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 joasmine ϟ about time

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Message(#)joasmine ϟ about time  EmptyMar 22 Jan 2019 - 13:42

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« Non mais regarde son visage, regarde-le bien. » Tout en mâchonnant une bouchée de son muffin au chocolat, Yasmine obéit à Molly. Comme si le moindre de ses faits et gestes risquaient de provoquer un séisme dans tout l’hôpital, c’est prudemment qu’elle vint coller son nez contre la vitre de la nurserie du service d’obstétrique-néonatalogie-pédiatrie du St-Vincent’s Hospital. Dans son viseur, un petit garçon qui s’appelait Anton et dont la toute petite voix portait plus que les autres. Le visage contorsionné par ses pleurs, il s’entortillait dans son berceau tout neuf, visiblement aux prises avec l’immensité du monde qu’il venait de rejoindre. Ses petits poings serrés fendaient l’air comme s’il était déjà paré à en découdre avec la destinée qui l’attendait sagement – un petit boxeur à en devenir. Cette réflexion silencieuse la fit sourire en coin « Un pois chiche, j’ai pas meilleure comparaison. » S’extirpant de ses pensées immédiates, Yasmine avala sa bouchée pour lâcher un rire, mi-figue mi-raisin. Molly persifla par-dessus son épaule, et même si elle la trouva horrible d’émettre ce genre d’avis à voix haute, pendant que les infirmières du service déambulaient dans les couloirs, elle ne put s’en empêcher et lui lança un regard complice. Puis, concentrant de nouveau ses yeux clairs sur le bébé, elle lui dit, usant de son ton le plus conciliant pour édulcorer son argumentaire un peu trop violent à son goût « Il a passé neuf mois dans un tout petit espace, j’aimerais bien t’y voir. Moi, je le trouve plutôt mignon. » Molly fit mine de s’ébrouer et sauta du perchoir qu’elle s’était trouvé pour reposer ses jambes qu’elle se plaignait toujours d’avoir engourdies, recroquevillées derrière son comptoir d’accueil. Effarée par l’avis de sa comparse, qu’elle jugea d’une œillade critique en claquant de la langue tout contre son palais, elle lui tourna ostensiblement le dos, lui indiquant solennellement, et silencieusement par un simple signe de la tête, que c’était le moment pour elles de lever le camp.

Depuis un moment, l’heure de leur pause commune, Yasmine et Molly la passait ici. Submergées par l’influence aux urgences, elles préféraient s’isoler ailleurs pour profiter plus paisiblement du peu de temps qui leur était accordé pour retrouver leurs esprits et souffler un peu. Pendant un temps, Yasmine en profitait pour revoir ses fiches de révision, mais après le nouvel an, elle s’était aperçue que trop travailler remplissait trop d’espace, et que sa capacité à emmagasiner les informations devenait moindre tant elle se mettait la pression. Au moins, elle dormait un peu mieux, le traitement qu’elle avait reçu lors de son malaise aux urgences s’avérant plus efficace qu’elle ne l’avait imaginé. Ou alors, c’était l’annonce de sa reprise d’études à ses parents, et l’assurance qu’entre Hassan et Sohan les choses allaient un peu mieux qui lui avaient définitivement retiré un poids. Tout ne s’était pas allégé, cependant elle se sentait moins pataude. De ce fait, prête à optimiser ses performances, elle avait délaissé ses fiches pendant ses pauses, et pris l’habitude de plutôt se glisser du côté de la pédiatrie pour honorer ses engagements de bénévoles en prenant soin de choisir ses créneaux horaires, histoire de ne croiser personne, et préserver un peu la bonne santé qu’elle pensait avoir retrouvé. Molly avait fini par se joindre à elle, puis au fur et à mesure, elle l’avait entraînée dans sa contemplation peu conventionnelle des bébés qui venaient de naître. C’était plutôt distrayant si on considérait la mauvaise foi avec laquelle la petite rousse déroulait son avis en prétendant poser son regard sur les créatures les plus hideuses de l’univers. Elle avait le don incroyable de détendre l’atmosphère, et rien que pour ça, Yasmine était prête à supporter les horreurs gentillettes qu’elle débitait.

Détachant enfin son regard d’Anton, Yasmine roula en boule l’emballage de son muffin qu’elle jeta à la poubelle en passant, avec le talent d’une basketteuse occasionnelle, et suivit Molly sans plus de cérémonie. Elle avait déjà pris de l’avance, lui tenant les portes battantes pour qu’elle s’engouffre dans le couloir. Elle s’apprêtait à le faire, d’ailleurs, quand elle fût prise de court par la silhouette d’une jeune femme qu’elle reconnut sans avoir besoin de double-checker « Joanne. » laissa-t-elle filer, les lèvres entrouvertes, s’arrêtant en chemin pour tout d’abord fixer son regard sur ce visage qu’elle n’avait pas eu à détailler depuis longtemps, puis tout doucement, sur le mignon renflement de son abdomen. Elle battit des paupières. S’apercevant que son attitude, mais surtout son ton pouvait paraître trop froid, alors que c’était simplement la surprise qui l’avait fait se raidir de prime abord, elle se laissa alpaguer par Molly qui lui fit signe de se dépêcher, ce à quoi Yasmine répondit après s’être raclé la gorge « J’arrive tout de suite. » Elle laissa couler son regard entre Molly et Joanne à qui elle demanda contre toute attente « Tout va bien ? » C’était particulièrement ironique, et peut-être que Joanne elle-même trouverait la question de la jeune femme abominablement hypocrite compte tenue de leur dernier échange ; un échange qui avait contraint Yasmine à confirmer son envie de répondre à la demande de bénévoles en route vers le Niger, et qui n’avait cessé de la travailler, partagée entre regrets et amour-propre. Molly partie, elle déglutit, posant de nouveau son regard hésitant sur l’abdomen de Joanne, et d’une main leste, mais tout aussi incertaine, elle le désigna tout en lui disant, plutôt gauchement, sa langue se parcheminant immédiatement lorsqu’elle pensa à la virulence des reproches sous lesquels elle avait enterré la blondinette, la dernière fois qu’elles s’étaient vues – et comment de son côté, Joanne avait réussi à mettre le doigt sur ce qui l’avait toujours contrainte à se comporter si rudement avec elle « Alors c’est… c’est pour quand ? »  Et sa voix monta dans les aiguës, comme toujours quand elle était plus nerveuse qu’elle ne tentait de le faire croire.


