« Désolé il y a un petit contre temps pour la chambre de Monsieur Hawke. On est en train de travailler dessus. Installez vous on vous tient au courant. »

C’est pas de gaité de coeur qu’on se retrouve dans cette salle d’attente aujourd’hui avec Lene et Mickey. On est dans un centre de rehab. Il avait tenu bon en revenant à la caserne et on le soutenait du mieux qu’on pouvait mais visiblement ça n’a pas suffit. J’aurai tendance à croire qu’il se sabote la vie tout seul pour des raisons qu’il ne veut pas divulguer. Je suis pas du genre à pousser les gens à se confier. Je déteste qu’on insiste quand il s’agit de moi alors je ne le fais pas aux autres. Je me dis que s’ils veulent en parler ils le feront à un moment ou un autre. Je suis une oreille très attentive quand on a besoin de moi. Je dis pas que je suis le meilleur pour donner des conseils mais je fais de mon mieux avec mon vécu et ma façon de voir le monde.

On est pas mal de deux avec Lene pour l’installation de Mickey parce que je sais pas pourquoi je m’attends à ce qu’il s’échappe en courant dès qu’une sortie de secours sera libre d’accès. Je le vois qui regarde un peu partout alors qu’il prend place sur un siège plus loin. Il est silencieux depuis qu’on est allé le chercher. Je n’arrive pas à me décider si c’est bon signe ou pas.

Assis face au comptoir de l’accueil, je vois une femme, ou plutôt, un homme. En fait je sais pas. Un drag queen ? Mais cet hurluberlu est en train de se prendre la tête à l’accueil. Je n’ai aucune idée de ce qui se trame mais j’aime pas cette agitation. Le ton monte très haut. Mes sourcils sont froncés.

« J’ai l’impression que ça va se finir aux mains cette histoire là… »

Je me demande si je ne devrais pas me mêler pour calmer le jeu, mais en même temps ces gens doivent être habitué à avoir des situations de ce genre. Je lance un nouveau coup d’oeil à notre ami Mickey. On sait jamais. Je l’imagine bien sauter dans le tas pour se défouler et frapper un bon coup.

« T’as un truc prévu après ? »

Je demande à Lene. Parce que j’ai l’impression qu’ils sont pas mal overbooké aujourd’hui et qu’on va attendre un moment. J’espère juste que Mickey va pas s’enfuir.

Elle est totalement perdue dans ses pensées alors que visiblement, ça s’agite pas très loin d’elle. Du moment où ils avaient déposé Mickey pour que celui-ci se fasse soigner, elle était entrée comme dans un état de transe où elle ne fait que revisiter ses souvenirs. Ses souvenirs de cette soirée déjà, à convaincre Mickey après qu’elle eut appris qu’il buvait à nouveau de revenir se faire soigner. De cette fois, il y’a bien longtemps quand elle n’était qu’un taxi où le hasard avait voulu qu’une première fois, elle le conduise en ces lieux sans écouter la moindre de ses protestation. A cette fois aussi, où il l’avait remercié d’avoir fait ça pour lui alors qu’elle ne le connaissait pas encore, qu’il n’était qu’un inconnu et non son partenaire à la caserne pendant plus d’un an. Et enfin, à cette fois pas si lointaine, qui se jouait il y’a une heure où il l’insultait de tous les noms pour avoir appelé Kane à la rescousse, pour qu’il le raisonne pendant qu’elle prenait les arrangements pour son séjour. Sa reconnaissance était partie et désormais, elle n’est plus que la salope qui l’aura poignardé dans le dos. Puis, le silence a suivi. Ça, elle n’arrive pas à se le retirer de la tête et bien assise en attendant que la chambre se prépare, ça tourne en rond dans sa tête jusqu’à ce que Kane l’en sorte. « J’ai l’impression que ça va se finir aux mains cette histoire là… » Allez savoir depuis combien de temps il parle et qu’elle n’écoute pas. « Hein ? » fait-elle en levant les yeux vers lui, puis vers l’accueil où la situation ne l’intéresse absolument, elle qui d’habitude, est une vraie commère dès qu’il y’a moyen que ça finisse en baston. « T’as un truc prévu après ? » Qu’il ajoute, elle observe l’heure et c’est vrai qu’il est tard et que peut-être que lui avait des choses de prévue, alors qu’elle non. Elle essaie de se ressaisir parce que ça ne doit pas être agréable pour Kane qui n’a rien demandé d’être pris entre deux silencieux. Mickey attend avec eux, elle se demande s’il dort mais compte tenu de leurs échanges, elle n’ose pas gardé les yeux sur lui trop longtemps. « Non, j’ai rien de prévu. » Qu’elle répond simplement, se demandant s’il va oser lui dire qu’il doit y aller, elle prend les devants. « Si tu veux rentrer, tu peux y aller, je vais attendre ici avec lui. Merci beaucoup d’être venu. » Elle esquisse un sourire mais elle a dû mal à le jouer vraiment celui-là. Ça ne parait pas mais tout ça, ça remue des choses auxquelles elle espérait ne plus penser.

Lene n’est pas trop là. Je l’ai remarqué. J’ai pas fait de commentaire parce que je comprends que ça la retourne cette situation. Mickey est un de ses proches et c’est pas évident comme situation pour elle. Pour nous. De mon côté je repense à Jared. Un ami à moi qui est alcoolique. J’ai rien pu faire pour le sortir de là et je ne sais pas ce qu’il fait de sa vie à présent mais y’a deux ans j’ai eu vent qu’il vivait dans un squatte à Redcliffe. Si on me dit qu’il est mort ça m’étonnerait pas. Je laisse toujours un oeil trainer par là bas quand on est en intervention dans le coin. Je ne l’ai jamais vu.

