ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Janvier 2019 - I'll spend my days learning to breathe in place while the race runs around us like rivers run like downpour rain. I fall and crash around this maze. All through the night, still here, holding out, up high, through the broken clouds.
Au fil de l'encre noircissant et colorant insatiablement les pages du volet professionnel de ma vie, je constate avec le recul qu'une multitude de visages, de paroles, de souvenirs, de scènes, m'accompagnent à chaque entrée aux urgences, au moindre moment où je pose un geste paramédical, à tout instant où je suis infirmier à part entière. Religieusement, lorsque ma tête se repose enfin sur un oreiller, ces souvenirs me bercent vers Morphée ou m'en extirpent brusquement. Il y a des fins de service où mêmes mes paupières solidement abattues sur mes pupilles ne suffisent pas à empêcher ces visages de resurgir, où même plongé dans un silence impeccable, les paroles assassinant la sérénité retentissent, influant sensations tantôt de panique, tantôt de tristesse, tantôt de rire.
Alors que je rédigeais aussi proprement que possible les dernières constantes au dossier d'une patiente hospitalisée quelques heures plus tôt suite à un accident domestique, je songeais au constat que m'avait offert ma maître de stage alors que j'étais encore un étudiant en soins infirmiers. La tabagisme et l'addiction à la caféine devraient être reconnus comme maladies professionnelles de notre métier. Âgé de vingt ans à l'époque, je me rappelle distinctement avoir souri poliment tout en pensant que dans mon cas, le tabac et la caféine ne constituaient pas réellement une option. A cette douce époque, je détenais encore toutes mes chances de faire carrière dans le football australien et mes études paramédicales ne représentaient que mon plan B, l'orientation par défaut de mon histoire. De plus, en tant qu’athlète, je veillais à conserver une hygiène de vie exemplaire.
Aujourd'hui, je ne regrettais aucunement être infirmier. J'étais passionné par ce métier et j'assumais sans hésitation que cette blouse blanche reluisait totalement ma vocation. Depuis quelques années, j'avais également assimilés toute la sémantique ornant les propos de mon ancienne maître de stage et en effet, je concevais mal tenir une journée sans ma dose de caféine. Quant à la cigarette, même si je ne reposais pas au rang des fumeurs habituels, il y avait des services où réellement, une cigarette - ou quatre - étaient salvatrices. La mélodie de notre vie ne cesse d'évoluer, son tempo peut subir saccades brusquement, ses notes s’altérer sous le couperet d'une période frisant la décennie, ses instruments apparaître et disparaître au gré des souffles et des silences. Je saisissais plus que jamais le caractère fragile et malléable de cette ode existentielle depuis l'année passée. J'y étais hautement attentif, la couvais, la redoutais, essayais parfois naïvement de l'imiter avant d'accepter le fait qu'elle n'ait changée, impériale puissance du destin.
Me faufilant hors du centre hospitalier une fois mes heures quotidiennes comptabilisées, habillé « en civil » comme je me plaisais à plaisanter lorsque des patients qui refusaient d'être soignés m'accablaient sans scrupule de termes passant du tyran au tortionnaire, je m'avançais au sein du parking. Les carrosseries des voitures rejetaient le soleil à m'en brûler les yeux, la brise australienne soulevait mes boucles brunes qui nécessiteraient bien d'être coupées à mon sens mais qui prospéraient puisque je ne prenais jamais le temps de passer au coiffeur du coin. Je m'appuyais sur un muret, avide de profiter du calme et de l'air frais régnant momentanément sur le parking après avoir inspiré les milliers d'effluves hospitaliers pendant douze heures. J'emplissais mes poumons un maximum, aspirant naïvement à m'aérer jusqu'à l'esprit par ce procédé, me risquant à fermer les yeux une poignée de secondes. Mes traits se froncèrent sous l’impact des bribes du passé et dans un défaitisme absolu, j'allumais une cigarette orpheline que je traînais dans mon blouson depuis possiblement des semaines, le genre de tube à décontraction dont je fuis l'embrasement d'ordinaire. Je pouvais me le permettre, aujourd'hui, néanmoins. Je m'en procurais le droit, au sein de cette ardoise absurde que je tenais intérieurement dans le plus grand des secrets. La nicotine traverse mon organisme, mon porte-feuille tombe mollement sur le sol quand je glisse maladroitement mon briquet dans ma poche. Je me penche pour le ramasser et puisqu'un travers a meilleur goût accompagné, je l'ouvre et glisse mes doigts habilement dans un des compartiments protégés, ceux dont on ignore l'existence et qui renferment souvent nos secrets, nos regrets, nos hontes.
« T'as pas encore réussi à me tuer, » je pense, les yeux reposant sur une photographie de mon ex fiancée. Deux émeraudes décrivent, pitoyables amoureuses, les traits qui font encore saigner mon cœur. Ceux que je n'oublierais jamais, ceux que mon être égaré recherche encore dans les confidences de son sommeil. L'épicentre de mes innombrables enivrements, de mon geste prémédité d'attenter à mes jours, d'une consommation fortuite de substances illicites une nuit où je me moquais bien que tout dégénère ne concevant pas que les circonstances actuelles puissent s'empirer, une bagarre avec un collègue de laquelle je conservais encore une trace au niveau de mon arcade et teignant une cerne plus que l’autre. Les ratures se suivaient, invitant des acouphènes parsemant cette précieuse mélodie malmenée. Un rictus étire mes lippes, gage de continuité malgré tout, qui s'efface quand la cigarette retrouve mes lippes pour une nouvelle bouffée toxique.
