Matteo venait de partir, laissant une Leah encore plus perdue qu'à son arrivée. Si son ami était venu passer la soirée avec elle, c'était dans le but de discuter de ce qui n'allait pas dans sa vie, de cette relation qui touchait à sa fin avec la mère de sa fille. Comme à son habitude, la brune avait répondu présente. Elle-même n'avait pas le moral au beau fixe. Depuis le soir du Nouvel An, Stephen et elle s'ignoraient royalement. A tel point qu'elle se demandait encore s'il allait rester vivre ici, si elle représentait encore quelque chose à ses yeux. Après tout, c'est lui qui avait été blessant et l'avait rejetée ce fameux soir alors qu'elle lui avait enfin avoué que c'était lui qu'elle voulait. Qu'il était son renouveau, son nouveau départ après des mois de galère à tenter de remonter la pente. Et lui avait décrété qu'il voulait qu'elle rencontre des gens, qu'elle avance... Sans lui. Si au début elle ne voulait absolument pas qu'il la suive lorsqu'elle avait quitté l'appartement telle une tornade, quelques heures plus tard, son point de vue avait radicalement changé. La seule chose qu'il avait fait, c'est lui envoyer un message qu'elle n'avait pas pris la peine de lire avant de le supprimer. Elle n'avait que faire des arguments qu'il comptait lui servir pour la persuader qu'elle était mieux sans lui. Elle en avait marre que les autres prennent des décisions à sa place, sous prétexte que "c'était mieux pour elle". Depuis ce soir là, Leah était plongée dans une colère noire à laquelle s'ajoutaient de l'incompréhension et de la tristesse. Autant de sentiments qu'elle désirait mettre de côté l'espace de quelques heures en se concentrant sur les problèmes de quelqu'un d'autre, en la personne de Matteo. Le jeune homme ne vivait clairement pas des choses faciles de son côté, et elle lui avait toujours apporté son soutien lorsqu'il en avait eu besoin. Comme aujourd'hui. Un repas improvisé, ponctué de confidences en tout genre, voilà ce que ça devait être. Alors pourquoi? Pourquoi les choses avaient-elles dérapé de cette façon? La brune ne parvenait pas à se sortir ces images de sa tête, cherchant vainement à comprendre ce qui l'avait poussé à se jeter sur Matteo de la sorte. Le ton de leur conversation avait changé tandis qu'il plaisantait sur l'éventualité de s'entraîner ensemble pour réapprendre à draguer sans passer pour des cons. La brune avait volontairement passé sous silence son histoire avec Stephen car, après tout, elle ne savait plus bien si celle-ci était encore d'actualité ou non. Posant ses mains sur ses lèvres, un air perdu sur le visage, Leah fixait un point invisible dans la pièce en se remémorant cette soirée tout en faisant le parallèle avec le kiné et le froid qu'il avait jeté entre eux. Matteo était un ami, et cet instant qu'ils avaient partagé était le résultat d'une peine immense. Rien de plus, rien de moins. A ses yeux, Stephen restait la priorité, même si pour l'instant elle était fortement en colère contre lui. Soupirant, elle jeta un oeil autour d'elle en se disant qu'il lui fallait nettoyer tout ça avant d'aller dormir. Son côté maniaque reprenait le dessus, la forçant à se lever pour commencer à nettoyer. Entre les bières, les deux bouteilles de vins, les verres et cartons de pizza... Il y avait du travail. Matteo venait de décoller, et elle préférait s'activer plutôt que de ressasser encore cette soirée. Les choses s'éclairciraient demain, elle l'espérait en tout cas. Elle se dirigea avec lenteur vers la cuisine où trônait encore le cadavre de sa lasagne carbonisée et passa une main fatiguée sur son visage, se demandant encore pourquoi elle avait tenté de cuisiner. Secouant la tête pour elle-même, elle commença à nettoyer lorsque le bruit de clés dans la porte la fit sursauter. Stephen avait toujours fait en sorte de rentrer suffisamment tard pour ne pas la croiser, et elle pensait qu'il en serait encore de même aujourd'hui. Se tournant lentement sur elle même, son regard accrocha les verres, les bouteilles, les coussins du divan affaissés et défaits... Le rouge lui monta aux joues tandis qu'elle croisait le regard du brun qui fit son entrée dans l'appartement. L'atmosphère de la pièce changea en une demi-seconde, tandis que les yeux du jeune homme se promenaient lentement sur la vaisselle qui traînait un peu partout. Une pensée fugitive traversa l'esprit de la brune, qui espérait que Stephen ne soit pas tombé sur Matteo, après tout, il venait tout juste de partir et voilà que le kiné débarquait. Elle croisa les bras sans même s'en rendre compte, prenant inconsciemment une position de défense. Son coeur battait à la chamade, mais son visage était fermé. Sous tension, les deux amants se regardaient en chien de faïence, sans pouvoir prononcer le moindre mot. En effet, après autant de temps à s'ignorer, une seule parole suffirait à faire exploser cette situation qui avait des allures de bombe à retardement.