Dernière édition par Yasmine Khadji le Mer 20 Fév 2019 - 13:19, édité 1 fois
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Message(#)joasmine ϟ about time  EmptyVen 1 Fév 2019 - 23:09

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Les couloirs quasi stériles de l'hôpital commençaient à ne plus avoir de secrets pour la jeune maman. Du service des urgences à la pédiatrie, des bureaux de médecin à la salle d'accouchement, Joanne avait fait le tour de l'établissement pour de multiples raisons. Mais dernièrement, elle s'y rendait pour de bonnes nouvelles, et non une blessure ou une maladie nécessitant des soins particuliers. Sa précédente grossesse avait été calme, si ce ne fut les suites de l'accouchement qui avait montré quelques complications. C'est pour cette raison que la jeune femme avait un suivi rapproché, et ces consultations régulières la rassuraient avant. Il n'y avait pas une échographique systématique, parfois juste une prise de tension artérielle, s'assurer qu'il n'y ait pas de manifestation de diabète gestationnel, d'infection urinaire, ou une perte de vue majorée. Joanne se devait de porter des lunettes depuis voilà quelques semaines, limitant les maux de tête lorsqu'elle passait trop de temps devant l'ordinateur. Elle sortait justement de l'une de ces entrevues. Tout en sillonnant les couloirs, la petite blonde en information son mari par message, disant qu'elle allait récupérer leur garçon à la crèche. C'était quasi systématiquement qui avait cette tâche avant de rentrer à Bayside. Ca ne la gênait pas tant que ça. Glissant son smartphone dans son sac à main, elle ne releva que ses iris bleus tardivement. La dernière chose à laquelle elle s'attendait était bien évidemment d'avoir Yasmine en face d'elle. Pour tout dire, Joanne aurait préféré évité la revoir, si c'était pour avoir une conversation similaire à leur dernière entrevue. Elle eut un léger mouvement de recul, par surprise. Ses yeux écarquillés et sa bouche entrouverte parlaient pour eux-même de cet événement inattendu, qui les prit toutes deux de court. Incapable d'émettre un son, Joanne restait parfaitement statique l'espace de quelques secondes. Elle se demandait si la brune était un tant soit peu sincère lorsqu'elle lui demandait si tout allait bien. Durant leur dernière rencontre, le bien-être de Joanne était bien le cadet de ses soucis. Pire même, elle le piétinait en bonne et due forme, certainement à charge de revanche pour le mal causé à Hassan. Et Yasmine ne semblait pas avoir compris que Joanne se flagellait seule pour toute cette histoire. Non, il fallait qu'elle en rajoute une couche, qu'elle fasse entendre son point de vue, qu'elle insiste sur le fait que la grande méchange de l'histoire n'était personne d'autre que Joanne. Qu'elle avait été une mauvaise épouse, une mauvaise amie, une mauvaise personne. La blonde baissa le regard en se rappelant parfaitement cette conversation douloureuse. Oui, elle aurait préféré n'avoir jamais rencontré Yasmine après le divorce, et ni dans ce couloir d'hôpital d'ailleurs. Inutile de la mutiler encore une fois, elle ne désirait pas être le bouc émissaire de la fille Khadji une nouvelle fois. "Tout va bien, oui." répondit-elle, le plus simplement possible. Mais Joanne ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une certaine méfiance. Elle ne cachait plus son ventre légèrement arrondi depuis qu'elle avait eu la certitude que tout allait bien du côté du bébé. La maternité, c'était quelque chose dont elle était si fière, qu'une fois une bonne partie des craintes envolées, elle le montrait sans pour autant se surexposer. Un vêtement un peu plus cintré qu'un autre, un tissu sensiblement plus élastique pour épouser cette nouvelle courbe, ce genre de petits détails qui faisaient la différence. La collègue de Yasmine s'éloigna, les laissant toutes seules l'une face à l'autre, à une distance raisonnable. Du moins, qui ne mettait pas Joanne plus mal à l'aise qu'elle ne l'était déjà. Tout aurait pu s'arrêter là, avec un dernier regard et un semblant de sourire forcé. Mais, à la plus grande surprise de Joanne, la brune relançait la conversation. Perplexe, son interlocutrice fronçait les sourcils. La première chose qu'elle se demandait était : où est le piège ? D'où vient ce soudain intérêt pour sa vie et celle qu'elle protégeait en son sein alors que, quelques années plus tôt, elle n'en avait absolument rien à faire de ses fausse-couches ? A moins qu'elle ne cherchait qu'à soulager sa propre conscience juste en posant quelques questions de la sorte. Joanne était une jeune femme très naïve, on pouvait lui faire avaler beaucoup de choses sans le moindre soucis, mais là, ça ne fonctionnait pas. Néanmoins, afin de ne pas avoir l'air ingrate ou impolie (parce qu'elle ne l'était tout simplement pas), elle répondait tout de même à sa question. "Pour juin, si tout se passe bien." dit-elle avec un léger haussement d'épaules. Joanne se demandait comment Yasmine allait exploiter cette information là, le moyen qu'elle allait trouver pour le tourner en reproche. La solution était simple : elle était heureuse, et peut-être, qu'à cette même période, Hassan ne l'était pas vraiment. Elle n'en savait trop rien, de comment il se portait exactement. C'était dur à dire. "Mais je ne pense pas que ça t'intéresses véritablement." dit-elle d'une voi douce, presque désolée. Elles ne s'étaient pas croisées quand elle avait accouché de Daniel. Et encore heureux que par toute une suite de hasard, ce n'était pas Yasmine qui était venue à s'occuper d'elle, ou encore de Daniel quand il avait eu sa méningite. La situation aurait été encore plus étrange qu'elle ne l'était à ce moment là. Joanne posa une main presque protectrice sur son ventre légèrement rebondi. "Tu as sûrement beaucoup à faire." Joanne avait toujours beaucoup d'admiration et de respect pour les infirmières, et Yasmine ne faisait pas exception à la règle. Elles savaient qu'elles avaient beaucoup à faire, et ne souhaitaient pas les déranger.
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Message(#)joasmine ϟ about time  EmptyMer 20 Fév 2019 - 15:10

