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 (tommarius) we just can't get it right

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Message(#)(tommarius) we just can't get it right EmptyMar 18 Déc 2018 - 2:44


marius & tommy
we just can't get it right

Yeah God love your soul and your aching bones, take a breath, take a step, meet me down below. Everyone's the same our fingers to our toes, we just can't get it right but we're on the road. If ever your world starts crashing down, whenever your world starts crashing down, that's when you find me. ☆☆☆



« Mais je voulais aller à la plancha de Noël … » Trainant les pieds, Moïra terminait de mauvaise grâce d’attacher les boucles de ses sandales, ses cheveux blondis par le soleil retombant nonchalamment de chaque côté de ses épaules malgré le serre-tête rouge venu les habiller. « Je suis sûre que Adam et Noah y vont. » bougonnait-elle encore, Tommy incapable de dire où en étaient les tentatives de réconciliation des McGrath, mais néanmoins persuadé que passer le repas de Noël à faire griller des saucisses sur une plage serait l’affaire de Matt plus que celle de Ginny et de sa progéniture. Comme souvent chez les enfants cependant, la mauvaise humeur de la fillette ne s’était pas éternisée et elle avait retrouvé son sourire et son pas sautillant à peine étaient-ils descendus du bus les ayant déposés à Logan City. « Est-ce qu’on fera des pancakes demain matin ? » Marchant jusque-là quelques pas devant lui, trahissant là deux niveaux distincts de motivation face à la soirée qui les attendait, Moïra avait attendu que son père arrive à son niveau et réponde « Une montagne de pancakes. » pour glousser de contentement avant d’enchaîner aussitôt « Et on regardera La Reine des Neiges ? » Prenant sur lui pour réprimer la grimace que lui inspirait cette perspective, il l’avait gratifiée d’un « Si tu veux. Mais tu vas finir par le connaître par cœur. » malgré tout attendri. Loin de sembler s’en inquiéter, la petite était venue attraper le poignet de son père pour demander encore « C’est quoi ton film de Noël préféré toi papa ? » Les lèvres s’étirant en une moue songeuse, Tommy avait pris le temps de la réflexion et attendu qu’ils aient traversé la rue pour répondre « Hm je ne sais pas, Les Gremlins ? Ou bien Maman j’ai raté l’avion … Mais celui-là nous a bien valu quelques bêtises à ta tante Scarlett et à moi. » Soudainement intéressée, la petite avait penché la tête sur le côté et assuré l’air de rien « On pourra le regarder demain aussi si tu veux. » avec un aplomb qui avait presque autant amusé son père que ce soit l’idée des bêtises qu’il avait inspiré que le film en lui-même qui intéresse soudain sa fille. « Il va nous falloir au moins deux montagnes de pancakes, dans ce cas. » Et si la perspective d’un matin de Noël fait de pâtisserie et de films de Noël rendait Tommy étonnamment serein, reste qu’avant ça il faudrait encore survivre au repas de réveillon que sa mère s’était empressée d’organiser au prétexte qu’il y avait fort longtemps que tous ses enfants n’avaient pas été réunis dans la même ville simultanément, mais sans songer un seul instant au potentiel d’animosité qui pourrait résulter d’un tel rassemblement familial, et dont seule Moïra donnait à cet instant l’impression de ne pas s’inquiéter.

En bonne maitresse de maison, la matriarche était venue leur ouvrir presque à la seconde où Tommy avait appuyé sur la sonnette, et gratifiant d’abord Moïra d’une accolade chaleureuse et d’un compliment sur sa robe neuve, elle avait offert à son fils un baiser plus réservé après avoir refermé la porte derrière eux. « Tu aurais quand même pu raser cette barbe. » avait-elle néanmoins trouvé le moyen de faire remarquer, Tommy préférant ne pas relever tout en s’efforçant de ne pas y voir une attaque à peine arrivé. Sur la télévision du salon, le reportage sur les préparatifs de la Sydney-Hobart supposée démarrer le surlendemain avait arraché une exclamation enthousiaste à Moïra tandis qu’elle embrassait son grand-père « Oh Papa regarde ! Tu crois qu’on va voir Lene ? » Gardant un instant sa petite-fille sur ses genoux – et faisant par-là preuve de plus de familiarité qu’il n’en avait jamais fait avec aucun de ses enfants – Warren père avait jeté vers son fils un regard interrogatif « Lene ? » La décoration de la maison le faisant osciller entre vieux souvenirs et profonde impression de ne plus être ici à sa place, Tommy avait dégluti et s’était éclairci la gorge avant d’indiquer « Sa prof de surf. Elle participe à la course de cette année. » et la petite fille de s’exclamer en écho « Lene est trop cool ! » sans demi-mesure aucune. Interrompant le fil de la conversation, la mère avait indiqué à l’adresse de son fils « Ta sœur nous a appelés ce matin pour prévenir qu’elle ne serait pas là ce soir. Tout de même, ils devraient avoir honte de la faire travailler autant, elle n’a même pas le temps de rencontrer quelqu’un. » Fronçant les sourcils pour le geste, Tommy avait questionné « Scarlett ? » avec la certitude de déjà connaître la réponse à cette question, avant pourtant d’être contredit lorsque son père avait répondu le premier « Elizabeth. Ta cadette n’a pas daigné répondre à notre invitation. » Envolés déjà les espoirs de leur mère d’avoir son repas de Noël de carte postale. L’agacement creusant la ride entre ses yeux, Warren père avait cependant retrouvé visage plus jovial lorsque Moïra l’avait interpelé à nouveau – et si Tommy parvenait à s’en attendrir autant, c’était parce qu’il retrouvait dans le comportement de son père des traces de celui qu’avait eu le père d’Alice avec la petite alors qu’elle n’était encore qu’un nouveau-né. « Ton frère ne devrait pas tarder. En attendant il est toujours temps de venir m’aider en cuisine. » Et parce que la suggestion avait toujours dans la bouche de sa mère des qualités d’obligation, Tommy n’avait pas eu le cœur à négocier et avait laissé grand-père et petite-fille à leur discussion pour rejoindre les fourneaux et l’odeur de dinde qui s’en dégageait déjà.

« Je pensais que cette lubie du surf lui serait passée. » avait alors repris sa mère lorsqu’ils avaient été seuls, et haussant vaguement les épaules Tommy avait répondu « Ça a l’air de lui plaire. Elle prend ses leçons très au sérieux, ça n’a plus rien d’une simple passade, j’ai l’impression. » Les lèvres légèrement pincées – la mère de famille aurait grandement préféré voir Moïra s’illustrer dans une activité extra-scolaire plus « convenable » selon ses propres termes – elle avait semblé faire un effort surhumain pour garder son opinion pour elle et indiqué à son fils le Christmas pudding qui n’attendait plus que d’être décoré du surplus de fruits confits. « Et toi ? Beth nous a dit que tu ne travaillais plus dans ce bar. » Bien qu’elle n’ait jamais bien apprécié l’idée que deux de ses enfants aient pu se complaire dans le fait de servir des verres derrière un comptoir, la question donnait à Tommy l’illusion fugace que sa mère s’intéressait un tant soit peu à son évolution professionnelle, mais alors qu’il entamait un « Oui je … » la sonnette de l’entrée les avaient tous deux interrompus. « C’est certainement Marius. » Désormais seul dans la cuisine, Tommy avait suivi d’une oreille faussement distraite les retrouvailles de son aîné avec leurs parents, mais plus encore ses retrouvailles avec Moïra dont la bonne humeur continuait de déborder. Le Christmas pudding devenant subitement une tâche lui demandant toute sa concentration, le brun s’était senti blêmir en entendant sa mère suggérer depuis le salon que Marius aille lui aussi aider en cuisine, et la mâchoire crispée par anticipation il avait fait mine d’être diablement occupé par la disposition des cerises confites lorsque son frère avait passé la porte.


