Human deals with a huge amount of fear, it comes with imagination
Aubrey & Liam
Deux semaines était passées et je n'avais plus donné signe de vie a ma psychologue depuis l'accident que nous avions évité de justesse sur la route menant a Bayside malgré sa chaleureuse invitation a la rejoindre dans son nouveau cabinet. J'avais son numéro, j'avais sa carte de visite qui n'avait pas quitté la poche de ma veste depuis ce fameux jour ou Aubrey me l'avait glissé gracieusement, donnant presque l'impression de part son regard malicieux qu'elle en attendait plus qu'une simple visite de courtoisie. En somme, j'avais tout ce qu'il me fallait pour la revoir. Simplement, il me manquait cette impulsion qui allait enfin me pousser a faire le premier pas. J'avais ressentis ce besoin presque vital de la revoir mais je craignais d'affronter une nouvelle fois ces démons intérieurs qui, involontairement, était maintenant intimement liés a elle. J'attendais ce moment, je crois. Ce moment ou je n'aurais plus d'autre choix que de céder et revenir vers elle. La limite avant d'être attiré par les bas fonds de mes propres peurs. C'était peut être aussi question de fierté. Revenir vers cette femme c'était avouer silencieusement que j'avais besoin d'elle. Je l'avais déjà plus ou moins fait lors de nos retrouvailles mais c'était hors thérapie. A son cabinet c'était...différent. Besoin de ses conseils. Besoin de sa présence. Après nos rapides retrouvailles que j'avais malencontreusement du écourter pour mon travail, j'avais rejoins le client en question pour lequel je l'avais abandonné, un héritier que j'avais retrouvé après plusieurs semaines de "chasse" et j'avais eu du mal a garder mon imagination a ma portée. Le déménagement d'Aubrey signifiait bien trop de chose pour ne pas déclencher une pointe de peur en moi. Faiblesse déstabilisante que je me devais de contrôler autrement que par la violence et cette instabilité qui m'empêchait d'avoir en continue la main sur mes émotions. Aubrey était elle venu s'installer ici dans le but de me retrouver ? Avait elle terminé son divorce ? Et je ne parlais même pas des conséquences si Boyd venait a apprendre que cette femme connaissait tout de la mafia par ma faute. Et comme souvent ces temps ci, ça réveillait de vieilles idées a l'intérieur de moi que je tentais de combler par des séances de sport souvent plus intense que la normal. Parfois je venais a penser que si je n'avais pas ce défoulement d'adrénaline, j'aurais peut être replongé. Et comme si le destin prenait plaisir a se jouer de moi, la fameuse impulsion avait finit par pointer le bout de son nez un vendredi matin aux alentours de 10h et plus précisément dans le bureau de mon patron. Il portait un air torturé sur le visage mais, a vrai dire, ça ne changeait pas de d'habitude si bien que je n'y prêtais plus attention. Sauf, que cette fois, il y avait vraiment de quoi l'être, torturé. C'était le genre de type qui se noyait dans une goutte d'eau. J'écoutais brièvement ses indications, récupérant les dossiers qu'il me tendait. Suite a l'arrêt maladie d'un de mes collègues, je devais prendre la suite de sa dernière chasse en date, rien de bien compliqué, le plus gros avait été fait, j'avais simplement a prévenir l'héritier. Ou plutôt l'héritière. C'est quand je me mis a examiner le dossier en question que l'expression sur mon visage entra pendant quelques secondes en parfaite coordination avec celui de mon boss avant de virer vers l'indécision. Comme si je pouvais refuser. Puis de terminer sur une note de colère et ce fut sur cette note là que je quitta le bureau, de nouveau enchaîné a quelqu'un que j'aurais préféré ne jamais revoir. Hannah. Un énième pacte avec le diable, le dernier. Je m'étais d'abord laissé du temps. Une nuit tout au plus pour réfléchir si bien que l'insomnie avait prit le relais. Le soleil s'était levé sur mon regard cernés et sur l'envie de commencer mon petit déjeuner par un verre de whisky. C'est là que j'avais cédé. Aux alentours de midi, je patientais dans une salle d'attente complètement vide, attendant que la porte s'ouvre en face de moi sur le visage d'Aubrey, que je n'avais bien évidement pas prévenu de mon arrivée. Je regarde ma montre avant d'étouffer un bâillement, entendant le grincement de la porte s'ouvrant enfin. J'avais perdu le rythme de la nuit en changeant de travail et les nuits blanches était bien plus difficiles a encaisser a présent. Je me lève sous le regard surpris d'Aubrey, laissant mes iris un peu trop sombre vagabondais sur son visage si innocent. Je reste silencieux, redevenant l'enfant incapable d'assimiler ses émotions. Je m'écarte pour laisser passer le client sortant du bureau que je regarde avec insistance avant de finalement prendre la parole d'une voix rauque, ne sachant pas réellement si je devais m'excuser de ma présence soudaine ou bien lui dire bonjour.
- J'ai... pas pensé que tu pouvais être occupée.
Je sers un peu plus les dossiers de mon ex contre moi que j'avais apporté. Et c'était vrai, je n'y avais pas pensé. En fait, je n'avais pas pensé a grand chose a part ça.
J’observe le patient qui me fait face, les mains liées sur mon bureau. Son attitude est bien plus criante de vérité que les mots qu’ils n’osent pas prononcés ouvertement. Il est victime d’une perverse narcissique. C’est du moins ce qu’il m’a timidement suggéré à son arrivée, trente-cinq minutes auparavant. Et je le crois. Sa façon de se replier sur lui-même démontre un sérieux manque de confiance en lui. L’étape la plus ultime à ces « relations » malsaines où l’un est la victime de l’autre. Sa compagne – s’il est envisageable de la considérer comme telle – rejette sur lui les choses qu’elle déteste chez elle. Dans le cas de cet homme, c’est son embonpoint, c’est son absence d’ambition, c’est sa sexualité basique, c’est sa timidité, et c’est tout un tas d’autres petites choses que je décèle comme étant fausses. Comment ? Simple expérience. Cet homme possède bien quelques traits qui nécessiteraient d’être corrigé, si cela est un réel souhait, mais il n’est pas aussi ignoble qu’il ne me la dépeint.
_ Vous ne parvenez toujours pas à trouver ne serait-ce qu’une qualité pour décrire votre personnalité, Jonathan ? Je lui demande après un long silence, certainement pesant pour lui. _ Non. Coleen a raison. Je suis un bon à rien. Un raté. Je n’ai aucune qualité qui justifie son amour pour moi. _ Vous n’êtes pas au sein d’une relation faite d’amour, Jonathan. Je lui signifie avec douceur, pour ne pas le blesser plus qu’il ne le soit déjà. _ Vous êtes dans un rapport de soumission. Malsain. _ … _ Votre compagne vous garde comme un objet. Un objet sur lequel elle reporte tout ce qu’elle pourrait se reprocher à elle-même. Et vous en avez vous-même conscience, sinon, vous ne seriez pas là pour m’en parler. _ Qu’est-ce que je peux faire pour l’aider ? _Pour que Coleen accepte une éventuelle guérison, il faudrait qu’elle reconnaisse que son attitude envers vous est anormale. Est-ce le cas ? _ Non. Elle m’a encore dit, pas plus tard ce matin, que je provoquerai la même réaction chez n’importe quelle autre femme ! Qu’elle ne pouvait pas agir autrement face à un boulet tel que moi… _ Vous ne pouvez donc rien pour elle.
Il soupire. Il est déçu. Je le comprends. Lorsque l’on est amoureux d’une personne, on désire plus que tout pouvoir l’aider sur tous les pans de sa vie. Ce qui n’est pas toujours possible.
_ Mais vous, pour vous, vous pouvez faire quelque chose. Le fait que vous soyez ici démontre une volonté de vous en sortir, et je peux vous y aider. _ Je ne sais pas. _ Prenez le temps de la réflexion, Jonathan. Prenez le temps d’inscrire sur un papier vos émotions auprès d’elle, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, et précisez ce qui les a provoqués. Faite-le durant une semaine entière et revenez me voir. Nous établirons ensemble si vous souhaitez suivre une thérapie ou non.
Il accepte. Il a conscience que cela ne l’engage à rien, si ce n’est découvrir lui-même d’un regard externe son quotidien. Il prend donc la carte où j’ai inscris entretemps son prochain rendez-vous, sans hésiter une seule seconde. Je le raccompagne en suite en lui souhaitant une bonne après-midi – si tant est de croire que cela lui serait possible, un sourire compatissant aux lèvres. Il me marmonne en retour quelque chose que j’imagine assez similaire, avant de prendre la direction de la sortie. C’est là que je constate la présence d’un autre individu dans ma salle d’attente : Liam. Je ne dissimule pas ma brève surprise de le découvrir, ici. Mais j’en suis paradoxalement ravie. Il affirme ainsi avoir réellement besoin de moi, et je lui offre un sourire bienveillant de me laisser encore cette place que je chéris tant dans sa vie.
_ Rendez-vous urgent de dernière minute. Je lui assure avec douceur, pour lui assurer que mes horaires du midi sont rarement affectés à mes patients. _ Je t’en prie, entre.
Je me décale pour le laisser entrer dans ce nouveau bureau, où j’officie. Il tient dans sa main un dossier, qu’il serre fortement. J’imagine que la raison principale de sa venue à mon cabinet est à l’intérieur. Et je présume qu’il ne s’agit pas là de cette histoire d’itinéraire que je lui avais demandé sous le ton de la plaisanterie, deux semaines auparavant.