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Dernière édition par Isaac Jensen le Sam 9 Fév - 1:51, édité 1 fois
Après que le bruit grinçant de la portière de sa vieille Jeep résonna dans le parking du personnel du St-Vincent’s Hospital, c’est le sac fiché à l’épaule, et avec un gros bouquin dont la rainure était appuyée tout contre sa poitrine, que Yasmine prit son chemin pour prendre sa garde. Elle était en avance d’une heure, voire même de deux heures, ce qui expliquait son pas plutôt léger sur l’asphalte, ralenti par la lecture rapide du paragraphe qu’elle tentait de mémoriser sur les conseils de Sloan qu’elle avait eu par texto plus tôt dans la journée. Même si elle gardait en tête qu’elle bénéficiait d’un avantage considérable en ayant décidé de passer toute cette nouvelle année à réviser pour postuler à l’examen d’entrée en école de médecine au début de l’année prochaine, elle ne boudait pas ses efforts pour accumuler le plus de notions possibles. Elle gravitait beaucoup autour des internes ces temps-ci, posant des questions qui avaient fini par mettre la puce à l’oreille aux plus malins ; ils avaient fait courir la rumeur que nurse Khadji prévoyait de reprendre l’école, une nouvelle que chacun avait accueilli avec enthousiasme dans le service, notamment les titulaires qui la trouvaient courageuse d’envisager de basculer de leur côté. Ça l’avait touchée si fort qu’elle n’avait même pas tenté de nier, plus superstitieuse qu’il n’y paraissait. Car le médiocre lui apparaissait comme étant pire que l’échec en lui-même ; elle ne voulait pas seulement obtenir ce qu’il fallait pour passer de justesse, Yasmine voulait briller, impressionner même, et ça passait par des heures et des heures à réviser, restant debout si longtemps qu’elle avait parfois l’impression de vivre une seule et unique journée – enfin elle avait trouvé une utilité à ses insomnies qu’elle avait prises en main néanmoins, le petit flacon enfoui dans son sac à main pour preuve irréfutable qu’elle était prête à aller mieux. Ca restait difficile parfois, son anxiété revenant parfois la frapper en plein dans la poitrine, à quelques millimètres à peine de son cœur qui palpitait trop fort, et les paroles de son ancien thérapeute l’accusant de se complaire dans cette situation pour se donner l’impression d’être vivante. Cependant, son nouveau rythme de sommeil lui avait permis de trouver un équilibre moins précaire que ces derniers mois : encore une fois, tout n’était pas rose, ses rapports avec les autres ayant légèrement souffert de ses excès d’angoisse ; mais le bleu qui avait entaché son quotidien suite à son retour du Niger commençait à doucement virer vers une jolie nuance violette qui rendait l’émeraude de ses yeux plus vif et brillant. Dans une grande goulée d’air tiède, elle releva le menton qui, reposant sur sa poitrine pour mieux scanner le contenu de son bouquin commençant à peser sur ses poignets délicats, se dressa en direction de la silhouette qu’elle crut reconnaître au loin. Elle plissa les yeux pour s’assurer qu’elle ne se trompait pas, et dans un léger bruit mat, son livre se referma d’un coup. Alors qu’elle remarquait le rictus sur le visage d’Isaac qu’elle rejoint en quelques enjambées, elle lui demanda en préambule de l’accolade rapide qu’elle lui fit pour lui dire bonjour :
« Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça, Jensen ? » Elle fronça le nez en jeta un regard critique à la cigarette qu’il tenait entre deux doigts, n’émit aucun commentaire toutefois, et tout en s’installant à ses côtés sur le muret qui jouxtait l’entrée de l’hôpital, elle se pencha sur le cliché qu’il avait dans son autre main. Posant son gros livre sur ses genoux, elle prit le temps d’étudier les traits de la jeune femme souriante sur la photo, et après un instant, c’est avec les coins de sa bouche tordus dans une expression d’agrément, qu’elle lui dit « Plutôt jolie, je comprends mieux le sourire, maintenant. » Et le sien s’élargit pendant qu’elle plissait de nouveau les yeux pour supporter la réverbération du soleil sur les carrosseries des voitures qui s’étalait en rang d’oignons devant eux. Elle ne s’aperçut pas qu’elle venait de mettre les deux pieds dans le plat, et replaçant une mèche de cheveux avant toute chose, elle le questionna de nouveau, et avec bonne humeur, tournant la tête dans sa direction, et ne pouvant s’empêcher de lui trouver une bien meilleure mine aujourd’hui « Qui est-ce ? »
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Janvier 2019 - I'll spend my days learning to breathe in place while the race runs around us like rivers run like downpour rain. I fall and crash around this maze. All through the night, still here, holding out, up high, through the broken clouds.
J'inspire profondément, lentement, laisse pénétrer le poison populaire allègrement, envahir de ses multiples substances nocives l'entièreté mon organisme, régner au sein de mes poumons malmenés. La fumée se dérobe, taquine mes lèvres pâles qui s'érigent bientôt en un sourire en coin, vulgaire rictus riche de sémantiques taquinant la notion d'oxymore. Mon regard scrute une énième fois les traits fins de l'individu que mon cœur semble voué à aimer, chérir, rechercher. Les souvenirs volettent dans mon crâne, deviennent vecteurs de ces palpitations cardiaques qui se veulent plus soutenues tandis que se dessine immanquablement un piètre calvaire. Les réminiscences se métamorphosent en stations d'un chemin de croix, chacune soulevant le fait que mon affection est dérisoire, mes projets sont révolus, mon présent frise souvent l'impossible. Mon histoire a connu un schisme, il me semble que je personnifie lamentablement l'adage dictant qu'un seul être manquant suffit à dépeupler tout un monde. Elle me manque et j'ignore prodigieusement comment ajouter des couleurs à ma vie, comment parfois même faire couler l'encre dans ce livre de mon histoire que je maltraite plus que de raison.
« Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça, Jensen ? » Je lève le regard sur Yasmine que je reconnais d'emblée et qui me salue avec une accolade. L'infirmière s'installe sur le muret à mes côtés, livre imposant trônant sur ses genoux. Ma cigarette crépitent entre mes doigts, mes pupilles incertaines passent de la photographie à la réalité, sourire devenu figé. « Plutôt jolie, je comprends mieux le sourire, maintenant. » « Mh, » Je m'entends articuler pour justifier le fait que je prends bien compte de ses paroles à défaut d'élucider la nature des termes à lui répliquer. Mes méninges s'exécutent à remonter les mois, les années, pour réaliser que la Khadji n'a jamais rencontré ma fiancée à ma connaissance. Je lui ai parlé de Chloe, bien évidemment, mais jamais ne l'ai-je exhibée sur mon téléphone portable et encore moins s'est-elle aventurée au service des urgences. « Qui est-ce ? » La fumée de cigarette s'égare à l'opposée de la silhouette amicale, m'inspirant courage en anesthésiant mes nerfs et soulignant un sentiment d'inertie. « C'est mon ex fiancée. Chloe. »
Habilement, je couve le cliché dans le compartiment discret du porte-feuille que je fourre dans la poche de mon blouson. Je pose un regard pétillant d'assurance et de sympathie à mon interlocutrice, conscient que ma réponse l'a sans doute déstabilisée en offrant une nouvelle preuve comme quoi Yasmine possédait un pouvoir incroyable pour mettre ses deux pieds dans le plat. « Et « Plutôt jolie, » je te trouve dure. » Dernier baiser empoisonné, je me débarrasse du mégot puis reviens aux côtés de la soignante. Mes doigts tapotent l'ouvrage d'enseignement médical et réduisant à néant toute importance de mes sentiments, annihilant autant que possible toute teinte de malaise, j'interroge : « Quand est-ce que je peux te faire réciter tes leçons ? » Je n'ai jamais cessé de soutenir la trentenaire dans son projet ambitieux d'évolution professionnelle. En toute sincérité, je suis persuadé qu'elle composera un médecin hors-pair et que si elle s'en donne les moyens, elle est tout à fait capable d'accomplir de grandes choses. J'ai vu Yasmine à l'oeuvre pendant des années, je sais de quoi elle est capable ainsi que de ce qu'elle est faite, des qualités comme des défauts qui la rythment, des ressources dont elle regorge. « Je risque sans doute de partir seul à cette mission humanitaire dont on avait parlée et je tiens à mettre ma pierre à l'édifice de ta réussite. » J'argumente, faisant référence à une conversation remontant à quelques mois maintenant, plantée dans un calendrier achevé, où sans hésitation aucune, j'avais alerté Yasmine sur ma dépression en présentant un comportement opposé au caractère hésitant d'un départ si catégorique de Brisbane. Si Chloe et mon couple en perdition m'avait longtemps retenu dans cette ville, aujourd'hui, j'étais doté d'une liberté ; liberté qui mordait de sa solitude, mais qui exposait de timorés bénéfices. « Et ceci, sans malaise, » J'ajoute, un sourire malin mais compréhensif étirant mes lèvres alors que mes yeux trahissent mon envie que Yasmine prenne soin d'elle, qu'elle soit en santé et ne se brûle pas à l'ardue tâche de préparer des concours d'entrée en école de médecine en plus d'assurer son rôle d'infirmière aux urgences. J'avais entendu parler de son précédent malaise, les nouvelles et rumeurs allant bon train dans le service. Et bien que je ne me prêtais pas au jeu d'alimenter les discussions excluant les principaux intéressés, j'avais aisément été alerté du moment de faiblesse de mon amie.
Ce fût instinctif, ses mâchoires se crispèrent. En simultané, un léger sifflement se fit entendre entre ses lèvres enduites de baume au miel, et qu'elle entrouvrit juste assez, comme si elle retenait l'exclamation d'une douleur fantôme. Yasmine marqua un temps, peut-être pour en laisser un peu à Isaac. Puis enfin, ses poumons lui priant de reprendre une respiration plus régulière pour les soulager du poids qui leur était soudain tombé dessus, elle lâcha un tout doux "Ma première bourde de la journée, pardon." Et elle s'autorisa à laisser fuser un petit rire confus tout en baissant la tête, tandis que ses mains s'entrechoquaient contre la couverture du livre posé sur ses genoux qu'elle joignit alors, à l'image d'une petite fille prise à faire une bêtise plus grosse qu'elle. Son regard fureteur, indisposé par les reflets du soleil, cherchèrent de quoi s'accrocher pour éviter de s'attarder sur la réaction du jeune homme assis à ses côtés. Elle savait à quel point ce sujet était délicat pour lui, et si rebondir sur le timide compliment qu'elle avait laissé échapper lui aurait semblé être une bonne chose en temps normal, sa curiosité faisant honneur aux talents d'ubiquité de sa propre mère qui n'estimait pas que tout savoir sur tout le monde n'était pas une honte, encore moins une preuve de routine ennuyeuse, bien au contraire, elle se somma cette fois-là de garder ses interrogations poussées pour elle ; tout simplement parce que cette jeune femme n'était pas seulement plutôt jolie, elle était belle, et sans doute était-ce pour cette raison que le jeune homme avait tant de mal à se défaire de son souvenir, aussi douloureux était-il, après ce qu'elle lui avait fait subir. L'amour a ses raisons, comme le disait le proverbe. Ce n'était sûrement pas elle qui le condamnerait à ce propos, elle espérait juste que ses élans de nostalgies n'étaient pas aussi nombreux qu'ils donnaient l'impression de l'être à l'instant où ils échangèrent. Encore une fois, elle ne lui posa pas la question, bien trop occupée à tapoter l'arrière de ses tennis contre le muret qu'ils avaient investis, chacun à des moments différents. Oui, mieux valait prendre la situation à la rigolade, plutôt que de se terrer dans n'importe quel trou pour supporter le poids de la bévue involontaire qu'elle venait de commettre en forçant Isaac à révéler l'identité de la silhouette qui composait le cliché qu'il rangea subitement dans son portefeuille.
