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 Is this an over-reaching arm or is this compassion? || Andreï

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Message(#)Is this an over-reaching arm or is this compassion?  || Andreï EmptyLun 14 Jan 2019 - 14:02

Deux jours soit exactement 47h et 37 minutes que Clément s'est réveillé dans cette chambre d'hôpital. 2 857 minutes qu'il n'est plus capable de faire quelques mouvements que ce soit, que la dépression qu'il pensait avoir terrassée est revenue plus forte que jamais et que la panique a été étouffée sous de nombreuses larmes. Deux milles huit cent cinquante sept minutes qu'il est dépendant de tout le monde pour tout et n'importe quoi, que sa fierté a été brisée. Passif, il se laisse faire, feignant la docilité alors qu'il n'a jamais supporté que des inconnus le touche de cette manière. Il a l'impression d'être un objet sans états d'âme qu'on déplace d'une pièce à l'autre, qu'on laisse dans le couloir, à la vue de tout le monde, comme une pièce de musée trop vieille pour être exposée et qu'on laisse examiné une dernière fois avant de prendre la décision si oui ou non on la jette. Les nombreux déplacements, les examens, les prises de sang, les scanner, les IRM, n'ont rien donné. Tous les examens sont négatifs et d'après eux il devrait être en pleine forme. Mais alors d'où expliquent-t-ils la paralysie qui l'empêche de bouger ne serait-ce qu'un seul muscle ?

L'explication est tombée il y a à peine une heure, 20h après une discussion poussée avec le psychiatre de la clinique : burn out. Le genre de chose qui arrive lorsque le corps est soumis à un stress et une pression trop énorme pendant trop de temps. Ça commence par des pertes de mémoires (il se rappelle avoir du mal à retenir ses textes), des envies de ne rien faire (combien de fois n'a-t-il pas passé les week-end dans sa chambre, couché dans son lit ? Et même pendant la semaine, lorsque son réveil sonnait, combien de fois n'a-t-il pas pensé au fait de simplement rester sous ses couvertures en se disant que de toute façon les études ne servaient à rien?), des pertes d’appétit (une perte de presque 10 kg en 3 mois n'aurait-elle pas été alarmante dès le début?), des sautes d'humeur (combien de fois l'impulsivité légendaire de Clément n'a-t-elle pas suivi des éclats de rires pour se finir en pleur?), des idées négatives et noire qui rongent de l'intérieur (le nombre de fois où il s'est dit qu'il n'était qu'un bon à rien et que de toute façon il n'arrivera à rien, ne peut pas se compter sur dix doigts). D'après le psychiatre, le corps de Clément a juste besoin de repos. Il a fait la comparaison à un ordinateur qui s'éteint après avoir surchauffer et qui a besoin de refroidir avant de pouvoir redémarrer lentement. C'est exactement le même principe chez lui : il a poussé son corps jusqu'à la fatigue extrême et que celui-ci décide que s'en est trop. En se mettant ainsi en veille, il oblige son propriétaire à un repos forcé, qu'il le veuille ou non.

Bien que ce soit un système de sécurité et que c'est tout à fait logique quand on y réfléchit bien, Clément n'est pas d'accord avec tout ça. Se savoir aussi vulnérable, alors qu'il a toujours été une force de la nature, qu'il a toujours eu une santé parfaite, très indépendant très tôt, qu'il a apprit à ne compter que sur lui-même, le met dans un état second. Peut-être est-ce aussi les médicaments qu'on l'oblige à prendre ? Dans tous les cas, lorsque le psychiatre le laisse seul avec cette annonce, Clément se sent encore plus vide qu'avant. Plus aucune énergie, plus aucune force, rien du tout. Peut-être avait-il, malgré tout, un petit espoir que ce soit une quelconque maladie qui le mette dans cet état ? Au moins les explications aurait été logique et il aurait pu s'en prendre au monde ou au destin. Là, il ne peut clairement que s'en prendre à lui-même et ça le fou en rage.

