Mon étourderie m’avait fait revenir au Death Before decaf bien plus vite que je ne l’avais prévu. Loan et moi avions passé la soirée ici la veille et comme au bon vieux temps, nous étions rentrées au petit jour. Une soirée mouvementée qu’on oubliera peut être pas avec Loan. J’avais dormi comme un bébé de sept heure du matin jusqu’à seize heure l’après midi et j’aurai sans doute pu dormir bien plus longtemps si mon téléphone ne s’était pas mis à vibrer comme un malade. Une tonne de notifications sur mon écran d’accueil, j’y voyais pas encore tout à fait claire qu’il m’était impossible d’accéder à mes applications, voilà que je devais déverrouiller mon téléphone à coup de schéma reliant des points. Jamais je n’avais mis de code pour déverrouiller mes téléphones et j’osais accuser une ou deux personnes que j’avais pu croiser lors de la soirée d’hier. Manquait plus que ça… « Loan, c’est toi qui a mis un code sur mon téléphone ? » dis-je en criant dans l’appartement, je l’avais entendu sortir de la salle de bain plus tôt. Elle se pointa alors dans ma chambre. « Nan, promis c’est pas moi. » elle haussa les épaules et se jeta à mes côtés sur mon lit. « dur reveil hein ! » et a qui le dis tu… « T’images pas ! » j’étais encore sur mon téléphone entrain de faire différentes combinaison mais rien n’y fait. Un message apparu sur l’écran. « c’est qui Levi… ? » peut être un mec que j’avais croisé hier et a qui j’ai filé mon numéro sans m’en rappeler. « aucune idée… » bon… impossible de lire le message et lui répondre de toutes façons. « c’est pas mon fond d’écran… » celui qui avait pris mon téléphone s’était bien amusé hier soir. « bon courage… » me lança Laon presque amusée de me voir galérer ainsi. « je crois que le shéma le plus courant c’est un escargot… » elle pris mon téléphone pour le tenter lorsque quelqu’un m’appela, un numéro non enregistrer et pour cause… c’était mon propre numéro. « c’est quoi ce bordel… » je décrocha alors. « ouais ? c’est qui ? » et là, un mec m’expliqua qu’il pensait avoir mon téléphone et que j’avais peut être le sien en retour ce qui expliquait tout le reste… « Okay, ce soir au bar… merci ! à plus tard. » et me voilà à nouveau à expliquer à Loan la situation. « tu viens avec moi ? » après tout, je sais pas sur qui j’allais tomber… « j’vais pas pouvoir, je bosse ce soir… mais t’en fais pas, Matt va veiller sur toi, j’lui dirai… » Merci Matt alors ?
« Noa ? » une voix derrière moi m’interpella, je ne connaissais pas ce mec, mais du coup, je pouvais imaginer qu’il s’agissait de celui avec qui j’avais échangé mon téléphone. « c’est ça. » je lui tendit aussitôt son portable, dans l’espoir de récupérer le mien rapidement. « il n’a pas arrêté de vibrer, t’es pas mal demandé visiblement ! »

C’est avec un léger mal de crâne que tu te réveil dans ton canapé. T’as même pas réussi à aller jusqu’à ton lit quand t’es rentré hier soir. Ce matin. Ouais. Ce matin. T’es en weekend. Ca veut dire pas de boulot d’assistant de merde à ABC. Ca veut dire un shift au DBD en fin de journée et jusqu’au bout de la nuit. Ca veut dire de l’alcool à porté de main et gratuitement. Ca veut dire du bon temps. Tu prends ton téléphone qui est encore dans ta poche, parce que oui, t’es encore habillé. T’es rentré tu t’es jeté sur le sofa.

Y’a des notifs mais aucune de Levi et sérieusement t’en as juste rien à foutre de tout le reste. Fais chier. Parce que ouais, tu kiffes quand t’as des messages de sa part. Tu prends une bonne heure pour émerger et puis tu vas te prendre un truc à manger. Tu reprends ton téléphone pour relire tes derniers échanges avec Levi. Mais tu commences à capter qu’un truc est pas normal. Le fond d’écran déjà. Pourquoi y’a pas ce shot de ton pote photographe. Ce beau cliché qui est tiré d’un des meilleurs concerts que tu as jamais été. Que tu as jamais fait. C’était à Londres. A Wembley Arena. On ne voit que la foule et les lumières de la scène sur ce cliché, mais toi tu sais que t’es dessus aussi. Toi et tes potes. Tes meilleurs potes. Ils te manquent ces fils de putes. Ce lifestyle te manque. Mais c’est fini. Pour l’instant.