_ Installe-toi je t’en prie. J’ajoute en fermant la porte. _ Puis-je t’offrir quelque chose à boire ? Café ? Thé ? Jus d’orange ? Eau ?
Rares sont les patients qui refusent. Ils ont le sentiment que consommer une boisson ici, rendra immédiatement leurs confidences moins professionnelles. Mais dans le cas de Liam, je sais que ce subterfuge mental ne fonctionne pas. Il a parfaitement conscience de qui je suis, de l’endroit où nous sommes, et de l’importance des choses dont il est venu me parler. Je lui propose donc cela uniquement pour lui être charmante. J’attends sa réponse pour aller prendre place derrière mon bureau, d’ailleurs. Ainsi, je m’évite de faire un aller-retour inutile.
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Aubrey & Liam
Mon regard frôle celui d'Aubrey avant de s'échouer là ou la silhouette du client précédent se tenait encore il y a quelques secondes, avalé dans l'embrasure de la porte, happé par la ville. Peut être que je m'y attarde un peu trop, laissant naitre l'envie soudaine mais incertaine de suivre ses pas. Je repasserais. Juste deux mots a prononcer pour disparaitre comme ci je n'étais jamais apparu devant sa porte. L'ancien moi aurait simplement choisit de se débrouiller seul. Seul avec mes démons. En tête a tête avec moi même. Aubrey se décale pour me laisser entrer, usant ma fierté. Nous savions tout les deux que je n'étais pas le genre d'homme a venir chercher de l'aide mais plutôt a laisser les appels au secours s'estomper a l'intérieur de moi, laisser le navire couler, comme attiré par les eaux troubles, l'obscurité des abysses. Adepte des plongées sous marines a l'intérieur de moi même. Et tel un enfant je n'ai qu'a tendre le cou pour balayer l'intérieur de la pièce qui s'offrait a moi, encore hésitant a y pénétrer. Son gout pour la décoration était resté le même et les choses était restées les mêmes si ce n'est ce canapé ou je m'étais tant de fois enfoncé, accablé par la honte de ce que j'étais devenu, qui avait changé de place, la superficie de la pièce un peu plus différente. Son bureau était là, lui aussi. Face au canapé. Tête a tête avec la vérité. Quelques plantes pour rendre la pièce moins froide et un diffuseur de parfum posé a droite du bureau. Un parfum que j'avais appris a détester au fil des séances. Je devine une autre petite pièce, regorgeant de boissons en tout genre. En somme, tout était fait pour mettre le client a l'aise. Moi, je ne voyais qu'une illusion. Et même les quelques verres de faibles alcools que j'avais osé me servir devant Aubrey n'avait pas su me mettre assez a l'aise pour me sentir en sécurité. Si ce n'était ces quelques rares fois ou ma psychologue avait rompu les distances imposées, s’asseoir sur ce canapé couleur chaire et se laisser allé a l'interdit avec la crainte d'être surprit. Avais je finis par déteindre sur elle ? M'interdire c'était m'inciter. Une obsession malsaine qui m'envahissait depuis tout petit. Ce bateau que je menais était ingouvernable. Difficilement contrôlable. Mais finalement, j'étais venu ici pour rechercher la paix, est ce que finalement ça ne me manquait pas ? Ces fois ou j'étais au fond du trou, l'impression que plus rien d'autre n'allait pouvoir me faire tomber plus bas et l'alcool qui avalait mes priorités comme si je n'avais plus rien a porter sur mes épaules. Je commençais a me demander si la sobriété n'était elle pas plus dur a encaisser que la réalité lorsqu'on avait passé une vie a fuir. Quand je voyais le destin jouer a chat et a la souris avec mon passé, je me demandais si cette vie était réellement faite pour moi même si je l'espérais de tout coeur. Je haïssais pourtant cet autre moi qui faisait de mes appels a l'aide une réalité. Je dévisage sans vraiment le vouloir Aubrey avant de finalement me mettre en marche, pénétrant dans la salle, le parfum vanillé de la jeune femme que je sens me frapper de plein fouet, réveillant de vieux instincts. Elle tente de m'apaiser en m'indiquant que plus aucun autre patients n'était attendu. Ca ne me rassure pas. Et j'ai cette impression de me sentir prisonnier lorsqu'elle m'invite a prendre place. Têtu, comme si cela allait changer quelque chose a cette confrontation, je refuse poliment.
- Je vais rester debout si ça ne t'ennuie pas.
Puis elle me propose a boire. Nous connaissions tout deux la réponse, je ne marchais pas dans ce genre de stratagème. Alors là aussi, je refuse d'un geste de la main, mes lèvres excisent une moue, indiquant ma nervosité. Je pose doucement les dossiers sur son bureau, l'observant prendre place tandis que je fais le tour du propriétaire, tentant de cacher la réel raison de ma venue.
- Ca n'a pas tellement changé.
Dis je d'un air presque lasse, passant ma main sur presque tout ce qui ce trouvait a ma portée avant de tomber sur ce même cadre qui m'avait fait tilter lors de nos premières séances. Encore et toujours cette photo d'elle et son mari, plus proche que jamais. Léger sourire cynique, je continue.
- Ce n'est pas toi qui me disais qu'il fallait savoir avancer sans se retourner ?
Je suis sur la défensive, comme toutes les fois ou je n'avais pas totalement la main sur la situation, mes émotions. Je continue, un peu plus posé, le mensonge au bord des lèvres.
- Je passais par là et je me suis rappelé de... je sors sa carte de visite de la poche ou Aubrey elle même l'avait laissé, la posant sous ses yeux. ... ton invitation.
Et, malgré la tension, une lueur de défis traverse mon regard tandis que je plonge mon regard dans le sien.
Liam hésite. Il regarde la porte par laquelle mon précédent patient disparaît comme une probable issue de secoure. Je retiens un soupire de désappointement. Je m’avoue être quelque peu lasse de rejouer cent fois la même scène avec lui. Cependant, je ne perds rien de mon attitude professionnelle, accueillante même. Je lui cède le passage pour l’inviter à franchir ce pas. Ce premier qu’il fait en ma direction depuis nos retrouvailles, une semaine auparavant. Ce premier qu’il me fait l’affront de rendre hésitant, sur le pas de mon bureau. Et ce premier qu’il fait malgré tout, en jaugeant la décoration de mon nouveau cadre professionnel. Il n’est pas bien différent de celui que j’avais à Sydney, à dire vrai. Il est même quasiment identique, à quelques légères exceptions. Des détails minimes, invisibles a vu d’œil : une couleur de pot à crayons différente, un stylo d’une marque différente, un planning d’un fournisseur différent. Rien de bien extravagant pour ne pas croire que l’on est bien dans l’antre du docteur Kruger, en somme. Le ring de boxe de son adversaire autant détesté que favori, en d’autre terme. Liam décline mon invitation à s’asseoir, tout comme ma proposition de boisson.
_ A ta guise.
J’acquiesce silencieusement en prenant place sur ma chaise, derrière mon bureau. Je ne contrains aucun de mes patients à être sagement installé dans un coin bien précis, Liam inclus. Si cela peut lui permettre de trouver un certain confort dans son envahissant inconfort, qu’il rôde autour de moi à sa volonté. En attendant, je note mentalement qu’il dépose son dossier sur mon bureau. Un geste loin d’être anodin. Il démontre sa volonté de ne pas aborder le sujet dans l’immédiat. Ce qu’il me confirme en évoquant en prélude ma décoration, inchangée.
_ Tu me connais. Je lui déclare courtoisement, en ouvrant mon bloc-notes sur une nouvelle page vierge. _ Je fais partie de ces gens que l’on dit immuable.
Ces gens qui traversent le temps sans jamais véritablement changer, comme si l’évolution elle-même ne les atteignaient pas en surface. Ce qui me définit parfaitement. Si physiquement mon corps subit une légère perte d’élasticité due à l’âge avançant, si mon visage se couvre de quelques ridules dues aux émotions s’amoncelant, ce ne sont pas là des signes suffisants pour me métamorphoser. Non. C’est plutôt intérieurement que tout se retrouve chamboulés au fil de la vie. Je ricane légèrement à l’interrogation cynique qu’il me fait.
_ Ce n’est pas moi qui aie besoin d’avancer sans me retourner, Liam. Je lui rétorque, inébranlable. _ Et a en juger ton comportement, j’imagine que ce qui t’amènes est important.
Je lui offre un sourire provocateur en ponctuation, qu’il n’oublie pas que je me bats à armes égales. S’il veut encore user de mon mari contre moi, j’userai de son mal-être contre lui. Pour l’heure, il dépose ma carte sous mes yeux en me soulignant une visite par hasard, issue d’un souvenir d’invitation passée. Cela me fait doucement sourire.
_ Une semaine après que je l’ai glissée dans ta poche. Je lui souligne malicieuse, ne brisant pas notre échange de regard. _ Tu en as mis du temps pour venir t’aventurer dans le quartier.
Et tu en mets encore plus autant pour te décider à t’aventurer entre mes cuisses, darling. Lui fais-je comprendre d’un regard car… S’il n’est pas là pour converser de son fameux dossier, il est là pour passer un peu de bon temps en ma compagnie, n’est-ce pas ?
