et cela m’ennuie. Je ne peux pas me résoudre à retourner travailler dans de pareilles conditions. Le travail n’est pas plus important que la santé d’un… ami. Je prends donc la décision, pour la première fois de toute ma vie, de faire passer mon activité après ma vie personnelle. _ Annulez tous mes rendez-vous pour aujourd’hui et excusez-moi auprès de mes patients. En espérant qu’ils comprennent. _ Oui, tout-à-fait. Reprenez leur également un rendez-vous dans les plus brefs délais s’ils en formulent le souhait. D’ailleurs, s’il le faut, caser certain dans les créneaux horaires des urgences. C’est le minimum que je puisse faire pour me faire pardonner ces annulations de dernières minutes. _ Merci. Bonne soirée Tessa.

Je coupe la communication lorsque ma secrétaire m’a retournée la politesse, le regard visé sur l’intérieur des urgences. Le médecin qui a prit en charge Joseph apparaît au loin. Je me hâte à le rejoindre pour poser cette question qui me brûle les lèvres depuis plus de soixante minutes : comment va-t-il ?

_ Ah, madame Keegan, c’est vous que je venais voir justement. Madame Keegan ? _ Votre mari a été mit sous perfusion dès son admission et son état est à nouveau stable, il n’y a plus rien à craindre au delà de sa légère commotion cérébrale.
_ Il va s’en remettre ? Je demande, faisant abstraction de corriger l’erreur du médecin.
_ Oui. Totalement d’ailleurs. Toutefois, nous allons le garder un peu en observation pour s’assurer que tout va bien.
_ D’accord. J’acquiesce, soulagée. Plus de peur que de mal.
_ Pardonnez moi ma curiosité mais comment se fait-il que votre mari se soit retrouvé dans de pareils conditions physiques ? Je fronce les sourcils, hébété. _ Ne le prenez pas mal mais lorsque je vous regarde, je me fais la remarque que vous ne semblez manquer de rien alors… Enfin je m’interroge sérieusement sur le mode de vie de votre époux.

C’est étrange comme les mots me semblent soudainement totalement incompréhensible. J’ai  bien conscience de leurs poids, de leurs gravités, de leurs enjeux, mais je reste incapable de les contredire. Comme si une partie de mon cerveau ne se remettait toujours pas du choc de voir Joseph s’effondrer au sol, inerte.

_ Madame Keegan ?

Je refais surface, dans un imperceptible sursaut.

_ Excusez-moi je… Vous disiez ?
_ Rien de bien important. Promettez-moi juste de bien faire attention à lui à l’avenir. Il est important qu’il dorme plus et se nourrisse convenablement. Vous me comprenez ?

J’acquiesce silencieusement. Bien-sûr que je comprends. Ce que je ne comprends pas cependant, c’est pourquoi ce médecin pense que Joseph et moi sommes mariés. Nous appartenons à deux mondes différents. Croit-il sincèrement que je laisserai mon époux sans un toit où dormir, ainsi que sans une table où se nourrir ? Je ne suis pas un monstre et… Non. Il faut au plus vite que je rectifie ce détail important.

_ Docteur je…
_ Oui. Vous pouvez aller le voir à présent. Chambre 105. A plus tard.

Non ! Il me contourne puis repart immédiatement. C’est ahurissant ! Et je devrai courir pour le rattraper mais finalement, après brèves réfléxions, j’opte de ne rien y faire. Cela ne changera rien qu’il me croit sa femme ou non ; il me demandera sûrement de le surveiller tout autant - et à ce-propos,  j’en ai bien l’intention – alors je préfère me rendre immédiatement au chevet de ce dernier. Lorsque j’arrive non loin de sa chambre, je l’entends signaler à une infirmière qu’il n’est pas assuré et ne peut pas payer « ça ». Je m’arrête quelques secondes dans le couloir, concluant qu’il s’agit certainement de ce petit séjour aux urgences, puis me décide à me dévoiler dans le chambranle de sa chambre. Il m’apparaît beaucoup plus détendu, à ma vue. Peut-être parce que je suis un visage familier.  Cela aide parfois, dans un lieu aussi oppressant que n’est l’hôpital. Je m’approche doucement de son lit pour lui demander comment il se sent, mais je suis interrompu par une remarque sur les dents de son infirmière. Apparemment, elle aurait du rouge à lèvres sur celle-ci et il faudrait que quelqu’un lui signale. Je me dévouerai bien, si seulement je savais de quelle infirmière il est question. Je n’ai croisée personne dans le couloir. Je voudrai bien lui dire, d’ailleurs, or je suis à nouveau coupé dans mon élan. Joseph me parle de mon chemisier que j’ai bien fait de remettre. Je n’envisageai pas de sortir de mon cabinet sans, à vrai dire. Mais selon lui, c’est surtout parce que tout le monde ne mérite pas de voir ces deux « merveilles ». Je souris instantanément, flattée qu’il associe ma poitrine à un monument que l’on classifie. C’est vraiment adorable. Et je ne me retiens pas de lui signifier, dès qu’il se tait.

_ C’est un compliment vraiment adorable que tu me fais là, Joseph. J’en suis sincèrement touchée. Je pointe brièvement le bord de son lit, de mon index. _ Je peux ? Je lui demande avant de m’y installer, doucement. _ Tu m’as fais très peur tu sais. Je lui avoue en m’hasardant à poser ma main sur la sienne, à même le matelas. _ J’avais bien remarqué un amaigrissement certain chez toi, mais jamais je n’aurais imaginé que tu ne mangeais pratiquement pas. Je pensais qu’il existait des associations ou… Je baisse les yeux. _ Excuse moi. C’est maladroit ce que je fais présentement. Je me fie moi-même à des idées reçues alors que je ne devrais pas. Je le regarde à nouveau, droit dans les yeux. _ Je ne connais rien de ta vie en dehors des grandes lignes, et je ne te poserai pas de question. Je tiens juste à ce que tu saches que je suis entièrement disposée à t’aider à t’en sortir. Je marque une pause. _ Mon mari est absent en ce moment. Il réside à Sydney dans notre ancienne maison, dans l’attente de la vendre. Si tu le souhaites tu pourrais y venir vivre quelques jours à ta sortir d’ici ? Cela te permettrait de te remettre sur pied et de ne plus être seul. Je rie quelque peu, timidement. _ J'avoue que ça me ferait du bien aussi... un peu de compagnie.

