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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyMer 9 Jan - 21:52


 
Jamie & Primrose

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Je ne comprends pas pourquoi ce mec me ferait un truc pareil et j’ai du mal à croire que j’ai accepté de tourner cette vidéo… Sur le moment, ça ne me paraissait pas si grave que ça, ce n’était qu’un simple enregistrement effectué pour le plaisir personnel d’un gars sans importance qui voulait juste se tripoter la nouille en se souvenant des moments passés à deux… En tout cas c’est ce que je pensais, je ne voyais vraiment pas le mal. Comme quoi, j’étais vraiment trop naïve ce qui, pour une strip-teaseuse est certainement ridicule. Ou alors, j’ai été naïve parce que ça m’arrangeait, j’ai touché un paquet de fric pour cet enregistrement dont j’ai eu une copie que je n’ai absolument pas regardé… Enfin, que je n’avais absolument pas regardée avant la semaine dernière. Tout allait bien dans ma vie, ou en tout cas aussi bien que possible compte tenu de mes nombreuses dettes et de mon incapacité à les gérer, d’où des appels relativement nombreux de mon banquier. Jusqu’à cet appel, celui qui est à l’origine de la prochaine ruine de ma vie… Le type disait qu’il avait réussi à trouver mon nom de famille et m’a indiqué l’endroit très précis où se trouve la ferme de mes parents en disant tout simplement que si je ne lui donnais pas le double de la somme qu’il m’a versée pour que je tourne cette vidéo avec lui, il enverrait l’enregistrement à mes parents. Je suis en panique. Totalement en panique. J’essaie de renouer avec mes parents depuis très peu de temps et je sais qu’ils n’approuvent clairement pas mes agissements alors si jamais ils doivent me voir sous ce jour-là, j’ai peur qu’ils ne me pardonnent vraiment jamais. Alors je flippe, je tourne en rond, je me demande quoi faire… Enfin, c’est en tout cas ce que j’ai fait dans un premier temps, parce que je ne voyais vraiment pas comment me sortir de cette impasse. J’ai tout envisagé, parler à mes frères et sœurs, parler à Itziar, parler à Clément, parler à n’importe qui d’assez proche de moi pour pouvoir me venir en aide. Mais comment avouer à mes proches, même s’ils ont connaissance de mes agissements plus ou moins autorisés, que j’ai tourné une sextape avec un inconnu ? Ils vont me faire la leçon, se foutre de ma gueule, ça va avoir un effet de bouche à oreille et tout le monde va le savoir. Désemparée, j’avais même fini par faire le tour de mon répertoire téléphonique, complètement au hasard, et c’est là que je suis tombée sur lui… Jamie. Juste Jamie. J’ignore quel est son nom de famille mais je me souviens très bien de lui car il a été un client très particulier, gentil, compréhensif, doux. Son attitude m’a tout de suite frappée et j’ai vraiment le souvenir d’un type bien.

Je devais être vraiment désespérée par ce que je l’ai appelé, à moitié en larmes, désemparée. J’ai entendu une première sonnerie, puis une seconde et finalement sa voix… Une voix d’homme mûr, posé, sûr de lui. J’ai éprouvé presque du soulagement à l’entendre et c’est sur un ton dans lequel mes sanglots étaient sacrément visibles que je lui ai répondu. « Jamie… ? Je ne sais pas si tu te souviens de moi, c’est Poppy, la fille du club… On s’est vu il y a un moment déjà, je suis désolée de te recontacter… Je t’en prie, ne raccroche pas. » J’ai tellement peur qu’il me plante-là, qu’il m’abandonne, qu’il supprime et bloque mon numéro ou pire qu’il aille porter plainte pour harcèlement. Pourtant, il est toujours là, il n’a pas l’air de vouloir m’abandonner alors je continue. « J’ai des emmerdes… J’ai vraiment besoin d’aide… Il n’y a que toi qui peux m’aider. Tu peux me retrouver au Starbucks à côté du club ce soir ? J’y serais vers dix-huit heures… Je t’en prie. » Je ne lui laisse pas le temps de répondre et je raccroche. Folie de ma part ? Sans doute, mais si je lui avais laissé le temps de demander des explications, alors il aurait peut-être compris ce qu’il me fallait et aurait préféré me laisser m’en sortir seul. Là, j’ai une chance qu’il soit assez piqué par la curiosité pour faire le déplacement, en tout cas c’est ce que j’espère. J’ai séché mes larmes en me raccrochant à ce dernier espoir mais l’angoisse qui me noue l’estomac est bien réelle. Avant l’heure prévue, j’arrive au Starbucks et me commande un thé de Noël auquel je ne touche même pas tant je suis angoissée. Mes yeux fixent la porte à chaque nouvelle entrée et j’ai l’impression qu’il ne viendra jamais. Qu’est-ce que je fais s’il ne vient pas ? Je n’ai absolument aucun plan B, il est mon seul et unique espoir et je ne vois pas ce que je peux faire et vers qui je pourrais me tourner si ça ne fonctionne pas. Je me vois déjà en train de revendre la moitié de mes fringues au rabais pour tenter de réunir la somme demandée et cette idée me rend malade… Et puis, je ne suis pas complètement conne, s’il obtient ce qu’il veut une fois, mon maitre chanteur va recommencer, j’en suis sûre et certaine, je ne peux pas plonger dans ce petit jeu sordide mais ma famille ne peut pas non plus recevoir cette vidéo. Alors je suis tout simplement au bord du gouffre et j’attends que quelqu’un vienne me rattraper avant que je saute dedans. La porte du Starbucks s’ouvre une nouvelle fois et je retiens mon souffle. Il faut que ce soit lui.

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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyVen 22 Fév - 19:14

Le téléphone vibre sur la table basse, clignote, interrompant le film devant lequel la famille est installée. Je regarde d’un oeil, bataillant avec la fatigue et mon éternelle incapacité à rester assis dans un canapé plus d’une dizaine de minutes sans somnoler. La tête de Joanne, déposée sur mon torse, ajoute une présence douce au confort que je ressens déjà dans cette position, un bras autour de son corps d’une part, Daniel sagement captivé par l’écran de l’autre. C’est le parfait tableau de famille qui sursaute comme l’image d’une vieille cassette mal rembobinée, ramenée sur terre par le grésillement désagréable du portable. Faisant fi du regard agacé de mon fils, arraché au film, et de la déception certaine de Joanne, je défais les étreintes, me penche et saisis l’appareil. Le numéro n’est pas enregistré, mais cela est souvent le cas et ne m’empêche pas de décrocher afin de découvrir, avec surprise, une voix féminine à l’autre bout du fil. Immédiatement, mon air tranquille devient crispé, le sérieux durcit mes traits, et un brin de contrariété, peut-être, pousse le soupir qui traverse mes lèvres. Poppy, je m’en souviens, je sais que mon épouse aussi. Je sais qu’elle n’aimerait pas la savoir en ligne, en contact avec moi, à la frontière de notre cocon. Et la première pensée qui me traverse l’esprit, c’est que j’ai assez d’une étudiante frappée pour m’attirer des ennuis ; la deuxième est en trop, et mon réflexe est de débouter celle-ci rapidement. “Ecoute, tu tombes vraiment mal…” je débute, moins en référence à l’après-midi cinématographique qu’au retour de Mina ayant eu lieu quelques jours auparavant et constitue à elle seule une assez grande source de stress supplémentaire à l’heure où nous nous apprêtons à accueillir, Joanne et moi, notre second enfant. Le timing ne pourrait être plus terrible, cependant, le timbre de la voix de la jeune femme est une véritable paire d’yeux de cocker pour mes oreilles, et ma volonté de raccrocher se défile face à la détresse que je devine. Besoin d’aide, les termes accrocheurs forcent mon attention, ma compassion. La bouteille à la mer sent les larmes fraîches de la demoiselle en détresse, gonflant ma poitrine à la fois d’empathie et d’orgueil. “Je…” Merde. Le rendez-vous est donné et je n’ai pas la cruauté nécessaire pour laisser une gamine sur le bas côté. Peut-être que ce n’est rien, rien d’autre qu’une perte de temps. Peut-être qu’elle est réellement dedans jusqu’au cou et qu’elle utilise ce numéro pour l’exacte raison qui m’avait motivé à le lui donner ; en cas de nécessité absolue. Car je sais dans quel milieu la jeune femme évolue, les dangers, les risques qui ponctuent les nuits, les longues heures arpentées par les espèces les moins fréquentables, l’argent qui circule de main à main, la drogue ; ce qui, avec les femmes, sont déjà trois bonnes raisons données aux hommes pour se faire la guerre. Poppy était, pour moi, la biche prise devant les feux. “J’y serais, je souffle. Mais ça a intérêt à être vraiment important.”