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Aubrey & Liam
Et quand je prenais le temps d'analyser mes propres réactions au détour d'une pensée, j'avais l'étrange et désarçonnante impression d'avoir régressé. Et, qui sait, peut être était ce l'avis silencieux d'Aubrey. Je l'entendais faiblement dans ses soupirs, dernier avertissement au fond de ses pupilles bleutées, lasse de jouer au chat et a la souris. Lorsque nous nous étions quittés, j'avais quasiment laché prise, elle avait su m'apprivoiser dans presque l'ensemble de ma personne et aujourd'hui Brisbane avait refait de moi ce chien sauvage, je sentais la folie grimper lentement mais surement. A sa main tendue, j'étais cet animal qui montrait les crocs. Ne t'approche pas. Alors que paradoxalement, a l'idée de revoir Hannah, je révais de mes glisser dans ses bras, oublier l'espace d'un instant cette épée de Damoclès au dessus de ma tête. Comme si elle pouvait me donner l'effet qu'avait l'alcool sur moi tout en gardant mes idées claires. Substitue addictif auquel j'avais goutté quelques fois. Doux nectar que je craignais d'empoisonner. Les choses pouvait être si simple, j'avais choisis la difficulté par peur de sombrer dans l'ennuie si bien que je m'y étais perdu sans vraiment pouvoir retourner en arrière. Peut être bien que je ne le voulais pas, aussi. J'avais eu l'occasion de vivre une vie "normale" ces derniers mois et quand je voyais ce qui rodait autour de moi depuis mon retour a Brisbane me faisait me poser des questions. Quand je ne m'autorisais même plus le droit de passer une partie de soirée au Canvas par peur de craquer... voulais je réellement de cette vie là ? Avec moi c'était tout ou rien. Je savais que si je me laissais une minuscule porte ouverte, profiter avec modération, les choses allait basculer. Je n'avais pas de limite. Je n'en avais jamais eu. J'entend Aubrey ricaner et ce qu'elle répond me fait sourire faiblement. J'aurais du me douter qu'elle utiliserait ce genre de parade. Bien sur je n'étais pas venu pour parler décoration. Je passe une main dans mes cheveux que je n'avais pas réellement pris le temps de coiffer au vue de mon niveau de fatigue. Cependant en compagnie d'Aubrey, ma nuit blanche me paraissait déjà moins fade bien que j'aurais préféré la passer avec elle et il n'y avait rien d'innocent a cette pensée. Mon regard se fige là ou elle entreposait ses boissons et comme si c'était hier je me voyais me servir sous le regard médusé de ma psychologue quelques verres alcoolisés alors que j'étais censé être en cure. Je chasse vivement cette pensée, pouvant presque sentir l'odeur de l'alcool dans mes narines. Je me laisse finalement choir sur le fauteuil qui rebondit sous mon poids. Nous restons quelques instants a nous observer dans le silence, la jeune femme attendant certainement le go pour commencer. Je lui montre d'un geste de la main rapide le dossier que j'avais déposé plus tôt sur la table, prenant un air neutre pour cacher ma faiblesse.
- Tu devrais jeter un oeil.
Le dossier était assez conséquent mais je ne la guide pas. Ne la lachant pas des yeux, je la laisse feuilleter les pages a la recherche de quelque chose en particulier qui aurait pu m'amener ici. Je finis par me lever, ne tenant pas en place, me glissant derrière elle tandis qu'Aubrey se rapprochait de la fameuse page concernant mon client. C'est mon coeur qui se serre lorsque la photo et l'identité de mon ex apparaissent sous nos yeux. Ma psychologue n'avait jamais vu de quelconque photo d'Hannah, en revanche elle connaissait parfaitement son nom et prénom pour l'avoir répété tant de fois au cours de nos précédentes séances. Aubrey cherche a comprendre ce que pouvait bien faire Hannah dans mes dossiers tandis que je tente de relacher la pression en glissant ma main dans les cheveux de ma psychologue. La douceur au milieu de la tempête. C'était encore étrange pour moi ces moments de violence a l'intérieur de moi que je transformais malgré moi en infime douceur. Ces mains qui pouvait faire souffrir, tuer, parcourir le corps d'une femme sans aucune pointe d'aggrésivité. Et puis parfois, c'était le contraire. Comme si je ne pouvais jamais réellement me faire confiance, cette douceur incertaine pouvait se transformer en violence. Je sens Aubrey se figer lorsque ma main vient se glisser sur sa gorge, a ma merci, mon visage frolant son cou tandis que je sers les dents. C'est plus fort que moi. Incapable d'assumer ma souffrance, que malgré cette impression qu'Aubrey avait pu me guérir, j'avais encore mal de cette histoire entre Hannah et moi. Que rien ne pouvait être réparé. Cette façon que j'avais de me cacher contre elle, cherchant a être rassuré tel un enfant qui voulait tout simplement dire que je n'assumais toujours pas cette faiblesse. Bouillonnant intérieurement, je sens Aubrey chercher a bouger, je me retire presque instantanément, fuyant son regard, reprenant mes esprits, de retour comme lors de nos anciennes thérapies.
- Je ne peux pas la revoir, Aubrey. Dis je dans un souffle.
Rompant cette proximité, je choisis de retourner m’asseoir sur le divan, plonger quelques secondes mon visage a l'intérieur de mes mains, réalisant lentement ce que je venais de, a nouveau, créer entre elle et moi. Laisser ressurgir une attirance interdite.
Oui. Je le confirme. Liam a régressé, considérablement. Il est presque similaire à l’homme que j’ai rencontré à Sydney. Cependant, je n’ai pas employé le mot « presque » inutilement. Je l’ai employée pour l’image que Liam m’a laissé entrevoir de lui, à nos retrouvailles. Un homme déterminé, continuant à maintenir le combat pour devenir une version de lui améliorée. Alors certes, il a régressé comme je le disais plus haut, mais ces efforts passés ne sont pas totalement vains. Dans une thérapie, il est courant d’affronter des « rechutes ». L’important est de ne pas totalement lâcher prise lorsqu’elles s’imposent à nous. Ce qu’il fait, présentement, en se trouvant dans mon bureau. Il démontre qu’il ne désire pas opter pour un quelconque abandon total. Et j’accepte de l’y aider, même s’il n’en fournit jamais le souhait. Mais c’est bien là tout le charme de cet homme, le rendant si fascinant. Il grogne pour dissimuler un appel au secours, qui égratignerait indiscutablement son égo, quant je lui tends la main au risque qu’il la morde à sang. Ne t’approche pas. Il me semble entendre à mon oreille tandis que son regard m’y invite. N’y compte pas, Liam. Je ne suis pas de celle qui fuit à la première mise en garde, a la première sommation. Je ne l’ai jamais été, particulièrement avec lui. Et je suppose que c’est cette qualité qui le ramène toujours à moi, y compris aujourd’hui. Il observe longuement mon bar à boissons, non-alcoolisés. Je souris brièvement en imaginant la pensée qui le traverse. J’ai appris de mes erreurs, moi également. J’ai appris que l’alcool dans mon bureau, c’est contreproductif au travail des patients souffrant de cette addiction. J’ai donc définitivement opté de ne plus en acheter. Liam se laisse finalement tomber sur mon canapé. J’en conclus qu’il est plus enclin à un début de vrai séance de psychanalyse. Ce qu’il m’indique suite à un silence commun, d’un geste de la main pointant son dossier. Je devrais y jeter un œil, selon lui. Très bien. Je glisse ce dernier jusqu’à moi, d’un mouvement précis, puis l’ouvre pour le feuilleter. Il est conséquent. Je n’ai aucune piste à suivre, aucun indice pour me guider. Je croise donc mes jambes sous le bureau, portant toute mon attention aux feuillets que mes prunelles rencontrent. Soudain, je mets le doigt sur l’information cruciale. L’identité responsable de sa visite impromptue. Hannah Hoppe. La femme de sa vie. La blessure la plus béante qui refuse - apparemment - toujours de cicatriser. Je mets enfin un visage sur une identité. Il doit la voir dans le cadre de sa profession, j’imagine. Cela expliquerait très distinctement l’objet de sa venue. Il veut des conseils pour affronter ces retrouvailles de la meilleure façon. Mais existent-t-elles vraiment, ces meilleures façons ? Je l’ignore. Le fil de mes réflexions est interrompu par la main de Liam, glissant dans me chevelure. Je ferme brièvement les yeux pour conserver le contrôle de mes réactions, même si la vile tentation d’en profiter me titille. Liam n’a pas besoin de Ça. Notre thérapie non plus, n’a pas besoin de ça. Je ne peux pas admettre que cela soit mon unique attente vis-à-vis de lui. Je me fige donc lorsque son visage vient se nicher dans mon cou. Pourquoi amorcerai-je un mouvement de recul ? Il ne fait rien d’autre que laisser sa partie enfantine s’exprimer. Il se cache pour me dissimuler l’émotion plus que palpable chez lui : la souffrance. Et cette émotion me fait l’effet d’une gifle monumentale. Liam n’aimera jamais autre femme que celle dont le visage m’est exposé, comme témoin de nos interdits. Je ne peux pas être son substitut. Je ne VEUX PAS être son substitut. Je réagis alors, finalement, brusquement, peut-être. Je bouge pour l’inciter à se redresser, à reprendre sa place. Ce qu’il fait, très certainement rendu mal-à-l’aise comme je le suis présentement. Il ne peut pas la voir, me souffle-t-il.
_ C’est pourtant une nécessité. Je rétorque avec conviction. _ Hannah est l’une des éléments clefs qui te garde prisonnier de l’ancien toi, celui que tu désires oublier. Si tu veux pouvoir véritablement avancé, sans plus jamais régressé, il faut que tu arrêtes de fuir. Je marque une pause, le temps qu’il s’assoit à nouveau. _ Cette méthode n’a pas marché la première fois, je reprends le ton grave, la preuve en est cette entrevue. Il faut impérativement en changer.
