| | | (#)Mer 30 Jan 2019 - 14:52 | |
| On a atterri hier soir vers 23h. On a eu une heure et demi de retard. Il était près d’une heure du mat quand on est rentrer chez nous en Uber (j’aurai bien dit à mon père de venir nous chercher mais il était trop tard quand même, je suis trop respectueux pour lui faire ça). Et je vous le mets dans le mil, je bossais à 6h ce matin. Donc autant dire que j’ai pas beaucoup dormi mais bon, je suis encore jeune, c’est ce que je me dis. Je profite de la vie. Je dormirai mieux ce soir. Je ferai très clairement rien du tout ce soir. Je rentre je dors.
Ou pas. Il se trouve que mes collègues voient ma sale gueule avec mes 3h de sommeil dans les pattes. Ou plutôt ils se sont rendu compte que j’étais clairement bon à rien aujourd’hui. Après deux interventions on en a une nouvelle mais apparemment il n’y a pas besoin de moi.
« Vous êtes sûr ? »
Et le capitaine me montre le dortoir du doigt. Il est ferme. Faut que j’aille dormir. Ok ok. Je n’aime pas trop me faire reprendre comme ça. Je sais que c’est pas très intelligent de ma part de venir bosser sans être à 100% de mes capacités mais j’ai vraiment cru que j’allais pouvoir tout gérer. Apparemment non. J’aime pas. Je me sens nul. Je déteste décevoir les gens. Alors je vais dans le dortoir et j’essaie de dormir mais j’ai beau être très fatigué, je n’arrive pas à m’endormir parce que je suis contrarié par tout ça. Alors après une heure à tourner dans le lit, je sors mon téléphone et je scroll les réseaux sociaux. En plus les collègues ne reviennent pas j’ai vraiment l’impression que c’était une grosse intervention et qu’ils auraient pu avoir besoin de moi. Je reste allongé, me disant que ça me repose quand même au fond. Il est 14h quand j’envoie un SMS à Ariane.
- Citation :
- I tried to run and wait it out but I've become a mess of doubts and I know I'm hard to be around when I'm down and out
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| | | | (#)Ven 1 Fév 2019 - 23:36 | |
| C’est la folie à GQ. Apparemment, y’a 4 shootings en même temps, les stylistes savent plus où donner de la tête, les chroniqueurs s’arrachent les cheveux à travers parce qu’ils sont plus sûrs, que les mannequins donnent pas le résultat escompté, que c’est Bagdad derrière les portes closes des studios de photo. J’ai même pas eu le temps d’aller embêter Andy qu’il passait en coup de vent à côté de mon bureau pour retourner à la guerre, son boîtier autour du cou et pas la moindre intention de traîner avec moi à troller les gens du podcast. C’est chiant quand ça arrive. Parce que toute l’équipe est monopolisée, sauf moi.
Moi, j’ai la rubrique facile. J’ai le contenu que je peux rédiger de n’importe où, j’ai les questions toutes cannées, j’ai le boulot easy peasy qui est stressant rien que quelques minutes avant la date de tombée. Eux, ils se passent les crèmes anti-eczéma comme des denrées rares, ils s’aspergent à l’huile essentielle de lavande pour s’éviter les crises de panique et d’urticaire.
Le texto de Kane arrive à point, au stade où j’en étais presque à penser appeler Levi à l’aide pour qu’il vienne m’énerver sur place, pour qu’il mette un peu de piquant dans ma journée stable et ennuyante, pour qu’il fasse ce qu’il sait faire de bien aka tout bousculer et rien réparer au passage. C’est pour dire mon état léthargique.
- Citation :
- Tell me, am I on your mind? 'Cause I'm struggling to keep you off mine. I'm losing sleep, we're losing time.
J’ai appris qu’avec Kane, fallait toujours répondre à ses paroles de chansons par des paroles de chansons. Obvi. Il arrivait parfois qu’on communiquait strictement par lyrics pendant des conversations entières, ça en devenait invivable pour tous ceux qui n’avaient pas une foutue idée de ce qui se passait, et qui nous voyaient nous marrer comme deux gamins idiots au possible.
- Citation :
- Emo Kane is my least favorite kind of Kane. On my way. T’es à la caserne?
