ASHER & YOKO ⊹ A lady came up to me one day and said, “Sir! Your are drunk” to which I replied, “I am drunk today, madam, and tomorrow I shall be sober, but you will still be ugly”.
mars 2019
Sur un malentendu, ça peut passer — ou pas. Le plan semblait pourtant bien moins bancal dans son esprit il y a quelques jours, lorsque Yoko s’est présentée au Death Before Decaf (as known as DBD) pour demander si une place de serveuse était libre (encore une décision prise sur un coup de tête à la Yoko en mode yolo, oui) ; alors qu’elle n’a jamais été serveuse dans sa vie, ni probablement dans une vie antérieure, au vue de sa prestation catastrophique lors de son premier jour de travail. D’accord — elle a peut-être un peu trop enjolivé ses capacités d’adaptation et ses talents pour servir des bières à Matt McGrath, le gérant du lieu, et elle aurait sûrement pas du faire passer ses aptitudes de danseuse pour aisance à tenir plusieurs boissons en même temps. En fait, la seule vérité sortie pendant cet entretien est sa motivation ; car motivée et volontaire, Yoko l’est à 200%. Ce job, en plus de lui apporter une rémunération pour se payer des cours de danses supplémentaires et une certaine indépendance vis-à-vis de son père, donne aussi un semblant de tournant à sa vie post-retour à la normalité après sa fracture de la cheville. « Eh, j’avais demandé une Four X, pas une Tooheys en bière » lance un client du bar, alors que la fermeture s’annonce pour bientôt et que Yoko voit enfin le bout de son service. Elle lève les yeux au ciel et marmonne un « Genre t’es pas encore assez bourré pour capter la différence » avant de faire un signe de la main à la table des trois mecs présents pour leur indiquer qu’elle passait leur apporter la bière de la bonne marque ; elle ne s’excuse en revanche pas, limite vexée. Glissant un regard sur son collègue de la soirée, accoudé au comptoir du bar et qui fait comme s'il n'avait rien entendu, la jeune asiatique tente de se rappeler de son prénom tout en sortant une nouvelle pinte ; c’est quoi déjà ? Alex, Adam ? Ah oui, Asher — à qui elle n’a pour le moment pas vraiment eu l’occasion de parler sérieusement. C’est la première fois qu’elle le croise (faut dire qu’elle ne travaille au DBD que depuis très exactement trois jours) et, totalement prise par les différentes demandes des clients, elle n’a fait ce soir que lui poser des questions à l’arrache sur où se trouve quoi mais sans aller plus loin. « Et merde » jure-t-elle alors qu’elle verse la boisson et voit avec horreur la mousse de la bière prendre littéralement la moitié de la pinte ; mais quel désastre. Elle grimace, pose le verre sur le côté et recommence — la seconde fois est mieux réussie (ou du moins, moins ratée) et Yoko considère que le client devra s’en contenter. Saisissant la pinte entre ses doigts, elle rejoint rapidement la table concernée pour y déposer la commande, récupérer l’argent ainsi que la pinte de Tooheys et revenir à sa place derrière le comptoir. Elle lâche un soupir en voyant à présent ses deux échecs, bien mis en évidence sur le bar (la pinte de Tooheys et la pinte de Four X remplie au trois-quarts de mousse), et se tourne vers Asher en pointant du doigt la bière. « T’en veux ? Sinon j’la jette mais j’voudrais pas qu’on crie au gaspillage donc je demande avant » (elle pose ses mains sur ses hanches, dépitée) « Il y a vraiment une différence entre la Five ou je sais pas quoi X et la Tooheys ou le dude voulait juste m'emmerder ? » — au top ses débuts au DBD.
ça promet d'être soûlant à souhait
Spoiler:
@Asher Baxton — tu me dis si c'est bon pour toi, je change si besoin obviously ♡♡
love
Dernière édition par Yoko Lee le Ven 29 Mar 2019 - 15:29, édité 1 fois
Y’a une nouvelle ce soir. T’es pas le plus doué pour former les gens. Du coup, tu la laisses se démerder comme une grande. C’est pas son premier jour mais c’est le premier où t’es là aussi. T’as aucune idée de quelle âge elle a. Elle a l’air super jeune, mais c’est le lot de tous les asiatiques. Tu finis ton service dans cinq minutes mais tu restes dans le coin parce que justement, c’est son premier jour et il faut quelqu’un qui sache y faire. Tu sais aussi que tu vas pouvoir te faire payer les heures sup. Tu sais aussi que tu vas absolument rien faire pendant ce temps qu’il reste jusqu’à la fermeture que tu vas faire. Tu es déjà en train de te servir une pinte. Pas la première de ta journée. Pas la dernière non plus. Yoko te propose une bière qu’elle a fait en plus. Tu prends bien évidemment son offrande. C’est pas ta bière préféré mais tu ne laisserais jamais personne jeter une bière qui te tend les bras gratuitement.
Elle te demande la différence entre deux bières et tu hausses une épaule.
« Faut pas vraiment chercher à comprendre les gens. Le client est roi. C’est ce qu’on m’a toujours dit. »
Tu as des bases en business et ouais, si tu veux que les gens reviennent, faut qu’ils soient satisfait avec leurs demandes, même si c’est pas très rationnel parfois. Pas le temps de réfléchir pour rien. T’as assez de trucs en tête pour pas t’encombrer avec cette merde Mais de ce que tu peux voir d’elle, tu l’imagines du genre fragile et être très à fleur de peau quand on la met en doute.
« Après si tu sais flirter ils reviendront et c’est tout ce qu’il compte. Qu’ils reviennent. »
Qu’ils crachent le plus de fric dans l’établissement. Flitrer, tu le fais beaucoup. Avec des personnes de sexe féminin s’entend. Tu n’es pas assez à l’aise pour faire ça avec les mecs, mais la vérité c’est que t’a déjà été l’objet de quelques convoitises et que t’as laissé les choses se faire. Juste pour qu’ils reviennent au bar. Oui, juste pour ça.