Je ne lui en donne pas le choix. Je lui impose. Avec toute la bienveillance que je peux lui vouer, bien évidemment.
_ Tu as néanmoins fais le bon choix, en optant de venir m’en parler. Je l’informe, avec douceur. _ Car au préalable il est important de savoir qu’elles sont tes attentes, vis-à-vis de vos retrouvailles. Je pousse le dossier pour me saisir de mon bloc-notes. _ Vers quelle issue aimerais-tu qu’elles vous conduisent ? Je l’interroge le cœur battant, le stylo prêt à glisser sur la page. _ Un pardon favorable à une nouvelle histoire entre vous ? Une explication souhaitable pour tourner définitivement cette page de ta vie ? Il est important que tu n’oublies pas qu’au delà de tout ce qui vous a séparé, ce qui met à nouveau vos vies sur le même chemin, les sentiments qui vous ont liés sont indépendants du reste. Sans en faire ton deuil, tu ne pourras jamais avancer. Et pour y parvenir, tu dois être en mesure de me dire sincèrement, sans réflexion, ce que tu espères pour vous deux, dès à présent.
Un pardon, cela s’accorde. Une seconde chance, cela se créer. Une rupture définitive, cela se choisit. Qu’importe ce qu’il optera, je veux qu’il le fait sans l’once d’un doute, comme un crie du cœur. Un crie qui me terrifie au plus haut point, tandis que j’attends le verdict.
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Aubrey & Liam
La semi obscurité d'une demi seconde que me procurait mes mains sur mon visage semble m'apaiser un court instant. J'écarte a nouveau mes mains, passant la droite dans mes cheveux. Signe de nervosité qui ne trompait pas. Dans ce genre de moment j'avais tendance a devenir hyper actif, effet néfaste de l'adrénaline qui volait mon sommeil et me laissant là, demeurant incapable de rester en place. C'était usant et pas seulement pour moi. Combien de fois Mitchell m'avait fait la remarque, lui d'un naturel si calme. Il avait bien tenté de m'apprendre a canaliser cette énergie en boxant dans sa salle mais toutes tentatives avait échouées. Il avait la technique, j'utilisais ma hargne et les coups bas sans vraiment réfléchir que seul les combats de rue m'avait apprit. Le résultat était que je m'épuisais bien avant la fin bien que je restais imprévisible. Semblable a ma vie finalement. Je relève la tête, laissant la luminosité de la pièce éclabousser l'obscurité de mon visage fermé dans un clair obscur révélatrice de ma personnalité. Un soupir plus tard, mes bras se croisent sur mon torse indiquant ma position fermée a la discussion tandis que paradoxalement je m'adossais au sofa, croisant ma jambe gauche, semblant attendre les directives de ma psychologues puisqu'il fallait passer par là. Des conseils, n'était ce pas ce que j'étais venu chercher ? Ou bien était ce sa présence apaisante ? Mon regard vient agripper celui d'Aubrey, me raclant la gorge.
- Je... veux bien un café, finalement. Dis je d'une voix neutre.
Histoire de me remettre les idées en place tant la fatigue se faisait sentir. Je la vois s'exécuter tandis que ses premiers mots enveloppés de vanille parviennent a mes oreilles. Si elle est gênée de ma sorte d’écart de conduite dans le creux de son cou, elle ne le montre pas et je lui en suis reconnaissant. Hannah était un sujet assez compliqué comme ça a aborder et, avec la fatigue et la tension, je n'étais même pas sur de ce que je faisais et attendais d'Aubrey. La fatigue me donnait l'impression d'avoir avalé six shoots de vodka sans pourtant en avoir bu une goutte. Esprit dans le brouillard a la recherche d'un sens. Ou bien était ce le manque d'alcool qui se faisait ressentir petit a petit ? J'avais la sensation d'avoir été si occupé ces derniers mois entre nos consultations, les visites aux alcooliques anonymes, mon nouveau travail que mes démons n'avait plus la place pour se glisser dans ma vie tant je n'avais pas une minute a moi. Tout était concentré sur ma guérison. Maintenant que les choses se calmait, les fissures se comblait a nouveau d'obscurité. Peut être que c'était ça, la solution. Rester occupé. J'écoute Aubrey me parler et l'entendre prononcer le prénom de mon ex comme si elle la connaissait depuis toujours me faisait l'effet d'un coup de poignard dans le ventre. Mais elle avait raison. Je fuyais. Et puis vient la question fatidique. Qu'est ce que j'espérais entre elle et moi ? Il s'était passé tellement de choses entre cette fille et moi que, moi même, je n'étais plus sur de ce que je voulais. Bien que les happy endings n'était définitivement pas fait pour moi, si il y avait bien une chose de clair a ce sujet c'était que je ne voulais plus quoi que ce soit de sérieux avec Hannah. Et si Aubrey me croyait encore capable de pardonner mon ex, ça me faisait doucement sourire.
- On ne pardonne pas l'impardonnable. Soufflais je, les yeux dans le vide avant d'affronter ma psychologue du regard. Je décroise mes bras avant de les poser sur mes cuisses. Tu sais la dernière fois que j'ai vu Hannah, je veux dire, en tête a tête. C'était dans mon ancien appartement ou j'avais encore ses affaires qu'elle n'était jamais venu récupérer. Je n'étais pas encore au courant pour... je grimace, ne terminant pas ma phrase. La trahison.Je pensais qu'on pouvait se poser, discuter un peu histoire de repartir sur le bon pied sans vraiment parler d'une nouvelle histoire, juste arréter de se faire du mal après tout ce qu'on a du encaisser. On s'est embrassé. Enfin... je l'ai embrassé. Plus comme signe d'adieu. L'au revoir que nous nous étions jamais fait lorsqu'elle m'a quitté. Et... ça m'a fais du bien, je crois. Aujourd'hui je ne sais plus trop ce que cela signifiait.
Je marque une pause, apportant mon café a mes lèvres tandis que je fuis royalement le regard de ma psychologue. Il n'y avait décidément que cette femme pour me faire parler autant moi qui préférais les mots cachés dans les silences. Je cherche la suite tandis que je savoure l'effet de la caféine.
- Mais si il y a bien une chose dont je suis certain c'est ce que je ne veux plus de cette fille dans ma vie. On s'est assez fait de mal, assez donné de chance. C'est finit, je veux tourner la page. Je veux être... heureux.
Je lève mon regard vers Aubrey, analysant ses traits. Heureux. L'avais je été un jour autrement qu'avec Hannah ? Je ne pouvais même plus dire a quoi ça pouvait ressembler. Peut être que je l'avais frolé avec Zelda. Peut être aussi que involontairement je retournais vers mes démons par peur d'allé mieux. Quand on se trouve déjà au fond, il est difficile d'allé plus bas. En revanche, le contraire... Mais ça je n'avais peut être pas les mots pour exprimer cette peur a haute voix. Et puis, soudain, je me lève, me rapprochant de mon dossier encore ouvert sur la page concernant Hannah que je referme, laissant ma main sur la première page, sentant quelques mots m'échapper sans y avoir réfléchit.
- Je vais faire une trêve de noël. Je prend conscience de ce que je viens de dire, j'ai presque envie de rire de moi même tant ça ne me correspondait pas. J'observe Aubrey, me retenant de rire, sentant que mes confessions m'avait levé un poids. Désolé, je... je ne sais pas pourquoi j'ai dis ça, la fatigue surement. J'hésite. C'est juste que... dans quelques jours c'est Noel et ça doit faire des années que je ne l'ai pas fêté. Ces genres de fête ou tout le monde est censé être heureux ou bien faire semblant, c'est... pas vraiment mon truc. Je me suis toujours débrouillé pour l'éviter même si... Hannah me tirait parfois par la peau des fesses pour allé chez ses parents et fêter ça en famille. Je ne l'ai jamais fêté avec mon père non plus... disons que Noel avec lui se résumait a pleurer ma mère sous des litres d'alcool. Je préférais rester enfermé dans ma chambre jusqu'a ce que l'orage passe. Je soupire. C'est triste quand on y pense. Peut être que cette année je pourrais essayé de mettre tout ça de coté et essayé de faire comme tout ces gens. Je reviendrais a ce dossier après les fêtes.
Je dévisage Aubrey comme si quelqu'un avait parlé a ma place, n'en revenant pas de ce monologue. Je reste abasourdis avant de rire, laissant mes bras retomber sur mes cuisses.
- C'est idiot ce que je raconte, je n'ai même pas de sapin.