Je garde un oeil sur le comptoir de l’accueil si y’a besoin de renfort parce que le drag est toujours là avec son air hostile. J’hoche la tête quand Lene dit ne rien avoir prévu après. C’est au moins ça, même si je pense que j’aurai chamboulé mon emploi du temps pour mettre Jared dans un établissement de la sorte. Je suis surpris de l’entendre me proposer de rentrer. Ca m’avait même pas effleurer l’esprit.

« Non je reste. C’est important. »

Peut être que je transpose tout ça sur mon vécu avec mon ami que j’ai pas pu sauver. Comme si le fait d’aider Mickey allait changer quelque chose pour lui. Je sais pas, au moins il sera sauvé lui, c’est déjà une grande victoire. Quand je tourne la tête vers Lene je vois son expression et j’aime pas trop la voir comme ça mais je pense que y’a rien que je puisse faire. La situation est merdique. C’est un fait.

« Mais toi, si tu veux y aller, je reste. T’as pas l’air très bien. »

On se renvoie la balle et c’est sûr qu’on va rester là tous les deux parce que ça nous tiens à coeur. Faut que Mickey se sente soutenu et pas comme un poids. Pas un bon début sinon. Coup d’oeil à Mickey. Coup d’oeil au drag. Coup d’oeil à Lene. J’ai l’impression d’être un agent de la sécurité dans une situation tendue. Tout le monde peut exploser d’un moment à l’autre. C’est tout naturellement que je continue la conversation sachant qu’on est là pour encore un moment.

« J’ai pris le shift du jour de l’an. Tu seras là ? »

On était ensemble l’année dernière et de mémoire Lene n’a pas aimé la fin de sa soirée. Je me dis que ça pourrait être cool qu’on le passe encore ensemble cette fois, même si c’est à la caserne.

« Je préfère quand t’es là pour les gardes. »

De manière générale. Je pense pas que ce soit une révélation mais je ne l’avais jamais formulé de cette façon aussi direct. C’est toujours plus fun avec Lene dans le coin. De même pour Wren, à un degré moindre. Quand Lene est absente la journée est tout de suite moins bien. Après y’a les autres mais… C’est pas pareil. Lene c’est ma work wife. Très clairement. On se soutient mutuellement.

C’est un mélange d’amertume et de déception qui se forme dans la tête de Lene. D’un côté, elle n’aime pas voir l’un de ses amis les plus proches revenir à la case départ en ce qui concerne le combat contre son addiction et de l’autre côté, elle est juste terriblement en colère pour toutes les saloperies qu’il lui a balancé au visage, certaines venant de beaucoup de chose qu’elle avait confié en pensant que ça ne serait pas répété. Au final, Lene se retrouve à faire le point sur lequel des deux Mickey à qui elle a eu à faire est le vrai et alors qu’il ronfle, qu’elle pense au clame d’après-tempête, a colère ne fait que revenir à la charge la poussant à se fixer de faire ce qu’elle doit faire pour ce soir mais à ne pas en demander plus. Ce garçon, c’est fini. « Non je reste. C’est important. » Elle ne sourcille pas et n’insiste pas pour qu’il retourne à peu importe ce qu’étaient ses plans de soirée. Elle l’avait appelé à la rescousse, il était venu lui prêter main forte et qu’il soit là, à attendre avec elle, c’est probablement la seule véritable raison qui la pousse à ne pas prendre son sac sous le coude en se disant que Mickey peut bien crever dans un caniveau, ça ne la regarde plus. Elle essaie de prendre un peu exemple sur Kane, sa droiture. Une entreprise qui marche mieux quand il est dans le coin. « Mais toi, si tu veux y aller, je reste. T’as pas l’air très bien. » Elle hoche la tête, bien qu’elle pourrait lui renvoyer à nouveau l’invitation et passer le reste de la soirée à jouer les filles trop polies. C’est elle qui a appelé le centre alors elle décide d’assumer jusqu’au bout. « Non non, c’est bon pour moi. » Elle tait juste la partie où elle n’a pas l’air bien, parce que c’est encore bien trop le flou dans sa tête pour qu’elle explique et mette le doigts sur ce qu’elle peut bien ressentir exactement. Les pensées se précipitent au moins autant que les souvenirs avec en bout de chemin, l’idée que ça pourrait être elle, affalée dans ce fauteuil à attendre qu’on l’enferme. « J’ai pris le shift du jour de l’an. Tu seras là ? » Kane change de sujet et en levant la tête vers lui, elle se dit qu’il fait bien et que ce dont elle a besoin, c’est d’arrêter de revisiter sa soirée. « Je préfère quand t’es là pour les gardes. » Qu’il ajoute, ce qui serait presque trop mignon et lui vaudrait une remarque émue s’ils n’étaient pas là où ils sont, si elle avait la tête à la taquiner pour faire monter le rose à ses joues. Elle se surprend à y arriver encore aujourd’hui. « Je ne sais pas encore. Je ne serais peut-être pas rentrée d’Hobart. » Du moins, elle préfère ne pas trop s’avancer et ne pas jouer à la fille trop sûre d’elle qui bouclera une des courses de bateau les plus violentes d’Australie en quelques jours. « Je crois que tu vas devoir te passer de moi pour ce soir-là, en revanche, je bosserais le soir du réveillon et celui de la fête nationale si je te manque trop. » Parce que le capitaine avait été sympa pour les jours, que comme elle avait réussi à faire valoir que n’ayant pas de gosse autant qu’elle prenne Noël mais il lui avait déjà fait signer les autres fêtes où il allait avoir besoin de monde. Faire la course est trop important pour elle pour qu’elle ne fasse pas le sacrifice de quelques soirées de fête qu’elle aurait de toute façon passée seule dans son canapé devant une énième rediffusion de Dawson’s Creek. Seulement, maintenant que Kane parle du Nouvel An, ça ne fait que rapprocher la date et la question qu’elle a en tête n’est plus de si elle sera rentrée à temps pour la fête mais où elle sera. « Je sais que je pourrais être rentrée à temps pour le Nouvel An mais … » Elle hésite à en parler. Le sujet est flou mais il frappe là, et autant balayer le problème Mickey en en abordant un autre, bien plus complexe. « Matt m’a demandé de le suivre à Hawaii, et je ne sais pas encore ce que je fais … » Parce que suivre un ex bien trop con pour se déclarer en temps et en heure, c’est bien beaucoup trop niaiseux pour elle nan ?

