Stephen et le farniente ne faisaient décidément pas bon ménage. Cet homme semblait incapable de se détendre, de rester tranquillement sur un transat sans avoir quelque chose pour l'occuper. Les vacances étaient comme une notion abstraite à ses yeux. Travailler, regarder des séries, nager, randonner ... tout ça éveillait sa curiosité, mais seul sur sa serviette, le trentenaire avait autant de tenue qu'un enfant de six ans, et ça, la pauvre Leah en avait tristement fait les frais. Se plaignant tantôt de ses coups de soleils (parce que même si l'astre primaire ne brillait pas plus ici qu'à Brisbane, au moins à l'hôtel ils avaient l'opportunité de pouvoir se baigner sans jouer du coude avec les centaines de touristes qui se pressaient sur les plages) et l'assommant d'informations sur l'hôpital dont elle ne comprenait pas le moindre mot (les kinés avaient un langage à part, c'était un fait indéniable) .. la brune avait bien droit à une soirée de répit. Du moins, c'était ce dont le brun se persuadait alors qu'il se préparait pour le petit dîner organisé par l'hôpital à l'issue de cette courte mission. Ils avaient réservé une grande table dans l'un des restaurants d'Hobart, et si Stephen n'avait pas jugé bon d'en parler à Leah, c'était qu'à ses yeux ce n'était pas le genre d'information qui se devait de retenir son attention. Énorme erreur. Pour lui, une simple chemise et un jean sombre faisaient l'affaire, mais pour les femmes c'était une toute autre histoire, en temps normal. La brunette avait fait les boutiques pour se dégoter une tenue qui trancherait avec ses vêtements de plage, et quelle tenue. Alors que Stephen attendait (en râlant) qu'elle daigne enfin quitter cette foutue salle de bain histoire de ne pas arriver trop en retard, un cliquetis de talons sur le parquet lui fit lever les yeux de son téléphone. Seigneur. « C’est bon j’suis prête. On peut y aller. » La vague idée de lui ordonner de mettre un pull et des collants opaques lui avait traversée l'esprit. Stephen balayait des yeux la tenue de Leah. Il en détaillait chaque couture, de haut en bas. Le blanc de sa robe mettait en valeur son bronzage et ces foutues chaussures rendaient ses jambes interminables. En temps normal il lui aurait dit la trouver belle, mais après ce qui avait pu se passer entre eux il optait pour une moue qui oscillait entre satisfaction et agacement. Leah jouait avec ses nerfs. Non pas qu'il s'estimait être en mesure de flancher ce soir, mais tout était encore bien trop flou à ses yeux pour mettre en péril le pseudo équilibre qu'il tâchait de maintenir dans sa vie. "T'es.." qu'il commençait, avant de prendre un instant pour trouver ses mots. "... ouais on va y aller. Sans quoi on sera vraiment en retard." et laissant tomber son idée de commenter quoi que ce soit, Stephen attrapait la carte magnétique de leur chambre pour la fourrer à la va vite dans sa poche arrière. A l'extérieur, un taxi les attendait, et durant tout le trajet cette tête de mule n'avait pas relevé les yeux de son téléphone. Phoebe venait de lui faire un retour de la journée passée sans lui et de la productivité de son remplaçant, et c'était soudainement la chose la plus importante au monde. "On y est" Après de longues et silencieuses minutes, le chauffeur venait de les déposer devant un restaurant de plage devant lequel un petit attroupement s'était formé : les bénévoles de Brisbane. Glissant l'une de ses mains derrière le dos de la brune pour l'accompagner et la présenter, Stephen était tendu, et toute sa nervosité transparaissait dans ses mouvements. "John, Leah, une amie." "Oh Helen, je suis venue avec une amie." et c'était comme s'il avait été payé à dire le mot amie ce soir. Courage Baumann, Stephen le névrosé était de retour.