Je raccroche, repose le téléphone, évite le regard de Joanne avec une gêne palpable. “Qui c’était ?” demande-t-elle de sa voix fluette, sûrement soucieuse de constater que, non, je ne suis jamais vraiment là, jamais complètement. Juste là, avec eux. Mais mon embarras, dans l’instant, n’est plus tant d’avoir pris ce téléphone au détriment de notre moment ; c’est de savoir que je vais devoir lui mentir, encore. Ajouter une couche à d’autres cachotteries, être secret, manquer à mon devoir de sincérité, d’honnêteté envers elle. Impardonnable d’avance, honteux, je suis déjà empêtré malgré moi dans cette machine qui accélère soudainement, emportant avec elle le rythme de mon coeur, loin d’être tranquille à l’idée d’être cet homme-là. Celui qui ment effrontément à sa femme. “Personne.” dis-je vaguement, ce qui ne convient évidemment pas à sa curiosité, son regard bleu qui s’appuie un peu plus sur ma mâchoire crispée. “La Fondation.” j’improvise avec un peu trop de facilité à feindre la conviction. L’implantation à Brisbane subit tant d’imprévus qu’il ne serait pas étonnant de recevoir un énième appel à propos de l’architecte, voire d’un problème supplémentaire s’ajoutant aux contretemps liés au cadre juridique et financier. Sans plus d’explication, mes sourcils froncés suffisant à communiquer une certaine pression grossissante sur mes épaules, je relance le film. Dans le fond de ma bouche, un goût amer me retourne le coeur. Je ne nourris même pas l’espoir que Joanne ne découvre pas le pot aux roses un jour. Je ne veux simplement pas imaginer à quoi ressemblera ce jour.

Le film prend fin sans me laisser en mesure d’expliquer ce dont il pouvait bien parler. Mon esprit était ailleurs, mes oreilles sourdes aux bruits ambiants de l’autre côté de mon cerveau encombré. Je vérifie régulièrement l’heure qui tourne, et quand vient le moment, je décolle comme un courant d’air. “Je dois faire un saut rapidement sur place. Je reviens vite.” Une manche après l’autre, dans un mouvement ample, je dépose une veste légère sur mes épaules après avoir noué des chaussures à mes pieds et me téléporte dans la voiture avant de recevoir la moindre réaction. Pas le temps. Pas l’envie. Je prends la route d’un quartier que j’avais appris à éviter, et dans ma tête, en boucle, revis une soirée que j’avais occultée. S’il est une leçon à retenir, c’est que les écarts passés finissent forcément par vous rattraper, vous prendre à la gorge et vous jeter au sol. Qu’importe s’ils paraissent minimes, ils grimpent des profondeurs de la conscience et grattent à la porte de votre bonheur au moment où vous vous pensiez en sécurité. Comme un séisme pour mettre à l’épreuve vos certitudes.

Le Starbucks n’est pas beaucoup fréquenté à cette heure. A moins de prévoir une nuit debout, la dernière tasse de café de la journée se situe vers seize heures. Ce sont les bars qui commencent à se remplir, de l’autre côté du trottoir. Garé là, j’espère simplement passer incognito -car cela n’est pas tant mon fort, paraît-il. Objectif : être rentré pour dîner. Mon passage au comptoir se solde par un grand gobelet de thé au nom de Jay. Après quelques pas dans la salle, le regard glissant de table en table, je situe la silhouette filiforme de Poppy, dos courbé sur une banquette dans un coin. Et tout dans sa posture, dans les traits de son visage, saisit mes entrailles d’une tendresse réprimée. Elle inspire naturellement cette volonté de l’épauler, de l’aider, tant elle ressemble à un petit oiseau tombé du nid. Le pas lent, l’observant, j’approche de sa table et me poste devant elle. Je ne sais pas comment l’aborder, la saluer, la retrouver ; ce qui peut être dit, ce qui doit être évité ; si je dois la considérer comme une jeune fille, une jeune femme, s’il faut oublier le contexte de notre rencontre, l’ignorer. Je ne sais pas qui elle est, en dehors de son club. Je ne sais rien d’elle. Pas même son prénom. “... Prim ?” je demande à haute voix tandis que mes yeux sont tombés sur l’écriture au marqueur sur son gobelet. “C’est écrit.” je précise d’ailleurs, ne tenant pas à passer pour le type qui a fait ses recherches à son sujet et dont elle pourrait avoir autant peur que lesdites emmerdes qui l’ont poussée à m’appeler. Du reste, nageant encore dans le flou, retournant au point de départ d’une conversation encore inerte, je m’installe sur la chaise lui faisant face. “Ca a pas l’air d’aller fort...” Je souligne, l’évidence se lisant sur la demoiselle jusqu’à sa manière de respirer. “Je n’ai pas beaucoup de temps.” Mais le temps est une piètre limite lorsque l’on voit que pour être ici, disponible pour elle, pour l’aider, la sauver, j’ai menti à ma femme et fui mon foyer. Le temps, ce n’est qu’un détail, alors. C’est le cadre que se donne ma conscience afin de ne pas se sentir écrasée par le poids de la culpabilité.
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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyJeu 28 Fév - 23:23


 
Jamie & Primrose

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Mon espoir qu’il vienne à ma rencontre s’envole au fur et à mesure que les secondes s’écoule puis revient à chaque fois qu’une nouvelle personne franchit cette porte. Je me souviens de son « tu tombes vraiment mal », il résonne encore à mes oreilles à chaque instant. J’aurais dû argumenter plus, lui laisser le temps de s’expliquer, ne pas enlever ce fichu téléphone de mon oreille avant qu’il daigne m’apporter une réponse. Mais non, j’ai préféré partir à l’aveuglette vers ce café comme si le simple fait que j’y sois suffise à le faire venir. J’aime à penser que je ne me suis pas trompée sur lui, que c’est le genre de chevalier servant qui va voler à mon secours lorsque j’en aurais besoin, laissant de côté sa vie personnelle pour me venir en aide. Est-ce réellement le cas ? De son quotidien, de son travail, de sa vie privée, je ne sais rien, ou presque rien, seulement les bribes qu’il a laissé échapper lors de notre seule et unique rencontre et à dire vrai, il s’agissait plus d’un moment langoureux que d’une conversation à deux… Je l’ai aidé à se détendre du mieux que j’ai pu et j’ai fait mon travail, parce que c’est ce que mon patron attend de moi et que je pensais que c’était ce dont il avait besoin. Malgré tout, il m’a paru différent, plus attentif à mon confort, à mon bonheur. J’ai eu l’impression qu’il s’intéressait réellement à moi, que j’avais de l’importance et j’ose espérer qu’il m’en donnera encore assez aujourd’hui pour faire le déplacement jusqu’à ce Starbucks. C’est sûrement stupide et je vais probablement vivre une belle désillusion mais j’attendrais jusqu’à la fermeture du café s’il le faut avant d’envisager de partir car je veux croire qu’il me tendra la main parce que c’est le genre de personne qui ne peut pas s’empêcher de secourir ceux qui en ont besoin. Malheureusement, je ne suis pas spécialement douée pour repérer les bonnes personnes alors il est tout à fait probable que je me trompe et si c’est le cas, je ne sais pas du tout vers qui me tourner. La perspective de devoir remuer ciel et terre pour que cette vidéo ne parvienne jamais au destinataire envisagé par cet horrible mec me terrifie. Je ne veux pas parler de ça à mes proches, je ne veux pas parler à la police, je veux surtout impliquer le moins de gens possibles et surtout le moins de gens qui ont une place, aussi infime soit-elle, dans mon quotidien. L’exercice me semble affreusement compliqué, j’en ai bien conscience, c’est sans doute pour cela que Jamie est ma seule et unique chance.

