J'étais ravi qu'Itziar juge bonne mon idée de créer une soirée sous le thème de la culture espagnole au bar où elle travaillait. Personnellement, je savais que je ferai tout pour me rendre à ce genre d'événement thématique, surtout si ce dernier me permettrait d'en découvrir davantage sur le pays d'origine de la jeune femme ainsi que ses pratiques. Cependant, j'avais conscience qu'organiser une telle soirée réclamait beaucoup de temps et d'investissement et c'est pour cette raison que je lui offrais mon aide pour quoi que ce soit qui serait à la hauteur de mes moyens afin de mener à bien ce projet.

Le temps manquait, c'était irrémédiable. Comme mon interlocutrice, j'avais des plans et des démarches que j'aimerais beaucoup démarrer toutefois, les heures filaient à une telle allure que je ne parvenais pas à entamer mes objectifs. Il fallait que j'apprendre à créer du temps, à mieux m'organiser et peut-être cesser certaines de mes activités afin de me consacrer davantage à ce qui me faisait vibrer. J'y réfléchissais de plus en plus lors de mes trajets ou de mes pauses, exponentiellement convaincu qu'un bon ménage dans ma vie me serait positif. Je remarquais par ailleurs que cela faisait un moment que je n'avais pas mis les pieds au bar où travaillaient Itziar et Elora, quand ce dernier avait était un endroit phare de ma routine en 2017 et 2018. L'ambiance des lieux me manquait, mais petit à petit, j'avais peiné à dénicher le temps de m'y rendre. Les événement s'étaient enchaînés et j'avais délaissé cet endroit qui avait pourtant tant compté et m'avait aidé à traverser nombreux moments difficiles. Je regrettais, même si malheureusement, je n'avais su faire autrement et que l'on ne pouvait pas refaire le passé. Heureusement, les deux filles ne semblaient pas m'en vouloir d'avoir été aux abonnés absents sur leur lieu de travail. “Si ça peut te motiver, sache que je suis toujours prête à t'offrir une bière. Elo' aussi j'suis sûre, mais si tu viens et que je suis pas là, je promets pas de ne pas bouder hein.” Je souris sincèrement, soulagé et touché d'entendre de telles paroles. J'avais toujours apprécié la positivité de la vingtenaire, elle détenait ce rare talent de me remonter le moral ou chasser les nuages noires qui planaient au-dessus de ma tête. “J'ferai mon possible pour passer et vous y voir. J'espère que t'as pas oublié ma commande depuis !” Je taquinais. Un whiskey coke était mon motto depuis des années.

Les plaisanteries fusaient, ainsi que fausses menaces. Je ris de bon cœur lorsque la Cortés de Aguilar menace de cracher dans mon verre et je ne démords pas pour redorer le plus possible le blason du sport australien que je pratique et que j'enseigne actuellement à la blonde. “Si par inventif tu veux dire s'inspirer de sports qui existent déjà pour en faire un autre, dans ce cas, ok, même si pour moi c'est un peu du plagiat déguisé.” Je siffle, faussement vexé, alors qu'Itziar affiche un air angélique. “Qu'est-ce qu'il faut pas entendre !” Toutefois, je ne changeais pas d'idée qu'avec de la pratique et de la bonne volonté, Itziar pourrait devenir une bonne joueuse de football australien. Déjà aujourd'hui, en se donnant comme elle le faisait, pour une première séance de ce sport, je jugeais qu'elle se débrouillait très bien. Devant mes compliments, elle propose que je la sponsorise avant qu'elle ne coûte des millions, ce à quoi je rétorque croire que c'était déjà le cas. “Valais ! C'est le mot clé. Maintenant je te dirai pas combien je vaux, c'est plutôt déprimant.” Je fronçais doucement les sourcils, à la fois amusé et intrigué. “Plutôt déprimant pour quelconque porte-monnaie, oui.” Itziar m'avait raconté son passé lors de mes passages au bar et je savais qu'elle avait radicalement changé de quotidien en s'installant en Australie, des années plus tôt. Je trouvais son courage ainsi que sa capacité d'adaptation remarquables et il fallait dire que chaque jour, l'espagnole grandissait et évoluait beaucoup selon moi. J'étais heureux d'avoir fait sa connaissance et de pouvoir la compter parmi mes amis.

Après l'effort, le réconfort : il est désormais acté que nous allons casser la croûte afin de discuter de nos futurs plans.