Et puis tu te dis que y’a peut être quelqu’un qui t’a changé ton fond d’écran la veille. Tu te souviens pas de grand chose en même temps. Tu poses ton téléphone et tu vas te prendre une douche. Quand tu reviens, frais, ou du moins le plus frais possible, tu le déverrouilles mais… T’as pas eu besoin de faire la combinaison pour. Bizarre. Tu mets ça sur le compte de la veille. Mais quand tu vas sur tes mails et que tu reconnais rien. Tu commences à te dire que c’est bizarre. Tu vas dans les photos et ouais non, c’est pas ton téléphone ça. Tu appelles ton propre numéro et t’es bien content de voir qu’effectivement, y’a quelqu’un qui a ton téléphone.

Le soir, au DBD, tu reconnais Noa grâce aux photos que tu as vu. Dont les quelques nudes qu’il y avait. Pas ta tasse de thé ce genre de truc. T’as pas regardé grand chose de plus de son téléphone à part ce que t’as ouvert pour vérifier que c’était bien le portable de quelqu’un d’autre.

« Noa ? »

T’as un polo gris claire sur le dos avec un jeans noir et des baskets classique. Un gars des plus lambda. Elle te tend direct ton téléphone et tu lui donnes le sien. Elle te fait mention des nombreuses notifications que t’as eu. Tu regardes aussitôt, remarquant tout de suite qu’elle n’a pas pu le déverrouiller et que tout est encore inscrit sur l’écran. Levi. Ton coeur s’accélère de voir que t’as loupé quelques messages de sa part.

« Ouais… »

Tu sais pas trop quoi lui répondre à ça. T’as pas mal de potes et la vérité c’est que tu as aussi beaucoup de notifications sur les réseaux sociaux. Les fans de Empire of the Sun qui te mentionnent ici et là. T’as toujours les notifications parce que tu lis tout. Tu réponds pas forcément, ni like quoi que ce soit. Mais tu lis tout. Y’en a pas tant que ça. Y’en a quand même beaucoup.

« Donne moi une minute. »

Et tu files dans l’arrière boutique afin de pouvoir lire les messages de Levi et lui répondre aussitôt. Tu veux pas qu’il pense que tu l’ignores alors que c’est tout à fait l’opposé qui se passe dans ta tête. Tu reviens dans la salle, vers Noa.

« Tu veux un verre ? Offert par la maison. »

Et tu lui indiques le bar où il y a encore quelques places libre. Ce n’est pas encore très remplit, t’as le temps de passer un moment avec elle. Tu vas te mettre de l’autre côté parce que t’es un peu là pour bosser quand même. Matt est pas là, je fais ce que je veux. Tu es tellement un rebel Asher.

Tu es déjà en train de te servir une bière en attendant qu’elle te dise ce qu’elle veut. Parce que t’en as besoin. T’as pas encore bu de la journée, limite un record. Non. Je bois de moins en moins en ce moment. Pas vraiment, hier soir tu t’es mis la mine. Après une semaine de boulot de merde c’était obligé. Tu meurs à ce job Asher. Tous les jours un peu plus.

« T’étais au DBD hier soir ? »

Tu sais même plus dans quel bar t’as fini. Tu viens souvent ici même quand tu bosses pas. T’es bien ici et t’as plein de verres à l’oeil bien sûr. Vu que tu passes de toi même derrière le bar même quand tu bosses pas.