Et puis il est là, devant moi, il m’appelle par mon surnom ce qui me fait sursauter. Je lève les yeux vers lui. Ebahie. J’y croyais sans y croire et le voir devant moi me fait perdre tous mes moyens. Il désigne mon verre et je baisse les yeux vers ce dernier, sans comprendre jusqu’à ce que l’information monte à mon cerveau. D’une main tremblante, je le tourne vers moi pour lire les lettres noires sur le gobelet. Prim. C’est ce que j’ai dit quand j’ai commandé. Je ne m’en souvenais même pas. « C’est le diminutif de Primrose… Tu peux m’appeler comme tu veux. » Dis-je avant de réaliser que cette conversation n’est pas une conversation banale que s’il est là, ce n’est pas pour faire la causette pour savoir si je vais bien ou mal, pour connaitre ma mère, mon frère ou ma grand-mère ou connaitre mes dernières notes à l’université. S’il est là, c’est que je l’ai supplié de venir à mon secours et il est devant mes yeux à présent. J’ai plutôt intérêt de lui donner une très bonne raison de rester. « Je serais brève. » Il me faut un récit, court, concis, efficace, mais déjà alors que je n’ai même pas commencé à parler, les mots s’embrouillent dans ma tête et l’histoire que je veux raconter n’est plus aussi claire qu’elle devrait l’être. « Tu devrais peut-être t’asseoir. » Brève d’accord, mais ça ne va pas durer deux secondes non plus, il ne faut pas rêver. « Déjà merci d’être là… Tu n’imagines pas tout ce que ça représente pour moi. » Non, il ne l’imagine pas et j’admets que j’ai moi-même du mal à réaliser qu’il est vraiment à mes côtés en face de moi. Les images de notre précédente entrevue se bousculent dans ma tête. Une chose est sûre, l’entretien que nous avons à présent promet d’être bien plus formel. « Il y a quelques mois, j’ai rencontré un mec, il voulait tourner une vidéo avec une fille… Tu vois le genre de vidéo ? » C’est étrange comme je peux être pudique sur les mots, bien plus que sur les actes. S’il me résolvait mon problème, je serais dans les toilettes du Starbucks en une fraction de seconde pour faire exactement ce qu’il me demandait. Pour autant, je ne prononce pas le mot sexe-tape à voix haute. Belle ironie. « Je pensais que c’était juste un petit con qui voulait se faire sa bibliothèque de porno perso, alors je l’ai fait… » Regard outré de la vieille à côté de nous qui écoute vraisemblablement la conversation et qui ne se remet pas de tant de vulgarité. Qu’elle fasse un AVC ou qu’elle se casse, je n’apprécie pas du tout être épiée de cette façon, elle va probablement finir avec un thé de Noël bouillant à la figure. D’ailleurs, je n’ai pas touché à ma boisson, incapable pour le moment d’avaler quoi que ce soit. « Il me menace d’envoyer la vidéo à mes parents si je ne lui envoie pas de l’argent… Beaucoup d’argent. » Et mon histoire s’arrête-là, parce que j’ai dit l’essentiel, parce qu’il n’a pas besoin de plus de détails pour comprendre à quel point je suis dans la merde et parce que si je continue à parler, je vais certainement me mettre à pleurer. Non, ça ne va pas fort, je n’ai jamais été mise au pied du mur de cette manière et l’idée de perdre ma famille me rend complètement malade.

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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyMar 10 Sep - 0:50

Tu ne devrais pas être ici, je me dis, je répète, parfois plus fort, plus coléreux, plus affligé que d’autres. Je le martèle à chacun des pas que j’effectue vers la jeune femme qui, de loin comme de près, n’a plus grand chose de la Poppy que j’ai rencontré et brièvement connu le temps d’une soirée. Elle paraît si jeune, trop jeune, encore plus jeune que sous la lumière tamisée du club. Elle a le genre de minois innocent qui pousse à se demander ce qu’une demoiselle aussi mignonne va faire sur une barre de pole dance une fois la nuit tombée. Et si je ne savais pas déjà qu’elle exerce cette activité, je ne m’en serais jamais douté, à sa seule allure, là, avec son café. Le nom sur le gobelet m’apprend au moins une chose que je ne sais pas ; son véritablement prénom, en partie. Mais cette information ne rend pas toute cette rencontre moins bizarre, et le malaise est palpable dans les regards timides, les phrases en suspend, en plus de la boule qui serre mon estomac. « C’est le diminutif de Primrose… Tu peux m’appeler comme tu veux. » précise la jeune femme. Un prénom qui lui va bien, quelque part, qui s’accole au traits de son visage sans mal. Elle aurait pu être une Catherine ou une Natacha que cela ne lui serait pas aussi bien allé que Primrose. Parfois, un nom semble véritablement taillé pour un visage en particulier. “J’aime bien Prim. J’ai l’impression que c’est… plus adapté.” je réponds en toute bienveillance. J’imagine que l’existence de Poppy s’arrête aux portes du club. Nul besoin de faire référence à son alter égo dans cet endroit. Un établissement banal pour deux personnes banales, et Primrose convient bien mieux à ce cadre. Je m'assois finalement face à elle, comme elle m’y invite. La pression imaginaire du temps ne m’empêche pas de me poser assez longtemps pour déguster jusqu’à la dernière goutte de mon thé. Il faudra peut-être au moins ça pour démêler l’affaire de la jeune femme. « Déjà merci d’être là… Tu n’imagines pas tout ce que ça représente pour moi. » Je me garde de souligner tout ce qu’il me coûte de mon côté d’être en effet présent pour elle aujourd’hui, me doutant que ce paramètre fait partie de ses remerciements. “C’est normal, je t’avais dit que tu pouvais me contacter s’il y avait quoi que ce soit.” J’aime prêcher que je suis un homme de parole. Quelqu’un qui tient toutes ses promesses et ne prononce jamais une parole sans la penser ou un engagement sans s’y tenir. Quelqu’un sur qui compter, stable, fiable et sérieux, et vers qui se tourner aveuglément en cas de besoin. Alors c’est un peu ce brin d’orgueil que Prim caresse en faisant appel à moi pour l’aider. « Il y a quelques mois, j’ai rencontré un mec, débute-t-elle pour exposer son problème, il voulait tourner une vidéo avec une fille… Tu vois le genre de vidéo ? » J’acquiesce. Je vois le genre de vidéo. La dame à côté de nous, elle, semble encore dubitative. « Je pensais que c’était juste un petit con qui voulait se faire sa bibliothèque de porno perso, alors je l’ai fait… » Tout doute est levé, de ce côté de la table comme un mètre plus loin, et si le regard insistant de la cliente près de nous qui jaugeait la scène impliquant une jeunette et son aîné de treize ans, il est désormais estomaqué du reste de la conversation. Pour ma part, je demeure silencieux, et laisse Primrose poursuivre. « Il me menace d’envoyer la vidéo à mes parents si je ne lui envoie pas de l’argent… Beaucoup d’argent. » Instantanément, je soupire. Non pas de jugement, que je ne me permettrais pas. Honnêtement, les décisions prises par la jeune femme ne me regardent pas et les discuter après coup ne changera pas ce qui est fait. Je doute que mon avis sur la question lui importe, d’ailleurs, et ce n’est pas pour cela qu’elle m’a fait venir. “Je vois…” Si je soupire, c’est à cause du constat que certains hommes ont de la lâcheté à revendre. Hommes ou femmes, je songe, en ayant une pensée pour le chantage appliqué sur moi par Mina, menaçant elle aussi de dévoiler à ma femme une chose que je préférerais moi-même effacer du passé. “On parle de combien d’argent, au juste ?” je demande, pragmatique. “Si ce n’est que ça, je peux te dépanner la somme.” J’imagine d’ailleurs que c’est dans ce but que Prim m’a appelé, sachant parfaitement que tout ce qui pouvait lui semblait mirobolant ne serait pour moi pas plus qu’une piqûre de moustique dans l’un de mes comptes en banque. Dégainer le chéquier ne me pose pas de problème, s’il n’en faut pas plus pour régler la situation et acheter la paix de la brune, à condition que cela ne révèle pas être un stratagème pour me dépouiller un peu plus à terme sous prétexte que le maître chanteur en demande encore. Je ne suis pas né de la dernière pluie et même dans mes élans de générosité, je sais rester sur mes gardes. J’imagine que je dois remercier Mina pour ce tout nouveau brin de paranoïa. “Mais généralement, les maîtres chanteurs s’en tiennent rarement à cela.” j’ajoute, sans chercher à remettre en cause son histoire, mais portant à l’attention de Prim que le chantage cesse généralement après une longue bataille vous arrachant bien plus que la rançon de départ -à moins d’être en mesure de faire disparaître le moyen de pression qui pèse sur soi.
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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyMer 18 Sep - 0:12