N’en reste que je dénote dans son choix de citation un brin de déprime. Je mets la faute sur son retour au bercail, sur le fait qu’il doit être en down après avoir vécu les meilleurs moments de sa vie by far. À ça s’ajoute mon besoin pressant de me tirer d’ici avant de me taper une discussion de fond avec la fougère luxuriante sur mon bureau. Et je file, apportant mon ordinateur avec au cas où y’ait une urgence. Ari is being so profesh.
« Mais ils sont où, les hotties? » que je déballe, franchement déçue, à la recherche de Williamson dans une caserne complètement vide de pompiers caliente à souhait. Ma voix fait écho sur les murs, je l’appelle, finis par avoir une indication d’où il se trouve, m’appuie dans l’embrasure de la porte pour faire état des dégâts.
Un soupir et je me félicite d’être passée à la station beauté de Conde Nast avant de partir, mon sac refermant pléthores de masques pour la peau et d'huiles hydratantes que je commence à lui lancer au compte-goutte, faisant un pas puis un autre dans sa direction. « Dude, t’as l’air d’un zombie. » simple rhétorique.
« Tu m’as manqué. » une fois à proximité du lit, je m’y élance, faisant à peine gaffe aux emballages de soins qui nous surplombent. |
| | | | (#)Dim 3 Fév 2019 - 20:24 | |
| La réponse on point de Ariane à mon message me fait du bien. Me fait sourire. Me fait un peu peur parce que les paroles sont de circonstances aussi. Comme 100% des fois où on se cite des chansons. Ari me prend au sérieux dans les mots que j’ai choisi et je lui réponds par l’affirmative quand elle demande si je suis à la caserne. Je file sur twitter en attendant de l’entendre débarquer.
« Par là ! »
Et je me sens terriblement seul entre ces murs. Je suis content de la voir apparaître dans le dortoir. Je fais une petite moue et elle ne trouve qu’à me lancer un tas d’échantillons à la gueule. Je laisse tout tomber sur moi sans chercher à me défendre de cette attaque produits de beauté. Apparemment j’ai l’air d’un zombie.
« J’ai pas beaucoup dormi. »
Ceci explique donc cela. Elle se jette à côté de moi et c’est le plus naturellement du monde que je vais me caler dans ses bras. Je suis down down down. Le post gig dépression est fort. L’attitude du capitaine avec moi m’a blessé. A juste titre. Je le sais. Je m’en veux. Trop d’émotions en même temps. Je soupire doucement. Elle dit que je lui ai manqué, je la serre un peu plus contre moi, ou moi contre elle plutôt.
« J’étais avec John Floreani donc… Moi ça allait. »
J’étais bien, c’est vrai. Mais ça aurait été encore mieux avec Ariane dans le coin. C’est sûr. On essayera d’oublié que je parle de John avant Wendy. Priorities. Non mais c’est vrai, on met en avant les gens qu’on aime et qu’on voit pas souvent surtout. En tout cas moi je fais ça. Tout le temps. Pour ça que Levi est genre toujours le premier dans mes pensées, parce que Ariane elle est toujours là. Ca n’en fait pas moins d’elle quelqu’un d’important. Tout le contraire même.
« J’ai peut être envie d’un thé mais j’ai pas envie de bouger de là. »
Et je me serre un peu plus contre elle. Fermant brièvement les yeux. Profitant de ses bras, de sa proximité qui me rassure tant. Puis je la regarde, nos visages proches l’un de l’autre. Je vais vraiment pas bien parce que je pense même pas à mettre de la musique. Le silence est avec moi depuis près de deux heures. Ca me réussit vraiment pas.
« Tu bosses pas ? »
Parce que c’est quand même bizarre qu’elle se pointe comme ça en plein milieu de la journée. Mais je suis content qu’elle soit là.
