C’est plus fort que moi, je ne peux pas m’en empêcher. Erin me manque, et je lui manque aussi. Alors pourquoi donner raison à Elio. Je ne suis pas néfaste pour elle, je ne vois pas pourquoi je le serai. C’est légèrement hésitante que je viens frapper à sa porte, le coeur battant. Depuis que je vis chez Kelya, je n’ai plus à me trimballer mes affaires à droite à gauche. Je ne sais pas combien de temps ça durera, mais je l’ai prévenue que je ne suis pas du genre à élire domicile quelque part. La porte s’ouvre, je pose mon regard sur le visage d’Erin. « Kyrah ! » Elle ne perd pas de temps et se jette sur moi pour m’embrasser, avant de m’attirer chez elle. J’en conclus qu’elle est seule. Elle me plaque contre le mur près de la porte et je sens ses mains commencer à se ballader sur mon corps. Je la stoppe du mieux que je peux, même si ça m’est difficile. « Erin, Erin… » Son regard est rempli d’incompréhension. « Je suis pas venue pour ça. » Elle fait un pas en arrière. « Il a réussi alors. » « Quoi ? Qui a réussi ? De quoi tu parles ? » « Elio , il a réussi à te faire changer d’avis. Tu es venue pour me dire que c’est fini c’est ça ? » Je passe une main dans mes cheveux, dégageant ainsi mon visage. « Erin, ton fils je m’en fous comme de l’an quarante. S’il avait réussi, je serai pas là aujourd’hui. Mais j’ai besoin qu’on discute. » Elle me regarde, voit bien que je n’ai pas besoin de douche, que je ne traîne pas mon sac à dos avec moi. « Tu as trouvé quelque part où vivre ? » Je m’approche d’elle, prends sa main avant d’entrelacer nos doigts, alors que mon autre main vient se poser sur sa joue. « On s’en fout, d’accord ? » Je dépose un baiser au coin de ses lèvres et l’attire pour qu’elle me suivre, et nous nous asseyons sur le canapé. Tout ce que j’ai à lui dire n’est pas facile. Alors j’essaie de commencer en douceur. « Tu attends quoi de moi ? » Je plonge mon regard dans le sien, attendant sa réponse. « Kyrah, tu m’as beaucoup aidée, depuis que tu es entrée dans ma vie. Depuis que tu es là, je me sens vivante, je me sens femme, je me sens aimée. J’arrive à penser à autre chose qu’à la perte de ma fille, j’arrive à rire, à profiter de la vie… » « Tu ne réponds pas à ma question. » Elle soupire. Ce n’est facile pour personne. « Je sais que je ne peux rien attendre de toi. Je sais que tu es sauvage, que tu pourrait disparaître d’un jour à l’autre. Mais je tiens à toi. J’y peux rien c’est comme ça. Je tiens à ce qu’on a, même si c’est pas grand chose. Je veux pas perdre ça. » « C’est vrai que c’est depuis que tu me connais que tu évinces ta famille ? » Ses yeux deviennent brillants. « Il a tout essayé hein… » Oui, Elio a essayé par multiples moyens que je ne remette jamais les pieds ici. « Erin, je suis là. C’est vrai, je peux pas te promettre que je ne disparaitrai pas un jour sans dire au revoir, je peux pas te promettre que je ne te ferai pas de mal. Mais aujourd’hui, je suis là. » Elle m’attire vers elle et me prends dans ses bras, sûrement pour se persuader que je suis bel et bien là. « Je prends. Tout ce qu’il y a à prendre je prends. » Elle écarte mon visage et m’embrasse doucement. « Tu sais quoi ? J’ai un rendez-vous là, je peux pas ne pas y aller. Mais reste-là, et quand je rentre, on se commande un bon jap, et on regardera un film. Toutes les deux. » Je ne sais pas si je dois accepter. « S’il te plait. » Je hoche la tête. « D’accord. » Elle a un pouvoir sur moi que je ne comprendrai jamais. J’ai beaucoup de mal à lui dire non. Et sans plus tarder, elle m’embrasse et s’éclipse pour se préparer, et quitter l’appartement. Je retire mes bottines, m’installe plus confortablement dans le canapé et allume la télé. Sauf que ma tranquillité est de courte durée. A peine dix minutes après qu’Erin soit sortie, j’entends la porte s’ouvrir. « T’as oublié un truc ? » Mais ce n’est pas le visage angélique d’Erin que je vois entrer dans l’appartement, au contraire, c’est celui de son démoniaque de fils. Et moi, je suis là, tranquillement assise dans le canapé de sa mère. Il va encore péter un câble. Je suis déjà fatiguée par cette future altercation avant même qu’elle n’ait lieu. C’est fou quand même. « Tiens, bonjour ! » J’essaie de prendre mon air le plus naturel qui soit. Comme si c’était tout à fait normal que je sois ici, alors qu’Erin n’est pas là. « Si tu cherches ta mère, elle est à un rendez-vous. Elle sera pas de retour avant une heure. J’peux lui passer un message ? » Et voilà, le retour de Kyrah la peste. Je ne suis pas agressive, bien au contraire, mais je sais que mon attitude va le mettre hors de lui, et j’en jubile d’avance. C’est plus fort que moi.