Son rire se tarit doucement, mais sûrement, faisant progressivement tomber le silence sur le parking baigné de soleil. Ça l'angoissa un peu, d'être confrontée à la palpeur de cette interruption imposée par les convenances, mais pas plus d'une ou deux secondes ; Isaac reprit les rênes de la conversation, et avec plus de légèreté, pendant qu'elle harponnait le livre qu'il vint tapoter du bout de ses doigts, elle rit une seconde fois "Je t'apprécie beaucoup trop pour t'infliger une épreuve pareille. J'ai déjà un tuteur, il est plutôt bon." Sloan se rengorgerait d'amour-propre en l'entendant vanter ses mérites, mais le fait était qu'il l'était, doué, et de précieux conseils, en plus de ça. Yasmine posa ses yeux illuminés sur Isaac, puis elle lui fila un petit coup de coude dans les côtes juste après, abandonnant de nouveau son gros volume pour tirer sur les manches qu'elle ne portait pourtant pas aujourd'hui. Une sale manie qu'elle eut tôt fait de remplacer en croisant mollement les bras sur sa poitrine "Mais promis, s'il n'arrive plus à supporter mes moments de doutes, c'est à toi que reviendras la lourde tache d'y répondre. Je t'en sais capable." Elle voulut lui adresser un clin d'œil complice, qu'elle rata comme à chaque fois qu'elle se risquait à cette manœuvre, et se redressa comme un suricate lorsqu'il poursuivit sa rhétorique. Suspicieuse, Yasmine pencha la tête sur le côté, les paupières légèrement plissées "T'y as déjà contribué. C'est vrai, on travaille ensemble depuis assez longtemps pour que tu m'aies inculqué deux ou trois petites choses qui me seront utiles sur la durée." Elles l'étaient déjà, d'ailleurs. Appuyant ses paumes contre le rebord du muret, elle tourna la tête dans sa direction pour lui sourire, et ajouter sur le ton de la confidence "Et puis je ne l'abandonne pas, cette idée de mission humanitaire. Ça prendra le temps qu'il faut, mais je suis persuadée que je repartirai." Elle craignait le futur, pourtant, ses velléités de repartir donner de sa personne restait une idée fixe qu'elle accomplirait, elle en était farouchement convaincue. Et le plus tôt serait le mieux. Elle l'avait promis à Anita, dont les paroles lui tournaient constamment dans la tête : règle ton problème d’angoisse, reprends tes études, et reviens ici avec ton propre stéthoscope, je t’en prie. Le camp de Diffa n'était plus aujourd'hui, mais il y en avait tellement d'autres. Entre deux bribes de phrases, elle prit une grande inspiration pour donner de l'emphase à ce qu'elle affirma au jeune homme "Ta place est toujours réservée. Tu t'en sortiras pas aussi facilement, Jensen." Yasmine avait ses faiblesses, la parole n'en faisait définitivement pas partie. En parlant de faiblesse. Elle roula des yeux, détournant pudiquement le regard quand elle perçut les sous-entendus de son collègue "Tu vois, je te l'avais dit : les murs ont des oreilles dans cet hôpital." Elle ne s'appesantit pas, mâchonnant ses reproches en même temps que sa langue. Secouant la tête, elle la fit vriller du côté d'Isaac pour poser sur lui un regard furtif, et parce qu'elle savait que c'était ce qu'il attendait, elle lui assura sans hésiter "Je vais bien."
Dernière édition par Yasmine Khadji le Lun 15 Avr - 18:10, édité 1 fois
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Janvier 2019 - I'll spend my days learning to breathe in place while the race runs around us like rivers run like downpour rain. I fall and crash around this maze. All through the night, still here, holding out, up high, through the broken clouds.
Ma raison milite à amenuiser le volume de cette bande inébranlable de souvenirs chargée d'une puissance sentimentale dévastatrice qui m'étreint continuellement. Admirer une énième fois les traits de la jeune femme capturée sur le cliché rime à me propulser au sein d'un passé cruellement révolu et invoque une déferlante d'affection que je ne sais dompter. Je m'en juge le premier coupable, regrettablement complu de cette absence totale de volonté à l'effacer radicalement de ma mémoire, de mon cœur, si cela puisse être au moins possible. Je ne dispose pas de la force nécessaire à altérer le souvenir de Chloe, je suis incapable de noyer cet amour éperdu, meurtri, tortionnaire. Comme un mal sur lequel on se définit, une infection sur laquelle on s'engage incisivement, je la garde et la protège au fin fond de mon être, là où seuls ceux détenant la clef de ma personne et de ses rouages confus se méfient de sa perpétuité.
La vérité est que jamais je ne pourrais annihiler de mon histoire l'entité de mon ex fiancée. Ma vérité est que j'ignore prodigieusement comment cesser un jour de la chérir. Mon cauchemar compose en le constat que la seule solution que j'ai déniché à supporter sa perte était de suffoquer mon souffle.