Elle mentionne Hobart et c’est vrai. J’avais zappé. Elle m’avait mentionné déjà la course mais j’ai eu pas mal de trucs en tête ces derniers temps et cette information la m’a échappé. Je suis légèrement déçu parce que ouais du coup, y’a quand même beaucoup moins de chances qu’elle soit là pour le jour de l’an. Peut être que je vais prier les dieux du vent pour qu’il aille dans son sens et lui faire gagner du temps. Elle me sort de mes pensées confirmant que c’est mort. Elle sera sans doute pas là. Sauf qu’elle dit ensuite qu’elle bossera le soir du réveillon et je souris très largement. C’est de ce soir là que je parlais. Je me suis juste mal exprimé. Elle parle aussi de la fête nationale, tout ça saupoudré d’une petite taquinerie que je prends très bien parce que, c’est la pure vérité. Lene me manque quand elle est pas là.

« Je prends ! Réveillon et fête nationale. Va me falloir au moins ça pour palier à ton absence. »

Je fais genre je plaisante mais, non je suis tout à fait sincère là. Je suis content de pouvoir la compter parmi nous à la caserne ces soirs là qui sont souvent prisé des jours de congés du plus grand nombre. Moi je m’en fiche un peu, à part Noël. Je verrai si Wendy a envie de faire quelque chose de spécial pour la fête nationale mais j’ai de la chance qu’elle ait un métier tout aussi imprévisible que moi au niveau des gardes. Je suis déjà en train de réfléchir à ce que je vais pouvoir faire à la caserne le soir du réveillon pour que ce soit un peu festif mais Lene reprend la parole. Elle bute sur les mots. Je tourne la tête vers elle parce que c’est quand même assez rare de voir Lene hésitante. Matt. Elle me parle de lui comme si ça coulait de source, comme si je savais bien sûr de qui il s’agit alors qu’on a jamais parlé de lui tous les deux. Ok. Je sais tout à fait qui c’est mais elle l’ignore. A moins que… Elle ait des pouvoirs ? Elle lit les pensées ? Ou bien j’en ai parlé sans m’en rendre compte ? Non. Mais Lene a cette capacité à me faire douter. Elle me mettre la pression sans raison. Il faut que je chill. Elle sait que Levi est mon BFF et elle a peut être fait le rapprochement McGrath plus vite que moi au festival quand j’ai rencontré Matt.

Ok deux secondes. Retour arrière. Matt lui a demandé de le suivre à Hawaii ???? Wow ok. Elle sait pas quoi faire. Lene qui est en train de cogiter à propos d’un mec. Première fois que je vois ça. Première fois qu’il est question d’un mec en fait, je devrais pas si surpris. Mais y’a du niveau en fait là parce que oui, je connais un peu leur historique. Après avoir rencontré Matt au festival, j’ai découvert son affiliation à Levi et c’est lui qui a eu droit à toutes mes questions à propos de Lene et Matt. Il m’a éclairé sur la situation qui était toujours un peu flou pour moi depuis le jour de l’an 2018. Pas que ça change quoi que ce soit à ma vie de le savoir mais Lene est une amie et y’a pas mal de trucs que j’ignore d’elle qui pourrait m’aider à mieux la comprendre. Comme cette relation assez sérieuse avec Matt. Je sais juste qu’il est parti du jour au lendemain et que là ça fait deux ans qu’il rame pour la reconquérir.

« Un voyage à Hawaii wow. »

Je temporise. J’ai besoin de réfléchir pour pas répondre à côté de la plaque. Elle me demande mon avis à moi. Je sais pas si elle va vraiment me prendre en compte ou pas mais je considère tout ça très sérieusement de mon côté. C’est mon rôle de work husband. Je suis son numéro d’urgence. Je suis le gars qui va la conseiller si elle doit suivre son ex ou pas.