Liam désire un café finalement. Bien. Je quitte mon siège immédiatement à la suite à cette demande formulée, pour lui préparer sans plus attendre. Une tâche qui n’excède pas plus d’une minute, et qui ne nécessite pas de ma part des talents dans le domaine d’ailleurs. Loin de là. Il me suffit uniquement de glisser une capsule de café dans la machine à expresso, puis de laisser celle-ci faire couler le liquide noir bouillant dans ma tasse personnelle. Propre, du reste, je crois qu’il est de bon ton de le mentionner, puisque je ne me permettrai pas de lui offrir une boisson dans un contenant ayant déjà fait usage. C’est étonnant, d’ailleurs, que je n’ai pas envisagée un instant d’aller en chercher une autre dans la salle d’attente. Serait-ce l’expression inconsciente de mon attachement personnel à son égard ? Sans doute, même si je ne l’admettrai pas. Je préfère me convaincre que j’opte pour cette option dans un souci de praticité, de gain de temps. Et pour cause : dès lors qu’il a la tasse en main, un peu plus de soixante secondes suivant sa demande, nous pouvons reprendre le cours de notre thérapie. Thérapie qui m’apparaît houleuse au propos qui y est abordé : Hannah. L’un des éléments centraux de son mal-être, soit fait mention au dossier. Elle est par qui tout à commencer. Elle est par qui l’envie de fuir a vu le jour. Dès l’instant où mon patient a découvert sa trahison intime, avec un autre protagoniste de son histoire personnel, il a voulu guérir de cette partie sombre qui le caractérise. Le comment du pourquoi est alors devenu immédiatement évident à mon regard professionnel. Liam ne voulait plus être lié à ces gens pour ne plus souffrir. Or, on ne fuit pas un pan d’une vie entière sans avoir à l’avenir d’autre choix que l’affronter. Ce qu’il est amené à faire dès à présent, en ayant le dossier d’Hannah en sa possession, dans le cadre de sa profession. La question maintenant est : qu’attend-t-il de ces retrouvailles inévitables ? Un pardon donnant l’accès à un nouveau chapitre de cette histoire ? Ou un point final clôturant définitivement ce roman à l’amer arrière-goût d’inachevé ? Ce sont là les interrogations à laquelle j’attends une réponse, la pointe du stylo hors de prix sur le bloc-notes, le cœur palpitant à vive allure. J’attends cette réponse – ce crie du cœur, comme je le mentionnais auparavant – comme on attend la sentence lors d’un jugement. Je l’attends avec angoisse essentiellement parce que je la sais déterminante cette réponse, autant pour lui que pour moi. J’ai conscience que s’il désire retrouver son ex-petite-amie, qu’il envisageait de demander en mariage, je serai définitivement hors jeu, bien que je n’explique pas réellement en quoi cela à une importance. Je suis moi-même mariée, et infidèle. Deux éléments ne me permettant pas d’espérer quoique se soit. Le verdict tombe après un pesant silence, me concernant : on ne pardonne pas l’impardonnable. J’inscris ces mots machinalement sans savoir si c’est véritablement au sujet de Liam. C’est étrange mais, le temps d’une minuscule autant que ridicule fraction de seconde, mon époux m’apparaît en face de moi. « On ne pardonne pas l’impardonnable, Aubrey. »
_ Tu as raison.
Je lui réponds avec douceur, clignant des yeux pour le faire disparaître. Étrange parallélisme entre nos situations de vie, pourtant diamétralement opposée. Cessant d’écrire, je laisse mes yeux vagabonder sur le portrait d’Hannah, le court d’un instant : magnifique poupée ayant encore un pied ancré dans la vingtaine d’années. Il est étonnant que je sois parvenue à attiser son désir face à une aussi déloyale concurrence. Je me sens presque jalouse, soudainement. Particulièrement lorsque Liam m’explique, droit dans les yeux, le cours de leur dernière entrevue, chez lui, dans son ancien appartement. Je connais cette anecdote, si je puis nommer la chose ainsi, mais je l’entends différemment aujourd’hui. Je ne la perçois plus comme un simple élément d’analyse à ajouter à son dossier. Je la perçois comme la violente confession d’une probabilité que tout reprenne entre eux, au détour d’une explication. On ne pardonne pas l’impardonnable. Je l’entends encore me dire avec conviction. Sûrement. Mais l’impardonnable est bien souvent pardonné. J’ai des centaines de dossiers le prouvant. Quand on aime quelqu’un vraiment, plus fortement que tout autre chose sur cette planète, on est capable d’arriver à cette option.
_ Au delà de l’adieu que tu as voulu symboliser dans ce baiser échangé, il y avait une volonté sous-jacente de découvrir si tu pouvais encore la désirer en faisant abstraction de sa trahison. Je l’informe les yeux rivés sur ma feuille où j’inscris cette conclusion, tandis qu’il boit une gorgée de son café noire. _ Comme la réponse s’est avéré négatif sur l’instant, cela t’a conforté que tu optais pour le meilleur choix en la chassant de ta vie, d’où ton sentiment de bien être qui s’en est suivi. Je poursuis en le regardant droit dans les yeux, cette fois-ci. _ Mais cela remonte à quelques mois maintenant, et ce temps écoulé est à l’origine de l’incertitude qui t’accable.
Si les sentiments qu’il lui voue sont encore vivaces, il n’est pas exclu qu’il veuille retenter l’exercice. Du moins, c’est ce que je présume, bien avant qu’il ne me certifie ne plus vouloir quelque chose de sérieux avec cette fille. Une annonce qui allège mon cœur d’un poids considérable, que je ne ressentais pas auparavant. Je souris sincèrement à sa volonté d’être heureux. C’est la première fois qu’il la partage avec conviction, et je suis enchantée que cela soit en ma présence. C’est comme le début d’un aboutissement à un très long travail qui n’est pas encore à l’orée de son terme, un léger faisceau lumineux qui apparaitrait au bout de notre tunnel. C’est formidable, véritablement.
_ Je suis enchantée de te l’entendre dire, Liam. Je le félicite avec enthousiasme. _ Garde ce but bien en tête, il t’aidera pour les épreuves à venir.
Y compris celle d’Hannah. Je garde sous silence cette parole. Je n’ai pas l’envie de formuler à haute voix ce qui pourrait être une apparente opinion personnelle de ma part. Cependant, il s’avère qu’elle existe belle et bien cette opinion. Hannah, je ne considère pas qu’elle soit la femme idéale à Liam. Certes, ils ont été très heureux, comme mon époux et moi l’avons été avant notre passage à vide, mais ils ne sont pas destinés à être heureux à long terme. Liam a besoin d’une présence plus douce, plus réconfortante. Une personne capable de le canaliser sans aucune forme de brutalité. Une femme en mesure d’aimer sa partie sombre, pour l’encourager à la marier au reste de sa personnalité. Voilà. C’est ça, l’aboutissement final de notre thérapie : amener Liam à mêler ce qu’il est, ce qu’il veut être, pour former un tout fabuleux. Un tout qui le rendra encore plus magnifique qu’il ne l’est déjà à mon regard de femme, autant que de psychologue. Mais pardon. Pardon. Je digresse totalement en mentionnant cela. Liam se lève pour fermer le dossier sur mon bureau. Il va faire une trêve de noël, m’annonce-t-il, la main plaquée sur la couverture. C’est une judicieuse idée à mon sens, au delà de l’étonnement de le découvrir aussi enclin à découvrir de nouvelles choses.
_ Ne t’excuses pas.
Ai-je à peine le temps de lui glisser, tandis qu’il se lance à me faire part d’un souhait encore plus surprenant : la volonté de fêter noël, comme la majorité des communs des mortels, sans l’intervention forcée d’une tierce personne. C’est réellement fantastique. Je suis enchantée pour lui, sincèrement. Et je souris avec une infinie tendresse au monologue qu’il m’offre, bien plus long que ceux qu’il m’a offert dans mes souvenirs, il me semble. Liam a prit conscience en quelques minutes que la solution pour avancer, c’était de considérer les choses autrement, en ne reproduisant pas les actes du passé. C’est un grand pas en avant. Un pas que je l’encourage vivement à faire, et duquel je devrais moi-même prendre en exemple. Je n’ai pas moi-même de sapin de noël installé dans mon loft. Il dort dans un carton parmi tant d’autres, avec ces ornements non loin. Il serait peut-être temps que je m’y consacre, n’est-ce pas ?
_ Les sapins cela se trouve encore à cette période de l’année. Je lui déclare avec amusement. _ Ce n’est pas un obstacle infranchissable à ton désir de célébrer noël convenablement. Je peux même te citer une liste de commerce où il y en a de très beaux artificiels. Je lui propose, prévenante. _ Mais peut-être aimerais-tu un sapin naturel ?
Ils n’ont personnellement pas ma préférence, pour l’aspect éphémère qu’ils offrent en se dégarnissant trop vite de leurs aiguilles, mais je peux tout de même lui conseiller d’autres enseignes en vendant. Il faudrait surtout que j’ai une idée de ces goûts, de la taille de son logement, de… Stop ! Cela ne te concerne pas, Aubrey. Tu n’es que sa psychologue. Les conseils qu’il attend de toi ne sont pas de cet ordre. Quand assimileras-tu que votre liaison passée n’a jamais été d’un autre ordre que physique ? C’est curieux que tu n’arrives pas à rationnaliser avec cet homme !
_ Excuse-moi. Je lui déclare à mon tour, quelque peu confuse, à la suite de ma question précédente. _ Je me laisse un peu emportée par ma joie de te découvrir aussi enclin à fêter noël dignement.
Je laisse un léger rire dissimuler ma gêne grandissante. Cela fait tellement d’année que je ne n’ai plus partagée la joie de décorer un foyer avec quelqu’un que, le temps d’une émotion spontanée, je me suis autorisée à rêver qu’il souhaiterait ma présence à ces côtés. Une énorme bêtise.