 
Jamie & Primrose

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Mes parents seraient sûrement ravis d’apprendre qu’ils ne sont pas les seuls à penser que Primrose rime très mal avec prostitué mais puisque cette constatation est faite sans aucune animosité et que j’ai de toute façon trop besoin de lui pour résoudre le problème épineux qui se présente à moi, je ne vois pas l’intérêt de me lancer dans un débat à ce sujet. C’est donc un sourire qui répond à ses propos alors que je me perds dans mes pensées, analysant Poppy puis Primrose en me demandant si de tels choix de prénoms ou de pseudos définissaient réellement celle que je suis devenue. A dire vrai, je n’en sais trop rien et je préfère inviter le jeune homme à prendre place en face de moi plutôt que de me perdre dans une microscopique introspection qui suffirait certainement à me faire comprendre que j’ai renié mes principes en me créant cette nouvelle identité. Il s’assoie, finalement et le soulagement que je ressens en voyant qu’il n’est pas venu pour me dire de ne plus jamais le recontacter et de le laisser tranquille est perceptible. Bien sûr, tout n’est pas encore gagné, je le sais, je ne lui ai même pas encore exposé mon problème mais je le remercie malgré tout parce qu’il s’est déplacé pour moi au lieu de m’ignorer alors qu’on ne se connait pas suffisamment pour qu’il puisse éprouver le moindre attachement envers moi. Une soirée. Voilà tout ce que nous avons partagé et pourtant, il n’a pas hésité à venir à ma rencontre pour répondre à cet appel au secours que je lui ai envoyé. « Généralement, entre les gens disent et ce qu’ils font, il y a une sacrée différence. » Mais ce n’est pas son cas, manifestement et il semble mettre un point d’honneur à respecter la parole qu’il m’a sûrement donnée dans un moment d’égarement parce qu’il ne ressemble en rien aux habitués du club dans lequel nous nous sommes rencontrés. Tant mieux, il est peut-être ma seule chance de trouver une solution qui ne soit pas de laisser les choses se faire et d’accepter que toute ma famille me renie suite aux images qu’elle s’apprête à voir. « Visiblement, tu n’es pas comme tous les autres. » Encore une fois, je mesure la chance que j’ai d’avoir fait sa rencontre et pas celle d’un des ivrognes habituels qui n’aurait jamais pu faire ce geste motivé par la seule gentillesse et l’envie d’aider son prochain. Enfin, je crois, il ne m’a pas encore dit ce qu’il attendait de moi en retour mais je crois déjà connaitre la réponse. Durant cette soirée, il n’était pas venu pour chercher la même chose que les autres et je ne pense pas qu’il le recherche davantage aujourd’hui. Il se rend aussi certainement compte que ma vie est loin d’être toute rose et qu’il n’y a pas grand-chose que je pourrais lui offrir, et pourtant il est assis sur cette chaise en face de moi et ne semble pas vouloir partir.

J’ai peur qu’il change d’avis, malgré tout, alors sans plus attendre, je me lance, je lui expose cette idée complètement débile que j’ai suivi parce que j’étais trop naïve pour me rendre comptes des problèmes que ça pouvait me causer, je l’écoute soupirer avec lassitude alors que je finis en lui disant que je dois de l’argent à ce maitre chanteur et j’attends l’avalanche de reproche qui ne devrait pas tarder à suivre. Pourtant, elle n’arrive pas, il prétend qu’il voit… Mais il voit quoi ? Que je ne suis qu’une petite idiote plongée dans un monde dont elle ne maitrise pas les codes et incapable de s’en sortir seule ? Que je me comporte comme une débutante après des années de métiers ? Que je n’ai pas été capable de réfléchir avant de me laisser tenter par l’idée qu’on me proposait ? Que je ne sais pas me servir correctement de ma tête ? Il aurait pu me dire tout un tas de choses que je n’aurais pas aimé entendre mais qui aurait été particulièrement justifié mais pourtant il n’en fait rien. Lorsqu’il reprend la parole alors que je reste muette et tétanisée sur ma chaise, c’est pour savoir ce que je dois réellement à cet homme. Je me recroqueville encore davantage sur ma chaise, peu désireuse de répondre à cette question qui va certainement le faire bondir tant la somme me parait colossale. Il me propose gentiment de me dépanner mais je crois qu’il ne se rend pas bien compte qu’un billet de vingt dollars ne suffira pas à acheter cette vidéo qui menace la sérénité familiale déjà bien amochée par mes agissements qui sont loin de plaire à tout le monde parmi les Anderson. « C’est très gentil mais tu ne peux pas faire ça… Il m’a demandé cinq-mille dollars. » Rien que ça. Pour moi, c’est une somme très importante mais je pense que c’est le cas pour n’importe qui et que c’est justement parce qu’il sait que je ne vais pas pouvoir la réunir qu’il me l’a demandée. Je n’ai aucune solution, piquer dans la caisse du patron, j’aurais pu le tenter mais pour une somme aussi importante, ça me parait impossible. Et si ce n’était que le début ? Comment pourrais-je agir lorsque je serais prise dans cet engrenage infernal dont je ne pourrais me défaire ? Jamie exprime tout haut mes craintes et je ne sais pas comment me justifier. Il a raison, il a parfaitement raison et c’est bien pour ça que je suis à ce point dans la merde. « S’il voit que ça marche, il continuera et il demandera encore plus. » J’admets, complètement désemparée par cette situation que je ne maitrise pas et qui semble encore plus m’échapper maintenant que je l’énonce à voix haute. « Mais si je n’accède pas à sa demande, il enverra la vidéo et ma vie sera fichue. » Je pourrais dire adieu à ma famille, à tous ces gens que j’aime et qui ont pourtant si peu d’estime pour moi maintenant qu’ils ont découvert une partie de mes activités nocturnes. Je ne peux pas leur infliger une déception supplémentaire, pas alors que j’essaie justement de me racheter auprès d’eux. Je ne sais absolument pas quoi faire et mon seul espoir est que Jamie détienne la solution miracle qui me sortira de tous ces problèmes. Il l’a forcément, je ne peux pas tout perdre.

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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyLun 18 Nov - 10:06