Je tire une ultime fois sur la cigarette, me concentre sur le nocif qui s'infiltre sournoisement dans mon corps. Je l'imagine asphyxier suffisamment mes songes du passé pour garder la face devant Yasmine, enfiler un masque de ma collection enrichie des années et des désarrois. Perçoit-elle dans le regard de son collègue de plus de dix ans ce trouble assassin ? Devine-t-elle à mes traits que si mes lèvres émettent des mots, l'essence même de mon comportement clame les maux leur étant opposés ? Je dispose du mégot et ose un rire amical à l'adresse de la Khadji. Ma main se pose brièvement sur son épaule, lui assurant qu'elle est toute excusée. Ajoutant une grotesque feinte à mon mal-être étouffé, je taquine même : « Seulement la première ? Tu m'impressionnes. » La maladresse de l'infirmière n'est plus à démontrer. La timorée mélodie de son rire fait écho au mien puis ses yeux trouvent refuge sur la couverture de son considérable manuel de médecine qui repose sur ses genoux telle une offre d'un nouveau sujet de conversation. Mes doigts glissent habilement, délicatement, la photographie dans l'une des poches secrètes de mon porte-feuille avant de tapoter le recueil et offrir mon aide à des séances de révisions.
"Je t'apprécie beaucoup trop pour t'infliger une épreuve pareille. J'ai déjà un tuteur, il est plutôt bon." Je reprends place sur le muret, un fin sourire aux lèvres. J'admirais la Khadji pour le courage qu'elle déployait vers la concrétisation de son rêve qui invoquait de conséquents efforts. Je ris doucement lorsque la jeune femme me signifia qu'elle m'inscrivait sur sa liste d'accompagnateurs si jamais son tuteur baissait les bras. « A ton service. » Je plongeais mes mains dans les poches de mon blouson, réprimant avec force l'envie d'augmenter la dose de nicotine dans mon organisme. J'inspirais profondément et dupais mon envie en évoquant le projet de mission humanitaire dont nous avions discuté des mois plus tôt. Je souris sincèrement lorsque mon amie me signifia que j'avais pu lui inculquer du savoir qui lui serait utile dans ses études de médecine puis posais plus franchement mon regard sur le profil de Yasmine lorsqu'elle m'assura ne pas condamner l'éventualité de se livrer à une nouvelle mission humanitaire et de m'y réserver une place. « Tu partirais au même endroit ? » Je questionne, me doutant que la trentenaire était davantage du genre à s'investir intégralement dans un endroit plutôt que de se disperser sur plusieurs sites - bien que les deux optiques relèvent d'un altruisme remarquable.
L'ami ne peut se retenir plus longtemps, j'aborde dans un propos mal déguisé le malaise que les bruits de couloir m'ont rapporté sans scrupule. "Tu vois, je te l'avais dit : les murs ont des oreilles dans cet hôpital." Je ris doucement, autant amusé de la réplique de Yasmine que de ses yeux roulant dans leur orbite sous l'exaspération. « Oh et si tu savais combien il parle et s'amuse à dresser des scénarios hallucinants. » Forcément, lorsqu'une figure comme la Khadji s'évanouit, le personnel s'agite à se dresser une multitude de raisons s'inspirant de la catastrophe ou/et du surdimensionné. Qu'est-ce qui pouvait bien être assez ravageur pour mettre au tapis une telle infirmière ? A croire qu'à trop émettre de preuves de compétences et polyvalence, l'on en perd le grade d'humain et de faillible. "Je vais bien." « Et j'y compte bien. » J'indique derechef, la complicité et l'attention bien trop ancrées au fil des innombrables journées passées à soigner le malheur d'Autrui en occultant les nôtres. Je ne tourne pas le dos à mes amis et sans être envahissant, je m'attarde sans vergogne à m'assurer qu'ils se portent bien. « Qu'est-ce que tu penses de 2019 jusqu'ici ? » Je questionne, curieux et muni d'un nouvel élan déterminé à ne pas succomber à la tentation d'allumer une nouvelle cigarette.
"Impossible." répondit-elle, non sans laisser filer un hochement de tête plein de dépit. Elle coinça une longue mèche de cheveux derrière son oreille pour occuper ses mains qu'elle avait commencé à agiter sur la couverture du livre qui pesait sur ses genoux, battant une mesure au hasard avec ses doigts bagués, bande-originale improvisée d'un moment fortuit entre deux collègues qui s'appréciaient. Depuis qu'elle était de retour à Brisbane, Yasmine suivait les nouvelles de près, et le mois de juin dernier avait été chargé pour Diffa. Le camp d'Anita avait été démantelé pour assurer la sécurité des réfugiés qu'elle et le personnel bénévole recueillaient dans la bienveillance la plus totale. Malheureusement, aux alentours, des morts étaient venus allonger la liste déjà trop conséquente à son goût des victimes à déplorer ; pour autant, elle ne connaissait personne qui avait souffert de l'attaque terroriste qui, néanmoins, avait fait de très nombreux dégâts un peu partout. Parfois, il lui arrivait de penser qu'elle avait bien fait de rentrer en mai, soit un mois avant cette attaque meurtrière. Puis, elle finissait par s'en vouloir de trouver du réconfort dans cette observation, intimement rassurée de ne pas avoir assisté à cette autre horreur, elle qui en avait vu tellement au cours des huit mois qu'elle avait passé loin de chez elle. Dans ces cas-là, quand elle se surprenait à se féliciter d'être rentrée assez tôt, elle se demandait si dans le fond elle n'était pas trop fragile pour avoir des desseins comme ceux dont elle parlait avec Isaac à cet instant-ci ; plus souvent qu'auparavant, elle venait à douter de son courage, quand même parler avec ses proches lui paraissait un obstacle difficile à surmonter, tant est si bien que, chaque fois un peu plus, elle fuyait. Yasmine tourna la tête vers Isaac, et après une seconde de pause, elle lui expliqua avec tristesse "Le camp auquel j'étais assigné n'existe plus. Je sais pas vraiment s'il a été déplacé, je sais en revanche que partir pour les environs en ce moment reviendrait à signer un pacte avec…" Elle allait dire la mort, sauf qu'elle se rappela la dernière fois où elle avait discuté avec Isaac, et de l'effet que ça lui avait fait d'apprendre que, lui non plus, tout comme Hassan à l'époque, n'aurait pas hésité un seul instant à le signer, ce pacte infâme auquel elle pensait. Elle ravala la fin de sa phrase qui lui tomba dans l'estomac comme une grosse pierre au fond d'un lac. Croisant les bras sur sa poitrine, elle détourna rapidement la tête pour concentrer son regard sur le passage d'une voiture qui s'engagea dans le parking de l'hôpital, et pendant qu'elle réfléchissait à un moyen plus subtil de reprendre la parole, elle décida qu'aujourd'hui, elle ne ferait plus de maladresse.
