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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyMer 3 Avr 2019 - 18:39




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@Charlie Villanelle
Le métier de serveuse, surtout lorsque l’on bosse de nuit, n’est pas le plus gratifiant en soi. Il n’est pas le plus reposant non plus. Et pourtant, il comporte un avantage lucratif non négligeable dès lors que la clientèle de notre lieu de travail est aisée : les pourboires. En une semaine, j’avais récolté une somme, non pas extravagante, mais rondelette, une qui me permit d’entamer la constitution d’un bas de laine rassurant et de remplir mon frigo. Autan dire que j’étais en joie, bien plus que le commun des mortels à la fin du mois. Il est habitué aux courses pour la semaine et non à celle que l’on envisage au jour le jour, lui. Il vit dans le confort et passer à l’épicerie relève de l’exceptionnel, mais pour moi, émigrée clandestine fraîchement débarquée, dresser une liste de commissions pour la semaine entière est proche de l’exploit. Pour être tout à fait honnête, ce geste simple comptait parmi mes objectifs pour l’avenir à moyen terme tant j’étais convaincue que creuser mon trou à Brisbane et jouir d’une situation sécurisée me demanderaient beaucoup d’efforts et un temps certain. Le destin réserve cependant de belles surprises. La mienne avait deux noms distincts à associer et je n’aurais de cesse de les remercier de m’avoir offert une chance de m’en tirer sans avoir l’impression de traverser le désert. Songer à leur générosité élargit mon sourire. Il semblait ne plus vouloir me quitter tandis que je fermais derrière moi la porte de l'appartement. J'avais le cœur léger et je siflottais une mélodie de mon enfance. Je partais à la conquête d’un supermarché et, si l’idée de rentrer chez moi à pieds et les bras chargés m’effrayaient quelque peu, je m’accommodais de cet inconvénient à la faveur de ma veine. Je n’avais pas le droit de me plaindre, même si j’avais du mal à repérer au milieu des marchandises proposées par les rayons. Ils étaient bien achalandés, mais certains produits me laissaient perplexe. Ils étaient de véritables curiosités et un sentiment de déjà-vécu m’amusa. N’avais-je pas été habitée par la même émotion lorsque j’arrivai aux États-Unis ? Au moins trouvais-je des fournitures fraîches sur lesquelles il m’était possible de m’appuyer. Des fruits, des légumes, un peu de viandes, des boîtes de pâtes… c’était suffisant pour tenir un moment. Je ne m’accordai aucun achat superflu : pas de chocolats, de biscuits ou de sodas. Ma situation financière n’était pas assez stable pour que je m’autorise des folies. Qu’à cela ne tienne, en passant à la caisse, l’addition eut le mérite de me surprendre bien moins que la révélation de l’employée. « Désolée, nous n’avons plus de sac en plastique. » J’en avais des tonnes au Nouveau-Mexique. J’en avais même emporté un pour le voyage. Hermétique, il pouvait contenir mes quelques produits de beauté sans que je ne prenne le risque qu’ils explosent et ne tachent mes maigres vêtements. Comment avais-je pu oublier de le vider et de l’emmener ? Comment ? La politique climatique du monde change. J’étais au fait de l’actualité, j’aurais dû deviner. Je m’insultai intérieurement alors que la jeune femme me proposait un sac en papier. Il n’avait pas l’air bien épais, mais je n’avais d’autres choix à disposition. Je l’achetai et je le remplis avec astuce. Je jouais une partie de Tetris, mais ça ne l’empêcha pas de manquer de solidité malheureusement.

J’étais sur le trottoir quand il se rompit sur le côté. Mon sachet d’oranges – l’un de mes fruits préférés – se renversa et se vida sur le chemin. Elle roulait le long de la rigole et, déposant le contenant éventré sur l’asphalte, mais contre un mur, je courus après mes deux fugueuses. Quelle poisse. Furieuse, je jurai dans ma langue natale sans scrupule et en dépit du raffinement. En plus d’être ridicule, je manquai de me faire écraser par trois fois, les conducteurs me klaxonnant pour manifester le mécontentement. L’un d’eux me hurla que si j’avais envie de mourir, j’aurais pu choisir une autre voiture. Je comprenais sa hargne et son entêtement à dédaigner mes excuses. Au moins avais-je pu me réjouir d’avoir ramené mes brebis auprès du troupeau. Mes courses n’avaient pas été volées par une âme malhonnête non plus, sans doute parce qu’une jeune fille semblait le surveiller avec une attention toute particulière. Grande, les cheveux couleur feu, des yeux verts à faire pâlir de jalousie toutes les femmes, elle ne m’était pas totalement inconnue. Elle était juste derrière moi dans la file d’attente de ce grand magasin. Je n’aurais pu l’oublier, je la trouvai magnifique. « Merci d’avoir gardé un œil sur mon sac. » lançais-je dans un anglais parfait, mais tinté d’un accent de l’est. « Je t’avoue que pendant ma course folle. J’ai eu peur que quelqu’un ne me le vole, ce qui m’aurait passablement embêté. » En réalité, ç’aurait été une véritable catastrophe. Il ne restait plus grand-chose de mes pourboires, juste de quoi subsister en cas d’imprévus. « Tu étais au même magasin que moi, pas vrai ? » vérifiais-je tout de même en constatant qu’elle n’avait aucun sac à papier à porter, elle. En jetant un rapide coup d’œil sur le mien, je me demandai comment j’allais m’y prendre pour rentrer chez moi. « Bon… Ben, c’est le moment de me montrer astucieuse » commentais-je sans perdre ma jolie grimace. Je le précisais plus tôt : rien ne pourrait me défaire de ma joie actuelle.




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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyVen 5 Avr 2019 - 23:22