Une minute passant, rien ne semble plus à sa place que la précédente. Ni moi, ni Primrose, ni le café qui s'efface au profit d'une étrange pièce de théâtre. La boisson-prétexte est abandonnée sur la table entre nous deux. Le dialogue, décousu et maladroit, fait palper le malaise dans l'air de part et d'autre. Sûrement n'étions nous pas tant préparés à nous revoir, encore moins dans un contexte radicalement différent de celui de notre rencontre. Vaguement, des flashs font leur apparition, et l'accablement qui va de paire. À chaque souvenir, j'ai une pensée pour Joanne. Au final, rien n'est jamais derrière nous. « Généralement, entre ce que les gens disent et ce qu’ils font, il y a une sacrée différence. Visiblement, tu n’es pas comme tous les autres. » J'aimerais le croire, et c'est sans doute ce qui m'a amené ici, ce qui m'a poussé à laisser mes coordonnées à la jeune femme dès le départ. Mais il y a plus d'un fou dans le monde, dans cette seule ville, qui se soit reconnu quelque part dans le refrain de Roxanne, et en cela je ne suis finalement qu'un idéaliste de plus qui cherche trop fort sa demoiselle en détresse à sauver. “Je n’ai qu’une parole.” je lui assure avec un faible sourire. Une promesse, et la chaîne de mots me lie à ce moment pour toujours ; les exceptions sont rares, mais jamais sans conséquences. J'imagine que ce n'est pas pour rien qu'il existe une différence entre être un homme de parole et porter des problèmes qui ne sont pas les miens, mais cette volonté d'aider les plus fragiles brouille la frontière. C'est donc sans réfléchir, sans hésiter, que je me retrouve prêt à dégainer le chéquier pour Primrose, qu'importe la somme nécessaire pour acheter sa paix. Pour un chantage de tant de bassesse auprès d'une jeune femme n'ayant visiblement pas de moyens, le chiffre ne doit pas être bien impressionnant en comparaison à d'autres bouts de papier qu'il m'est arrivé de signer pour des caprices plus fugaces que le simple désir de jouer les chevaliers. « C’est très gentil mais tu ne peux pas faire ça… Il m’a demandé cinq-mille dollars. » Une montagne pour elle, une piqûre pour moi. Il ne me reste qu'à retrouver le stylo dans la poche de ma veste et le souci sera réglé. Mais le sera-t-il vraiment ? En un claquement de doigts, c'est Mina qui me revient à l'esprit, et l'une de mes rares promesses non tenues. Lors de notre dernière entrevue, les conditions de son silence avaient explosées. Y accéder auraient eu deux finalités : leur fin, ou la surenchère. Et je n'ai pu me résoudre à courber l'échine face à elle. « S’il voit que ça marche, il continuera et il demandera encore plus. » J'acquiesce, Primrose comprend ma réflexion. L'unique moyen de faire cesser le chantage est d'en faire disparaître l'objet, créer le contrepoids au levier contre soi, ou d'accepter les conséquences. Un cul-de-sac dans lequel la brune se retrouve cernée par des solutions qui n'en sont finalement pas vraiment. « Mais si je n’accède pas à sa demande, il enverra la vidéo et ma vie sera fichue. » Sa vie ? Elle pourra toujours oublier ce faux pas, l'enterrer au passé et aller de l'avant avec ceux qui auront assez de tolérance pour comprendre que nous faisons tous des erreurs. Sa vie, elle la reconstruira, en mieux. Mais comment le comprendre à son jeune âge ? Face à son dramatisme, je temporise. Ma main rejoint mon thé et le porte à mes lèvres. Un moment de réflexion s'impose enfin, après bien des choix spontanés de ma part, sans recul ni remise en question alors que j'aurais dû m'interroger bien avant de partir de chez moi. “Pourquoi faire appel à moi en particulier pour t’aider avec ce problème ?” je demande finalement. Elle a forcément des amis, des proches vers qui se tourner, et je ne suis sûrement pas le seul client à lui avoir donné son numéro sur un coup de tête. Alors pourquoi moi ? Parce que j'ai l'air plus fortuné, plus naïf ? “Je déteste mettre ta parole en doute, Prim, mais tu dois admettre que c’est une sacré coïncidence que tu m’appelles moi pour une histoire d’argent.” Des chaussures à la montre, il serait mentir de prétendre que je ne transpire pas une certaine aisance. Et la faiblesse d'un soir pouvant s'extrapoler au jour le jour, je deviens par conséquent la cible idéale d'un mensonge d'un ficelé. “Peut-être que tu as flairé le gros portefeuille avec de la sympathie pour toi et que tu t’es dit qu’avec une bonne histoire tu pourrais en tirer avantage ?”
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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyMer 27 Nov - 21:51


 
Jamie & Primrose

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Je dois reconnaitre que j’ai de la chance cette fois-ci, peu d’hommes auraient honoré le rendez-vous que j’ai fixé sans en préciser la nature à quelqu’un qui ne me connaissait même pas par mon prénom. Pourtant il est là, devant moi, à m’écouter très sérieusement sans se moquer de moi ou sans avoir l’air d’être prêt à partir en me plantant là avec des problèmes qui ne le regardent pas. Je n’ai pas pour habitude d’éprouver une quelconque reconnaissance envers qui que ce soit, je préfère me sortir seule de mes soucis plutôt que d’avoir à dire merci à qui que ce soit. Cette fois, malheureusement, je ne peux agir de la sorte, parce que je ne trouve pas d’issue valable et que mon avenir semble trop compromis pour que je me contente d’adopter cette politique de l’autruche ô combien efficace sur le moment mais certainement pas sur le long terme. Je ressens donc à cet instant précis énormément de gratitude pour celui que je considère un peu comme mon sauveur même s’il n’a pour l’instant pas trouvé la solution à mon problème, si toutefois il en existe une, d’ailleurs. Forcément, je ne peux que le croire lorsqu’il m’informe qu’il n’a qu’une parole, j’imagine que sans cela, il n’aurait pas fait l’effort de se déplacer aujourd’hui. Malgré tout, je vais de surprise en surprise lorsqu’il me propose tout naturellement de me donner un chèque pour financer le chantage dont je suis victime. J’ouvre des yeux ronds comme des soucoupes, loin d’imaginer qu’il puisse vouloir faire une telle chose. En temps normal, je me serais certainement réjouie d’empocher si facilement une telle somme et je n’aurais pas cherché à discuter, profitant sans me poser de questions de la gentillesse que je pourrais détourner en ma faveur. Cette fois, en revanche, parce que je me trouve dans une position trop délicate pour qu’elle soit prise à la légère, je me pose davantage de questions. Si je donne cet argent, je risque simplement de m’exposer à des demandes supplémentaires car je prouverais que je suis capable de me débrouiller pour répondre favorablement à leur demande. En revanche, si je ne le fais pas, je ne sais pas si les menaces que j’ai reçues vont être mises à exécution, ou non, et je n’ai pas envie de prendre le risque pour pouvoir le découvrir. Je ne peux donc pas accepter cet argent et repartir le cœur léger, c’est impossible, mon problème est bien plus important que ceux que j’ai pu avoir auparavant et certainement pas solvable avec un simple chèque et c’est ce que je tente de lui expliquer tant bien que mal. Mon argumentaire doit toutefois cesser lorsqu’il remet en cause ma bonne foi ce que je ne peux pas vraiment lui reprocher. J’esquisse un sourire lorsqu’il suppose que j’ai flairé son important portefeuille et que c’est certainement la raison pour laquelle je l’ai choisi, lui, parmi tous les autres. « J’aurais pu, c’est vrai. » J’admets, parce que c’est la vérité, profiter des autres ne m’a jamais dérangé tant que je n’éprouvais pas un attachement particulier envers eux – et encore, parfois, même ça ne m’arrête pas réellement – et ça ne sert à rien de le nier. Malgré tout, dans le cas présent, c’est loin d’être le cas, je suis simplement dans la merde et il est la seule personne que j’ai pu contacter. « Ce n’est pas une histoire d’argent, pour moi, c’est bien plus que ça, sinon j’aurais sûrement trouvé un moyen de réunir cet argent ou alors je t’aurais dit directement que c’était un chèque que j’attendais de toi, ça nous aurait évité de perdre du temps. » Je lui ai raconté le problème que je rencontrais, je lui ai expliqué que je ne trouvais pas de solution et je lui ai exprimé mes doutes quant à l’efficacité du chèque qu’il proposait de remplir, je ne vois pas ce qu’il veut de plus pour prouver que je n’ai pas de mauvaises intentions. « En plus, je ne t’ai pas demandé de m’aider financièrement, c’est toi qui as proposé de le faire. » Avant de se rétracter en se rendant compte qu’il allait peut-être devenir la dinde de l’histoire, ce qui, j’en conviens aurait pu totalement être le cas. « Si tu veux vraiment le savoir, j’ai fait appel à toi parce que je me doutais que tu étais un peu moins stupide que la moyenne et que je me fichais complètement de ton jugement vis-à-vis de la manière dont je mène mon existence. » Ce qui n’est pas le cas pour ma famille avec laquelle je suis déjà à moitié en froid ou le peu de proches que je n’ai pas encore blessé en adoptant un comportement déplacé. J’ai l’habitude d’être la connasse, celle qui plante des couteaux dans le dos sans scrupules, celle qui ne s’excuse pas lorsqu’elle commet une erreur et celle qui privilégie son bien-être au détriment de celui de ses proches. Aujourd’hui, malgré tout, j’essaie de les épargner en leur cachant cette vérité, en même temps que j’essaie de m’épargner moi-même en empêchant que mon secret éclate de la pire manière possible. « Alors, tu vas m’aider oui ou non ? » Pitié, dis oui. Je ne sais pas ce que je ferais s’il décidait de se lever et de partir maintenant, parce que je n’ai pas prévu de plan de secours, c’est lui mon plan de secours et il n’a pas le droit de me laisser tomber.