« T’as un boyfriend jaloux qui pourrait ne pas approuver cette technique ? »
Parce que tu n’as pas non plus envie qu’elle se mette dans la merde. Tu manques de pas mal de principes, mais elle a véritablement l’air d’une fille fragile et tu lui as fait toute une backstory que tu essaies de vérifier. Voir à quel point t’es loin de la réalité. Et tu bois une de tes deux bières en attendant qu’elle te réponde.
Dernière édition par Asher Baxton le Lun 8 Avr 2019 - 12:26, édité 1 fois
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mars 2019
Asher est cool — certes, du genre à la laisser dans la merde un certain temps avant de venir l’aider mais drôle en fin de soirée quand le service se termine et que le bar va bientôt fermer. Il accepte sans hésitation l’une des pintes proposées et Yoko se dévoue pour prendre celle remplie au trois-quarts de mousse (la joliment ratée) ; histoire au moins de ne pas la jeter en entier. Pendant quelques secondes, la jeune asiatique se demande pourquoi Asher reste jusqu’au bout car elle a vaguement noté qu’il est censé terminer avant elle — probablement pour vérifier si elle ne fait pas couler l’établissement en une soirée. Lorsqu’il répond à sa question — Yoko réalise d’ailleurs à cet instant que c’est leur première conversation qui dépasse les trois mots, elle grimace légèrement. C’est censé, c’est logique mais c’est du business et la jeune asiatique n’a pas vraiment de notion dans ce domaine. Pour être honnête, le concept lui est absolument inconnu. Littéraire dans l’âme et incapable de gérer son propre compte en banque raisonnablement (elle calcule juste assez pour survivre et payer ses cours de danse), la notion de client roi et de fructification d’une entreprise lui échappe totalement. Elle lâche un soupir à l’évocation d’un flirt avec des clients pour les faire revenir. « Donc moi, j’vaux sept pintes » soupire-t-elle en comptant mentalement le nombre de bières commandées ce soir par les trois clients toujours présents dans le bar. Son ton est purement ironique et si elle prend un air faussement attristé au début, ce dernier est rapidement remplacé par un sourire sarcastique. Elle ne cherche pas les compliments, elle est juste incapable de tenir sa langue. Yoko ne sait pas flirter — vraiment pas du tout. Si elle a conscience d’être plutôt jolie, elle n’a jamais joué de ses charmes, bien au contraire. Incapable de comprendre le sexe opposé, elle est trop sur la défensive pour tenter des approches. Mais ça, elle ne le précise pas à son interlocuteur — elle se note plutôt mentalement d’aller demander des conseils à Primrose en matière de charme. Elle esquisse un rire quand Asher évoque un éventuel petit copain jaloux. « Pourquoi pas une girlfriend déjà ? » (gorgée de bière composée uniquement de mousse — dégueulasse) « Immonde » jure-t-elle avant de vider le contenu du verre dans l’évier, regardant avec frustration le liquide ambré couler dans l’évacuation ; elle esquive la question du jeune homme, jugeant être assez explicite — elle n’est pas en couple. « Et toi ? T’as déjà appliqué cette technique ? » (elle suppose, n’en sait rien — elle ne le connait pas et n’a jamais tendance à juger les gens) « Tu l’appliques encore ? Ou bien tu t’es marié, t’as eu trois enfants ? » (elle fronce les sourcils) « Quoique, tu resterais pas ici si c'était l'cas— sauf si c'est plus soûlant d'être chez toi que de boire ici » — elle a conscience d’être légèrement intrusive, peut-être un peu trop curieuse sur la vie de ce type qu’elle ne connait pas mais après tout, ils vont bosser ensemble.
Elle vaut 7 pintes d’après elle. Tu trouves que c’est pas mal mais tu vas pas faire de remarques à ce propos parce qu’il vaut mieux faire encore plus la fois d’après. Pas se reposer sur ses lauriers. Pas qu’elle prenne la grosse tête en se sentant doué pour le job. Nope. Quand elle comptera en nombre d’année que les clients reviennent, là elle pourra être fière et se dire qu’elle maîtrise.
Pourquoi pas une girlfriend déjà ? Oh fuck… En voilà encore une porté sur le LBGTruc. Pourquoi t’as l’impression que tout ce que tu vois et entends tous les jours est lié à cette communauté ? Pourquoi l’univers te mets tous ces trucs sous le nez ? T’en as marre sérieux. T’as du mal à rester dans le déni quand ça vient à toi quotidiennement. Et tu parles pas des SMS de Levi mais très clairement ça en fait parti. Mais t’as de la chance parce que Yoko boit sa bière et enchaîne assez vite la conversation. Pas besoin de commenter. De mentir. De quoi que ce soit. Parfait. T’es presque content qu’elle aime pas la bière parce que sinon elle aurait peut être continué sur sa lancée.
Tu hoches la tête assez rapidement quand elle te pose la question en retour.
« Souvent ouais. »
Elle veut plus d’infos. Elle veut savoir ta situation. Elle s’est fait sa backstory elle aussi on dirait.
« Je suis célibataire. Pas d’enfants. »
Et t’es très bien comme ça. Tu bois ta bière en la regardant.
« Je suis marié à l’alcool. »
Tu mens même pas. T’es vraiment trop con. Ca te fait sourire cette connerie.
« T’as quel âge ? T’as l’air jeune. »
Et puis c’est surtout les jeunes qui lancent tous ces trucs LGBT à la gueule de tout le monde ces petits cons. A croire que les nouvelles générations sont tous queer, out, et proud. Là pour choquer le premier venu. Pas que ça te choc, mais ça te dérange. Oui. Ca c’est vrai. Tu préfères esquiver ce sujet de près ou de loin.