Toutefois, ayant apprit en 48h à intériorisé, il décide d'imploser et se laisse faire de manière totalement passive lorsque l'infirmière arrive pour le mettre assis au fauteuil. Ordre du médecin, afin qu'il quitte son lit et la position allongé. Gardant les yeux fermés pendant toute la manœuvre, retenant comme il peut ses larmes, il ne les ouvre que lorsqu'il sent le dossier du fauteuil dans son dos et hoche simplement la tête aux différentes questions de la jeune femme lorsqu'elle souhaite savoir s'il est bien installé. Avant de quitter la pièce elle allume encore la télé et Clément est un instant tenté de lui dire d'éteindre ça, qu'il ne veut pas regarder cette merde, mais que peut-il bien faire d'autre ? Il ne peut pas lire et ne peut pas utiliser son portable ou son ordi que sa mère lui a ramené. Ainsi donc, il décide de se plonger dans l'émission qui parle du danger des araignées australienne.
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Message(#)Is this an over-reaching arm or is this compassion?  || Andreï EmptyMer 23 Jan 2019 - 22:55


Depuis quelques temps, rares sont les fois où Charles me demande de l'assister aux répétitions. Il faut dire que la pièce est déjà bien avancée et que mon aide n'est plus requise pour informer les comédiens des particularités du décor ou des fragilités de celui-ci. Bien conscients que si le terre-plein central a été conçu pour résister à 3-4 personnes et qu'il serait imprudent de s'y aventurer avec l'ensemble de la troupe, ma présence ne serait à présent plus qu'une gêne au travail de notre metteur en scène. Profitant de ces rares trous dans mon emploi du temps pour m'adonner avec bien plus de plaisir aux activités imposées par la liste de défi de mon frère, me surprenant même à avoir inclu dans mon planning la réalisation d'une fiche de lecture hebdomadaire. Un rythme bien nouveau pour moi qui parvient à s'instaurer alors que mon travail s'amenuise peu à peu durant cette courte période de trêve. Là où il m'a même été permis d'accepter la reprise d'un contrat sur un festival tant mes tâches à la Northlight Company n'étaient que secondaires. C'est pourquoi j'ai été d'autant plus surpris en recevant d'urgence un appel de Charles pour une réunion aussi inattendue que subite. La lumière sur la raison de cette entrevue se faisant bien vite à mon arrivée au théâtre : Clément est en hospitalisation suite à un malaise sur scène.

Déjà un certains temps que tous avaient remarqués l'état de détérioration du moral de Clément, je n'ai pas fait exception à la règle. Peut-être même conscient bien avant certains de ses doutes et de la pression qu'il se mettait sur ses épaules alors que les vestiaires étaient devenus lieu de confidence à mon oreille attentive, sa dernière crise d'angoisse n'avait fait que concrétiser nos craintes avec Charles. Pas que Clément ne soit techniquement pas prêt à assumer la charge de travail que demande l'intégration du cursus professionnel, mais le moment choisi n'était peut-être pas le bon. Car s'il est bénéfique de se questionner et remettre en question pour permettre de rebondir dans son travail, la période que traverse Clément est elle toute autre. Sa propre exigence mettant des œillères à son aptitude à faire preuve de discernement, à force de ne retenir que le négatif et de ne pas voir son travail fourni comme une progression constante et de ne chercher que le résultat, il n'était pas exclu que le rythme serait difficile à tenir. D'autant plus que je savais de nos échanges que le travail n'était pas seul au centre de ses angoisses.
Pourtant, si nous le savions sujet aux crises de panique, nous ne pensions pas que sa santé physique serait également engagée. Après son genoux mal en point, le voir hospitalisé pour malaise et à la frontière de la paralysie a été plus qu'un signal d'alerte au sein de la compagnie. Tous inquiets de l'état de Clément, il était cependant exclu de réduire le nombre de répétitions et la cadence pour la préparation du spectacle. La réunion avec Charles n'étant pas lieu de s'inquiéter seulement de son état de santé mais bien de trouver des solutions alternatives en cas d'impossibilité de Clément à être présent sur scène, à commencer par entreprendre une reprise du rôle et pour moi de revêtir une carte d'assistant metteur en scène. Etrange sentiment de déjà-vu à mes débuts alors que la scénographie n'était pas encore dans mon domaine de prédilection. Sensation qui n'est pas pour me déplaire alors que c'est sur mon emploi du temps allégé que je peux faire une croix. Car si tout comédien et metteur en scène doit être capable de palier à ce genre de problèmes, concentration, vigilance et capacité d'improvisation sont de mise pour ne pas retarder l'avancée du projet. Et un regard et avis de plus auprès de Charles n'est cette fois-ci pas de trop.