Le loft est trop grand et la colocation avec mes cartons commence à être plus que pesant. J’aimerais bien qu’il accepte de prendre cette main que je lui tends. Ne serait-ce que temporairement. Je ne le contraindrais à aucun changement définitif.
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@Joseph Keegan
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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptySam 1 Déc 2018 - 20:15


Sur la deuxième marche
Joseph Keegan & Aubrey Kruger

La présence d’Aubrey te rassure, mais pas parce que l’hôpital te fait peur. Tu es déjà venu ici pour un ami qui avait beaucoup trop consommé. Une overdose de poudre blanche qui avait complètement gâché ton nouvel an. Tu l’as vu convulser tandis qu’un filet de sang coulait le long de ses lèvres et de son menton, tu as vu les infirmiers en panique fermer les portes devant tes yeux pour t’éviter la vision. Mais t’es resté pour lui, le sang gorgé d’alcool et les yeux rougis par l’herbe que tu avais fumé en attendant que l’on tourne la page du calendrier. Il s’en est sorti et ça ne l’a pas empêché de continuer sa consommation de drogues. Un très mauvais exemple que tu as suivi parce que t’as qu’une seule vie à vivre, tu n’as jamais eu envie de te priver de cette magie. Aujourd’hui, le simple fait de voir que la psychologue est restée à attendre ton réveil te réchauffe le cœur. Tu n’es pas réellement seul comme tu le pensais. Pour remercier sa présence, tu complimentes sa poitrine. Un bon moyen de détourner l’attention. N’importe quelle femme serait surprise d’entendre un homme partager son avis concernant ses seins, d’autant plus que vous n’êtes rien d’autre que des… amis ? Lorsque ta compagnie demande ton autorisation pour s’asseoir sur le matelas, près de toi, tu souris en coin et tu hoches la tête.

- Je serai toujours d’accord pour partager mon lit avec toi.

Sans sous-entendu, évidemment ! La belle s’installe, son poids creuse le matelas et tu as encore moins l’impression d’être esseulé. Ses prochaines paroles ne te font pas réagir en surface. Ton expression reste neutre mais tes pensées, elles, divaguent. Elle a eu peur. Peur pour toi ? Peur de te perdre ? Que des gens s’inquiètent pour toi, tu n’y es pas habitué. Tes yeux intrigués se posent sur la main féminine qui vient à peine d’atterrir sur la tienne. Tu ne bouges pas, aussi immobile qu’une chaussette abandonnée au fond de la machine à laver. Finalement, c’est un gloussement qui trahit ton état stagnant.

- Ah bon ?

T’aurais aimé la remercier, lui faire part de ta reconnaissance mais tu n’y arrives pas. T’es sous le choc. La commotion t’a moins ébranlé que cette révélation. Tu n’as pas le temps de t’en vouloir d’être aussi têtu qu’elle continue, notant ton poids différent mais précisant qu’elle était certaine qu’il existait des associations pour aider les gens dans ta situation. Tu te mords la lèvre, baissant les yeux, légèrement honteux. Bien sûr qu’elle a raison. Les plus pauvres ne sont pas laissés à eux même. Mais t’as été assez idiot de penser que le prix à payer pour obtenir un plat gratuit était plus fort qu’un prix en argent.

- Non, non. Ce ne sont pas des idées reçues. Il existe bien des regroupements de gens assez généreux pour offrir des plats aux… sans-abris (ce mot te fait tellement mal). Je n’ai simplement pas le courage de m’afficher, là-bas. Je ne veux pas officialiser le fait que j’suis dans le bas de l’échelle.

Une peur constante de montrer à la ville entière que tu n’y appartiens pas, que t’es un simple parasite dans le corps d’une société. Les parasites, on s’en débarrasse et on les brûle. Tu passes ta main libre dans ton cou pour cacher le malaise qui obstrue ta gorge. Ce que dit Aubrey à la suite t’hébète, tu entrouvres la bouche, muet de réaction, et c’est seulement lorsqu’elle conclue en affirmant qu’elle aurait elle aussi besoin d’un peu de compagnie que tu reposes ta tête contre l’oreiller en soupirant fortement. Tu réfléchis, tu te poses les questions les moins essentielles. Tu ne sais pas si tu arrives à la croire. Ça fait des mois que tu t’arroches aux bottes de tes soi-disant vieux potes, les suppliant de te laisser passer la nuit chez eux, tentant parfois des techniques complètement immorales telle que l’entrée par infraction. Tu te redresses vivement et c’est une sorte de couinement qui sort de ta bouche.

- Putain, t’es sérieuse ? La chose à faire était de ne pas demander ?


Et tu écarquilles les yeux, prenant conscience de tes propos déplacés. Tu souris timidement, tu te râcles la gorge et tu te reprends.

- Pardon, pardon. J’imagine que c’était pas la meilleure chose à dire. Hum. Merci, Aubrey, c’est vraiment gentil de ta part.


Puis, tu prends conscience du sens de ses paroles. Son mari habite à des centaines de kilomètres d’ici, elle est seule depuis tu ne sais pas combien de temps. C’est bien ça la raison pour laquelle elle se permet d’approcher d’autres hommes qui, eux, sont présents. Tu penches la tête sur le côté en croisant le regard de la psychologue qui a préféré rester avec toi au lieu de profiter de sa journée.

- T’es pas habitué à la solitude, alors. Tu cherches quelqu’un pour remplacer la présence de ton mari. C’est quelque chose que j’ajouterai à mon rapport de psychologie.

Un sourire malin soulève la commissure de tes lèvres et tu te redresses davantage, agitant un peu trop ton bras. Tu grimaces en sentant l’aiguille légèrement se déplacer mais, rapidement, tu te rends compte que c’est une douleur plutôt agréable. De ta main libre, tu viens masser là où est plantée la perfusion, dans le but de la sentir, puis tu interroges Aubrey du regard :

- L’infirmière aux palettes rouges veut me garder bien longtemps ?
 
         
         
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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptySam 1 Déc 2018 - 22:22


Il sera toujours d’accord pour partager son lit avec moi. Je trouve cette remarque particulièrement adorable. Peut-être même plus que ne l’a été son compliment au sujet de ma poitrine, précédemment. Je ne saurais dire pourquoi, d’ailleurs. Mais ce que je sais, c’est que j’apprécie sincèrement de le découvrir ainsi. Cela m’encourage à lui partager cette peur qui m’a étreinte lorsque son corps s’est effondré lourdement sur le sol. Une révélation qui ne manque pas de le surprendre immédiatement, au point de m’en demander spontanément une sorte de confirmation, ce que je lui fournis sans attendre.

_ Oui. J’affirme doucement en lui souriant, sincèrement. _ Je me suis sentie réellement terrorisée par l’idée de te…

Je m’interromps. Te perdre ? Te voir mourir ? C’est du pareil au même, d’une certaine façon. Néanmoins je demeure incapable d’opter plus pour l’un plus que pour l’autre. C’est que c’est relativement lourd de sens, n’est-ce pas ? On ne s’inquiète pas à ce point de la survie d’un homme qui ne compte pas. On ne se ronge pas les sangs aux urgences pour une banale connaissance. Non. On se met dans des états pareils pour quelqu’un ayant déjà une grande importance à nos yeux et… Et je ne me suis pas préparé à lui faire confession avant cet instant précis. Il faut bien que je termine ma phrase, pourtant. Joseph voudra forcément s’enquérir du fond de ma pensée alors, après ces longues secondes d’hésitation – qui m’ont paru être une éternité, je me lance à lui dire tout haut ce que j’ai tu plus tôt.