Leah & Stephen ⊹ then only for a minute, i want to change my mind 'cause this just don't feel right to me.
Depuis la soirée du nouvel an et son issue explosive, Stephen s'était laissé vivre sur pilote automatique. Passé le traditionnel brunch du nouvel an chez les Holloway, c'était dans son cabinet qu'il avait trouvé refuge aux côtés d'une demi tonne de paperasse en retard. Il lui fallait au moins ça pour reléguer au second plan sa colère et ses incompréhensions face au comportement de Leah, ou plutôt face à ce non-comportement. La brunette l'avait laissé dans un silence de mort après les deux messages successifs qu'il lui avait laissé, et ça, le brun l'avait mal vécu. Il n'avait eu aucune réponse si ce n'est une ignorance grandiloquente, et par orgueil, il avait poursuivi dans la même lancée ; les choses auraient sans doute été plus simples si les deux ne vivaient pas ensemble. Stephen avait adopté une technique un brin radicale pour ne plus avoir à croiser la jeune femme : partir de chez eux encore un peu plus tôt que d'habitude et ne rentrer qu'après avoir rattrapé tout le travail en retard qu'il accumulait depuis des semaines maintenant. Il avait accepté quelques rendez vous d'urgence pour des nouveaux nés, était sorti un soir avec Nephtys, avait même réussi à passer un peu de temps avec Anabel pour ses derniers jours de vacances. Sa productivité avait été hors normes ... ou presque. S'il avait réussi à tenir le rythme un moment, la fatigue avait fini par -justement- reprendre ses droits.
Après une énième journée de rendez vous, Stephen avait repris le chemin de l'appartement. Sur pilote automatique, conduisant dans le calme le plus plat, il remerciait l'heure tardive d'avoir vidé de la route les quelques personnes qu'il aurait pu croiser. Sa dernière interaction se limitait avec un type croisé dans l'escalier de l'immeuble, et c'était à peu près tout. Les traits tirés, c'était en toute fin de soirée que sa clé était venue se glisser dans la serrure de leur collocation ; plus que quelques mètres avant la délivrance que lui apporterait le moelleux de son matelas. En focus sur sa chambre, le brun fut pourtant frappé par une odeur de brûlé à peine le pas de la porte franchi. D'instinct, son regard pivotait vers la cuisine... et vers Leah. Il était inutile de préciser qu'il ne s'attendait pas vraiment à la voir à en juger par son expression à mi chemin entre étonnement et colère qui venait instantanément durcir ses traits. Stephen balaya par réflexe la scène du regard. Un plat cramé entre les mains ; rien d'étonnant. Leah était une catastrophe à elle seule. Un carton de pizza sur la table basse, des verres de vins ... deux verres de vins. Elle avait du avoir de la visite. Elle avait du voir ses foutus messages pour organiser une soirée chill pendant que lui se retournait le cerveau. Un ricanement franchissait la barrière de ses lèvres tandis qu'il déposait ses clés de voiture sur le meuble de l'entrée dans un tintement qui tranchait avec le silence de plomb qui régnait. Traversant le salon pour rejoindre sa chambre, pas forcément d'humeur à rester dans la même pièce, Stephen avait pourtant fini par s'arrêter net : Leah n'avait pas bougé d'un pouce. Elle le regardait avec une expression qui dépassait de loin la colère et l'amertume ... c'était autre chose. Quelque chose comme de l'incompréhension ? du doute ? Il ne savait pas trop quoi en penser, toujours est il qu'il connaissait suffisamment la petite dernière des Baumann pour comprendre qu'elle avait l'air en colère ... et perdue. Il avait ouvert la bouche ; initialement pour dire quelque chose de censé comme un : ça va ? mais rien de la sorte n'en sortait. A la place, la colère reprenait le dessus, et il crachait presque : " ... t'as un sacré culot Leah" en faisant quelques pas pour avancer vers le canapé. "Tu sais prendre ton putain de téléphone pour inviter je ne sais qui, mais ..." un grognement étouffait les quelques jurons qu'il se refusait à débiter. Se portant une main fatiguée au visage, il fixait les verres sur la table quelques secondes, comme pour faire une mise au point, avant de rebrousser chemin. "Oh puis merde, t'as fait ton choix. Bonne nuit." qu'il grommelait en reprenant la direction de sa chambre, bien décidé à passer une soirée plus tranquille que les précédentes.