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Molly glissa sa frimousse espiègle derrière le hublot de la porte du service, permettant à Yasmine de faire commodément le point sur sa tignasse rousse et mal peignée, plutôt que sur le visage lisse et sans défauts qu'elle avait sous le nez. Les grimaces insistantes qu'elle laissa entrevoir pour tenter d'élucider le mystère entourant l'identité de la personne à laquelle sa collègue s'adressait, cette dernière tenta de les ignorer en la sommant, d'un regard qu'elle rendit plus sévère, de cesser de la déconcentrer avec ses tentatives de mimes ratées ; il ne manquerait plus qu'elle éclate de rire. Mais à vrai dire, si on s'y arrêtait plus de quelques secondes, la situation avait tout de drôle : de la façon dont elle se raidit en s'apercevant de qui elle avait en face d'elle, du renflement de ce ventre qui concordait douloureusement au grand projet de son ex-mari, et de cette réapparition inopinée, alors qu'elle pensait aller suffisamment bien pour enfin supporter les erreurs qu'elle avait commises dans le passé, et celles auxquelles elle refusait de céder dans le futur proche, honteusement charmée par ses envies – autant dire par la facilité. Non, la joie n'avait absolument rien à voir avec ses éventuelles risettes, c'était tout le contraire. La nervosité en revanche, elle était tombée comme un rideau de plombs à l'instant même où elle avait osé prononcer le prénom de celle qui lui faisait face désormais, les forçant à rester chacune de leur côté du couloir. Une barrière naturelle, faite de ressentiments plus que de regrets, car si tout avait été réuni dans le passé pour qu'elles se rapprochent et le deviennent, Joanne et Yasmine n'avaient jamais été amies. Et elles ne le seraient jamais, la sentence était tombée assez tôt pour qu'elles ne s'encombrent de cette lourde épée de Damoclès qui menaçaient quiconque avait espoir de creuser une relation, quelle qu'elle soit. La leur, elle avait pris fin bien assez tôt, et chacun s'en était accommodé, malgré les mots durs de l'une et les insinuations à peine voilées de l'autre.

Finalement, ce fût plus fort qu'elle. Yasmine, après s'être assurée que Molly était bien partie, déporta son regard fait d'émeraudes sur cette silhouette qu'elle examina brièvement, et ses lèvres s'étirèrent en un ersatz de sourire qui lui retourna l'estomac, tant il était pénible à esquisser. Ça tremblait un peu aux commissures, et ses dents étaient tellement serrées, faisant saillir le pourtour bien défini de ses mâchoires, qu'elle redouta le son de ses quenottes qui, tout de même, se mirent à crisser sous la tension de ses muscles. Elle marqua un temps ; que dire, que faire. Ce n'était pas des questions qu'elle avait cherché à se poser, quand partie à des milliers de kilomètres de chez elle, elle avait voulu faire le point sur ce qui l'avait tant contrariée. Avant de quitter l'Australie, Yasmine s'était montrée belliqueuse au point de déverser un venin qui avait eu le temps de macérer si longtemps dans son chaudron, qu'il avait sans aucun doute été fatal pour celle qui lui répondait toujours avec méfiance, aujourd'hui. A cette époque, elle n'en avait pas mesuré les conséquences, trop occupée à panser ses propres blessures pour daigner s'intéresser à celles qu'elle avait infligées à Joanne, et puis le temps était passé, et elle y avait resongé, très souvent, en vérité. Fatalement, parce que sa loyauté avait beau être ce qu'elle était, elle n'était pour autant pas quelqu'un de mauvais, elle s'en était atrocement voulu ; pas au point de considérer qu'elle avait eu totalement tort en plaçant Joanne comme l'unique responsable de la déchéance de son ex-mari, au point cependant de prendre cette métamorphose éphémère pour un signal d'alarme. Yasmine était partie loin, assez loin pour enfin concéder qu'elle aurait dû se montrer moins intransigeante ; mais Joanne aussi l'avait atteinte, et après tant d'année à supporter la détresse des autres, la sienne lui avait paru si impossible à surmonter, accusée par celle qui avait eu le temps d'observer sans jamais broncher, qu'elle avait préféré filer, se sentant minable et embarrassée d'avoir été prise sur le fait. Cette distance qu'elle avait instaurée entre elle et ses secrets, elle lui avait permis de mûrir une sagesse qu'elle entendait bien préserver, et ce malgré les griffes de Joanne qu'immédiatement, Yasmine sentit pointer dans sa direction.