Dernière édition par Tommy Warren le Mar 22 Jan 2019 - 18:55, édité 1 fois
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Message(#)(tommarius) we just can't get it right EmptyJeu 3 Jan 2019 - 17:45

WE JUST CAN'T GET IT RIGHT
tommarius


« Ne m'en veux pas, tu sais que c'est pour le boulot. Et si je te l'avais dit plutôt, tu n'aurais pas mis les pieds chez les parents. » Les mots de ma cadette résonnaient dans mon casque de moto connecté alors que j'approchai le quartier de mon enfance, Logan City. Beth, comme supposément le reste de la fratrie, avait été convié au fastueux réveillon de Noël orchestré par la seule qui osait encore croire à une espèce d'harmonie familiale perdue depuis longtemps - à la réflexion, je n'étais même pas sûr qu'elle ait existé un jour. « Tu m'envoies dans la fosse aux lions ! » m'emportai-je spontanément, oubliant la portée sonore de ma voix dans l'espace étriqué de mon casque qui grésilla. Je jetai un regard peu attentif à la dernière intersection chargée de voitures familiales pleine à craquer de cadeaux, et manquai de peu un accrochage sans gravité avec l'une d'entre elles. Au volant, un père de famille tiré à quatre épingles s'agitait dans tous les sens. Si le son ne me parvenait pas, je n'eus aucun doute quant au contenu des propos qui m'étaient clairement destinés. « Marius ? Marius, ça va ? » m'asséna Beth, sans doute paniquée par le crissement de pneus et les klaxons excessifs que mon inattention avait provoquée. « Hormis le fait que tu me mets au pied du mur, tout va bien. » J'actionnai mon clignotant, mâchoire serrée, pour pénétrer dans cette rue que je connaissais par coeur. « Ça a failli très mal se terminer la dernière fois avec Tommy, tu le sais. Et plus j'y pense, plus je parie que Scarlett n'hésitera pas à prendre partie pour lui. » J'haussai les sourcils, éberlué par l'idée que la plus jeune de la fratrie s'allie à mon frère ennemi et qu'ils se liguent contre moi, en dépit de tous les efforts fournis pendant la détention de Tommy. « Ça va bien se passer, c'est Noël. Tout le monde est heureux à Noël. » Je ris jaune face à cette affirmation que j'aurais aisément pu contrer par mon aversion pour les sourires forcés que les frêles espoirs de ma mère imposerait et la triste lucidité de mon père quant à l'impossible réconciliation entre ses fils. Et encore, nous n'étions pas les plus à plaindre ; je chassai férocement de mon esprit l'envie de rebrousser chemin pour soutenir mon amie Evie qui, comme chaque année, avait le coeur brisé par cette période qu'elle redoutait tant. Mais mon absence autour de cette table dressée pour l'occasion aurait dévasté mes parents, plus encore que l'idée de faire preuve d'une fausse bienveillance envers mon cadet me répugnait. Non, tout le monde n'est pas heureux à Noël. Distinguant rapidement la maison dans laquelle nous avions tous grandi, je m'appliquai à prendre une once de recul. En dépit des vives tensions de ces dernières années, je tâchai d'ancrer dans mon cerveau des images positives de l'enfance que nous avions partagé ici : les parties de cache-cache initiées par Beth, les turbulences quotidiennes de Scarlett pour attirer notre attention et même les yeux pétillants de Tommy à la découverte de son premier vélo à deux roues, pour lequel nous nous battions tous. Le temps, lentement, fatalement, et les évènements qui avaient jonchés nos vies respectives effaçaient chaque jour davantage de ces souvenirs d'enfance. Aujourd'hui, la jarre de mes sentiments fraternels n'était plus remplie, aux trois-quarts, que de souvenirs négatifs - parce qu'il est bien plus difficile d'oublier les larmes que les rires. « Et puis, tu verras Moïra. » Sur ce point là, Beth avait raison : ce réveillon était au moins l'occasion de profiter de quelques heures en compagnie de ma tendre nièce, quand bien même nous serions sous surveillance permanente. « Tu marques un point. » Roulant au pas jusque devant la porte de garage, je coupai le moteur et inspirai profondément. « Bien, je suis arrivé. » J'observai la façade de cette petite maison résidentielle décorée avec des guirlandes lumineuses de toutes les couleurs, dansant au rythme d'une musique de Noël qu'un grand Santa Claus en plastique marmonnait dans sa barbe. J'eus l'étrange impression d'être devant la mise en scène d'une grande supercherie. « Après le Truman show, le Warren show ! » lançai-je amèrement à ma soeur qui s'empressa de râler et de critiquer mon attitude d'adolescent. « J'aimerais bien t'y voir. Allez, à plus tard. » finis-je avant d'enlever mon casque pour le glisser dans le petit coffre sous le siège, préalablement vidé des cadeaux que j'avais emportés pour l'occasion - hormis celui de Beth qui, à mon grand désespoir, camperait là pour l'instant.

Après avoir déposé les cadeaux dans un recoin du garage pour éviter que Moïra ne tombe dessus par mégarde, je toquai à la porte d'entrée que j'ouvris aussitôt. Ma mère vint presque littéralement se jeter dans mes bras, tandis que j'aperçus ma nièce sur les genoux de mon père. J'aurais été incapable de dire lequel des deux était le plus heureux. Cette scène familiale, sans l'ombre de mon cadet au tableau, me fit décrocher un franc sourire. « Maman, tu es radieuse. » gratifiai-je en constatant les efforts qu'elle avait fourni pour obtenir une coiffure impeccable. « Et toi alors, toujours aussi élégant ! » répondit-elle, débordante de fierté pour sa progéniture. Je l'embrassai chaleureusement, et m'approchai de mon père pour lui faire une accolade qui se solda par une vigoureuse mais néanmoins chaleureuse tape dans le dos. « Salut fiston, tu n'en manques pas une pour flatter ta mère. Il semblerait que tu sois vraiment bien élevé. » Un rictus s'invita sur ma joue, que la joie de Moïra courant vers moi étira jusqu'aux oreilles. Je me baissai pour l'attraper au vol et embrasser ses pommettes rosies sous ses petits cris amusés. « Mais qui se cache sous cette belle robe de princesse ? » Après un dernier petit bond dans les airs, je la reposai au sol avec les joues plus rosies encore. « J'espère que tu es prête pour le concours du plus beau biscuit de Noël. » Sur un air de défi, je lui présentai une boite contenant le parfait petit kit pour préparer et décorer des biscuits en forme de sapin, de cadeaux, de bonhommes en pain d'épices, ... Elle s'en empara et sautilla jusqu'au salon pour ouvrir ce qu'elle considéra comme un premier cadeau. Finalement, la scène avait tout de la parfaite carte postale. À un détail près. « Tommy est dans la cuisine ! » Dans la bouche de ma mère, cela résonnait comme l'ordre impérieux d'aller saluer mon cadet, et de poser les armes le temps d'une soirée. En bonne ménagère d'une Australie traditionaliste que même les médias avaient bannie, elle maitrisait parfaitement l'art de faire semblant, et comptait visiblement sur nous pour en faire de même. Les dents serrées, je cédai immédiatement - puisque cela devait être fait, autant que ce soit le plus rapidement possible. Laissant derrière moi mes parents et Moïra, je poussai alors la porte de la cuisine pour découvrir un Tommy faussement absorbé par la confection du Christmas pudding. « Bonjour. » amorçai-je froidement, avec au moins le mérite d'avoir attirer son attention. « Beth ne viendra pas, trop de boulot. » Il était sûrement déjà informé de la situation, mais c'était la seule chose que j'avais trouvé à dire à l'instant même où nos regards s'étaient croisés. Notre animosité réciproque était toujours aussi vive, la tension était toujours aussi palpable. Mais ce soir, le temps d'un repas, je me promis de faire preuve d'un recul inédit. « Pas de vague ce soir, hm ?  » lançai-je maladroitement, comme une main tendue vers une trêve de Noël que même la première guerre mondiale avait connu.