Répétitions prenantes, c'est l'hôpital qui nous a informé de la possibilité de se rendre au chevet de Clément alors que Charles avait laissé ses coordonnées lorsque l'ambulance était venue le chercher. Et si ça n'est pas l'envie de lui rendre visite qui lui manquait, impossible pour lui de ne prendre ne serait-ce qu'une heure et de laisser en plan les comédiens. Naturel alors pour moi de me proposer : Venir autant à titre personnel qu'au nom de la Northlight. Et bien que se soit un petit temps que nous ne nous sommes pas vus lui et moi, je crois bien que depuis sa dernière crise d'angoisse j'ai compris comment reconnaître les moments où Clément désire être seul ou en compagnie. Connaissant de trop à quel point il est désagréable de se sentir étouffé sous l'inquiétude ou la compassion, je saurais bien m'éclipser de sa chambre d'hôpital si ma venue l'importune. Mais pour l'heure, ça n'est pas l'attente à l'accueil qui me facilitera la tâche pour connaître son numéro de chambre.

Deux heures. L'une pour au final me dire d'attendre, l'autre pour m'informer que l'on viendrait me chercher. Il n'y a pas à dire que Charles n'aurait jamais eu la possibilité d'attendre autant de temps en semaine pour se libérer. Mais c'est au final une infirmière qui m'invite à la suivre, se reprenant à une fois sur mon nom de famille certainement après avoir annoncé ma venue auprès du principal concerné. Rangeant dans ma poche de manteau le livre dont j'avais entamé la lecture pour lui emboîter le pas dans les couloirs, c'est sa main qui vient toquer à l'une des portes. L'entrouvrant sans attendre de réponse, une simple annonce "monsieur Tedevski est arrivé." Elle ne l'aura pas écorché au moins cette fois. Nous laissant seul à mon remerciement, c'est en premier lieu le fauteuil dans lequel est installé Clément qui me frappe et l'euphémisme avec lequel je me décris sa petite mine. Levant les yeux sur la télé allumée au dessus de lui comme un bruit de fond. Engageant un sourcil à se lever à la vue du sujet de celui-ci : "Tu comptes nous faire un man versus wild en australie après ta convalescence ou tu nous prépares un nouveau rôle en tant qu'arachnologue ?" Certes moins conventionnel qu'un "ça va", j'aurais de toutes façons trouvé la question stupide à poser en ces circonstances. Façon plus simple pour moi d'engager la conversation à un Clément alité, et dont je ne connais toujours pas les causes de son hospitalisation.
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Message(#)Is this an over-reaching arm or is this compassion?  || Andreï EmptyJeu 24 Jan 2019 - 11:43

