On t’a dit que la soirée était chic. On t’a dit qu’il allait y avoir plein d’alcool à déguster. On t’a même dit que c’était gratuit. Il ne t’en fallait pas plus pour accepter. Alors t’as mis ta nouvelle chemise que tu t’es offert la veille. Ça tombe à pic tout ça. Tu préfères l’étrenner à une soirée classe qu’au boulot. Dans tous les cas t’es magnifique, juste que ce soir va y avoir plus de monde qui va profiter de la vue donc c’est mieux quand même.

T’arrives sur place, seul, parce que ça te fait pas peur de sortir tout seul. Tu sais que tu trouves toujours quelqu’un pour passer un bon moment. T’es grave sociable si la personne en face montre qu’elle a du bon sens, sinon tu te fais pas chier longtemps. Thank u, next.

Et puis la surprise une fois sur le toit. La mauvaise surprise. C’est pas du tout gratuit les boissons et toute la bouffe à disposition. Merde. Fais chier. T’as terminé ton budget loisir avec l’achat de cette chemise la veille et faut que t’essaies de pas trop taper dans tes économies pour la semaine qu’il reste de ce mois de janvier. Fais chiiiiiiier. Bon, c’est pas grave. Tu réfléchis. Tu vas te démerder à te faire offrir à boire toute la soirée. Challenge accepté. C’est parti. Direction le bar parce que tu vas pas t’incruster à une table avec des gens… Quoi que. Ca se tente. Mais non tu commences par le bar, y’a de quoi faire déjà par là. Surtout qu’il est bien grand, y’a un tas de barman, c’est pas foule, c’est parfait.

Tu t’assois à côté d’une personne qui a l’air seule et t’y vas direct. Sans honte aucune. Tu arbores ton plus beau sourire avant de prendre la parole.

« Tu m’offres un verre ? »

Quoi ?

Avec le départ de Danny, Leonardo avait été confronté à un choix cornélien : soit s’enfermer dans son petit studio jusqu’à ce que mort s’en suive, soit continuer de sortir mais en solitude, comme lors de la malheureuse soirée où il s’était retrouvé entre Chad et Andy. Et si l’envie de devenir une Danaé des temps modernes le tentait bien, ce n’était pas la meilleure solution pour trouver de quoi combler sa solitude. Alors, sous conseil des grands sages de sa vie (lire : Milena), il avait pris son mal en patience et s’était rendu à une soirée organisée dans le cadre du Brisasia festival. Il s’était donc mis sur son trente-et-un, avant de se rendre peinard jusqu’au rooftop. L’entrée étant gratuite, il s’était attendu à ce que ce soit plutôt rempli, mais il n’en était rien. Peut-être qu’il était arrivé trop tôt, ou peut-être que la vrai fête se faisait ailleurs. Et en s’asseyant à un comptoir presque vide, Leonardo s’était dit qu’il aurait peut-être mieux fait de rester chez lui. Après tout, il pouvait très bien siroter un cocktail en surfant sur son téléphone depuis son canapé, dans ses pyjamas les plus confortables. Mais comme il était déjà arrivé et qu’il fallait marché un petit bout pour qu’il puisse rentrer, il décida de rester, avec pour seule compagnie celle de son portable.

Du moins… jusqu’à son arrivée. Le Grimes ne s’attendait pas à ce qu’il vienne à la soirée, encore moins qu’il vienne s’installer à ses côtés. Après tout, leurs dernières retrouvailles n’étaient pas des meilleures, et depuis que Danny était parti ils n’étaient même pas obligés de faire semblant de s’ignorer. Pour se donner la force d’affronter cette rencontre inopinée, il vida son verre à moitié rempli d’une seule traite, avant de prendre la parole avec tout le sarcasme dont il pouvait faire preuve (c’est-à-dire affreusement peu, mais on ne pouvait pas trop lui en vouloir). « Je vois que la politesse est toujours ton fort, Andy. » Si la situation aurait été gênante en soi, le fait que Leonardo ait ghosté le photographe sur Grindr n’arrangeait pas vraiment la situation. Il cherchait le meilleur prétexte de partir en courant – peut-être que Milena allait venir à se rescousse s’il la textotait en panique ? – il passa une nouvelle commande à la barmaid, n’oubliant pas le moocher à ses côtés. « Un autre vodka martini pour moi. Et… ce qu’il veut, j’imagine. » Il reprit allègrement son verre, enfilant sans trop attendre la paille fluo dans sa bouche. « Quel bon vent t’emmène ici-bas ? » Peut-être qu’il avait oublié qui était Leonardo ? Ou qu’il allait faire comme si de rien n’était ? Connaissant le personnage, ça l’aurait quelque peu étonné – mais il pouvait au moins espérer éviter un tel shitstorm de gêne.