_ De te perdre définitivement.

Cela peut paraître incroyablement idiot après l’analyse vite faite de notre relation – ô combien chaotique et invraisemblable – mais c’est la stricte vérité. L’idée qu’il m’ait été amené de le voir une ultime fois m’effrayait bien plus que n’importe quoi. Je ne pouvais pas me résigner à admettre qu’il n’était peut-être qu’une parenthèse dans mon existence routinière. Une brève rencontre qui m’aurait ouvert les yeux sur la vie, avant de lui même les fermer pour de bon. Cela m’était impensable, impossible. Même si le diagnostic vital laissait présager cette conclusion funeste, je priais ardemment pour qu’un petit miracle se produise. Et il s’est produit, ce miracle. Joseph est bien vivant devant moi et… je m’en veux de ne pas m’avoir plus inquiéter de sa maigreur extrême. Je m’en veux de lui laisser entendre que – moi-même – je me fie aux idées reçues sur les pauvres, qui ne sont finalement pas si fausse que je le pensais la seconde précédente. Il existe bien des associations dévouées à nourrir gracieusement les sans-abri, mais Joseph n’a pas le courage d’aller s’y afficher – de son propre aveux. Pour lui, c’est comme officialiser qui’il est arrivait au plus bas de « l’échelle ».

_ Je comprends.

Je comprends sans toutefois le cautionner, cependant. La survie est bien plus importante qu’une fierté mal placée. Mais qui suis-je pour le lui reprocher, n’est-ce pas ? Je suis la première à être dicté par mon honneur. La preuve en est : pas plus tard qu’il y a tout juste quelques minutes, j’ai failli dire à un médecin que je n’étais pas son épouse, uniquement pour la sauver de l’image déplaisante qu’il associait à ma personne. Sur ce fait, je ne me permets pas de lui donner une leçon qu’il n’accepterait sûrement pas. Il sait que c’est idiot de  s’affamer par égo, mais il le fait tout de même. Et j’en suis intimement convaincue qu’il en a  conscience. Le plus important maintenant est de l’aider à ne surtout pas recommencer. Je lui propose donc naturellement de venir loger chez moi quelques jours suite à sa sortie, sans le lui imposer. Une suggestion qui ne manque pas de le choquer, laissant son naturel revenir aux triples gallots.

_ Oui, oui, je suis parfaitement sérieuse. Dis-je, en cherchant bien où j’ai pu commettre un impair, tandis qu’il me reproche d’avoir osée lui poser la question. _ Je n’allais pas m’autoriser à te l’imposer, tout de même ! Me défends-je soudainement. _ Je ne suis pas…

ta femme. Je retiens sous silence cette appellation, me rappelant que pour le médecin c’est effectivement le cas. Cela me donne d’ailleurs immédiatement une idée sur comment payer son séjour, tandis que Joseph se rattrape en s’excusant puis me remerciant tour-à-tour.

_ Tout le plaisir est pour moi.

Je réponds inconsciemment, toujours songeuse quant à mon idée soudaine. Il faut impérativement que ses soins soient pris en charge par ma propre mutuelle. Il faut donc que le nom de famille sur son dossier soit changé. Je souris face au risque considérable que je prends d’éveiller les soupçons de mon époux, lorsque Joseph me sort de mes songes par sa conclusion quant à mon offre.

_ Pourquoi le cacher ? Je lui demande très sérieusement, le sourire aux lèvres. _ Tu as deviné dès notre rencontre que je ressentais une profonde solitude m’incitant à jouer avec le feu pour me sentir vivante. C’est donc logique. Cependant, au delà de cette simple conclusion que tu ajouteras à ton « rapport psychologique », je lui fais un clin d’œil, il y a une réelle volonté de t’aider à remonter graduellement l’échelle. Comme je veux m’assurer personnellement que tu ne manqueras plus de rien, je fais le choix de faire d’une pierre deux coups. Tu me tiens compagnie, et je t’offre un toit et trois repas par jour garantie.

C’est plutôt un bon deal il me semble, non ? Oui. Enfin jusqu’à ce que monsieur Kruger ne rentre à la maison, ou que Joseph en ait marre de partager le loft d’une riche épouse coincée.

_ Je n’en ai aucune idée. Je lui réponds aussitôt à son interrogation. _ Le médecin m’a dit que tu as une légère commotion cérébrale, et qu’il souhaitait te garder quelque temps en observation pour être certain que tu n’aies rien. Cela peut-être vingt-quatre heures, ou plus.

J’ai beau avoir l’appellation de docteur, je n’ai pas les connaissances adéquates pour être plus précise.

_ Je vais aller me renseigner. Je reviens.

Je l’informe aussitôt, en le quittant. Je dois m’occuper du problème de mutuel au plus vite. Je regagne donc le bureau des infirmières où je pose en premier lieu la question qui intéresse Joseph. L’infirmière présente me confirme que cela sera quarante-huit heures maximum si son état reste stationnaire. Ensuite, je lui demande d’apporter une correction à son dossier, celle du nom de famille. Elle ne comprend pas pourquoi je transforme le nom « Keegan » en « Kruger », mais l’explication que je lui fournie – sous couvert d’un talent d’actrice que je ne me connaissais pas – suffit de la convaincre d’une stupide méprise de ma part. Qui peut reprocher à une femme sous le choc d’écorcher son nom de famille ? Personne, n’est-ce pas ? Elle rectifie donc l’information, puis s’affaire à entrer les numéros de ma mutuelle au dossier, avant que je rejoigne à nouveau Joseph a qui il va falloir expliquer la marche à suivre. J’ai déjà réfléchie à tout, d’ailleurs.