En règle générale, Stephen n'était pas de ceux dont on réussissait à décrypter toutes les émotions comme dans un livre ouvert. Le brun était tout en nuances, tantôt enjoué, colérique, agacé, passionné ... Il était souvent compliqué de savoir sur quel pied danser avec lui, et ça Leah l'apprenait à ses dépens depuis que les deux commençaient à se fréquenter plus intimement. Il n'était pas des plus simples à vivre, n'était absolument pas doué pour exprimer ce qu'il pensait. Une véritable énigme à lui seul. « Y a un problème ? » La brunette venait de tirer sur son bras. Son ton était calme, mais son regard ne trompait pas. Stephen se passait une main sur le visage, puis les éloignant doucement de l'espace où les convives commençaient à s'installer, prit finalement la parole. "T'es.." Mais merde enfin ! Un serveur qui passait par là, et Leah qui attrapait une coupe de champagne, sans aucun doute pour se détendre l'esprit. Stephen le congédiait d'un mouvement de tête, puis se fourrait les mains dans les poches. Son regard accrochant tout sauf le sien. "C'est rien ok ? J'ai juste pas envie de passer pour le lourd de service en te demandant de couvrir tes jambes, mais c'est genre ... méga court." La conscience interne du brun avait à nouveau jeté l'éponge face aux répliques stupides que sa bouche débitait plus vite que le bon sens. Il n'y avait décidément que lui pour tenter de rattraper son comportement minable en étant encore un peu plus minable. "Merde, c'est pas ce que j'ai voulu dire." Et pourtant tu l'as fait Holloway. "... mais sérieux Leah. Entre le bikini et la mini jupe ... Je pensais qu'on allait se voir avec de la transpiration, des bottes de randonnée et un coup de soleil sur le nez. C'est pour ça que je voulais faire cette virée avec toi." parce que jusqu'à présent chaque fois que ses yeux accrochaient un micro centimètre carré de sa peau, c'était un flot de souvenirs brûlants qui refaisait surface. "Oh puis laisse tomber." Avec l'ouverte impression de s'exprimer comme un manche, Stephen abandonnait l'idée de s'expliquer au sujet de son comportement de ce soir. Son énervement serait temporaire et il y avait fort à parier qu'une bonne session de tapis de course à la salle de sport de l'hôtel suffirait à lui rendre les idées claires. C'était le même principe qu'avec le boulot : s'épuiser pour ne plus rien avoir à l'esprit qui serait hors de la ligne de conduite qu'il s'était fixé. Carter, Logan... ces deux là entraient en ligne de compte et Dieu savait à quel point il s'en voulait d'avoir encore ces images de boucles brunes et de peau nue qui lui collaient à la rétine. "Viens, on y va." Puis sans l'attendre il partait rejoindre le groupe pour s'attabler à son tour et prendre part à un repas auquel il adresserait à peine la parole à Leah. Une tête de mule dans toute sa splendeur. Stephen avait toujours eu bien du mal à gérer les émotions, et ces derniers temps elles étaient absolument toutes contradictoires. Entre ce qu'il voulait faire, ce qu'il faisait et ce qu'il s'estimait devoir faire, c'était une mine de problèmes qui pointaient chaque matin ou son pied foulait le sol.
Comme il s'en serait douté, Leah avait mal pris sa remarque au sujet de la longueur de sa jupe. Courte. Bien trop courte à ses yeux un brin trop protecteur. « Sérieusement Stephen. Il fait plus de trente degrés. J’étais supposée me promener comment exactement ? En combinaison ? Franchement t’abuses. » Et elle avait sûrement raison de lui faire le reproche, mais c'était plus fort que lui. S'il l'avait pu, Stephen aurait gardé Leah sous une robe de nonne durant toute la durée de leur séjour ici. Il avait fait une promesse. Il avait promis de garder ses distances avec elle. Le simple fait de partir en vacances en sa compagnie était déjà une entrave à la confiance que Carter