Si depuis le début, le duo avait su se découvrir des points communs qui les avaient rapprochés, ils allaient vite se rendre compte qu’une de leur principale ressemblance se situait dans leur tempérament. Orgueilleux, impatients et démarrant au quart de tour… Deux foutus caractères qui, en cas de conflit, s’avéraient plutôt incendiaires. En l’occurrence, ils vivaient actuellement ce que l’on pouvait plus communément appeler : le calme avant la tempête. Adoptant la même stratégie, mais pour des raisons fondamentalement différentes, Leah et Stephen s’étaient royalement ignorés. Jusqu’à aujourd’hui. Une situation qui aurait pu se révéler complexe, puisqu’ils habitaient ensemble. Mais c’était sans compter l’ingéniosité du brun qui avait décidé de partir à l’aube et de ne rentrer que tard le soir. De son côté, la brunette avait également fait profil bas, disparaissant dans sa chambre à peine entendait-elle le bruit des clés tourner dans la porte d’entrée. Même si ils ne se croisaient pas, une tension certaine régnait dans l’appart. La jeune femme avait déjà été tentée de frapper à la porte de sa chambre, à tenter d’avoir une discussion avec lui pour mettre tout ça au clair. Mais rien n’y faisait. Son égo reprenait le dessus, lui rappelant à quel point il avait été blessant avec elle le soir du Nouvel An, la rejetant après tout ce qu’ils avaient déjà vécu. Elle ne voulait pas croire que tout était à sens unique, c’était impossible. Elle n’avait pas rêvé la Tasmanie, ni les nombreux gestes que Stephen avait eu à son égard. Les baisers, les caresses… Leurs écarts à répétition. Elle en avait certes initié quelques uns, mais le brun n’avait pas été en reste. Leah se rendait bien compte que la situation était compliquée, mais de là à tout remettre en question quand ils se rapprochaient enfin… Non. Elle avait suffisamment souffert, et il le savait. S’ouvrir de la sorte ce soir là n’avait pas été une chose aisée pour elle, se rendre vulnérable n’était pas vraiment un exercice dans lequel elle excellait. Et il lui avait dit qu’il voulait qu’elle sorte avec un autre mec, qu’il ne pouvait pas être cette personne pour elle. Bien évidemment, elle n’avait pas prévu de prendre cette remarque au pied de la lettre. Et ce qu’il venait de se passer avec Matteo n’était qu’une coïncidence. Elle s’était laissé aller, guidée par la colère et la déception. Elle regrettait son geste, d’autant que jamais elle n’aurait sciemment fait quoique ce soit pour blesser Stephen à son tour. Mais pour l’instant, la rancune l’aveuglait et l’empêchait d’agir avec la logique d’exigeait la situation. Perturbée par le baiser qu’elle avait échangé avec Matteo, la jeune femme ne savait plus quoi penser. Pour se changer les idées, elle décida de se mettre à ranger ce qu’il restait de cette soirée qui ne s’était pas exactement passée comme prévu. Mais c’est pile à ce moment là que le kiné décida de faire son entrée, bien plus tôt qu’à son habitude. Prise de court, la brune se contenta simplement de l’observer sans un mot. Le voir ainsi avait fait battre son cœur un peu plus vite, mais le regard qu’il lui lança suffit à la faire vriller et à lui rappeler pourquoi elle lui en voulait. On aurait presque dit que sa présence le dérangeait… La jeune femme avait envie de lui rappeler que c’était son appartement pour commencer, mais une once de bon sens l’en empêcha. Il n’avait pas encore ouvert les hostilités, se contentant simplement de la regarder avec un air froid et fermé, le regard noir. Ambiance. Il balaya la scène du regard avant de partir vers sa chambre dans un petit ricanement. Hé merde. Il était probablement tombé sur Matteo. Une dernière lueur d’espoir persistait, tandis qu’il semblait se diriger sans un mot vers son antre, sans prononcer le moindre mot. Si vraiment, il savait avec qui elle avait passé la soirée, alors il aurait probablement fait une remarque. Soulagée, la brunette se retourna vers le plan de travail de la cuisine pour continuer ce qu’elle était entrain de faire, mais Stephen avait finalement décidé d'interrompre ce qu'il prévoyait de faire pour lui parler. Réduisant à néant ses espoirs. Il savait. " ... t'as un sacré culot Leah" La brune l'observa faire quelques pas en direction du canapé où elle avait pour ainsi dire déraper avec son ami et le rouge lui monta immédiatement aux joues. "Tu sais prendre ton putain de téléphone pour inviter je ne sais qui, mais ... Oh puis merde, t'as fait ton choix. Bonne nuit." Tournant les talons, il reprit sa direction initiale, mais c'était sans compter sur le fait que les nerfs de Leah venaient de lâcher en entendant sa réaction. Est-ce qu'il se foutait d'elle? "Je te signale quand même que c'est toi qui m'a demandé, ou non plutôt, "fortement conseillé"..." Un petit rire glacial s'empara d'elle tandis qu'elle improvisait des guillemets en reprenant les paroles blessantes que le kiné avait eue ce fameux soir. "... De revoir du monde, de sortir avec un autre mec..." Là, elle avait eu son attention. "Alors désolée, je pensais que ça te ferait plaisir Stephen. C'est ça que tu voulais, pas vrai?" Les paroles sortaient comme un flux incontrôlable. Si son intention première avait été d'arrondir les angles, son impulsivité et sa colère avaient pris le dessus sur tout le reste. Sa voix était pleine de provocation tandis qu'elle observait le brun avec un regard noir. On pouvait presque voir les étincelles s'envoler entre eux. La pauvre. Si elle savait qu'elle venait de se griller toute seule...