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Message(#)(tommarius) we just can't get it right EmptyJeu 31 Jan 2019 - 23:15

Leur mère avait toujours eu un goût prononcé – pour ne pas dire indécent – pour le paraître, et plus encore que le fait de passer une soirée agréable elle semblait avant tout guidée par l’espoir de passer une soirée normale. Affreusement normale, le genre de normalité qu’elle pourrait ensuite étaler auprès des autres mères au foyer de la paroisse, vantant le succès qu’aurait eu sa dinde de Noël et peu importe si elle devait pour cela menacer mari et enfants – sa petite-fille serait épargnée – à coup de pic à viande pour les forcer à en reprendre deux fois chacun. Dans sa quête de normalité viendrait aussi probablement l’obligation de ne pas hausser le ton à table, nécessitant plus encore que les années précédentes à la fois de faire preuve d’un sang-froid que Tommy priait parvenir à conserver, mais également de savoir slalomer entre les sujets qui fâchaient et les discussions polémiques, réduisant ainsi à presque rien le champ des possibilités d’expression lorsque viendrait l’heure de passer à table : la météo et les derniers potins du quartier dont Warren mère ne manquerait pas de les abreuver, quand bien même elle avait toujours été la seule à se passionner pour la vie de leurs voisins, leur père se contentant généralement de hausser le sourcil et de soupirer d’un air las lorsqu’elle se lançait dans ce qu’il appelait à juste titre « radio ragots ». Une chance pour elle que la dentelle des rideaux de la cuisine lui permette d’observer l’allée devant la maison même lorsqu’elle faisait la vaisselle ou épluchait ses légumes. Et à propos de cuisine, justement, Tommy s’était terré comme l’ours au plus profond de sa tanière à l’instant même où sa mère l’avait quitté pour aller ouvrir la porte à un Marius qui lui, bien sûr, n’avait pas emboité le pas à Beth en ayant le bon goût de ne pas venir. Ok. Non. S’il commençait à raisonner ainsi il ne tiendrait jamais toute la soirée. C’est seulement quelques heures et ça fera plaisir à Moïra. C’est seulement quelques heures et ça fera plaisir à Moïra. Prenant une grande inspiration, le barbu avait reporté son attention sur le pudding avec un soin comme rarement dans sa vie il avait apporté à un plat, la présence de son aîné lui faisant soudain l’effet d’un rendez-vous chez le dentiste : désagréable, mais auquel on ne pouvait pas échapper et dont on se contentait alors de prier silencieusement que ça ne serait pas douloureux et que ce serait vite terminé. Les choses auraient été plus simples si Beth avait été là. Elle aurait pu mener la discussion, occuper le besoin incessant de leur mère à bavasser et éviter ainsi que ses deux frères n’aient à s’adresser la parole ; Ils auraient très bien pu dîner à la même table sans avoir à se faire frontalement la conversation, Tommy en était certain. Mais Beth n’était pas là, et à la manière dont leur mère venait de lancer « Tommy est dans la cuisine ! » elle ne semblait pas prompte à leur faire le plaisir de pouvoir s’ignorer en paix un pareil soir de l’année. Bien qu’au fond, le réveillon de Noël ne soit probablement qu’une excuse tombant trop bien pour ne pas l’utiliser, à ses yeux. Les narines pincées par l’appréhension, le père de famille s’était pourtant appliqué à ne pas relever la tête tout de suite lorsque Marius, arrivé dans la cuisine avec une lenteur calculée, lui avait adressé un « Bonjour. » froid comme la glace avant d’embrayer directement sur un « Beth ne viendra pas, trop de boulot. » qu’on devinait sincèrement dépité. Et preuve qu’il pouvait bien y avoir à de rares occasions des points sur lesquels l’un et l’autre étaient d’accord, Tommy partageait la même déception et avait enfin consenti à relever la tête vers son frère en acquiesçant « Maman m’a dit, oui. » avant de terminer pour de bon d’utiliser le pudding comme excuse. Dire qu’il n’aimait même pas ça. « Scarlett non plus, à priori. » A l’évidence une moitié de la fratrie avait su préparer sa fuite, et l’autre s’était simplement faite avoir sur l’autel du « on ne pourra pas dire que je ne fais pas d’effort ». Scarlett avait raison, Tommy prêtait encore trop d’attention à l’opinion que se faisaient ses parents de chacune de ses décisions, quand bien même il voulait affirmer le contraire. « Pas de vague ce soir, hm ?  » Scrutant un instant le visage de Marius, Tommy y avait cherché la chute ou le brin d’acidité qui aurait normalement accompagné la réflexion, mais puisque rien n’était venu il s’était risqué à un « C’est l’idée, oui. » prudent en guise de réponse. Prudent parce que pas né de la dernière pluie, et que lors de leur précédente entrevue son aîné avait tout fait pour déclencher les hostilités. Mais quand bien même Tommy n’avait pas envie d’être ici, sans doute pas plus que Marius à vrai dire, il avait à cœur de ne pas faire de cette soirée un fiasco – pas tant pour le bien de leur mère et de sa volonté de les faire rentrer dans le moule de la normalité que pour celui de sa fille. « C’est le premier Noël de Moïra avec toute sa famille, je veux qu’elle en garde un bon souvenir. » qu’il avait d’ailleurs ajouté, du même ton prudent que celui utilisé par Marius quelques instants plus tôt. Lui qui prétendait se soucier avant tout du bien-être de sa nièce avait l’occasion rêvée de le montrer, en ne saisissant pas la première occasion de la soirée pour jeter de l’huile sur le feu – et Tommy savait que si son frère cherchait, il trouverait toujours un avis à donner ou une critique à émettre. Déboulant sans le savoir dans la cuisine à l’instant même où elle devenait le centre de la conversation, la petite s’était exclamée « Papa Papa ! Regarde ce que oncle Marius m’a offert ! » avec enthousiasme en brandissant le nécessaire à biscuits flambant neuf. Les mains prises par le torchon avec lequel il les essuyaient, Tommy avait arboré le sourire de circonstance en s’exclamant « Woah, tu vas finir par devenir une vraie pro de la pâtisserie avec ça. » Sautillant d’abord avec enthousiasme, la petite avait acquiescé avec ferveur lorsque son père avait ajouté « Tu as dit merci, j’espère ? » avant de réaliser la seconde suivante que père et oncle se trouvaient tous les deux dans la même pièce et qu’elle se tenait peut-être juste au-dessus d’une bombe prête à sauter. Le regard passant de l’un à l’autre comme un chiot incapable de choisir entre deux jouets, la fillette avait arboré un air confus que la nouvelle question de Tommy était venue désamorcer « Pourquoi tu ne pas jouer dans le jardin, en attendant le repas ? » Semblant retrouver une contenance, Moïra s’était à nouveau exclamée « Je peux ? » et avait déguerpi la seconde suivante, son nécessaire à biscuits toujours sous le bras et le bruit de ses pas traversant le salon au pas de course sans éveiller de remarque ni de l’un ni de l’autre des propriétaires des lieux – et pourtant Dieu sait que leurs quatre enfants avaient entendu la phrase « On ne court pas dans la maison » un nombre incalculable de fois. La preuve irréfutable que le statut de grands-parents les adoucissait un peu, chose que Tommy le premier n’aurait jamais cru possible.
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Message(#)(tommarius) we just can't get it right EmptyDim 10 Fév 2019 - 19:17