Human deals with a huge amount of fear, it comes with imagination
Aubrey & Liam
Mon soudain enthousiasme d'il y a quelques secondes semble retomber instantanément a l'idée de ce sapin inexistant comme si il s'agissait d'une barrière insurmontable m'empêchant de réaliser ce souhait de fêter noël. Bien sur ce n'était pas compliqué de s'en procurer un, ce qui l'était c'était de s'en imprégner. S'imprégner de cette ambiance festive et chaleureuse autour de musiques et de vin chaud, des cadeaux qui pouvait pleuvoir en cette période de fin d'année sans oublier la profusion de chocolats en tout genre ou généralement nous tombions très souvent sur celui que personne ne voulait fourré a la liqueur déclenchant la surprise et la grimace qui se mariait si bien aux rires qui s'ensuivait. Oui, c'était ça Noel. Prendre du plaisir en famille ou bien entre amis avant le bouquet final de fin d'année. Admirer l'émerveillement des enfants face a cette légende du père noël qui traversait les ages tandis que les adultes racontait leurs souvenirs, leurs bon moments. Je soupire, dépassé par mes pensées. Je n'avais pas de sapin, ni même de souvenirs joyeux a propos de cette fête a raconter ou peut être deux ou trois en cherchant bien, je n'étais absolument pas a l'aise avec les enfants et pour couronner le tout, je n'avais jamais cru au père noël, la faute a mon père. C'était toute une enfance a rattraper, a apprivoiser et je ne m'en sentais plus si capable après réflexion. Tant de travail, encore. Et l'idée de traverser une foule de transit de noël pour choisir un sapin qui allait certainement piquer du nez au bout d'une semaine, avait terminé de me décourager. J'aimerais revenir sur mes paroles mais la soudaine exaltation d'Aubrey me pousse a laisser échapper un léger rire, me donnant l'impression quelle souhaitait partager ce moment en ma compagnie. C'était idiot de ma part de penser une telle chose. Aubrey devait certainement avoir de la famille quelque part avec qui le fêter. Qui sait, peut être avait elle des enfants a gâter. Dire qu'elle savait tout de moi alors que je ne savais presque rien d'elle. En temps normal, c'était le contraire. Je comprenais enfin l'effet que cela pouvait faire.
- Je ne sais pas si je vais y arriver... Dis je finalement, les yeux baissés.
J'ai l'impression de la décevoir. Je l'avais bien trop fait par le passé durant mes rechutes et peut être que j'en avais assez de décevoir le peu de personnes qui choisissait de faire partie de mon entourage. C'était bon de la sentir si optimiste a mon égard alors que je peinais a croire en moi et mes soit disant changements. Je relève la tête, prêt a balancer un boulet de canon sur un coup de tête.
- ... Pas sans toi.
Je souris faiblement, presque certain qu'elle va refuser. Que ferait une femme de la prestance d'Aubrey avec un vieil aigris comme moi le soir de noël ? Je n'ai pas la réponse et pourtant je m'enfonce encore un peu plus en en rajoutant.
- Je crois que je vais boire si je reste seul durant cette période. J'ai a peine terminé ma phrase que je réalise la bourde que je viens de faire. Je me reprend vivement. Enfin, c'est pas le but d'essayer de te faire culpabiliser, c'est juste que avec tout ça...je suppose que tu as d'autres projets... je... pardon, c'était idiot de te demander ça. Oublie.
Je me lève soudainement avec l’oppressante envie de quitter les lieux... de boire aussi. Je me détestais parfois. Je crois que vivre n'avait jamais été mon fort finalement. Je soupire encore une fois, me dirigeant vers la porte.
- Je vais y allé, c'est mieux. Merci pour le café.
L’enthousiasme de Liam repart aussi vite qu’il n’était venu. Je ne comprends pas pourquoi, je dois l’avouer. Ce n’est tout de même pas cette histoire de sapin qui en est à l’origine, n’est-ce pas ? Non. Je refuse de le croire. Le problème est plus profond qu’un détail aussi futile, et les traits de son visage me le confirment bien rapidement. J’hoche imperceptiblement de la tête, bouleversée. Je n’aime pas le voir comme ça, si malheureux. La tristesse des autres me touche toujours, c’est un fait avéré, mais chez lui elle s’est démontrée de plus en plus insupportable au fil des séances. Je me demandais précédemment comment j’avais été amenée à attiser son désir, souvenez-vous. Hé bien la réponse je la connais. J’ai invitée l’ambiguïté de nos rapports en me laissant aller à franchir des limites que je ne franchis avec aucun autre patient. La première étant de le prendre dans mes bras quand sa souffrance m’était également trop insoutenable. Comment aurais-je pu rester de marbre face à sa moue enfantine, ses yeux rougis de larmes ? C’était impossible. Et aujourd’hui encore, je sais que je pourrais quitter ma place pour le serrer dans mes bras, lui offrir une étreinte réconfortante. Mais à quel prix ? Celui de briser toujours mon couple ou… ? Non. Non. Je ne peux pas admettre cela. Je ne peux pas admettre que ma fascination pour lui n’est qu’un leur dissimulant des sentiments plus profonds à son égard. Les preuves semblent accablantes pourtant. Je m’enthousiasme à la seule pensée de l’aider à s’acheter un sapin qui collerait à son intérieur, ou encore à ses envies, alors qu’il n’a jamais été fait mention de cela. Je suis ridicule. Et je m’en excuse, sincèrement, dissimulant mon trouble sous un rire nerveux. Un rire qui a le mérite d’être communicatif chez lui, même légèrement. Liam me confit à la suite qu’il n’y arrivera pas, les yeux baissés comme honteux. Je sens mon cœur s’étreindre violemment dans ma poitrine.
_ Tu ne peux pas dire ça. Je lui souffle instantanément, avec conviction. _ Tu ne peux pas déjà partir perdant alors que tu n’as…
« Pas sans toi. » Ces mots m’interrompent immédiatement dans mon discours. Mon cœur commence à battre à une vive allure dans ma poitrine, particulièrement lorsqu’ils prennent un sens dans mon esprit encore interloqué. Pas sans moi. Il a besoin de moi, hors de ce bureau ? Je souris bien malgré moi, heureuse de l’apprendre. Il a besoin de moi et, au sourire qu’il m’offre, je ne doute pas un seul instant de cet élan de sincérité. Or, que suis-je sensée dire, ou faire ? Lui proposer d’aller acheter le sapin ensemble ? Lui offrir une place à ma table pour le réveillon ? Je l’ignore. Je suis totalement confuse. J’ai la soudaine crainte de vouloir peut-être plus que ce qu’il n’a lui-même envie. J’ai la soudaine crainte d’en venir à des conclusions erronées, par l‘unique motivation enthousiaste de partager un peu de sa vie en dehors du cadre professionnel qui nous lie. Liam m’aide à sortir de mes propres interrogations en me soulignant qu’il se remettra à boire, s’il reste seul. C’est compréhensible. Moi-même je me suis surprise au court des noëls derniers, à finir seule une bouteille de Champagne d’un très grand cru, uniquement parce que la vision de la table vide d’une présence familiale me rendait particulièrement morose. Et j’entends bien qu’il ne cherchait pas à me culpabiliser. Il exprimait uniquement un ressentie comme tant d’autres au cours de nos séances, ce que j’apprécie sincèrement. J’ai toujours aimé qu’il exprime à cœur ouvert ses émotions. Seulement, comment le rassurer à ce propos s’il ne me laisse pas le temps de réagir ? Dans ma tête, un état d’urgence se déclenche. Je ne peux pas me résoudre à le voir me fuir, à perdre cette chance d’être un peu plus à ses yeux qu’une simple psychologue réconfortante. Je me lève donc précipitamment pour rejoindre la porte de mon bureau, au pas de course.
_ Non. Je lui souffle en me plaquant contre celle-ci, avec l’espoir insensé d’être devenu pour lui une barrière infranchissable. _ Ne pars pas je t’en supplie. C’est la première fois que je le retiens. Du moins, c’est la première fois que je le fais en l’implorant plus qu’en le rappelant à l’ordre. _ Je ne veux pas que… Je ferme les yeux brièvement. _ Tu as tort. Je me reprends, la voix vibrante de l’émotion qui me submerge violemment. _ Je n’ai pas d’autres projets. Je n’ai PLUS d’autres projets depuis des années. Chaque hiver je remplis mon planning de clients désespérés à l’approche des fêtes, et même le jour des fêtes, pour oublier moi-même combien je suis effroyablement seule. Je marque une pause, ancrant mes yeux bleutés dans les siens. _ Et pour tout t’avouer, les rares fois où je me suis risquée encore à fêter noël, j’ai terminée en larmes en compagnie d’une bouteille de champagne à la main. Jolie portrait de sa psychologue, que je lui dépeins. Je me maudis d’être soudainement aussi franche, aussi désespérée. _ Je comprends pourquoi tu me méprise. J’ajoute en riant, sarcastique. _ C’est très désagréable d’avouer à quelqu’un nos faiblesses. Toujours est-il que… Je m’approche lentement de lui. _ J’ai envie de partager ces moments avec toi. Je me risque à déposer une main sur sa joue, avec tendresse. _ Accorde-moi cette unique chance d’être autre chose à tes yeux que ta psychologue. Laisse-moi… Je soupire, confuse. _ Partager ces moments là avec toi.
Jon ne reviendra pas pour les fêtes, j’en ai conscience. Et même s’il revenait par surprise, je lui laisserai ce déplaisir d’être seul à table, comme il me l’a trop souvent fait subir. Ma chance d’être avec Liam se joue maintenant. Je ne veux pour rien au monde la manquer. Du moins, s’il est toujours d’accord pour qu’on passe ces moments ensemble.