lui accordait, mais le brun était à des lieues de s'imaginer que le souvenir de sa peau brûlante contre la sienne ne le quitterait pas d'une semelle et se raviverait chaque fois qu'elle déambulait en bikini sous ses yeux. A Brisbane c'était plus facile de faire comme s'il ne s'était jamais rien passé. Le boulot occupait son esprit, Anabel aussi, et sûrement aussi bien d'autres choses. Ici c'était différent. Ses problèmes avec la photographe semblaient être à des kilomètres, les tracas quotidiens aussi ... son esprit vagabondait et ça, Stephen ne savait pas comment le gérer. Comme à son habitude, il demeurait sur la défensive, préférant garder le silence et quitter leur alcôve pour revenir au monde réel et aux conversations banales sur la kiné. Leah ne lui avait pas décroché un mot durant tout le repas, et lui avait à peu près fait de même. Deux bonnes heures presque interminables qui s'étaient achevées sur une note amère. Le taxi du retour était presque une bénédiction, même si une fois dans l'habitacle, l'atmosphère pesante du repas n'avait pas tout à fait disparu. "Ecoute Leah c'était pas ce que je voulais dire" ; "J'suis désolé" ; "La prochaine fois tu pourrais mettre un jean s'il te plaît ?" Autant d'excuses que le trentenaire aurait eu envie de dire mais qui ne franchissaient pas la barrière de ses lèvres. Terré dans le mutisme, il était à des lieues de s'imaginer que la conduite sportive du conducteur amènerait finalement un dénouement à toute cette tension. Au détour d'une rue, et malgré leur ceinture de sécurité, Leah fut projetée malgré elle contre le torse du brun. Une raideur instantanée de chaque centimètre carré de sa peau avait suffit à la brune pour comprendre qu'il n'était pas prêt à un quelconque contact. Revenue de son côté, le visage ostensiblement orienté vers la fenêtre, Stephen ne pouvait qu'imaginer ce qu'elle devait ressentir. Il agissait comme le pire des cons en la repoussant de la sorte sans lui donner la moindre information sur la raison de son comportement. De longues secondes filaient, puis après s'être passé une main sur le visage, Stephen sifflait d'entre ses dents un "et puis merde" avant de laisser au placard ses beaux principes. Se décalant d'un siège, il tirait sur le bras de la brune pour attirer son visage au sien et l'encadrer de ses mains. L'une d'elles se glissait dans ses cheveux tandis que l'autre tombait contre sa taille et sans aucune hésitation, ses lèvres se plaquaient avec ferveur contre les siennes. Un baiser intense, bien trop intense. Comme si l'interdit de la chose rendait ses gestes plus fiévreux. Plus rien autour d'eux ne semblait exister si ce n'était ces lèvres dont le champagne leur en avait laissé un goût sucré. Stephen retrouvait avec envie le contact du corps de Leah contre le sien. L'odeur familière de son parfum lui faisait tourner l'esprit un peu plus vite, sa chevelure entre ses doigts l'électrisait plus que de raison, et ...tant qu'il était question de raison, cette dernière revînt rapidement mettre un frein à cet engouement. Le chauffeur se racla la gorge, comme pour signifier que l'arrière de son taxi n'était pas un lieu de débauche. Immédiatement ou presque, Stephen s'était détaché du corps de la brune, se replaçant de son côté de la banquette, comme frappé par la réalité. Qu'est ce qu'il foutait là ? Les choses avaient pourtant été mises au clair. Cet écart avec Leah avait justement été classé dans la case écarts pour que ni l'un ni l'autre ne s'y reprenne, pour ne blesser personne. A nouveau, Stephen se passait une main fatiguée sur le visage. "Excuse moi." qu'il lançait alors, sa rigidité pas tout à fait évaporée ; un paquet de nerfs d'un mètre quatre vingt cinq. Il glissait finalement un nouveau regard sur son téléphone, marquant ainsi un retour à la réalité sans transition.