WE JUST CAN'T GET IT RIGHT
tommarius


Des efforts : ces termes me hérissaient le poil, tant ils avaient été prononcés par nos parents. Principalement à destination de mon cadet pour toutes les conséquences que ses sorties de route avaient entrainées, ces requêtes m'atteignaient aussi depuis peu. Si notre père se voulait assez discret sur le sujet, sans doute pour éviter la moindre secousse, notre mère osait encore tendre quelques perches vers une réconciliation que je jugeais parfaitement impossible. Sur ce point au moins, Tommy et moi partagions la même opinion. Mais il lui plaisait de croire en cette idée, et bien malheureux aurait-été celui qui se serait risqué à détruire la foi d'une mère aimante et protectrice. La douce grand-mère adepte d'un quotidien sans vague, rythmé par des repas de famille dominicaux et des commérages de quartier derrière ses rideaux de dentelle, pouvait se transformer en une louve menaçante, toutes griffes dehors, dès lors qu'un danger planait sur sa meute - et cela valait en interne. J'adorais ma mère pour cette force que peu de monde lui reconnaissait mais bon dieu, je préférais ne jamais y être directement confronté. « Maman m’a dit, oui. » À en juger par l'attitude étrangement docile de Tommy, j'en déduisis qu'il ne se sentait pas d'attaque, lui non plus, à affronter des tensions qui n'étaient clairement pas les bienvenues sous ce toit. « Scarlett non plus, à priori. » Sans nos soeurs, l'épreuve se révélait encore plus corsée. Beth était douée dans la diversion, elle savait jouer de son naturel pour alimenter les discussions et se plaisait à rebondir sur n'importe quel argument, ce qui nous aurait aisément permis de battre en retrait tout au long du diner. Quant à Scarlett, bien que notre relation ne soit pas au beau fixe ces derniers temps, elle aurait eu le mérite d'attirer l'attention des parents - peut-être malgré elle. Fort heureusement, il nous restait la plus puissante de toutes les diversions, le joker ultime : Moïra. « C’est le premier Noël de Moïra avec toute sa famille, je veux qu’elle en garde un bon souvenir. » Sur ce point, nous étions d'accord. Moïra méritait un tant soit peu de stabilité, celle-là même qu'elle peinait à avoir dans son propre foyer, et la période bienveillante des fêtes de fin d'année s'y prêtait tout à fait. Pour elle, et seulement pour elle, j'étais prêt à fournir de nouveaux efforts. J'appuyai alors l'affirmation de mon frère d'un mouvement de tête, froid mais entendu, quand l'objet de notre conversation se rua, dans une foulée de petits pas, au milieu de la cuisine. « Papa Papa ! Regarde ce que oncle Marius m’a offert ! » Mes lèvres se pincèrent en un sourire fier et amusé. La spontanéité de cette petite fille nous avait déjà valu quelques embarras, mais rien d'aussi jouissif que la mine légèrement crispée de Tommy face à ce cadeau qui la mettait tant en joie. « Woah, tu vas finir par devenir une vraie pro de la pâtisserie avec ça. » Sautillant sur le sol comme s'il s'agissait d'un trampoline, Moïra se ravisa soudainement lorsque son père s'enquit de sa politesse. « Tu as dit merci, j’espère ? » Le ton ferme et bienveillant que Tommy employa me surprit ; il me coûtait ne serait-ce que de le penser mais j'eus l'impression de faire face, pour la première fois, à une certaine forme d'éducation de la part de mon cadet. Moïra quant à elle, en croire ses yeux virevoltant de son oncle à son père, puis de son père à son oncle, craignait que tout ceci ne soit qu'un piège tendu pour l'obliger à choisir un camp. Honnêtement, la demande de son géniteur n'avait pas vraiment eu l'effet escompté. Il demeurait néanmoins que mon cadet avait fait preuve d'une étonnante maturité à laquelle je n'étais cependant, et en dépit de la fierté que cela aurait suscité chez n'importe quel aîné d'une fratrie, pas prêt à croire pleinement. Une brèche s'était peut-être entrouverte vers une éducation saine pour ma nièce, mais il m'aurait fallu bien, bien, plus pour que je puisse envisager que Tommy ait enfin pris avec sérieux les responsabilités qui lui incombaient depuis des années. « Pourquoi tu ne pas jouer dans le jardin, en attendant le repas ? » finit-il par céder, sous la pression que Moïra s'auto-affligeait. « Je peux ? » Je n'eus même pas le temps de comprendre si elle avait réellement obtenu l'aval de son père qu'elle toupilla sur ses talons et, après que j'ai réussi à lui adresser un clin d'œil malicieux, déguerpit à vive allure dans un vacarme que nous n'avions jamais été autorisés à produire dans la maison. « Elle pourrait faire toutes les bêtises du monde ici. » lançai-je pour combler un blanc que je craignais déjà. Si ce n'est de multiples reproches maintes fois rétorqués, nous n'avions plus rien à nous dire depuis bon nombre d'années, et voilà que nous nous retrouvions seul à seul, sur le terrain de notre enfance. Le dernier endroit où nous avions partagé quelques bons moments - et le seul, pour ainsi dire. Sur l'échelle de l'invraisemblance, la scène que nous jouions grimpa un échelon lorsque notre père fit son entrée dans la cuisine. Son allure nonchalante tranchait avec la nervosité que le combo sourcils froncés/doigts pianotant sur n'importe quelle surface traduisait. Il sonda le degré de tensions, étrangement raisonnable, chez chacun de ses fils avant de briser le silence : « Whisky, cognac, porto ? » Sa voix grave se perdit sous les petits cris amusés de Moïra, qui devait sans doute essayer d'échapper aux mains de sa grand-mère - qui s'en amusait sûrement davantage. « Un porto pour moi, s'il te plaît. » m'empressai-je de répondre, sautant sur l'occasion d'une conversation plus légère... aussitôt abandonnée par Warren père. « Vous voulez que je vous ouvre le billard ? » Ce qui signifiait ici qu'il profitait d'un infime apaisement, aussi forcé fut-il, pour proposer de revivre les bons moments de jeunes ados passés autour de parties de billard endiablées, dans l'unique espoir de susciter une complicité d'antan. Son regard, légèrement embué, me prit les tripes. Il était un homme était plutôt discret, laissant à son épouse le loisir des ragots et autres discussions, quelle qu'en soit l'importance, et ne laissant que peu transparaître ses émotions - ce qui expliquait sans doute quelques traits de ma personnalité. Alors lorsque cela arrivait, lorsqu'une émotion pointait le bout de son nez comme une étoile filante dans la nuit noire, il fallait saisir sa chance. Conscient de cette rareté, mon regard vira instantanément vers celui de mon cadet que, sans attendre davantage de réflexion, je sanctionnai d'un : « Avec plaisir, Papa. » Un sourire chaleureux plus tard, mon père quitta prestement la pièce, l'air guilleret, pour s'atteler à la tâche dans le salon voisin. « On ne pouvait pas refuser. » ajoutai-je sans plus de détails - Tommy connaissait la musique. En définitive, j'avais la curieuse impression que cette invitation n'était qu'une succession d'épreuves : une sorte d'escape game monté de toutes pièces par des soeurs qui brillaient par leur absence pour nous forcer à cohabiter sous les yeux de nos parents et, surtout, de Moïra. Sur le papier, nous étions traités comme les vulgaires pantins d'une pièce de théâtre face à un public critique qu'il ne fallait pas décevoir ; dans les faits, une trêve n'était finalement peut-être pas si difficile à supporter.
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Message(#)(tommarius) we just can't get it right EmptyDim 10 Mar 2019 - 13:00