"T'as toujours eu tendance à penser connaître mes intentions avant même que je puisse moi-même mettre le doigt dessus." fit-elle, très calmement, ne démontrant rien d'autre dans le ton qu'elle employa qu'une détermination farouche de lui faire comprendre que, si elle comptait redémarrer les hostilités, elle se fatiguerait plus qu'il n'était nécessaire, puisque de son côté, elle n'y tenait vraiment pas. Et d'ailleurs, elle le verbalisa avec la même tranquillité, non sans dénoter une légère hausse de son rythme cardiaque, quand elle fit un pas en avant pour s'avancer vers la porte qu'elle rejoignit, consciente que la conversation tournerait court, de toute façon "Mais quoi que tu penses, je t'ai pas saluée dans l'idée de déclencher une guerre. C'était il y a longtemps, et…" Pause, le temps de déglutir la bile qui lui monta dans la gorge. Sa voix chevrota un tantinet lorsqu'elle voulut reprendre la parole, alors elle toussa, et puis enfin, elle lui dit "Je suis désolée." Elle n'avait pas besoin d'expliciter, elle saurait pourquoi. Yasmine sentit sa respiration marquer un très court arrêt, mais lorqu'elle haussa les épaules, et qu'elle posa une main près du hublot dans l'idée de pousser la porte assez rapidement, elle avait retrouvé bonne contenance. Elle se retourna vers Joanne pour ne pas lui donner l'impression de lui faire un affront en lui tournant aussi ouvertement le dos, et ajouta, ponctuant son discours par un signe de tête poli "Prends tout ça comme tu veux, moi je sais que c'est sincère, et j'ai passé l'âge de vouloir à tout prix avoir le dernier mot, alors…" Sa main quitta le bord du hublot, remplacée par le bout de son pied qui buta contre le bas de la porte qu'elle poussa pour l'entrouvrir et sortir, tandis qu'elle concluait "Je te le laisse, volontiers."
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Message(#)joasmine ϟ about time  EmptyJeu 28 Fév 2019 - 12:48

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Hassan avait été le point commun des deux jeunes femmes, ainsi que le poids qui maintenait l'équilibre dans leur relation. Un point convergent qui était suffisant pour supporte la présence de l'autre. Ce n'était ni de l'amitié, ni de l'aversion, une sorte de juste milieu qui fonctionnait, plus ou moins. Finalement, elles ne s'étaient jamais accordées le temps pour faire plus ample connaissance. Cela se résumait au strict minimum, et c'était suffisant. Joanne avait toujours eu un petit peur de la proximité de Yasmine et d'Hassan, leur lien si fort, et la brune ne supportait certainement pas non plus qu'elle soit si proche de l'élu de son coeur. Alors, les sourires étaient forcées, les discussions basiques, pour éviter toute tension. Tout ça pour Hassan, au final. Une neutralité qui demandait peut-être plus d'énergie qu'il n'en paraissait pour les deux partis. Mais cette balance s'était déséquilibrée dès que le divorce a été signée, et Yasmine en avait largement profité pour cracher tout son venin, toutes ses pensées en elle qu'elle avait eu le temps de ruminer et de retourner dans tous les sens. Des morts forts et durs que la jeune maman peinait à oublier. Au contraire, cela l'avait motivée à prendre ses distances, par rapport à Hassan et elle. C'était mieux ainsi, s'était-elle dit. Voilà que le Destin avait forcé un peu les choses en faisant croiser leurs chemins alors qu'elles n'avaient plus aucune véritable raison de se parler, ni même de se voir. "Et est-ce que j'ai déjà eu raison ?" lui rétorqua-t-elle avec le même calme dont l'infirmière faisait preuve. Joanne, fleur bleue dans l'âme, était assez observatrice en la matière, et savait reconnaître des sentiments sincères lorsqu'il y en avait. Peut-être que Yasmine ne faisait que le rêver, peut-être que ce n'était que platonique. Le principal était que c'était là et l'aggressivité dont elle avait nié ces faits durant leur dernière rencontre ne faisait que prouver combien elle avait raison. Joanne n'allait certainement interférer quoi que ce soit. Elle savait, et elle ne comptait le dire à personne. Ce n'était pas son but, ni son rôle. Joanne peinait à cacher sa surprise lorsque son interlocutrice lui présentait des excuses. Des mots simples, mais surprenants. Elle semblait prête à enterrer la hache de guerre alors qu'elle avait été la première à se montrer directement agressive envers elle. La blonde prit le temps de sonder son visage, son regard, et ne put qu'y noter une sorte de sincérité. L'infirmière ne comptait pas s'éterniser dans cette conversation qui n'avait qu'instaurer un profond malaise, et, contre toute attente, Joanne finit par souffler timidement. "Merci." Ses yeux étaient encore bas, honteux. Elle n'était pas tout à fait certaine de mériter un quelconque pardon, peut-être pas même de Yasmine. "Pour ce que mes paroles vaillent à tes yeux; merci." Son sourire était à la fois forcé, et triste. A dire vrai, elle était épuisée de toutes ces tensions, de ces incompréhensions, de tout ce qui était négatif. Elle vivait très mal sa relation avec Hassan, ou plutôt, ce qu'elle en avait fait. "Ce n'est pas une question d'avoir le dernier mot." dit-elle, surprise d'elle-même d'avoir été capable de relancer la conversation. "Ni d'avoir un gagnant ou un perdant, ou une revanche ou une justice. Je..." Joanne soupira, regardant ailleurs. Elle n'avait jamais été très à l'aise lorsqu'il s'agissait de discuter avec l'infirmière. Pour une raison inconnue, elle ressentait une sorte de pression vis-à-vis d'elle. "Je voudrais que tout le monde y trouve son compte. Réparer mes erreurs. Faire les choses bien." Ses paroles ne pouvaient pas être plus sincères. Ca ne concernait pas que Yasmine, ou Hassan. Mais aussi Jamie, son fils, ses parents, Sophia. Tout le monde. Joanne pensait que c'était à elle de trouver des solutions, de tout résoudre. "Plus le temps passe, plus j'ai peur de me dire que je n'en suis peut-être pas capable. Pourtant, il faut que j'y parvienne. Il le faut." Elle était certaine qu'elle pouvait faire plus, qu'elle pouvait faire mieux. Ce n'était jamais assez. Jamais. Peut-être qu'elle était trop dure, trop exigeante avec elle-même. Cela expliquerait le fait qu'elle ne se pardonne pas vraiment ses fausse-couches. Un point sensible que Yasmine avait abordé durant leur dernière rencontre, et qu'elle avait piétiné sans hésitation. Parce que pour elle, rien ne pouvait être pire que ce qu'avait traversé Hassan. "Tu as toujours pu être là pour Hassan, et je sais que tu le seras toujours. Et pour ça... Je t'en suis reconnaissante." Ca lui coûtait plus qu'autre chose de l'admettre, mais c'était vrai. Après le divorce, après les périodes difficiles que son ex-mari avait traversé, celle qu'il considérait comme une soeur à part entière avait toujours été présente pour veiller sur lui, et l'aider à le soutenir coûte que coûte. "L'assistante sociale est passée il y a quelques temps pour m'entendre parler d'Hassan. J'ai fait tout mon possible la convaincre qu'il pouvait adopter. Que cet enfant là serait particulièrement chanceux de l'avoir." Il serait un excellent père, c'était quelque chose dont elle n'avait absolument jamais douté. Joanne ne voulait pas davantage s'étendre, ni se plaindre. Elle était mariée, enceinte de son deuxième enfant, avait fait un bond dans sa carrière professionnelle, tout devait aller bien. Seulement, le temps que Jamie passait avec elle s'amenuisait de jour en jour. Le travail, la Fondation, les associations dont il était l'ambassadeur, il avait apparemment de plus en plus à faire. A croire qu'il l'évitait. Joanne ne savait plus vraiment quoi en penser. Mais elle doutait que la belle brune veuille entendre quoi que ce soit à ce sujet.
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Message(#)joasmine ϟ about time  EmptyJeu 14 Mar 2019 - 15:46