Human deals with a huge amount of fear, it comes with imagination
Aubrey & Liam
L'art de tout gâcher avec des futilités. Mes séances avec Aubrey avait fait, avec le temps et beaucoup de patience, que je m'ouvrais de plus en plus. Je comblais les silences là ou aligner trois mots a la suite relevait du miracle. J'étais la grosse brute instable qui se nourrissait de silence. J'ai presque envie de me rire au nez, tant ma situation actuelle me semblait minable. J'avais autant de chance de passer noël avec ma psychologue qu'avec le père noël. Finalement j'étais peut être mieux avant, quand je fermais ma gueule. Ca réduisait fortement les chances de raconter des conneries plus grosse que mon mal être psychologique. Au final, je n'avais fais que me remettre moi même a ma place, m'infliger une punition. Je me voyais comme le doigt qui appuyait sur la détente. Vérité brûlante. Aubrey et moi nous n'étions pas du même monde et je n'avais qu'a la regarder pour que ça me saute aux yeux. Les types comme moi, ça pourrissait quelque part mais ça ne fêtait certainement pas noël avec une femme mondaine. J'avais certainement tort de penser qu'elle était une amie, une confidente plus qu'une psychologue. Une psychologue. Et moi j'étais le patient. Le patient qui l’inondait de mes problèmes. Un parmi tant d'autres. Et bien que ses conseils me soit utiles, je la payais pour ça. Pour qu'elle m'écoute geindre, jouer l'incessant yo-yo du ça va...ça ne va plus. Le numéro je ne sais combien sur son planning. Coucher avec elle dans un moment d'égarement ne m'avais probablement jamais fait monter en grade. Mais quel grade espérais je ? Cette femme avait sa vie ailleurs. Et parler ne changerais rien a ma solitude. J'étais seul pour noël. Encore une fois. Cette histoire de sapin avait définitivement foutu en l'air ma journée plus qu'elle ne l'était déjà par cette héritage. J'ai envie de balancer ces dossiers a travers la pièce mais je me retiens, posant la tasse de café là ou se trouvait il y a un instant le visage d'Hannah, me dirigeant vers la porte, déterminé a ne plus aborder le sujet des fêtes. Seul en compagnie d'une bouteille ou deux, c'était peut être pas si mal en fin de compte. Renouer avec de vieux amis éternels. Briser une promesse, aussi. Je pesais le pour et le contre avec la sensation que ma vie était une balance a échelle humaine. Ma main se pose sur la poignet de la porte tandis que le parfum vanillé d'Aubrey m'enveloppe, celle ci se glissant, féline, devant moi, m'empêchant de sortir. Sentant ce geste désespéré et impulsif, je recule d'un pas sous l'effet de surprise, cherchant a m'échapper de ce regard bleu métallique qui me clouait sur place lorsque notre proximité était a son comble. Je pouvais presque sentir son souffle rythmé sur mon visage. Je plisse les yeux d'un air interrogateur. J'ai l'impression de rêver alors que je l'entend me supplier de rester. Et la suite est d'autant plus surprenante qu'irréel. Mes sourcils se lèvent tandis qu'un balais d'expressions désordonnées traverse mes traits alors que les confessions d'Aubrey se multiplient. Elle m'offre ses faiblesses et ses peines, m'avouant même comprendre pourquoi je détestait autant me rendre a ses séances. Et son discours se termine sur une note encore plus déboussolante. Elle souhaite passer ce moment avec moi et me demande de l'accepter. J'ai la bouche entrouverte, ne sachant quoi répondre et surtout n'en demandant pas tant. Pourtant son geste maternel est de trop, je la laisse me caresser la joue quelques secondes avant de la couper dans son élan de tendresse, reculant encore un peu plus. Je n'ai pas la main sur la situation et ça m'effraie. L'effet de surprise est de son coté, ce qui me trouble. Je finis par lacher un rire presque moqueur sans vouloir être méchant, je réplique pourtant quelque chose qui, sans réfléchir, pourrait la blesser. En réalité, je ne sais plus trop ou j'en suis avec elle.
- C'était quoi ça ? On dirait que t'es amoureuse. La réplique d'un gamin qui cherche a piquer faute de meilleur défense. Et je m'en rend compte, tentant de me rattraper tant bien que mal a ma façon. Je crois que c'est la première fois que j'entends quelque chose a ton sujet. Alors comme ça, toi aussi tu fais de la bouteille ta meilleure amie le soir de noël ? Ca nous fait au moins un point commun...
Je souris faiblement, aussi parceque sa vie me paraissait beaucoup moins palpitante que je me l'étais imaginé ces derniers mois. Mais je me sens aussi soudainement plus proche de cette femme. Et, qui sait, peut être que des points communs nous en avions d'autres. Je me laisse guider vers ce sofa ou je me laisse tomber dans un soupire, revenant sur ma décision de fuite, invitant Aubrey d'un regard a me rejoindre sans prononcer le moindre mot. Et pour tout t’avouer, les rares fois où je me suis risquée encore à fêter noël, j’ai terminée en larmes en compagnie d’une bouteille de champagne à la main. Y en avait il encore d'autres des anecdotes comme celle ci ? Je relève la tête, marmonnant quelque chose, plus pour moi même que pour elle.
- On est minables...
Alors nous restons là, chacun fuyant le regard de l'autre, appréciant ce silence soudain après le choc des révélations qui m'avait contredit sur toute la ligne, remettant presque tout en question sans vraiment tout comprendre. Puis, enfin, mon visage un peu plus illuminé que précédemment se tourne vers Aubrey.
- Y a quelques jours, je suis passé en voiture sur une route pas loin de Brisbane. Elle était déserte. Pas mal pour faire pousser la machine. Je parlais de ma Porsche bien évidement. Aubrey devait se demander quel était le rapport avec notre discussion, je lui donne quelques secondes plus tard. Y a une forêt pas loin de cette route. De sapin.
J'accentue le mot "sapin". Idée saugrenue qui me traverse l'esprit. Je n'en dis pas plus, la laissant deviner mes possibles intentions.
Liam refuse tout geste de tendresse de ma part. Il se recule pour m’empêcher de caresser sa joue. Dans un élan de regret, je baisse ma main pour annuler mon erreur. Or, il est trop tard pour ce faire. Bien trop tard. Je n’ai plus qu’a affronter la tête haute la répercussion de mes très mauvais choix, optés dans une spontanéité que je déteste. Mon intuition me dit, au rire moqueur qui émane de ses lèvres, que je ne vais pas forcément appréciée la réponse qu’il va me fournir. Pire. Mon intuition me hurle que j’aurais mieux fait de le laisser s’enfuir, comme à chaque fois ; que j’aurais du m’abstenir de me confier également, comme à chaque fois. Parce que c’est aussi ça, Liam. Un homme qui manque de compassion, de délicatesse. Un homme terriblement égoïste se fichant bien de piétiner le cœur d’une femme, consciemment ou non. Et le mien, j’ai le sentiment qu’il est devenu le paillasson sur lequel il s’essuie les semelles pleines de boue. Mais tu as raison. Je ne l’ai pas volée, celle-là. Je t’ai laissée entrevoir la femme désespérée se cachant farouchement derrière la psychologue pleine d’assurance, et tu fais bien de la remettre à sa place d’une aussi magnifique gifle que celle que tu m’as administrée. Mais qu’espérais-je bon sang ? Lui tirer une petite larme à l’œil ? Lui provoquer un battement de plus dans sa cage thoracique ? Je n’en sais rien, pour vous être entièrement franche. Je crois que… Idiote. Voilà ce que tu es, Aubrey. Une imbécile qui fout toute une vie en l’air pour un homme qui n’en a que faire que tu puisses ne serait-ce que l’apprécier. Je l’ai déjà tirée de nombreuses fois ce constat, pourtant. Cela ne le rends pas pour autant moins affligeant. Et ça le reste alors qu’il souligne bien le simple fait que c’est la première fois que je me confie à lui. Et quel confidence ! De l’éventail des plus inavouables que j’avais, j’ai trouvée la pire : celle qui m’encouragerait à le fuir à mon tour, maintenant qu’il sait que je ne vaux pas mieux que lui. Cela serait une variante pour une fois, cela dit. Cela serait moi qui lui ouvrirais la porte pour lui dire de dégager, alors que d’ordinaire c’est lui qui le fait de lui-même. Je ne sais pas si j’irai jusqu’à lui préciser de ne plus jamais revenir, cependant. Peut-être pas. Enfin. La réponse à cette question restera en suspens encore longtemps, je crois. Liam fait le pas de s’installer à nouveau dans le sofa, dans un profond soupir, et moi… Hé bien moi je reste brièvement appuyée contre cette porte, à m’auto-flageller d’être une personne pathétique. D’un regard, Liam m’invite à le rejoindre sur le sofa. J’accède à cette requête le pas traînant, le moral en berne. Si je voulais une preuve irréfutable d’un attachement profond pour cet homme, je peux me satisfaire : je l’ai, dès à présent. Et pour cause : aucune femme ne se mettrait dans de pareils états pour un vulgaire patient, n’est-ce pas ? Pathétique. Minable, aussi. Il a raison de le bougonner. Nous sommes loin d’être des personnes enviables. Nos apparences laissent penser que nous sommes des êtres humains possédant tout ce que le commun des mortels rêveraient de posséder : la confiance, la puissance, la prestance. Mais la vérité c’est que ce n’est que de la poudre aux yeux, tout ça. Nous sommes deux pauvres âmes perdues, ne s’épanouissant jamais de ce qu’elles ont. Le silence s’installe alors, pesant. Le mieux serait que je reprenne le dessus sur cette parenthèse gênante. Que je l’encourage à aller faire ce que bon lui semble tel que : boire ou même fêter le réveillon en compagnie de sa très chère Hannah, si le coeur lui en dit. Mais je n'en fais rien. J'ai conscience que cela serait une erreur de plus, encouragée par mon propre désarroi. Je peux être brutale, moi également, lorsque je m'estime blessée. Non. Je me contente d’attendre qu’il fasse lui-même le pas de mettre un terme à ce calvaire en fuyant, éventuellement. Liam opte à la place d’interrompre le silence en me parlant d’une route déserte non loin de Brisbane. Je l’observe avec interrogation. Quel rapport avec le malaise actuel ? Je l’apprends immédiatement à la réponse qu’il me fournit : une forêt de sapins.