« Ca a l’air de te travailler. »

Je trouve ça fou comme on discute d’un truc pour la première fois mais le plus naturellement du monde parce que j’ai quand même pas mal d’éléments pour l’aider là dessus. Mais je ne fais pas de remarque là dessus, je trouve juste que y’a du haut niveau dans notre amitié. A parler de choses, sans vraiment mettre de contexte, mais en se comprenant parfaitement. Je trouve ça beau.

« Il se moque pas de toi avec un voyage à Hawaii… »

Je me mordille la lèvre. Je sais combien elle aime le surf et que ça doit être juste le rêve de pratiquer là bas.

« Je sais pas pourquoi mais je suis sûr que tu sais déjà ce que tu veux mais que tu oses pas l’accepter… »

Je pense la connaître maintenant. Je suis pas complètement certain de ce que j’avance mais c’est mon ressenti. Je me mords la lèvre et je me demande si je lui fais mention de ma rencontre avec Matt au festival.

« Après tu peux toujours lui dire que tu le suis à Hawaii mais une fois arrivé tu vas de ton côté… »

Je joue sur les mots. Je pense que ça peut lui plaire. Oui. J’ai quand même sous entendu qu’elle veut le suivre depuis le début. Moi je le suivrai.

Ça ne semble pas vraiment être le moment pour parler de leurs plans-congés au moment des fêtes de fin d’années avec Mickey qui ronfle sur la banquette d’en face. Mais, ils ne vont pas parler de ce qu’il s’est passé ce soir, de tout ce qui a été partagé et du ressenti que Lene en a. C’est bien trop difficile et elle essaie encore d’y voir clair. C’est pourquoi, même si ce n’est pas le moment, c’est bien de ça qu’ils parleront : de leurs plans pour trouver le moyen de célébrer ensemble malgré qu’ils soient de garde. Enfin, sauf Lene. Cette année, elle a réussi à être libérée pour pouvoir mettre son grand projet sur les rails. « Je prends ! Réveillon et fête nationale. Va me falloir au moins ça pour palier à ton absence. » Annonce Kane, la faisant sourire au passage, parce que c’est réciproque, les gardes sont bien mieux quand il est dans les parages. Contrairement à d’autres, il n’a pas peur d’elle et ils peuvent passer le temps sans avoir l’impression de marcher sur des œufs. Bosser à la caserne, ça reste peu simple mais quand il est là, elle a le sentiment qu’il la rend humaine aux yeux des autres et que tout se passe mieux. En le réalisant, c’est la triste réalisation que son deuxième acolyte ne sera certainement plus jamais de la partie. Mais là encore, elle n’en parlera pas. Elle veut parler de tout sauf ça, et c’est là qu’elle en vient à placer Matt alors que jamais au grand jamais, elle n’avait abordé le sujet avec Kane. Matt, c’est un jardin privé, un sujet un peu honteux aussi parce que dans l’histoire, ça reste elle qui s’est fait larguée sans un mot. Mais semblerait que la fatigue l’amène à faire tomber les barrières. Que la soirée la fasse réfléchir. Et puis, qui d’autres que Kane pour accueillir toutes ces réflexions qu’elle n’oserait partager à haute voix en temps normal ? « Un voyage à Hawaii wow. » Il semble épaté. Il ne sait pas, bien sûr, qu’Hawaii, ça a toujours sa destination de rêve, que c’était un projet et que le lieu de l’ultimatum n’a pas été choisi au hasard. Non, il ignore tout de tout ça parce qu’elle n’a jamais ressenti le besoin de le briefer sur Matt. Elle espère bêtement qu’il assumera tout seul qu’il s’agit du mec qui l’aurait fait fuir au nouvel an précédent. « Ça a l’air de te travailler. » A vrai dire, pas tant que ça. Elle l’a rangé dans la pile des choses à penser plus tard, sauf que là y’a Mickey qui prend toute la place et que Lene n’est pas capable de tenir plusieurs secrets. Puis, il a parlé du nouvel an et faut qu’il le sache si elle s’apprête à courir avec un ex, ou si elle décide de s’en foutre et d’accompagner aux urgences chaque débile qui aura eu la bonne idée de faire péter des feux d’artifices sans lire le mode d’emploi. « Il se moque pas de toi avec un voyage à Hawaii… » Non, en effet. Est-ce que c’est le fait qu’il ait probablement dépensé un bon paquet d’argent dans ce billet qui interpelle Kane ? Elle ne sait pas. Elle ne sait rien. Elle n’aurait pas du lui dire. « Je sais pas pourquoi mais je suis sûr que tu sais déjà ce que tu veux mais que tu oses pas l’accepter… » Qu’il ajoute, l’amenant à tourner les yeux vers lui parce qu’elle réfute instantanément l’idée qu’il puisse faire mouche. Elle n’a pas décidé encore. Elle lui a parlé de l’éventualité de ne pas être là, mais ça veut tout autant dire qu’elle pourrait l’être et laisser Matt partir seule. Il n’aurait pas de mal à rebondir sans elle, elle le sait même si au moment de se le dire, elle serre le poing parce qu’elle ne le veut pas. « Après tu peux toujours lui dire que tu le suis à Hawaii mais une fois arrivé tu vas de ton côté… » propose Kane, ce qui à son sens n’est pas réponse à la question. « Dans ce cas-là, j’aurais pas besoin de lui dire si c’est pour partir seule. Si je le suis, c’est parce que tacitement, je nous accorde une seconde chance. Je me prendrais pas la tête si c’était pour partir dans mon coin. » Est-ce qu’elle vient d’en dire plus alors qu’elle ne le voulait pas ? Sûrement. Mais l’envie de corriger le non-sens de Kane avait été trop forte. « Je pense qu’on verra le moment venu. Ça ne sert à rien que je me décide maintenant. Tu sauras si je suis pas là, c’est tout. » Elle se renferme, comme toujours. Elle n’est pas prête.