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mars 2019
Aucun détour — avec lui, c’est strict to the point et c’est plus qu’appréciable, en toute honnêteté. Pas de périphrase, pas de réponse évasive noyée dans une potentielle hypocrisie. Asher répond et si ce n’est pas toujours le cas dans leur échange, c’est parce que la petite nippone (incapable de rester silencieuse plus de quelques secondes) ne lui en laisse pas l’occasion. Elle ne relève donc même pas qu’elle l’a empêché de glisser une remarque. Quand il lance, de son franc parler si particulier, qu’il est célibataire, sans enfant (jusque-là, rien de surprenant) et marié à l’alcool, Yoko hausse un sourcil à cette dernière information et regrette d’avoir jeté sa boisson mousseuse car elle aurait pu en boire une gorgée et plonger son regard dans le liquide ambré au lieu de devoir affronter celui de son interlocuteur — sérieusement, le mec balance oklm ce genre d’information ?? ; elle ne sait pas, si c’est simplement pour dire qu’il apprécie les différents breuvages ou s’il y a carrément une véritable dépendance ou addiction. Ce n’est pas vraiment son problème à elle mais elle se note mentalement d’éviter de faire du sarcasme sur les alcooliques (manquerait plus qu’elle se froisse avec son collègue après trois jours de taff). Un silence de quelques secondes s’installe et alors qu’il lui demande son âge, elle lâche, sans réfléchir et totalement dans ses pensées (coupez-lui la langue, très franchement) « Drunk in love, le mariage » — ok, le malaise est bien présent. Elle se racle la gorge et ajoute rapidement, déviant le sujet de son commentaire hautement contestable sur un thème bien plus léger — sa capacité physique incroyable à faire douze ans et demi. Elle n'est nullement vexée et il faudrait qu'elle soit stupide pour ignorer son apparence juvénile ; elle s'en amuse même. « C’est pour gratter les réduc au ciné ça. Mais j’suis majeure et— j’allais dire vaccinée mais j’suis pas à jour » (elle penche légèrement la tête sur le côté) « Et toi ? T'as l'air vieux » (elle a uniquement fait ce commentaire pour rebondir sur celui de son interlocuteur ; du pur sarcasme, promis). Et puis, brusquement, elle se baisse pour attraper deux verres à shoot dans le placard du bas et en pose un devant Asher — d’accord, il a déjà sa bière mais franchement, il est plus à une goutte d’alcool près, non ? — avant d'annoncer « J’te propose un truc ! » (elle saisit la bouteille de whisky posée sur l’étagère derrière le comptoir et remplit les deux petits contenants) « Pour combler le temps qui reste avant que mon service se termine et apprendre à s’connaitre sans que ça fasse date Tinder parce que ça va devenir chiant sinon. Comme ça, on fait d’une pierre trois coups— non deux, j’sais plus ce que c’est l’expression » ; elle grimace, agacée de ne pas aussi bien maîtriser les expressions anglaises que les insultes. « Chacun pose une question à l’autre et si on veut pas répondre, on prend un shoot— ou deux shoots— ou l’inverse, on boit quand on veut répondre— comme tu veux ». Elle a un sourire aux lèvres, un peu enfantin mais en même temps très curieux. Elle a le sentiment qu’Asher n’est nullement ce genre de type à raconter tout son passé en mode héros de film après une heure trente de cinématique. Au contraire, il semble garder un aura de distance qui intrigue la jeune asiatique et forcément, sa curiosité l’emporte sur les règles de bienséance ; au pire, il la remballe. Rien de grave au programme. Elle lui lance un regard presque aussi larmoyant que celui du chat potté et ajoute, prenant un air faussement suppliant mais on perce une note de sincérité. « Dis oui stp » — donc là, elle supplie pour avoir le droit de lui poser une question et surtout (surtout) se prendre des shoots.
Drunk in love, le mariage. Ca te fait sourire. C’est joliment dit. Tu vas le noter dans ton téléphone discrètement à la première occasion. C’est à dire, tout de suite. Parce que t’en as rien à faire d’avoir le nez dans ton téléphone devant elle le temps de quinze secondes. Parce que oui, c’est tout ce que ça va te prendre. Et tu vois une notification de Levi au passage. Ouh. Tu lis vite fait mais tu prends pas le temps de lui répondre juste maintenant. Parce que là, t’as besoin de plus de réflexion. Tu fais super gaffe à ce que tu lui envoies à Levi. Tous les mots comptent. Tout le temps. Les siens plus que les tiens. Du coup tu notes dans tes notes ‘Drunk in love Beyoncé?’ Parce que ça te parle. T’as l’impression y’a déjà une chanson là dessus. Et puis tu ranges ton téléphone aussi vite.
Yoko te précise qu’elle est majeur. Sérieux. Ca te le savait. Matt n’allait pas commencer à embaucher des mineurs. Le gars est fou, le gars est con, mais pas à ce point là. Il est même très droit dans ses baskets en ce qui concerne les trucs administratifs. C’est assez impressionnant parce que toi c’est tout ce que tu détestes. Mais lui il le fait. Il s’est lancé là dedans, il est obligé en même temps. Toi tu pourrais pas. Tu kiffes bosser dans un bar mais tout ce qui s’y déroule en backstage ça t’intéresse pas. Tant que toi tu peux faire ton boulot, t’amuser derrière le bar, boire gratuit en plus et avoir un salaire à la fin du mois qui tombe. Tu vis ta meilleure vie. Je voudrais bien un peu de musique aussi. Non tu veux pas. Si. Ouais ça commence à te manquer. T’as joué vite fait sur scène à un festival quand Jenna t’as remarqué dans la foule pendant son set acoustic mais c’est tout. T’as pas repris ta guitare chez toi depuis. Ca fait plus d’un an maintenant. Tu sors de tes pensées quand elle te dit que t’a l’air vieux. Elle te fait sourire. T’as juste 32 ans. T’es pas vieux. Tu sais que ça dépend de la façon de penser des gens. Pour ton père t’aurais clairement été trop vieux là. Trop vieux d’être encore célibataire et sans enfants. Pas normal. Mais t’as pas le temps de lui formuler ta réponse que tu lui aurais donner sans problème qu’elle se lance dans une tournée de shot de ce que tu peux voir. Et elle te sort un jeu. Un jeu à boire. T’es pas sûr de ce qu’elle veut dire par date Tinder parce que t’as jamais utilisé ça mais t’as une idée. T’aimes le fait que vous soyez pas obliger de répondre. Que l’alcool est la réponse à certaines questions qui te dérangeront. A certaines questions qui en diront pas mal sur toi même sans que tu dises rien. Parce que pourquoi tu ne voudrais pas répondre ? Alors va falloir que tu joues du bluff. Pour pas qu’elle réfléchisse trop à certaines questions. Tu verras. La vérité c’est que tu veux boire quoi qu’il arrive. Donc ça viendra ici et là. Mentir c’est ta seconde nature. Et tu prends apparemment trop de temps pour lui répondre parce qu’elle est déjà en train d’insister.