_ Quarante-huit heures maximum. Je lui indique charmante, tandis que je reprends place aussitôt au bord de son lit. _ Si d’ici là il n’y a rien à signaler, tu obtiendras ton bon de sortie signé de la part du docteur. D’ailleurs, il est fort probable que dans les prochaines heures tu sois étonné que le personnel médical t’appelle monsieur Kruger. Je poursuis, déterminée à lui confier au plus vite la supercherie que j’ai organisée mentalement. _ Pour éviter cette réaction, je vais t’expliquer ce que je suis partie faire, en plus de me renseigner. Je marque une pause. _ Il s’avère qu’avant de te rejoindre tout à l’heure, je t’ai entendu crier que tu n’avais pas de mutuel. Et, par un heureux hasard, juste avant, le médecin qui s’est occupé de toi s’est imaginé que j’étais ta femme. Ce qui m’a donné une idée pour t’aider à financer ton séjour. Nous allons bien être mari et femme mais nous allons l’être sous mon nom, pour la mutuelle. A partir de maintenant tu t’appelles Jon Kruger. Tu es un homme dévoué à une grande cause. Tu as décidé de faire la grève de la faim et du sommeil pour défendre tes valeurs, et tu as fais un malaise dans le bureau de ton épouse a qui tu étais venu apporter des nouvelles sur ton action. Je marque une nouvelle pause. _ Je sais que cela semble tirer par les cheveux mais crois-moi, chez les riches, ce genre de comportement n’est pas étonnant.

Certains ont des lubies très étranges. Bien plus que celle de se laisser mourir pour de nobles causes.

@Joseph Keegan
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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptyDim 2 Déc 2018 - 1:29


Sur la deuxième marche
Joseph Keegan & Aubrey Kruger

Une réelle incompréhension a pondu ses œufs au fond de ton ventre, comme un virus propageant une idée qui contamine tout ton être et qui t’empêche de croire quiconque te présentant des signes évidents d’affection. Jamais personne ne t’a fait part de tels sentiments en ton égard. Tu t’étais habitué, à force d’être regardé de haut par des gens qui pensent que l’argent font la cervelle. Et, les filles… Les filles… Tu soupires. Tu les adores, les filles. Mais jamais tu n’es tombé en amour. Jamais ce sentiment s’est emparé de ton cœur, du moins, c’est ce que tu crois. Peut-être que l’amour est simplement une drogue moins forte que la cocaïne, cette dernière t’empêchant donc de ressentir quelque chose. Non. Non. Les filles qui sont intervenues dans ta vie sont seulement intervenues dans ton lit. L’école t’a permis de rencontrer quelques perles mais jamais elles n’ont planté une graine dans ton cœur. T’as conclu que t’étais incapable d’aimer et que, par le fait même, tu ne pouvais pas accueillir les sentiments des autres. Aubrey t’admet avoir eu peur de te perdre définitivement, pourtant tu ne l’as rencontrée que très récemment et votre premier rencart (si on peut le surnommer ainsi) s’est terminé aussi mal que le premier voyage du Titanic. Tu plisses le regard, soudainement mal à l’aise à l’idée d’avoir inquiété une personne qui ne te doit absolument rien. Alors, tu ne peux pas accepter l’idée et simplement t’excuser de lui avoir causé du mal.

- Oh, tu sais. Je t’assure que t’aurais trouvé quelqu’un d’aussi bien que moi qui ne s’évanouit pas après avoir dansé trois minutes.

Un léger rire te secoue légèrement, tu finis par soupirer en détournant les yeux, incapable de supporter ce regard de mère sur toi. Une mère que tu n’as jamais eue et qui arrive trente ans trop tard. En ce qui concerne ta santé, jamais tu n’aurais pensé être aussi épuisé. Tu manges quelques fruits, quelques collations chez Blake quand il accepte de t’ouvrir la porte, ce qui n’arrive pas toujours. Tu avais remarqué ton corps plus mince mais quand la perte de poids se fait progressivement, on la constate moins facilement. Cette danse t’avait complètement achevé mais il fallait bien que ça arrive un jour ou l’autre. Un avertissement. Celui qui t’informe que ton égo est surdimensionné et qu’il faudra que tu apprennes à ignorer le jugement des autres si tu ne veux pas mourir avant de connaître la crise de la quarantaine. Mais l’offre d’Aubrey te donne un nouvel espoir. Tu n’auras pas besoin d’aller quêter chez ceux que tu ne connais pas. T’as aucunement envie de rencontrer des gens qui sont dans la même situation que toi et tu ne seras pas obligé puisque la femme dans ton lit te confirme qu’elle est d’accord pour t’accueillir chez elle simplement pour t’aider à t’en sortir. Une petite voix au fond de ta tête te répète que tu n’as pas besoin d’aide, que tu pourras très bien te débrouiller par tes propres moyens mais tu la balaies du revers de la main, tu l’envoies valser dans toutes ces pensées dont tu t’es débarrassé dans le passé. Étrangement, Aubrey se défend de ne pas avoir voulu t’imposer le choix de venir vivre chez elle. Pourtant, tu ne lui as jamais reproché ce fait. Tu fronces les sourcils, légèrement perdu, mais lorsqu’elle ne termine pas sa phrase, ça capte ton attention et tu souris légèrement.

- Tu n’es pas quoi ?

Un sourire rassuré est planté dans ton visage depuis que tu sais que tu ne dormiras pas à la rue dans les prochains jours. Qu’est-ce que ça peut faire du bien de savoir qu’on ne risque pas pioncer sous les étoiles, devant les témoins de sa pauvreté. Tu écoutes attentivement les réflexions d’Aubrey et quand elle fait un clin d’œil entre deux mots, tu souris davantage, un sourire faussement fier. Elle conclue les explications de cette envie de t’aider et tu hoches doucement la tête en te mordant la lèvre inférieure.

- Trois repas ? Tu veux m’engraisser avant de me dévorer ?

Tes sourcils se froncent, tu réfléchis un moment au deuxième sens de tes paroles. Ta référence se veut complètement innocente mais n’importe quelle personne faisant preuve d’imagination pourrait reconnaître le côté sexuel à la phrase. Tu reposes tes yeux dans ceux d’Aubrey avant de secouer la tête en murmurant :

- Ne réponds pas à cette question. Dans tous les cas, je t’assure que tu ne t’ennuieras pas avec moi. Si, évidemment, j’ai le droit de faire quelques conneries. J’espère que ta maison de riche n’est pas remplie de vases anciens qui n’attendent que de se faire renverser.

Tu la laisses s’inquiéter un peu avant de ricaner :

- Je plaisante. Je serai sage. Je crois.