Le soucis avec mon téléphone, c’est que s’il tombe entre les mains d’un inconnu, c’est qu’il n’y a absolument aucune protection dessus, aucune sécurité. Entre d’autres termes, n’importe qui peut accéder à mes messages, à mes applications, mes comptes en banque, mes photos… absolument tout en fait ! Mais quelle cruche j’étais. La première chose que je ferai d’ailleurs en récupérant mon cellulaire, c’était de remettre vite fait bien fait au moins un code pin ou un schéma pour pouvoir accéder à son contenu. J’espère très sincèrement que ce mec n’avait pas fait de conneries avec. J’avais pensé à la première chose que j’aurai fait si j’avais eu accès au téléphone de quelqu’un : voir les contacts histoire d’appeler sa mère ou son père pour le prévenir, puis ensuite, j’serai bien allée faire un tour dans les photos, histoire de voir à qui appartien vraiment le téléphone et puis, quel genre de vie il a. S’il est plutôt fan de chat et de poney ou si c’est un grand voyageur, ou des deux. Les photos dans un téléphone pouvaient en dire long sur une personne et là, je pensais à celle que j’avais… mes photos dernièrement prise où on voyait clairement mes seins et un peu mon cul. Les photos sexy et raffinées que j’avais envoyé à cette nana rencontré sur Tinder. La loose, ce mec avait pu se rincer l’œil gratuit s’il avait eu l’idée de faire comme moi. Bon respire, ca va aller…
Alors que je lui rends son téléphone, il a l’air, j’sais pas comment dire… même pas reconnaissant en fait. Genre ; je lui rends son mobile, le mec se casse, il me dit même pas merci. Alors que j’aurai pu n’en avoir rien à foutre en fait… « bon… » j’hausse les épaules et j’suis presque prête à repartir. Maintenant que l’échange est fait. Mais j’ai l’sentiment d’être venue pour rien limite. Il revient assez vite en fait et il me propose un verre. Ah quand même ! c’est genre le minimum du coup comme il semble bosser là. Bon plan en fait. « Bah écoute, c’est pas de refus ! J’ai bien cru que t’allais pas revenir. Genre, ca y est, j’ai mon téléphone, maintenant dégage ! » je m’installe au comptoir, attendant ma boisson, j’ai pas la prétention de choisir, qu’il me serve ce qu’il a envie, puisque c’est offert par la maison. « T’étais au DBD hier soir ? » sur le coup, la question me semblait étrange… genre, bah oui, c’est ici que j’étais puisque c’est ici qu’on a échangé nos téléphones mais bon, j’sais pas où il était lui, si ca se trouve le mec à fait la tournée de tous les bars de la rue et savais même pas comment il s’appelait hier soir. « Yep. Ma colloc et meilleure amie connait bien le patron. J’crois qu’ils se kiffent bien même, alors de temps en temps, j’l’accompagne, ca permet de se faire rincer par Matt. » peut être que ça, j’devais pas le dire. Mais bon, il doit bien se douter que son boss fait ce qu’il veut dans son bar et lui-même est en train de me payer un verre donc bon. « Du coup, toi c’est Asher c’est ça ? » j’étais pas sûre qu’il me l’ai dit ce matin au téléphone, je sais plus trop, mais c’est surtout à force de venir ici que je connaissais son prénom.

Elle te dit ouvertement qu’elle a eu peur que tu te sois barré après avoir récupérer ton téléphone. La vérité c’est que t’aurais pu le faire. Mais là ça va. T’es de bonne humeur parce que tu viens d’avoir ton téléphone. Parce que tu viens de lire des mots de Levi. Ces putains de mots que tu ressens tous autant qu’ils sont. Tu sais pas comment il fait ce gars mais c’est fou.

Sa pote connait Matt. Le monde est petit. Elle parle de se faire rincer par Matt. Un sourire se forme aussitôt sur tes lèvres. Big mood. C’est très nettement ce que tu fais le plus dans ta vie. Boire à l’oeil. Sur le compte de Matt. Il te laisse faire. Parce que t’es sûr qu’il sait. Bien sûr qu’il sait. C’est son business. Il est pas aussi con qu’il en a l’air. Il est même très intelligent. Il te laisse boire tranquille. Ca c’est un vrai pote. Et elle demande une précision sur ton prénom. Tu hoches la tête alors que tu lui poses la bière que tu viens de lui servir devant elle.

« Ouais. Asher. Ash. AJ. Je réponds à tout ça la plus part du temps. »

Parce que des fois t’es beaucoup trop bourré pour répondre quoi que ce soit. Par le passé, y’avait la drogue aussi. C’était pas évident pour se reconnaître dans ce tourbillon d’émotions. Et tu te sers une bière pour toi aussi. Tu vas faire tinter ton verre du sien.