La voix de Leah l'interpellait alors même qu'il avait abandonné l'idée de se battre avec elle ; pas ce soir, pas encore. Se rendre dans sa chambre lui semblait être la plus sage des décisions. Le brun manquait de sommeil, de repos. Les quelques heures passées avec sa famille et sa fille ne lui avaient pas vraiment permis de ramener avec lui une parcelle de sérénité qui lui aurait été bien utile pour contrer la colère qui l'animait lorsque son regard avait croisé celui de la jeune femme. "Je te signale quand même que c'est toi qui m'a demandé, ou non plutôt, "fortement conseillé"..." qu'elle commençait en laissant un rire glacial s'échapper d'entre ses lèvres, un rire qu'il ne lui connaissait pas. Leah et lui ne s'étaient jamais disputés de cette façon. Quelques étincelles étaient bien venues ponctuer leur histoire, mais jamais l'incompréhension n'avait été aussi grande qu'aujourd'hui. Il n'arrivait pas à comprendre son silence, et elle.... elle semblait débarquer d'une autre planète en lui rapportant en plein visage des paroles qu'il avait pu lui dire quelques semaines plus tôt. "... De revoir du monde, de sortir avec un autre mec..." Et c'en était fini du calme froid qu'il avait réussi à plus ou moins contenir jusque là. La brunette n'avait pas le droit de jouer la dessus, pas après ce qu'il avait pu lui dire une fois qu'elle ait quitté l'appartement après leur baiser du nouvel an. Se refusant de croire un seul instant que cette petite soirée ait pu avoir ce genre de finalité, Stephen laissait le temps se suspendre un instant. Il s'était retourné, l'air absent bien que glacial, la fixait sans trop savoir ce qu'il devait en penser. Finalement, Leah réduisait ses espérances au néant en lâchant d'un ton cinglant : "Alors désolée, je pensais que ça te ferait plaisir Stephen. C'est ça que tu voulais, pas vrai?" Ses méninges se mirent à tourner à vive allure. Demeurant silencieux l'espace de quelques secondes, Stephen jaugeait à nouveau la scène entre eux. Un canapé aux coussins affaissés, deux verres de vin... et le souvenir de la brunette, l'air perdu et coupable qui lui durcissait les traits, à qui il avait eu à faire en revenant à l'appartement. Elle s'était tapé un autre mec ? L'une de ses mains venait heurter son front, glissait dans sa chevelure, comme si ce geste aurait pu suffire à lui remettre les idées au clair, minimiser ce constat qui s'était imposé de lui même. Bouillonnant d'une rage nouvelle, Stephen tenter de contenir le flux de paroles blessantes qui auraient pu franchir la barrière de ses lèvres s'il ne se sentait pas si affecté. "Ouais, c'est ce que je voulais." qu'il crachait presque dans un demi mensonge. Il aurait voulu que Leah se trouve quelqu'un d'autre, qu'elle ne se raccroche pas à la catastrophe qu'il était, mais le comportement que la brunette adoptait là lui était incompréhensible. Pourquoi lui amener ça sous le nez ? Pourquoi lui faire ça après qu'il ne lui ait dit qu'il était d'accord pour essayer ? "J'pensais juste pas que t'étais capable de te taper le premier mec venu, que t'avais un peu plus de respect envers toi même." Leah ne se doutait sûrement pas de ce qu'elle avait bien pu provoquer chez lui, et sûrement que Stephen se rendait à peine compte de ce qu'il lui arrivait là. Il adoptait le seul comportement qu'il connaissait pour se protéger de la peine qu'il pouvait ressentir ; l'attaque. Il était hors de question qu'il ne s'écrase, pas alors qu'elle avait balayé ses excuses en couchant avec quelqu'un d'autre à l'endroit même où ils vivaient.