« ¡Hijueputa! »

C’est la première chose qui te vient en tête quand tu vois le visage de la personne que tu viens d’accoster au bar. Pourquoi faut il que ça tombe sur lui ? Lenny ? T’es plus sûr de son prénom depuis le temps mais y’a un L tu te souviens de ça. Lui se rappelle bien du tiens par contre. T’es inoubliable en même temps, ça se comprend. Il est vrai que vous avez eu une brève interaction y’a pas si longtemps via Grindr. Quand t’as vu sa tête t’as swiped right sans aucune honte. Pourquoi pas ? Il n’a pas répondu cependant. Lui qui a loupé quelque chose. Toi t’as trouvé un autre gars pour la nuit. Il te fait quand même sourire quand il parle de ta politesse. Tu te trouves super poli pour être honnête. A moins qu’il fasse référence à toutes les choses sales que tu as dit la dernière fois que tu l’as pris dans la salle de pause du studio photo où tu bosses ? Ok, dans ce cas là il a raison. Quoi tu te souviens de ça ? Ouais faut croire. Il est le dernier que t’as baisé sur ton lieu de travail.

« S’il te plaît ? »

T’es pas avare de politesse quand tu peux choper un verre - ou plus - à l’oeil. Alors tu le lui sors sans aucun problème. T’installant carrément à côté de lui, sur le siège, quand il confirme qu’il te paie un verre. WIN.

« Je vais prendre une Margarita. »

« C’est spécialité de l’Asie ce soir monsieur. »

« Une Margarita Made in China alors. »

Le barman te fait un sale regard, il est pas amusé. Chill dude.

« Un truc sucré de votre spécialité. Et crache pas dedans, je te surveille. »

Gosh Andy tu vas te faire virer en deux seconde. Mais non, tu fais un beau sourire au gars pour lui faire comprendre que tu plaisantes. Tu le mates même un petit peu au cas où ça puisse rebooster son égo. Parce que naïvement tu te dis que venant d’un gars ça le dérangera pas. T’aimes bien t’imaginer que le monde est toujours LGBT friendly. Et puis y’a Lenny qui te demande quel bon vent t’amène.

« On m’avait dit que y’avait de l’alcool à l’oeil. On m’a menti, je me sens trahi. Genre, vraiment. J’ai pas d’argent. Je suis pauvre. »

Dit le gars qui va à Vegas dans quelques mois avec une chemise - pas cheap - flambant neuve.

« Heureusement que t’es là pour sauver ma soirée. »

T’exagères juste un petit peu. Mais c’est vrai au fond. S’il peut te payer des verres, c’est la meilleure soirée.

« Alors quoi de neuf depuis l’autre jour ? T’as des nouvelles du pompier ? Il m’a pas encore contacté. »

Et tu papillonnes de yeux parce que oui, ça c’est un sujet qui t’intéresse énormément.

Décidement, Leonardo allait finir par ne plus jamais sortir, du moins seul. Dans d’autres circonstances il aurait peut-être pu apprécier la présence du Rivera et la personne qu’il était, mais à ce moment-là il était trop occupé à tirer une mine désolé pour le barman qui l’avait fixé comme si Andy était son copain – l’idée suffisait pour lui donner des frissons. Il sirota un peu plus son verre de par sa paille d’un rouge fluo, remarquant que la dose de vodka n’était pas des moindres. Au moins ça rentabilisait son argent, n’est-ce pas ? « Tiny violin. Qu’est-ce que c’est dur d’être toi, je sais pas comment tu t’en sors. » S’il devait être honnête, il ne pensait absolument pas qu’Andy était un écervelé animé par son pénis – peut-être qu’il était certes animé par le sexe, mais il avait l’impression que le photographe cachait sciemment des parties de lui qu’il n’avait aucunement envie d’exposer, ce qu’il ne pouvait pas vraiment lui reprocher. Ou du moins, c’est ce qu’il espérait puisse expliquer sa façade arrogante et à ce point sûre de lui. Et s’il jouait consciemment le rôle du relou-en-chef, le Grimes ne pouvait qu’être admiratif des dons d’acteur du Rivera. Malheureusement, ça ne rendait pas les circonstances de leurs retrouvailles plus joviales.

Sentant l’effet que l’alcool commençait – déjà – à avoir sur son corps, Leonardo reposa son verra à moitié plein sur le comptoir, avec la délicatesse d’un démineur. Il ferma ses yeux quelques secondes, histoire de se remettre sur pattes, tout en répondant au tac-au-tac à Andy. « Je sais, tu serais perdu sans mon aide précieuse et je te sauve la vie. Je compte sur ta galanterie pour me revaloir ça. » Il rouvrit les yeux, le regard fixé sur un Rivera bien trop satisfait d’avoir obtenu ce qu’il voulait. Mine de rien, il devait avouer qu’il avait un charme fou, et sa chemise – qui avait l’air de coûter plus cher que toute sa garde-robe – s’occupait de mettre en valeur tout ce qu’on pouvait trouver en-dessous. Malheureusement, son attitude suffisait à tuer toute envie qu’il aurait pu ressentir à son sujet autre que le frapper. « Fais gaffe à toi, tu vas te retrouver avec un restraining order collé au cul et on pourra même pas lui en vouloir pour ça. » Il ne put s’empêcher de ressentir de la peine pour Chad, qui baiser à part – ce qui n’était pas à négliger, certes – n’avait pas eu l’air très emballé d’être avec le Rivera. Et si Leonardo était content de savoir que son ancien coach ne l’ignorait pas lui spécifiquement, il espérait bien ne pas être au même niveau qu’Andy. Et au fin fond de lui, il espérait bien ne pas avoir à supprimer son numéro de sitôt. Il reprit la parole en soupirant, agrippant à nouveau son verre. « Pour répondre à ta question, je n’ai pas eu de ses nouvelles. » Il prit une nouvelle gorgée à travers sa paille, avant de reposer le verre et se retourner vers Andy. « Mais j'ai envie de dire que si toi et moi on avait des choses à se raconter de ce côté-là, on siroterait pas des cocktails en aussi charmante compagnie ici-haut. » Après tout, il était venu tout aussi seul que lui. Et au moins, on ne pouvait pas dire qu’ils s’ennuyaient ensemble, n’est-ce pas ?