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Joanne pensait-elle vraiment qu'elle allait lui répondre que oui, elle avait parfois eu raison de remettre ses intentions en doute en ce qui concernait Hassan ? Prête à faire des efforts, Yasmine estima cependant ne pas avoir à se justifier à ce sujet. Si elle devait le faire un jour – et l'échéance approchant dangereusement, le poids de ce secret si longtemps couvé devenait de plus en plus étouffant, lui faisant constamment craindre l'asphyxie –, ce ne serait certainement pas en présence de la femme pour qui elle ressentait autant de choses contradictoires. Sans la haïr, Yasmine n'avait toutefois jamais beaucoup appréciée Joanne, et au contraire de tout le reste, ça n'avait jamais été un secret pour personne, et sûrement pas pour Hassan. D'ailleurs, elle devait bien s'attendre à ce qu'elle ne veuille pas lui en parler, alors pourquoi insistait-elle autant à chaque fois ? Pour gaiement se gargariser avec la satisfaction d'enfin pouvoir lui lancer, le doigt pointé dans sa direction : "je le savais, je l'ai toujours su !" ? Sur le départ, Yasmine était persuadée que mettre un rapide terme à cet échange était le meilleur moyen de faire amende honorable, de tourner la page sur cette erreur qu'elle s'était souvent reprochée, honteuse de s'être laissée autant emportée, aveuglée par sa loyauté et par ses secrets. Elle s'était excusée, même si c'était un pas de géant, ça lui était pourtant venue extrêmement naturellement, et pour l'heure, Joanne devrait s'en contenter. En échange, Yasmine n'attendait rien d'elle. Aussi subtilement que possible, c'est ce qu'elle essaya de lui faire comprendre en se détournant, comptant sur le bon sens de la future jeune maman pour comprendre qu'il n'y avait rien d'autre à dire, que le chapitre était clos. En fait, c'est pour s'éviter à toutes les deux l'embarras et la lourdeur de l'atmosphère, si palpable qu'en bougeant, Yasmine sentit sa densité s'écraser contre sa peau hérissée par la chair de poule, qu'elle décida qu'il était temps de s'en aller. Mais bien sûr, Joanne ne l'entendait pas de cette oreille.