Prenant une grande inspiration pour se donner le courage de poursuivre, elle décroisa les bras, et en même temps elle concéda, usant d'une jolie pirouette qu'elle accompagna d'un sourire en demi-teinte "Mais le monde est vaste et les causes sont nombreuses, n'est-ce pas ?" C'était un constat triste à pleurer, seulement elle ne se laissa pas atteindre par sa réflexion, et entendant bien s'amuser des rumeurs qui circulaient à son sujet, rien que pour détendre un peu l'atmosphère, elle consentit à se jeter sur la perche que le jeune homme lui tendait "Et je parie qu'il y a des rumeurs de grossesse dans le lot." Parce qu'une femme toute bien constituée ne pouvait démontrer une quelconque faiblesse autre que celle d'avoir un polichinelle dans le tiroir, c'était bien connu. Elle laissa un rire fuser tandis qu'elle changeait le sens de son livre sur lequel elle avait arrêté de tapoter depuis un petit moment, maintenant "J'ai juste négligé mon rythme de sommeil. Je fais plus attention depuis quelques temps." Elle suivait un traitement, ce qui constituait un soulagement relatif, et lui permettait de s'endormir plus rapidement, à défaut de le faire longtemps – ses pensées n'étaient jamais fatiguées, à son contraire, et sans doute aurait-elle dû contacter un autre thérapeute que celui qu'elle avait préféré congédier depuis plusieurs semaines. Mais ce n'était ni le bon endroit, ni le bon moment pour s'autoflageller sur ce genre de menus détails. Reléguant tout ça au second plan de ses considérations immédiates, elle grossit son regard, et donnant un nouveau petit coup dans les côtes d'Isaac, elle ajouta, sonnant la fin d'un suspens qui n'avait pas lieu d'être "Aucun bébé à l'horizon, tu leur diras. Mais pense à ménager ton effet ; ils seront sûrement très déçus de l'apprendre." Un grand sourire aux lèvres, elle enleva son livre de ses genoux, le posant entre elle et le jeune homme. S'accrochant de nouveau au bord du muret, elle mit un petit temps avant de lui répondre, balançant ses pieds dans le vide, très sommaire, qui s'étalait à ses pieds "Trop tôt pour le dire. Jusqu'à présent, c'est pas bien différent de 2018, et tu sais, comme le mois de janvier a tendance à durer une éternité, j'ai bien peur que cette impression s'éternise, elle aussi." Elle passa une main dans ses cheveux, les replaçant en arrière pour dégager sa vue, déjà troublée par les rayons du soleil ; elle balança ses pieds un peu plus fort, reportant son attention sur Isaac, le menton posé sur sa propre épaule qu'elle releva pour plus de confort, et elle plissa les paupières "Repose-moi la question en mai, ça fera tout juste un an que je suis rentrée." Déjà un an, murmura-t-elle en elle-même et rien, absolument rien, ne lui donnait l'impression d'avoir ne serait-ce qu'un peu évolué. Bien au contraire, son évaluation furtive de tout ce qu'elle avait vécu depuis son retour démontrait un état affolant de dégradation dont elle se sentait l'entière responsable. Baissant le regard sur ses pieds, elle prit une autre inspiration, si profonde d'ailleurs, que sa poitrine et ses épaules remontèrent en même temps. Et puis un silence plus tard, elle demanda au jeune homme "Et les tiennes, d'impressions ? Je constate que tu fais pas partie de ceux qui promettent d'ajouter arrêter de fumer à leur liste de bonnes résolutions." Un sourire goguenard remonta sa pommette droite, alors qu'elle donnait un coup de menton en direction de la poche du jeune homme qui, elle le soupçonnait sans avoir besoin de faire preuve de beaucoup d'imagination, devait renfermer un paquet bien rempli de ce qui lui pourrissait les poumons.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Janvier 2019 - I'll spend my days learning to breathe in place while the race runs around us like rivers run like downpour rain. I fall and crash around this maze. All through the night, still here, holding out, up high, through the broken clouds.