Elle n’a pas l’air d’approuver ce que j’ai avancé vu ce regard qu’elle me lance aussitôt. Est-ce que je dois sortir le drapeau blanc ? Je n’ai pas envie d’être celui qu’elle étrangle parce que je suis celui qui est là à ce moment là et pas Matt. Alors je rebondis et tente de lui donner une alternative qui pourrait lui plaire. J’essaie de faire de mon mieux alors que je me sens jamais la bonne personne pour donner des avis. Plus simple d’avoir une situation concrète sur une intervention et d’utiliser la logique pour résoudre tous les problèmes. Là il s’agit d’interactions humaines et bon sang les gens sont trop compliqué. Trop de choses à prendre en compte. Les émotions surtout. On peut faire un truc complètement fou juste parce que nos sentiments nous entrainent là dedans alors que c’est tout sauf la chose la plus logique à faire. Been there. Done that.

Je l’écoute dans sa réponse. Elle parle de seconde chance. Elle se prend la tête. Elle décide de ne pas prendre de décision maintenant mais… faut que j’ajoute un truc quand même. Que je serve encore un peu à quelque chose vu que je suis là et qu’elle m’a parlé de tout ça.

« Ca peut aussi vouloir dire que tu es pas contre une seconde chance mais… Mais y’a encore de la route à faire. »

J’hausse une épaule. Pas trop sûr de moi mais pensant que c’est la chose la plus logique dans ce bordel émotionnel.

« Mais ouais t’as encore du temps devant toi. Lâche la pression. Ça va bien se passer. »

Quelle blague. Moi qui dit ça ? Moi qui me prend la tête non-stop sur le moindre truc. Qui réfléchit trop tout le temps. Qui se met la pression à tous les instants? C’est toujours comme ça de toute façon, faites ce que je dis, pas ce que je fais. Mais la vérité c’est que j’essaie. J’essaie vraiment de changer et de plus me prendre autant la tête mais c’est plus facile à dire qu’à faire.

« Et si t’as besoin de te changer les idées… J’ai demandé ma copine en mariage dimanche et j’ai retiré ma demande le jour d’après. »

C’est tout frais. Ça date de y’a quelques jours et j’en ai parlé à personne à part avec la principale intéressée. Levi et Ariane étaient témoins mais je ne les ai pas revu depuis et les quelques SMS qu’on s’est échangé étaient pas lié à ça. Je ne perds pas de temps pour donner plus d’explication à Lene comme pour que ses sarcasmes ne soient pas trop fort envers moi parce que j’ai des circonstances atténuantes. Je parle vite, me justifiant fort parce que je sais que c’était une grosse connerie et qu’elle va me le dire très clairement.

« J’étais bourré. Je me suis laissé prendre par l’émotion du moment, c’était au festival pendant Stone Sour, elle a crowdsurfé et c’était juste la plus belle chose au monde ? »

J’en reviens toujours pas pour être honnête. Cette question est purement réthorique bien sûr parce que oui, c'était une des plus belles choses que j'ai jamais vu. La musique. La foule. L'ambiance. Tout. C'était intense pour moi. Et voilà. Je regarde Lene à qui je viens de donner le bâton pour me battre.

Un haussement d’épaule qui traduit son état d’esprit : elle ne sait pas. Un mouvement qui ne fait surtout pas avancer sa réflexion mais qui la conforte quelque part parce que cela reste toujours une réponse à produire alors qu’elle est toujours incapable de réellement savoir ce qu’elle veut dans cette affaire. La prise de risque lui parait énorme. Ce sont toutes ses armes qu’elle déposerait aux pieds de Matt et la dernière fois où elle s’est laissé aller à être vulnérable, ça s’est beaucoup trop mal terminé pour elle pour qu’elle n’ait pas envie de fuir à chaque seconde où elle imagine que sa réponse pourrait être oui. Ses mécanismes de défenses l’ont s’y bien protégé pendant tout ce temps, qu’elle en est en quelque sort prisonnière. « Ca peut aussi vouloir dire que tu es pas contre une seconde chance mais… Mais y’a encore de la route à faire. » Qu’il pointe très justement, ce qui lui déplait sur le moment parce que Lene n’est pas personne à accepter ce genre de vérité aussi facilement et qu’elle n’aime pas trop sentir qu’elle est si facile que ça à déchiffrer. Il en va d’un point d’honneur. Honneur qui est probablement ce qui la fout dans cette misère mais là est encore moins le moment pour le pointer. « Mais ouais t’as encore du temps devant toi. Lâche la pression. Ça va bien se passer. » Qu’il conclut, la laissant toujours aussi dubitative face à l’avenir alors que dans les faits, il lui a sûrement apporté les réponses les plus pragmatiques et aptes à l’aider à avancer dans sa réflexion. Ne reste à Lene qu’à arrêter d’être butée, de ne plus procrastiner une réponse aussi facile que oui ou non. « Et si t’as besoin de te changer les idées… J’ai demandé ma copine en mariage dimanche et j’ai retiré ma demande le jour d’après. » Pour ce qui est de lui changer les idées, c’est plutôt réussi. Exit Matt qui se voit propulsé à des milliers d’années lumières dès que Kane parle d’épouser sa gourgandine, une annonce qui n’a pas causé d’arrêt cardiaque immédiat parce qu’il a eu la présence d’esprit d’ajouter juste après qu’il s’était rétracté. Y’a des gens pas assez romantique qui n’ose pas traverser la planète pour se donner une chance et y’a des gens qui le sont beaucoup trop et qui reste près à épouser n’importe qui. Quand on dit que les choses sont mal faite. « J’étais bourré. Je me suis laissé prendre par l’émotion du moment, c’était au festival pendant Stone Sour, elle a crowdsurfé et c’était juste la plus belle chose au monde ? » Qu’il justifie, là où on pourrait se dire qu’il ne devrait pas mais là où elle pense que oui, parce qu’elle est très nettement en train de le juger et que ça se voit très très bien sur sa figure parce que ça, elle ne peut pas le cacher. « Je pense que quand tu bois trop, faudrait songer à te bâillonner pour t’éviter de dire des conneries. » Qu’elle répond, se retenant de mentionner que la simple idée qu’il épouse sa greluche lui donne envie de rendre son dîner tant ça lui parait ridicule. « T’es trop bien pour elle de toute façon. » Une façon pas trop belliqueuse de traduire le fond de sa pensée.