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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyMar 17 Déc - 23:41

Jamais n’aurais-je songé me retrouver dans une situation de ce genre, et pourtant, cela n’a rien d’une surprise. C’est l’une de mes faiblesses, l’incapacité à résister à une paire d’yeux brillants qui appellent à l’aide. Il s’agit peut-être bien d’altruisme, ou du moyen le plus gratifiant de garnir mon égo tout en faisant une vraie bonne action. Ces derniers temps il m’est difficile de savoir où se trouve la frontière entre sincérité et faux semblants. Mon face à face avec Mina a fait surgir à la surface un comportement inattendu, cette version corrompue de mes principes et hérité du sang Keynes qui n’attendait rien d’autre que son heure pour prouver l’adage ; les chiens ne font pas des chats. Primrose est une occasion de me racheter une conscience, un espoir que lui tendre la main pèse dans la balance du karma. Une promesse tenue pour une brisée, une femme soutenue pour une femme bafouée. Pourtant les choses ne fonctionnent pas de cette manière, et au fond, je le sais, je persiste à aller d’erreur en erreur. En creusant les motivations de la jeune femme, je ne cherche pas à me soustraire à la parole que je lui avais donnée. Aveuglé par mon envie d’aider et mon besoin de me rattraper, je m’assure surtout de ne pas me mettre à dos un second maître chanteur que je ne saurais pas mieux gérer que le premier, même si Primrose n’a rien d’aussi menaçant que la Farrell. « J’aurais pu, c’est vrai. » me répond la demoiselle avec une frappante honnêteté. Je ne sais pas si le fait qu’elle l’admette me réconforte ou pas. Au moins, elle n’essaye pas de me prendre pour un idiot en feignant la parfaite innocence. Il n’y a pas plus hypocrite qu’une personne prétendant être incapable d’être égoïste, de mentir, de tromper. Une personne comme celle que je m’étais convaincu d’être ? « Ce n’est pas une histoire d’argent, pour moi, c’est bien plus que ça, sinon j’aurais sûrement trouvé un moyen de réunir cet argent ou alors je t’aurais dit directement que c’était un chèque que j’attendais de toi, ça nous aurait évité de perdre du temps. » Plongé dans le mutisme tandis qu’elle s’explique, je scrute son visage, ses mains, tous les signes qui démontreraient de la nervosité ou, à l’inverse, trop d’aisance, et donc la possibilité qu’elle soit en train de me mentir et se jouer de moi. Néanmoins, un je-ne-sais-quoi m’inspire confiance en elle, ce soir comme la première fois. Une sensation de proximité, de transparence, une entente simple et vraie qui s’affranchit de convenances et du superficiel. Elle sait ce qu’elle veut, ce qu’elle attend. J’ai toujours admiré cela chez une femme, même lorsque ces qualités en font des monstres de la pire espèce. « En plus, je ne t’ai pas demandé de m’aider financièrement, c’est toi qui as proposé de le faire. » Elle marque un point. Je souris intérieurement face à la répartie de Prim. Elle est loin d’être sotte et le prouve encore. C’est à continuellement se demander ce qu’elle fait dans ce club où je l’ai croisée la première fois. Elle pourrait faire tellement mieux, si elle s’en donnait la peine. Mais peut-être est-ce justement dans la facilité de ce job que se trouve tout le génie de celle-ci. « Si tu veux vraiment le savoir, j’ai fait appel à toi parce que je me doutais que tu étais un peu moins stupide que la moyenne et que je me fichais complètement de ton jugement vis-à-vis de la manière dont je mène mon existence. » Un jugement qui n’est pas, que je ne me permets pas. Je ne définis pas la jeune femme par le travail qu’elle choisit d’exercer et je ne labellise pas sa capacité à accepter de tourner une sextape pour de l’argent. Dans les hautes sphères, un coup d’oeil suffit pour être témoin de manières au moins aussi peu reluisantes pour acquérir plus de richesses. Et parfois, les manipulations entre faux amis, les actes travestis, les contrats signés au détriment des dommages collatéraux laissés pour compte ne valent pas mieux qu’une partie de jambes en l’air sur clé USB. « Alors, tu vas m’aider oui ou non ? » lance Primrose. Nul besoin d’y réfléchir plus longtemps, la brune a fait ses preuves en faisant preuve d’honnêteté et gagné ainsi assez de ma confiance pour que je veuille tenir parole et lui venir en secours. La moindre fausseté, le moindre doute dans son discours aurait pu me pousser à être raisonnable et tourner les talons. Mais comment dire non à cette moue désespérée ? “Je vais t’aider.” dis-je, scellant en quatre mots un engagement inviolable. Je ne sais pas encore comment, à dire vrai. Je trouverais bien. Mettre la main sur l’homme qui cherche d'extorquer ne doit pas être bien difficile, le tout étant de se montrer assez persuasif afin que le chantage cesse. Toute personne a son prix, là n’est pas le problème. Le véritable challenge sera de faire disparaître toute copie de la vidéo en question afin d’éradiquer toute menace à l’avenir. “Dis moi tout ce que tu sais sur le type en question. Son nom, s’il tu l’as, à quoi il ressemble, où vous vous êtes rencontrés… Et ses coordonnées.” Toute information, toute indiscrétion, même, est bonne à prendre afin d’être préparé au mieux et élaborer le plan d’action. Le tout étant de déterminer si j’aurais à me salir les mains moi-même, ou si un intermédiaire fera l’affaire pour régler le problème. Vite fait, bien fait, tel est le but. “Il t’as donné une date butoir à laquelle tu dois lui donner les cinq mille dollars ?” J’imagine un délai parfaitement irraisonnable pour Primrose, voire une échéance se comptant en heures, d’où la nécessité de se tourner vers moi. Cependant, avec un peu de chances, le temps imparti sera bien assez pour que ce soit moi qui m’occupe du problème, et non plus elle.
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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyVen 27 Déc - 14:29