« ELIIOOO c’est papy qui t’appelle » J’attrape le téléphone que Scott me lance le regardant avec étonnement. « Qu’est ce qu’il veut lui ? » Je reste un petit moment avec le téléphone dans la main sans répondre avant de recevoir un grand coup de coude dans les côtes et de me retourner vers Kaecy . « Ca va pas ? » « Réponds ! Je veux regarder mon film tranquille. » Je secoue la tête et me lève du canapé pour répondre au téléphone. « Papa, un appelle de toi qu’est ce qui me vaut cet honneur ? » Je crains le pire. Les relations entre mon père et moi ont toujours été électriques et je doute qu’il ait eu d’un coup une envie soudaine de me parler, juste pour le plaisir. « Je voulais juste prendre des nouvelles. Comment tu vas ? Et les jumeaux ? » Evidement je ne marche pas dans son jeu, depuis que les jumeaux vivent avec moi pas une seule fois il n’a appelé pour le simple plaisir de prendre des nouvelles ou même n’aurait proposé son aide. « Je vais bien, les jumeaux aussi. » Un silence s’installe entre nous ce qui me met relativement mal à l’aise. «  J’ai eu Charles, mon ami de la police au téléphone. Il m’a appris que t’avais eu quelques problèmes avec la justice. » Je rigole d’un air las levant la tête en arrière. « T’appelles pour me faire la morale ? » Ca au moins ça ne m’étonnerait pas de sa part. « Non non mais je me dis que pour les jumeaux c’est pas un bon model. » Je vais péter un plomb avec lui. « Bah t’as qu’à venir leur en donner un meilleur, c’est sûr que de l’autre bout du monde c’est pas simple. » Je l’emmerde, et profondément. Qu’il ne vienne pas me donner des conseilles sur la façon dont je vis, c’est bien la dernière personne dont j’ai envie d’en recevoir. « Oui justement en parlant de ça je vais revenir dans deux jours et je me disais que tu pourrais prévenir Erin. » Cette fois il me paume complètement. « Pourquoi tu le lui dis pas toi même ? » Il me prend pour qui ? Son facteur, son assistant ? C’est sa femme aux dernières nouvelles. « C’est un peu compliqué en ce moment et je ne sais pas comment… » Je ne suis pas habitué à voir mon père montrer des faiblesses. C’est une facette de sa personnalité que j’ai découverte à la mort de Leah, comme quoi il a peut-être un cœur finalement. « C’est bon je lui dirais. Bon je te laisse papa moi et mon incompétence on doit s’occuper des jumeaux, je vais tenter de faire en sorte que eux finissent jamais en prison. » Je raccroche sans même attendre sa réponse et je vais rejoindre Kaecy au salon. « Tu peux garder les jumeaux ? Je dois aller voir ma mère. » La dernière fois que j’y suis allé je suis tombé sur un spectacle plutôt horrifiant et je préfère leur épargner une scène qui pourrait y ressembler de prêt ou de loin.

Au final ça n’est pas si mal, il faut de toute façon que j’aie une conversation avec Erin. Nous ne nous sommes pas revus depuis ma fameuse rencontre avec Kyrah. J’aurais espéré un coup de fil, une moindre nouvelle de sa part mais de toute évidence cette fille a bien plus d’importance à ces yeux que sa propre famille. Ce qui me dépasse totalement. Je me rends chez elle en trottinette comme à mon habitude et rentre dans l’appart sans prendre le temps de toquer ou de sonner. De toute évidence je n’apprends pas de mes erreurs. « T’as oublié un truc ? » Merde je connais cette voix et ce n’est pas celle d’Erin à mon grand regret. « Tiens, bonjour ! » « Kyrah, pire que la vermine, c’est impossible de se débarrasser de toi ! » Je lui jette un regard noir. En moi ça bouillon bien plus méchamment que ça mais je tente de rester calme. « Si tu cherches ta mère, elle est à un rendez-vous. Elle sera pas de retour avant une heure. J’peux lui passer un message ? » Elle se fout de ma gueule ? Elle se prend pour qui ? « Et donc t’en profite pour squatter ici ? Pourquoi ça ne m’étonne même pas ? » Ca ne m’étonnerait pas non plus que des choses disparaissent dans l’appart de mes parents. Profiteuse est voleuse font sans doute bon ménage.

Je vais m’asseoir à côté d’elle comme si de rien n’était. Ici c’est chez moi, la maison de mes parents et si une personne doit se sentir mal à l’aise ce n’est pas moi mais bien elle. « Je préfère rester j’ai une bonne nouvelle pour elle. » Je me tourne vers la jeune femme pour la fixer. « J’ai eu mon père au téléphone et il rentre à la maison, ils vont sans doute avoir des choses à se dire. » J’esquisse un petit sourire de fierté, évidement je l’ai dit de façon à laisser penser que c’est moi même qui l’ai appelé et à laisser le doute planer par rapport à ce que j’ai dit. En vérité j’ai fermé ma gueule mais maintenant que je la vois là je doute de plus en plus quand à l’idée d’en parler au paternel. « T’as changé de couleur de cheveux ? » Je l’observe du coin de l’œil étendant mes jambes comme si de rien n’était. « J’espère que ça plait à tes clients, ça serait con d’en perdre pour si peu… » Evidement je la provoque. C’est sans doute con je devrais partir mais c’est plus fort que moi. C’est comme un besoin.