« Ok, je suis pour. »
Tu trouves ça quand même très fun. Ca se voit sur ta tronche que tu kiffes.
« Je commence. »
Parce que t’es comme ça. Et tu commences surtout par boire un shot sans préavis. Ouais. T’en avais envie. Tu prends la bouteille pour te servir de nouveau.
« J'ai 32 ans. »
Parce qu'elle t'a posé la question tout à l'heure. T'as pas oublié.
« Tes 5 artistes ou groupes préférés ? »
Tu lui laisses une belle marge pour que tu puisses voir l’étendu de ses goûts. T’oses espérer que quoi qu’ils soient, elle va y répondre. Y’a pas de honte à avoir du côté de la musique et tu veux juste voir comment elle est de ce côté là. Mais une chose te dit que ce sera plus de la Kpop que du métal.
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mars 2019
Ok, je suis pour — c’est bon, il a refait la soirée de Yoko en donnant son accord. Un large sourire se dessine sur ses lèvres, trahissant son ravissement ; parce que ça lui correspond bien, à elle, ce jeu. Alliant alcool et découverte de l’autre, tout en aidant à faire passer le temps, ce jeu simple rend son regard encore plus pétillant qu’à son habitude. Qu’il commence lui convient parfaitement — c’est même mieux et ça lui donne le sentiment qu’il n’a pas accepté sous la contrainte (la contrainte de quoi ? bref). Elle lâche un rire lorsqu’il attaque son shoot, balance son âge et s’en ressert un. Trente-deux ans mais il ne les fait pas, en toute honnêteté. Si Yoko a ajouté précédemment sous le ton de l’humour qu’il fait vieux, ce n’est en vérité absolument pas le cas. Asher fait jeune ; dans sa tête, dans sa façon d’être. Ce n’est pas une question de statut social ou d’absence de famille mais peut-être d’une certaine stabilité qui semble inexistante. La petite nippone n’est cependant pas assez douée en compréhension humaine pour noter tout ça. « Bon, t’es pas si vieux, t’as pas l’âge d’être mon père » — va vraiment falloir qu’elle arrête de sortir des commentaires dans ce genre ; mais ce n’est pas de sa faute (ou si, un peu). Yoko est ainsi, sans filtre ni désir d’apparaître comme la petite poupée parfaite. Elle laisser échapper de ses lèvres ses pensées directes, sans forcément en concevoir les conséquences. La question du jeune homme est facile à ses yeux — elle n’est pas honteuse de ce qu’elle peut aimer (sauf quand elle doit faire bonne impression lors d’une audition — mais ce n’est pas le cas ici). « Ok, je réponds ! » s’exclame-t-elle tout en buvant son shoot. Elle considère qu’ils appliquent la règle du une réponse, un shoot et pas de réponse, deux shoots. L’importance est simplement de boire, en vérité. « Joe Hisaishi, c’est le compositeur historique du studio Ghibli— Le voyage de Chihiro, tout ça » (elle fait un vague geste de la main) « Yezi— rap coréen, Eiffel 65— pour la chanson Blue (da ba dee), j’avoue et ensuite— » ; elle a un temps d’hésitation, pour réfléchir aux deux restants. Plusieurs lui viennent en tête (la moitié des Disney entre autre), parce que la coréenne est une passionnée de musique, en écoute beaucoup trop pour que ses tympans survivent jusqu’à ses quatre-vingts ans. Si les noms qu’elle donne semblent sortir du hasard et sans aucun lien, il n’en est rien. Chaque artiste a, à sa façon, influencer son quotidien. Les studio Ghibli, qui lui rappellent constamment son enfance baigné dans ce cinéma animé, Yezi sur qui elle a dansé lors de sa dernière représentation dansante en Corée du Sud, Eiffel 65 parce que c’est la première chanson dans Iron Man 3. « —pour les deux restants, je dirai DEAN— c’est un crooner coréen et Tchaïkovski ». Elle esquisse un sourire, consciente de l’hétérogénéité de ses réponses ; pourtant, elle ne ment pas et si elle demandait à iTunes de lui sortir les titres les plus écoutés, ces cinq artistes y seraient obligatoirement. « Je fais— j’ai fait de la danse classique depuis que j’suis petite. Tchaïkovski, j’en rêvais la nuit— ok, c’est super bizarre dit comme ça » (elle éclate de rire puis reprend son sérieux) « J’voulais danser Le Lac des cygnes » — ce n’est pas qu’elle ne veut plus mais sa blessure la trahit chaque jour un peu plus. Son niveau reste bon, presque excellent mais il y a des fissures qui ne se répareront jamais. « Et toi ? » ajoute-t-elle par réflexe, curieuse de connaître ses goûts musicaux à lui (ça en dit beaucoup sur une personne) avant de se reprendre en grimaçant « Arrgh, j’voulais pas te poser cette question— ça m'intéresse mais c'est trop facile. On peut dire qu’elle compte pas ? » (de nouveau, regard de pitié et moue emplie de remord — mais quelle comédienne celle-là) « C’est quoi ta pire honte ? » — oh, c'est drôle.
on apprend en s'amusant et en buvant ici
Dernière édition par Yoko Lee le Sam 1 Juin 2019 - 15:09, édité 1 fois
Yoko monte doucement dans ton estime quand elle affirme que t’es pas si vieux. Non je ne le suis pas. Tu ne te sens pas vieux du tout. Sûrement parce que y’a ton frère qui est plus âgé que toi et que donc quoi qu’il se passe dans ce monde, tant qu’il est vivant, c’est lui le plus vieux. Pas toi.