« Cheers. »

Et tu ne perds pas de temps pour boire deux grosses gorgée de ta boisson. Ca fait du bien. Tu sens que tu vas la finir en moins de deux. Tu sens qu’elle va peut être te juger. Mais au fond, t’en as rien à foutre. Tu la connais pas cette fille. Elle pourrait dire un truc à Matt. Ca va, tu vas pas te rendre ivre déjà. C’est que le début du service. Ouais. Tu vas attendre plus tard. Parce que ouais, quasiment à tous tes shift tu rentres chez toi bien imbibé. Et tu vis ta meilleure vie.

Tu comptes pas lui parler de ce que t’as vu sur son téléphone. C’est sa vie. T’aurais pas aimé qu’elle te fasse des commentaires sur les messages de Levi. Heureusement elle a rien pu lire.

« On a passé la soirée ensemble hier ? Je me souviens plus… »

Parce que tu bois trop Asher. Je sais. Mais du coup tu te demandes si t’as pas cherché à la draguer ou quoi. Genre pour faire le mec « normal » aux yeux des autres. Quand t’es bourré tu fais n’importe quoi. Même des trucs que tu t’es juré de ne plus faire. Et t’embêter avec des femmes ça en fait parti. T'es venu pour le plaisir hier soir. Tu bossais pas.

J’ai droit à tous les surnoms qu’il se tape. Asher, Ash, AJ, ce sera tout ? J’en demandais pas tant, mais bon, il va m’offrir une bière donc j’fais pas de commentaire et je me contente de hocher la tête. Il est cool, c’est déjà ça. Moi j’ai à peine bu une gorgé que lui, il a déjà enfilé la moitié de son verre. « Sacrée descente. » Je dis ca comme ça, mais en même temps j’trouve ca étrange de boire aussi vite à une heure pareille. En soirée, après trois ou quatre verres pour faire le malin avec ses potes, là j’comprends, mais là, il a rien à me prouver, du moins, je crois pas. Qu’est ce qu’il croit ? Que ca m’impressionne… pourquoi j’ai fais une remarque moi aussi… bon, laisse tomber, j’vais plus calculer sa descente. « On a passé la soirée ensemble hier ? Je me souviens plus… » Ah ouais, donc en gros, j’pourrais lui faire croire n’importe quoi, il se souvient de rien. Est-ce que j’ai envie d’être sympa, de le rassurer et de lui dire de pas se faire de film. Il est mignon c’est vrai mais les blondinets comme ça, c’est pas tellement mon genre en fait. J’aime bien les nanas qui sont blonde, un blond platine en vrai, ca m’excite un peu… mais les mecs, c’est pas tellement ça. Par contre, les brun assez musclés, pas forcément très grand, là, ça me plait plus. « Une partie ouais… » je suis le mal ! « Jusqu’à ce que tu disparaisses avec mon téléphone. T’es partie sans rien dire, me laissant seule dans le parc derrière… » je fais une petite moue déçue. « pourtant, c’était bien partie… » je dis en chuchotant pour éviter qu’on nous entende et laissant planer un petit mystère. « En tout cas, j’en ai rarement vu une aussi… » j’écarte mes mains pour exagérer mes mots. « enorme ! » et là, je crois qu’en voyant son visage il comprend que j’me fou totalement de lui. Soit ca veut dire deux choses : il sait qu’il n’a pas un engin aussi gros et du coup j’abuse totalement, soit il sait qu’il est pas du genre à faire ça dans un par cet j’abuse encore. Je me met alors à rire comme une dinde. « désolée ! C’était assez tentant… » en voyant sa tête je sais pas si ca le fait autant rire… « Nan, t’inquiète pas. On a discuté un peu hier mais c’était pas bien long et sans queue ni tête. On était tous les deux aussi déchiré. Tes derniers mots étaient « excuse moi, j’vais me gerber dessus si je reste là ! » et pouf, disparu ! » et là, c’était la vérité vraie !

Elle fait un commentaire sur ta descente. Hmm. Elle remarque. Qu’est ce qu’elle veut ? C’est ta vie, elle te connait même pas. Pourquoi elle fait cette remarque ? Tu lui demandes pourquoi y’a des photos d’elle à poil sur son téléphone ? Non. Tu te contentes de lever un sourcil l’air de dire Et alors ? Sans rien ajouter de plus parce que t’as clairement pas envie d’aller par là. Sauf si elle insiste. Et puis tu changes le sujet comme un pro. Mais ouais, si elle s’intéresse autant à toi c’est sûrement parce qu’elle s’inquiète. Peut être qu’il s’est passé un truc entre vous pour ça du coup. Tu sais pas.