L’émission est d'un ennuie capital. Clément a beau de pas être arachnophobe, il n'empêche être fort dégoûter par ces bestioles. Elles sont, certes, utiles pour l'écosystème naturel, mais pourquoi faut-il qu'elles soient dangereuses ? Genre, une simple morsure d'une mini araignée noire peu suffire pour mourir dans d'atroces souffrance. En plus elles n'ont peur de rien et il n'est pas rare qu'elles attaquent l'homme. La seule chose qui peut sauver l'humain c'est la fuite ou être assez rapide pour écraser la bestioles. Deux choses que Clément ne peut définitivement pas exécuté actuellement. Il se surprend alors, depuis quelques minutes, à regarder autour de lui, espérant ne pas apercevoir une de ces créatures car clairement, il ne pourra rien faire si une veuve noire lui grimpe dessus. Il n'aura peut-être plus a subir l'aide des autres, mais il souffrira beaucoup plus qu'il ne souffre maintenant et en plus il finira par mourir ou avoir des dommages irréversible pire que ce qu'il a actuellement. Soupirant, c'est au moment où il se dit qu'il n'en a plus finit avec la paranoïa, que celle-ci ne fait que commencer et qu'elle continuera sans doute à s'intensifier, que la porte s'ouvre sur l'infirmière Lindy. D'un ton brusque, court et sec, elle annonce la venue d'un certain 'Mr. Tedevski' avant que celui-ci n'apparaisse.

La porte se refermant derrière le scénographe, c'est d'un air étonné que Clément observe le jeune homme. Il ne s'attendait absolument pas à le voir lui. Il n'aurait absolument pas été surprit par la venue d'Ambroise, Sybille, sa mère ou Charles, mais pas Andreï. D'ailleurs, c'est sans doute le metteur en scène qui a été informé de l'état de Clément et qui a donc fait passé le message au scénographe. Seulement à lui ? Ou aussi au reste de la compagnie ? Le jeune néo zélandais imagine fortement que Charles ait passé le message à tout le monde et au final, quand on y pense, Andreï est bel et bien a personne sur que Clément aurait parié qu'il viendrait le voir. C'est juste qu'il ne s'attendait à le trouver, ici, de si tôt.

Après quelques secondes sans parler, c'est le russe qui décide de briser le silence, brisant la glace en même temps en amorçant un sujet de discussion sans « salut » ni « ça va », auquel cas Clément ne lui aurait sans doute pas répondu. Avec son trait d'humour, Andreï parvient à dessiner un léger sourire sur la comissure des lèvres du jeune comédien qui pose son regard sur la télé.  « C'est ça ou la rediffusion du Bachelor USA. Donc bon, le choix est vite fait» dit-il avant de soupirer doucement et reporter son attention sur Andreï  «...jusqu'à ce qu'on trouve un moyen pour que je puisse utiliser mon ordi ou mon portable ou alors lire un livre sans mes mains» son ton sobre, dénué de tout humour, montre qu'il est pas mal sincère malgré tout. Il doit bien exister un moyen pour pouvoir gérer tout ça, non ? Les tétraplégiques, ils font comment ? Ils ne vont sûrement pas demander de l'aide à chaque fois qu'ils veulent tourner une page, non ?

 «Tu peux éteindre s'il te plaît ? Je déteste ce genre d'émission, j'ai l'impression que j'ai des araignées partout sur le corps depuis qu'ils ont parlé de leur tactique de chasse » grimace-t-il. Alors qu'il observe Andreï se diriger vers la télé, il se demande un instant s'il est venu de son plein grés ou s'il a été forcé par Charles, mais fini par se dire que ce n'est pas le genre du chef de la troupe de donner ce genre d'ordre, ni celui d'Andreï de suivre ces demandes. Donc il est obligatoirement ici parce qu'il l'a décidé de lui-même, ce qui rassure quelques part Clément.  « ça va toi ?» demande-t-il finalement, lorsque le russe décide de s'asseoir après avoir éteint la télévision  «ça se passe bien à la compagnie ? » sa voix est plus faible, plus hésitante, ayant rapidement essayer de peser le pour et le contre s'il veut vraiment connaître la réponse. Mais maintenant que c'est dit, il n'y a plus de retour possible.
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Message(#)Is this an over-reaching arm or is this compassion?  || Andreï EmptySam 23 Fév 2019 - 3:12