La suite de sa journée s'annonçait chargée. Déjà prête à reléguer cet interlude inopiné dans un coin de sa psyché, Yasmine s'anima pour pousser la porte, déterminée à reprendre son service. En l'entrouvrant, elle constata, sans trop de surprise, que Molly était adossée au mur, bras croisés sur la poitrine ; elle l'attendait avec un sourire carnassier, bien décidée à la faire passer aux aveux concernant cette rencontre fortuite. Seulement, la voix de Joanne se fit de nouveau entendre. Intérieurement, Yasmine la maudit davantage, pilant sur place pour retenir le pas qu'elle s'apprêtait à faire pour s'engager dans la cage d'escaliers. C'est vrai, pourquoi fallait-il toujours qu'elle en fasse des tonnes ? Là où une personne normalement constituée se serait contentée de l'avancée significative de la situation, bloquée depuis des mois sur leur dernière conversation, elle, elle en profitait pour relancer le débat. Il se peut qu'à ce moment-là, et dans l'intimité douillette de ses pensées, Yasmine se mit à réclamer que le Dieu qu'on l'avait contrainte à prier toute sa vie lui donne suffisamment de volonté pour garder sa ligne de conduite et rester calme, quoi qu'il arriverait. Le pied en suspens au bas de la porte, elle regarda brièvement Molly qui, dans une mine emplie de déception, disparut soudain quand elle laissa la porte se refermer sur elle-même. S'immobilisant devant le panneau, Yasmine resta tout d'abord dos à Joanne, et puis graduellement, elle lui lança un regard hésitant par-dessus son épaule. Elle ne pouvait pas ignorer qu'elle ressentait la sincérité dans les paroles de la jeune femme, aussi consentit-elle à l'écouter, malgré son appréhension qu'à son contact, elle ruinerait toutes ses bonnes résolutions. Les secondes s'égrenant lentement, laissant tout le temps à sa gorge de se serrer très légèrement lorsqu'elle s'aperçut qu'elles entretenaient le même besoin vital d'arranger les choses, elle préféra le signe de tête poli aux paroles pour accueillir ses remerciements. Face à elle, elle n'avait jamais réussi à être très loquace, sans doute à cause de sa fâcheuse manie à faire de la moindre conversation un dialogue de mauvais film dans lequel elle refusait obstinément de jouer. Pendant quelques secondes encore, Yasmine resta donc silencieuse, bien obligée de supporter l'embarras auquel elle avait tant voulu échapper en tournant les talons aussi rapidement ; elle sentit ses mains s'humidifier, et encore une fois, elle se demanda que dire et que faire. Réconforter son interlocutrice était hors de sa portée, lui dire ouvertement qu'elle comprenait ce qu'elle ressentait aussi, alors elle alterna ses signes de tête, avant de se retourner, et de lui répondre enfin, le ton toujours posé, mais le regard fixé sur un détail du sol moucheté du service de pédiatrie.

"T'as pas à être reconnaissante de quoi que ce soit. C'est pour lui que je le fais, pas pour toi." fit-elle, et comme elle reprenait, elle secoua immédiatement la tête, un sourire mécanique, et ironique, remontant ses pommettes bien dessinées. Haussant les épaules en signe de protection, Yasmine leva les mains devant elle dans la même intention, paumes vers l'extérieur "Ecoute, Joanne." commença-t-elle, et dans la foulée, elle l'interrompit. Prenant une grande inspiration qui fit se soulever sa poitrine, et creuser ses clavicules, c'est sur le même ton, calme malgré son cœur qui battait vite sous le tissu fin de sa blouse d'infirmière, qu'elle poursuivit "J'ai pas envie de parler de tout ça avec toi." Par respect pour Hassan en premier et unique lieu ; elle ne voulait pas que les confidences de son ex-femme la mettent dans une position délicate, elle l'était suffisamment depuis quelques temps à son propos pour en plus avoir à supporter l'excès de sentimentalisme de la blondinette à qui elle lança un regard à la dérobée, la tête toujours baissée, cependant "Je suis contente que tu l'aies fait. Ça lui sera sans doute d'un grand secours, et j'espère que ton témoignage pèsera suffisamment lourd dans la balance pour compléter son dossier et enclencher la procédure d'adoption." C'était tellement important pour lui. Yasmine le savait pertinemment, sans pour autant l'exprimer de vive voix, retranchée dans ses bonnes intentions, mais si Joanne avait raté cette entrevue de quelque manière que ce soit, elle la détesterait pour de bon, cette fois-là. Elle marqua un temps pour rassembler toute sa patience. Roulant ses lèvres l'une sur l'autre, elle coinça une mèche de cheveux derrière son oreille pour occuper ses mains humides dont elle ne savait plus quoi faire. Très légèrement, elle opina du chef pour se donner bonne contenance, et enfin, elle releva le menton pour affronter sereinement le regard de Joanne, même si son cœur lui remonta dans la gorge ; elle l'obligea à faire marche-arrière en déglutissant rapidement, et ajouta, flegmatique "Mais franchement, débattre des qualités de futur papa d'Hassan avec toi, même si elles sont évidentes, ça reste au-dessus de mes forces, et je suis sûre que tu le comprends."
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Message(#)joasmine ϟ about time  EmptyJeu 14 Mar 2019 - 21:02