_ Ne me dis pas que… Si, bien entendu. C’est évident, même : il envisage de se procurer un sapin dans cette forêt en toute illégalité. _ Non n’ajoute rien. Je reprends dès lors que j'ai compris le sous-entendu, pour lui épargner une explication inutile. _ J’ai parfaitement compris où tu souhaitais en venir. La lueur dans ses yeux est malicieuse. Il faudrait que je sois aveugle pour ne pas la voir. _ Je présume qu’après ce qu’il vient de se passer tu vas t’y rendre seul ?
Cela m’apparaît logique, finalement. D’ailleurs, pourquoi s’encombrerait-t-il d’une potentielle « amoureuse », je vous le demande ? Ce que je ne suis pas, du reste ! C’est bien simple : je refuse obstinément de me considérer comme tel à son égard. Cela serait plus de problèmes que je ne peux en gérer quotidiennement.
_ Fais attention à toi.
Je me lève du sofa. Je n’envisage pas un instant qu’il m’ait inclus dans son projet soudain de voler un sapin. Je me prépare donc à aller déjeuner seule, en mettant l’ordinateur sur veille, puis en rangeant rapidement mon bureau.
Human deals with a huge amount of fear, it comes with imagination
Aubrey & Liam
Tandis que je laisse le temps a Aubrey de comprendre le sens de mes paroles, mon esprit divague a nouveau vers ses mots durent de sens mais qui se révélait presque apaisant pour moi au coeur de la tristesse. Cette solitude dévorante, ce penchant pour l'alcool, même le soir de noël. Cet éternel face a face avec moi même qui finissait par me dégoutter de mon propre reflet dans le miroir et ces yeux rougies par la boisson. C'était a se demander si je n'étais pas fou, parfois. J'avais longtemps voulu au monde d'être différent de moi. J'avais finis par comprendre que c'était moi qui l'étais. Différent. Et incapable de me mêler a eux sans en subir les conséquences. Instabilité méprisante. J'avais besoin de la solitude tout comme j'avais besoin d'être entouré pour ne pas sombrer. Ce solitaire effrayé par la solitude. Comme si mon existence même n'avait aucun sens. Ca avait toujours été ça. Et pour la première fois depuis longtemps, j'ai la certitude que je ne suis pas fou. Qu'il y a quelqu'un d'autre comme moi, accablé par le vide un soir de noël. Ca ne devait pas l'être mais pour moi c'était profondément rassurant. Alors, je me laisse imaginer cette femme pleine de grâce s'adonner a une activité pourtant si disgracieuse bien que je peinais a comprendre comment Aubrey pouvait terminer seule. Elle avait bien un mari, du moins, elle en avait eu un, une famille, des amis. Alors, pourquoi ? Je voulais en savoir plus, connaitre les différentes facettes de cette femme que j'avais cru invincible et heureuse seulement parce qu’elle était toujours de bon conseils. Peut être n'était ils pas si bon pour elle. Il était facile d'aider les autres, beaucoup moins soi même. Et peut être s'était elle réfugiée corps et âme dans ce travail pour s'oublier et vivre a travers les autres. Mais je divague. Je n'ai, encore une fois, aucune idée de qui se cachait derrière la psychologue et j'ai la ferme intention de le découvrir. Aubrey semble comprendre de quoi je voulais parler mais elle a perdu son enthousiasme, ne comprenant pas directement que ça venait de moi et mes réflexions déplacées. Persuadée que je vais m'y rendre seul, je la vois se lever et ranger presque précipitamment ses affaires tandis que je jette un rapide coup d'oeil a ma montre, comprenant quelle devait certainement allé manger avant de reprendre ses rendez vous de l’après midi. Je me lève également, la regardant s'afférer...et se tromper.
- Non. Je laisse quelques secondes s'écouler. Pas seul.
Je n'avais pas changé ma décision, je voulais toujours faire ça avec elle et maintenant c'est secrètement a moi d'espérer quelle ne refusera pas. Je n'attend pas vraiment sa réponse, posant a nouveau la main sur cette poignet, me tournant une dernière fois vers Aubrey.
- Demain c'est le weekend, je suppose que tu ne travailles pas. Je viendrais te chercher ici en début d'après midi, j'aimerais y être avant que la nuit ne tombe.
Je lui offre un dernier regard. Seras tu là ? Mais, encore une fois, je n'attend pas la réponse, peut être pour ne pas lui laisser le choix ni le bénéfice de l'hésitation. Je disparais dans le couloir encore perdu par cette conversation que nous avions eu. Et maintenant c'était a moi de ne pas changer d'avis. De ne pas revenir sur cette invitation... et sur cette trêve.
Je m’affaire à ranger mon bureau, aux prises de mes propres ressentiments. C’est exceptionnel que je me priorise ainsi sur un patient. C’est tout autant exceptionnel qu’un patient me mette dans un tel état, également. Mais Liam n’est pas n’importe quel patient. Il est LE patient. Celui par qui tous mes troubles ont vu le jour. Et si finalement, ma vie n’était pas si parfaite elle non plus ? Me suis-je moi-même interrogée, dès l’instant où son dossier m’est devenu fascinant. Et si ce que je voyais chez cet homme, n’était que le préambule de ce qui m’attendait ? Il faut de la volonté pour se remettre soi-même en question, ne serait-ce que pour mieux évoluer. Et cette volonté, il me l’a injecté dans les veines dès les premiers baisers répréhensibles, dès les premières caresses controversés. Si j’étais capable de céder aux plaisirs de la chair avec un autre homme que mon très estimé mari, c’est qu’il résidait chez moi un problème sous-jacent. Certains de mes collègues diraient simplement qu’il s’agissait là d’une simple histoire de fesses, qu’il n’y avait pas de quoi s’en formaliser, mais… je me connaissais encore, à ce moment là. Je savais que cela n’était pas aussi simple que les apparences le laissaient penser. Sont venu alors les questions sur moi. Sur Jon. Sur nous. Sont venu les séances d’analyses de notre quotidien, si rébarbatif. Mon époux et moi évoluions dans la même villa comme deux automates, reproduisant inlassablement les mêmes gestes au quotidien. Quelque chose n’allait pas. Quelque chose n’allait plus. Je ne reconnaissais plus ce couple que j’avais tant chéri. Je ne reconnaissais plus cette femme que je voyais dans mon reflet. A quelques occasions, je me mettais moi-même en pause pour tester mon conjoint, découvrir s’il percuterait lui-même que la mécanique commençait à dérailler de mon côté. Sans succès. Il s’acclimatait des quelques changements que je provoquai, ne s’en formalisant pas. C’est là que j’en vins à la conclusion que tout changer, se serait tout briser. C’était terrifiant. Je n’avais rien, en dehors lui ou de mon boulot. Je comptais mes amis sur les doigts d’une main, et je me refusais m'appuyer sur eux pour m’aider. Idiote fierté que nous avons en commun, sans doute. Mais c’était bien là le drame de ma vie. A force de prendre en exemple ce père que je chérissais, j’en étais devenu sa pâle copie. Je m’enfermai dans le travail pour ne laisser à personne le loisir de découvrir mes failles, toujours plus nombreuses. Mes failles que Liam découvrait à chaque rapprochement intime, métamorphosant la femme en ce que je suis aujourd’hui : une faible chose méprisante autant que méprisable, cédant un peu trop facilement à l’appel langoureux des interdits. Je ricanerai bien de la pitoyable image de moi-même si je n’avais pas encore un témoin de la scène. J’observe Liam qui me dit « non », soudainement. Je m'arrête dans mes tâches mécaniques pour le regarder. Non ? Je fronce les sourcils, peinant à comprendre à quoi il fait référence en me répondant cela. Pas seul. D'accord. Je remets les éléments dans leur contexte, maintenant. Il répond à l’ultime question que je lui avais posée auparavant. J’acquiesce machinalement, tandis qu’il se dirige à nouveau vers la porte de mon bureau. Je présume qu’il va rejoindre son – ou sa – futur complice pour célébrer un noël haut en couleur. Je soupire. Oui. Il doit certainement avoir de meilleur candidat au poste, si je puis m’exprimer ainsi. Je m’apprête donc à le laisser partir sans un regard, lorsqu’il reprend à nouveau la parole. Demain, c’est le weekend. Effectivement. Il suppose que je ne travaille pas. Je le pourrais cela dit, vu les cas désespérés qui s’amoncellent dans ma salle d’attente à l’approche des fêtes. Il m’annonce qu’il viendra me chercher demain en début d’après-midi, pour y être avant que la nuit tombe. Je croise son regard, interloquée, le temps de quelques secondes, juste assez avant qu'il ne disparaisse dans le couloir, me laissant seule avec ma réponse. Serai-je présente au rendez-vous ? Cela se peut bien. Je souris légèrement, une certaine forme de joie de vivre retrouver, et je quitte à mon tour le cabinet pour le déjeuner. Je t’attendrai, Liam. J’espère que tu tiendras ta parole.