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| | | | (#)Lun 4 Fév 2019 - 4:17 | |
| Et je le trouve, affalé dans son lit comme s’il venait de survivre à la fin du monde en 3 phases, 3 époques. Il est blanc, il est faible, il gémit, et je pouffe de rire sous mes attaques beauté face à sa facilité à faire pitié. À ma déclaration d’amour camouflée il se moque, je redouble de vigueur en terminant ma livraison d’un élixir pour la peau à même sa tempe. « Sale groupie. » blottis comme deux gamins à un pyjama party qui s’éternise sur une nuit blanche, je le laisse libre ou non de crever l’abcès, ou du moins expliquer, effleurer les raisons qui motivent pourquoi il se trouve là, pas tant surprise qu’il reste évasif, qu’il soit plus démonstratif que loquace. « Depuis quand tu es aussi râleur? C’est moi qui t’ai appris ça? » j’attends d’attraper son regard dans l’étreinte, un grand sourire carnassier se dessinant sur mon visage. « Parce que si c'est le cas tu pourrais pas me rendre plus fière. » on est bien là. C’était niais en vrai, d’avoir passé nos vies à être presque toujours à quelques kilomètres à peine l’un de l’autre, toujours en contact, du moins on le tentait fort. Il savait à quel point j’avais des issues avant les gens qui se tirent, il connaissait la situation, avait reçu le mémo des tonnes de fois. L’accord était tacite - Kane était celui qui partait jamais, celui qui restait toujours. Et à mon tour, je faisais office de roc, du moins, je tentais de. Sa semaine away agissant à titre de ridicule reminder qu’on était nuls l’un loin de l’autre.
Je me retiens de lui renvoyer la question côté boulot me doutant que ça fait partie de son mal de servir à rien à jouer à imiter une larve dans son pieu. Passant mon bras sous sa nuque parce que c’est clairement lui la petite cuillère dans l’histoire, j’inspire doucement, poursuis, maligne. « Oh, je bosse t’inquiètes pas. Je suis en séance de brainstorm pour mes prochains articles, là. » me félicitant d’avoir un boulot où la majorité du travail se fait dans ma tête, je me complais dans les articles déjà prêts à être envoyés, simplement un besoin d’être relus et annotés avant de filer ça sur le bureau de Jamie first thing tomorrow morning. Profitant d’un silence de sa part, je dégage son front d’une mèche qui m’énerve, qui m’empêche de voir à quel niveau se situe sa crise d’emo kid. « On parle de ta déprime ou on change complètement de sujet? » fronce les sourcils, attends patiemment, corrige le tir parce qu’à mon sens, y’a pas de bonne ou de mauvaise réponse. « J’ai de quoi faire autant pour une ou l’autre des options. »
J’éclate de rire quand il tire une drôle de tête parce que je lui ai piqué un énième oreiller, avant d’afficher une mine totalement consternée, trop exagérée pour être vraie. Sérieuse au possible, ma voix baisse d’un ton, et une fois que j'ai toute son attention, je dévoile le drame du moment. « Par contre, fallait me dire qu’il y aurait que toi et pas tes collègues. J’aurais pas fait l'effort de mettre des sous-vêtements propres si j'avais su. » |
| | | | (#)Lun 11 Fév 2019 - 19:22 | |
| J’ai l’habitude qu’elle m’appelle groupie, mais en attendant c’est pas moi qui couche avec des gars de groupe. Je lui jette un regard qui veut dire « qui est la plus groupie de nous deux ? ». Pas de ma faute si je suis plus doué qu’elle en trivia sur Trophy Eyes et d’autres bands.
Je souris à sa remarque. J’aime toujours quand elle dit que je la rends fière. Même si c’est pour les mauvaises raisons. J’aime bien faire le bad kid parfois. Faut dire que quand ça arrive c’est surtout que je suis entrainé dans le truc. De moi même c’est rare que ça arrive. Ca n’en reste pas des moments où je m’amuse comme un fou. J’ai tellement de souvenirs de trucs cons que j’ai fait. J’ai les meilleurs potes. Je dépose un baiser sur la joue d’Ariane comme pour lui dire merci d’être fière de moi.
J’ai presque oublié qu'elle bossait en solo. Qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait très clairement dans ses horaires. C’est super cool ça. Enfin, je ne crois pas que je serai capable de faire un quelconque travail si j’étais pas dans une structure encadré. J’ai tellement l’habitude que chez moi ce soit fait que pour faire ce que je veux. Même quand j’étais à l’école. Les études ça n’a jamais été pour moi. Y’a que quand j’ai du passer les exams pour être ambulancier que j’ai révisé sérieusement et que ça m’a même plu. Rare. C’est là que j’ai compris que c’était vraiment fait pour moi.
Elle dégage mes cheveux. Elle veut qu’on discute de ce qui me déprime. Hmmm… Elle me laisse la porte ouverte pour parler d’autre chose cependant. Je considère sa proposition. Je sais pas trop, je me sens pathétique en vérité. Mais je sais que c’est surtout le post gig depression qui est en cause dans tout ça. Elle pique un oreiller alors que j’allais me lancer dans mon discours et elle se met à rire.