Des couloirs blancs, des blouses et encore d'autres couloirs. Rien de bien marquant pour moi qui n'ai jamais mis les pieds dans un hôpital. Rarement malade, j'ai pour usage de pratiquer une automédication à la russe qui consiste avant tout à croire en sa propre guérison. Et n'étant que très peu adepte des cascades, il n'est pas d'usage que je croise la route d'un chirurgien. Bien le contraire de mon frère qui ne manque pas   d'arborer fièrement une dizaine de cicatrices aux endroits les plus incongrus du haut de sa maladresse habituelle. Je ne serai d'ailleurs pas étonné de devoir passer le récupérer aux urgences dans le courant de l'année. Mais pour l'heure, ce ne sont seulement que quelques patients en fauteuil attendant devant leur chambre que l'infirmière salue au passage et auxquels je répond d'un simple signe de tête. Il faut dire qu'après mes deux heures d'attente, ces couloirs me paraissent interminables. Pourtant peu impatient de nature, j'en viendrais presque à compter le nombre de portes à dépasser avant d'atteindre celle de Clément. Chose à laquelle je me serai certainement adonné si ça n'était mon téléphone qui avait retenti avec fracas dans le brouhaha pourtant constant de celui-ci animé par    passages de médecins et autres infirmiers. Juste le temps de le mettre en silencieux au regard noir que me lance l'infirmière : ne pas troubler la tranquillité des locaux. Tu parles d'une tranquillité. Et bien qu'il ne m'est pas donné le temps de décrocher, c'est tout de même le nom de Charles que je parviens à lire sur mon écran. Il est vrai qu'au bout de plus de deux heures d'attente sans nouvelles de ma part à propos de Clément, je m'attendais bien à un message de sa part : il lui faudra patienter encore un peu pour savoir ce qu'il en est de Clément. Rangeant le téléphone dans ma poche à l'annonce de mon nom. C'est bien la première fois que je ne réponds pas à Charles dans la minute qui suit.

Il est surpris, cela va sans dire. Clément, le teint pâle et l'air sensiblement hagard, campé dans un fauteuil. Mais je ne saurais dire si c'est de la brusque entrée de l'infirmière au sein de sa chambre ou bien de ma propre venue. Un mélange des deux je suppose. Mon regard périphérique le détaillant tout autant lui que les éléments constituant sa chambre. Bien que le départ de l'infirmière marque un bref instant de silence, je suis celui à briser la glace. Prenant au vol le documentaire animalier de la télévision pour libérer quelque peu la parole : c'est un léger sourire en coin que je parviens à lui décocher. Timide et fatigué mais néanmoins sincère. Moi qui redoutait de troubler un potentiel désir de solitude de la part de Clément, je me sais au moins le bienvenue. Lui adressant de même un sourire à sa remarque non dénuée d'humour à l'évocation du programme télévisé : "Non t'as raison, je te verrais mieux avec un canif dans les mains qu'une rose dans les dents."
Pourtant, c'est son ton qui se fait bien moins enjoué à l'évocation de son propre état. Bel et bien paralysé de ses membres, à me demander si l'allusion à l'utilisation du canif de ses mains n'y est pas pour quelque chose. Ne jugeant pas utile de répondre : à quoi bon. Lui dire qu'il pourra bientôt de nouveau être des plus autonomes serait déplacé de ma part et ne ferait qu'attiser de faux espoirs. Après tout, je ne suis pas médecin. Pas de sourire compatissant de ma part non plus à cette dernière phrase : je sais d'expérience que Clément est l'un des derniers à vouloir s'encombrer de la pitié d'autrui d'autant plus que ça n'est pas mon genre. Laissant simplement un nouveau court silence s'installer entre nous deux seulement rompu par le bruit de fond de l'émission en diffusion. Je ne supporte pas ces bêtes grouillantes.
Comme en écho à cette pensée, c'est mon acquiescement de la tête qui succède à la demande de Clément d'éteindre la télévision. Et je ne peux que m'imaginer l'angoisse de ce dernier de s'imaginer recouvert de ces araignées dans l'incapacité de les chasser. "Je sais pas depuis combien de temps on t'a imposé ce documentaire mais je crois bien que sans ta demande je l'aurais éteins de toutes façons ! Trop de gros plans sur la bête en question devenait dérangeant."