Elle reste pensive à mes réflexions sur sa situation. J’espère avoir mis le doigt sur les bonnes choses. J’ai vraiment envie d’avoir pu l’aider d’une façon ou d’une autre. Sa situation n’est pas simple et elle n’est pas du genre à céder comme fille. Je comprends tout à fait le conflit qu’il se passe dans sa tête. Le coeur ou la raison ? Des fois faut pas trop réfléchir. De mon côté le coeur prend toujours le dessus et c’est comme ça que j’en viens à lui parler de ce truc que j’ai fait y’a quelques jours. J’esquive un peu le regard de Lene, jetant un coup d’oeil à Mickey au passage parce qu’il faut pas l’oublier le gars. S’il nous file entre les pattes parce qu’on a été trop concentré dans nos histoires, ça serait super moche. Mais non, il est toujours là. On est bon.

Quand mon regard croise enfin celui de Lene après toutes mes explications je sens qu’elle me juge grave. Je le savais avant de lui dire quoi que ce soit. Mais ouais, j’ai voulu lui en parler comme un con. Me disant que ça la distrairait. C’est une anecdote comme une autre au fond. Oui je minimise comme je peux. Je souris quand elle me dit qu’il vaut mieux me bâillonner quand je bois trop.

« Ouais… »

Je peux pas la contredire. Elle a raison. Elle ajoute que je suis trop bien pour Wendy et je souris un peu plus de l’entendre dire parce que je prends ça pour un grand compliment. Même si ça peut vouloir dire que Wendy est vraiment trop nul et que moi je suis juste dans la moyenne tout au plus. Mais non, à mes yeux ma copine est tellement parfaite que je le prends pas comme ça.

« Toi aussi t’es trop bien pour lui. »

Même si j’ai pas tous les détails et que je le trouve super cool le gars, je sais qu’il a fuck up à un moment et ça reste pas cool du tout. Lene est donc forcément mieux par définition. Une logique implacable.

« Et si on allait tous les deux à Hawaï à la place ? »

Genre on est tellement bien chacun de notre côté que ça fait sens de s’en aller ensemble. Je plaisante bien sûr. Mais quand mes yeux louchent un petit peu sur la poitrine de Lene je dois avouer que je ne plaisante plus tant que ça… Non je ne suis pas en train de regarder, je les ai dans mon esprit très clairement. Hanté par les seins de Lene depuis que mes yeux ont eu tout le loisir de les contempler et mes mains de les toucher.

« Ca fait un moment que je veux me remettre au surf en plus. »

Juste près de deux ans que je dis ça mais c'est pas grave.