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L’automne pointe peu à peu le bout de ses feuilles et la chaleur disparaît par la même occasion, ce qui n’est pas du tout au goût de Villanelle. L’été est synonyme de fête, de chaleur, de joie et d’amis selon elle, alors que l’hiver se résume au froid et au nez qui coule, ce qui est beaucoup moins ragoutant. Elle profite donc des derniers beaux jours pour sortir seule et errer sans but précis en centre-ville. Elle ne compte pas passer sa journée à tourner en rond, seulement quelques heures tout au plus, elle rentrera lorsqu’elle aura eu l’occasion d’admirer le coucher de soleil.
Lézardant au milieu des commerces de Spring Hill, elle se gratifie de sa prudence pour ne pas avoir pris sa carte bleue. Cette vieille et fâcheuse habitude d’acheter un petit truc par ci et un autre par là ne quitte jamais Charlie. Loin d'être riche et au delà de tout ce qu’il n’y paraît, la rousse garde son pécule au chaud la majeure partie du temps et le fait de vivre en colocation y est pour beaucoup. Enfin bref, parler argent n’est jamais bien divertissant.
Armé d’un petit billet, elle se lance dans les méandres du supermarché en quête de feuilles de brique. En effet, trouver ces tranches de machin sans goût semble être devenu extrêmement important à l’instant. Bon, c’est vrai qu’elle ne sait pas vraiment de quoi ces machins sont faits mais ce dont elle est certaine c’est que c’est très bon (bien que ça n’ait aucun goût), et c’est surtout ce qu’elle a décidé de manger ce soir. Cuisiné avec du fromage de chèvre, du miel et des épices. Sur le coup, cela ressemble fort au bonheur ultime.
Le problème étant que ces petites choses sont quasiment impossible à trouver si on ne sait pas exactement où chercher. Et devinez quoi ? Charlie ne sait définitivement pas où chercher. De ce fait, après être entrée en collision avec une, deux, puis trois personnes, elle abandonne. Elle ne veut cependant pas se résoudre à passer par le “sortie sans achat”. Qui bien même passe par la sortie sans achat au supermarché ? Certainement pas elle, parce que ça craint trop. La rousse se rabat donc sur un paquet de chewing gum menthe extra fraîche qu’elle videra sûrement avant même d’être rentrée à l’appartement. Cela fait toujours un peu pitié de passer sur les tapis avec un seul rikiki article, mais cela restera toujours mieux que rien.
Comme par hasard, sa file est celle qui avance le moins vite et il y a un vieux monsieur qui a apparemment décidé de tout payer en petite pièces - un cauchemar. Quand il a enfin tout payé, c’est au tour d’une grande femme un peu plus âgée que Villanelle. Elle n’a pas des millions d’articles ni des millions de pièce, mais justement aucun sac. Elle lui fait de la peine durant sa seconde de panique, même si elle se reprend rapidement et se résout à acheter un sac en papier … le genre qui ne dure pas. Autour de la caisse, nous savons tous qu’avec tout ce qu’elle doit rentrer dedans il lui faudra beaucoup de prières pour qu’il ne se casse pas.
Lorsqu’elle retrouve l’air libre, lestée d’un billet et riche d’un nouveau paquet de chewing, elle observe le curieux spectacle d’une femme courant après ses oranges. Prise de pitié, Charlie s’occupe de regrouper les quelques articles sortis du sac de la femme et de lui garder ce dernier. Courir à deux après deux misérables oranges n’aurait pas été plus utile, il valait mieux lui garder son précieux trésor avant que quelqu’un de mal intentionné ne le lui vole. Elle a pu observer tous ses achats au magasin, et il n’y avait absolument rien de superflu. Il est certain que la perte de ce sac aurait représenté beaucoup pour la jolie blonde.
Cet acte citoyen aurait pu s'arrêter là mais Charlie ne pouvait pas s'empêcher de  tendre l’oreille et par conséquent d’entendre cette fameuse inconnue pester dans une langue inconnue. Pas besoin de refaire le pitch sur l’amour de Villanelle pour les langues étrangères, mais vous voyez le topo. Cette occasion semble bien trop parfaite (presque préparée) pour ne pas en profiter. Elle ne comprend pas un traître mot de ce qu’elle dit, sa langue a des consonances d’europe de l’est et Charlie ne connaît aucune langue de par cet endroit là.
L’étudiante garde son regard beaucoup trop appuyé sur l’inconnu et en oublie à peu près tout le reste. Elle l’entend bien la remercier très gentillement dans un anglais parfait mais elle reste trop concentrée à la dévisager pour en comprendre tous les mots. De ce fait, sa réponse est ponctuée de “ah …”, “euh …” peu élégants.
« Oui … je … oui j’étais juste derrière. » La voyant s'affairer à essayer de tout remettre dans son sac, Charlie s’empresse de sortir le tote bag qu’elle garde toujours dans son petit sac à main. « Tiens, prend ça. Les sacs qu’ils nous vendent ne sont pas vraiment utiles ! » Le tote bag bleu marine se déploie avec le gros “Nah.” écrit en gros caractères blancs, sous lesquels on peut lire “Rosa Parks, 1955”. Elle adore ce bout de tissu.
Elle hésite un instant avant d’entrer dans le vif du sujet, mais après tout il ne s’agit d’insulter la famille de personne donc elle ne devrait pas le prendre mal. « Je crois t’avoir entendu à l’instant, tu es étrangère n’est-ce pas ? Tu viens d’où ? Si ce n’est pas indiscret, bien sûr, c’est juste une question comme ça. » Lorsqu’elle referme le bouton pression de son sac, le soleil illumine son petit paquet de chewing gum qu’elle n’a pas encore eu le temps d’ouvrir. Elle en profite pour en prendre un et en proposer un autre à … « Moi c’est Charlie, enchantée. »
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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyDim 7 Avr 2019 - 15:23




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@Charlie Villanelle
J’avais l’air fin à courir après mes oranges au milieu des coups de klaxon. C’était un piège à se retrouver sur les réseaux sociaux à cause d'une maladresse : glisser sur une taque d'égout, me faire écraser par un automobiliste, agressé par un passager qui réclamerait brusquement que je me bouge. Ce genre de "chute", ça amuse la plèbe du web. C’était le genre de vidéos qui tournaient facilement. Certes, les chances pour que je tombe et que la preuve devienne virale étaient maigres, mais ma paranoïa d’épouse en fuit me hurlait de faire attention à ne pas m’écrouler lourdement sur mon derrière. Je n’avais aucune envie d’être retrouvée par Mickey pour une histoire d’agrumes et à cause de la malveillance des adolescences sur le trottoir. Ils avaient déjà dégainé leur téléphone et je maudis la société actuelle. N’aurait-il pas été plus altruiste de participer à ma quête au lieu d’attendre comme des vautours que je succombe à un pied de nez du sort, au lieu d’espérer que survienne une catastrophe ? Elle n’arriva pas évidemment. La chance ne m’avait pas encore quittée. Je récupérais mes fugitives entières et j’en soupirai d’aise malgré mon malheureux constat : le monde ne tourne plus qu’au buzz désormais. Au diable la solidarité, elle est, aux yeux des jeunes, l’apanage des faibles. Dès lors, quelle ne fut pas ma surprise de retrouver mon sac de commissions sous la bonne garde d’une magnifique demoiselle. Son teint de pêche m’indiquait que le temps n’avait pas encore entamé son travail e sape. Elle était bien plus jeune que moi. J’estimais son âge aux alentours de la petite vingtaine. Ses cheveux couleur de feu mettaient en valeur ses grands yeux verts. Elle était magnifique et son sourire, comme sa bonhomie, me réchauffa le cœur. Elle n’était pas obligée de perdre son temps pour une parfaite inconnue croisée plus tôt dans la file d’attente d’un supermarché. Sans doute lui avais-je paru sympathique… Ce qui me changeait finalement. Habituellement, c’est mon physique qui attire l’attention, principalement celles des hommes. J’avais dû mal à saisir ce qui leur plaisant tant en moi, mais je m’étais faite à l’idée, assez pour que cette rencontre, dénuée de mauvaises intentions sous-jacentes, me remonte le moral. « Ah, il me semblait bien. » ponctuais-je tandis qu’elle confirmait mon intuition. « J’ai pensé à te laisser passer avant moi. » Elle n’avait pas grand-chose entre les mains. « Mais la caissière a réagi plus vite que moi. Comme quoi, il n’y a pas de hasard. Tu n’aurais pas pu me sauver la mise. J’aurais été embêtée si on m’avait volé mon sac. » J’aurais pu l’emporter avec moi durant cette course folle, mais mon instinct me chuchotait à l’oreille que c’est l’ensemble de mes denrées que j’aurais dû chasser. « En tout cas, merci encore. C’est devenu tellement rare les gens qui ont le cœur sur la main. » conclus-je en envisageant de prendre congé. Elle avait certainement quelques occupations plus importantes qui l’attendaient, mais elle me détrompa.

La jeune femme prenait des allures d’exception. Non contente d’avoir sauvé mon estomac de la fin, elle me tendait un Tote bag et je clignai les yeux à plusieurs reprises, abasourdie. « Ouais. Ils sont moins utiles que le tien, c’est évident. Merci beaucoup. J’ai eu de la chance de tomber sur toi. » répliquais-je en récupérant son bien d’entre ses doigts. Je m’attelais déjà à le remplir, réfléchissant de quelle manière je pourrais le lui rendre. Son numéro de téléphone peut-être. « Le pire, c’est que j’en ai chez moi, mais je ne sais pas, je n’étais pas bien réveillée quand je suis partie tout à l'heure. Ceci dit, je suis apprise... » Je ricanais, mais j’étais honteuse d’être prise en flagrant délit de distraction. Ça me ressemblait si peu. « Je devrais te donner mon numéro de téléphone. On pourra s’arranger pour que je puisse te le rendre. » La proposition me paraissait moins cavalière que celle où je l’invitais à me suivre jusqu’à chez moi. Elle ignorait mon prénom, qui aurait accompagné une étrangère pour un sac de tissu ?