Les vagues bruits de fond. Voilà bien quelque chose que j'ai du mal à supporter parmi tant d'autres. Non pas les musiques d'ambiance ou autres sons de second plan lors d'une activité quelconque, mais bien les chuintements continus indiscernables comme celui d'une voix à la télévision que l'on ne comprend pas. Satisfait de m'enquérir d'aller couper le poste, c'est une chaise que je viens à déplacer pour me rapprocher de Clément après avoir déposé mon manteau sur le porte-manteau prévu à cet effet. Une question sur le bout de la langue, c'est Clément qui me devance me posant cette question que je ne pouvais me résoudre à lui poser plus tôt. Cette fois-ci bien moins pour s'enquérir que de mon état mais également de celui de la compagnie. Comme hésitant sur cette dernière interrogation. Il faut dire que je ne comprends que de trop son appréhension : demander des nouvelles de la compagnie revenant à rappeler qu'il ne se trouve pas au théâtre aujourd'hui et que son état laisse planer l'incertitude quand à une possible reprise du travail. Et si je suis incapable de ne pas être des plus transparents avec quiconque, je sais également user de pincettes lorsque nécessaire. Et pour le moment, les pistes de remaniement de la pièce envisagées par Charles au cas où Clément ne pourrait reprendre le répétitions à temps ne sont à l'ordre du jour ni le sujet de ma visite.
"Et bien écoutes, tout le monde s'inquiétait pas mal pour toi à la Northlight et dire que tout va pour le mieux avec un membre de sa troupe manquant n'est clairement pas le genre de la compagnie." Passant ma main dans ma nuque comme réfléchissant à quelle précision apporter à la situation de la Northlight sans se faire plus questionner Clément. "Pour le moment Charles fait bosser les autres comédiens sur les scènes dans lesquelles tu n'es pas et j'ai repris un rôle d'assistant mise en scène auprès de Charles pour les questions d'organisation... Raison de plus pour moi de venir te voir aujourd'hui !" Ponctuant ma phrase d'un hochement de tête et d'un léger sourire : "Enfin je pourrais leur dire que t'as déjà trouvé une reconversion dans l'étude des bêtes venimeuse d'australie donc qu'il n'y a pas de souci à se faire" Reprenant cependant mon sérieux, bien conscient que pour Clément cette situation reste assez instable et handicapante. "Mais plus sérieusement... Les médecins t'ont dit quelles sont les causes de ton etat actuel ou tu restes dans le flou ?" Un questionnement autant à titre professionnel que personnel. Bien que Charles a de son côté besoin de connaître les dispositions de Clément vis-à-vis de la pièce et de la durée de sa convalescence, je m'inquiète moi-même pour celui qui de collège de travail reste également un bon ami.
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Message(#)Is this an over-reaching arm or is this compassion?  || Andreï EmptyVen 8 Mar 2019 - 17:34

L'humour singulier d'Andreï, son ton léger et ce petit sourire, tout cela me conforte dans l'idée qu'au final rien n'a changé en dehors de cette pièce. Pourquoi devrait-ce être le cas ? Ce n'est pas parce que quelqu'un est à l'hôpital que le monde s'arrête de tourner. Je l'ai bien remarqué avec Ambroise ces dernières semaines. Le temps avait l'air de s'être arrêter pour lui, mais pour Sybbi, Moi et le reste du monde externe la vie continuait. Plus doucement et moins sereinement, certes, mais elle continuait. Et il en va de même pour Andreï et sans aucun doute aussi pour le reste de la compagnie. D'ailleurs, c'est là-dessus que je décide d'interroger mon ami. Après avoir souris légèrement plus largement à sa remarque, je lui demande tout d'abord d'éteindre la télé et il s'exécute avec une certaine joie.