C'était irréel. C'aurait du rester dans le domaine de l'irréel. Ce n'était pas dans les plans du brun de céder à nouveau à cette envie sourde qui grondait depuis leur arrivée en Tasmanie. Stephen n'avait pas voulu que Leah ne l'accompagne jusqu'ici pour pouvoir tranquillement profiter du cadre enchanteur de leur hôtel pour renouveler l'expérience de cette nuit qu'ils avaient passé ensemble. Au contraire. Il aurait aimé qu'ils se retrouvent différemment, que leur amitié se renforce ... beau boulot Holloway. De retour dans leur chambre, la tension était encore palpable. Le brun se demandait encore ce qui avait pu le pousser à fondre sur Leah et à partager avec elle un baiser qui était déjà une incartade grandiloquente à la ligne de conduite qu'il s'était fixée. Même s'il le savait déjà. Ce n'était pas son genre de réagir par le foutu pour foutu, mais le trentenaire ne pouvait s'empêcher de ressentir à nouveau cette électricité qui semblait le pousser à nouveau vers la brunette comme si son univers s'était mis à graviter autour de ce petit bout de femme. Beaucoup de passion, peu de réflexion et une culpabilité égale au désir qui pointait, lorsque Leah était venue s'approcher de lui, il ne l'avait pas repoussée. Au contraire. Sans le moindre mot, il la laissait l'attirer contre elle, presque docilement. Ses lèvres venaient à la rencontre des siennes avec avidité, ses doigts se nouaient dans sa chevelure, tirant parfois contre cette dernière pour lui offrir un accès à la cambrure de son cou. Sa bouche délaissait la sienne pour venir s'y perdre, laissant par endroits ses dents faire mordre ses baisers qui descendaient lentement vers le sommet de son épaule. Soudain ce haut était de trop. Avec dextérité le brun s'en débarrassait rapidement, imité par Leah qui défaisait ses boutons de chemise à une rapidité déconcertante. Leurs vêtements volaient. Un à un. Sans aucune hésitation, sans aucune goutte d'alcool pour cautionner leurs gestes, les deux amants se mettaient à nu sans une once de gêne. Sûrement car ils l'avaient déjà fait, où peut être bien que l'évidence de cette étreinte balayait les a priori qui surplombaient le fait de se révéler si intimement à quelqu'un qui jusque là en avait vu bien trop et trop peu à la fois. "On devrait pas" qu'il soufflait en contredisant ses paroles par les nombreux baisers qu'il déposait sur chaque centimètre carré de peau dont ses lèvres avaient l'accès. Stephen était dans un état de mi-conscience tant ses sens et cette furieuse envie qui grondait de façon constante l’assénaient de céder. Avec douceur, il l'entraînait pourtant avec lui jusque ce lit qu'ils avaient jusqu'à lors partagé de façon bien plus sage. Il n'était pas question de faire machine arrière. A ses côtés, le brun laissait ses mains mener à bien une exploration minutieuse du corps de la jeune femme, comme s'il le découvrait pour la première fois. Sa taille marquée, ses jambes dont il n'avait pas réussi à les regarder sans ciller plus tôt dans la soirée.. Leah était parfaite exposée ainsi, à peine éclairée par la lumière de l'astre lunaire qui se reflétait dans la baie vitrée. "Dis moi non." qu'il chuchotait presque en laissant l'une de ses mains se frayer un chemin jusqu'à son mont de vénus, mais la négative vint presque d'elle même, sans que sa belle n'ait le moindre mot à prononcer. Elle semblait déjà encline à l'accueillir différemment, mais ne repoussait pourtant pas cette main que le brun avait glissée dans le seul et unique but de l'emmener avec lui dans une autre dimension. Il espérait bien lui faire perdre l'esprit, oublier la notion du temps. Sa tête reposait dans le creux de son cou, ses lèvres venaient doucement à la rencontre de sa poitrine dont la peau semblait déjà rougir. Stephen observait avec satisfaction le dos de Leah se cambrer sous ses mouvements. Ses boucles brunes dont l'odeur le faisaient chavirer se dispersaient sur les draps, et lui se laissait guider par l'envie. La raison et les conséquences à venir au placard, Stephen cédait.