Il est sarcastique à fond et il en a rien à foutre de tes états d’âmes. Le gars ne te brosse pas dans le sens du poil. Et ça te plaît un peu trop. Il fait mention de ta galanterie ensuite. You’re going there mate ? Ok.  Tu regardes le Lenny un peu trop parce que ce type est beaucoup trop fine pour son bien. Et son petit côté garçon sage et tout propre sur lui te plaît légèrement trop. I wanna make him dirty. Again.

Il te parle de restraining order et ça te fait grave sourire. Tu n’es pas du genre à jouer avec la justice. T’es réglo comme mec, mais ça t’amuses de voir qu’il puisse te penser capable d’une façon ou d’une autre à aller aussi loin. Nope. Pas ton truc de stalker les gens. De les harceler. Tu trouves toujours un cul pour te satisfaire, t’as pas besoin de t’acharner sur une même personne si celle ci ne le veut pas. Sauf que Chad, c’est vrai, le fait qu’il soit pompier, les rares fois où tu l’as croisé, t’as tenté ton coup. Mais jamais plus que ça.

« Tu me surestimes. »

Parce que t’as pas cherché à voir Chad. T’as même pas cherché sur les réseaux sociaux. Actually I did. Oh Andy… Mais y’a ton verre qui arrive et tu bois une bonne gorgée de… Tu sais même pas ce que c’est mais y’a de l’alcool, c’est sucré et c’est gratuit. Good enough. Et Lenny t’avoue qu’il n’a pas eu non plus de nouvelle du pompier. Et puis il parle de cocktail, de là haut, de compagnie hmmm ok.

« Je connais tous les mots que tu as dit mais j’ai rien compris à ce que tu viens de dire. »

Les joies de ne pas être natif anglophone. T’as jamais honte de dire que t’as pas compris ce qu’on vient de te dire. Au début tu allais avec le flow, en faisant genre, en acquiesçant, mais quand ça t’a mis dans des situations de merde, t’as arrêté. T’avais 20 ans, ça remonte tout ça.

« Merci pour le verre. »

Parce que non. T’es pas un connard. Tu sais être reconnaissant. Je veux aussi d’autres verres. Faut ce qu’il faut. Et tu le regardes. De ce regard qui veut dire : Wanna bang ?

Leonardo ne put s’empêcher de regarder Andy d’un air très dubitatif. S’il osait espérer qu’il ne finirait jamais par stalker quelqu’un, il le voyait mal baisser les bras au premier refus. Le Rivera se déplaçait sur cette terre comme si tout lui était dû – contrairement au pauvre Grimes, qui était prêt à s’excuser de voler de l’oxygène en respirant. Si Andy pouvait insister par pur plaisir de la chair, Leonardo le faisait pour compenser ses complexes avec l’amour des autres – là où l’un pouvait rebondir sans aucun souci à la prochaine personne, l’autre était un peu plus brisé à chaque départ. Et si ce dernier avait toujours envie d’en venir aux mains avec le photographe, il aurait peut-être dû apprendre quelque chose au sujet de la confiance en soi de lui – mais pour ça ils auraient tous les deux dû en avoir envie, et ils étaient encore loin d’avoir ce genre d’entente-là. Leonardo reposa son verre vide, ne sachant pas vraiment que faire de cette info-ci – peut-être qu’il devait se calmer sur l’alcool ? Malgré tout ce qu’on pouvait dire au sujet d’Andy, il n’allait aucunement être responsable de l’état de son foie après coup.