Ensuite, l'observant tirer une chaise pour s'installer en face de moi, je décide de briser le silence, lui demandant comment ça se passe à la compagnie, si tout va bien, sous entendu « ais-je déjà été remplacé ? ». Sans hésiter et sur un ton plutôt égal, le scénographe m'apprend que, malgré le fait qu'ils soient plus ou moins inquiets pour moi et qu'avec un membre en moi la compagnie ne va pas forcément très bien, Charles a décidé de maintenir les répétitions. Toutefois, il fait travailler toutes les scènes dans lesquelles je ne figure pas, s'attendant sans doute à un prompt rétablissement de ma part. C'est, du coup, une des raisons pour lesquelles Andreï se trouve ici maintenant : savoir où j'en suis. Il continue avec un trait d'humour avant de reprendre son sérieux, souhaitant savoir si je suis toujours dans le flou ou si le médecin à déjà trouvé quelque chose.

 « Dans un premier temps ils ont parlé de cancer, une tumeur qui appuierait sur la moelle épinière et qui serait à l'origine de la paralysie» expliquais-je sans détour, le regard toutefois baissé sur le sol  «mais les scanner n'étaient pas concluant. Du coup ils ont fait deux ou trois test pour une autre maladie neurologique, j'arrive jamais à me rappeler du nom et attendent les résultats qui devraient arrivé aujourd'hui ou demain » je soupire doucement, pince les lèvres et déglutis  «et en attendant ils ont fait venir un psychiatre qui a poser le diagnostique d'un Burn out avancé » je dévie le regard et grimace  «enfin autant dire que... » ma voix se brise et je ferme un instant les yeux, comme torturé par les prochaines paroles que je suis sur le point de dire  «...charles va devoir songer à me trouver un remplaçant ...» sans doute définitif ajoutais-je pour moi-même. En même temps que mes pensées prennent un chemin aussi négatif, j'ai comme l'impression que c'est tout un monde qui s'écroule totalement d'un coup et je dois me faire violence pour retenir les larmes qui menacent de se frayer un chemin à travers mes paupières clauses.
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Message(#)Is this an over-reaching arm or is this compassion?  || Andreï EmptyDim 14 Avr 2019 - 0:02


Si Clément ne s'attendait pas à ma venue, c'est pourtant rapidement qu'un sujet prévisible entre nous est abordé : la question de la Northlight Compagny vis-à-vis de lui suite à son hospitalisation. Car bien que venir rendre visite à Clément en tant que simple ami était prévu dès lors que j'ai appris la nouvelle, c'est toujours avec une inlassable récurrence que mon statut au sein de la compagnie prend le dessus. Relation de scénographe à comédien au quotidien envers Clément, aujourd'hui revêtant de plus la casquette d'assistant metteur en scène. Il n'y avait pas à douter que si la première question de Clément n'était pas en rapport avec le théâtre c'est qu'il en était question dans la deuxième. N'attendant pas que j'aborde le sujet pour en venir aux faits, il n'est pas non plus dans mes habitudes de tourner autour du pot. Une demande : comment se porte la Northlight en son absence appelant une réponse sans détours que je ne me fait pas prier de délivrer. Comprenant que de trop où Clément veut lui-même en venir avec cette question : si sa place au sein de la compagnie est compromise, il ne servirait à rien de le lui cacher.

Diplomate dans ma réponse, je n'ai pourtant à vrai dire pas tant d'informations à lui apporter. Charles n'ayant pas attendu d'informations complémentaires pour rebondir sur la situation, c'est simplement l'état des choses actuels dont je peux rendre compte à Clément. Evoquant à la fois les initiatives de Charles pour permettre au reste de l'équipe de continuer le travail de la pièce et mon propre rôle à jouer, les raisons complémentaires de ma venue à cette heure-ci ont tôt fait d'être évoquées. Mêlant humour à professionnalisme, camouflant certainement un vague trait d'inquiétude à ma dernière question posée : qu'en est-il de lui. Puisqu'au final depuis son départ en ambulance, personne au sein de la compagnie arrive pleinement à rester concentré sur l'avancée des répétitions tant que le flou sur l'état de Clément n'a pas été éclairci.