Un sourire malin étire tes lèvres, t’as de nouveau retrouvé ton tempérament normal maintenant que tu sais que tu es entre de bonnes mains. Tu vas pouvoir arrêter de t’inquiéter pour la suite pendant quelques jours. Et, le mieux dans tout ça, c’est que t’auras pas à t’agenouiller devant Blake pour lui quémander son matelas. Une moue se dessine sur ton visage lorsqu’Aubrey admet ne pas savoir combien de temps tu seras coincé dans cette chambre d’hôpital. Elle tente en proposant vingt-quatre heures et tu grimaces. Ça serait beaucoup trop loin. T’as pas envie de rester coincé au lit si longtemps. T’as l’habitude, maintenant, de rester debout des heures durant. Tes jambes ont besoin de s’activer. Tu sens que tu auras de vilaines crampes de mollet si tu reste immobile plus de dix heures. Tu acquiesces lorsque la jolie femme se propose pour aller récolter un peu d’informations sur la durée de ton séjour et, lorsque sa silhouette disparait dans le corridor, tu reposes ton attention sur ton avant-bras dans lequel est planté la perfusion. Ça te dérange qu’elle soit cachée sous une sorte de tissu adhésif. Tu te pinces les lèvres en hésitant et tu te décides enfin à arracher ce qui cache l’aiguille. Mais quel genre de patient ferait ça. Un sourire assez troublé étire ta bouche et tu viens appuyer sur l’aguille. Un frisson traverse ton échine, tu reposes ta tête sur l’oreiller, les deux yeux écarquillés, comme si tu venais de te rendre compte de la stupidité de tes gestes. Tu avales de travers, ta gorge s’assèche, te pensées tournent autour de ton addiction et tu sursautes lorsque la voix d’Aubrey s’élève à nouveau dans la salle blanche. Tu te rassois sur le matelas en cachant ton bras avec ta main et tu écoutes ton amie.

- Quarante huit heures ? C’est une blague ? Putain, j’ai pas le cancer.


Aubrey enchaine en te précisant un fait assez étrange. Monsieur Kruger. Mmh. Qu’est-ce qu’elle a fait. Tu bascules la tête sur le côté et tu écoutes ses explications, amusé.

- Jon Kruger, c’est ça ? Fais gaffe car je vais jouer le jeu si tu me dis que je suis ton mari, maintenant. Et, la grève de la faim, quelle idée. J’ai l’air plus con que je le suis vraiment.

Tu rigoles doucement, absolument pas dérangé par ce plan qu’Aubrey a concocté sans ton avis. Si tu dois être coincé ici deux jours, il faudra bien que tu t’amuses un peu. La jeune femme vient de te donner le parfait terrain de jeu. Pour répondre à ses dernières paroles, tu fais mine d’être offensé avant de faussement la réprimander.

- Hé, oh ! Ne stéréotype pas les riches ! Ils ne font pas tous des trucs complètement idiots !


Tu la défies du regard mais tu conclues le sujet en passant ta main dans tes cheveux bien trop longs et en bataille. Tu observes gentiment les yeux bleu d’Aubrey, puis ses lèvres généreuses; tu te sens complètement seule avec elle.

- T’as l’intention de rester quarante-huit-heures ? Je suis ton mari, tout de même. Tu dois avoir bien envie de prendre soin de moi.
 
 
         
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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptyDim 2 Déc 2018 - 17:22

Joseph n’a pas le droit de dire ça. Il n’a pas le droit de prétendre que je trouverais forcément mieux que lui. Il n’y a pas mieux, que lui. C’est une aberration sans nom de le penser. Chaque être humain est unique autant que spéciale, et je refuse de le concevoir différent parce qu’il a fait un malaise après trois minutes de danse. Ces trois minutes, elles lui ont fait un bien fou moralement. Je l’ai vu de mes propres yeux. Pour rien au monde je n’aurais voulu un homme « ordinaire » pour me soulager de la frayeur qu’il m’a faite. Je préférerai revivre la même terreur que d’être ailleurs avec quelqu’un d’autre. Vous imaginez que ça m’arrive souvent qu’un homme qui me connaît à peine essaye de me sauver de mon isolement ? Jamais. Les gens que je côtoie ne me connaissent que pour le soutien moral que je leur apporte, généreusement ou non. Quant à mon mari, désespérément absent, il ne comprend pas lui-même les signaux d’alertes que je lui envoi au cours de nos appelles téléphoniques. Il ne comprend pas que mes « tu me manques » sont un signal de détresse pour moi, pour lui, pour notre couple. Je ne m’attache pas uniquement à Joseph parce qu’il est craquant, parce qu’il est adorable, parce qu’il est prévenant – à sa manière, ô combien discutable pour le commun des mortels. Je m’attache à Joseph parce qu’il est jusqu’alors l’unique âme qui vive qui me voit - ou veuille bien me voir - véritablement au delà des boucliers que je porte. On pourrait se dire qu’il a réellement autre chose à faire que ce préoccuper des problèmes sentimentaux d’une bourgeoise mangeant plus qu’à sa faim – comme se nourrir lui-même, par exemple –,  et cela serait à tort. Il m’a démontré en venant me voir pour m’aider plus que s’aider lui-même, qu’il situait ses priorités ailleurs. Ils les situaient mal, c’est un fait. Mais ils les situaient de sorte de démontrer sincèrement sa singularité, et son début d’attachement à ma personne.

_ Je t’interdis de penser cela, Joseph. Lui dis-je alors implacable, le regard néanmoins bienveillant. _ Je n’en ai rien à faire d’un type qui ne s’évanouira pas après trois minutes de danse. Je marque une courte pause. _ Le seul qui compte présentement à mes yeux : c’est toi ; et pour rien au monde je ne changerais cela.

Cela ressemble à s’y méprendre à une déclaration d’amour mais il n’en ait rien. C’est uniquement une déclaration d’amitié sincère. Une amitié que j’espère longue entre nous. Et une amitié qui je le souhaite, le sortira de cette misère dans lequel il est piégé. Je commence à m’y atteler en l’invitant à venir vivre chez moi quelques jours, ne serait-ce que le temps de se remettre sur pieds et de trouver une solution de replis acceptable à sa situation, pour lui. Or, mon invitation fait l’objet d’un quiproquo entre nous. J’imagine qu’il me reproche d’avoir juste poser la question, et j’en viens à plaider ma défense. A tort. Joseph est bien heureux d’être temporairement sortie de la rue par mes soins. Et il m’en remercie à sa façon, avant de m’interroger sur ce que j’ai tu auparavant. Tu n’es pas quoi…

_ Ta femme. Lui réponds-je assez naturellement, un peu gêné. _ Je n’ai pas le droit de t’imposer les choses comme si c’était le cas.

Ce qui est vrai. Cela serait on-ne-peut-plus déplacé. Et je ne parle pas de la fierté masculine qui a horreur d’être égratigné, pour quelque soit les raisons. On n’impose pas un homme des situations sous peine de le faire s’enfuir à toute allure ; on lui laisse entendre qu’il a le plein pouvoir de la décision de sorte qu’il soit en harmonie avec cette dernière. Tout un programme, effectivement.

_ Mais cela n’a plus la moindre importance. Nous nous sommes mal-compris encoreet le quiproquo est dissolue.