Et en parlant justement de cela, Leonardo ricana doucement quand Andy lui avoua ne rien avoir compris à ce qu’il avait dit. Non pas parce qu’il se moquait de l’hispanophone, mais bien parce qu’il était bien pathétique s’il était déjà incompréhensible à une oreille sobre si tôt dans la soirée. « Ça doit être l’alcool. Je m’emmèle un peu les pinceaux, vois-tu. Lo siento, cariño. » S’il parlait très bien espagnol, il manquait affreusement de pratique – ce qui expliquait son accent encore trop italianisé. Leonardo se frotta quelque peu les yeux, sentant que son corps protestait contre les quantités d’alcool qu’il avait déjà ingéré. « Toujours là pour ça. » Il prit une grande inspiration, essayant de se remettre sur pattes parce qu’il était bien trop tôt pour être soûl – même si ses joues rougies pouvaient suggérer aux autres son état. S’il était incapable de lire le regard d’Andy qui réclamait de l’alcool supplémentaire, le barman se chargea de remplir leurs verres à nouveau, sans vraiment avoir besoin qu’ils en redemandent. Sentant tout d’un coup la nausée monter, il posa sa tête sur l’épaule d’Andy, tout simplement parce qu’elle était devenue bien trop lourde à tenir. « Creo que estoy… piripi ? Borracho ? » S’il avait déjà dit au revoir à sa dignité, il espérait juste ne pas finir par vomir aux pieds du Rivera. En matière de retrouvailles, il aurait pu imaginer mieux.

Lenny met le compte de ton incompréhension sur son alcoolémie apparemment importante. T’avais pas remarqué qu’il était déjà bien éméché. C’était pas anormal pour toi de ne pas comprendre un anglophone parfois. Tu apprends des mots quasi tous les jours malgré le fait que tu sois dans le coin depuis un moment maintenant. Ca te fait quand même bien kiffer ces quelques mots qu’il te sort en espagnol. Ok. He’s cute. Tu comprends pourquoi les non hispaniques kiffent ton accent quand tu parles leur langue. Ca marche très bien sur toi aussi dans le sens inverse.

Le gars est vraiment cool quand même. Il fait genre il est à ta disposition quand t’as besoin de boire un verre à l’oeil. Tu vas t’en souvenir. Tu vas le rappeler. Et tu le vois en train de respirer un peu trop profondément pour que ça présage quoi que ce soit de bon. Lenny va bien ? T’as pas envie que la soirée se termine déjà pour lui. Parce que tu veux d’autres verres. Parce que aussi tu voulais le prendre quelque part. En souvenir du bon vieux temps. Parce que vos coups ensemble à tous les deux ça remonte à plus d’un an mine de rien. Il vient poser sa tête sur ton épaule. Doesn’t sound good. Il te parle dans un espagnol approximatif de nouveau, mais tu comprends ce qu’il veut dire par là.

« Toutes les excuses sont bonnes pour te coller à moi. Je comprends. »

Et tu vas passer ton bras autour de ses épaules genre pour le maintenir. Tu sens bien que le gars est vraiment pas bien et que y’a rien qui va se passer entre vous ce soir. Même pas un verre de plus et c’est le plus triste limite dans l’histoire. C’était si bien parti de ce côté là. T’aurais pu boire encore à l’oeil un moment. Mais non. Il va filer.

« Je t’appelle un Uber ? »

Parce que t’es pas une pute contrairement à ce qu’on peut dire. S’il est mort, vaut mieux qu’il rentre chez lui. Et vaut mieux qu’il prenne un Uber pour pas finir dieu sait où au milieu de la ville.

Tout compte fait, Leonardo devait avouer que l’épaule d’Andy était bien confortable. C’était peut-être égoïste de l’utiliser comme un simple objet, mais le photographe ne semblait rien avoir à redire au sujet. Et malgré tout ce qu’il pouvait critiquer au sujet du Rivera, il devait avouer que c’était vachement agréable comme position, et il y avait de bien pires personnes sur qui il aurait pu s’affaler. Il ne put s’empêcher de pouffer de rire à l’arrogance d’Andy, toujours aussi fier de lui. « Percé à jour. J’essayais de me la jouer difficile, mais on peut rien te cacher. » Il se releva tout de même, n’ayant pas envie d’imposer sa présence sur un Andy qui n’avait rien demandé – même si ça n’avait pas eu l’air de le gêner tant que ça, à vrai dire. Mais faire au moins semblant d’être sobre et lucide allait sûrement l’aider à faire comme si de rien n’était, n’est-ce pas ?

Le Rivera lui proposa d’appeler un Uber pour qu’il rentre chez lui sans soucis, et Leonardo ne put s’empêcher d’être rassuré par cette attention, mais balaya la proposition d’un revers de main. « Nah, je suis pas aussi mal en point… je crois. Si ? » Il regarda Andy d’un air dubitatif, comme se concentrer sur son visage allait l’aider à savoir s’il était ou non en état de rester. Le Grimes ne put s’empêcher d’entendre que la musique avait changé – et pour cause ; connaissant la discographie de Britney du bout des doigts, il n’eut pas de mal à reconnaître 3. S’il appréciait de tels choix musicaux, il ne pouvait s’empêcher de se demander ce que Britney faisait dans une soirée pour le nouvel an chinois. Et si les paroles n’étaient pas des plus fausses, il n’avait pas besoin de penser à ça dans un tel état – il reporta donc son attention sur Andy, posant la première question qui lui passait par l’esprit. « Qu’est-ce que tu penses de Britney ? » Alcool dans le sang ou non, il était prêt à prendre ses quelques affaires et partir si Andy répondait qu’il ne pouvait pas la voir en peinture. Leonardo pouvait supporter beaucoup de choses, mais il avait lui aussi ses limites. Profitant de l’attention du barman, il en profita pour repasser commande tant qu’il le pouvait, tout en lui tendant sa carte. « Est-ce que je pourrais avoir un verre d’eau glacée, s’il-vous-plaît ? Et… ce que mon ami veut. » Certes, les deux n’en étaient peut-être pas encore à ce stade là, mais ‘’mec que je me suis tapé deux fois avant de découvrir que mon meilleur ami l’avait embrassé, ce qui avait fâché mon autre meilleur ami, et que j’ai ensuite revu avec un certain pompier alors qu’ils venaient de s’embrasser langoureusement’’ sonnait beaucoup moins bien.