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Au final, ce n'était que comme de la géométrie. Comme deux lignes parallèles, qui étaient initialement destinés à converger par un dénominateur commun. Mais ce n'était que temporaire, à un moment t, avant que les deux lignes ne divergent à l'extrême, s'éloignant vers un infini. Mais, l'équation finissait par changer, un facteur qui se modifiait, un positif qui se transforme en négatif. Et qui, indéniablement, change les courbes pour converger à nouveau. Mais pas trop, juste ce qu'il y avait de suffisant. Et tout parait en vrille, dans n'importe quel sens, jusqu'à voler en éclats. Ces fonctions mathématiques devenaient alors un ensemble de lois physique. Le magnétisme. Comme deux opposés que l'on voulait forcer à se toucher. Nous pouvions y mettre autant de force que possible que cela ne changerait rien. C'était impossible. C'était le cas de Joanne et Yasmine et la brune ne fit que trouver un moyen pour le lui rappeler durement. Du moins, suffisamment pour que cela heurte son interlocutrice, elle qui faisait au mieux pour arrondir les angles. L'infirmière avait eu au moins la gentillesse de l'écouter, plutôt que de l'ignorer en continuant son chemin. Elle n'aurait pas voulu  voir son sourire forcé, mécanique. Elle n'aurait pas voulu voir son air las, qu'elle en avait assez de discuter avec elle. Peut-être que pour elle, cette conversation n'avait aucun intérêt, peut-être que les efforts de Joanne ne rimaient à rien. Pire, peut-être qu'elle doutait aussi de la moindre de ses paroles, comme Hassan. Et Joanne aussi, était las. Que ses efforts ne soient pas productifs, que l'on ne désire pas y être réceptif. Les hormones extrapolaient un peu ses émotions, n'arrangeant pas son affaire. C'était frustrant, de ne pas se faire entendre ni comprendre. Elle savait bien qu'elle ne pouvait que s'en prendre à elle-même, mais qu'on ne veuille pas réellement lui accorder de chances était épuisant. Des efforts dans le vide. Et elle ne le vivait pas bien. Ses yeux papillonnaient très discrètement, ses yeux se retrouvaient subitement bien humides. Voilà qu'elle se maudissait d'être aussi émotive. Elle acquiesça d'un discret signe de tête. "Je comprends." souffla-t-elle d'une voix faiblarde, esquissant un sourire forcé durant un dixième de seconde Le genre de rictus qui tentait de faire croire qu'elle allait bien, que ça allait bien lui passer, qu'elle était plus forte que ses yeux bordés de larmes, qui faisaient croire l'inverse. Ce n'était pas une dure à cuir, même Yasmine le savait. Joanne avait bien compris qu'elle ne voulait pas que cette conversation se poursuive davantage. Elle avait sûrement des choses bien plus intéressantes à faire. La petite blonde avait jeté un rapide coup d'oeil sur les portes battantes, pour constater par la porte du hublot, la collègue infirmière qui semblait s'impatienter, trépignante d'impatience du moindre potin. Du moins, c'était ce que Joanne ressentait. Au moins, Yasmine avait le mérite de ne pas mâcher ses mots. "Je devrais te laisser." dit-elle après une très longue minute d'un silence particulièrement lourd. "Ta collègue a l'air de t'attendre avec impatience." dit-elle en faisant un discret signe de tête en direction de la porte battante, où l'infirmière se trouvait juste derrière. Joanne trouvait que cette opportunité était gâchée. Un malheureux hasard, un coup de poker du destin. Joanne ne connaissait ni la raison, ni le but de cette rencontre inopinée. "Prends soin de toi." dit-elle en toute sincérité. Elle avait prononcé les mêmes mots à Hassan et il les lui avait retourné. Joanne ne doutait pas une seule seconde du fait qu'il pensait réellement ces mots, mais elle était étonnée qu'elle puisse le lui souhaiter alors qu'elle lui avait fait autant de mal. Elle n'éait pas certaine de le mériter. Que Yasmine lui réponde ou non n'avait pas d'importance. Joanne se doutait bien que ça n'avait rien de réciproque, que Yasmine devait également ressentir beaucoup de rancoeur envers elle. Joanne réajustait sur son épaule la sangle de son sac à main. Elle regardait devant elle, derrière elle, ayant soudainement une vague amnésie lui ayant fait oublier par quel chemin elle pouvait prendre pour rejoindre, enfin, la sortie de l'hôpital. Pendant un instant, elle était totalement perdue. Pas seulement dans l'espace. Juste perdue. Elle ne savait plus quoi faire avec Jamie afin de pouvoir le rendre heureux à nouveau, elle ne savait pas quoi faire avec Hassan pour regagner sa confiance, elle ne savait pas quoi faire avec Yasmine non plus. Un instant de désespoir, qui n'avait duré qu'une fraction de secondes et qui ne lui donnait que l'envie d'aller récupérer Daniel et de profiter de sa présence, de passer du bon temps avec lui afin de se changer les idées, afin de pouvoir également prendre soin de Jamie, d'être là quand il en avait besoin. Tout semblait désespéré, inévitable. Pourtant Joanne ne parvenait pas à s'y résoudre. Elle n'avait jamais été amie avec Yasmine, elle n'en demandait pas tant. Seulement que les tensions s'apaisent. Cela devait forcément peser sur la brune également. Sa relation avec Hassan devait sûrement lui peser aussi. Peut-être pas autant qu'à elle. Elle se demandait comment certaines personnes étaient capables de vivre tout en sachant être en mauvais terme avec quelqu'un d'autre. Elle ne pouvait pas abandonner. Cela lui était inconcevable de rayer Hassan de sa vie, de savoir qu'ils étaient incapables de se voir normalement, de discuter sans cette ambiance qui leur pesait, tout ça à cause des erreurs de Joanne. Mais comment réparer ? Là était la question principale, pour laquelle elle ne trouvait toujours pas de réponses, à son grand désarroi. Et elle avait beau fixer la porte au bout du couloir, visible juste au dessus de l'épaule de Yasmine, qu'elle allait trouver la solution. Joanne sortit de son absence par un léger sursaut, avant de croiser une dernière fois le regard de l'infirmière, avant de se décider de mettre un pied devant l'autre, l'air épuisé. Elle aurait bien voulu certifier à Yasmine qu'elle ferait tout son possible pour qu'Hassan accepte volontiers qu'elle fasse à nouveau partie de sa vie, en tant qu'amie, mais elle doutait fortement que la brune puisse croire en ses paroles, beaucoup mises en doute ces derniers temps, et à raisons.
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Message(#)joasmine ϟ about time  EmptyMar 19 Mar 2019 - 19:38