« Kyrah, pire que la vermine, c’est impossible de se débarrasser de toi ! » Sa phrase me fait doucement sourire. Parce qu’au fond, je sais qu’il a raison. Je suis tenace, quand je veux. En général, c’est moi qui disparais, quand j’en ai envie, sans rien dire, sans prévenir. Mais quand on me demande de partir, surtout de la manière dont ça a été fait. Jamais de la vie. Personne ne me dicte mon comportement. Surtout pas un gars comme lui. J’ai assez eu mon père sur le dos pour me dire tout ce que je devais faire. Maintenant, c’est terminé. Je fais ce que bon me semble, c’est tout. Et que ceux à qui ça déplait dégagent de ma vie. Il me jette un regard noir, alors que je reste étonnamment calme. Pire, j’en rajoute une couche, je le provoque. C’est plus fort que moi. Je joue avec lui comme avec une petite marionnette, et j’adore ça. « Et donc t’en profite pour squatter ici ? Pourquoi ça ne m’étonne même pas ? » « J’suis arrivée avant qu’elle parte. Elle m’a dit de l’attendre. » Je pioche dans le paquet de corn flakes entre mes mains et mastique ma bouchée en le regardant d’un air complètement je-m’en-foutiste. Si il croit qu’il me fait peur. Il finit par s’asseoir dans le canapé pas trop loin de moi, et je reporte mon attention sur la télé, comme s’il n’était pas là. Je crois qu’il a bien compris que je n’allais pas partir juste parce qu’il est là. « Je préfère rester j’ai une bonne nouvelle pour elle. » « Ah ouais ? » Je ne le regarde toujours pas, mes yeux rivés sur l’écran de la télévision. Je continue de manger mes céréales sans faire trop attention à lui. Je suis assise en tailleur sur le canapé, comme si j’étais chez moi. « J’ai eu mon père au téléphone et il rentre à la maison, ils vont sans doute avoir des choses à se dire. » Je manque de m’étouffer avec mes céréales. Putain, il se fout de ma gueule. S’il voulait que je fasse attention à lui, il a réussi. Je tourne le visage dans sa direction et le fusille du regard. Je suis sûr qu’il l’a fait exprès. Je secoue la tête. « Mon pauvre chéri…. c’est navrant ! » Je lève les yeux au ciel et soupire fortement. « T’inquiètes, je serai partie avant qu’il rentre, et si Erin veut me voir, elle a mon numéro ! » J’esquisse un petit sourire. Mais au fond, je flippe. Je flippe parce que je sais que maintenant qu’il va être de retour, son fils va tout faire pour le mettre au courant des petites escapades d’Erin. Ce mec est une plaie, c’est pas possible. Je reporte mon attention sur la télé, pour ne pas bouillir. Parce que chaque fois que je le regarde j’ai envie de lui sauter à la gorge pour l’étriper. « T’as changé de couleur de cheveux ? » « Hum . » Je ne le regarde pas. Mais je vois que ce n’est pas son cas. Je l’intéresse tant que ça. Non, je suppose que ce n’est pas juste pour dire qu’il a remarqué mon changement physique. Il y a autre chose derrière, et je ne vais pas tarder à savoir de quoi il s’agit. « J’espère que ça plait à tes clients, ça serait con d’en perdre pour si peu… » Cette fois je tourne la tête rapidement dans sa direction et le fusille du regard. « Mais tu peux pas t’arrêter un peu de dire des conneries ? C’est vraiment pas possible d’être aussi con ! Comment Erin a pu mettre au monde un gars aussi con que toi sérieux ? » Je décroise mes jambes et pose le paquet de céréales sur la table basse avant de me lever. « Et puis tu sais quoi, pense ce que tu veux, que j’ai des clients, que j’me fais payer pour coucher, que j’arnaque ta mère, que je me fous de sa gueule, et de la tienne par ricochet… Mais vas-y, j’en ai rien à foutre ! Rien à foutre de ta gueule ! » Je secoue la tête d’un air dégouté en le regardant. « Erin sait qui je suis, et ce que je vaux. C’est tout ce qui m’importe. » Je quitte le salon pour aller me chercher un verre d’eau dans la cuisine. J’essaie de garder mon calme, avant de lui faire la peau. Rester calme, rester calme. Je respire un bon coup et prends mon courage à deux mains pour retourner dans le salon où se trouve encore Elio. Il ne me lâche pas du regard. « Me regarde pas comme ça, abruti ! » Je me jette sur le canapé, à l’autre bout, loin de lui, le plus loin possible, et je remets mes pieds sur celui-ci, avant de reposer mon regard sur lui. « En fait, t’es juste dégoûté de te rendre compte que je passe avant toi dans sa vie. T’es jaloux ! Mais j’y peux rien, j’lui fait prendre son pied, et ça, ça n’a pas de prix ! » Je lui souris, mais c’est loin d’être un sourire sincère, c’est plutôt quelque chose de finement diabolique. Il veut jouer avec moi, je peux en faire autant. Je crois que j’ai suffisamment de quoi le torturer.