Elle ne perd pas de temps pour affirmer qu’elle va répondre à ta question. T’aimes. Elle va être sincère tu penses. T’espères. En vrai t’en sais rien du tout. Tu la connais pas et avec son air d’innocente peut être qu’elle en joue justement pour faire gober ce qu’elle veut à tout le monde. Au fond, t’en as rien à faire qu’elle te dise la vérité ou non. Tu vas prendre ce qu’elle va dire et ça va rien changer à ta vie. Enfin, tout dépend quels groupes elle va mentionner mais elle commence à faire sa liste et tu connais personne pour l’instant. T’es pas vraiment surpris. Au contraire. Ca te fait kiffer de voir que t’avais raison. Elle précise le genre de certains groupes qu’elle cite. Du rap. Ok. Tu n’aurais pas cru. Oui. T’es très superficiel comme gars. Tu vois une jeune fille qui a l’air naïve tu penserais pas une seule seconde qu’elle serait dans le rap. Elle te fait même quelques petits fun facts au passage en rapport avec le nom du groupe qu’elle a mentionné. T’aimes bien. Elle a l’air de s’y connaître dans son speech. Les gens passionné ça te fait bien kiffer. Ca fait longtemps que t’as pas eu ce genre de talk avec quiconque parce que t’évites la musique depuis plus d’un an. T’as pas touché une guitare depuis tout ce temps. Ca te manque. Mais tu t’en es pas encore rendu compte. Tu sais pas qu’une partie de toi n’est pas complète sans la musique. Parce que t’écris en attendant. T’écris pas mal. Surtout ces derniers temps. T’es inspiré. Mais ça ne fait pas tout. La musique te manque. Mais c’est fini tout ça.
Tu hoches la tête au fur et à mesure qu’elle continue de mentionner tout ses groupes et artistes favoris. Elle termine sur Tchaïkovski et tu t’y attendais pas à celle là. Elle sourit, ça doit se voir sur ta tête que t’as changé d’air. Elle s’explique un peu plus là dessus. Elle se fourvoie un peu. Elle est vraiment passionné. Elle parle du Lac des cygnes et tu vois à peu près de quoi il en retourne mais pas vraiment en fait. Ca t’intéresse pas le classique. Tout ce qu’elle t’a répondu par contre, bien que tu n’aies rien eu à commenter parce que tu ne connaissais rien, ça t’as véritablement intéressé. Tu l’as écouté avec attention.
Elle te retourne la question et wow ok. Tu l’avais pas vu arriver. Tu pensais qu’elle allait creuser un peu plus sur ta personne vu qu’elle a commencé avec les enfants, ton âge etc… Mais elle se rétracte. Ca te fait sourire et t’allais la laisser filer sans soucis parce que tu t’en fou mais… La question qu’elle te pose ensuite te fait penser à un moment très précis de ta vie que tu ne mentionneras jamais. Y’a que deux personnes qui sont au courant à ce que tu sais. Et ça suffit bien largement. Du coup tu réfléchis à autre chose, bien que tu sois hanté par ce souvenir que tu n’avais pas eu de nouveau en tête depuis très longtemps. Et tu t’en portais très bien. Merci Yoko.
« J’ai passé presque 10 ans de ma vie à être constamment bourré avec mes potes un peu partout sur le globe donc je te laisse imaginer la liste de chose que je peux mettre dans cette catégorie. »
T’es même pas en train de gagner du temps parce que c’est vrai que tu en as plein en stock. Alors tu en sors un premier.
« J’ai laissé des tas de commentaires dont je suis pas fier sur les réseaux sociaux. Faut vraiment qu’on me prenne mon téléphone quand je bois. C’est super embarrassant… »
Mais ça te fait rire parce que c’est super con en même temps. Et puis t’étais bourré à chaque fois. Tu peux tout mettre sur le dos de l’alcool. Tout. Surtout quand tu écrivais sur des profils de potes à toi qu’ils étaient « hot af » sur la photo qu’ils avaient postés y’a pas longtemps.
« Y’en a certains j’ai vu j’ai supprimé le lendemain mais généralement y’a déjà eu un tas de screen qui ont été fait et y’a même tout un twitter thread avec mes commentaires. »
Ca te fait rire maintenant, mais y’en a, t’es vraiment pas fier. Vraiment pas fier du tout. Parce que ouais. Ton côté gay s’est vu que trop bien sur certains. Mais personne t’a pris au sérieux. Tous tes potes sont trop chill. T’as pas trop regardé les commentaires des fans à ce propos par contre. Tu préfères garder tes oeillères et pas te faire de mal pour rien.
« Je peux te le retrouver si tu veux. »
Parce que t’es conscient que t’as pas vraiment répondu à sa question. Peut être que tous les screen seront suffisant. Ils le seront. Parce que y’a vraiment des pépites.
« Et je vais te répondre à ton autre question aussi. »
Parce que la musique c’est trop important pour toi. T’es curieux de voir si elle connait les noms que tu vas lui sortir.
« U2 en premier. »
Parce que ce groupe a trop de significations pour toi. Ca te fait penser à ton père aussi qui était très fan. T’as pris ça de lui et tu le gardes avec plaisir. Un vrai souvenir. Un truc vrai que vous aviez ensemble. L’amour de ce groupe.
« In Hearts Wake. »
Qui sont des potes à toi, mais ils sont véritablement talentueux.
« The 1975. »
Surtout le dernier album qui te parle grave.
« Northlane. »
Encore des potes à toi. T’as même fait une chanson en featuring avec eux. Mais pareil. Ca n’empêche pas que t’es véritablement fan de ce qu’ils font.
« Machine Gun Kelly. »
La vérité c’est que c’est surtout pour sa belle gueule que tu l’aimes celui là. Mais ça n’empêche pas qu’il fait parti de tes favoris.