Etrangère !  Je l’étais dans tous les sens du terme et, amusée par sa perspicacité, je lui souris aussi largement que honteusement. « Oui. En effet. Je suis Russe. » Ma méfiance s’insurgea pour cet aveu. Elle le jugeait dangereux, mais quelque chose, chez cette jeune fille, m’inspirait. « Mais, j’aurais préféré que tu ne m’entendes pas jurer. Ce n’était pas très élégant. » Je me remémorai la scène et j’en ris de bon cœur. « Oh merci. Je ne mâche jamais de Chewing Gum. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Je suis plutôt bonbon à la menthe. » J’illustrai le propos en agitant une boîte tout juste sortie de la poche de mon jeans. « Tu aimes les langues étrangères ? Parce que je serais tentée de te dire que le Russe est la plus belle au monde, mais je ne sais pas si je suis très objective. Tu la parles, d’ailleurs ? » Elle me manquait, faute à Mitchell avec lequel je n’échangeais plus que dans ma langue maternelle. Toutes les occasions étaient bonnes, désormais, pour soigner ma nostalgie de son absence. « Je m’appelle Lubya. Je suis moi aussi enchantée de te connaître. Mais, que dirais-tu si nous avancions un peu ? ce n’est pas que discuter sur un trottoir n’est pas agréable, mais il y a plus accueillant comme endroit. Tu ne crois pas ? »





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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyMer 10 Avr 2019 - 21:09

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L’inconnue est bavarde, bien plus que prévue. Elle désarçonne Charlie. Même si elle parle beaucoup, elle parle bien. Ses interventions sont spontanées mais restent pertinentes. Elle parle sûrement pour combler son stress, c’est en tout cas ce que tout pseudo psychologue (n’ayant jamais étudié quoi que ce soit) dirait tout en se pensant alors extrêmement intelligent. Villanelle est émue par toute la joie que Lubya émane lorsqu’elle lui tend le tote bag. Ce n’est qu’un simple sac en tissu mais il semble illuminer sa journée. Quand bien même Charlie lui propose des chewing gum qu’elle n’aime pas, l’inconnue rebondit et reste toujours souriante. La rousse se sent aussitôt bien avec elle, presque proche à vrai dire.
Son attirance (tout sauf sexuelle ou même physique, on se calme) pour la jeune femme ne cesse de croître lorsqu’elle lui avoue être Russe. La Russie est une nation tellement sous côtée aux yeux de Charlie, tout le monde se résumant à dire vodka et Poutine et ne bravant aucune frontière. Ce pays est certes loin d’être parfait (y a t il vraiment un pays parfait ?) sur de nombreux points, mais son histoire est fascinante. Villanelle a d’ailleurs longtemps hésité à faire des études de sinologie ou de russe. Elle n’a finalement choisi ni l’un ni l’autre, mais a pris le temps d’apprendre le chinois. Aujourd’hui sera peut être le jour où elle pourra rattraper ce retard. Encore une fois, la russe la devance et parle des langues étrangères.
Les gens normaux auraient dit “merci, je te le rendrai”, ne l’auraient jamais fait et seraient partis. Mais cette jeune femme face à elle est tout sauf normale. Être normal est bien ennuyeux, elle est tout sauf ennuyeuse. Le mieux dans tout ça, c’est que Charlie ne fait que la découvrir.
« Oh je te crois ! C’est une langue tellement belle à l’oreille, et j’aimerais tellement savoir la parler. Et je dis pas ça parce que t’es Russe, sache-le ! Je peux me débrouiller avec quelques autres langues, et un jour le russe en fera parti pour sûr. »
Nouvelle initiative de Lubya (quel joli prénom). Bouger du trottoir sale, gris et terne ne contrarie en rien les plans de la rousse. Elle qui ne savait quoi faire pour l’heure à venir, voilà qu’elle rencontre une nouvelle tête. C’est une journée remplie d’émotions comme elle les aime. « Bonne idée. Il y a un petit café pas loin que j’aime particulièrement. Je te paye à boire et tu me parles de ce si beau pays, marché conclu ? » Question rhétorique. Charlie prend une des anses du sac dans sa main et entraîne sa future nouvelle amie avec elle, pétillante. Elle pense un instant à l’emmener au Sixteen Antlers mais opte finalement pour la simplicité et pour un petit café du coin ne payant pas de mine. L’aspect est un peu délavé et vieillot, mais l’accueil change tout. Même si c’est la première fois que quelqu’un s’y rend, il recevra un accueil digne d’un roi. C’est cette petite touche qui change tout.
Charlie prend place en terrasse, il fait encore assez chaud pour en profiter. Bientôt elle sera obligée d’aller à l’intérieur pour fuir ce froid. Elle commande sa drogue de jour, le café, et laisse Lubya choisir sa propre drogue.
« Il ne devrait plus t’arriver des malheurs ici. Tu parles anglais parfaitement, un de tes parents le parlait aussi ? Si tu ne t’étais pas énervée en russe, je n’aurais jamais pu deviner quoi que ce soit à propos de toi. » Elle semble fait d'oxymores, c'est intriguant, attirant. Elle est bien plus intéressante que la majeure partie des gens que Charlie a déjà pu rencontrer.
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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyJeu 11 Avr 2019 - 14:45




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@Charlie Villanelle
J’aurais pu parler de la Russie des heures durant, parce que ma terre natale me manque terriblement. Moscou est ses couleurs, le blanc qui l’habille en hiver, la place rouge et son Kremlin qui y trône fièrement, attirant l’œil des curieux et suscitant superbe chez les Moscovites. Cette ambiance me fait tant défaut, ici, à Brisbane, que je peine à soigner ma nostalgie, mon mal du pays. Étais-je en train de prêcher une convaincue ou s’autorisait-elle à quelques compliments pour me flatter ? Était-ce par ailleurs bien nécessaire ? Elle ne connaît pas, la jolie rousse. Elle ne me doit rien non plus. Au contraire, c’était moi qui lui en devais une. Je sondai cependant ses pupilles, m’astreignant à plus de méfiance et je fus ravie de lire dans son regard expressif de la sincérité. « Tu sais, c’est pas bien difficile le Russe. C’est comme toutes les langues. Elle a des subtilités, mais avec un peu de passion, il y a moyen d’apprendre vite. » Avec un bon prof, cela va de soi. Tout le monde ne s’improvise pas pédagogue. Le mieux, et je pensais d’expérience, c’était de découvrir les subtilités de la langue étudiée grâce à un natif. J’aurais pu lui rapporter tous les avantages à l’immersion, mais pas debout sur un trottoir. Je lui proposai donc d’entamer ensemble un bout de chemin et, puisqu’elle paraissait enthousiasmée par cette invitation, j’avançai doucement, mes achats bien à l’abri dans son tote bag, enfermé de mes bras nus. Il fait encore beau à Brisbane. Le soleil flattait la ville et ma bonne humeur. « Allez, va pour un café, bien que je ne sois pas sûre que j’aurai envie de te laisser me l’offrir. » Elle paraissait si jeune. Je présumais que Charlie vivait toujours chez ses parents. Que ces deniers, elle les recevait de ces derniers ou qu’elle s’épuisait dans un job ingrat pendant son temps libre pour remplir son portefeuille et ne rien se refuser. « Je ne suis pas sûre que tu ne regretteras pas une fois que je t’aurai assommée de souvenirs de là-bas. Je n’y suis plus retournée depuis si longtemps qu’en parler, ça me fait du bien. » avouais-je en grimaçant tant pour le propos que pour ses conséquences éventuelles. Que lui répondrais-je si, d’aventures, elle s’intéressait aux raisons de mon expatriation ? Je n’avais pas de mensonges en stock. Alors, je priai pour que l’information tombe dans l’oreille d’une sourde. Au contraire, j’improvisai à défaut de jouir d’une autre option.