« J’suis arrivée avant qu’elle parte. Elle m’a dit de l’attendre. » Evidement ça m’énerve, évidement j’aimerai continuer de croire qu’Erin n’est pas assez conne pour lui demander de rester, pour avoir envie de voir cette fille et se faire avoir par elle mais je ne dis rien. La mine un peu renfrogné je vais m’asseoir près de Kyrah pour lui annoncer la bonne nouvelle. « Mon pauvre chéri…. c’est navrant ! T’inquiètes, je serai partie avant qu’il rentre, et si Erin veut me voir, elle a mon numéro ! » Je sais qu’elle dit ça pour m’énerver, me provoquer et honnêtement ça marche très bien. Je bouillonne de l’intérieur Mais rien que pour l’emmerder je tente de ne pas le montrer ce qui n’est pas une mince affaire. « Au moins tu seras fixée, est-ce qu’Erin tient réellement à son mariage ou alors ce qu’elle veut c’est filer le grand amour avec sa pute de luxe ? » Je sais que ce genre d’insulte a le don de mettre Kyrah en rage et j’en abuse avec plaisir. Mais au final ce que je dis n’est peut-être pas sans intérêt, un jour ou l’autre Erin sera au pied du mur et il faudra bien qu’elle choisisse. Je doute que mon père soit le genre d’homme à accepter que sa femme s’en tape une autre dans son dos et le jour où il faudra qu’Erin fasse un choix, ce dernier risque dans tous les cas de changer la dynamique de son histoire avec Kyrah.

Je finis par changer de conversation embrayant avec sa couleur de cheveux une idée cachée derrière la tête évidement. « Mais tu peux pas t’arrêter un peu de dire des conneries ? C’est vraiment pas possible d’être aussi con ! Comment Erin a pu mettre au monde un gars aussi con que toi sérieux ? » Elle ne l’a pas fait mais de toute évidence Kyrah n’est pas au courant de cette partie de l’histoire et ce n’est pas moi qui risque de lui en parler « Et puis tu sais quoi, pense ce que tu veux, que j’ai des clients, que j’me fais payer pour coucher, que j’arnaque ta mère, que je me fous de sa gueule, et de la tienne par ricochet… Mais vas-y, j’en ai rien à foutre ! Rien à foutre de ta gueule !  Erin sait qui je suis, et ce que je vaux. C’est tout ce qui m’importe. » Gagné ! Je sens bien que j’ai réussi à l’agacer et pour moi c’est un vrai plaisir. Madame n’aime pas qu’on lui rappelle qu’elle est une moins que rien qui abuse des gens ? Pauvre petite chose. « C’est marrant parce que quand je t’entends te justifier comme ça, j’ai pas vraiment l’impression que tu t’en fiches de ce que je pense… » Je lui jette un regard amusé alors qu’elle s’en va dans la cuisine me laissant seul pour savourer cette courte victoire. J’ai même l’espoir qu’elle parte pour de bon mais je crois que je rêve. Et effectivement je la vois déjà revenir un verre d’eau à la main. « Me regarde pas comme ça, abruti ! » Sa remarque ne fait que renforcer mon regard sur elle et je l’observe des pieds à la tête sans aucune gêne alors que je sens une chaleur étrange monter en moi. « En fait, t’es juste dégoûté de te rendre compte que je passe avant toi dans sa vie. T’es jaloux ! Mais j’y peux rien, j’lui fait prendre son pied, et ça, ça n’a pas de prix ! » Je repose mon regard sur la télé laissant un moue trahir de mon énervement. « T’as raison Kyrah ! Je suis super jaloux de toi et de ton pouvoir de manipulation. Je voudrais vraiment pouvoir faire la même chose, ça doit être jouissif de manipuler les autres et d’être une sale garce égoïste et briseuse de ménage. J’en rêve jour et nuit. Je devrais penser à coucher pour le pouvoir de toute évidence ça marche bien. » Mon regard est noir et se repose sur elle avec une pointe de dégout alors que ces yeux rencontrent les miens. Nous restons comme deux chats en rages prêts à se sauter dessus mais rien ne se passe. Juste cette sorte de combat de regard. C’est moi qui finis par retourner la tête vers la télé avec un sourire en coin.

La vérité c’est que ce petit jeu m’amuse bien plus que ce que je ne veux laisser penser.

Une fois l’altercation finit un silence de plomb s’installe et je me rends compte que le téléfilm qui passe sur l’écran est une vrai daube. Pourtant je le regarde en silence pendant ce qui me semble être une éternité avant de reprendre la parole. « Sérieusement tu veux pas dégager ? J’en peux plus de voir ta tête de fouine dans mon champ de vision ! » Bon c’est une pic totalement gratuite puisque en vérité Kyrah est plutôt une jolie femme, mais ça je me garde bien de le lui dire. « Ou au moins changer de chaine parce que j’ai envie de mourir là ! » Je me penche alors pour attraper la télécommande sans lui demander son avis, ma main venant frôler par inadvertance sa cuisse et déclenchant un frisson passager dans mon corps. Bordel mais c’est quoi mon problème avec cette fille sérieusement ? Je ne sais pas pourquoi elle me fait cet effet, pourtant je la déteste, sincèrement et totalement alors c’est quoi cette excitation qui monte en moi ?