Si Leah avait pu choisir la tournure des évènements, elle aurait probablement opté pour une autre approche. La brune aurait largement préféré qu'ils continuent sur leur lancée, à savoir de ne pas s'adresser la moindre parole. Surtout après ce qu'il venait de se passer avec Matteo, elle était encore plus perdue qu'auparavant. Elle-même ne comprenait pas sa réaction, pourquoi elle avait agit de la sorte. Elle se sermonnait intérieurement, espérant que son amitié avec le brun ne vienne pas à en pâtir. Être amie avec un garçon n'était pas chose aisée, tant la barrière qui séparait l'amitié des sentiments était fine et au bords flous. La preuve en était avec Stephen... Leur complicité n'avait eu de cesse d'augmenter, jusqu'à ce fameux soir où l'alcool les avait fait franchir une limite qu'ils avaient toujours respectée. Depuis ce soir là, une part d'elle savait déjà qu'elle était entrain d'éprouver des choses pour lui. Elle se surprenait à faire attentions à des petits détails, à s'attendrir devant certaines de ses réactions, à prêter davantage de temps à son physique dans le but de lui plaire... Evidemment, tout ça s'était fait inconsciemment. La brunette se voilait la face, sa spécialité. Ce n'est que maintenant qu'elle réalisait peu à peu qu'elle était embarquée là dedans depuis plus longtemps qu'elle ne l'imaginait. Avec Matteo, ça n'avait rien à voir. Elle chérissait leur amitié plus que tout, et le soutien mutuel qu'ils pouvaient s'apporter. Ce soir était un simple moment d'égarement. Un moment d'égarement qu'elle aurait préféré garder pour elle afin d'en éviter les conséquences, mais cela était sans compter l'arrivée inattendue du kiné dans l'appartement alors qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion de nettoyer les restes de cette soirée. Lorsqu'il avait passé le pas de la porte, son coeur avait fait un bond dans sa poitrine, et son premier réflexe aurait sans doute été de lui courir dans les bras afin de mettre un terme à cette dispute stupide. Mais son regard noir et accusateur avait réveillé cette colère qui restait en surface depuis des jours, prête à ressurgir à chaque instant. Et il semblerait que cet instant soit arrivé. Leah était quelqu'un qui avait besoin de parler, de dire les choses... Mais le caractère borné de Stephen lui rendait la tâche difficile tandis qu'elle pouvait presque voir un mur invisible se dresser entre eux. La communication était coupée. Elle n'aurait jamais pensé que ça puisse arriver un jour, eux qui avaient toujours été si proches, se comprenant presque à demi mot. En l'occurrence, ils nageaient dans l'incompréhension la plus totale... Et ça la chamboulait totalement, bien plus qu'elle ne voulait bien se l'avouer. Si seulement il n'avait pas ouvert la bouche. Si seulement il était entré dans sa chambre en claquant la porte, comme il avait l'habitude de le faire. Mais non. Il déversa son flot de parole, l'accusant de ne pas manquer de culot et d'avoir fait son choix... Des mots qui laissaient entendre qu'il avait vu Matteo, qu'il avait compris ce qu'il s'était passé. Et son ton plein de reproche en était trop pour une Leah qui avait passé ces derniers jours à ruminer sur ce qu'il lui avait dit, la repoussant pour qu'elle puisse soit disant aller de l'avant. Sans lui. Alors elle s'engouffra dans cette brèche, un rire glacial s'échappant de ses lèvres tandis qu'elle lui confirmait sans le savoir des pensées qu'il n'avait jamais eu à la base. L'art de se griller toute seule. Ses paroles semblèrent avoir l'effet d'un électrochoc sur le kiné, qui se tourna lentement sur lui même pour regarder à nouveau la scène qui se jouait devant lui, comme s'il tentait intérieurement de rassembler les morceaux des évènements de la soirée. "Ouais, c'est ce que je voulais." Elle aurait espéré quelque chose de différent, une réaction qui lui montrerait que non, il ne voulait pas qu'elle passe à autre chose. Mais évidemment, il n'en fut rien. Il la fusillait du regard, la regardait comme si elle était une parfaite inconnue à ses yeux. Les poings de Leah se serrèrent sans même qu'elle ne s'en rende compte, comme si elle se préparait instinctivement à ce qui allait suivre. "J'pensais juste pas que t'étais capable de te taper le premier mec venu, que t'avais un peu plus de respect envers toi même." La brune accusa ses paroles sans sourciller. Il était blessant, il le faisait exprès. Et il croyait que... Non? Il pensait vraiment qu'elle avait couché avec Matteo? Leah ouvrit la bouche pour rétorquer, le rassurer, lui expliquer qu'il se trompait. Mais elle n'en fit rien. Une part d'elle voulait qu'il souffre, qu'il ressente ce qu'elle avait ressenti lorsqu'il l'avait rejetée le soir du Nouvel an: comme si elle n'avait pas la moindre importance à ses yeux. Ca faisait mal. "Oh mais c'est loin d'être le premier mec venu Stephen, désolée de te décevoir mais ça fait plus d'un an que je le connais. T'es loin d'être le seul et unique type de mon entourage." Elle tremblait et ne parvenait plus à contrôler ce qu'elle disait. Ses paroles avaient pour seul but de lui faire mal, qu'il se rende compte qu'elle n'avait peut-être pas autant besoin de lui qu'il le croyait. Qu'il n'était pas irremplaçable dans son coeur. Bien entendu, tout cela était faux, et elle se surprenait elle-même à mentir avec autant d'aplomb. Elle aurait dû réagir, lui dire qu'il se plantait et qu'il ne s'était rien passé avec Matteo. En tout cas, rien d'aussi définitif qu'une partie de jambe en l'air. Il allait vraiment la prendre pour une garce. Tant pis. Elle pouvait effectivement se révéler comme telle lorsqu'elle était dans cet état. Le sang battait à ses tempes tant la fureur avait pris le pas sur le reste. "Je trouve que c'est toi qui a du culot de venir me faire des reproches alors j'agis exactement comme tu me l'as suggéré. "Je suis pas bien pour toi Leah", "Je peux pas porter toutes les casquettes Leah", "Il faut vraiment que tu sortes avec quelqu'un d'autre Leah." Alors, pour une fois que je fais ce que tu me demandes, pourquoi? Pourquoi tu débarques ici avec tes accusations?" Elle s'était pratiquement mise à crier sans le réaliser, les larmes menaçant de sortir à tout moment. Le voir aussi proche et aussi loin d'elle lui brisait le coeur, toute cette situation était intenable pour ses nerfs.