Du coup c’est à ton tour de poser une question, t’enchaîne.
« Les trois voeux que tu ferais si t’avais un génie. »
ASHER & YOKO ⊹ A lady came up to me one day and said, “Sir! Your are drunk” to which I replied, “I am drunk today, madam, and tomorrow I shall be sober, but you will still be ugly”.
mars 2019
Il y a dans leur discussion nocturne des nuances aussi jolies que la robe du liquide ambré contenu dans leurs verres — c’est surprenant, pétillant ; oh ! comme elle ne regrette pas d’avoir proposé ce jeu un peu gamin entre ses deux âmes enfantines coincées dans des corps d’adulte. Car si son physique à elle est resté dans l’adolescence (soyons réaliste), son esprit ne s’est pas vraiment éloigné de l’immaturité ; instable encore dans sa tête, incapable de s’imaginer une vie bien rangée où tout est calqué sur une routine angoissante, la petite nippone ne cesse de s’inventer un avenir éphémère, constitué uniquement de danse et d’absence de souci — rien d’un quotidien tout tracé et bien gentil. Alors qu’elle répond avec plaisir à la question, son regard chocolat se pose sur lui, note ses hochements de tête et l’intérêt qui se lit sur ses traits — et inconsciemment, ça la touche un peu (peut-être même un peu plus qu’elle ne voudrait l’admettre) ; parce qu’elle a parfois le sentiment d’être transparente, d’être cette asiatique qui passe mais s’efface, ne reste pas longtemps dans les conversations. C’est probablement pour cela qu’elle s’ouvre en précisant des détails sur ses choix musicaux, en évoquant sa passion naturellement, sans réelle réflexion. Et puis — retournement de situation, de question ; c’est à lui de parler désormais et pendant une fraction de seconde, elle se dit qu’il ne va pas répondre, qu’elle est allée trop vite dans l’interrogatoire personnel (d’abord l’âge, le mariage, les enfants — et maintenant carrément sa pire honte dans le plus grand des calmes). Pourtant, sa voix se fait entendre dans le bar aux bruit de conversation de fond entre les clients autour de leur énième bière. Elle esquisse un sourire, hoche vivement la tête lorsqu’il précise s’être pris assez de cuite pour constituer un beau dossier — elle voit le genre, suppose qu’il est de ceux qui accumule les photos compromettantes mais elle relève surtout qu’il a voyagé avec ses potes et c’est probablement l’information qu’elle retient ; elle aime voyager, bouger, découvrir — apprendre des autres. « Vas-y montre ! » s’exclame-t-elle à l'instant où il lui propose de retrouver le thread de l’ensemble de ses pires commentaires sur les réseaux sociaux, incapable de contrôler sa curiosité ; en même temps, elle pince légèrement ses lèvres — elle a l’impression de rater un élément, un détail (du genre Asher fait partie d’un groupe de musique par exemple) mais n’arrive pas à savoir quoi. Il faut aussi dire que Yoko est la pire des physionomistes et n’a jamais entendu un seul son de Empire of The Sun ni même son existence en vérité (elle aurait pu pourtant mais non). Haussement de sourcil quand il lui annonce répondre à sa précédente question — oh ! surprise. Si elle ne côtoie Asher que depuis quelques heures, elle a cependant rapidement vu son côté réservé ; Asher fait partie de ceux qui ne disent rien sur eux, qui préfèrent laisser les autres raconter leur vie pour ne pas avoir à évoquer la leur. Calmement, comme s'il dressait un peu une liste de course, il énumère des groupes de musique, sans en préciser la raison — U2, elle connaît (qui ne connait pas ? et sa culture ne frôle pas le zéro absolu) et également The 1975 (mais simplement une chanson parce qu’elle est fan du remix) ; en revanche, In Hearts Wake, Northlane et Machine Gun Kelly ne lui évoquent absolument aucun souvenir sonore et elle s’en veut intérieurement de ne pas savoir élargir son répertoire musical car elle a le sentiment que chacun de ces groupes pourrait potentiellement éclairer une petite partie de l'aura ombragé qui masque Asher. « J’en connais deux sur cinq, j’ai honte » lâche-t-elle dans un soupir et elle boit juste après son shoot, indiquant en silence qu’elle accepte de répondre sans aucun problème à la question d’Asher — même si cette dernière est bien plus complexe que la première. Ce n’est pas pareil, d’évoquer ses goûts musicaux et ses plus grands vœux. Qu’est-ce qu’elle ferait si elle avait un génie devant elle lui proposant de réaliser ses rêves les plus chers ? Elle pose son coude sur le comptoir pour glisser son menton dans la paume de sa main et réfléchit un instant. Elle pourrait mentir au fond, rien ne l'oblige à lui dire la vérité — elle pourrait lui balancer des évidences ou des conneries, inventer des désirs inexistants mais Yoko est trop honnête (ou simplement un peu naïve peut-être) pour envisager cette possibilité. Elle va simplement essayer de ne pas trop se dévoiler tout en donnant une réponse sincère. « Hum… premier vœu, sauver la planète, histoire qu’on puisse y vivre encore quelques millénaires » (son côté militante pour l’environnement refait brusquement surface). Elle laisse un silence, hésite ; elle a bien une idée, une idée qui lui est venue en vérité dès que la question a franchi les lèvres d’Asher mais qu’elle n’ose pas formuler car trop personnelle, trop ouverte, trop — sincère. Si Yoko avait un vœu à réaliser (un seul !), elle sait pertinemment ce qu’elle prendrait. Ce n’est pas la planète qu’elle sauverait en premier mais son frère aîné, cet être qui lui manque chaque jour, malgré les années ; oh ! comme elle voudrait le ramener à la vie, tout simplement. Elle se racle la gorge, joue maladroitement avec son verre de sa main libre pour finalement répondre dans un souffle « Je demanderai à ramener quelqu’un ici » et ici, c’est dans le monde des vivants. Pendant une seconde, le temps s’arrête et elle imagine sa vie avec lui à ses côtés — qu’aurait-il fait ? Il ne l’aurait très certainement pas suivi en Australie ; elle le voyait bien éditeur, un peu rêveur, plongé dans son imaginaire et son envie de faire plaisir aux lecteurs. Elle secoue la tête, se forçant à sortir de ses pensées mélancoliques (Yoko est trop solaire pour se laisser sombrer dans la nuit). « Et dernier vœu, j’demanderai des vœux en illimité » ajoute-t-elle en glissant un clin d’œil (allez, ça part abuser du système !). Et puis, pour ne pas que le sujet s’éternise, pour ne pas rester sur cette note si triste qu’elle en aurait peut-être presque pleuré si elle avait été seule, elle enchaîne sur la prochaine question (il a mis la barre haute). « Il te reste 24 heures à vivre, tu fais quoi ? » — question banale.