Il est d’accord pour venir vivre chez moi, et c’est tout ce qui importe. Que cela soit pour l’avoir à l’œil, ou combler mon besoin de compagnie, là également ce n’est que des détails. Je ne me formalise pas qu’il ait souligné le second point, par ailleurs. Il serait malvenu de nier ce qui n’est qu’à ses yeux l’évidence. Quant au deal que je lui propose, il est loin d’être désagréable. Nous apportons mutuellement à l’autre ce qui lui manque le plus. Un simple échange de bon procédé sans conséquences, dirons-nous. Enfin. Je l’imagine. Je ne me retiens pas de rire à la question qui suit de la part de Joseph. Le dévorer ? Moi ? C’est impensable. Je ne suis pas cannibale je… Aurais-je ratée un double sens qui ne me semblait pas apparent jusqu’à maintenant ? Je le crains. D’autant plus lorsque Joseph me demande explicitement de ne pas répondre à celle-ci. D’accord. Si nous pouvons nous épargner un éventuel malaise, je ne refuse pas. Car il va s’en dire que je n’ai jamais envisagée de l’inviter pour autre chose qu’une générosité amicale. Ma proposition était formulée en tout bien tout honneur. Je n’ai même pas envisagé qu’il puisse saccager mon loft par une maladresse éventuelle. C’est bien là une preuve que mes intentions sont louables, autant que dénuées de toutes ambiguïtés dissimulées. Je commence à m’inquiéter qu’il puisse briser le peu d’objet de collections que je possède d’ailleurs, quand il me rassure en riant. Je rie quelque peu avec lui, avant de lui assurer :

_ Dans tout les cas rien n’est irremplaçable. L’objet brisé ira à la poubelle avant d’être remplacé par un autre.

Le principe même de notre société de consommation. On achète, on jette, et on achète à nouveau. Le rouage bien huilé de toute bonne économie. Joseph s’interroge sur la durée de son séjour à l’hôpital. Je lui réponds très approximativement, avant de me dévouer à aller me renseigner. A vrai dire, j’ai surtout une autre idée qui m’encourage à l’abandonner quelques minutes : celle de faire passer ses soins sous ma mutuelle. Et pour ce faire, il est obligé de se faire rebaptiser sous l’identité de mon époux réel : Jon Kruger. Ce que je parviens à faire rectifier sous couvert d’une improvisation de la femme confuse autant qu’inquiète. Ensuite, je lui reviens pour lui fournir sa réponse. Je note bien mentalement qu’il a caché l’endroit où sa perfusion est installée par le biais de sa main. Cependant, je m’abstiens de le relever. Il est libre de vouloir garder secret la raison pour laquelle il y prête une attention toute particulière. De plus, le plus urgent reste que nos violons s’accordent devant le personnel hospitalier. Nos discours doivent être similaires, sous peine que notre légère fraude sans conséquence soit immédiatement découverte. Je passe donc sous silence son désappointement de rester quarante-huit heures dans cette chambre, pour lui raconter mon plan entièrement, sans omettre aucun détail. Quitte à être des époux aux yeux du médecin, soyons-le de sorte que la facture soit facilement réglé. Et je n’éprouve aucune gêne à l’idée d’être sa femme. Je tiens uniquement à ce que sa malnutrition ne soit pas déclarée comme une forme de violence conjugale, qui pourrait être évoqué dans son dossier. Je ne suis pas le genre de monstre qui maltraite son mari par plaisir malsain. Mon initiative semble plaire à Joseph. Son sourire malicieux le confirme, tandis qu’il fait preuve déjà d’un certain amusement à être sur papier réellement mon mari.

_ Oui, Jon Kruger. Je confirme, sans pouvoir m’empêcher de lui rendre son sourire terriblement amusé, partiellement surexcité comme une enfant que cela devienne une sorte de jeu entre nous. _ Et fais-donc. Nous serons deux pour y jouer. Une sorte de défi, peut-être. Une envie folle de savoir où cela peut nous mener, sans crainte des conséquences latentes. _ Et tu m’excuseras mais je n’avais pas envie de me retrouver au poste pour maltraitance sur mon pauvre mari.

Je lui signifie ironique, avant de rire brièvement. Il passera certes pour un con durant un peu moins de quarante-huit heures, mais ensuite nous n’en parlerons plus jamais. Sa fierté s’en remettra. Et regardez-le comme il se prend déjà bien au jeu d’être « riche ».

_ Je stéréotype les riches si je veux, Monsieur Kruger. Je rétorque faussement contrariée qu’il me réprimande pour cela. _ J’en fais partie. Je suis donc la mieux placée pour savoir que – oui, à l’occasion – certains d’entre nous font des choses complètements idiotes. Je continue, bien plus sérieuse. _ Comme par exemple : laisser en plan un gentil garçon uniquement par fierté mal placée. Mon ton ce fait plus tendre au fil des mots. _ Je n’aurais pas dû m’en aller ce soir-là. J’aurais dû accepter que tu dises vrai, en soulignant que mon train de vie ne m’assure pas sur mon lit de mort de ne pas regretter d’être passé à côté de ma vie. Car c’est le cas. Je marque une pause, redéposant ma main sur la sienne comme précédemment. _ En ne saisissant pas la chance que m’offrait la vie de croquer dans de nombreux plaisirs en ta compagnie, je me suis crée un nouveau regret. Je me penche vers lui, pour lui confier très sérieusement. _ Une opportunité que je ne rejetterai pas deux fois si à l’avenir elle se représente.

Seul lui en possède le pouvoir. Seul lui peut déterminer si nos rapports resteront purement amicaux, ou s’ils dévieront à l’occasion dans un lit. En attendant, Joseph m’offre une intéressante question. Ai-je l’intention de rester à son chevet quarante-huit heures, comme une épouse dévouée ? Oui. J’ai gâché mes chances de l’être pour le véritable monsieur Kruger. Je n’envisage pas de commettre cette grossière erreur deux fois.

_ C’est dans mes projets, oui. Je lui souffle, toujours penché vers lui. _ Il n’y a rien de plus important que mon mari. Si je pouvais remonter le temps pour souffler cette même parole au vrai Jon… _ Quant à prendre soin de toi, oui, j’en ai très envie. Je me glisse sur le matelas pour atteindre son oreille. _ J’en ai même plus envie que tu ne peux l’imaginer. Je lui susurre, volontairement aguicheuse. _ J’en ai tellement envie que je vais veiller à ce que tu es tout le repos dont tu ais besoin, ainsi que tout t’es appétits comblés. Je sourie au sous-entendu sexuel que je viens de faire, sous l’excitation de notre jeu de rôle. _ Que désire mon cher mari dès à présent ? Que puis-je faire pour que tu te sentes au mieux ?