Il rentre dans ton jeu et ça te fait sourire. Il est chill le Lenny. Chill et ivre. Malheureusement. Trop ivre pour pouvoir profiter encore un moment de la soirée avec lui apparemment. Mais il se détache de toi. Tu gardes ton bras dans son dos malgré tout parce que ouais, peut être bien que tu kiffes le contact. Juste le contact, pas son contact.

Lenny dit qu’il va pas trop mal. Ok. S’il le dit. Il avait pas l’air, sa tête contre toi juste avant. Ou bien il a véritablement fait ça pour se coller à toi ? Ca se peut quand on y réfléchit bien. C’est bien un move que tu ferais toi si y’a un hot guy à qui tu veux te frotter.

Et puis il te dévisage, et tu en fais de même. What ? Et il te demande ce que tu penses de Britney. Un large sourire te vient sur les lèvres. Ca c’est clairement un sujet que t’apprécie. Un sujet que tu as déjà abordé 15 000 fois avec Lene.

« Tu veux dire Queen Britney ? »

Et il a l’air d’apprécier ta réponse parce qu’il commande un nouveau verre. Il a vraiment juste voulu se coller à moi et je suis ok avec ça. Ou bien il veut juste se mettre encore plus mal qu’il ne l’est déjà et tu le mettras juste dans un Uber plus tard que maintenant. En attendant, tu bois à l’oeil et tu débats sur Britney. La belle vie. Tu décolles ton bras de son dos.

« Remet moi la même chose. Sauf si je peux avoir une Margarita depuis tout à l’heure. »

Le barman ne rit pas. Toi si. T’es vraiment qu’un petit con et tu le sais. Tu reportes ton attention sur Lenny.

« J’ai pas vraiment d’album favoris. Y’en a pas un qui me fait kiffer plus qu’un autre. J’ai mes favorites et celles que je skip sur tous. Mais ouais pour le symbole j’ai envie de dire que mon préféré resterait quand même ‘In The Zone’ mais c’est sûrement parce que c’est celui qui me plaît le plus esthétiquement parlant. »

On sent le photographe qui parle.

« Et j’adore ‘Circus’ même si la plupart des gens disent qu’elle n’est plus rien depuis son breakdown. Depuis son retour avec ‘Blackout’. C’est faux. Elle est clairement tout au contraire. »

T’aimes Britney de tout ton coeur et putain de merde ça se sent. Tu balances les noms comme un rien parce que t’es sûr qu’il est tout à fait familier avec toute la discographie est les gros évènements de vie de Britney.

« ‘Femme Fatale’ est aussi dans mes favoris. 'Till the world ends' est... »

Tu fais le signe 'ok' avec les doigts. T'as beaucoup d'amour pour cette chanson. Et ton verre est servi, et tu termines l’autre que tu avais encore devant toi. Tu regardes Lenny en même temps parce que tu attends à ce qu’il réplique avec son point de vue sur tout ça bien évidemment. Ca c’est de la conversation de qualité. Tu aimes beaucoup trop. Et ça se voit.