Tu l’écoutes expliquer ce que vous avez fait hier soir et genre, elle prend beaucoup de temps pour aller au but de tout ça. Elle est pas très claire non plus sur ce que vous avez fait enfin… Jusqu’à ce qu’elle parle de la taille de ton entrejambe. Oh god… Tu fermes les yeux un bref instant et quand tu les rouvres elle fait un geste pour détailler mieux ses dires. Tu te dis qu’elle devait être bourré elle aussi parce qu’elle n’est pas si imposante. Elle est en train de dire de la merde. Tu l’as cru au début, là c’est plus possible. Et elle se marre la meuf. Tu roules les yeux. Tu souris même un peu. Elle est marrante ok. C’est bien parce que t’es de bonne humeur d’avoir vu des nouveaux messages de Levi.

Elle raconte ce qu’il s’est véritablement passé entre vous hier. Enfin, si c’est vrai. Peut être c’est une vraie mythomane. Tu la connais pas. Elle confirme qu’elle était déchiré elle aussi. Elle remonte un peu dans ton estime. Les gens qui boivent tu les apprécies parce qu’ils te ressemblent de cette façon là. Les mots que tu as dit avant de la quitter te font sourire.

« Ca sonne bien comme moi ouais. »

Tu peux pas le nier. Elle a pas pu l’inventer ou alors elle est très douée ou très chanceuse sur ses hypothèses.

« Je connais pas grand monde qui verrouille pas son téléphone par mot de passe… »

Tu parles d’elle bien évidemment. Elle t’a fait marcher, t’as envie de lui rendre la monnaie de sa pièce sur un détail que tu n’avais pas prévu de mentionner. Comme quoi, les choses évoluent bien vite. Elle l’a cherché.

« Surtout quand on a des infos sensibles dedans… »

Tu la regardes d’un air entendu. Tu penses à ces photos dénudé que t’as vu. T’as un petit sourire amusé aux lèvres. Alors on fait plus la maline là ? Mais en vrai t’en sais rien si c’est sensible. Tu sais juste que si ça avait été toi, si t’avais ce genre de truc, tu ne le laisserais pas à la vue de tous ceux qui peuvent mettre la main sur son téléphone.

Le café est bondé ce soir, j’ai pas eu le temps de faire grand chose d’autre que de slalomer entre les bancs, tenter de rattraper les commandes, m’assurer que personne manque de rien non plus. C’est fou ce qu’une bande d’hipsters qui utilisent les bons hashtags sur Instagram peut ramener comme clientèle quand t’y penses. Y’avait juste fallu que je laisse Andy s’amuser à prendre en photos quelques tasses de café avec du latte art improvisé des fines et blanches mains de Deklan, et deux trois pintes de bières immortalisées sous la lumière du jour parfaite de la terrasse, et après ça, c’était devenu un jeu d’enfant d’attirer de la clientèle. Ils prennent tous leur commande en photo pour faire comme notre photographe attitré, ils y ajoutent des filtres, ils s’amusent ces milléniaux, ils me font rire quand moi, au final, je m’en fous que leur café bouillant soit glacé quand ils le boivent tellement ils en ont abusé sur Snapchat. Plus ils se check-in ici et rameutent de nouveaux clients, mieux je me porte.

Ash est posté un peu plus loin avec Noa. Je le vois lui d’abord, mais c’est pas trop difficile de la reconnaître, elle qui y'a un moment était toujours fourrée ici avec Loan. Moins ces derniers temps. Une minute où j’ai presque rien à faire, un miracle isolé, et c’est suffisant pour aller leur dire un petit mot, pour m’incruster le sourire à deux balles bien ancré sur mes lèvres. « Je connais pas grand monde qui verrouille pas son téléphone par mot de passe… surtout quand on a des infos sensibles dedans… » « Moi, j’le verrouille pas. C'est assez étonnant que personne ait jamais réussi à voir l’étendue de nudes que j’y entretiens. » et mon jeu de sourcils bien lourd, bien con, bien maîtrisé aussi, qui ajoute à ma stupidité.