Evidemment que, l’idée de le disputer pour lui passer l’envie de prendre à nouveau ce genre de décision de merde fait rage en elle et qu’il lui faut énormément de contenance pour ne pas lui donner le fond de sa pensée. C’était peut-être pas la soirée pour que Kane l’amène à performer ce genre d’exercice et malgré le chamboulement que représente la rechute de Mickey et le fait qu’elle se soit ouverte un p’tit peu à propos de Matt, elle parvient à rester calme, même si son visage trahit certainement tout de sa pensée parce qu’après tout, faut pas déconner, pour ce genre de chose, on lit en elle comme dans un livre ouvert. Mais elle n’en fait rien et même en se disant qu’à quoi bon, Kane a très certainement vu ce qu’elle en pensait et que ça ne sert à rien de se cacher derrière le silence, elle se dit aussi que l’âtre humain est doté d’un esprit de contradiction souvent poussé à l’extrême et que si elle se mettait à partir dans une tirade où elle lui explique le pourquoi du comment qu’il faut sérieusement qu’il arrête de trainer avec n’importe qui, il serait capable de filer juste après pour à nouveau clamer des droits sur l’annulaire de l’autre péronnelle. Finalement, elle traduit sa pensée par un simple constat, qui veut dire un million de chose mais dans les faits, son propos est simple et pas si ravageur. « Toi aussi t’es trop bien pour lui. » Qu’il rétorque au sujet de Matt, preuve que c’est pas si méchant comme propos, elle s’empresse d’acquiescer en s’disant qu’en effet, elle vaut sans doute mieux que ce trou du cul. « Et si on allait tous les deux à Hawaï à la place ? » Qu’il propose juste ensuite, la faisant rire parce que quelque part, ce serait une vraie solution à beaucoup de questionnement interne. « Tu veux dire plaquer nos deux boulets, partir sous les cocotiers, siroter des cocktails et faire l’amour sur le sable chaud ? » Qu’elle demande, un brin charmeuse parce que même s’il semble plaisanter, elle sait déjà qu’il imaginera la scène avant d’en devenir tout rouge. « Je comptais te le proposer dans dix ans quand je me sentirais seule, mais on devrait partir maintenant. T’as raison. » « Ca fait un moment que je veux me remettre au surf en plus. » Un ajout qui peut faire office d’argument. Il ne faut pas en dire plus. « Tu vois, pour ça, c’est l’endroit parfait et tu seras avec la personne parfaite pour te montrer comment on utilise la planche. Ne nous reste qu’à convoler. » Elle papillonne des yeux, poussant la plaisanterie un peu loin avant d’être interrompue par un énième ronflement de Mickey, qui bien qu’endormi, sait faire reconnaitre sa présence. Haussant les épaules, changeant de ton et de sujet elle ajoute « Quoiqu’à y penser, je ne pense pas que je serais capable de le laisser seul ici. » Et c’est la vérité, pendant un an, il avait été son co-équipier et elle ne peut s’empêcher de penser que c’est parce qu’il a besoin d’être entouré qu’il a fini dans cet état.

Le rire qui s’échappe de ses lèvres me fait sourire un peu plus. Je suis content d’avoir réussi à lui arracher ça. Ce qu’elle dit ensuite me plaît bien. Je sais que je ne vais absolument pas plaquer Wendy mais ça fait pas de mal de s’imaginer partir à l’aventure sur un coup de tête avec une fille aussi cool et hot que Lene. Surtout qu’on sait que ça va pas se faire. Elle a l’air bien trop accroché à Matt. Lene mentionne carrément qu’on ferait l’amour sur le sable chaud et god, je le visualise bien. Peut être trop. J’essaie de faire genre chill. Oublie. Change. Next. Fuckkkkkk ! Mais ça me reste dans un coin de la tête. Je parviens quand même à ne pas être trop rosé (ouais juste légèrement, sérieux j’ai envie de me facepalm, je sais qu’elle va voir).

Elle continue. Elle parle de dans 10 ans. J’espère que je serai marié avec Wendy d’ici là et qu’on aura des gosses. Mais ouais, en soit je suis pas fermé non plus. Parce que mes relations ont toujours foiré au bout d’un moment. Et j’en ai eu que deux sérieuses. C’est pas beaucoup je sais. Mais ça n’en reste pas moins vrai tout ce que je viens de dire. Toutes mes relations ont foiré à un moment et l’absence de relation pendant toutes ces années veut aussi tout dire.

Le surf ça me branche grave et je sais qu’elle est calée. Apparemment l’idée de me filer un coup de main avec mes bases ne la dérangerait pas vu ce qu’elle dit.

« On ira un jour alors. Tu me diras quand t’as du temps. »

Parce que je suis toujours inquiet à l’idée de déranger Lene. Je ne veux pas m’imposer. On s’entend bien, mais ça reste assez rare qu’on se voit en dehors du travail si ce n’est pas juste après une garde. Je crois que depuis cette soirée au club de strip tease je suis légèrement traumatisé. Le concert de Paramore aussi n’a pas été une réussite. Du coup on se rencarde surtout dans les hôpitaux ou les centre de rehab. C’est beaucoup plus notre jam. Sauf que je remarque une fois que j’ai répondu qu’elle se moquait de moi. Je fais une petite moue. Je me fais toujours avoir.

Et puis y’a Mickey qui nous sort de notre conversation.

« Je bouge pas d’ici pour les fêtes. Je peux jeter un oeil sur lui sans soucis pendant que tu seras là bas. Je passerai le voir très souvent. »

Je pense vraiment ce que je dis. Je peux littéralement passer tous les jours. Je veux réellement que Mickey aille mieux et je sais qu’être entouré c’est toujours un plus. Je repense à Jared qui ne l’était pas du tout. Ou bien juste par moi. Sauf qu’au lieu de le sortir de la drogue et l’alcool, il m’y a entrainé aussi. J’ai encore très honte de ces quelques mois de ma vie et je préfère ne jamais les mentionner. Je regarde Lene avec un sourire aux lèvres.

« Je veux une carte postale. »

Pour ne pas lui laisser le choix que d'y aller. J'aurai les choses en main pendant ces quelques jours.