Yasmine et moi abordions régulièrement la notion d'actions humanitaires et j'admirais continuellement la jeune femme pour avoir su concrétiser cet altruiste projet huit mois durant. Pendant la préparation de sa mission, il avait été évoqué que je l'accompagne à de multiples reprises ; néanmoins, les mois précédant son départ, il était devenu inenvisageable à mon sens d'abandonner ce que représentait mon quotidien à Brisbane. Mon couple avec Chloe battait de l'aile à un niveau critique et j'étais convaincu que quitter l'Australie rimait avec tirer un trait définitif sur notre relation. Encore aujourd'hui, avec la connaissance du fait que mon ex fiancée m'aurait quitté en dépit de ma présence sur le territoire, je ne regrette cependant pas ne pas avoir accompli cet objectif humanitaire que je nourris depuis de longues années. Je suis persuadé que je m'en aurais perpétuellement voulu de quitter Chloe dans ces circonstances singulières et bien que je mène plusieurs combats mentalement, il n'en demeure que de quelconques regrets vis-à-vis de mon comportement envers la jeune femme que j'eus aimé éperdument n'en provoque aucun.
J'avais toujours apprécié le fait que Yasmine et moi ayons gardé contact au cours de sa commission au Niger. Elle avait su me relater, dans la mesure du possible, des bribes de son parcours humanitaire ainsi que des esquisses des épopées marquantes qui marquèrent son existence. J'avais conscience que ces mois créaient un impact sur le caractère de Yasmine mais aussi la continuité de son histoire. On sort forcément différent de ce genre d'épisode. Je ne pouvais que m'imaginer les récits de sa réalité en Afrique, toutefois, je devinais les cicatrices qu'elle avait laissées en ma collègue et amie.
« Impossible, » me signifia-t-elle quand j'évoquais la possibilité qu'elle y retourne. Je déglutissais, mon regard parcourait discrètement l'évolution des traits de mon interlocutrice, tentant d'y décrypter des émotions que j'avais pu lire parfois mille fois sur son visage - et d'autres jamais. Les années de travail dans la même équipe me conduisaient à déterminer ce dont la Khadji nécessitait mais aussi quel comportement était le plus judicieux à adapter dans cette situation. Je restais silencieux, laissant la brune se recueillir, autorisant à toutes les minutes cruciales la tranquille liberté de s'écouler, développer l'essentiel à prodiguer la force et la sémantique indispensables à Yasmine pour dévoiler les maux troublant ses pensées.
« Le camp auquel j'étais assigné n'existe plus. Je sais pas vraiment s'il a été déplacé, je sais en revanche que partir pour les environs en ce moment reviendrait à signer un pacte avec… » Elle retient les derniers termes de filer, je soutiens mon regard quelques secondes avant de le laisser s'abattre sur ses mains nerveuses puis s'orienter vers l'horizon. J'augure l'imprononçable pour ma collègue et me contente de poser ma main sur la sienne l'espace de deux secondes à peine, preuve compatissante à son égard repoussant tout l'intolérable de mon histoire. "Mais le monde est vaste et les causes sont nombreuses, n'est-ce pas ?" Qu'elle se requinque. Je plonge mes mains dans les poches de mon blouson et hoche la tête silencieusement. « Tout à fait. » J'inspire profondément l'air frais australien puis amorce un changement de sujet. Le futur proche de Yasmine me semblait bien décrit et ficelé. Si j'avais à partir, je le ferais physiquement sans elle.
Le présent inquiète, sinueux du dernier malaise de l'infirmière à la réputation inébranlable dorénavant entachée. Le caractère bavard de notre lieu de travail est exposé, j'assure tenir à ce que mon interlocutrice se porte bien. Je l'entends insinuer le scénario de grossesse qui pourrait traverser l'esprit de nos collègues et l'interroge du regard quelques instants, cette conjecture ne m'ayant nullement saisi pour ma part. « J'ai juste négligé mon rythme de sommeil. Je fais plus attention depuis quelques temps. » Je hausse les sourcils, sachant pertinemment que le rythme de sommeil des personnels soignants est une notion très abstraite, tout comme celui des étudiants. Mélanger les deux constituait un réel challenge.
La trentenaire me confirme l'absence de maternité imminente et je ris doucement quant à sa remarque de rapport de ma part. « Tu rigoles, tant qu'ils bavassent sur ton cas, ils ne parlent plus du mien. » Je taquine avec un clin d’œil. Je ne faisais absolument pas partie de la catégorie de personnes qui parlent au nom des autres. J'étais toutefois aussi présent pour démentir des propos lorsque ceux-ci devenaient dangereux pour l'intégrité de quiconque.
Curieux et envoûté par la notion de nouvelle année susurrant celle de nouveau départ, je questionnais Yasmine sur ce que 2019 avait pu lui réserver comme impression jusqu'ici. Trop tôt pour le dire - Mai accueillera de manière plus enrichie cette question , réponse qui m'arrache un fin sourire. « Et les tiennes, d'impressions ? Je constate que tu fais pas partie de ceux qui promettent d'ajouter arrêter de fumer à leur liste de bonnes résolutions. » Je m'accorde quelques secondes de réflexion et détourne mon regard vers le parking nous faisant face. « En effet, » j'affirme quant à une volonté de stopper de fumer qui ne m'étreint guère. « J'ai repris il y a peu, je me permets quelques temps d'intoxication avant d'envisager essayer d'arrêter encore. Ce serait pas un challenge sinon. » Mon ton est joueur, complice. « J'essaie de ne pas tomber dans le vice d'avoir des attentes pour 2019, c'est le bon coup pour être déçu. » L'étant assez par la vie en général, j’œuvrais pour me préserver malgré tout. « Un jour à la fois, mais pour l'instant, les jours sont pas si mal. » J'adresse un timide mais sincère sourire à mon interlocutrice. « Tu veux que je te dépose quelque part ? » J'offre, pointant du menton mon bolide certes relevant d'une autre époque mais roulant encore convenablement.