C'était comme si le temps était suspendu, comme si une autre dimension s'était offerte à eux. Dans cette chambre à peine éclairée par des rayons de lune, les deux amants se livraient à une activité dont l'envie balayait les interdits. Leurs silhouettes se fondaient l'une contre l'autre, leurs lèvres ne se quittaient que pour mener à bien d'autres délices. Stephen ne pouvait se résoudre à quitter du regard les boucles brunes de Leah qui descendaient plus bas, toujours un peu plus bas, jusqu'à un point qui fit basculer son crâne dans le moelleux des oreillers. La tête rejetée en arrière, un plaisir sourd et constant qui grandissait toujours un peu plus, le trentenaire avait doucement noué ses doigts dans la chevelure de sa belle. Ce sentiment de sérénité qu'elle lui procurait contredisait sa raison qui lui hurlait qu'il était encore temps de faire machine arrière. Stephen n'en tenait pas compte. Après un moment, et sans la moindre hésitation, il avait fini par poser ses mains sur les épaules de Leah pour l'entraîner avec douceur au dessus de lui. Une passivité nouvelle pour cet homme qui aimait à tout contrôler, mais le brun ne voulait pas perdre une miette du spectacle. Sans doute qu'il savait que cette fois ci serait la dernière, que la curiosité et l'envie auraient été comblées maintenant qu'ils avaient franchi ce cap en étant maîtres de leurs comportements. Qu'importe. Il ressentait le besoin de la voir, de scruter les expressions de son visage et de les conserver dans sa mémoire, comme des clichés qu'on glissait dans un album photo et qu'on ressortait pour se souvenir. Cette fois ci, il voulait se souvenir, remplacer l'image de la petite sœur une bonne fois pour toute. "Leah" qu'il soufflait en la guidant, alors qu'un mouvement du bassin suffisait à les amener dans ce versant différent de leur relation. "Oh, Leah" qu'il répétait à demi voix. Ce prénom avait une saveur nouvelle dans sa bouche. Un goût sucré, d'interdit, dont il se délectait en lui laissant le plein contrôle de leur étreinte. C'était elle qui donnait la cadence, se tenant en reine au dessus d'un Stephen qui relevait le buste pour pouvoir l'avoir encore un peu plus près de lui. Les lèvres du brun retrouvaient le contact de celles de la barmaid avec envie, tandis que ses mains glissaient sur ses fesses pour accompagner le mouvement de ses hanches. Sa peau douce, son odeur enivrante et la fraîcheur de leurs draps lui faisaient définitivement perdre la tête, si tant est qu'il n'avait plus aucune notion du temps, de l'espace, de ce qu'il était en train de faire. Comme sur pilote automatique, Stephen laissait l'envie guider ses gestes, ses mains parcourant chaque portion de peau dont il avait l'accès et ses lèvres glissant contre ce cou dont le parfum qu'elle y avait vaporisé faisait battre son pouls un peu plus fort.
Et parce qu'elle ne semblait n'avoir aucun complexe, parce que la vision de sa silhouette, bleutée par la lueur nocturne, lui donnait ce doux sentiment d'être le type le plus chanceux au monde, Stephen profitait. Il se laissait glisser dans un autre univers, dans la peau d'un homme qui touchait le nirvana du bout des doigts. Il la couvrait de ses lèvres, de ses mains, appréciant ce rythme qu'elle donnait à leur étreinte. "Stephen..." qu'elle amenait dans un souffle au creux de son oreille, sans se douter un instant de l'effet que son nom ainsi prononcé pouvait lui procurer. Mais en retour, le brun était incapable de répondre. Plongé dans un état second, savourant à chaque instant du corps frêle de la jeune femme entre ses mains. Les cicatrices ne comptaient pas, le passé n'avait aucune importance, pas plus que l'avenir. Il aimait l'avoir pour lui et lui seul, la posséder le temps d'une nuit et se dire qu'ils avaient droit d'avoir envie de se retrouver ainsi après la tonne de malheurs qui s'était abattue sur eux. Dans un grognement inintelligible, il la fit basculer sur le côté, reprenant à son tour le contrôle de leur étreinte pour y amener une dynamique différente. La respiration saccadée, le torse marbré de rougeurs dues à l'intensité de ce moment, Stephen menait la danse. Ses mains glissaient doucement contre sa taille tandis que son regard ne pouvait se résoudre à quitter le doux spectacle offert par Leah. Ses boucles brunes tombaient en cascade autour d'elle, tranchant avec la blancheur immaculée des oreillers. Sa peau halée, son buste qui se cambrait à chaque coup de rein, et ce visage dont il devinait que les expressions laissaient transparaître ce plaisir qu'ils partageaient ensemble... autant d'éléments qui l'amenaient doucement à perdre un peu plus la raison. Stephen poursuivait encore un peu. Une fois, deux fois, puis se laissa finalement submerger par cette douce sensation qui le secouait de tout son long au bout de la troisième. "Leah.." qu'il murmurait presque en se laissant retomber contre sa poitrine. Le souffle court, Stephen eut besoin de quelques secondes pour retrouver un semblant de repères. Les faisant s'enrouler dans les draps désormais froissés, il enveloppa Leah de ses bras, au moins pour maintenir le contact encore un peu et adoucir ce brusque retour à la réalité. Ses lèvres venaient doucement se presser sur le sommet de son front tandis qu'il fermait les paupières pour profiter de l'instant tant qu'il lui était encore possible de le faire. "Je suis désolé.", "J'aurais jamais du te mettre dans une situation comme celle là." ... d'instinct, c'était ce à quoi il avait pensé, ce que ses méninges avaient eu envie de dire. Cependant, pour une fois il avait réussi à les faire taire. "J'ai beaucoup aimé" qu'il lui avait glissé à la place, comme dans un souffle, un murmure quasi inaudible. L'une de ses mains se glissait à nouveau dans sa chevelure, tandis que l'autre maintenait son corps tout près du sien. "Je sais pas comment on va gérer ça. Mais je veux pas redescendre maintenant." qu'il concédait dans un demi sourire avant de chercher ses lèvres des siennes pour l'embrasser à nouveau.