Bien sûr qu’elle veut voir le thread. Ca te fait sourire de voir son engouement.
« Tape juste ‘Asher Baxton drunk thread’ et tu vas tomber dessus. »
Combien de fois t’as fait cette recherche pour tomber dessus. Tu te refuses de le mettre dans tes favoris, mais tu vas toujours jeter un oeil s’ils l’ont mis à jour. En vrai c’est pour que tu vois ce que t’as fait la nuit d’avant parce que souvent tu te souviens pas. Mais là ça fait un bon moment que t’es plus trop sur les réseaux sociaux. Tu squattes juste instagram. Ca suffit largement. T’as pas besoin de faire de promo ou quoi. Tu poses genre, rien du tout. Ou presque. T’as mentionné tes potes du groupe Hellions y’a pas longtemps. Ils sont beaucoup trop talentueux. Faut que les 51k personnes qui te suivent soient au courant de cette information.
Elle connait deux noms sur les cinq que t’as cité. Tu sais que y’a U2 dedans. Qui ne connait pas? Elle dit qu’elle a honte et tu fais pas de commentaire mais ça te fait doucement rire. La première réponse à ses voeux est le truc le plus cliché du monde. Mais le plus important aussi. Tu le sais parce que t’en entends beaucoup parler, mais tu fais rien pour aider la cause. Tu tiens pas tellement à ta vie, alors imaginer que tout le monde crève en même temps, c’est plutôt plaisant comme idée.
« Je demanderai à ramener quelqu’un ici » Hmm. Ca tu le sens bien passer. T’aurais sûrement penser à ça aussi. Mais au fond de toi, tu sais pas si tu le veux vraiment dans les parages à présent, même s’il te manque énormément. Cette réponse fait que tu te perds dans tes pensées un moment. Qu’est ce que tu ferais si ton père était toujours dans les parages ? Je préfère pas y penser. Il t’aurait brisé un peu plus, c’est ça la vérité Asher.
Les voeux en illimités c’est le truc facile. Elle a rien d’autre en stock. Tu n’insistes pas. C’est déjà beaucoup d’informations tout ça. Surtout le deuxième. Tu bois ton verre en la regardant, attendant que sa question n’arrive.
« Il te reste 24 heures à vivre, tu fais quoi ? » Wow ok. Tu l’avais pas vu venir celle là. Le visage de Levi qui traverse ton esprit non plus tu l’as pas vu venir.
« Je passerai mon temps avec les gens que j’aime. »
Tu penses à ton frère et à Levi surtout. Tu ferais ton coming out à ton frère en lui présentant Levi la voix tremblante. Attendant de le voir te juger ou te prendre dans ses bras. Mais ce jour n’arrivera certainement jamais. Il n’y a rien du tout entre toi et Levi. Y’a tout. Au contraire. Tu es beaucoup trop émotionnel sur le coup Asher.
« Cliché mais vrai. »
Tu hausses une épaule. T’es sûr qu’elle va pas aimer cette réponse beaucoup trop vague. Est-ce que tu lui donnes plus d’infos?
« Mon frère. Je lui dirai merci. Il saura pourquoi. Même cinq ans plus tard. »
Tu parles pour toi plus qu’autre chose là…
« Cinq ans trop tard… »
Puis tu te rends compte que t’as zoned out et tu te reprends, buvant une grande gorgée de ton verre. Quand tu le repose et regarde autour de toi, dans la salle du DBD, tu brises le silence.
« On leur dit qu’on ferme et on se tire ? »
C’est bientôt l’heure. T’as aucune honte à faire ça. T’es super sérieux là.
ASHER & YOKO ⊹ A lady came up to me one day and said, “Sir! Your are drunk” to which I replied, “I am drunk today, madam, and tomorrow I shall be sober, but you will still be ugly”.