Je l’interroge en reculant mon visage, le regard rivé dans le sien, agissant comme si je ne venais pas explicitement parler de sexualité.
Que peut bien attendre de moi ce cher Joseph…

@Joseph Keegan
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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptyLun 3 Déc 2018 - 1:15


Sur la deuxième marche
Joseph Keegan & Aubrey Kruger

Elle utilise les mêmes mots qu’aurait choisi une mère. Ne dis pas ça, Joseph, tu vaux quelque chose à ses yeux. Même si tu fais des mauvais choix, que t’as préféré te laisser crever de faim plutôt que d’admettre à Brisbane que t’as pas de toit au-dessus de ta tête, t’es unique, tu comptes pour elle. Des mots qui ne te font pas un réel effet comme si ton corps entier refusait de croire en leur sens. Tu as besoin de temps pour accepter ces paroles, comme s’il en fallait bien plus pour briser cette barrière de brique que tu as bâti au fil des années. Il ne suffit pas que d’un simple coup de maillet pour détruire l’œuvre d’une vie entière. Tu n’as pas envie de t’opposer à elle, tu te contentes d’hocher la tête en acceptant d’apparence ses compliments et cet attachement soudain qu’elle ressent pour toi. Pour ne pas éveiller les doutes en elle, tu souris doucement. Un sourire peut-être un peu triste. Triste de ne pas être capable d’accueillir une déclaration aussi importante. Ton cœur s’est peut-être lui-même transformé en pierre, en fin de compte. Tu n’as pas fait part de ton incompréhension vis-à-vis du commentaire étrange qu’Aubrey a formulé, peut-être pour se défendre de quelque chose qu’elle a mal compris. Elle t’informe qu’elle voulait dire qu’elle n’est pas ta femme et tu te contentes de glousser, remarquant la timidité dont elle fait soudainement preuve. Non, l’alliance à son annulaire ne te représente pas et tu en es bien heureux. Jamais tu ne lierais ton destin à une autre personne, homme ou femme. Tu es libre comme l’oiseau auquel aucune cage n’a été imposé. Par la suite, tu fais part de ta maladresse souvent dirigée par les conneries que tu fais jour et nuit dans le but de te garder diverti. Tu ne supportes pas l’ennui, il faut toujours que tu trouves un moyen d’occuper ton cerveau. Aubrey t’informe qu’elle n’aurait qu’à remplacer les objets que tu casseras dans sa maison et tu te pinces les lèvres. Tu n’as plus qu’à espérer qu’elle ne fait pas de même pour les hommes cassés. Cependant, ça ne t’inquiète pas. Sa présence dans cette chambre d’hôpital te confirme que cette femme a un cœur énorme niché au creux de sa poitrine. Tu ne pensais pas que quelqu’un pourrait faire ça pour toi. Ça te touche probablement mais tu es trop concentré à ne pas comprendre pourquoi elle t’apprécie autant. Tu l’as déshabillée, tu l’as rendu mal à l’aise en l’invitant dans une danse osée et tu t’es permis de toucher à ses effets personnels dans son bureau sans lui demander son avis. De quoi faire dresser le poil de n’importe qui n’appréciant pas qu’on touche à sa vie privée.

Aubrey te laisse seul assez longtemps pour que tu te permettes d’examiner d’un peu plus prêt ce tuyau en plastique planté dans ton poignet. Il réveille en toi des souvenirs assez récents pour que tu te mettes à envier cette cocaïne que tu mélangeais à son sang à l’époque où tu avais assez d’argent pour te le permettre. Lorsque ta femme temporaire revient, tu te contentes de cacher l’objet de tes interrogations avec ta main et tu écoutes le plan d’Aubrey, le sourire cloué sur les lèvres. Elle confirme que tu t’appelles bel et bien Jon Kruger et ça te fait ricaner. Tu préfères ce nom, en fait. Il n’a aucune connotation religieuse et il ne te rappelle pas tes parents. Ton nom de famille est la seule chose que ton père et ta mère t’ont légué. La psychologue t’informe qu’elle aussi se prêtera au jeu de rôle et tu te mords la lèvre inférieure, les yeux déjà illuminés par ces nouvelles idées qui te traversent l’esprit. Tu sens qu’elle aussi partage quelques-unes d’entre elles. Tu attendras un peu avant d’avoir la confirmation.

- Ne t’inquiète pas, je jouerai le jeu. Je plaiderai la cause des enfants affamés en Afrique, ça fonctionne à tous les coups.


Et elle te reprend en affirmant avoir la permission de stéréotyper les riches puisqu’elle fait elle-même partie de cette classe sociale qui n’a pas toujours attiré tes compliments. Tu ne peux pas le nier. Tu as longtemps pensé que les riches ne sont que des connards qui ont eu de la chance dans la vie et qui se permettent de rabaisser ceux qui étaient choisi en deuxième. Aubrey se prend elle-même en exemple pour expliquer que certains fortunés font des choses complètement ridicules. Tu te mords la langue en hochant la tête, comprenant qu’elle essaye du même coup de s’excuser pour cette soirée où elle t’a laissé en plan sans te laisser le temps d’expliquer ton point de vue. Tu comprends très clairement qu’elle aurait un énorme regret de refuser à nouveau l’opportunité de passer la nui avec toi. Un sourire malin se dessine sur tes lèvres, tes yeux qui s’étaient posés sur la main sur la tienne se redressent pour plonger dans ceux d’Aubrey.

- Sache que je ne t’en veux pas et que d’autres opportunités s’offriront à toi, je peux te l’assurer. Dans un futur proche. Très proche, peut-être, ma douce moitié.


Tu soulèves ta main en serrant doucement la sienne au passage et tu viens la poser contre tes lèvres. Tu embrasses le dessus de ses doigts, faisant bien exprès de frôler l’alliance. Tu es son mari, tu as bien le droit de faire ça. Aubrey maintenant penchée vers toi, tu te permets de scruter la perfection de sa peau, tu observes les détails dans ses iris et tu ne peux contenir un léger rictus provocateur lorsqu’elle te susurre qu’elle a très envie de prendre soin de toi. Le ton de sa voix ne te méprend pas. Elle souhaite réveiller le désir en toi et elle peut être certaine que ça fonctionne. Elle continue ses aveux, te promet qu’elle comblera tout tes appétits et, là, tu te mords la lèvre inférieure en te replaçant légèrement sur le matelas. Évidemment qu’elle vient de réanimer ta queue qui dormait paisiblement jusqu’à présent. Son poids enfonce le matelas de plus en plus près de toi et tu sens son souffle contre ton visage. Un souffle de vanille. Tu dégluties en écoutant sa question finale et tu réfléchis quelques secondes en posant à nouveau tes yeux sur ses lèvres. Ta poitrine se soulève dans un rythme plus rapide.