Mes yeux qui s'écarquillent, ne pouvant contenir un élan de surprise mêlé à une certaine appréhension en entendant la réponse de Clément. Évoquant dans un premier temps une tumeur, il est vrai que rester de marbre face à une telle nouvelle ne relève pas de mes capacités. Retrouvant cependant contenance aux paroles de Clément bien que tout aussi peu rassurantes : au moins, la piste de la tumeur reste écartée. Hochant simplement la tête aux dires de mon jeune ami concentré sur les plis du drap de son lit. A quoi bon réagir autrement : il n'est au final pas plus avancé sur son état et sur les causes de sa brusque paralysie. Un dernier détail de sa part me faisant cependant tiquer à l'évocation d'un burn-out avancé. Etrangement, ce diagnostic n'est pas pour m'étonner. Des éléments s'associant les uns aux autres dans mon esprit tel un puzzle enfin complété : il va sans dire que Charles, les membres de la compagnie et moi-même avons tous été témoins du travail intensif fourni par Clément depuis de nombreux mois déjà relevant presque du surmenage. Et pas besoin d'être un oeil averti pour reconnaître que ses ascenseurs émotionnels n'étaient pas de simples sautes d'humeurs liées à de quelconques caprices. Bien au contraire. Nos quelques entretiens inopinés Clément et moi renforçant cette pensée. Laissant échapper un fin soupir, mes yeux posés sur le visage déconfit de Clément. "Un burn-out... Sans vouloir jouer les vieux cons, je sais que tu serais capable de t'efforcer de passer outre ce que t'as dit le psychiatre mais ça non plus ça n'est pas à prendre à la légère." Conscient que la volonté au travail de Clément et son implication sont autant d'ennemis qu'il est du genre à ne pas écouter sa propre fatigue et les signaux d'alerte que son corps lui envoie. Il serait dangereux pour lui de ne pas entendre un tel verdict.
Pourtant, mes inquiétudes de ce côté sont sûrement bien infondées : les yeux de Clément se relevant pour rencontrer les miens, c'est sa voix qui prend une toute autre intonation bien de tristesse cette fois. Clément me signalant que dans cet état, il serait incapable de se remettre vite sur pied pour la pièce.

Si la première chose qui m'avait frappée en entrant dans la chambre d'hôpital de Clément était cette mine abattue et son état de fatigue extrême, je crois que j'ai bien relégué au second plan cette pensée : j'aurais déjà pu contacter Charles avant même l'avis de Clément pour lui annoncer qu'un remplaçant pouvait être contacté. Car même sans savoir les causes exactes de sa paralysie, la fatigue extrême dans laquelle il a été porté ne laisse pas de place au doute quand au temps qu'il lui faudra pour se remettre sur pied. Prenant une grande inspiration, les yeux fermement rivés sur Clément au bord des larmes. Le ton ferme, de ce mélange de bienveillance amicale et d'assurance professionnelle qui est souvent pour me caractériser.
"Bon, écoutes. Je sais à quel point tu es dévoué à ton travail et ta formation, autant en tant que comédien que danseur, et qu'être coupé dans sa lancée contre son gré n'est pas plaisant. Mais un remplacement reste un remplacement et une fois que ta convalescence sera terminée, ta place dans la Northlight n'aura pas disparue pour autant." De toute mes années de travail et de collaboration dans le milieu du spectacle vivant pour des compagnies, l'une des choses que je suis bien placée pour connaitre sont ces changements de comédiens à prendre en charge. Entre les congés maternités et blessures de répétitions, un rôle attribué reste un rôle attribué. "Ce qui importe pour l'instant c'est bien ton état de santé, et si tu vois cette pause forcée négative, dis-toi que le métier de comédien t'apprends aussi à savoir jongler avec ce qu'impose ton corps et ton mental comme tu en fais l'expérience..." Préférant arrêter là mon semblant de discours pour ne pas le bassiner sous un ramassis de paroles inutiles. Jetant un regard sur l'horloge accrochée au mur de la chambre de Clément. "Il y a quelque chose que tu voudrais transmettre à Charles ? Ou je peux lui demander quand il aura du temps à ce qu'il passe te rendre visite ?" Je ne vais pas devoir tarder.
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