« Au moins tu seras fixée, est-ce qu’Erin tient réellement à son mariage ou alors ce qu’elle veut c’est filer le grand amour avec sa pute de luxe ? » Serre les dents Kyrah, ne dis rien, ravale ta fierté. Il ne faut pas que je le regarde ou je vais le tuer, l’égorger, le dépecer. Respire, tout va bien. Mais j’ai vraiment du mal à rester calme quand je suis dans la même pièce que lui. Ma respiration est plus saccadée, moins sereine. Je n’ai jamais été vraiment méchante avec les gens. Oui, je suis impulsive, j’ai un sale caractère, je peux m’énerver facilement, mais lui, avec lui c’est l’enfer. Je ne me suis jamais sentie bouillir autant face à une seule et même personne. Alors quand il me titille, je tombe dans le panneau et m’énerve d’un seul coup, je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi. « C’est marrant parce que quand je t’entends te justifier comme ça, j’ai pas vraiment l’impression que tu t’en fiches de ce que je pense… » Il m’exaspère, je vais vraiment péter un câble c’est pas possible. Je soupire largement et m’éclipse avant de le tuer. J’ai pas envie de finir ma vie en taule, et puis il n’en vaut même pas la peine. Il faut que j’arrive à me canaliser. Alors pour m’aider, je prends mes distances, me lève pour aller respirer dans la cuisine, loin de ce mec qui me met hors de moi. Je reviens avec un verre d’eau, après être plus ou moins calmée. Je garde cette carapace, cette surface de petite conne, parce que de toute manière, c’est comme ça qu’il me voit. Et je dis vrai quand je dis que je me fous de ce qu’il pense. Il ne régira jamais ma vie. Quoi qu’il arrive à faire. Et faire revenir son père ne me fait pas peur. Au moment où je parle du fait que je fais prendre son pied à sa mère, il tourne la tête. Bingo. J’ai bien compris que ce sujet l’énerve particulièrement. « T’as raison Kyrah ! Je suis super jaloux de toi et de ton pouvoir de manipulation. Je voudrais vraiment pouvoir faire la même chose, ça doit être jouissif de manipuler les autres et d’être une sale garce égoïste et briseuse de ménage. J’en rêve jour et nuit. Je devrais penser à coucher pour le pouvoir de toute évidence ça marche bien. » Putain. Je vais le tuer. Je vais LE TUER ! Je serre les mâchoires. Comment il fait pour toujours arriver à mettre le doigt là où ça fait mal, là où ça me fait sortir de mes gonds. Je le fusille du regard, et il en fait désormais de même. Je ne réponds pas, il ne le mérite pas. La tension monte, l’envie de nous sauter à la gorge pour nous étriper grimpe de seconde en seconde, et c’est lui qui dévie le regard en premier. Victoire. Un silence de plomb s’installe, tous deux les yeux rivés sur la télé qui diffuse un téléfilm à chier. « Sérieusement tu veux pas dégager ? J’en peux plus de voir ta tête de fouine dans mon champ de vision ! » Je souris. « Ça te ferait plaisir que je m’en aille ? » J’attends qu’il me regarde, je continue de sourire. « Alors je vais rester là… » Il fuit de nouveau mon regard. « Ou au moins changer de chaine parce que j’ai envie de mourir là ! » Il se penche vers moi pour récupérer la télécommande qui est de l’autre côté, il me passe presque dessus, sa proximité provoquant en moi une sensation étrange. Ce qui a tendance à m’énerver encore plus. Je regarde les chaines se changer sous la pression d’Elio sur la télécommande. « Bon tu t’arrête là un peu ? Tu m’files mal au crâne putain ! ». Ce connard continue, plus rapidement que tout a l’heure. « T’es vraiment un gamin… » Je me lève une fois de plus, j’ai de plus en plus de mal à rester là près de lui. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Je sais simplement qu’il m’énerve au plus haut point. Mais je ne vais pas lui donner le plaisir de ma chasser d’ici. Pas question de le laisser gagner. Alors je reviens dans le salon et me réinstalle dans le canapé, je pose mes pieds sur la table. « T’as pas envie de l’appeler plutôt que de rester là sérieux ? Tu me fatigues ! » Je sens bien qu’il jubile de savoir qu’il me fait autant chier. « Et puis change de chaîne ! » Il a mis une chaîne de voiture ou un truc pourri de mec à deux balles. « Change de chaîne ! » Il ne dit rien, ne bouge pas. Je vais le tuer mais c’est pas possible ! Je me lance sur lui à la poursuite de la télécommande qu’il tend en l’air pour m’empêcher de la récupérer. Je lui grimpe carrément dessus et prends son visage entre mon pouce et mon index, appuyant mes doigts dans ses joue de petit connard arrogant. « Lâche cette télécommande où je te broie les parties intimes pour de bon cette fois ! » J’ai l’impression d’avoir quatre ans. Il fait sortir de moi des choses que je ne connaissais pas.

« Ça te ferait plaisir que je m’en aille ? » Son sourire a réellement quelque chose de diabolique ! Elle connaît déjà la réponse évidement tout comme je sais que je ne me débarrasserai pas d’elle aussi facilement. « Alors je vais rester là… » C’était prévisible. Mais au moins j’aurais essayé. Je me penche alors au dessus d’elle pour attraper la télécommande. Assez vite pour qu’elle ne m’en empêche pas et commence à zapper. Je passe de chaine en chaine ne trouvant rien qui capte mon attention, peut-être parce qu’en réalité j’ai l’esprit ailleurs et pas du tout fixé sur l’écran devant nous. « Bon tu t’arrête là un peu ? Tu m’files mal au crâne putain ! » Il n’en faut pas plus pour que je zappe de plus belle. « T’es vraiment un gamin… » Elle a raison c’est plutôt puéril comme réaction mais je ne peux pas m’en empêcher et en plus ça marche puisqu’une fois de plus elle se lève et disparaît de mon champs de vison. « C’est ça dégages et ne reviens pas cette fois. » Je marmonne ces mots dans ma barbe alors que je continue de zapper. Je tombe alors sur ce qui semble être une course de voiture. Pour être honnête je déteste ce genre de truc mais je suis persuadé que ça va l’emmerder et rien que pour cette raison je reste sur la chaine. « T’as pas envie de l’appeler plutôt que de rester là sérieux ? Tu me fatigues ! » Cette fille n’a vraiment aucune gêne, elle se pointe chez ma mère, s’installe ici comme si de rien n’était alors que c’est une femme mariée et maintenant c’est moi qui devrais partir ? Elle va me rendre fou. Complètement fou. « Si t’es fatiguée t’as qu’a dégager, de toute façon t’as rien à faire ici. » Je commence à perdre patience avec Kyrah et ces grands airs. Elle ne veut pas que je lui dicte sa vie ? Et bien j’ai une grande nouvelle pour elle, c’est la même chose pour moi ! Elle peut toujours courir si elle pense que je vais lui faire plaisir de n’importe quel façon que ce soit.