Où qu’elle soit, Moïra semblait dotée de cette capacité à s’adapter à tout. À toutes les situations, à tous les endroits où elle se trouvait et toutes les personnes auxquelles elle était confrontée ; Et s’il observait généralement cela avec un brin d’admiration, Tommy aurait été bien incapable de dire s’il s’agissait là d’un trait définitif de son tempérament ou simplement de la spontanéité commune à la majorité des enfants de son âge. Qu’il vienne de l’un ou de l’autre, ce trait de caractère semblait en tout cas opérer de manière tout à fait inattendue auprès des grands-parents de la fillette, eux toujours si prompt à exiger de leurs enfants qu’ils se tiennent correctement et ne fassent pas trop de vagues, mais ne faisant désormais plus fi des velléités de la fillette a déambuler dans la maison avec son énergie débordante et sa curiosité toujours émerveillée. « Elle pourrait faire toutes les bêtises du monde ici. » avait à ce sujet commenté Marius après quelques instants de silence, tandis qu’aîné et cadet se retrouvaient à nouveau seuls dans la cuisine familiale. « Parfois je me demande où elle puise toute cette énergie. » Songeur, se surprenant lui-même à partager à voix-haute un bout de ses pensées auprès de celui des Warren auquel il n’avait plus rien eu à dire depuis longtemps, Tommy n’avait pas eu le temps de s’appesantir plus longuement sur le sujet puisque le patriarche avait à son tour fait irruption dans la cuisine, toisant un court instant ses deux fils de bas en haut comme pour jauger du degré d’hostilité que son arrivée aurait interrompu. Semblant se satisfaire de la réponse silencieuse qu’il aurait trouvée à ce questionnement, il s’en était alors remis à un « Whisky, cognac, porto ? » de circonstance, avec pour le plus jeune des fils l’impression constante que chacune des questions posées par son père relevait du test qu’il fallait parvenir à relever. Et parce qu’à ce jeu-là Marius avait toujours été bien plus victorieux que lui, Tommy l’avait laissé répondre « Un porto pour moi, s'il te plaît. » et s’était engouffré dans la brèche sans réelle conviction, mais avec l’envie de surtout ne pas créer la moindre vague ni même le moindre sursaut à la surface de l’eau « La même chose. Merci. » Le pire ? Il n’aimait même pas ça, le porto. D’ailleurs, hormis une ou deux bières de temps à autre le brun ne consommait que très peu d’alcool, la faute probablement à tout celui qu’il avait servi et aux soirées passées comme spectateur de ceux qui venaient s’accouder au bar en espérant trouver une réponse à leurs questions ou une solution à leur problème au fond d’un verre de spiritueux. Ainsi que la volonté latente de ne pas se rendre coupable d’un vice supplémentaire, sans doute. Continuant sur sa lancée engageante le patriarche avant enchaîné sur une autre question « Vous voulez que je vous ouvre le billard ? » Tommy malgré lui un peu déboussolé par cette apparente volonté d’apaiser la situation, lui d’ordinaire si peu enclin à quelque compromis que ce soit, même pour une veille de Noël. Plus réactif que lui à nouveau Marius n’avait pas attendu une quelconque approbation du cadet pour affirmer « Avec plaisir, Papa. » et leur père s’éloignant pour s’atteler à la proposition Tommy avait vu son frère jeter à nouveau en regard vers lui pour se justifier « On ne pouvait pas refuser. » auquel il n’avait su répondre que par un signe de tête, qui aurait pu vouloir dire tout et son contraire. Il se sentait comme lâché au milieu d’une pièce de théâtre dont on aurait subitement changé le texte à la dernière minute ; La maison était la même, les protagonistes également, mais l’ambiance qui y régnait n’avait rien à voir avec ce auquel il s’était habitué. Il lui fallait remonter loin dans sa mémoire et déterrer des souvenirs que le temps et un brin de nostalgie avaient sans doute poli, adouci.