Au contact de Leah, Stephen avait commencé à apprivoiser ses émotions. La brunette était à des kilomètres du conformisme dans lequel il se complaisait. Elle était impulsive, caractérielle, impossible à soumettre. Il aurait su gérer un simple béguin pour elle, de simples égarements, mais ce qu'ils avaient concrétisé en Tasmanie était bien plus fort que ce qu'il ne soupçonnait. Sitôt revenu de leur escapade sur l'île d'à côté, Stephen avait quitté Carter et sa candeur. La jeune maman lui laissait le contrôle, et si sur papier, cette situation était une excellente façon de tourner la page, dans les faits, le souvenir d'avoir partagé les mêmes draps que la petite dernière des Baumann le hantait encore bien plus qu'il ne l'aurait jamais avoué. Il oscillait entre deux volontés ; celle de la voir prendre un nouveau départ avec quelqu'un qui n'avait pas une situation familiale chaotique et un cœur en vrac comme le sien, puis celle de laisser une chance à cette histoire qui serait compliquée, mais qui se révélait être une évidence à ses yeux jour après jour. Finalement, elle avait pris sa décision d'elle même. Choisissant de passer à autre chose aussi rapidement, Stephen n'avait pas pu s'empêcher de sentir sa poitrine se serrer, son cerveau fonctionner à vive allure. Elle débitait des paroles, qui à ses yeux n'avaient aucun sens, si bien qu'alors qu'elle parlait, il avait traversé la pièce en sens inverse pour revenir prendre ses clés et quitter cette atmosphère oppressante. "Oh mais c'est loin d'être le premier mec venu Stephen, désolée de te décevoir mais ça fait plus d'un an que je le connais. T'es loin d'être le seul et unique type de mon entourage. Je trouve que c'est toi qui a du culot de venir me faire des reproches alors j'agis exactement comme tu me l'as suggéré. "Je suis pas bien pour toi Leah", "Je peux pas porter toutes les casquettes Leah", "Il faut vraiment que tu sortes avec quelqu'un d'autre Leah." Alors, pour une fois que je fais ce que tu me demandes, pourquoi? Pourquoi tu débarques ici avec tes accusations?" Puis soudainement, trop c'était trop. Après quelques secondes d'un silence glacial à peine rompues par le tintement sec des clés qu'il reposait sans cérémonie sur le meuble, Stephen se retournait vers Leah pour lui faire face. "Parce que je voulais croire que c'était simple de tourner la page, alors qu'en fait, ça ne l'est ni pour toi ni pour moi. Je suis pas le seul mec de ton entourage ? Ok. Je vais faire abstraction de ça." qu'il crachait presque en balayant ses paroles d'un geste du bras, se rapprochant d'encore quelques pas pour arriver à sa hauteur. Il avait beau la dépasser d'une bonne tête, Leah soutenait son regard glacial sans ciller, même si elle semblait être au bord des larmes. Lui demeurait vidé de toute émotion. Il avait (encore) relégué toute sa peine au fond de lui même, par un automatisme protecteur qu'il avait développé au fil des mois. "T'es pas prête en fait, et j'me sens tellement con d'avoir contribué à ça. Tu fais comme si tout allait bien, mais si t'avais à ce point d'avoir non pas un, mais deux types dans ta vie, pose toi les bonnes question." Le ton montait, la patience se perdait doucement. Finalement, la statue de glace qu'il était finissait par se laisser happer par la colère qui tambourinait dans sa poitrine. "Donc j'espère que j'ai été un bon amusement pour les soirs ou tu te sentais seule, sans défense, paumée. Maintenant c'est clair, et du passé. Une putain de connerie du passé. J'm'en tape que tu sois avec quelqu'un d'autre. Essaie juste de faire ça dans ta chambre la prochaine fois. Et débrouille toi." qu'il concluait, même si ses pieds n'avaient pas bougés d'un poil. Il avait désespérément besoin d'un éclair de lucidité, d'être frappé par un happy end. Ses pensées étaient si obscurcies par la colère qu'il voyait à peine l'état émotionnel dans lequel se trouvait la brunette face à lui. Il lui en voulait tellement.