Nous nous installâmes en terrasse et, tandis que le soleil nous auréolait, je penchai la tête en arrière et je fermai les yeux. J’adorais cette sensation, cette douce chaleur qui caresse mes traits. « Non ! Je crois qu’on est en sécurité. Et puis, on est bien. Il faut agréable. » Comme elle, je commandai un café et, alors que je m’apprêtais à lui demander si elle était du coin – je n’en doutais pas puisqu’elle proposa l’endroit – elle me surprit d’un compliment doublé d’une question. « Je ne sais pas si je le parle parfaitement, mais je le maîtrise assez bien oui. Je le dois aux obsessions de mon père. » Ce tyran. « J’avais une nounou anglo-saxonne. Elle ne parlait pas un mot de russe. J’ai dû m’adapter. Je l’étudiais à côté avec un prof particulier. » Qui se chargeait de toute mon éducation d’ailleurs. « Et il m’a forcé à entretenir des correspondances avec des Anglo-saxons. Mais, ça n’empêche pas d’avoir un accent. Ne me dis pas qu’il passe inaperçu, parce que je ne te croirais pas. J’essaie de faire attention pour le corriger, mais ça marche pas bien. Pour compenser, je soigne mon vocabulaire en lisant beaucoup, en anglais, presque plus souvent qu’en Russe d’ailleurs. » Hormis quelques classiques de la littérature. « Et toi, dis-moi, comment ça se fait que tu es aussi attentive à ce genre de détails ? Tu te destines à une carrière de traductrice ? Dans le tourisme peut-être ? Tu es bien étudiante, pas vrai ? Tu vis dans le coin ? »





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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyJeu 11 Avr 2019 - 16:00

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La semie-vérité de Lubya Abramova est bien calculée. Il n’y a aucun mot de travers et est réellement sincère. Elle ne s’attarde en conséquences pas sur des détails dérangeants et reste sur sa ligne directrice. Charlie n’y voit que du feu, elle en vient même à envier un peu la russe. Oh, si seulement elle savait. Le plus gros malheur actuel de Villanelle se résume au café encore trop chaud venant brûler ses douces lèvres innocentes.
La chimère face à elle est tantôt douce tantôt farouche, refusant qu’une inconnue se montre aussi gentille envers elle. La rousse laisse couler, il sera toujours temps d’aller payer au comptoir lorsqu’elle aura le dos tourné. Au pire des cas, elle pourrait lui laisser donner un pourboir. Ce n’est pas très répandu dans cette partie du monde, mais un serveur ne refuserait sûrement pas quelques pièces de plus.
Une nouvelle fois, elle se montre très modeste. Il est courant d’apprendre l’anglais et la langue n’a rien de très compliqué si ce n’est quelques tricks de prononciation, mais cela reste un effort notable. Surtout il est à noter toute l’énergie mise en oeuvre pour cacher un accent de l’est, souvent très mal vu à cause de stéréotypes vaseux et de “on dit”. Lubya s’entend bien à briser ces derniers, avouant un goût avéré pour la lecture, point commun avec Charlie. Les deux sont vouées à s’entendre, rien ne peut être autrement désormais !
Le monde s’arrête lorsque Villanelle écoute sa collègue de café. A vrai dire, elle décerne désormais son accent lors de la prononciation de certains mots typiques, ou des mots particuliers d’Australie. Rien de bien alarmant, elle sourit seulement à cette découverte interne. Il lui aura fallu qu’elle déblatère un certain nombre de mots pour qu’elle s’en rende compte, ce qui prouve bien qu’elle a admirablement su s’adapter à ce nouvel environnement.
« Tu parles avec tellement d’amour de ta langue et de ton pays, tu n’as pas envie de tout plaquer et d’y retourner parfois ? Ou une quelconque sorte de mal du pays ? Je ne connais que ces grandes villes magnifique qu’en photo, mais cela reste impressionnant. L’architecture, les couleurs, l’histoire des lieux, … » On se croirait dans un exposé Charlie, ça suffit maintenant, passe à autre chose. « Tu peux te vanter d’être observatrice aussi apparemment ! J’étudie les sciences politiques à vrai dire, mais les langues sont une de mes nombreuses passions. Si tu pourrais parler de la Russie pendant des heures, alors pour ma part ce serait de la linguistique, chacune son péché. » Elle la regarde dans les yeux quelques centièmes de secondes et lui sourit. Elle a la fâcheuse tendance de regarder autre part lorsqu’elle parle aux gens, les regarder face à face demande beaucoup de force à Charlie. Elle ne sait pas vraiment d’où ça vient, mais c’est comme ça. Les causes sont souvent la timidité (ce qu’elle n’est pas tellement) ou la hautaineté (ce qu’elle n’est certainement pas, surtout dans le cas précis). « Je vis bien dans le coin, depuis toujours. C’est pour ça que je voyage un peu à travers tes souvenirs. Cela fait plaisir à entendre ! » Une gorgée et ça repart. « Je peux te parler de ma vie entière si ça t’amène à m’assommer de souvenirs de Russie. J’avais même dans l’optique d’apprendre cette langue un jour, mais je pense que le temps m’a manqué et je suis passée à autre chose. Je n’ai jamais osé persévérer lorsque j’ai appris qu’il y avait des déclinaisons. Encore traumatisée des langues mortes sûrement ! »
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Message(#)Proximity: Supermarket EmptySam 13 Avr 2019 - 17:33




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@Charlie Villanelle
Bien sûr qu’elle me manque la Russie, et pas seulement à cause de sa capitale ou de ces steppes infinies. Ce n’est pas non plus le luxe que je laissai derrière moi en m’enfuyant. Ce qui me rend le plus souvent nostalgique, ce sont les quelques rares amis que j’abandonnai, ma nounou que j’aimais comme une mère et cette dernière, parce que j’avais besoin d’elle, parfois, quad la vie est trop moche, quand je plonge tout entière dans le bain malsain de la solitude, de l’abattement. L’adulte que je suis refuse de songer à elle puisque l’appeler est impossible. En revanche, la gamine terrée dans mon cœur bat des poings et souffre à l’évocation des souvenirs que je tas, mais que ma conversation réveille malgré moi. Ne pas succomber à la tristesse qui tient quelquefois la main de la nostalgie me demande un effort considérable, mais je m'accrochais grâce à ma compagne improvisée. Sa jeunesse et son insouciance sont un bol d’air frais. Elle semble étrangère aux souffrances que la vie dépose sur notre chemin à tous. Je lui souhaitai d’être perpétuellement ignorée par la poisse, parce qu’elle me paraissait sympathique et authentique. Rien de ce qui sort du rempart de ses lèvres n’est altéré par la malice. Elle me fait du bien au moral, elle peint un sourire sur mon visage et elle m’incite à poursuivre mes babillages sans feindre l’intérêt. Autant dire que j’étais conquise par sa bonhomie et sa fraîcheur. Je savais déjà qu’au terme de cette rencontre improvisée, je m’arrangerais pour la revoir. Je ne croyais pas au hasard. J’avais quelque chose à lui apporter, à cette belle enfant. Quoi ? je l'ignore encore, mais j’en avais l’intime conviction était c’était suffisant, assez pour que je me répugne à lui mentir, assez pour que je renonce à le faire. « En vérité, j’ai tout plaqué pour la fuir déjà. Non pas que je ne l’aimais pas, tu auras remarqué, mais parce que je n’ai pas eu le choix. La vie était compliquée pour moi, là-bas, mais j’espère qu’un jour ou l’autre, je pourrai y retourner, le temps d’un week-end, je serais déjà contente. » Plus, ce serait dangereux. « Qui sait, peut-être qu’on pourra le faire ensemble. » Je haussai les épaules, la voix rieuse et l’œil pétillant d’un espoir fou. « Tu sais ce qu’on dit, il ne faut jamais jurer de rien. » Même si l’éventualité était improbable. Qu’importe, c’est beau de rêver, non ? Ça ne mange pas de pain et ce n’est pas interdit par la loi.