Ne voyant en tout cas plus de raison de prendre racine dans la cuisine, Tommy en était sorti le premier, Marius à sa suite, et tous les deux avaient rejoint le salon où Warren mère semblait en être à son inspection minutieuse de la table et de sa présentation ; Pas question que l’un des couverts ne soit de travers ou que les verres ne se croisent pas tels qu’elle les souhaitait. « J’ai terminé avec le pudding. » lui avait alors indiqué Tommy, sans trop savoir si elle y verrait un quelconque intérêt. L’œil comptant par ailleurs sept couverts dressés et non cinq, il avait froncé les sourcils un quart de seconde et questionné d’un ton curieux « On attend quelqu’un d’autre … ? » Terminant de replacer les serviettes, qu’elle avait pris soin de plier avec goût dans les assiettes, la maitresse de maison avait fait un geste de la main comme pour signifier à son fils que la réponse devrait lui tomber sous le sens, se permettant de le houspiller gentiment « Nous sommes bien sept dans cette famille, jeune homme. Je sais encore combien d’enfants j’ai élevé. » Contre toute attente, c’est vers Marius que Tommy avait alors lancé un regard interrogateur quant à la manière dont raisonnait leur mère. Sans doute son côté superstitieux espérait-il qu’en dressant un couvert pour Beth et Scarlett l’une et l’autre changeraient subitement leurs plans pour se joindre à l’improviste à la réunion de famille – Tommy ne se risquerait pas à tenter de l’en dissuader. « Et ce n’est pas faute d’avoir tenté de faire croire à Scarlett que les ronds de serviette à gravés à nos prénoms n’existaient que parce que vous n’arriviez pas à les retenir, pourtant. » S’en amusant d’un sourire un brin pensif, le regard du brun avait été attiré par les ronds de serviettes en question – presque des antiquités désormais. Tous sauf un, flambant neuf et gravé au prénom de Moïra. « Dieu merci ma petite-fille a passé l’âge pour gober ces histoires à dormir debout. » avait de son côté commenté la matriarche à ce sujet, Tommy plus surpris qu’il ne l’admettrait qu’elle rebondisse sur l’une de ses boutades maladroites, et sa table définitivement dressée elle avait quitté le salon pour rejoindre la cuisine, laissant les Warren entre hommes – pour reprendre sa propre expression. Remerciant d’un signe de tête pour le verre qu’il venait de lui tendre, Tommy avait observé tandis que Marius se saisissait de l’une des cannes de billard et que leur père terminait de disposer les boules sur le tapis de la table « Je n’ai pas joué au billard depuis une éternité. » avait-il alors admis avec un brin d’incertitude. Semblant s’en étonner, le père avait froncé les sourcils « Vous n’en avez pas au bar où tu travailles ? » Mais de la même façon que Tommy ne consommait que peu d’alcool en en ayant servi des litres et des litres aux clients du McTavish, jamais n’avait-il pris le temps de poser ses pattes sur le billard du pub. « Travaillais. » Corrigeant machinalement, pourtant certain que si sa mère était au courant son père devait forcément l’être lui aussi, il avait repris « Et il y en avait un, oui. Mais réservé à la clientèle. » Et aussi reconnaissant était-il envers Callum de l’avoir embauché lorsqu’il en avait besoin, Tommy n’était pas le genre à cultiver la cohésion entre collègues et à traîner sur son lieu de travail plus que de raison une fois ses horaires terminés. « Eh bien, je suppose que c’est comme le vélo ? » Et à cela, le père avait reposé les yeux sur Marius, comme s’il essayait de créer lui-même un dialogue entre ses fils, faute d’espérer qu’ils ne s’en chargent d’eux-mêmes.
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Message(#)(tommarius) we just can't get it right EmptyLun 6 Mai 2019 - 20:42

WE JUST CAN'T GET IT RIGHT
tommarius


La relation execrable que nous entretenions Tommy et moi avait, au fil du temps, contaminé tout le cercle familial. Avec autant de recul que possible, notre père tentait de maintenir le cap d'une famille normale, bousculée comme n'importe quelle autre famille par des vagues qu'il espérait toujours passagères. Les mains fermement accrochées au gouvernail d'un bateau coincé dans une tempête qui n'en finissait plus, il saisissait chacune des opportunités que le destin, la chance ou le hasard laissait sur son chemin. Son but ? Sortir de cette foutue tempête, coûte que coûte. « Vous voulez que je vous ouvre le billard ? » proposa-t-il, bien moins naïvement que son regard candide le laissait présumer. Je vouais une grande admiration à mon père, cet homme parfois bougon mais de si bonne composition, qui s'acharnait à croire en la réconciliation de ses deux fils. Si je ne partageais pas ce fol espoir, la chaleur de ses paroles maladroites me serrait le coeur. Ce fut sans consulter Tommy que j'accédai alors à sa requête ; s'il fallait que je prenne sur moi une demi-heure pour lui rendre un dixième de la tendresse qu'il s'acharnait à cacher sous une virilité démodée, alors soit, mon cadet et moi jouerions ensemble au billard. Il ne lui en fallut guère plus pour mettre son plan à exécution, tandis que notre mère s'affairait à dresser la plus parfaite des tablées. « J’ai terminé avec le pudding. » se justifia Tommy, comme un enfant qui cherchait encore à rendre des comptes - ce qui, honnêtement, plu à notre mère. « On attend quelqu’un d’autre … ? » crut-il bon d'ajouter, alors que nous avions tous deux, maladroitement, le regard fixé sur les deux places fantômes qu'elle s'acharnait à réserver pour une Scarlett si peu impliquée dans la vie familiale, et une Beth souvent overbookée par sa carrière. Mon regard se leva instantanément vers le visage de ma mère, dont les lèvres désormais pincées traduisaient une grande vexation. « Nous sommes bien sept dans cette famille, jeune homme. Je sais encore combien d’enfants j’ai élevé. » Je ne pus retenir, à cette affirmation, un petit rictus amusé. J'adorais entendre ma mère se défendre, défendre ses idées et idéaux, davantage encore quand il s'agissait de clouer le bec à mon cadet. « Et ce n’est pas faute d’avoir tenté de faire croire à Scarlett que les ronds de serviette à gravés à nos prénoms n’existaient que parce que vous n’arriviez pas à les retenir, pourtant. » Je m'étonnai de la légèreté d'une scène adoucie par le sourire amusé de mon frère pour notre mère, un sourire que je n'avais plus aperçu depuis des années. Particulièrement gêné par cette situation inédite, je reculai de quelques pas pour observer, l'air indifférent, par la fenêtre du salon. Si les tintements des verres en cristal et autres bruits étouffés des assiettes en porcelaine sur la nappe de coton polluaient aisément les esprits de chaque convive, je devais reconnaître à ma mère une volonté de bien faire qui, là encore, me faisait chaud au coeur. La relation fratricide que nous vivions avec Tommy ne l'avait pas épargnée, loin de là ; elle s'était même positionnée en dommage collatéral de choix. Je n'avais jamais eu le moindre doute quant au fait que voir ses enfants, la chair de sa chair, se vouer une guerre sans merci l'anéantissait chaque jour un peu plus. Si la naissance de sa petite fille, dans cette infinie tempête, lui avait donné un peu de répit, elle espérait encore que la fratrie au complet renouerait ses liens. Depuis des années, en bonne mère de famille, elle sauvait les apparences derrière ce que certaines rumeurs du quartier qualifiaient de maniaco-dépression ; ce n'était pas complètement faux. Aussi loin que je m'en souvienne, elle avait toujours mis un point d'honneur à la tenue de sa maison : à ses yeux, vivre dans une maison impeccable aux vases fleuris, aux rideaux repassés et aux repas mijotés, était le reflet d'un foyer harmonieux - à n'en point douter, cet aspect de notre éducation m'avait permis de développer une légère psychorigidité (nul doute non plus quant au fait que Tommy et Scarlett soient passés aux travers des mailles du filet). Avec une tablée semblable à un oasis propice à la réconciliation, elle se convainquait de faire tout son possible pour ses enfants. Il n'appartiendrait ensuite qu'à ses enfants de supporter leurs présences respectives, peu important le prix de tels efforts car il s'agissait tout au moins d'un savoir-vivre auquel elle tenait particulièrement. D'autant plus depuis que Moïra était venue au monde. « Dieu merci ma petite-fille a passé l’âge pour gober ces histoires à dormir debout. » finit-elle par ajouter efficacement avant de disparaître dans l'antre de sa gastronomie, laissant les hommes Warren entre eux. La menace d'un lourd silence pesant sur leurs têtes comme une épée de Damoclès, le patriarche indiqua d'un bref geste de tête le billard en bois vernis. « Vous n’en avez pas au bar où tu travailles ? » J'observai la scène avec le recul qui me caractérisait, me complaisant dans un sage second rôle. « Travaillais. » Cette réponse eut le mérite de faire grandir mon intérêt pour un sujet de discussion qui, de base, ne m'enchantait nullement. Je n'avais jamais considéré mon frère dans un contexte professionnel, le jugeant bien trop immature pour quelque fonction que ce soit, mais l'once d'espoir de mes parents quant à l'éventualité d'une stabilité nécessaire à l'éducation de leur petite fille avait bientôt été balayée par Tommy. Je serrai les dents. Même un boulot dans un bar, il n'était pas foutu de le garder. « Et il y en avait un, oui. Mais réservé à la clientèle. » Agacé par ce que je considérais comme de l'insolence, j'inspirai pour retenir quelques paroles désagréables ; mon père ne méritait pas que j'ouvre les hostilités.
« Eh bien, je suppose que c’est comme le vélo ? » Je jetai un oeil vers l'extérieur, vers les feuilles virevoltant avec nostalgie, vers cette terrasse qui avait jadis accueilli des rires d'enfant, avant de me tourner vers une atmosphère bien différente. « Je commence. » lançai-je en m'emparant d'une queue de billard. Je frottai son extrémité contre la craie bleue pour plus d'adhérence et, dans un dernier regard vers mon frère, à mi-chemin entre la noirceur de nos divergences nocives et la compétition féroce d'une infime trêve, tapai dans la boule blanche. Les boules de toutes les couleurs s'éparpillèrent sur le tapis vert, comme la métaphore de notre histoire : la boule blanche, Alice, avait fait voler en éclats chacune des composantes colorées de notre famille, aussi imparfaite soit-elle.
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Message(#)(tommarius) we just can't get it right EmptyLun 10 Juin 2019 - 21:24