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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptyDim 9 Déc 2018 - 14:57


Je ne m’inquiète pas. Je sais que Joseph a tout intérêt à jouer le jeu du mari dévoué à la cause des enfants affamés en Afrique. Je sais donc également que je n’aurais pas à m’inquiéter du discours qu’il tiendra au personnel soignant durant mon absence. Joseph est un homme intelligent. Il a conscience de la localisation de ces intérêts dans cette histoire, au delà de son égo masculin ; il ne pouvait pas agir autrement. Que je le souligne démontre déjà une grande forme de confiance en lui. J’espère ne pas être amenée à le regretter amèrement. Mais pour l’heure, ce qui nous préoccupe est que nous jouions nos rôles correctement. Une chose que nous prenons peut-être trop à cœur au vu de la tournure de la conversation. Elle débouche sur une presque promesse d’opportunité d’effacer mon regret à son sujet. Une idée qui ne manque pas de me faire sourire, et particulièrement lorsqu’il me nomme ma douce moitié.

_ Je dois avouer que j’aime beaucoup trop cette promesse, mon ange.

Je lui susurre d’un clin d’œil à l’appui, tandis qu’il embrasse mes doigts. Oui. Énormément… astronomiquement. Je sens d’ailleurs déjà les prémices d’une excitation dans mon bas ventre. Une excitation qui m’encourage à me faire aguicheuse, allumeuse. À désirer dès à présent l’éveil de ses sens primaux, faisant totalement abstraction de l’endroit où nous sommes. Un lieu public. Un lieu fréquenté. À tout instant une infirmière peut surgir du couloir pour s’assurer que son état est toujours stationnaire. Celle aux dents couvertes de rouge à lèvre, peut-être. Et cette pensée amplifie mon trouble à son égard. Ne serait-ce pas délicieux de se faire surprendre dans une position délicate, inconvenante ? Absolument. J’espère donc être parvenu à convaincre mon mari d’être aussi fouque moi avec ma totale dévotion à assurer son bien-être. Le monitoring dénonce une nette accélération de ses pulsations cardiaques. Je prends cela pour un encouragement à poursuivre ma quête. Je m’assure de ces attentes envers moi, dès à présent, faignant au passage une innocence qui se trouve être trahit par le mordillage de ma lèvre inférieure. J’apprécie vraiment démesurément, puissamment, incroyablement trop cette respiration rapide qui soulève sa poitrine, ainsi que cette jolie bosse que ne cache que trop peu sa couverture. Je me demande ce qu’il attend, ce qu’il cherche du regard. Embrasse-moi, Joseph !

@Joseph Keegan
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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptyLun 10 Déc 2018 - 0:36


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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptyLun 10 Déc 2018 - 23:34


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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptyMar 11 Déc 2018 - 18:23



_ Que se passe-t-il ici ?

J’ouvre les yeux immédiatement, en état d’alerte. Une infirmière se trouve dans le chambranle de la chambre, les yeux écarquillés. J’ignore si c’est de stupeur ou d’impression, mais cela suffit amplement à me rendre active. Je m’assois sur le lit pour refermer mon chemisier.

_ C’est affreusement gênant. Je lui confie aussitôt, un rire nerveux empourprant mes joues. _ Mon mari et moi étions entrain de…

De quoi ? De jouer au scrabble ? Dans ma tenue, dans notre position, aucune excuse n’est valable.

_ Je pense ne pas avoir besoin d’explication. Déclare-t-elle avec amusement. _ Seulement les chambres d’hôpitaux ne sont pas faites pour ça.
_ Nous le savons.

Je rétorque aussitôt, me saisissant de ma jupe au sol. Nous avons juste omis ce petit détail. Je l’enfile avec empressement, tandis qu’elle aide mon mari a reprendre place sur son lit. Elle ne manque pas de lui reprocher d’avoir ôter sa perfusion, d’ailleurs, qu’elle souligne nécessaire à son rétablissement.

_ Vous devriez laisser votre mari se reposer à présent, madame Kruger.

Me demande-t-elle très sérieusement. Ce que j’accepte.

_ Oui. Je reviendrais plus tard. Je m’approche de mon époux et lui murmure à l’oreille. _ On n’en a pas terminés, tout les deux. Puis après l’avoir brièvement embrassé sur les lèvres, lui dit courtoisement. _ A plus tard mon cœur.

Maintenant, ne reste plus qu’à définir quand sera ce plus tard.
Demain, ou à sa sortie.

@Joseph Keegan
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Message(#)Sur la deuxième marche. [Jo&Aub] EmptyMar 11 Déc 2018 - 22:38


Sur la deuxième marche
Joseph Keegan & Aubrey Kruger



Tu sursautes. Une voix que tu as entendue plus tôt s’élève dans la chambre. Tu bascules la tête vers l’infirmière plantée à l’entrée de la chambre, les deux yeux ronds comme des melons. Il te faut quelques instants pour comprendre ce qu’il se passe, comme si tu avais oublié que vous étiez dans un lieu public depuis le début. Tu relâches enfin les jambes d’Aubrey lorsqu’elle manifeste le besoin de se cacher de la situation. Encore dans les vapes, tu observes ta femme qui cherche des mots pour camoufler la vérité. Un sourire malin étire tes lèvres, tu t’empresses beaucoup moins pour renfermer ton sexe insatisfait dans tes jeans trop serrés. Ce n’est pas cette simple nudité qui va te rendre mal à l’aise : Aubrey est dans une situation bien plus délicate que la tienne. Alors qu’elle enfile à nouveau sa jupe, tu jettes un coup d’œil à ses fesses que tu n’as pas pu admirer auparavant et tu reportes ton attention sur l’infirmière qui vient de briser tes chances de jouir à ton tour.

- Cette perfusion n’est pas là pour rien, monsieur Kruger. Je ne pense pas que vous aimeriez vous retrouver au sol une deuxième fois.


Elle t’invite à reprendre place sur le matelas probablement encore chaud, ce que tu fais sans te plaindre. La jeune femme demande à Aubrey de bien vouloir quitter la chambre, tu fais la moue. Mais, les paroles qu’elle te souffle au creux des oreilles en te contournant rallume l’étincelle de malice dans tes pupilles. Tu lui rends le bref baiser comme si c’était absolument naturel, puis tu souffles à voix basse :

- À plus tard ma douce

Tu observes sa silhouette disparaître dans le corridor et tu te laisses tomber contre l’oreiller, un sourire tapissé sur le visage. L’infirmière s’empresse de stériliser son équipement avant de planter à nouveau l’aiguille dans ton avant-bras. Tu ne grimaces même pas. Tu te contentes de te mordre la langue pour cacher cette joie au fond de toi, mais tu ne peux pas contenir quelques mots qui se disputent la sortie de ta bouche.

- Putain, j’l’ai fait jouir.

Un unique regard sur la femme à tes côtés. Un sourire mal à l’aise sur ses lèvres. Et tu fixes à nouveau le plafond.    

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