Dans la quiétude du moment qu'ils partageaient tous les deux, tranquillement assis sur le petit muret à l'entrée du parking des employés, Yasmine laissa un rire fugace s'échapper de ses lèvres enduites de baume légèrement sucré. Laissant sa tête rouler sur son épaule gauche, elle lança un regard de biais à son collègue infirmier "Le malheur des uns fait le bonheur des autres à ce qu'il paraît." plaisanta-t-elle en faisant la moue, n'ayant aucun mal à imaginer le genre de rumeurs qui devaient circuler sur son compte dans les couloirs étroits du St-Vincent's Hospital depuis son malaise du mois de décembre dernier. On disait souvent que ceux qui grossissaient le rang du corps médical avaient tendance à se comporter comme des adolescents, et pas les plus malins du lot, évidemment : ce n'était pas une rumeur. Finir ses études aussi tard, qu'importe les hautes responsabilités que vous gagniez en travaillant aussi fort, ça faisait régresser. Les internes pensaient alors que les différents services auxquels ils étaient assignés fonctionnaient finalement comme les différentes castes mises en place au lycée ; c'était bien souvent aux infirmières de leur rappeler que ce n'était pas le cas, et que même s'ils avaient les notions, leur formation, elle, ne faisait que commencer, et qu'au lieu de s'inquiéter de leur vie sociale, mieux valait qu'ils se recentrent et acceptent tout net l'idée que plus jamais ils n'auraient l'air aussi reposés, et que les cernes deviendraient bientôt leurs meilleures alliées.
Aussi, contrairement à Isaac, Yasmine n'avait jamais trop été le centre de l'attention de ses collègues les plus puérils, Dieu savait pourtant qu'ils étaient nombreux à apprécier les blagues potaches et les rumeurs aussi limites que cruelles. C'est vrai, elle avait peut-être été un peu ennuyé durant son histoire avec Edge, supportant sans broncher les boutades concernant le fait qu'elle se soit rapprochée d'un de ses patients. Seulement, elle n'avait pas tourné autour du pot pour leur faire comprendre qu'elle n'appréciait pas qu'ils apposent devant son nom une étiquette qu'il ne lui plaisait pas de porter, et depuis tous savaient que nurse Khadji n'était pas la plus brave lorsqu'on l'asticotait sur sa vie privée. Sans doute était-ce pour cette raison que, désormais, ils s'obstinaient à parler de ses grands projets de reprise d'études quand elle avait le dos tourné, craignant qu'elle ne se fâche, si tant il était possible qu'elle le fasse pour de bon – tout le monde savait que non, même ceux qui ne la connaissaient qu'au détour d'une garde mouvementée, néanmoins c'était plus que suffisant pour comprendre que, chez cette femme-là, il n'y avait que de la douceur et de la gentillesse. De ce fait, elle avait beaucoup d'admiration pour la façon dont Isaac avait su gérer les murmures sur son passage, et même si de son côté, elle s'était faite d'une mission de lui venir en aide si jamais ils devenaient trop intrusifs, elle s'était aperçue que le jeune homme avait trouvé la force de se défendre tout seul. Une preuve irréfutable qu'il était redevenu assez solide pour repousser les quolibets et les questions, de quoi définitivement rassurer tous ceux qui avaient un tant soi peu d'affection pour lui, à l'image de Yasmine qui lui renvoya un petit sourire en l'entendant rebondir sur ses paroles "Quelle chance tu as." se risqua-t-elle à murmurer, se surprenant à envier la paix qu'elle lisait sur son visage éblouit par le soleil de fin d'après-midi, et qui la rasséréna davantage quant au bon état d'esprit dans lequel il se trouvait en ce début d'année. Comme quoi, tout pouvait s'arranger, même les situations qui paraissaient sans issues à un moment donné ; elle espérait seulement qu'il ne s'agissait pas d'une façade, car elle en savait quelque chose – il était si facile de prétendre aller bien. Mettant de côté ce doute, choisissant de bon gré de lui faire confiance, Yasmine grappilla un peu d'espoir qu'elle laissa doucement s'installer dans son petit cœur, et alors qu'elle se levait de son siège de fortune en glissant son gros livre sous son bras, elle secoua la tête "Ça aurait été avec plaisir, mais je commence dans une heure, et je voudrais potasser un peu avant de prendre mon service." Sloan ne plaisanterait pas si elle éludait la leçon du jour, et puisque la punition serait une privation de sa douceur glacée hebdomadaire, elle s'échinerait à faire les choses dans les règles, et à relire ses notes avec l'assiduité d'une vraie étudiante. Elle sourit à Isaac, attendant qu'il se lève à son tour pour lui donner une accolade rapide, et lui tapoter la joue avec beaucoup de délicatesse "Bonne année, Jensen." Elle avait presque failli oublier. Yasmine lui sourit plus largement, sentant son haleine chargée en nicotine lui monter aux narines, puis elle relâcha son étreinte pour pivoter sur ses talons. Elle Isaac laissa filer jusqu'à son bolide qu'elle vit passer juste à côté d'elle, et sur quoi elle posa un dernier regard. S'arrêtant graduellement, elle salua le jeune homme d'un signe de la main qu'elle laissa retomber mollement contre sa cuisse une fois qu'il eut tourné l'angle du parking qui redevint silencieux. Un sourire flotta encore quelques instants sur ses lèvres, et relevant les yeux, les paupières plissées par le soleil qu'elle ne reverrait pas avant quelques heures, elle se décida enfin à rejoindre son lieu de travail, son sac fiché à l'épaule, et une partie de son avenir coincé sous son bras.