L’expression de son visage ne se fait pas attendre et elle sait déjà qu’elle peut cocher une case dans sa tête et se congratuler d’être encore capable de mettre Kane dans tous ces états alors qu’il n’est censé penser qu’à sa stupide dulcinée. Elle tente par-dessus de rester humble mais elle a bel et bien le sourire de la fille qui sait qu’elle est toujours capable de donner des idées aux hommes, et ce même si elle a passé cette année la trentaine et par conséquent la date de fraicheur limite avant de dépérir. Peut-être que c’était de ça dont elle avait besoin pour se cheer up. Kane poursuit en parlant d’Hawaï, en parlant de surf surtout et tout ce que ça l’amène elle, à penser – elle ne le dit pas – c’est que lui apprendre le surf le ferait totalement rentrer dans la case du stéréotype australien, celle qui fait rêver les étrangère.  Cependant, elle rigole, il s’agit bel et bien de plan sur la comète mais elle sait que quelque part, elle aurait été parfaitement capable de prendre cette décision folle et de partir avec lui. Pour ça, il aurait fallu que Matt ne revienne jamais, qu’il se laisse oublier, qu’elle l’oubli mais à rigoler sur ce sujet, elle sait que quelque part, dans un monde alternatif, c’est ce qui se passe. « On ira un jour alors. Tu me diras quand t’as du temps. » Qu’il conclut, l’amenant à tiquer sur ses paroles pour finalement demander « Quand j’aurais du temps pour Hawaï ? Je ne sais pas comment réagirait le capitaine si on prenait comme par hasard les mêmes vacances au même moment. » Evidemment imaginer la situation la fait rire là, mais de par leur histoire passé et son vécu à la caserne, elle préfèrerait ne pas vérifier. « Je donne des cours à une petite le samedi matin, je peux prend prendre un deuxième élève. » Cela lui semble faisable, même si les cours qu’elle donne se font à l’aurore et que quand on a pas la passion du sport, c’est assez compliqué de se lever avant le soleil pour apprendre à tenir en équilibre sur une planche et ce, à toute saison. Hawai lui restant en mémoire, elle finit par formuler aussi ce qui la retient : elle refuse de laisser Mickey seul. « Je bouge pas d’ici pour les fêtes. Je peux jeter un oeil sur lui sans soucis pendant que tu seras là-bas. Je passerai le voir très souvent. » Elle le sait que Kane sera comme un papa, qu’il ne laissera pas leur ami de côté mais elle n’est pas certaine d’être capable de se regarder en face si elle venait à prioriser une relation potentiellement morte dans l’œuf à celui qui l’a aidé à se faire une place à la caserne. Elle sait les moments qu’il s’apprête à vivre et quand ça arrive, on ne pardonne jamais à ceux qui ont été absent. « Je veux une carte postale. » poursuit Kane, prenant visiblement pour acquis que sa décision est déjà prise. « T’es un peu en train de me forcer la main là ! » Qu’elle fait observer, devinant très bien son p’tit jeu. « A se demander si t'y gagnes pas un truc ? » Cela parait suspicieux. Elle commence à chahuter, avant d’être interrompue par l’infirmière qui vient les interrompre. « La chambre est prête, on aurait besoin de vos signatures pour son admission. Le mieux serait que vous disiez au revoir maintenant. » Changement d’atmosphère. Mickey qui dort toujours, Lene qui n’est pas sûre de vouloir vraiment le réveiller, de voir sa réaction maintenant qu’il devrait être apte à comprendre où il est. Le gros doute. « Je sais que ce sera brutal pour lui de se réveiller sans comprendre où il est, mais j’ai peur de le faire. » Et c’est la vérité, Lene l’intrépide qui ne sait ce qui est le mieux.

Depuis quand Lene s’inquiète de ce que le capitaine pourrait penser ? Ca me fait bizarre de l’entendre dire ça. C’est vrai qu’on bosse ensemble mais y’a toujours moyen de se débrouiller pour qu’on se retrouve en congé en même temps. Ou pas ? En vrai je sais pas, j’ai jamais eu besoin. Une chance que Lene ne soit pas tombé sous mon charme. Ca aurait été compliqué sinon. Une relation sans pouvoir prendre de jours off en commun. Pas trop le fun.

Elle me propose carrément de me donner des courses de surf le samedi matin. Wow. Ok.

« Ok. Je te tiens au courant quand je suis dispo. Mais ouais. Ca me tente vraiment. »

Ca fera un truc que je tiendrais en 2019. Ou en tout cas que je vais essayer de tenir. Le commencer est déjà un bon point. Pas comme y’a deux ans.

Lene qui essaie de trouver la faille dans ma proposition. Ca me fait doucement sourire de la voir si méfiante. Je suis juste quelqu’un de bien. Elle a du mal à y croire encore apparemment. Je pensais qu’elle me connaissait mieux que ça. Je n’ai pas le temps de lui répondre qu’on se fait interrompre par une infirmière. Ca y est. Mickey va être pris en charge. Parfait. Une signature et on est bon. On nous dit de lui faire nos aux devoirs maintenant. J’aime pas trop ça. J’aurai voulu aller avec lui jusqu’à sa chambre. L’aider à s’installer. Lene est pas sereine de le réveiller. Je comprends. On sait pas du tout comment il va réagir.

« Je m’en occupe. »

Parce que oui, il faut qu’on le réveille maintenant. On ne peut pas le laisser se retrouver tout seul sans explication. Mais avant de le faire, je retourne parler à l’infirmière que je prends à part. Je lui glisse quelques mots, je fais - je suis - le saint et elle nous autorise à aller avec Mickey dans la chambre.

« Juste un d’entre vous et juste cinq minutes. »

Ca suffira. Je remercie allègrement Bonnie. Je m’en vais même d’un demi hug. J’ai bien remarqué qu’elle a été charmé par ma personne. Et j’avais même pas mon uniforme. Ca doit être les cheveux. Ou juste le fait que j’ai mentionné qu’on était pompier ? Ouais sûrement ça.

« Je le réveille. Tu l’accompagnes. Team work. »

Et c’est parti.