Stephen s'était laissé retomber contre le buste de Leah, le souffle court, les paupières closes. La brune glissait presque aussitôt l'une de ses mains dans ses cheveux, et lui appréciait ce contact si naturel, si intime qu'ils nouaient là. Les faisant s'enrouler dans le drap, le trentenaire avait osé prononcer les premiers mots, lui avouant qu'il avait apprécié cet instant qu'ils venaient de partager. Leah rouvrait les yeux, et remontait le menton pour le regarder avec malice. "Moi aussi. Et je m'en rappellerai cette fois-ci." En retour, Stephen esquissait un sourire en coin, comprenant ce trait d'humour. Cette fois ci il ne serait pas seul à composer avec ces visions que ni l'un ni l'autre n'était censé avoir en mémoire. "Je vais prendre ça comme un compliment" qu'il glissait sur le même ton amusé avant de retrouver ses lèvres pour un baiser plus léger, plus tendre. "J'en reviens pas que tu m'aies pas adressé la parole de la soirée juste parce que tu savais que t'allais craquer." Force était de constater que l'esprit moqueur de la brune n'était jamais bien loin. Stephen ouvrit la bouche comme pour prononcer quelque chose, avant de la refermer et de secouer doucement le crâne. Laissant passer quelques secondes, il mêlait ses jambes aux siennes avant de laisser son menton reposer dans le creux de son cou. "Tu te sous estime tellement tu sais" qu'il rétorquait avant de partir d'un petit rire. ".. j'en reviens toujours pas de dire ça, j'en reviens toujours pas qu'on ai fait ça d'ailleurs.." parce qu'il était évident que le Stephen adolescent à qui on aurait annoncé qu'il coucherait avec la petite soeur Baumann aurait ri aux éclats, à des lieues de s'imaginer le petit bout de femme diablement séduisant qu'elle serait devenue en l'espace de dix ans. "... Leah, t'es belle, amusante, t'as du caractère... il faudrait être idiot pour ne pas vouloir de toi. Et j'ai beau savoir que je n'ai pas droit.. t'es efficace pour me faire perdre l'équilibre, ça me tue de l'avouer" Jusqu'il y a encore quelques heures, Stephen s'était juré de garder une conduite. Par convention sans doute, par crainte de blesser Carter aussi, et Logan qui risquait certainement de le priver de ses attributs masculins s'il apprenait ce qu'il venait de faire à la prunelle de ses yeux. Leah représentait un interdit. Mais tout interdit qu'elle était, Stephen avait suivi son envie. A des milliers de kilomètres de ses problèmes, Leah était une parenthèse, une évidence. "Donc oui, j'avais peur de craquer. J'avais peur de me trimbaler aux côtés d'une brune incendiaire aux longues jambes encore épargnées par les bleus de randonnée et les piqures de moustique." Un sourire en coin étirait doucement ses lèvres tandis qu'il se confessait sur ses craintes. Craintes qui n'avaient désormais plus lieu d'exister : il avait foiré en beauté. "J'ai pas envie de quitter ce lit" qu'il confessait dans un souffle, fermant à nouveau les yeux. Le brun avait beau avoir conscience qu'il faudrait qu'ils se lèvent, qu'ils prennent une douche et qu'avec le lever du jour viendrait sûrement la fin de leur petite escapade, ce n'était pas quelque chose qu'il envisageait pour le moment. Dans les bras de la jeune femme il se sentait bien, apaisé pour la première fois depuis des jours entiers.