Ce n’était pas la première fois qu’on me qualifiait de perspicace ou d’observatrice. Je cernais les gens assez facilement si, d’aventures, je n’étais pas court-circuitée par un émoi proche de ceux de l’adolescence. Par chance, ils étaient rares et, dans l’absolu, mon intérêt pour Charlie relevait de la curiosité amicale et non amoureuse. « Les sciences politiques ? Waouh » commentais-je impressionnée. Je regrettais de ne pas être en mesure de lui présenter mon père, de n’être personne ici. Décidément, ce n’était pas sur ce terrain que je lui serais d’une quelconque utilité. « Tu rêves de changer le monde ? » De le réformer, de marquer son époque...« C’est bien d’avoir des combats et d’agir pour les remporter. Je suppose aussi que ce n’est pas un hasard si tu t’intéresses aux langues et en particulier au Russe. Le pays a une histoire politique propre qui mérite d’être étudiée, je pense. C’est la même chose pour l’Australie ? Je t’avoue que j’ai débarqué ici par hasard, je ne me suis pas vraiment renseignée sur ce qu’il faut impérativement savoir pour s’y intégrer. J’ai d’ailleurs l’impression que les Australiens sont plutôt sympathiques et bon vivre. Ils n’ont pas l’air de se prendre la tête. Je me trompe ? » Y avait-il des comportements à éviter sous peine de les vexer ? De les froisser ? De trahir ma nature d’étrangère ? « Tu sais, si tu veux apprendre le Russe, ça peut s’arranger. Moi, ça me donnera l’occasion de l’utiliser plus souvent et rien ne peut me faire plus plaisir. » J’y reprenais goût depuis que mes échanges avec mon patron ne ressemblaient plus à une conversation en anglais. « Et puis, je te dois bien ça. Tu m’as tiré une épine du pied aujourd’hui. » Le serveur, un homme souriant, vint prendre nos commandes et, par politesse, je laissai Charlie passer la sienne. Quoiqu’il advienne, je me calquerai sur son choix.






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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyDim 14 Avr 2019 - 2:18

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@Lubya Abramova

L’histoire de Lubya est complexe, captivante sans aucun doute. A l’énoncé de ces quelques phrases, Charlie ne peut s’empêcher de repenser à l’histoire des Romanov. Enfin, à leurs dernières heures surtout. Cette histoire, tant connue de par delà le monde. Sont-ils vraiment morts ? Il s’agit d’un des sujets captivant le plus le monde entier sûrement, avec l’identité de Jack l’Eventreur. Ces questions sont connues de tous à cause des dizaines et des dizaines de documentaires en venant tous à la même conclusion “bon bah on sait pas, on a rien appris de plus, déso les kheys”. Mais l’histoire russe en générale a toujours attiré la rouquine. Les tsars, les oeufs de fabergé, l’implication dans tous les conflits mondiaux, … et son côté mystérieux. Aucun chiffre fiable, aucune donnée. Le secret de la Russie reste entier. Le pays est pauvre, la vie y est rude, mais tous les russes qu’a connu Charlie ne rêvent que d’une chose : rentrer au pays. Cela la fascine réellement puisqu’elle ne comprend pas cette manière de penser. Bien sûr, elle est reconnaissante pour son pays, elle n’a jamais manqué de rien et estime avoir reçu une bonne éducation dans de bonnes conditions, mais il n’est pas parfait et elle est loin d’être patriote. Elle est surtout dégoûtée du traitement reçu par les aborigènes, les Stolen generations par exemple. Sans aucun remords, elle compare ce qu’a fait endurer Hitler et ses comparses à l’Europe pendant 25 ans à ce système de générations volées ayant perduré 100 ans.
Tout ça pour dire que cela semble faire autant de mal que de bien pour la jeune russe de parler de son pays. Compatissante, Villanelle ne perd cependant pas l’opportunité d’un possible voyage dans un pays qu’elle ne connaît pas, avec une guide privée en plus. « Tu sais quoi, je te passe mon numéro. Si jamais tu souhaites de la compagnie pour 15h de vol Sydney-Moscou, je suis ta femme. Je serai probablement ruinée après mais tant pis ! » Elle pique une des serviettes de la table et, sortant un stylo flambant neuf de son sac, écrit les chiffres gagnants. Elle le tend à Lubya. Elle fonctionne à l’ancienne.
« De mon point de vue, chaque pays est intéressant à étudier. Certains plus que d’autres c’est sûr, mais connaître le passé des nations permet de mieux en comprendre le présent. Par exemple, avec l’histoire des Etats Unis on réussit un peu mieux à comprendre pourquoi ils sont dans la merde aujourd’hui. Enfin, c’est qu’un exemple comme ça. » Mais c’est un bon exemple quand même, ils ont élu une orange avec une coupe ratée à la Elvis comme président avec un singe jouant des cymbales à la place du cerveau. « La Russie c’est autre chose. C’est le pays de tous les oxymores, de toutes les hyperboles. Tout le monde sait où est la Russie, qui est son président, sa capitale … Mais c’est tout. On croit tous bien connaître la Mère Patrie mais ce n’est qu’illusion. Ce pays est intriguant, mystérieux. » Rodina. Sûrement le seul mot qu’a retenu Villanelle en russe. Elle l’a appris en lisant Red Sparrow. Il y avait beaucoup d’autres mots traduits, elle aurait dû faire des efforts pour les assimiler eux aussi. « L’Australie a aussi eu ses hauts et ses bas. La plupart de la population actuelle a émigré au XXe siècle. Nos ancêtres sont tous d’anciens forçats anglais débarqués sur l’île à la suite de l’indépendance des Etats Unis et par conséquent de la surpopulation britannique, ou alors des immigrants plus récents de la fin de la seconde guerre mondiale. Tout comme la Russie, ce pays a un trop grand territoire pour un nombre trop peu élevé de personnes. Nous cherchons toujours à accueillir de nouvelles âmes, c’est sûrement la raison pour laquelle tout le monde est si accueillant. Et de toute façon, nous n’avons pas vraiment de pays frontalier à qui faire la guerre, alors à défaut de s’entre-tuer autant s’aimer ! » Cette phrase aurait été cinglante si elle était sortie de la bouche de n’importe qui, mais Charlie lui donne une certaine douceur. « Enfin, je ne pense pas qu’on soit là pour un cours d’histoire foireux. En tout cas ne t’en fais pas, tu ne risque pas de froisser un Australien aussi facilement. »
Cela faisait bien longtemps que Villanelle n'avait pas eu affaire à quelqu'un d'aussi bavard et aussi ouvert, cela fait du bien ! Lubya est une véritable bouffée de chaleur à sa manière. « Si tu as la patience de m'apprendre, c'est avec plaisir que je ferrai de mon mieux pour suivre ! En échange, ... je ne sais pas quoi t'offrir encore, mais je trouverai quelque chose à la hauteur ! »