mars 2019
« Ok, j’fais ça en rentrant ! » — regarder le thread avec tous les commentaires les plus gênants d’Asher Baxton. « J’ai quasi plus d’batterie là » précise-t-elle juste avant qu’ils ne passent à la prochaine question. Et c’est peut-être une bonne chose, qu’elle ne le fasse pas juste devant lui ; ça évite le moment un peu gênant où Yoko va prendre conscience du passé d’Asher qui, à l’heure actuelle, lui est totalement inconnu. Elle est naïve, la petite nippone — un peu à côté de la plaque, même. C’est donc sans surprise qu’elle ne fait pas vraiment le lien entre l’existence d’un thread sur Twitter et une potentielle notoriété. Le léger rire d’Asher à son aveu sur sa méconnaissance des groupes cités lui fait comprendre que ce n’est pas non plus la pire des erreurs de ne pas tout connaître — mais bon, quand même (elle se note mentalement de se faire une session YouTube en rentrant chez elle après son service). Et puis — ils changent de question, changent de sujet ; passent de la légèreté au sérieux pour revenir sur des thèmes plus futiles ou clichés. Évoquer des groupes de musique pour en arriver à parler de son frère ou de ce qu’il compte faire s’il lui reste 24 heures à vivre. Sa première réponse est prévisible et le commentaire qu’il ajoute juste après (cliché mais vrai) traduit les pensées de la jolie coréenne. Elle aurait très certainement répondu pareil, aurait fait pareil — qui ne veut pas passer ses dernières heures entourés de ceux qui ont rendu la vie plus belle, ou du moins moins moche ? Asher semble l’avoir cernée (bon, ok — Yoko est littéralement un livre ouvert mais elle reste cependant surprise quand les gens captent ne serait-ce qu’un détail de son existence) et complète sa réponse en évoquant un frère dont elle ne situe pas le statut (mort ou vivant) ; tout ce qu’elle comprend, c’est qu’il y a une notion de remerciement retardé qui résonne violemment en elle. « Idem » ; ça sort beaucoup trop rapidement de ses lèvres et elle se racle la gorge juste après, mal-à-l’aise au possible (meuf, c’était pas ton tour de répondre, pourquoi tu balances ça ?). Lui aussi semble plongé dans ses pensées et il finit par briser le silence en annonçant un plan qui plaît parfaitement à Yoko — fermer le bar, maintenant. « I’m in, dude » ; sa voix est assurée, sans aucune hésitation. Elle ne sait pas pourquoi mais ça lui semble hyper naturel et elle ne cherche pas à en savoir plus. Quittant le comptoir du bar, elle se dirige vers les trois clients restants et pose ses mains sur la table, prenant une mine (faussement) déçue. « J’suis désolée mais on va devoir fermer » — ça râle, ça marmonne, ça demande son numéro de téléphone en échange. « Histoire que la soirée s’termine sur une bonne note t’vois ! » « Reviens demain et j’te le file contre une pinte » ; elle esquisse un sourire, amusée de mettre en pratique les recommandations professionnelles d’Asher quelques minutes auparavant (les vrais conseils pour faire marcher le business !). Bien éméchés, les mecs ne cherchent pas vraiment la discussion et ce qui met le plus de temps est simplement le fait de les faire sortir du bar à peu près correctement. « A d’main Mulan !! » s’exclament-t-ils en fermant la porte. « Ouais ouais, c’est ça » (elle leur fait un large sourire et se retourne ensuite en direction d’Asher) « Tocards va » marmonne-t-elle en claquant sa langue contre son palais avant de rejoindre le comptoir. Consciencieuse dans son travail (c’est un peu du foutage de gueule parce qu’elle vient de fermer la boutique avant l’heure mais bon), elle passe au passage un rapide coup de chiffon sur la dernière table occupée par les fameux tocards et termine de ranger les derniers verres encore sortis. C’est silencieux mais Yoko n’a jamais eu peur des silences ; au contraire, elle les trouve même parfois bien plus parlants que toutes les paroles du monde. Il n’y a plus un bruit dans ce bar, simplement ceux de ses pas feutrés (dieu merci, elle déteste les talons) lorsqu’elle passe aux vestiaires pour récupérer son sac à dos jaune. Sans rien dire, elle revient dans la pièce et ouvre un placard pour y prendre une bouteille de bière de 33 cl (marque au hasard), glisse quelques dollars dans la caisse pour régler son dû (elle ne va pas voler Matt, eh !). « On peut s’tirer Monsieur drunk thread » annonce-t-elle avec un sourire narquois et dans un geste un peu théâtral (elle le fait clairement exprès), elle se dirige vers la porte pour l’ouvrir en grand et lui laisser le passage. « Si Matt me demande pourquoi j’ai fermé plus tôt, j’dirai que mon chien est mort » (elle referme la porte derrière eux, clôture les volets et s’assure que tout est bien fermé) « Même si j’ai pas d’chien » — mais ça, Matt le sait pas.
« Idem » Hmm ? Tu l’avais pas vu venir celle là mais tu prends note dans un coin de ta tête qu’elle a l’air d’avoir une histoire plus ou moins similaire. Tu ne vas pas par là dans la suite de la conversation parce que t’as pas envie non plus qu’elle te retourne plus de questions à ce sujet. Tu la connais à peine la meuf et déjà elle en sait plus que certains autres que tu côtoies depuis plus longtemps chez ABC. Mais t’es bien content de voir qu’elle suit quand tu lances complètement de nul part que tu veux fermer plus tôt. Sans honte aucune. Et le meilleur dans tout ça c’est qu’elle s’occupe des clients toute seule. Toi tu restes derrière le comptoir et tu ranges à la grosse les affaires. T’as vraiment envie de te tirer et t’en as un peu rien à foutre de laisser tout pourri pour la relève. Pour une fois. Ouais. Nan Asher. Tu l’as fait assez souvent mais t’étais trop bourré pour t’en souvenir. Hmm. Tu captes que les gars qu’elle chasse sont assez relou et tu gardes un oeil vers là bas au cas où y’aurait invasion de son intimité d’une façon ou d’une autre. Tu sais que les mecs bourrés sont capables de tout.
Vous faites une bonne équipe Yoko et toi parce qu’en moins de 15min vous voilà sur le départ. Tu l’as vu payer une bière qu’elle a pris. Ca te fait sourire autant d’honnêteté. Mais c’est vrai que ça se voit sur son visage qu’elle est comme ça. Honnête. « On peut s’tirer Monsieur drunk thread » Ca te fait sourire de voir qu’elle remet ça sur le tapis. Elle va le lire, c’est sûr. Elle va pas oublier. C’est sûr. Tu vas même aller le relire toi même quand tu seras chez toi. Parce que ça te ramène des souvenirs ces trucs là. Chaque tweets est liés à une soirée avec tes amis les plus proches et bordel ce qu’ils te manquent ces batards… La vie sur la route avec eux. Chanter tous les soirs ou presque… Une autre vie. Et puis Yoko qui te fait redescendre sur terre alors que vous êtes un pied dehors. Elle sort des justifications inutiles. Ca te fait marrer.
« On aura rien à dire. Il le saura pas. »
Tu la regardes clôturer le tout et tu lui montres la droite.
« Je vais par là. »
Tu sais pas comment elle rentre. Tu sais pas si c’est ici que vos routes communes se terminent pour aujourd’hui ou si vous allez faire encore un bout de chemin ensemble.