« Et puis change de chaîne ! » Je ne la regarde même pas faisant mine d’être intéressé par la course qui se déroule à la télé. « Tu peux toujours courir. » « Change de chaîne ! » Cette fois je ne prends même pas la peine de la regarder ou de lui répondre ce qui semble encore plus l’énerver. Sans que je ne comprenne ce qui m’arrive je la sens alors me sauter dessus comme une folle enragée. Mon premier reflex est de lever le bras pour mettre la télécommande hors d’accès ce qui a pour seul effet de la faire me monter un peu plus dessus. Je sens mon cœur commencer à battre plus rapidement alors que de ces doigts elle m’attrape le visage pour me forcer à la regarder. « Lâche cette télécommande où je te broie les parties intimes pour de bon cette fois ! » Je soutiens son regard pendant quelques secondes non sans me dire que cette fille est complètement barge et je finis par la repousser assez violemment sur le canapé avant de me lever. « T’es pas bien dans ta tête ma pauvre fille ! Tu veux qu’on se batte pour une foutu télécommande ? Faut que t’ailles te faire soigner ! Sérieusement va voire un psy ! Fait toi interner, pose toi un camisole de force je sais pas mais fait un truc. » Tellement absorbé par mon monologue je n’ai même pas entendu la porte s’ouvrir et c’est la voix d’Erin qui me pousse à me retourner. « Elio ? » Je me retourne pour lui faire face mon regard ne laissant trahir aucune joie de la voire. « Tu m’expliques ce qu’elle fout ici ? Encore ? Et alors que t’es même pas là ! » Je sens qu’Erin est entre deux émotions. L’énervement et probablement un peu de honte aussi. « Je sais que tu comprends pas Elio, mais Kyrah m’apporte bien plus que ce que tu ne crois, j’ai besoin d’elle, j’en ai vraiment besoin… » Je me sens carrément entrain de défaillir. « Tu sais quoi ? Moi je connais des gens qui ont besoin de toi et… » Je suis entrain de m’emporter et clairement ce n’est pas une conversation que je veux avoir devant Kyrah. « Cette fille c’est du poison ! Elle est entrain de te retourner le cerveau ! Tu sais ce qu’elle a fait ? Elle est venue à mon travail et a tenté de ma faire virer, puis grâce à elle c’est en garde à vue que j’ai fini. » Bon j’avoue je suis légèrement entrain de modifier la réalité mais je n’ai même pas honte. « C’est d’une meuf comme ça que tu veux dans ta vie ? Une meuf qui se tape la moitié de la ville avant de venir se coucher avec toi ? C’est ça dont t’as besoin ? » Rien que de prononcer ces mots ça me dégoute. Je n’ai pas envie de les imaginer ensemble.

Je sens bien qu’Erin est entrain de bouillonner et ça ne m’étonnerait même pas que je m’en prenne une. Si ce n’est pas d’elle ça sera de Kyrah mais au point où j’en suis je m’en fou. « Au cas ou ça t’intéresserait ton MARI va rentrer dans deux jours. Tu devrais peut-être penser à faire le ménage ça pu la trahison par ici. » A peine ces mots dit je les regrette déjà mais il est trop tard pour les retirer. Erin veut choisir Kyrah qu’elle le fasse mais je ne veux pas être  un témoin silencieux de ça…