« T’es en galère d’argent que tu fais des économies de laverie ? »
Parce que moi, je l’ai déjà fait étant plus jeune, c’est vrai. Mais je reviens au sujet principal parce que ça me travail toujours.
« Juste que je prends tout mal là… Je veux retourner en arrière et revivre les deux shows. »
Je fais une petite moue et je vais me blottir un peu plus contre Ariane.
« J’ai payé une bière à John. On a discuté pendant une demi heure au moins. Meilleur jour de ma vie. Je lui ai juste fait un rapide coucou le deuxième soir et il a pris le temps de venir me parler encore. Et c’est lui qui m’a payé une bière. »
Là on peut sentir l’émotion dans ma voix. C’était juste énorme. J’en reviens toujours pas. Ce mec c’est mon king. Je l’aime si fort. Je me retiens de dire à Ariane qu’on a pas mal parlé de Joel et Ahren parce qu’ils sont plutôt très potes avec John. C’est toujours très cool de pouvoir dire qu’on a des amis dans un groupe de métal qui a du succès. Ca rapproche. Mais John a bien compris que je n’en restais pas moins un pur fanboy vu mes yeux qui pétillaient. Je lui ai parlé de combien ses chansons me touchait et il m’a dit que Miming in the choir était la chanson dont il était le plus fier d’avoir écrit et… j’avoue j’ai versé une larme.
« Prochain show le 16 février. Hands Like Houses. »
Ca va me faire du bien. Et puis un éclair de génie me vient.
« Y'a l'anniversaire de Wendy le 12. Oh et la Saint Valentin aussi. Fuck. Je sais pas si c'est important pour elle cette fête. »
J'ai des amis qui en ont rien à faire et je dois avouer que je trouve ça cool de s'en foutre. On est pas là pour faire profiter la société de consommation. On peut s'offrir des trucs toute l'année pour se montrer son amour. On peut même ne rien s'offrir. Juste des actes, des paroles.
Dernière édition par Kane Williamson le Lun 18 Fév 2019 - 13:14, édité 2 fois |
| | | | (#)Jeu 14 Fév 2019 - 5:31 | |
| La déception se lit sur tous les traits de mon visage. Aucun pompier à reluquer, personne du tout à la caserne, pas d’âmes qui vivent autre qu’un Kane désespéré de la vie. Bummer. « Ça ajoute au personnage. » il se moque des économies faites, alors que malgré son salaire il reste tout de même le plus frugal de nous deux. Et surtout, il se blottit un peu plus, il se plaint, il râle et je soupire contre ses cheveux qui sentent bon le pamplemousse et l’orange. Au moins, un peu de justice dans ce bas monde. « Don’t be such a drama queen. Va y en avoir d’autres. » ma voix pique, mais mon étreinte se resserre. Il a juste besoin de ventiler sa peine, d’exorciser ses démons, et la p’tite claque verbale qu’il reçoit a pour simple et unique but de le secouer un peu, le sortir volontairement et rapidement de sa léthargie. Et même pas, qu’il me dit merci.
Son récit est empreint de nostalgie quand il s’élance sur ce que j’ai dû entendre autant de fois que possible sur tous les canaux inimaginables depuis son retour. Le fameux doublé de bière, John oh John my king John, l’émoi dans ses prunelles et son trémolo qui s’accentue sur la fin de sa phrase. « De comment tu parles encore de ça sans pleurer ta vie d’émotion? T’as épuisé toutes tes larmes depuis, right? » et je me moque, le sourire en coin qui taquine, qui pique doucement, parce que c’est Kane, parce qu’avec lui et pas mal juste lui je laisse du leste. Je connais le cas anyways. D’ici la prochaine sortie d’un album, d’un vidéoclip ou même juste d’un extrait d’EP sombre d’un de ses bands d’une longue liste de noms, il reprendra du nerf. Faut juste le mettre sur Twitter et le laisser scroller jusqu’à la prochaine bonne nouvelle musicale.
Et voilà qui est mieux. Va y en avoir d’autres. « Qu’est-ce que je disais? » je connais de nom, il me les a mentionné quelques fois, on a des amis communs avec eux, on en a déjà entendu parler à travers. Il s’active un peu plus, je reconnais le Kane qui doit être en train de se rassurer en pensée à repasser une après l’autre les chansons qu’il prévoit voir sur la setlist. Et comme si la seule mention lui amenait à nouveau goût à la vie, il repart sur un tour, l’éclair qui illumine son regard, Wendy à qui il rattache son nouvel envol. À la simple mention de la St-Valentin je fronce le nez - sachant que ce jour-là, et les précédents, je suis toujours dans un chaos infernal au boulot, que je pouvais bien me la couler douce aujourd’hui, parce qu’à partir de la semaine prochaine, ça sera pas reposant.