Un bref coup d’œil sur leurs verres par contre, et il est long gone mon air malicieux quand c’est celui sérieux, presque affligé, du patron de commerce qui réalise l’horreur se déroulant sous ses yeux. « Ça commence à être sec ici. » d’un geste rapide et maîtrisé, je m’assure de renflouer leurs deux commandes, sachant très bien que ni l’une ni l’autre ne paiera son dû en quittant le DBD tout à l’heure – mais bon, voilà, pour endurer mon sens de l’humour de merde et mes remarques de beauf variées aussi souvent que possible, faut bien que je leur rende la pareille avec de quoi équilibrer en bien l’expérience McGrath.

Ma tête se tourne vers Noa d’abord « Tu diras à Loan que quand elle aura fini de jouer aux fantômes, y'a des gens qui s’ennuient d’elle. » puis vers Asher ensuite  « Sois sage, bébé. Tu fais l’ouverture demain. » J’ai à peine le temps d’ébouriffer les cheveux du blond et de faire une révérence à l’intention de la brune que je file déjà à nouveau, (tenter de) jouer au boss à travers un café-bar complètement survolté.

Spoiler:

« Je connais pas grand monde qui verrouille pas son téléphone par mot de passe… » Je fais moins la maline, je deviens blanche. Dites moi qu’il a juste regarder pour savoir à qui appartenait le téléphone et qu’il a pas fouiller dedans pour lire mes messages, voir mes photos ou squatter mes réseaux sociaux… est ce que c’est un psychopathe ou pas ? Oh l’angoisse ! Si ca se trouve il a été sur mon compte Amazon et s’est acheté pleins de connerie… faut vraiment que j’arrête d’enregistrer ma carte bancaire partout… « Moi, j’le verrouille pas. C'est assez étonnant que personne ait jamais réussi à voir l’étendue de nudes que j’y entretiens. » et voilà Matt qui sort de nulle part et qui s’en mêle, j’espère que ce Asher lui a pas fait voir non plus… oh putain, la honte ! Il parle de nudes en plus, c’est un clin d’œil ? « Surtout quand on a des infos sensibles dedans… » Ok, c’est confirmer. Je souris bêtement, gênée. « N’importe qui a des infos sensibles dans son téléphone non… j’espère que tu t’es pas fais un virement bancaire sur mon application banque ! » quoi que pour ça, il faut un code, mais je tente de prêcher le faux pour savoir le vrai surtout… « t’as vu quoi ? » je demande cash, histoire qu’on arrête de tourner autour du pot quand même. « Ça commence à être sec ici. » et voilà qu’il nous ressers généreusement et j’vais partir du principe que si je demande pas un verre mais que le patron me le sert directement, c’est pour son compte. « merci ! » même si en réalité, j’aurai bien fuit cette situation genante pour m’eclipser loin. Mais j’ai voulu jouer en faisant la maline. Je me revois imiter la taille de son pénis fictif, mais quelle beauf j’peux être parfois ! « Tu diras à Loan que quand elle aura fini de jouer aux fantômes, y'a des gens qui s’ennuient d’elle. » C’est noté capitain McGrath, le message sera passé. « j’y manquerai pas ! » c’est vrai que Loan m’avait pas parlé de Matt depuis un bon moment, peut être qu’il s’est passé un truc pas cool entre eux et qu’elle a éviter de m’en parler, j’vais creuser ça… et me voilà à nouveau en tête à tête avec celui qui détient des informations sensibles à mon sujet. « j’espère juste que t’as rien envoyé à personne… »