Dieu merci, Andy faisait partie des gens respectables – c’est-à-dire qui partageaient son avis en matière de Britney. Il se serait bien levé pour partir de manière très dramatique le cas contraire, mais il ne faisait pas encore vraiment confiance à ses jambes. Peut-être qu’Andy l’aurait escorté sur son dos – il semblait avoir les muscles pour, en tout cas – mais heureusement pour lui, il n’aurait pas à lui demander. Leonardo sentit la main du Colombien se détacher de son dos, mais il devait avouer qu’il ne l’avait pas vraiment remarquée jusque-là. Il ne put s’empêcher de sourire lorsqu’Andy évoqua sa préférence pour l’esthétique d’In The Zone, mais il ne pouvait juger d’aussi bons goûts. « Perso, je dois avouer que mon préféré est sûrement Circus, mais il fonctionnerait moins bien sans Blackout juste avant je pense. » Ayant eu la vingtaine au moment de leur sortie, il se souvenait très bien du bruit médiatique que sa vie personnelle avait eu, et le traitement affreux qu’on lui avait réservé. « Mais déjà, If You Seek Amy est clairement l’une des chansons les mieux pensées de cette planète. Pareil pour 3. Les paroles sont un peu space quand t’écoutes bien, mais c’est justement ça qui les rend bien. » Leonardo prit son verre d’eau pour commencer à le siroter, ne prenant qu’une très brève pause avant de reprendre sa tirade. « Je pense que la quasi-totalité de ses chansons, j’ai dansé bourré dessus. Sans blague. » Toute personne lui ayant donné le contrôle de la musique dans lesdites occasions avait bien vite compris la portée de ses erreurs, malheureusement. « Et son concert pour Circus qu’elle a fait ici… sûrement le meilleur de ma vie. Ça me fait presque regretter de pas être parti m’installer à Vegas, ce serait plus simple d’aller la voir là. » C’était le côté négatif de la vie en Australienne ; rares étaient les artistes qui faisaient le trajet jusqu’à l’île-continent, ce qui rendait le choix de concerts quelque peu restreint. Leonardo se rendit compte qu’il appréciait de plus en plus la compagnie d’Andy, et ce n’était pas uniquement grâce à l’alcool ; en règle générale, il avait rarement l’occasion de discuter de Britney avec qui que ce soit qui s’y connaisse vraiment, et Andy avait l’air de ne pas être un novice au sujet. « Mais ouais. Je pense que ceux qui s’arrêtent avec Blackout sont les mêmes qui râlent parce que Lady Gaga c’est trop mainstream maintenant, ou des trucs du genre. Parce qu’ils sont trop bien pour écouter de la pop comme nous, tu vois. » Il avait eu un ex dans le genre, qui commençait à imiter des bruits de vomi dès que Leonardo mettait ses playlists ; assez étonnamment, leur relation n’avait duré que quelques pauvres semaines, et à son humble avis c’en était déjà bien trop. Il reprit son verre pour continuer de le siroter, fixant son regard sur Andy et en attendant sa réponse. S’il avait su, il se serait mis à parler de Britney bien plus tôt.

T’es surpris de voir que vous avez le même album favoris. Y’a quand même pas mal de choix dans la discographie de Britney. Tu le regardes un peu plus du coup. Tu aimes te voir dans les gens. Qu’ils partagent tes avis. T’aurais pas cru. Lenny t’emmène de surprise en surprise. Et quand il parle de If you seek Amy tu souris grave, t’es triggered. C’est sûrement pas innocent de son côté. Tu retiens. Tu retiens bien. Tu retiens ce qui t’arranges surtout ouais. Et il surenchéri avec 3. Ok il en veut le Lenny. Tu le regardes boire son verre avec ton air suffisant sur les lèvres. Ton air qui veut dire : You want my dick ? Mais il te regarde pas. Et il reprend la parole. Il parle d’avoir dansé bourré sur la disco complète de Britney.

« On est deux. »

Parce qu’avec Lene c’était monnaie courante de passer des soirées à écouter Britney à une époque. Avec de l’alcool en plus. Il relate une fois où il a vu Britney en live. Et il parle de Vegas. Une nouvelle fois, t’es triggered.

« T’as vu qu’elle a annulé la nouvelle partie de sa résidence à Vegas ? »

T’allais parler de Gaga à Vegas mais il met l’ultimate Queen sur le tapis et ça te fait bien kiffer. Ca te fait rire ce qu’il dit, mais il a trop raison.

« Gaga est tellement au dessus de tout le monde. Genre j’adore Rihanna, mais vraiment, je slay sa discographie comme personne. Mais Gaga elle est juste l’artiste complète. Rihanna juste elle sait chanter et elle a un bon boule. »

Tu bois ton verre et tu vas te la péter bien comme il faut après une gorgée.

« Je vais voir Enigma à Vegas le mois prochain. »

Tu vas vivre ta meilleure vie. T’es beaucoup trop heureux de ce voyage qui arrive. Genre, c’est un truc de fou. En plus tout frais payé. Lene a gagné au loto donc c’est juste la perfection. Si t’étais riche tu sais pas ce que tu ferais de tout cet argent mais une chose est sûr c’est que tu trouverais bien. J’achèterai une grande maison pour ma mère déjà. Oh que t’es touchant Andy. Tu as un coeur.

« Je réalise pas encore en fait. »

Et ça fait super longtemps que t’avais pas été autant enthousiaste pour quelque chose. Mais genre. Vraiment. T’es un pur fanboy. Gaga c’est tellement la plus grande de tes Queen. Ca se voit sur ta tronche que t'es un bienheureux là tout de suite.