J’hausse d’une épaule par contre, Doctor Love rangée au vestiaire pour aujourd’hui. « T’as qu’à rien faire, tu le sauras direct si c’est important pour elle. » pure rhétorique, mais le test aussi barbare qu’efficace. S’il ne me demande pas quels sont mes plans, je ne me gêne pas pour en faire état, un soupir salvateur rien qu’à y penser. Et j’en rêve, oh que j’en rêve déjà, l'oeil brillant d'envie. « Moi, j’ai prévu m’échouer à l’appart avec une (deux) bouteille de vin rouge, et les rediffusions de Masterchef Australia en boucle toute la nuit. Living the life. » |
| | | | (#)Mar 19 Fév 2019 - 2:40 | |
| Va y en avoir d’autres ? Quand ? Ils tournent encore en Australie en Avril, mais c’est loin. Peu de chances que j’y aille. Enfin… Je peux toujours réfléchir à un trip pour, mais ce serait pas raisonnable. Wendy va en avoir trop marre de moi. Merde. Si je me retiens de faire ce que je veux vraiment faire pour elle, c’est pas cool… Bon. Je vais y réfléchir. Mais ouais, un petit saut à Canberra. Ca se tente.
Je fais une petite moue quand elle se moque des larmes que j’ai déjà versé par milliers à cause de cette histoire. Non mais vraiment, elle se rend pas compte. Elle a jamais pleuré comme ça pour un de ses idoles. Est-ce qu’elle a déjà pleuré tout court en fait ? Oui. Et je voulais dire ça pour rigoler mais penser à ça du coup ça me casse un peu le moral, j’ai pas envie de voir Ariane pleurer. Les moments étaient trop dur. Elle pleure pas pour rien. Pas comme moi.
« Mais Hands Like Houses c’est pas Trophy Eyes ! »
Elle comprend rien !! Mais elle comprend les sentiments et quand je parle de la St Valentin elle me propose une solution. Je suis pas trop chaud pour faire ça comme ça. Si je fais à côté de ce que Wendy aurait voulu ? Elle a été si parfaite avec ce trip qu’elle m’a concocté, je peux pas la décevoir. Enfin, je sais que la St Valentin c’est un truc à deux de base mais… Ouais je le sens pas trop ce truc. Je lui fais l’amour tous les jours, pas besoin d’un jour pour le prouver un peu plus. Je lui donnerai tout le plaisir possible le 14 aussi !! Je suis pas avare de ce côté là. Je vais sûrement lui envoyer un message directement to see how she stands on that.
« Hmmm… »
Mais non. Je suivrais pas ça. Elle me parle de ses propres plans. Je suis obligé de penser à Joel. Joel qui est de retour en février. Je sais pas quand exactement mais la tournée se termine le 9 je crois… Je ne commente pas là dessus, même si je sais qu’ils ont repris contacte. Il l’a appelé lors de son podcast y’a quelques semaines.
« Je sais pas comment tu peux regarder ces émissions. Ca me donne trop faim et je suis incapable de faire la cuisine comme eux. Incapable de faire la cuisine tout court. »
Ma main qui était sur sa taille, autour d’elle, se retrouve sur ses fesses sans que je m’en rende vraiment compte. Pas dérangé du tout par le geste qui semble si naturel.
« Le capitaine m’a reproché d’être à côté de la plaque aujourd’hui… Parce que j’ai pas assez dormi hier parce que j’étais justement en train de living the life moi aussi. Enfin il m’a pas dit que j’étais à côté de la plaque comme ça mais il m’a fait un sale regard et il m’a dit d’aller dormir au lieu d’aller en intervention. »
Je fais une moue toute triste. Blessé d’avoir été repris à l’ordre. Moi. Moi qui fait toujours tout comme il faut. Ou du moins le plus que je peux. Au travail surtout.
« La prochaine fois je prendrais un jour de plus pour me reposer. »
Parce que clairement, je ne vais pas arrêter de voir mes groupes préférés pour mon travail. Les deux choses sont indispensable dans ma vie.