 
Jamie & Primrose

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Je veux qu’il m’aide, je suis prête à tout pour le convaincre de me tendre la main, mais parce que je ne peux pas avoir l’air de cette fille désespérée qui se traine par terre en suppliant, je me montre assurée, j’essaie de montrer une désinvolture que je suis loin de ressentir et je mise sur des propos honnêtes sans trop en faire pour me justifier. Bien sûr que je veux son argent s’il propose de me le donner, évidemment que ça me ferait plaisir d’être entretenue par cet homme qui laisse sous-entendre qu’il a largement les moyens de s’occuper de moi pour que je ne sois plus jamais dans la merde, mais aujourd’hui, ma priorité, c’est cette vidéo qui menace de détruire ma famille et pas tout le pognon que je pourrais me faire en battant trois fois des cils et en laissant couler une larme. Heureusement, Jamie a l’air réceptif à mon discours et il capitule en un rien de temps, formulant une promesse qui n’en est pas vraiment une mais que je prends comme telle malgré tout. Il est là, aujourd’hui, après m’avoir dit que je pouvais l’appeler si j’en éprouvais le besoin et ça aurait tout à fait pu être de belles paroles en l’air, mais il est venu et quelque chose me dit que les mots qu’il prononce ne sont jamais choisis à la légère. Je veux croire que je peux lui faire confiance et qu’il m’a accordé sa loyauté, j’ai besoin de me dire que je vais pouvoir compter sur quelqu’un pour me sortir de ce pétrin et que je ne suis plus aussi seule que d’habitude. Sa seule présence me rassure parce que j’entrevois grâce à lui une lumière au bout du tunnel et la possibilité que quelqu’un me fournisse une réponse que je n’ai pas obtenue par moi-même. Docile et conciliante, je m’apprête donc à répondre à toutes les questions qu’il pourrait me poser en étant la plus honnête possible. S’il a besoin de savoir tout ce que je sais avant de m’apporter véritablement son aide, je suis prête à lui faire voir la totalité de ce qui se trouve dans ma tête, sans barrière ni tabou. « Je ne connais pas son nom, je crois qu’il se fait appeler Jo, mais ça peut être tellement de prénoms et sans son nom de famille, difficile de l’identifier. » Je commence, essayant de retourner en arrière pour me souvenir de n’importe quel détail qui pourrait me servir pour identifier cet homme ou en tout cas le décrire assez précisément pour que quelqu’un qui ne l’aurait jamais vu puisse l’identifier. « Il est de taille moyenne, entre un mètre soixante-quinze et un mètre quatre-vingt, je dirais, plutôt maigrichon, pas vraiment musclé et pas très impressionnant non plus. » Je commence, fronçant les sourcils en me concentrant sur l’image de cet homme qui me revient en mémoire. « Il a les cheveux courts et blonds mais je pense que ce n’est pas sa couleur naturelle, ça faisait un peu artificiel, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire… » J’ai du mal à le décrire aussi précisément que je le voudrais, mais je fais de mon mieux, vraiment et j’espère que ça suffira. « Il portait des vêtements classiques, jean, baskets, T-shirt, c’était passe-partout, il avait l’air de monsieur tout-le-monde. » C’est bien ça le problème, il n’était pas inquiétant ni effrayant, c’est quelqu’un que j’aurais pu croiser dans n’importe quel couloir d’un centre commercial, quelqu’un à qui on sourit si on croise son regard mais dont on ne se souvient pas dix minutes plus tard. « Je crois qu’il portait une chevalière aussi, avec des initiales… JM ou JN, peut-être JW, je ne me souviens pas exactement. » Je suis déçue de moi, déçue du peu d’information que je peux apporter parce que j’ai juste fait mon travail et que je ne me suis pas intéressée à lui autant que je l’aurais dû. Pour moi, il était un client sans importance, un mec de passage qui ne se retrouverait plus jamais dans ma vie après ce petit moment partagé à deux. « Et il avait un tatouage sur le poignet, une date et un prénom, je ne me souviens plus de la date, mais le prénom c’était Maddy. » Ou peut-être était-ce un diminutif, je me souviens lui avoir dit que je le trouvais ça joli mais il ne m’a pas répondu et je n’ai pas cherché à creuser. Ce n’était pas mon rôle, je n’étais pas là pour ça. Était-ce sa fille ? Sa sœur ? Sa mère ? Sa fiancée ? Sa femme ? Et la date ? Une date de décès ? Une date de mariage ? Et quelle était cette date en plus ? Je ferme les yeux et prends ma tête entre mes mains comme si ce geste pouvait m’apporter la concentration nécessaire pour trouver la réponse que je n’ai pas. Je visualise parfaitement le tatouage, mais la date est floue et illisible et je regrette tellement de ne pas avoir fait l’effort de m’intéresser davantage à lui. « Je crois que c’était quelque chose en fin septembre deux-mille-seize. » Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, donc, mais je fais vraiment du mieux que je peux pour retrouver les détails enfouis profondément dans une mémoire qui ne se montre pas très coopérative. « On s’est vu au Breeze Lodge, tu connais ? C’est un hôtel-dortoir, normalement mais il s’était arrangé, je crois. C’est lui qui a choisi le lieu et qui a réservé et payé la chambre, je ne sais pas à quel nom, il ne l’a jamais prononcé devant moi. » Et peut-être que ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille qu’il se soit organisé de cette manière, mais non, je me suis juste dit qu’il était un habitué, jamais avec la même fille, toujours au même endroit, ou quelque chose dans ce goût-là. « Et je n’ai aucune coordonnée, le numéro que j’avais initialement n’est plus attribué, il ne m’a appelé qu’en numéro masqué ces derniers jours et il m’a donné l’adresse d’un bar pour qu’on se retrouve pour l’argent, je ne sais rien de plus sur lui. » Il est organisé pour un garçon maigrelet et solitaire qui n’a pas l’air capable de faire de mal à une mouche, mais peut-être que ce n’est pas lui qui tire les ficelles au fond mais quelqu’un qui a bien plus de poids et qui sait où trouver son intérêt. « Demain soir, j’ai jusqu’à demain soir. » Autant dire qu’il me parait impossible d’être capable de réunir une telle somme en un si court laps de temps. « Je me suis dit que s’il envoie la vidéo, je pourrais essayer de l’intercepter, mais j’ai peur qu’il ait fait plein de copies et qu’il ne s’arrête jamais, je ne vois pas comment je pourrais être sûre de retrouver l’originale. » Je m’arrête, consciente du désespoir qui se fait parfaitement entendre dans ma voix. Je suis désespérée, c’est un fait, mais je ne peux pas me laisser abattre maintenant, pas alors que mon peut-être sauveur est en train d’entretenir le seul minuscule espoir qu’il me reste.

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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyJeu 9 Jan - 21:34

Je devais prendre des notes. Une serviette en papier sur le coin de la table ne ferait pas l’affaire ; je sors alors mon téléphone de la poche intérieure de ma veste. Pas plus à l’aise que ça avec la technologie, je sais d’avance que je ne saurais pas avoir la vitesse de tape nécessaire pour suivre la description de Primrose tout en prenant des notes. Il faudra donc faire concis et efficace. « Je ne connais pas son nom, commence la jeune femme, et j’ai déjà envie de me prendre la tête dans les mains. Accepter de tourner une sextape sans prendre un nom complet ? Pas la décision la plus maline qu’elle ait jamais prise. Je crois qu’il se fait appeler Jo, mais ça peut être tellement de prénoms et sans son nom de famille, difficile de l’identifier. » Jo. Ça sonne comme le nom du type louche dans une série Netflix bidon. Cela peut être le diminutif de tout et n'importe quoi. John, Jonathan, Joseph, Jordan, Jack. Je ne suis pas avancé sans nom de famille. Je note “Jo”. Nous verrons plus tard. « Il est de taille moyenne, entre un mètre soixante-quinze et un mètre quatre-vingt, je dirais, plutôt maigrichon, pas vraiment musclé et pas très impressionnant non plus. » Donc sur l'échelle de Dwayne Johnson, nous sommes vers Michael Cera. « Il a les cheveux courts et blonds mais je pense que ce n’est pas sa couleur naturelle, ça faisait un peu artificiel, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire… » J'acquiesce. Comme si le type avait rempli un lavabo d'eau oxygénée et avait plongé sa tête dedans quatre heures en espérant que ça fasse le job. C’est malheureusement la tendance qui se dessine en ce moment, merci Zayn Malik et Justin Bieber. Certes, j’ai moi-même succombé à la tignasse décolorée une fois. La prochaine n’est pas prête d’avoir lieu. « Il portait des vêtements classiques, jean, baskets, T-shirt, c’était passe-partout, il avait l’air de monsieur tout-le-monde. » Là encore, l'information ne réduit définitivement pas le champ de recherche. Je ne note rien à ce sujet, il n’y a rien à dire sur un jean-basket. « Je crois qu’il portait une chevalière aussi, avec des initiales… JM ou JN, peut-être JW, je ne me souviens pas exactement. » Une chevalière personnalisée, ce n’est pas le truc de tout le monde, et selon la marque de cette dernière, ce n’est pas non plus à portée de toutes les bourses -quant aux moins chères, elles ne sont que le symbole d’un genre que la personne qui la porte veut se donner. Deux options. L'une, le type ne se prend pas pour n'importe qui. L'autre, ce n'est concrètement pas n'importe qui et la situation se complique. « Et il avait un tatouage sur le poignet, une date et un prénom, je ne me souviens plus de la date, mais le prénom c’était Maddy. Je crois que c’était quelque chose en fin septembre deux-mille-seize. » Une date récente sur un type pas bien vieux. On se tatoue rarement la date de décès de sa mère. Il s'agit sûrement d'un jeune homme fraîchement marié ou nouveau papa qui ne se plaît pas tant que ça dans sa vie bien rangée. Je suis sûre que c'est sa compagne qui serait ravie de l'apprendre. « On s’est vu au Breeze Lodge, tu connais ? » Mes doigts peinent à terminer de taper mes premières hypothèses sur l’écran tactile tandis que je secoue négativement la tête ; “Je ne peux pas dire que j'ai ce plaisir.” Pourrais-je prendre une gorgée de thé entre deux notes avant qu’il ne soit complètement froid ? « C’est un hôtel-dortoir normalement, reprend Prim, mais il s’était arrangé, je crois. » Charmant. « C’est lui qui a choisi le lieu et qui a réservé et payé la chambre, je ne sais pas à quel nom, il ne l’a jamais prononcé devant moi. » Méticuleux. Cela ne sonne pas comme un coup d’essai. Je serais curieux de savoir à combien d’autres jeunes femmes ce pervers a fait le même numéro d'extorsion. Et combien ont vu leur vidéo diffusée. « Et je n’ai aucune coordonnée, le numéro que j’avais initialement n’est plus attribué, il ne m’a appelé qu’en numéro masqué ces derniers jours et il m’a donné l’adresse d’un bar pour qu’on se retrouve pour l’argent, je ne sais rien de plus sur lui. » Je soupire. Peu d’informations, beaucoup d’allégations ; je me croirais presque de retour à mes années BBC Radio, les jours où un papier ne partait de rien. "Le champ de recherche est donc réduit à quelques milliers de personnes, rien d'insurmontable." dis-je non sans une bonne dose d’ironie, et un sourire aussi amusé que atterré par l’ampleur du challenge. La question étant de savoir combien de temps il me reste pour démêler tout ceci. « Demain soir, j’ai jusqu’à demain soir. » Cela n’est pas vraiment ce que j’avais prévu d’entendre. Encore une semaine, voire un mois dans le scénario le plus optimiste. Mais vingt-quatre heures ? Pourquoi diable faire appel à mon aide aussi tard ? « Je me suis dit que s’il envoie la vidéo, je pourrais essayer de l’intercepter, mais j’ai peur qu’il ait fait plein de copies et qu’il ne s’arrête jamais, je ne vois pas comment je pourrais être sûre de retrouver l’originale. » J’enregistre mes notes dans mon téléphone et garde dans un coin de ma tête que l’aide d’un détective privé me sera sûrement nécessaire. Je n’ai pas le temps de trouver cette personne moi-même, dénicher un levier contre lui, et le persuader de laisser Prim tranquille en détruisant la vidéo. A dire vrai, je ne suis même pas certain que le délai soit suffisant pour un professionnel non plus. Je soupire, ne voyant qu’une solution ; celle qui avait été ma première option dès le départ. “Tiens, dis-je en lui signant un chèque de cinq mille dollars australiens que je lui tends mollement, donne lui ça demain. Avec de la chance, il sera satisfait et te laissera tranquille. Dans le pire des cas, il voudra plus et te redonnera un délai, ce qui me donnera plus de temps de mon côté, et tu en profiteras pour gratter plus d’infos sur lui.” Heureusement pour moi, Joanne ne peut pas jeter un coup d’oeil à mes dépenses. Enfin, je prends une gorgée de mon thé. Mon cerveau tourne à plein régime. Dans quelle histoire je me suis fourré ? “De mon côté, je ferais de mon mieux.” Ma parole est donnée, et il serait désormais difficile de faire marche arrière. Je ne dois rien à Primrose, et je n’ai aucune obligation ; mais je n’ai qu’une parole, et c’est autant une qualité qu’un parfait moyen de s’attirer des ennuis. En rangeant mon téléphone, je jette un oeil à l’heure ; je suis parti de chez moi depuis une heure sous un faux prétexte. “Je ne peux pas m’attarder plus longtemps, je déclare en me levant. Je te tiens au courant. En attendant… prend soin de toi, d’accord ?”  
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Message(#)Please save me ஐ Jamie EmptyLun 13 Jan - 23:02