Des conflits, des disputes, elle en avait vécu un tas. Son tempérament l'avait déjà amenée dans des situations compliquées à gérer, puisqu'il lui était impossible de garder quoique ce soit pour elle. Elle devait dire les choses, bonnes ou mauvaises. Evidemment, toute vérité n'était pas toujours bonne a dire comme le soulignait le célèbre adage. Leah était toujours partie du principe que si elle voulait que les gens soient honnêtes avec elle, elle se devait de faire de même. Si on ajoutait à ça le fait qu'elle avait beaucoup de difficultés à mettre les formes, on obtenait les ingrédients pour un nombre incalculable de disputes en tout genre. Du coup, la brunette avait gagné en aplomb et se démontait difficilement. Il lui fallait bien plus que des cris et quelques paroles blessantes pour la faire trembler. C'est en tout cas ce dont elle était persuadée, mais à ce moment là, elle ne s'était encore jamais retrouvée dans une telle situation avec Stephen. Et il fallait bien l'avouer, elle était complètement désarmée face à lui. La brune débordait de colère, de ressentiment face à tout ce qu'il lui avait dis quelques jours plus tôt. Il soufflait le chaud et le froid, semblait attiré par elle et alors même qu'il se laissait aller, il finissait par la repousser. Mais en même temps, elle commençait à éprouver de la culpabilité. Parce que son geste allait à l'encontre même de ce qu'elle pouvait ressentir à l'égard du brun. Elle s'était laissée aller, parce qu'elle se sentait bien en présence de Matteo, il avait toujours été là pour elle depuis qu'ils s'étaient rencontré. Et lui-même ne savait pas exactement où il mettait les pieds pour le futur, car tout son monde s'écroulait. Deux âmes en peine, voilà ce qu'ils avaient été ce soir. Mais ça n'excusait rien. Si Stephen lui avait annoncé avoir passé la soirée dans les bras d'une autre, elle aurait complètement vrillé. C'est d'ailleurs probablement ce qui la poussait à le laisser croire que c'était ce qui était arrivé, qu'elle était déjà passée à autre chose peu de temps après qu'elle lui ait annoncé vouloir de ce nouveau départ avec lui. Leah voulait le blesser, en dépit de tout bon sens. Et peut-être qu'elle y parvenait. Il l'observait sans un mot, les traits tendus au maximum. Jusqu'au moment où, toujours dans un silence de plomb, il se dirigea vers la porte en attrapant ses clés. Elle s'apprêta à ouvrir la bouche pour lui lancer une ultime pique, du style "Tu prends déjà la fuite Holloway?" mais elle n'en eut pas l'occasion, car il se ravisa et se dirigea à toute vitesse vers elle. Dans un réflexe inconscient, la jeune femme se raidit instantanément. Avoir vécu la violence pendant tant d'années avait laissé des séquelles, et elle ne maîtrisait toujours pas certaines réactions. Elle savait que Stephen ne lèverait jamais la main sur elle, mais quand même. Elle tremblait de tout son long, les poings serrés le long de son corps tout en soutenant le regard furieux du kiné. Il n'était plus qu'à quelques centimètres qu'elle, et la brunette pouvait pratiquement sentir son souffle sur elle."Parce que je voulais croire que c'était simple de tourner la page, alors qu'en fait, ça ne l'est ni pour toi ni pour moi. Je suis pas le seul mec de ton entourage ? Ok. Je vais faire abstraction de ça." Les lèvres tremblantes, les larmes menaçant de faire irruption au pire moment, Leah observait chaque expression du visage fermé du brun qui lui faisait face. Il donnait l'impression que la moindre parcelle d'émotion avait déserté son corps, pourtant, elle le connaissait assez pour savoir que c'était l'attitude qu'il adoptait quand justement, les choses devenaient ingérables. Elle pouvait déceler les tremblements de ses mains, sa respiration qui s'accélérait au fur et à mesure de ses paroles. "T'es pas prête en fait, et j'me sens tellement con d'avoir contribué à ça. Tu fais comme si tout allait bien, mais si t'avais à ce point d'avoir non pas un, mais deux types dans ta vie, pose toi les bonnes question. Donc j'espère que j'ai été un bon amusement pour les soirs ou tu te sentais seule, sans défense, paumée. Maintenant c'est clair, et du passé. Une putain de connerie du passé. J'm'en tape que tu sois avec quelqu'un d'autre. Essaie juste de faire ça dans ta chambre la prochaine fois. Et débrouille toi."Le ton montait de plus en plus, et même si la brune se sentait vidée, la fureur qu'elle ressentait en cet instant lui permettait de tenir debout, de faire face et de donner l'impression qu'elle aussi n'en avait que faire de ce qu'il pouvait lui dire. Pourtant, il n'aurait pas pu se montrer plus blessant. "Comment t'aurais pu croire que je puisse tourner la page avec toi? J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi indécis, tu sais pas ce que tu veux. T'es encore plus névrosé que moi, et tu te mens à toi-même. Depuis le début, tu te voiles la face et tu m'entraînes avec toi là dedans. Tu me laisses croire que tout va bien, et dès que ça va plus loin, tu t'éloignes. Alors tu sais quoi, merci pour toutes ces belles parties de jambe en l'air, c'était vraiment sympa. Et tant mieux si tu t'en tapes, ça tombe bien Holloway, moi aussi. Je sais même pas ce qui m'a prit de penser un seul instant qu'il y avait quelque chose de possible entre nous deux... Y a qu'à voir ce qu'il s'est passé avec Carter. T'es qu'un con." A peine eut-elle prononcé ces derniers mots qu'elle voulu immédiatement les retirer. Putain Baumann. Elle se mordit immédiatement la lèvre inférieure, comme dans un geste qui prouverait qu'elle n'aurait pas du dire ça. Mais c'était trop tard. Et il était hors de question de se rétracter, ou même de penser à s'excuser. Jamais de la vie. Alors elle continuait de l'observer avec une nonchalance calculée, une nonchalance qu'elle était loin de ressentir au fond d'elle. Que du contraire. Intérieurement, une véritable bataille se livrait en elle, et elle était persuadée qu'elle ne tiendrait plus encore longtemps debout dans de conditions pareilles. Elle était bien trop sensible. Cette dispute lui brisait le coeur, elle ne parvenait même pas à comprendre pourquoi elle lui parlait de la sorte alors qu'au fond, elle voulait juste qu'il la prenne dans ses bras et qu'il lui dise que tout ça c'était des conneries. La brune avait l'impression que quelque chose se brisait ce soir, et ces dernières paroles lui avaient laissé un goût d'amertume en bouche.