Ok, ok c’était débile, puéril et tout le reste. En même temps, je ne prétends pas être une fille mature, je ne l’ai jamais prétendu. J’ai gardé mon âme d’enfant, je me bats pour ma liberté, et ce n’est pas demain que je vais changer. Et encore moins avec un petit arrogant comme lui. Clairement, il me donne la nausée et je n’ai qu’une envie c’est de lui mettre un coup de tête dans son nez déjà sûrement pété par les bastons qu’il a dû provoquer. Enfoiré. Il finit par me pousser violemment et je me retrouve dégagée à l’autre bout du canapé. « T’es pas bien dans ta tête ma pauvre fille ! Tu veux qu’on se batte pour une foutu télécommande ? Faut que t’ailles te faire soigner ! Sérieusement va voire un psy ! Fait toi interner, pose toi un camisole de force je sais pas mais fais un truc. » Je suis restée là, sans bouger, alors que la porte est déjà en train de s’ouvrir. Je vois Erin entrer, et je garde mon air complètement choqué, pour jouer la martyr. Oui, je sais bien faire. « Elio ? » Je me redresse alors au moment où Elio fait face à sa mère. « Tu m’expliques ce qu’elle fout ici ? Encore ? Et alors que t’es même pas là ! » « Je sais que tu comprends pas Elio, mais Kyrah m’apporte bien plus que ce que tu ne crois, j’ai besoin d’elle, j’en ai vraiment besoin… » Mon coeur s’accélère, ce qu’elle dit me fait du bien, mais en même temps, je sens que ce serait sûrement le moment de m’évincer pour de bon de sa vie, avant qu’elle la foute complètement en l’air. « Tu sais quoi ? Moi je connais des gens qui ont besoin de toi et… » Elio est hors de lui, j’ai contribué à son énervement, je sais bien. Mais ce qui me fait le plus peur, c’est le regard d’Erin à ce moment précis. Je ne l’ai jamais vue comme ça, même si je ne la connais pas depuis très longtemps. « Cette fille c’est du poison ! Elle est entrain de te retourner le cerveau ! Tu sais ce qu’elle a fait ? Elle est venue à mon travail et a tenté de ma faire virer, puis grâce à elle c’est en garde à vue que j’ai fini. » Là il va trop loin, je peux pas le laisser continuer. « QUOI ??? Non mais je rêve ! » Je quitte le canapé d’un pas décidé, arrivant dans le dos d’Elio, j’empoigne son bras pour le forcer à se retourner. « Mais c’est quoi ton problème putain ? T’es vraiment qu’un sale menteur ! Que t’acceptes pas que ta mère trompe ton père avec une fille, c’est une chose, mais que tu me pourrisses avec des putain de mensonges à deux balles, j’te laisserai pas faire ! » Il fait mine de ne pas faire attention à moi et se retourne pour continuer sa discussion avec Erin, qui reste pour le moment silencieuse. « C’est d’une meuf comme ça que tu veux dans ta vie ? Une meuf qui se tape la moitié de la ville avant de venir se coucher avec toi ? C’est ça dont t’as besoin ? » Putain mais il va remettre ça sur le tapis combien de fois au juste ? Je passe nerveusement mes deux mains dans mes cheveux et enfonce mes doigts dans mon crâne pour essayer de me calmer. Mes mâchoires sont serrées, mes muscles tendus, mon regard noir, la colère monte en moi et les larmes arrivent au bord de mes yeux. S’il continue je vais vraiment le tuer. « Comment tu peux parler de quelqu’un de cette manière ? C’est pas comme ça que je t’ai élevé Elio ! » Elle est en colère, et elle a toutes les raisons de l’être. « Au cas ou ça t’intéresserait ton MARI va rentrer dans deux jours. Tu devrais peut-être penser à faire le ménage ça pu la trahison par ici. » Une fraction de seconde plus tard, la main d’Erin vient s’écraser sur la joue de son fils. Je sursaute, surprise par son geste. « Depuis quand je n’ai plus le droit à ton respect, Elio ? » Elle n’a visiblement pas l’air de regretter son geste. C’en est trop pour moi. Je n’aurai eu aucun scrupule à briser son couple, puisqu’elle n’est pas heureuse, mais je ne veux pas être à la base d’une querelle de famille. Je sais que trop bien à quel point la famille, ça peut être important. Sans un mot, je fais demi-tour et enfile mes chaussures, prête à partir. Je récupère ma veste et avant même d’avoir pu attendre la porte Erin me rattrape par le bras. « Kyrah s’il te plait. » Je me retourne alors face à elle, avant de jeter un oeil à Elio, puis reporter mon attention sur Erin. « Laisse tomber. J’ai pas envie de briser ta vie, foutre en l’air ton mariage bancal, j’en avais rien à foutre, mais j’ai pas envie que tu te mettes ta famille à dos. Donc tu sais quoi, il a gagné. Je m’en vais, et je reviendrai pas. N’essaie pas de m’appeler. » Je vois les larmes monter dans ses yeux, et ça me brise le coeur. « Tu te doutais bien qu’on allait pas faire notre vie ensemble Erin, je tiens beaucoup à toi, mais j’ai pas ma place dans ta vie. C’est trop compliqué. Prends soin de toi… » Je m’approche vers elle, pose ma main sur sa joue avant de venir l’embrasser tendrement. A cet instant précis, Elio n’existe plus. Elle m’attire vers elle pour me serrer dans ses bras. Je pense qu’elle a compris, même si c’est dur. Et ça l’est aussi pour moi. « Merci pour tout. » Quelques mots murmuré à mon oreille, j’ai envie de pleurer, vraiment. Et ça fait bien longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Je mets un terme à notre étreinte et fusille Elio du regard, une dernière fois. « Tu vois, t’as gagné. J’espère que t’es fier de toi. » Je secoue la tête d’un air désespéré, je suis dégoûtée de ce mec. Sans plus tarder, je quitte l’appartement. J’ai réussi à retenir mes larmes jusque là, mais c’est trop difficile. Il en est de même pour Erin, qui maintenant est seule avec son fils. « Je sais que tu as fait ça pour me protéger. Mais j’avais besoin d’elle. Je ne te demande pas de comprendre, mais fais moi une faveur pour l’avenir. Ne te mêle pas de ma vie privée. Kyrah n’est pas une manipulatrice. Elle est une des personnes les plus loyales que je connaisse. Alors oui, elle n’a pas une vie équilibrée, mais c’est réellement une fille bien. Je te demande une chose, une seule chose. Laisse la tranquille maintenant que tu as eu ce que tu voulais. »