 
Jamie & Primrose

Please save me
Devant Jamie qui note scrupuleusement tout ce que je lui dis comme s’il était un inspecteur de police en train de recueillir le témoignage d’une personne ayant assistée à un meurtre, je me sens sacrément intimidée mais parce qu’il n’est là que pour m’aider et m’apporter le plus d’aide possible, je me prête à l’exercice du mieux que je peux. Creuser dans ma mémoire n’est pas évident, pour moi cette vidéo était tournée dans le cadre de quelque chose d’anodin vue mon activité professionnelle et ce n’est pas comme si j’avais pour habitude de garder des souvenirs impérissables de chacun de mes clients, je n’aurais plus de place dans ma tête pour stocker beaucoup d’autres souvenirs. Malgré tout, à force de réfléchir et de parler quelques petits détails me reviennent et j’en fais part à mon sauveteur du jour, espérant qu’il trouve son bonheur dans le peu d’informations que j’ai pu retrouver. Je suis fière de moi mais la tête de Jamie en dit long sur ce qu’il en pense, et au fur et à mesure qu’il prend des notes, je le vois de plus en plus sceptique. J’essaie de me dire que c’est une fausse impression de ma part et qu’il est évident qu’il va savoir comment m’aider et je continue cette explication, sans relever l’ironie avec laquelle il me fait part de sa presque-déception à l’idée de ne pas avoir côtoyé l’hôtel-dortoir où j’ai eu le plaisir de tourner ce merveilleux film amateur qui aurait sûrement mérité un prix. Il soupire alors que j’achève ma tirade en insistant une fois de plus sur le fait que je ne suis pas vraiment sûre de moi et des informations que j’ai retenues. Désolée, je crains, je sais, mais je fais de mon mieux.

Je m’attends à ce qu’il me dise que ma situation est beaucoup trop compliquée et qu’il ne peut rien faire pour moi, mais non, contre toute attente, il montre une fois de plus qu’il est capable de respecter son engagement initial puisqu’il sort son chéquier et remplit minutieusement le montant que je lui ai indiqué. J’ignore si ça va suffire à faire taire ce crétin de maitre chanteur, mais je ne peux pas refuser une pareille offre alors que le temps presse et que je n’ai absolument aucune idée de la manière dont je vais pouvoir m’en sortir. Je n’ai aucune idée de la manière dont je vais pouvoir rembourser une telle somme, ni s’il va me demander de lui rembourser cette somme. J’espère que non, mais je ne suis pas à l’abri de m’endetter de nouveau auprès d’une nouvelle personne. C’est ce que j’ai fait ces six dernières années et c’est pour ça que je me retrouve dans cette situation aujourd’hui, à courir après les centimes, à réclamer des délais toujours plus longs, à accepter des intérêts colossaux faute de pouvoir honorer mes engagements. Un de plus ne ferait que rallonger la longue liste des personnes à qui je dois quelque chose mais ce serait un vrai problème parce que ça signifierait remplacer un souci par un autre pour dissimuler encore un peu plus celle que je suis devenue et que je n’assume pas du tout, finalement. Il me tend le chèque comme s’il s’agissait d’une simple serviette en papier et je le tiens dans ma main sans réussir à croire que ce soit un vrai. Qu’est-ce que je dois faire avec maintenant ? Le donner à la banque ? Le donner directement à mon maitre chanteur ? Le regarder pendant les quatre prochaines heures pour réaliser qu’il est réel ? Je ne sais même pas quoi dire à Jamie, je crois que je ne réalise pas vraiment ce qu’il se passe. « Merci. » C’est tout ce que je peux prononcer pour le moment, il faudra qu’il s’en contente.

Evidemment, mon rôle dans cette histoire ne s’arrête pas là et si l’idée de me reposer sur lui maintenant qu’il a décidé de m’aider est particulièrement tentante, j’ai conscience que le peu d’informations que j’ai réussi à grapiller et à lui transmettre ne suffit pas pour le neutraliser. Je vais donc devoir faire de mon mieux pour que la rencontre de demain soir donne quelque chose de plus qu’une simple remise de chèque, un sourire et des adieux. Bien sûr, il est tout à fait possible qu’il se contente de l’argent et décide de laisser tomber, mais je sais qu’il y a peu de chances que ça arrive alors il faut que j’arrête d’adopter la politique de l’autruche et que je prenne ma vie en main. Je crois que j’ai un peu trop l’habitude d’aller pleurnicher à droite et à gauche lorsque je ne suis pas capable de résoudre mes propres problèmes et pour le moment, ça marche plutôt bien alors je ne me fais pas violence pour faire les choses autrement. « Je ferais de mon mieux. » Je reste succincte, j’ai encore du mal à réaliser ce qui est en train de m’arriver et j’éprouve donc beaucoup de difficultés à faire fonctionner mon cerveau correctement. « Merci. » Je répète une fois de plus alors qu’il me prouve encore qu’il va tenir sa promesse et être là pour moi alors qu’il ne me doit absolument rien. Il prend congé et je reste assise, incapable de bouger de la table, esquissant un simple geste de la main dans sa direction alors qu’il prend la direction de la sortie. Je ne sais pas comment il est possible que j’ai la chance de tomber sur un homme qui décide d’être là pour moi alors que je ne le mérite pas mais c’est le cas et je vais devoir faire très attention à ne pas tout gâcher comme j’en ai l’habitude.

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