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| | | | (#)Jeu 21 Fév 2019 - 3:16 | |
| L’instant panique se poursuit, mon commentaire le rassure pas du tout, Kane flippe, je jure même que je la vois, la veine dans son cou qui pompe, le regard barbouillé de ses plus sombres démons de décevoir sa poupée de porcelaine pour la St-Valentin. « Demande-lui cash ce qu’elle veut alors. » j’entre en mode Ariane de bon conseil, farfouillant dans sa poche à la recherche de son portable pour l’encourager une bonne fois pour toutes à arrêter de se mettre des tas d’idées en tête quand, au final, Wendy est pas du genre à faire sa chiante pour ce genre de choses. Et si elle l’est, je me chargerai personnellement de lui faire un petit recap sur comment être moins conne s’il le faut. No biggies. « Comme ça t’es fixé, et t’arrête de jouer au pauvre petit bébé gâté qui veut juste se faire rassurer sur à quel point il est le perfect boyfriend. » j’encourage le geste, attends patiemment qu’il règle la donne, qu’il se retire la pression des épaules et revienne parler des choses qui comptent, à savoir pourquoi il me fait un break down du style en plein après-midi de semaine.
Mais non, apparemment, mes propres plans et mon valentin sous forme de télé-réalité ne lui font pas du tout envie. Je soupire bruyamment, roule des yeux, porte finalement une main de libre sur ma poitrine, le temps de réaliser que « Quand tu dis ça, ça me brise le coeur tu sais. I failed you. » s’il y avait bien un truc que je savais faire - mis à part faire chier l’entièreté de la planète en un claquement de doigt - c’était pertinemment faire à manger. Et si je lui avais pas passé cette passion, si suite à mon éducation acérée et à mes nombreuses années à ses côtés il savait pas faire des pâtes correctement ou cuire un oeuf sans brûler tout sur son passage, j’étais un échec lamentable. Harsh. À ce rythme, on sera deux emo kids au retour des caliente pompiers.
Quand sa main vient se poser sur mes fesses je réagis à peine, au sens où j’attrape juste son autre bras désarticulé pour le passer derrière ma nuque, me love un peu plus contre son épaule non sans pousser du talon des échantillons qui viennent bloquer la proximité. Un masque qui fout le camp au sol dans un vacarme contrôlé, une huile qui roule pendant de longues secondes jusqu’à l’autre bout de la pièce qui apparemment est tout sauf au niveau. Et de sa petite voix, il confie ses craintes les plus profondes. « Il t’a rien dit Kane. » que je statue, la voix qui n’a absolument aucune chance de lui laisser porte ouverte à la négociation. « Si t’étais dans la merde il t’aurait pas juste regardé et conseillé d'aller dormir. » parce que je connais le capitaine à force d’entendre Kane baratiner en long et en large sur le bonhomme. De ce qu’il m’a dit, le gars, il fait pas dans la dentelle, il est pas du genre à tourner autour du pot, si quelque chose va pas, si ça roule pas à sa façon, il le dit, il règle le problème, il trouve des solutions. Et là, à détailler le visage de mon meilleur ami, j’y vois la fatigue, pas d’équivoque possible. L'autre voulait juste qu'il se repose, pas qu'il prenne ses affaires et se tire de la caserne. « Pas une mauvaise idée. » et je le rapproche de force mais sans vraiment forcer un peu plus, serre l’étreinte, lui laisse même un peu plus d’oreiller rien que parce que je suis la personne la plus généreuse de l’univers t’as vu ça Levi, regarde à quel point je gère le partage and all those shits. « Ils sont partis depuis longtemps? » meaning : tu as le temps de faire une sieste, j’ai le temps de te faire des nattes, on a le temps de descendre le pôle de la caserne combien de fois avant qu’ils reviennent? |
| | | | (#)Dim 24 Fév 2019 - 23:34 | |
| Oui, je vais demander cash à Wendy pour la Saint Valentin. J’ai pas peur. Personne n’a dit que t’avais peur. Ariane me traite de pauvre petit bébé gâté et je lui tire la langue. J’essaie d’être le perfect boyfriend c’est vrai, mais en même temps je me dis que quand on est vraiment fait l’un pour l’autre avec la personne, y’a besoin de rien faire. Tout va tout seul. Enfin, c’est l’impression que certains de mes amis en couple me donne en tout cas. Dont Ariane et Joel à l’époque où y’avait un semblant de quelque chose. Ca n’a jamais été très officiel leurs trucs. Jamais très simple non plus. Mais j’ai toujours eu l’impression que Ariane était plus heureuse quand ils se voilaient la face sur leur statut.