C’était peut-être – sûrement – un effet secondaire de l’alcool, mais Leonardo se demandait pourquoi il avait évité Andy comme la peste jusque-là. Si c’était pour ne pas culpabiliser de rien avoir avoué à Danny en profitant de son départ, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Et si le Rivera se comportait un peu trop souvent comme si le monde entier lui appartenait, il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir de s’aimer de manière démesurée, aussi énervant cela pouvait être. Peut-être qu’au bout d’un certain nombre de verres ils étaient faits pour s’entendre – mais s’il devait faire un concours de shots pour pouvoir le supporter, son foie allait pas vraiment apprécier une telle amitié. « Ouais, j’ai vu ça. Je dis peut-être ça juste parce que j’étais pas censé y aller anyway, mais j’espère vraiment qu’elle va prendre soin d’elle, pour le coup. » Même sans faire dans le mélodramatique, sa musique l’avait toujours aidé à se redonner de la force dans les moments de mou – et il préférait la savoir dans l’ombre et en bonne santé que sur le devant de la scène au plus bas. Il reprit une gorgée de son verre pendant qu’il écoutait Andy faire l’éloge de Lady Gaga, tout en plaçant de même un clin d’oeil au postérieur de Rihanna – et Leonardo se demanda sérieusement si le Colombien avait déjà connu un moment de mou de sa vie, au vu de son empressement de glisser du sexe dans littéralement toute conversation. Aurait-il été capable d’en parler même à des funérailles ? Le Grimes était persuadé que oui, tant que ce n’était pas les siennes. Mais tant que ses partenaires étaient consentants, il voyait pas vraiment ce qu’il pouvait lui reprocher. « C’est vrai que de ce point de vue là, je crois que Gaga est peut-être la seule. Et elle est à moitié italienne, ce qui joue tout en sa faveur. » Si Andy et lui n’avaient pas vraiment papoté en toute amitié pour en arriver au stade des petites révélations personnelles, ce n’était pas bien difficile de deviner les origines du Grimes à son prénom. Il ne put s’empêcher de presque-sursauter et émettre un petit cri en entendant les projets à venir du Rivera.« Sérieux ? La chance, damn. Si ç’avait pas déjà été le cas, je serais mort de jalousie. » Il reprit une dernière gorgée de son verre, le reposant vide sur le comptoir juste devant lui, avant de pointer Andy du doigt d’un air presque menaçant – m’enfin, menaçant pour les standards du Leonardo. « T’as intérêt à en profiter assez pour deux, j’aurais déjà payé le voyage et le ticket avec un rein si j’avais pu. » Il ne put s’empêcher de relever assez brusquement la main, pointant vers le haut dès les premières notes de la chanson suivante. Même endormi il aurait pu les reconnaître, et ce n’était pas un pauvre brouhaha de rooftop qui allait l’arrêter. « Oh, Baby One More Time ! Si je tenais début par moi-même, je serais déjà en train de me déhancher dessus. Franchement, j’espère qu’il vont augmenter le salaire du DJ. » Malgré son manque d’équilibre – dû à l’alcool mais aussi à sa maladresse naturelle – il se mit à danser sur son siège, bougeant les épaules de manière bien trop évidente pour quelqu’un pouvant prétendre à un semblant de dignité.

Ouais. Toi aussi t’espères qu’elle va prendre soin d’elle. Elle a clairement pas eu la vie facile malgré qu’elle soit une super star. Y’a peu de gens qui réalisent ça. Tu vois que Lenny est sincère dans ses propos mais ça t’étonnes pas. Ce gars c’est écrit sur son visage que c’est un gentil garçon. Il doit sûrement aller à l’église le dimanche. Non quand même pas. Tes amis qui étaient un tant soit peu religieux étant jeune, suivant leurs parents, te disent souvent que l’église prendrait feu s’ils y mettaient les pieds. Parce qu’ils sont queer. Ca te fait toujours rire. Rire jaune surtout. Parce que l’église c’est aussi une grande partie de ta vie. Ta mère est super croyante et quand t’es au pays, tu y vas avec elle. Beaucoup. Souvent. Pour elle. Parce que tu l’aimes. Tu joues l’hétéro parfait et tout le monde est content.

Tu lèves un sourcil quand il précise qu’être italienne lui rajoute des points. Tu comprends par là qu’il a des deals avec les gens de cette nationalité là. Mais tu cherches pas plus loin parce que le sujet d’Enigma vient sur le tapis et ça te rend bien fou de parler de ça. Il est jaloux. Ca te fait sourire. T’es tout fier de toi. Tu sais que c’est pas donné à tout le monde de faire un voyage pareil pour juste un spectacle. T’as de la chance. C’est vrai. Tu bois une gorgée de ton verre de le voir faire. Il te demande de profiter pour lui.

« Y’a des chances que je me défonce tellement que j’oublie tout. Ce serait super con mais… C’est ce qui risque d’arriver. »

Tu te connais. Va y avoir de l’alcool, de la drogue aussi. C’est sûr. Alors tu prends note mentalement de prendre le plus de vidéos possible afin de pouvoir revivre le moment. Avoir des preuves que c’est passé. C’est arrivé. Tu sais que des vidéos ne pourront jamais remplacer du live, mais sachant que c’est toi qui les a pris, tu auras toutes les sensations au corps.

T’es triggered en même temps que Lenny quand Baby one more time commence. Tu reconnais cette chanson en moins de temps qu’il ne faut le dire. Un éternel classique que tu connais plus que par coeur. Lenny a du mal à trouver les bons mots mais tu comprends toute sa phrase. T’es assez doué en mec bourré car tu le parles aussi couramment. Tu souris de le voir se dandiner sur la chaise et tu le mates faire. Un sourire en coin aux lèvres. Appréciateur. Il se prend pas au sérieux. Il est cute. Il est juste à côté de toi surtout.