« QUOI ??? Non mais je rêve ! Mais c’est quoi ton problème putain ? T’es vraiment qu’un sale menteur ! Que t’acceptes pas que ta mère trompe ton père avec une fille, c’est une chose, mais que tu me pourrisses avec des putain de mensonges à deux balles, j’te laisserai pas faire ! » Je me retourne pour la regarder mais prête à peine attention à ce qu’elle me dit. Je me sens prêt à n’importe quoi pour qu’elle dégage d’ici. Pour ne plus jamais voir sa sale tête dans cette maison. « Comment tu peux parler de quelqu’un de cette manière ? C’est pas comme ça que je t’ai élevé Elio ! » De toute évidence si puisque c’est comme ça que je suis. Ma prochaine phrase part sans que je ne l’aie calculé, elle est pleine de haine et de beaucoup trop de dégout. Je ne crois jamais m’être adressé à Erin de cette façon, peut importe les obstacles de notre relations nous avons toujours su les gérer avec plus de calme mais aujourd’hui je me sens incapable de me retenir. Sa main vient claquer ma joue avec violence et je reste quelques secondes sans bouger en la regardant droit dans les yeux. Je sais que j’ai été trop loin mais je ne suis même pas capable de m’excuser. « Depuis quand je n’ai plus le droit à ton respect, Elio ? » Je tiens son regard un moment et je sais qu’elle peut y lire bien plus que ce que les mots sont capables de dire. J’ai sans doute gardé trop de rancoeur pour moi, j’ai laissé Erin s’éloigner de nous, je l’ai laissé chasser sa propre fille de sa vie parce que je ne voulais pas m’en mêler, j’ai laissé ces petits enfants venir chez moi parce qu’elle ne pouvait pas les accueillir, j’ai accepté qu’elle ne puisse même pas les voir pendant plusieurs mois mais au final j’ai de la rancœur et aujourd’hui je m’en rends compte. J’ai de la rancoeur parce que moi aussi j’ai envie de pleurer ma sœur mais que la peine d’Erin prend tellement de place que j’ose à peine y penser… Alors la voire coucher avec une autre femme c’est un peu la goutte d’eau. Celle qui me permet aujourd’hui de m’adresser à elle avec des mots bien plus dure qu’à mon habitude.

Le silence s’installe et je vois Kyrah se diriger vers la porte. « Laisse tomber. J’ai pas envie de briser ta vie, foutre en l’air ton mariage bancal, j’en avais rien à foutre, mais j’ai pas envie que tu te mettes ta famille à dos. Donc tu sais quoi, il a gagné. Je m’en vais, et je reviendrai pas. N’essaie pas de m’appeler. Tu te doutais bien qu’on allait pas faire notre vie ensemble Erin, je tiens beaucoup à toi, mais j’ai pas ma place dans ta vie. C’est trop compliqué. Prends soin de toi… » Je sens bien que les deux sont émue mais pour l’instant la seule chose qui m’importe c’est que cette fille disparaisse, et que jamais plus elle ne croise mon chemin. Quand je les vois s’embrasser j’ai l’impression que je vais vomir, je détourne la tête mais ne rajoute pas un mot. Elle s’en va et c’est tout ce qui compte pour moi. « Tu vois, t’as gagné. J’espère que t’es fier de toi. » Je la regarde froidement s’en aller s’en ajouter un mot. Je ne peux pas dire que ça soit de la fierté mais plutôt du soulagement. Je sais que probablement demain je regretterai amèrement d’avoir parlé de cette façon à Erin mais l’important c’est que j’ai gain de cause, qu’elle va disparaître de sa vie.

Une fois la blonde partie Erin se retourne vers moi, ces yeux pleins de larmes et je suis incapable de rester impassible. Pour autant je garde une certaine distance avec elle. J’ai l’impression que peu importe les événements futurs plus jamais notre relation ne sera la même et c’est Kyrah que j’en tiens pour seule responsable. Evidement se remettre en question n’est pas une option. « Je sais que tu as fait ça pour me protéger. Mais j’avais besoin d’elle. Je ne te demande pas de comprendre, mais fais moi une faveur pour l’avenir. Ne te mêle pas de ma vie privée. Kyrah n’est pas une manipulatrice. Elle est une des personnes les plus loyales que je connaisse. Alors oui, elle n’a pas une vie équilibrée, mais c’est réellement une fille bien. Je te demande une chose, une seule chose. Laisse la tranquille maintenant que tu as eu ce que tu voulais. » J’ai vraiment l’impression d’être le grand méchant de cette histoire avec ces yeux mouillés. « C’est plus de la vie privé quand je la retrouve dans notre salon ! » Ca fait longtemps que ce salon n’est plus le mien mais je m’en fiche. Je suis tenace  je sais mais en fait je finis par m’essouffler. « T’inquiète pas, tant qu’elle ne s’approche plus de notre famille j’ai rien à faire avec elle. » « Tu devrais rentrer chez toi Elio. » Je sens bien qu’elle a envie d’être seule et je ne discute même pas avec elle. « Aurevoir Erin. » Pas de bisous pas de mots gentils je sors juste de l’appartement avec un soupire. Je ne sais même pas si je suis soulagé, agacé ou un peu honteux mais peu importe, je rentre chez moi.