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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyMar 16 Avr 2019 - 0:47




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@Charlie Villanelle
Je l’observai griffonner son numéro de téléphone sur le premier support venu avec un sentiment mêlé d’enchantement de son contraire. J’étais ravie de m’être si facilement liée à cette jeune femme. Elle avait de la conversation, était, de prime abord, dépourvue de la malice du diable. Je crois que, d’instinct, je lui souhaitai le meilleur en redoutant que la vie ne l’abîme comme elle l’avait fait avec moi et avec tous les badauds qui partagèrent la soute d’un bateau de marchandises en direction de l’Australie. Je m’en voulus aussi sec de me présenter comme une Russe lambda, particulièrement fréquentable. Elle aurait mérité la vérité, Charlie, mais la conversation ne s’y prêtait pas vraiment. Je précisai bien que j’avais fui mon pays, mais je ne cédais aucun détail, certainement inquiète à l'idée de protéger son insouciance. La jolie rousse était toujours à l’âge où les rêves sont à l’honneur, où ils prennent une place prépondérante dans notre existence, où ils ne causent pas de dégâts irréversibles sur l’estime de soi. Certes, je ne doutais pas qu’elle abandonna quelques ambitions d’enfants sur le pas de sa porte. Sauf qu’elle avait rebondi comme le commun des mortels. Je l’avais fait, moi aussi. Je ne pensais pas me tromper en m’avançant sur cette hypothèse. Je n’essayai pas de la vérifier non plus. En revanche, je regrettais – et c’était somme toute la source de ma déception –  de ne pas être celle qui lui révélerait les secrets de Moscou, je m’attristais tout autant d’être trop faible pour l’avouer tout de go. « Oh, d’ici que ça puisse arriver, tu auras le temps d’économiser. » Sous-entendais-je simplement. « Tu auras même le temps d’apprendre la langue et de la parler correctement, sans commettre d’odieux pataquès. » Je m’amusai de la remarque, mais dans le fond, j’étais plus sujette à l’amertume qu’à la franche plaisanterie. Je tenais néanmoins à conserver la qualité de notre échange. « Mais, si l’occasion se présente, tu seras la première avertie. Je vais même les garder précieusement. » Ses coordonnées téléphoniques. « Je pourrais l’encoder et te faire un appel en absence pour que tu puisses avoir le mien aussi, mais je vais bientôt changer de numéro. » Je prévoyais en effet d’investir dans un abonnement, sous ma nouvelle identité, et dans un portable qui, cette fois, n’appartiendrait qu’à moi et dont je serais fière pour me l’être procuré à la sueur de mon front. Ne dit-on pas qu’il n’est pas de petites victoires en ce bas monde ? « Mais, dès que c’est fait, d’ici un jour ou deux. J’espère demain. Je t’enverrai un texto… promis. »

Rangeant précieusement la serviette avec mon argent – endroit idéal pour ne pas l’égarer – je l’écoutai attentivement me rapporter l’histoire de l’Australie. En soi, j’étais d’accord avec elle. Cette matière est un prophète. Normalement, si l’on y accordait plus d’importance, elle levait le voile sur les us et coutumes d’un pays et nous préservaient de reproduire les mêmes erreurs. Elle était malheureusement le parent pauvre de l’éducation des jeunes, à moins bien sûr qu’il ne s’intéresse aux sciences politiques. « C’est vrai, ce que tu dis. J’y ai passé toute mon enfance et je n’aurais pas la prétention de dire que je connais la Russie par cœur. Elle m’a souvent échappée. » Comme l’eau attrapée à pleines mains et qui s’infiltrent entre nos mains. « Elle est insaisissable. » D’après elle, l’Australie manquait de cette part de mystère, mais son récit faisait écho en moi. Elle me semblait toute destinée cette terre de clandestin. Cette terre pour les laissés pour compte qui se l’approprièrent à force de courage, de bravoure, de détermination. J’en fus émue. « Oh, je ne vis pas ce que tu me dis comme un cours d’histoire. Au contraire, c’est très enrichissant. Depuis que je suis là… » Très peu de temps finalement. « Je suis impressionnée par la sympathie des gens d’ici. Je me suis demandé d’où leur venait toute cette joie de vivre. Je ne doute pas qu’il y ait des cons partout, mais je n’ai pas la sensation d’être oppressée par leur présence et, crois-moi, c’est assez neuf pour que je me sente plutôt bien dans le coin. » admis-je impressionnée par son trait d’esprit. S’aimer, au lieu de céder à la violence, c’était digne d’une épitaphe sur la tombe d’un grand-saint, d’une mère qui se dévoua pour les siens. Qu’inscrirait-on sur la mienne ? Était-ce d’ailleurs le moment idéal pour se poser la question ? Ne s’agissait-il pas de lui proposer mon aide pour apprendre une nouvelle langue ? Elle me parut presque embarrassée de n’avoir rien à m’offrir en échange et, attendrie, je lui souris avec bienveillance tandis que le serveur déposait nos commandes sous nos yeux. Je le remerciai et je poursuivis dès qu’il s’éloigna. « Tu n’as même pas à chercher. Ça me fait plaisir. Ce sera ma façon à moi de te remercier de m’avoir filé un coup de main aujourd’hui. Je te l’ai déjà dit, j’aurais été bien embêtée. Et puis, ça me fera du bien d’avoir de la visite de temps en temps, de voir du monde ailleurs qu’au boulot. Je me sentirai moins isolée et ça, c’est exceptionnel pour moi. » la rassurais-je en m’autorisant ensuite une question plus indiscrète. « Mais, dis-moi, qu’est-ce qui fait ta vie en dehors des études ? Je suppose que, quand on est aussi belle que toi, on doit avoir une ribambelle de garçons autour de toi. » Ou de filles, selon ses préférences. « Tu dois aussi avoir des combats bien à toi, une envie de refaire le monde et de le voir t’appartenir, non ? Tu es en quelle année d’ailleurs ? Tu  as déjà réfléchi à un sujet de mémoire ? »






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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyDim 21 Avr 2019 - 0:09