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Yasmine s'était quelquefois demandé pourquoi Joanne et Hassan s'infligeaient toute cette souffrance. L'une, Joanne, avait réussi à refaire sa vie après son divorce, et de ce qu'elle en savait, malgré les épreuves qui avaient jalonnées ses efforts de mener une vie parfaite avec son nouvel époux, elle paraissait plutôt heureuse. Elle avait enfin réussi à avoir un enfant, et la petite bosse adorable qui pointait sous l'épaisseur relative de son manteau présageait davantage de bonnes choses dans un avenir proche. Sincèrement, et ça voulait dire sacrément quelque chose si on prenait en compte les reproches injustes qu'elle lui avait faits dans le passé, Yasmine était ravie pour elle, ravie pour eux. L'autre, Hassan, au contraire éprouvait plus de difficultés. Il avait porté son ex-femme au rang élogieux d'exception, et préférant désormais mener sa routine en solo, il entendait cependant la bousculer un peu en comblant le même désir que celle qu'il avait quittée plusieurs années auparavant. Néanmoins, il tenait farouchement à garder l'assurance d'être maître de son Destin, puisque ce dernier lui avait tant fait défaut lorsqu'il l'avait laissé décider à sa place, faisant toute confiance aux promesses apportées par ses rêves et sa jeunesse. C'était un fait regrettable, mais en chemin, il s'était parfois laissé tenter par des terrains dangereux. Il s'était toutefois laissé approcher de nouveau pour ne plus jamais s'y perdre – du moins, Yas l'espérait, malgré la distance qui se creusait entre eux –, et aujourd'hui, c'était celui de l'enfant qu'il accueillerait peut-être bientôt qu'il tenait à bâtir de ses propres mains, beaucoup trop marqué par les épreuves pour consentir à s'engager et vivre cette nouvelle et grande aventure avec quelqu'un. En dépit de leur vie menée différemment chacun de leur côté, il y avait pourtant toujours un moment où le chemin des ex-époux se croisait, et tandis qu'ils savaient tous les deux que, même si c'était sans le vouloir, ils rumineraient trop longtemps sur ce qu'ils se reprochaient et sur les souvenirs, bons et mauvais, qu'ils avaient partagés, ils s'échinaient quand même à essayer de préserver la dernière fibre de ce qui avait été leur histoire commune. Ce n'était vraiment pas sain, finalement, relevant d'un mécanisme d'autodestruction pure, et alors qu'elle avait longtemps songé aux raisons qui la poussaient à ne pas porter Joanne dans son cœur, Yasmine, elle, avait fini par admettre, non sans peine, que la blonde n'était pas la seule responsable de ce schéma dont elle-même avait été le témoin involontaire : voilà pourquoi elle tenait aussi à ce que les choses se neutralisent entre elles deux. A une époque pas si lointaine, Yasmine l'avait mal jugée, la rendant coupable de beaucoup de choses, sans prendre en compte que dans une histoire comme celle qu'elle avait vécue avec Hassan, il fallait distribuer les torts pour que ce soit juste. Elle le confessait, sa loyauté et son manque d'objectivité criant à l'encontre du jeune homme lui avait fait défaut à ce sujet. Aussi, ses excuses présentées, elle s'estimait vraiment heureuse que Joanne les ait acceptées – de son côté, c'était tout ce à quoi elle avait aspiré en acceptant de l'écouter, et compte tenu de ce qu'elle lui inspirait d'ordinaire, elle considérait que c'était déjà pas mal.

"Très bien." ajouta-t-elle, sentencieuse, mais posée, quand Joanne lui assura qu'elle comprenait sa façon de voir les choses. Il était désormais inutile de s'attarder, et opinant du chef pour la saluer silencieusement, elle remua sur ses pieds, parée au départ. La bouille de Molly apparut lorsqu'elle entrouvrit la porte, et impatiente, elle lui demanda sur un ton de gentils reproches "On peut y aller, princesse ?" Replaçant mécaniquement ses cheveux dans son dos, elle fit un pas en avant vers Molly avec l'impression grisante d'avoir fait ce qu'il fallait. Elle ne s'était pas montrée brutale ; en revanche, elle avait été très claire, et un certain soulagement se lut sur son visage quand elle comprit qu'elle était maintenant autorisée à tourner les talons sans avoir à regretter quoi que ce soit de ce qu'elle venait de dire. En d'autres termes, elle venait de se délester d'un poids qui avait pesé tellement lourd sur sa poitrine au cours des derniers mois, qu'en l'espace d'une seconde à peine, elle fût convaincue que tous ses soucis trouveraient bientôt une solution, comme si une décharge de courage venait soudain de rallumer l'optimisme singulier qui faisait sa si bonne réputation.
Enfin, ça ne suffisait à rien de sombrer dans l'hypocrisie. Il n'y avait plus aucun angle à arrondir entre elles : Yasmine avait décidé de bannir Joanne de sa vie sitôt qu'elle avait abandonné le nom d'Hassan pour celui d'un autre, l'exemptant de la corvée de la considérer comme une sœur par alliance, ce qu'elle ne s'était jamais résolue à essayer de faire, même pas pour faire plaisir au jeune homme. Elle avait sa conscience pour elle désormais, et très franchement, elle réussirait très bien à vivre avec l'idée qu'elles ne seraient jamais proches et même qu'elles ne se reverraient peut-être jamais plus. Pour elle, le chapitre était définitivement clos, et en choisissant de répondre à la blonde "Toi aussi, bon courage pour la suite.", après s'être brièvement retournée avant de suivre Molly, laissant la porte se refermer sur elle-même, elle tourna la page de ce volume indigeste qui lui avait tant déplu, et sur lequel elle ne porterait plus jamais le regard : c'était enfin fini.

rp terminé.
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