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Stephen et le farniente ne faisaient décidément pas bon ménage. Cet homme semblait incapable de se détendre, de rester tranquillement sur un transat sans avoir quelque chose pour l'occuper. Les vacances étaient comme une notion abstraite à ses yeux. Travailler, regarder des séries, nager, randonner ... tout ça éveillait sa curiosité, mais seul sur sa serviette, le trentenaire avait autant de tenue qu'un enfant de six ans, et ça, la pauvre Leah en avait tristement fait les frais. Se plaignant tantôt de ses coups de soleils (parce que même si l'astre primaire ne brillait pas plus ici qu'à Brisbane, au moins à l'hôtel ils avaient l'opportunité de pouvoir se baigner sans jouer du coude avec les centaines de touristes qui se pressaient sur les plages) et l'assommant d'informations sur l'hôpital dont elle ne comprenait pas le moindre mot (les kinés avaient un langage à part, c'était un fait indéniable) .. la brune avait bien droit à une soirée de répit. Du moins, c'était ce dont le brun se persuadait alors qu'il se préparait pour le petit dîner organisé par l'hôpital à l'issue de cette courte mission. Ils avaient réservé une grande table dans l'un des restaurants d'Hobart, et si Stephen n'avait pas jugé bon d'en parler à Leah, c'était qu'à ses yeux ce n'était pas le genre d'information qui se devait de retenir son attention. Énorme erreur. Pour lui, une simple chemise et un jean sombre faisaient l'affaire, mais pour les femmes c'était une toute autre histoire, en temps normal. La brunette avait fait les boutiques pour se dégoter une tenue qui trancherait avec ses vêtements de plage, et quelle tenue. Alors que Stephen attendait (en râlant) qu'elle daigne enfin quitter cette foutue salle de bain histoire de ne pas arriver trop en retard, un cliquetis de talons sur le parquet lui fit lever les yeux de son téléphone. Seigneur. « C’est bon j’suis prête. On peut y aller. » La vague idée de lui ordonner de mettre un pull et des collants opaques lui avait traversée l'esprit. Stephen balayait des yeux la tenue de Leah. Il en détaillait chaque couture, de haut en bas. Le blanc de sa robe mettait en valeur son bronzage et ces foutues chaussures rendaient ses jambes interminables. En temps normal il lui aurait dit la trouver belle, mais après ce qui avait pu se passer entre eux il optait pour une moue qui oscillait entre satisfaction et agacement. Leah jouait avec ses nerfs. Non pas qu'il s'estimait être en mesure de flancher ce soir, mais tout était encore bien trop flou à ses yeux pour mettre en péril le pseudo équilibre qu'il tâchait de maintenir dans sa vie. "T'es.." qu'il commençait, avant de prendre un instant pour trouver ses mots. "... ouais on va y aller. Sans quoi on sera vraiment en retard." et laissant tomber son idée de commenter quoi que ce soit, Stephen attrapait la carte magnétique de leur chambre pour la fourrer à la va vite dans sa poche arrière. A l'extérieur, un taxi les attendait, et durant tout le trajet cette tête de mule n'avait pas relevé les yeux de son téléphone. Phoebe venait de lui faire un retour de la journée passée sans lui et de la productivité de son remplaçant, et c'était soudainement la chose la plus importante au monde. "On y est" Après de longues et silencieuses minutes, le chauffeur venait de les déposer devant un restaurant de plage devant lequel un petit attroupement s'était formé : les bénévoles de Brisbane. Glissant l'une de ses mains derrière le dos de la brune pour l'accompagner et la présenter, Stephen était tendu, et toute sa nervosité transparaissait dans ses mouvements. "John, Leah, une amie." "Oh Helen, je suis venue avec une amie." et c'était comme s'il avait été payé à dire le mot amie ce soir. Courage Baumann, Stephen le névrosé était de retour. 