Je sais que Ariane adore la cuisine et je ne me suis jamais aventurer à lui confectionner un plat. Je mens, je lui ai déjà fait des mug cake. Ca je sais faire. Ca c’est mon jam. Surtout quand ça déborde partout et que y’en a plein le micro onde. Non mais c’est vrai j’adore ça. Parfois même je mange la préparation sans le passer au four. Thug life chose me.
Elle me rapproche un peu plus d’elle et je la laisse faire, je suis à l’aise comme ça. J’ai besoin de câlins. J’ai besoin qu’on me rassure et elle le fait. Elle me remet les pendules à l’heure. Elle a raison. J’ai encore une fois exagéré. Je me suis fait une montagne de pas grand chose. Elle était pas là mais elle a raison quand même. Elle approuve mon idée pour la prochaine fois. C’est pas l’idée du siècle non plus. C’est juste du bon sens. Ca va juste me faire prendre plus de jours de congés que nécessaire. Mais c’est pour ma santé, pour les biens fait de mon travail. Je ne referai pas cette erreur. J’hoche la tête quand elle demande à propos de mes collègues.
« Ouais… Ca doit être une grosse intervention. »
Et ça m’inquiètes un peu cette affaire. Je suis quand même vraiment bien dans les bras de Ariane comme ça. Je me rapproche encore un peu plus d’elle, nos visages tout proches l’un de l’autre. Je peux très bien sentir l’odeur de son shampoing. Et je suis vraiment très fatigué. Très confortable aussi… Je pique du nez.
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| | | | (#)Mer 27 Fév 2019 - 4:36 | |
| Bien sûr que j’ai raison, bien sûr qu’il hoche la tête, qu’il me laisse le bénéfice du doute, se blottit un peu plus contre moi. Kane a absolument tout du gamin qu’on doit remettre sur le droit chemin, de la tête en l'air qui se perd à la moindre distraction, du pauvre paquet de nerfs qui flippe et panique sur tout et pour tout dès qu’il sent qu’il déplait, dès qu’il risque de blesser quelqu’un, de faire à mal. De voir à quel point on s’entendait si bien alors que tout ce qui le terrifie constitue en soit ma marque de commerce, ça reste encore un mystère que ni lui ni moi n’avons vraiment envie de se faire chier à comprendre.
Alors il me laisse parler, il opine de la tête, il enregistre. Je sais que ça roule dans ses pensées, je sais que ça trame, qu’il ressasse, qu’il est peut-être même en train de se donner du leste. C’est pas facile de porter tout le poids du monde sur ses épaules quand y’a personne qui te l’a demandé, et si en plus il s’ajoute à ça une dépression motivée (initiée) par son retour d’après show, on s’en sortira pas indemne. Mais elle est rassurée Ariane, qu’il l’ait appelée à la rescousse. Encore heureux, il aurait pu demander à Wendy de lui remonter le moral et l’autre guimauve aurait juste fini par céder aux nuages noirs de Kane, pour que l’un l’autre se pleurent dans les bras sans durée finale ni motif valable.
Mine de rien, le temps passe. Les minutes s’accélèrent, et à un moment, entre mon étude approfondie des différents produits à portée que j’aurai pas besoin d’aller chercher trop loin, et desquels j’aurai juste pas besoin de bouger si je souhaite les utiliser, je demande où il en est avec l’équipe, avec leur retour. Il juge qu’ils sont sur un gros call, et son énième bâillement d’après me confirme que ça va, c’est bon, le masque pour les pointes fourchues que j’arrive à attraper entre deux orteils et à ramener à la hauteur de ma bouche pour en déchirer agilement l’emballage servira à moi, et qu’à moi seule.
« J’te réveille quand ils reviennent. » le temps qu’il se place un peu plus confortablement, que l'étreinte se complète d’elle-même, qu’il s’endorme dans un sursaut, dans un soupir.
Bien sûr que non, je l’ai pas réveillé. J’ai même fait pire, je me suis endormie. Et quand les collègues sont revenus, on a eu droit à un show de lumières, de musique à tue-tête et de sirènes à plein volume comme sonnette d’alarme. Les cons ; par chance pour leur service trois-pièces, ils sont chauds comme des brasiers.
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