Le bruit des boules de billard s’entrechoquant avait provoqué un frisson chez Tommy, remontant le long de sa colonne vertébrale et terminant là où naissaient les cheveux sur sa nuque. Sans qu’il ne sache pourquoi lui était revenu le souvenir brumeux d’une soirée au LowBrewCo, le profil souriant d’Alice sirotant à la paille un jus d’ananas – sa grande passion depuis le début de sa grossesse – l’arrondi encore discret de son ventre sous le pull noué autour de sa taille, et les boules de billard qui se cognaient les unes aux autres exactement de la même manière, lui d’un côté de la table et de l’autre la carrure imposante de Ninko. Il n’était pas resté longtemps dans les parages, Ninko ; Un an à peine, un an que Tommy et lui avaient passés à partager leur gamelle du midi, une bière et un billard de temps à autres, et les angoisses de futur père de l’australien parce qu’il manquait autant d’une oreille que d’un référent, à ce sujet. Puis Ninko avait mis les voiles comme l’oiseau de passage qu’il s’était toujours vanté d’être, bardé de cet éternel sourire qui provoquait plus de questions que de réponses, et ayant pris soin juste avant son départ d’offrir aux futurs parents une minuscule paire de chaussons que Moïra n’avait pu porter qu’une semaine à peine, avant que ses pieds ne deviennent déjà trop grands. Mais c’était l’intention qui comptait, dit-on, et la paire de chaussons comme d’autres babioles à la valeur uniquement sentimentale dormaient désormais dans une boîte à l’abri des regards et des assauts du temps qui passait. Quant à savoir ce qui avait poussé ce souvenir à revenir à l’esprit de Tommy, et si les boules de billard en étaient les seules fautives, le brun n’en avait pas la moindre idée, et … « Thomas ? » Le brin d’impatience dans le ton de son père, bien plus que son prénom, l’avait prestement sorti de ses pensées, et confronté au regard suspicieux du patriarche et à celui plus accusateur du frère aîné il avait dégluti et s’était éclairci la gorge « Pardon, j’étais ailleurs. Oui ? » Marius y allant d’un soupir impatient, leur père avait répondu le premier pour éviter de nouvelles braises, désignant la table de billard du menton et invitant d’un signe de main son cadet à faire un minimum d’effort pour avoir l’air de s’intéresser à la partie « C’est à toi. » Cessant de s’appuyer sur sa queue de billard – comportement que n’importe quel joueur chevronné aurait trouvé totalement indigne, soit-dit en passant – le brun avait déposé son verre de porto sur le meuble le plus proche. Verre dans lequel il n’avait pour ainsi dire toujours pas trempé ses lèvres. Et les boules de s’entrechoquer à nouveau, l’une d’elle terminant sa course dans l’un des coins de table et offrant à Tommy la possibilité d’un second tir que la voix espiègle de Moïra était venue interrompre au dernier moment. « Moi aussi je peux jouer ? » Du haut de son un mètre trente, la fillette ne dépassait la table que d’une cinquantaine de centimètres, donnant à l’idée qu’elle ne manie l’une des queues de billard qu’un côté légèrement grotesque – bien que diablement mignon, du point de vue on ne peut plus subjectif de son père. « Ce n’est pas un jeu pour les petites filles … avait commencé par arguer le patriarche, coupant ainsi court à ce que s’apprêtait à proposer Tommy, surpris presque aussi vite lorsque son père avait terminé sa phrase … mais si tu grimpes là-dessus, je te montrerai comment donner une bonne leçon de billard à ces deux bonhommes. » Et force était alors de constater que Marius avait raison sur un point : Moïra pourrait bien faire toutes les bêtises du monde ici, que leur père n’userait jamais de la même sévérité avec elle qu’il avait pu en user avec ses propres enfants. D’y songer, Tommy avait échangé un bref regard avec son aîné, pas vraiment un sourire ou un appel à la plaisanterie, mais le début d’un quelque chose qui aurait pu y ressembler si la situation n’était pas ce qu’elle était. Ayant tiré à eux l’une des chaises de la table sur laquelle était dressé le repas, le patriarche avait y avait fait monter la petite à genoux pour qu’elle soit à peu près à bonne hauteur « Trop bien ! Mais, il faut faire quoi … ? » Perplexe, elle laissait ses yeux aller d’une boule à l’autre pour tenter d’y trouver un enchainement de cohérence. « Tu vois la boule blanche ? Tu dois l’utiliser pour faire rentrer les autres dans les trous, ici et là. Attends. » Parce qu’un geste valait mieux que mille mots, Tommy avait visé son second coup pour illustrer ses explications, faisant néanmoins chou blanc. « Et là ça veut dire que tu as perdu ? » Partagée entre interrogation et déception, Moïra avait retrouvé son sourire lorsque Tommy avait nuancé « Ça veut dire que c’est au tour de ton oncle Marius de jouer. Et ensuite ça sera votre tour à vous, et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les boules aient disparu. » Deux fois plus enthousiasmée à l’idée que son tour vienne ensuite, la petite avait rivé son regard sur Marius avec attention « À ton tour oncle Marius ! » Le brun, lui, en avait profité pour récupérer son verre et lui donner enfin une chance d’être bu. Sans grande surprise, le goût aussi sucré que chargé en alcool lui avait arraché une légère grimace, le peu d’alcool qu’il consommait encore se résumant principalement aux bières bien moins raffinées. « C’est papy qui vous a appris à jouer à Papa et à toi ? Ça existait déjà comme jeu quand vous aviez mon âge ? » Cette fois-ci, en revanche, Tommy n’était pas parvenu à retenir le bref éclat de rire qu’avait provoqué la question chez lui. Les enfants et leur capacité à s’imaginer que leurs parents étaient allés à l’école à la même époque que Sa Majesté la Reine Elizabeth, voire à celle de Toutankhamon. « Tante Scarlett a dit que Papa et toi vous jouez à qui a la plus longue, elle parlait de ça en fait ! » Et tandis que du côté de Tommy on avalait maintenant de travers sa gorgée de Porto, Warren père ne pouvait lui retenir un « C'est charmant. » neutre avant de tremper son nez dans son propre verre, laissant à l'un de ses deux fils le bon soin de gérer la réponse à cette épineuse affirmation.
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Message(#)(tommarius) we just can't get it right EmptyDim 30 Juin 2019 - 15:02