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@Lubya Abramova

Le stratagème de la jolie russe pour contacter Charlie est complexe, un peu vieux jeu même. La rousse en rigole intérieurement, par simple amusement et sans une once de moquerie. Elle lui répond simplement qu’elle n’aura qu’à lui envoyer un sms avec son nom lorsqu’elle aura un nouveau numéro avant d’ajouter qu’elle ne croise pas tous les jours des Lubya faisant la chasse aux oranges. En effet, c’est bien cette image qu’elle gardera à jamais gravée dans sa tête, elle est atypique et impossible à oublier, tout comme Lubya.
Pour le peu que Villanelle connaît de Lubya, la façon dont celle-ci décrit sa mère patrie semble mystérieusement la décrire elle aussi. Insaisissable, impossible à connaître réellement ou même attraper. Ce sont tous ces adjectifs que dégage la jeune russe. C’est un sentiment étrange que de penser être capable de la cerner, alors que justement ce que Charlie arrive à déceler en elle c’est qu’elle est indécryptable.
Ce qui est épatant avec la russe, c’est cette capacité à parler de tout avec une aisance incroyable. Elles ont commencé par des oranges, prévu un voyage en Russie et bavardé  géopolitique, où tout ça les mènera-t-elle ? Le coeur de l’étudiante lui dit que personne ne le sait, mais que dans tous les cas ce sera palpitant. Pour une fois, elle n’est pas celle qui mène la conversation et est parfois prise de court. Ce n’est pas plus mal, Lubya ne semble pas avoir besoin de quelqu’un pour l’inviter à parler ou poursuivre. Avec ce genre de personnes, la notion de temps perd soudainement tout son sens tout comme l’expression “perdre son temps” que Charlie a toujours détesté par ailleurs. Quoi qu’on fasse, on ne peut jamais perdre son temps. D’une façon ou d’une autre, on est tous toujours en train de se forger mentalement ou physiquement, forger son avenir ou remettre en cause son passé.
Bien que sa partenaire de supermarché refuse catégoriquement un retour de bâton, Charlie pense déjà à ce qu’elle pourrait faire pour elle. Ses mots tombent dans l’oreille d’une sourde : un prêt d’un bout de tissu n’est décidément pas équivalent à de futures heures de patience et d’explications. Lorsqu’on parle une langue couramment, il est facile de savoir ce qu’il faut dire ou non, ce qui sonne bien à l’oreille. L’expliquer est une toute autre paire de manches, il faut apprendre à se remettre en question, à savoir d’où la langue vient réellement. Il s’agit d’un travail long et difficile, mais cela en vaut la peine. « Bien, si tu insistes. » Charlie est étonnée que son amie se dise isolée, elle semble pourtant avoir le contact facile. « Tu fais quel boulot au fait ? Je ne t’ai même pas demandé ! »
D’amie d’infortune voilà que Lubya Abramova devient soudainement la grande soeur indiscrète de Charlie. Oh les garçons, voilà une question bien large. Large certes, mais pas assez pour la rousse qui ne se suffit pas de choisir les gens pour leur sexe (n’y voyez là aucun jeu de mot douteux) mais pour qui ils sont réellement. Cela va au delà de la bisexualité qui ne se “contente” que d’aimer les hommes et les femmes. On parle ici de pansexualité, ce à quoi les gens se limitent à répondre “ouais bah c’est la même chose” la majeure partie du temps, raison pour laquelle Villanelle n’aborde plus vraiment le sujet de sa sexualité. Elle n’en a pas honte mais aimerait passer sa vie autrement qu’à devoir servir de dictionnaire humain à longueur de journée. Bien qu’elle apprécie énormément Lubya, elle ne dérogera pas à cette règle, pas pour le moment.
« Je peux te retourner le compliment tu sais. Et pour les garçons … on dira juste que ça va et ça vient. » Elle se sait beaucoup trop jeune pour avoir une relation stable. Elle n’arrive pas à se gérer elle même psychologiquement, alors s’occuper de quelqu’un d’autre semble compromis. Elle a encore du mal à inclure le chien d’Eleonora dans ses plans alors qu’il vit avec elles à l’appartement et qu’elle le voit tous les jours, imaginez donc un copain ou une copine qui habiterait autre part. Vivre d’amour et d’eau fraîche lui convient parfaitement pour le moment, l’amour n’est même pas une variable qu’elle envisage d’ajouter à la fonction qu’est sa vie.
Etrangement, elle est bien plus impliquée dans sa vie universitaire.
« Oh oui, je suis en dernière année alors le mémoire fait partie prenante de ma vie. Je suis Peter Pan et lui est mon ombre qui n’en fait qu’à elle-même. On a nos différents mais dans l’ensemble tout se passe plutôt bien. Le sujet porte sur l’OTAN et les menaces non conventionnelles auxquelles l’alliance doit faire face. » Elle a dû se rabattre sur l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord quand on lui a dit que parler des Avengers n’était pas envisageable. Parler de ce sujet là avec Lubya semble quelque peu ironique, un des auteurs majeur de ces menaces non conventionnelles étant la Russie. « Je ne sais pas vraiment d’où m’est venue cette idée, mais me voilà désormais une pro de l’otan. Ce n’est pas vraiment ce dont je parle en soirée généralement par contre. Cela ne passionne pas vraiment les foules et je n’ai aucune peine à les comprendre ! Moi même ça m’emmerde des fois. »
Un verre d’eau est arrivé devant elle. Plongée dans la discussion, elle en avait oublié le monde extérieur. Le soleil commence à baisser et la température avec. La nuit approche. Sortira-t-elle ce soir ?
« Je ne suis pas de ce genre de personnes qui aiment netflix & chill, au contraire. Rester plus de cinq minutes au même endroit est un supplice. Alors je suis toujours en mouvement, à faire les quatre cent coups si on peut dire. » Elle reste assez évasive, il n’y a pas non plus besoin d’expliquer à l’inconnue toutes les nuits qu’elle a passé tantôt dehors tantôt chez des inconnus, ni tout ce qu’elle a pu boire ou avaler dans sa vie dans la décontraction la plus totale. « C’est ennuyant tout ça. Parle moi mieux de toi. Depuis combien de temps tu es à Brisbane exactement ? Tu as su trouver tes marques ici ? Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésites pas à m’en parler. Tu diras encore que je t’ai sauvé la vie en te donnant un bout de tissu et que tu me dois beaucoup mais c’est tout à fait faux. »
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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyVen 26 Avr 2019 - 19:54




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@Charlie Villanelle
Et la voilà enfin ! Je n’étais pas pressée qu’elle me la pose, cette question. « Que fais-tu dans la vie, Lubya. », c’était la redoutée. Qu’allais-je lui répondre ? Qu’étais-je en droit de dire ? Que j’étais serveuse ? Si mon job n’avait pas été aussi clandestin que je ne l’étais moi-même, j’aurais pu l’avouer tout de go. Il n’est, à mon sens, aucun sot métier, juste des gens assez cons pour juger l’Homme, non sur ce qu’il est, mais sur ce qu’il fait pour remplir son portefeuille. En soi, bien que je rêve de m’élever, de chahuter mes neurones, d’épuiser ma matière grise dans le but honorable d’obtenir un diplôme, de l’arracher aux serres acérées de mon « oiseau de proie » de destin, je n’avais jamais ressenti la moindre honte d’être au service d’une clientèle en quête d’alcool et de détente. Au contraire, j’estimais que le bar où j’exerçai mes armes et le club qui m’employait actuellement, m’apprenait la vie soir après soir pour l’un et nuit après nuit pour l’autre. J’en découvris sa dureté et son injustice. Quant à mon boulot, il m’enseigna la patience et la diplomatie puisqu’il en faut pour refuser à un quidam que l’alcool abrutit, un verre de plus, celui de trop. Pourtant, si je ne ressens pas l’opprobre d’être moins « cultivé » - tout est cependant relatif – que mon interlocutrice, une petite voix, méfiante, me susurre à l’oreille d’éluder cette interrogation sous peine d’en entraîner une autre : où ? Où bosses-tu ? Elle était du coin, Charlie. Elle serait curieuse et je ne pourrais pas l’en blâmer. Je l’étais aussi. Ne serait-il pas, dès lors, particulièrement culotté d’ignorer la sienne ? Probablement, oui ! J’en conclus alors que le mensonge prévalait à la faveur de ma sécurité. « Pour le moment, je vis sur mes économies. » C’était plausible. Si je ne l’avais pas dépensé pour des faux-papiers, ce serait ma réalité. Mais, cette vérité n’éloignait pas ma culpabilité de rompre mes propres promesses. « Je cherche dans l’Horeca un job de serveuse par exemple. C’est ma zone de confort. J’ai fait ça toute ma vie. » Qui n’était pas bien longue finalement. « J’aspire à autre chose, mais tu sais ce qu’on dit, un combat à la fois. D’abord, je m’acclimate et puis j’avise pour la suite. Ça me semble être la meilleure solution dans un premier temps. » ponctuais-je en haussant les épaules, un sourire enjoué sur les lèvres. Je chassais le plus loin mon sentiment d’être une ignoble personne, mais je me jurai que si nos destins se croisent à nouveau, je me montrerai plus honnête. Sur l’heure, c’était bien trop dangereux et je m’employai donc à détourner cette conversation sur ma partenaire. Sa vie était certainement plus palpitante que la mienne.