C'était irréel. C'aurait du rester dans le domaine de l'irréel. Ce n'était pas dans les plans du brun de céder à nouveau à cette envie sourde qui grondait depuis leur arrivée en Tasmanie. Stephen n'avait pas voulu que Leah ne l'accompagne jusqu'ici pour pouvoir tranquillement profiter du cadre enchanteur de leur hôtel pour renouveler l'expérience de cette nuit qu'ils avaient passé ensemble. Au contraire. Il aurait aimé qu'ils se retrouvent différemment, que leur amitié se renforce ... beau boulot Holloway. De retour dans leur chambre, la tension était encore palpable. Le brun se demandait encore ce qui avait pu le pousser à fondre sur Leah et à partager avec elle un baiser qui était déjà une incartade grandiloquente à la ligne de conduite qu'il s'était fixée. Même s'il le savait déjà. Ce n'était pas son genre de réagir par le foutu pour foutu, mais le trentenaire ne pouvait s'empêcher de ressentir à nouveau cette électricité qui semblait le pousser à nouveau vers la brunette comme si son univers s'était mis à graviter autour de ce petit bout de femme. Beaucoup de passion, peu de réflexion et une culpabilité égale au désir qui pointait, lorsque Leah était venue s'approcher de lui, il ne l'avait pas repoussée. Au contraire. Sans le moindre mot, il la laissait l'attirer contre elle, presque docilement. Ses lèvres venaient à la rencontre des siennes avec avidité, ses doigts se nouaient dans sa chevelure, tirant parfois contre cette dernière pour lui offrir un accès à la cambrure de son cou. Sa bouche délaissait la sienne pour venir s'y perdre, laissant par endroits ses dents faire mordre ses baisers qui descendaient lentement vers le sommet de son épaule. Soudain ce haut était de trop. Avec dextérité le brun s'en débarrassait rapidement, imité par Leah qui défaisait ses boutons de chemise à une rapidité déconcertante. Leurs vêtements volaient. Un à un. Sans aucune hésitation, sans aucune goutte d'alcool pour cautionner leurs gestes, les deux amants se mettaient à nu sans une once de gêne. Sûrement car ils l'avaient déjà fait, où peut être bien que l'évidence de cette étreinte balayait les a priori qui surplombaient le fait de se révéler si intimement à quelqu'un qui jusque là en avait vu bien trop et trop peu à la fois. "On devrait pas" qu'il soufflait en contredisant ses paroles par les nombreux baisers qu'il déposait sur chaque centimètre carré de peau dont ses lèvres avaient l'accès. Stephen était dans un état de mi-conscience tant ses sens et cette furieuse envie qui grondait de façon constante l’assénaient de céder. Avec douceur, il l'entraînait pourtant avec lui jusque ce lit qu'ils avaient jusqu'à lors partagé de façon bien plus sage. Il n'était pas question de faire machine arrière. A ses côtés, le brun laissait ses mains mener à bien une exploration minutieuse du corps de la jeune femme, comme s'il le découvrait pour la première fois. Sa taille marquée, ses jambes dont il n'avait pas réussi à les regarder sans ciller plus tôt dans la soirée.. Leah était parfaite exposée ainsi, à peine éclairée par la lumière de l'astre lunaire qui se reflétait dans la baie vitrée. "Dis moi non." qu'il chuchotait presque en laissant l'une de ses mains se frayer un chemin jusqu'à son mont de vénus, mais la négative vint presque d'elle même, sans que sa belle n'ait le moindre mot à prononcer. Elle semblait déjà encline à l'accueillir différemment, mais ne repoussait pourtant pas cette main que le brun avait glissée dans le seul et unique but de l'emmener avec lui dans une autre dimension. Il espérait bien lui faire perdre l'esprit, oublier la notion du temps. Sa tête reposait dans le creux de son cou, ses lèvres venaient doucement à la rencontre de sa poitrine dont la peau semblait déjà rougir. Stephen observait avec satisfaction le dos de Leah se cambrer sous ses mouvements. Ses boucles brunes dont l'odeur le faisaient chavirer se dispersaient sur les draps, et lui se laissait guider par l'envie. La raison et les conséquences à venir au placard, Stephen cédait.