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tommarius


La scène semblait surréaliste, de celles qu'on voit dans des films d'auteur à maigre budget : l'intention était là, le fond était diablement riche de sens, mais la forme, quant à elle, aurait fait pâlir les meilleurs scénaristes de notre temps. J'avais l'étrange impression d'avoir été propulsé dans une autre dimension ; j'évoluais dans un monde parallèle, un univers dans lequel la relation fratricide que j'entretenais avec Tommy depuis des années était étouffée. Nous étions deux, dans cet univers mi-harmonieux, mi-glauque, à tenter de retrouver nos repères. Nous avions beau nous être considérablement éloignés depuis son histoire avec Alice, je savais reconnaître l'inquiétude et la perplexité dans les micro-expressions de mon cadet. Il n'était pas plus à l'aise que moi dans la scène de théâtre que nos parents avaient mis en place. Les rôles qu'ils nous avaient attribués n'étaient pas à nos tailles, et seule l'insouciance d'une petite blondinette curieuse nous sauvait d'une plongée certaine dans la dramaturgie. « Moi aussi je peux jouer ? » Mille fois plus heureuse que son paternel de partager un moment familial autour d'un jeu qu'elle rêvait de découvrir, Moïra n'eut besoin que de lancer un regard brillant à son grand-père pour qu'il ne la fasse grimper au bord de la table de billard. Je pouffai un léger rire, amusé par le laxisme de mon père face à sa petite-fille, impératrice en ces lieux. Au pied du mur, Tommy finit par lui énoncer simplement les règles du jeu autour duquel nous tentions de faire bonne impression - avec tout de même, avouons-le, une certaine réussite. Les yeux écarquillés, Moïra ne perdit pas une miette du tour de son père, qui fit chou blanc. Sous la coupe du jugement de la plus jeune arbitre du moment, Tommy dut se résoudre à me tendre la queue de billard. « À ton tour oncle Marius ! » Gagné par l'esprit de compétition que le regard perçant de ma nièce imposait entre mon cadet et moi, je redoublai d'efforts pour obtenir un meilleur score. Le bout de la queue frappa contre la boule blanche, laquelle fonça sur une boule bleue marine - je me gardai d'avoir l'honnêteté de dire que ce n'était pas la boule visée lorsqu'elle atterrit dans la cible. D'un poing victorieux, je prononçai un yes peu audible. Aussi hasardeux soit-il, ce coup m'emplit d'une nouvelle assurance qui me mit le sourire aux lèvres. « C'est papy qui nous a appris à jouer, en effet, mais les élèves ont depuis largement dépassé le maître. » Adressant davantage cette fin de phrase à mon père et Tommy qu'à une Moïra dubitative, je ne pus effacer le petit rictus du coin de mes lèvres... jusqu'à m'en rendre compte. C'était absolument déconcertant de prendre conscience du fait que nous passions, en dépit de tout le tumulte autour de nous, un bon moment. Fort heureusement, nous pûmes compter sur l'intervention gratinée d'une petite fille aux oreilles aiguisées. « Tante Scarlett a dit que Papa et toi vous jouez à qui a la plus longue, elle parlait de ça en fait ! » J'arquai un sourcil, consterné d'entendre cette phrase sortir de la bouche de Moïra, mais finalement peu étonné d'apprendre qu'elle l'avait entendu de Scarlett. À l'inverse de Beth à qui je vouais une entière confiance quant au valeurs qu'elle inculquerait à sa nièce, je considérai a contrario Scar comme le parfait opposé du modèle d'éducation. Je ne me fis pas prier pour partager mon point de vue sur la question : « Toujours autant de classe. Moïra, ma belle, fais-moi plaisir : ne répète pas tout ce que Tante Scarlett te dit. Elle dit beaucoup de bêtises. » Je plongeai mon nez dans mon verre, me délectant d'une dernière gorgée tandis que dans la salle, des tensions risquaient de renaître. Prêt à sauter à pieds joints dans le gouffre de nos discordes en conseillant mon frère sur les modes de garde qu'il avait mis en place, le regard désapprobateur de mon père me retint tout juste. « Hm. » me contentai-je de marmonner, préférant à une nouvelle bataille me tourner vers la voix de ma mère qui nous parvint de la salle à manger.  « À table, les enfants ! » Ceci sonna le glas de notre partie de billard, en l'honneur d'un bon vieux temps que le fantôme de Scarlett, qui brillait comme d'habitude par son absence, avait balayé d'un revers. « Pour une fois, on a qu'à dire que tu as gagné Tommy. » avouai-je cette fois comme une gentille provocation, avant d'aider mon père à replier la table. Moïra, surexcitée à l'idée que son père ait décroché le trophée tant convoité, courut rejoindre sa grand-mère pour l'en informer. Nous n'entendîmes guère sa réaction, mais plutôt ses pas impatients venir jusqu'à nous. « Autant vous dire Messieurs que vous avez plutôt intérêt à vous attabler avant que la dinde ne tiédisse. » La menace de celle qui cuisinait depuis des heures notre festin de rois n'avait rien d'anodin ; nous avions réellement intérêt à nous installer dans la minute, ou nous aurions le droit à une succulente soupe à la grimace. Nous nous regardâmes tous les trois, sans dire mot, conscients que, pour une fois, nous étions sur la même longueur d'ondes. Sans rechigner alors, nous rejoignîmes la table soigneusement dressée et, partageant quelques regards complices, couvrîmes notre hôte de compliments. « Ça a vraiment l'air délicieux, maman. » lui lançai-je en toute honnêteté, quoique bien amusé par l'air fier et satisfait qu'elle se donnait désormais. Je jetai un oeil malicieux vers Tommy, oubliant une fois encore nos différends. Particulièrement craint depuis des jours, ce repas s'annonçait finalement moins chaotique que prévu.

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