« Moi, j’le verrouille pas. C'est assez étonnant que personne ait jamais réussi à voir l’étendue de nudes que j’y entretiens. » Tu le crois en plus le con. Mais t’es sûr que c’est pas des nues de lui. On doit lui en envoyer. Il est beau gosse. Il est successful. Tu sais ce que c’est. Tu sais l’étendu des nudes que tu avais à l’époque où vous étiez en tournée la plupart de l’année. L’époque où ça marchait du tonnerre Empire of The Sun. Les meilleurs moments de ta vie. Tu vas partir en déprime de penser à ça. « N’importe qui a des infos sensibles dans son téléphone non… j’espère que tu t’es pas fais un virement bancaire sur mon application banque ! » Et elle qui a peur pour son fric, ça te fait rire. Elle pense pas à ses nudes, elle pense à son fric. Au moins tu vois que ça la traumatise pas que tu aies vu ses photos. Ok. « t’as vu quoi ? » Elle veut quand même savoir de quoi tu parles. « Ça commence à être sec ici. » Mais heureusement Matt rempli ton verre de nouveau et ça te fait penser à autre chose qu’à ta vie de rêve que tu n’as plus. Ça t’évite de devoir répondre à Noa aussi. Tu vas la laisser dans son doute. Ils parlent, t’écoutes mais tu t’en fou, tu penses qu’ils vont continuer mais non. Matt s’en va non sans une dernière phrase.  « Sois sage, bébé. Tu fais l’ouverture demain. » Il est con. Il te fait tellement penser à tes potes du band à être si con. Juste il a moins de tatouages et de filles underage à ses pieds (or maybe he does?). « j’espère juste que t’as rien envoyé à personne… » Et voilà qu’elle remet ça sur le tapis.

« Nan, t’inquiètes pas. J’ai juste mis ça en story à mes 50 000 followers. »

Tu dis ça super sérieusement. Tu lui donnes la monnaie de sa pièce une fois de plus. Tu peux. T’en profites. Elle a voulu jouer. Tu t’amuses. Tu t’amuses bien. T’as eu un SMS de Levi ta soirée est faite déjà. T’es bien.

« J’en ai pris une où on voyait pas ton visage. »

T’y vas à fond. Et puis t’éclate de rire.

« Mais pourquoi tu gardes ça? Vous gardez ça au cas où sur votre téléphone ? Moi qui croyais que c’était pris sur le moment. Dans le feu de l’action. »

La vérité c’est que t’as jamais fait ça toi. Juste t’en as reçu beaucoup trop. Tu n’as jamais rien demandé. T’as toujours bien vite supprimé.

« Nan, t’inquiètes pas. J’ai juste mis ça en story à mes 50 000 followers. »
pardon ? Je le regarde et j'essaie de trouver le moindre signe qui me fait penser qu’il plaisante mais rien, poker face à son paroxysme. Et moi je commence à me décomposer sous ses yeux et il continue, comme si ça allait me rassurer. « J’en ai pris une où on voyait pas ton visage. »
j’veux juste disparaître. Mais qui est ce mec pour avoir autant de followers déjà ? Et pourquoi en le voyant éclaté de rire j'ai arrive difficilement à me detendre. Comme si j’avais besoin de vérifier par moi-même. « Tu blagues… t'es un blagueur… » que je dis en soufflant pour me dire que tout va bien il a pas fait ça. « Mais pourquoi tu gardes ça ? Vous gardez ça au cas où sur votre téléphone ? Moi qui croyais que c’était pris sur le moment. Dans le feu de l’action. » Ok il a donc quand même vu les photos enfin y doit en avoir deux ou trois, c’est pas énorme mais c’est déjà ca. « J’y pense pas toujours ! » mais bien sûr qu'a partir de maintenant j'allais le faire directement. « C'est quoi ton insta ? Ou tweeter » je demande innocemment, bien sûr que c’est pour aller vérifié qu’il dit réellement des conneries. « et t'as vraiment 50000 followers ou ça aussi c’était pour la vanne ? » et quelle vanne… mais c’est bon enfant, j’avais joué moi aussi avec lui. Je prends mon téléphone et vais d'ailleurs rechercher les photos pour les supprimer en essayant d'etre le plus discrète possible. « Voilà qu’il est fait. J'peux perdre à nouveau mon téléphone la conscience tranquille. » ce mec avait quand même vu mon corps nu à mon insu, j'espere que c’est pas un pervers qui s’était fait plaisir sur mon téléphone. Première chose à faire en rentrant :nettoyer et désinfecter mon téléphone.