« Wanna bang ? »

Il a trop bu. Tu le sais. Il le sait. Tout le monde le sait. Mais ça en t’arrête pas finalement. Nope.

Leonardo était plus qu’étonné d’apprécier à ce point la soirée qu’il passait. S’il s’était rendu au roof top pour combattre l’ennui et la solitude sans beaucoup d’espoirs, il ne regrettait – pour une fois – absolument pas d’être sorti de son cher chez lui. Il suspectait l’alcool d’y être pour beaucoup – ce n’était certainement pas un hasard si sa joie d’être là avait augmenté au fur et à mesure que les verres se suivaient. La conversation tournait joyeusement autour de Lady Gaga, ce qui n’était pas pour déplaire au Grimes. « Suis-je vraiment bien placé pour te juger, Andy ? » Après tout, il faisait bien ce qu’il voulait de son argent, de son corps et de son temps. Et puis… Andy lui proposa de terminer la soirée avec du sport de chambre – même si ça l’aurait pas étonné que le Rivera ait eu en tête d’exploiter les toilettes du bar pour tirer son coup. Et si Leonardo aurait été admiratif d’une telle persistance, il y avait plusieurs raisons pour lesquelles il refusait d’en finir de la sorte. De un, il s’était juré de ne jamais faire ce genre d’activités dans des toilettes publiques. De deux, il était bien trop ivre pour ça ; il préférait largement rentrer seul chez lui que vomir ses tripes sur un Andy à moitié déshabillé. Mais ne sachant pas comment refuser poliment, Leonardo décida tout simplement d’ignorer la question du Colombien. En soi, il aurait juste pu ne pas entendre ; la musique était bien trop forte, ils étaient entourés de gens et le Grimes avait bien trop bu. Se rendant compte à quel point il s’était fait tard, le brun regarda son portable – qui était bien trop lumineux, maintenant qu’il y pensait – et le rangea, avant de se retourner vers Andy, un bras posé sur le comptoir. « Bon. Il est temps d’être raisonnable. » Il termina son verre d’eau, se rappelant d’à quel point il regrettait son manque flagrant d’hydratation le lendemain de toute soirée. « Je vais rentrer avant de perdre toute dignité sur ce comptoir et me faire bannir à vie de cet endroit. Et si tu te poses la question, c’est déjà arrivé ailleurs. » L’histoire était bien moins scabreuse qu’il ne le laissait croire, mais il fallait bien garder un aura de mystère autour de soi. Leonardo se leva donc, vérifiant que ses quelques affaires étaient bien avec lui. « Je vais essayer de chopper un des derniers bus, et sinon… je trouverai un moyen de rentrer. » Après tout, toutes les routes mènent bien à Rome – ou dans son cas à lui, à Radcliffe. « À la prochaine, j’imagine ? » Leonardo ne savait que trop bien que les deux allaient finir par se recroiser une troisième fois quand moins il s’y attendait et quand ça l’arrangeait le moins. Mais pour une fois, il ne lui en voulait pas vraiment.

Il dit qu’il est pas bien placé pour te juger. Ca te fait sourire. Tu le pensais tellement plus sage que ce qu’il est en train d’avancer. Et t’aimes beaucoup ça. Les gars qui ont l’air saint mais qui sont wild au lit, c’est clairement ta came. Mais en même temps, tout est toujours ta came quand tu peux tremper ton biscuit. T’es tellement obsédé Andy, c’est effrayant. Et c’est pour ça que tu lui proposes carrément, t’aimes pas passer par quatre chemins. Faut pas perdre de temps dans la vie. T’as plein de truc à faire. Si c’est pas le baiser lui, ce sera un autre, ou une autre ou bien tu seras juste chez toi, sur ton ordi à éditer le dernier photo shoot que t’as fait. T’as plein de truc à faire. Mais il dit répond pas par l’affirmative le gars. Il dit qu’il va rentrer chez lui. Il te fait part d’une petite fierté personnelle à lui au passage. Ca te fait grave sourire. Tu l’imagines tellement pas être de ce genre là mais ça te plaît. L’habit ne fait pas le moine. Tu le sais très bien. C’est pareil pour toi. T’es plus qu’un gars qui baise tout ce qui bouge, mais y’a pas grand monde qui est au courant. Tu laisses pas les gens entrer si facilement. Même jamais quand t’y penses. Mais tu crois que t’es bien comme ça. Tu connais pas un autre mode de toute façon. Tu vis bien, c’est tout ce qui compte. Et il te parle d’un bus qu’il doit choper et surtout d’un autre moyen qu’il aurait trouver. Tu vois très bien dans son jeu. Ou plutôt tu vois ce que tu veux voir.

« Ouais à la prochaine. »

Et tu lui fais un clin d’oeil et tu mordilles ta lèvre inférieur sans que tu t’en rendes compte. Ce con est vraiment trop cute pour son bien et ça te fait un peu chier de pas avoir pu profiter de sa chair. Ton regard se détourne de lui et tu cherches déjà ta prochaine cible du coup. T’es horny. You need some.