Leah & Stephen ⊹ then only for a minute, i want to change my mind 'cause this just don't feel right to me.
Une Leah au bord des larmes, dont le moindre des mots qu'il prononçait semblaient lui faire l'effet d'un coup de poignard, Stephen n'avait jamais vu la jeune femme si vulnérable. Pourtant, comme guidé par la colère, il ne s'était pas privé de tenir un discours acerbe, de monter le ton. Ses mots résonnaient encore, tranchaient avec la banalité de cette pièce de vie dans laquelle ils avaient réussi au fil des mois à tisser un lien qu'il avait estimé être solide. Il lui avait fait confiance, lui avait maladroitement confié ses doutes et ses craintes. Stephen avait beau être conscient des erreurs qu'il avait pu commettre en la repoussant lors de la soirée du nouvel an, il avait tenté de se repentir en lui adressant non pas un, mais deux messages dans les minutes qui avaient suivies. Des bouteilles à la mer. Leah l'avait laissé dans l'ignorance la plus totale, et si cette situation était déjà suffisamment compliquée à gérer pour son ego, l'irlandais était bien loin de s'imaginer qu'elle n'allait pas aller en s'arrangeant .... bien au contraire. Alors qu'il venait de débiter une longue tirade, de lui exposer son point de vue d'une verve sans le moindre tact, la jeune femme avait pris sur elle, et quelques secondes plus tard, lui asséna le coup de grâce qui suffirait à le décider à quitter l'appartement : "Comment t'aurais pu croire que je puisse tourner la page avec toi? J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi indécis, tu sais pas ce que tu veux. T'es encore plus névrosé que moi, et tu te mens à toi-même. Depuis le début, tu te voiles la face et tu m'entraînes avec toi là dedans. Tu me laisses croire que tout va bien, et dès que ça va plus loin, tu t'éloignes. Alors tu sais quoi, merci pour toutes ces belles parties de jambe en l'air, c'était vraiment sympa. Et tant mieux si tu t'en tapes, ça tombe bien Holloway, moi aussi. Je sais même pas ce qui m'a prit de penser un seul instant qu'il y avait quelque chose de possible entre nous deux... Y a qu'à voir ce qu'il s'est passé avec Carter. T'es qu'un con." Jeu set et match. Le ton volontairement nonchalant, une technique comme une autre pour le blesser, Stephen avait observé Leah débiter ce flot de paroles dans l'incompréhension générale. Il refusait de croire qu'elle puisse tenir un tel discours, et pourtant, la lèvre inférieure mordue d'un geste qu'il devinait être une manière pour elle de se donner l'assurance nécessaire pour lui livrer le fond de sa pensée, il tombait des nues. Son visage s'était vidé de toute couleur, sa colère évaporée en un quart de seconde. Elle était allée trop loin. "Va te faire foutre Baumann." qu'il sifflait avant de tourner les talons, de repartir en direction du meuble d'entrée qu'il atteignait alors qu'un rire glacial secouait sa poitrine. "... dans tous les sens du terme, on se comprend bien. T'iras attirer dans tes filets l'espèce de crétin qui s'est laissé embobiner lui aussi." Il attrapait sa veste, ses clés, et fit quelques pas pour atteindre la porte qu'il mit quelques secondes à déverrouiller. Le temps de la réflexion, d'une dernière pique qui lui permettrait de déverser le flot de haine qui courrait dans ses veines, qui battait à tout rompre contre ses tempes. Rien de tout ça ne s'extirpait d'entre ses lèvres. Le brun aurait pourtant tant aimé la faire souffrir, lui faire du mal à mesure qu'elle lui en avait fait ce soir en réduisant à néant l'étincelle de volonté qu'il avait eu de tourner la page de son mariage à l'issue dramatique et traumatisante. Peine perdue. Malgré cet échange, la petite dernière des Baumann restait une personne particulière à ses yeux, une personne dont il n'arriverait pas à se défaire si facilement. "... je vais pas disparaître. On garde nos arrangements. Mais c'est tout. On devient colocataires le temps que je vende la maison. Pour le reste, t'es plus que la petite sœur de Logan. C'est mieux comme ça." qu'il annonçait d'une voix claire, résignée, avant de disparaître de l'appartement en claquant la porte derrière lui. Peut être que c'était mieux ainsi.
Accueil
(