« Tu blagues.. T’es un blagueur… » Mais vu sa tronche, elle croit pas un seul mot qui sort de sa bouche la fille. Tu aimes jouer avec ses nerfs autant qu’elle a joué avec les tiens. Ton rire qui suit va sûrement te vendre pour lui faire comprendre que oui. Tu blagues. Elle peut se relaxer. Ta question est sincère. T’as aucune idée de comment les filles font leur affaire avec les nudes. T’en as jamais envoyé toi. T’en as reçu beaucoup. D’ailleurs c’est un truc qui t’inquiètes encore aujourd’hui. Si une de ces filles étaient underage et qu’elle commence à mettre ça sur le net. Mais bon, t’as rien envoyé. T’as rien sollicité. T’es safe. « C’est quoi ton insta ? Ou twitter. » Elle veut quoi là ? Elle veut te suivre ? « Et t’as vraiment 50k followers ou ça aussi c’était pour la vanne ? » Ah. C’est donc ça. Elle est intrigué par ça. On pourrait croire que c’est une fierté ce nombre de follower mais en vrai t’étais presque à 100k y’a quelques années. Mais toute la merde que y’a eu sur ton groupe en a fait fuir pas mal. Et ton inactivité aussi sur les réseaux ça n’a pas aidé. Tu t’y es remis que depuis peu et encore, on peut pas dire que ton activité soit importante. T’es assez nul à instagram.

« Asher D T D. »

Parce que t’en as rien à faire quelle te cherche et qu’elle te trouve. Tu te dis qu’elle peut être du genre à te trouver sans que tu lui donnes aucun indice alors tu lui fais juste gagner du temps. Et t’as aussi très envie de voir sa réaction à ton profil et ce qu’elle va y découvrir. Elle fait un truc avec son téléphone, t’es pas tout à fait sûr de quoi il s’agit mais sûrement avec des données sensible.

« Tu devrais le verrouiller aussi. »

Tu sors ton téléphone.

« C’est quoi ton instagram ? »

Parce que t’es aussi curieux de voir quel genre de truc elle poste. T’es curieux de voir si vous avez des gens en commun. Pourquoi t’es curieux comme ça ? Je sais pas, ça occupe. Ouais pour une fois que tu t’occupes autrement qu’en buvant. Mais non. Tu bois ta bière en même temps. Je peux faire les deux. Mais en vrai t’es en train d’aller sur le profil de Levi en premier quand t’ouvres instagram. Tu le follow pas mais tu vas le voir tout le temps.

 J’me demande bien qui il peut être pour avoir autant de followers sur les réseaux et surtout, qu’est ce qu’il fou ici à bosser pour Matt si vraiment c’est le cas. Ca donne pas genre des gros privilège d’avoir autant de monde qui nous suive ? On appelle pas ça les influenceurs ? Ceux qui ont des invitations gratuites pour aller partout, des produits gratos, pleins de cadeaux, des codes promo pour tout et rien ? Il a vraiment besoin d’être derrière un bar pour se faire du fric ? Il me donne le nom de son pseudo sur la toile, je suppose qu’il suffise que j’me connecte à instagram pour m’en rendre compte. J’entre son pseudo après avoir tapé sur la loupe et j’vois son compte, il déconne pas. « ah ouais… » et je défile vite fait son profil. « Tu devrais le verrouiller aussi. » j’y songerai ouais. Je regarde ses photos, j’remonte assez loin. « t’es genre une rock star ? » je fronce les sourcils. Il est peut être plus dans le game. Il est peut être has been. « bon, j’me serai sentie con si t’avais dix fois plus de followers, mais j’me dis que tu dois avoir un public bien ciblé. Tu commence ? » il se lance peut être, et ca expliquerait qu’il ai besoin d’un autre taf à côté. « Moi c’est Noanita. » Une première ce pseudo, il mêlait à la fois mon premier prénom, celui que mes parents m’avaient donné : anita, et celui que j’avais choisi lorsque j’ai été adoptée par les Jacobs. Quitte à changer d’état civile, autant prendre un prénom qui me plaisait et qui me permettait de tourner la page sur mon passée de fille abandonnée. Mais, ce compte je l’avais créer il y a trois ans déjà, il y a trois ans, j’étais plus cette rebelle qui voulait aucun héritage de ses parents. J’ai plus dix ans, j’suis plus aussi blessée par tout ça. « Mais c’est pas forcément intéressant, y a mes potes et de la bouffe. »  beaucoup de bouffe.
« Va falloir que j’y aille, j’te remercie vraiment de m’avoir rapporter mon téléphone, d’avoir pris contact avec moi, c’est cool ! » je suis sincère. Je lui souris et termine mon verre. « A une prochain, on risque de se recroiser souvent ! » et je sors du bar avec mon téléphone à la main, prête à supprimer les nudes qu’il y avait dessus et surtout à fouttre un foutu code de dé déverouillage.