Mon compliment n’avait pas vocation à adoucir mes élans d’indiscrétion. Je la pensais sincèrement jolie. Mon imagination lui prêtait d’ailleurs une ribambelle de prétendants prêts à tout pour un regard de sa part et je l’admets bien volontiers, j’espérais revivre à travers elle un peu de ma propre vingtaine. Elle était révolue depuis quelques années. Mes choix personnels m’éloignèrent des jeux de séduction, de l’excitation d’être courtisée. Nul besoin d’être devin pour comprendre que ses histoires d'amour étaient son sujet tabou. Elle l’évita à l’aide d’une pirouette et je n’insistai pas évidemment. Je répliquai d’un hochement de tête destiné à souligner qu’elle avait raison de suivre son cœur, de s’amuser s’il le lui dictait ou d’être pondérée au point de s’investir plus intensément dans ses études. Elle me confia la thématique de son mémoire et je grimaçai, ébahie et impressionnée. « He bien, c’est un gros morceau. Ça doit te demander beaucoup de ton temps. » Je ne l’avais pas vécue, cette expérience, mais j’étais loin d’être une idiote. Je me doutais bien qu’elle devait somme toute respirer, manger, boire et dormir OTAN. « Il y a quoi se démotiver parfois à mon avis, mais il faut s’accrocher. » Même si cette organisation n’intéresse plus grand monde hormis les passionnés. Je ne l’étais pas vraiment. J’étais bien incapable de discourir sur cette question. Autant dire que j’étais ravie que le serveur nous interrompe pour nous déposer les deux verres d’eau et un peu moins lorsqu’elle se qualifia d’ennuyante. Je lui jetai une moue sceptique qui en disait long sur le fond de ma pensée. « Dis plutôt que tu essaies de ne pas entrer dans les sujets plus délicats. » la taquinais-je en ôtant mes lunettes de soleil. Il était grand temps que je commence doucement à surveiller l’heure. Le soir tombait et il n’était pas question d’arriver en retard sur mon lieu de travail. Un coup d’œil à ma montre me confirma qu’il me restait moins de 45 minutes. Au terme, je devrais impérativement rentrer, me doucher et avaler un morceau. En attendant, je pris la peine de l’éclairer. « Moi, je suis en ville depuis une semaine, un tout petit peu plus, mais certainement pas moins. Et, je trouve peu à peu à mes repères, oui. J’ai rencontré quelques personnes particulièrement sympathiques. »  Mitchell, en l’occurrence, qui était d’un soutien sans faille. « Je sais que j’ai un vieil ami qui traîne dans le coin, dès que j’aurai mon numéro à moi, je vais sans doute l’appeler pour qu’on s’arrange quelque chose. Tu sais, quand on est dans ma situation, ce dont on a besoin, c’est ce que t’as fait. » Sourire, bienveillance, une rencontre que l’on n’oublie pas et à laquelle on repensera avec émotion. « Et, non, cette fois, je ne le dirai pas. J’ai apprécié passer du temps avec toi aujourd’hui. Depuis que je suis ici, tu es sans doute la plus jolie rencontre que j’ai faite. » Hormis mon patron, mais c’était différent et à bien des égards. « La preuve, je vais devoir t’abandonner. » Je ne donnai aucune explication sur les raisons de mon départ. « Et je le regrette déjà. Tu sais, ce que je me dis ? Qu’on devrait prendre le temps d’un ciné, toi et moi ? Tu aimes le cinéma ? » m’enquis-je en ramassant déjà mes affaires, avalant la dernière gorgée d’eau de mon verre d’eau. « Tu peux aussi faire un bout de chemin avec moi si tu vas vers Fortitude ? »





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Message(#)Proximity: Supermarket EmptyDim 28 Avr 2019 - 1:42

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@Lubya Abramova

Lubya est une femme remarquable aux yeux de Charlie. Elle a déjà vécu tant de choses qu’elle ne peut tout lui raconter en une petite heure. La rousse l’admire déjà, réellement, pour le peu qu’elle connaît d’elle. La russe dégage tant de force tout en restant si délicate, presque frêle aux premiers abords. Elle est de ce genre de femmes dont il en existe tant, l’histoire ne contera pas leurs prouesses mais les rencontres qu’elles auront faites le feront à sa place. Ce seront les gens qui perpétueront leur mémoire, leurs petites phrases, leurs échecs et leurs réussites. A son échelle, Charlie parlera sans doute de sa rencontre ce soir à sa colocataire et à son meilleur ami. Elle en parlera comme d’une anecdote qu’elle n’oubliera jamais.
La jeune rousse naïve ne voit qu’un écran de fumée à l’esquive de son amie, cela arrange tout le monde. Il serait trop tôt, bien trop tôt, pour que Lubya ne puisse lui raconter toute son histoire, sa véritable histoire. Un jour sans doute, mais pas celui-ci. Charlie ne lui en voudra jamais, elle a vu beaucoup de films dans lesquels le héros principal fait le choix de raconter ses secrets à la mauvaise personne, Lubya ne peut pas risquer d’être ce héros si bête. Mais généralement dans ces films, le héros est un homme et la mauvaise personne une femme, alors il ne reste qu’à espérer que la russe ne se confie pas à un homme (ou à une femme, si c’est ce qu’elle préfère) de peu de confiance. Au final, l’excuse des économies était sûrement la meilleur, la plus plausible. Tout bon menteur sait qu’il faut une part de vérité dans ce qu’on dit. Ensuite, libre à nous d’amplifier, atténuer, omettre des détails, modifier des petites choses … et voilà comment un mensonge naît. Celui de Lubya est parfait, Charlie n’en est que plus admirative de la voir tant se démener dans un pays qui n’est pas le sien alors qu’elle est arrivée il y a peu. Adroitement, après avoir parlé d’elle autant que le minimum syndical l’exigeait, elle change de sujet.
La jolie blonde parle bien, elle a toujours les bons mots là où il faut. Jamais trop, toujours assez. Elle devient rapidement une sorte de mère. En tout cas, elle en a la douceur et l’empathie, pas les trente années d’écart nécessaires. Et le prénom de maman, parce que les mamans ont un prénom à part, on le sait tous. Lubya n’est pas un prénom de maman pour le moment, il le deviendra peut être un jour. Pour le moment, Charlie aime la voir comme une amie délicate et attentionnée. A nouveau, elle émet des jugements sans la connaître, mais c’est son coeur qui lui dicte tout ça, toutes ses pensées. Elle l’écoute toujours, même quand il se plante et surtout quand il se plante.
Finalement, elle est heureuse lorsque la coureuse d’oranges lui raconte qu’elle s’intègre bien à Brisbane. Charlie aime bien critiquer sa ville, mais elle reste merveilleuse, c’est vrai. Les habitants aussi le sont, et le fait qu’elle ait trouvé de belles âmes en si peu de temps ne l’étonne pas vraiment. Elle lui souhaite que cela continue ainsi et que rien ne vienne se mettre en travers de son chemin, elle mérite tant de belles choses.
Villanelle ne trouve rien d’intéressant à ajouter à son histoire, aucune autre question digne d’une groupie non plus. Elle est juste heureuse de l’avoir écouté, et elle peut être heureuse d’avoir pu parler, qui sait. Pour une fois, Charlie a pu écouter quelqu’un ayant une histoire sortant un minimum de l’ordinaire, la plupart des Brisbane born and raised n’ont pas grand chose à raconter à part parler de surf. C’est pas que ça intéresse pas l’étudiante mais … ça l’intéresse pas du tout.
Lorsqu’elle annonce qu’elle doit s’en aller il n’y a ni étonnement ni déception. Il était juste temps. Pour une première rencontre, elles avaient fait le tour, avaient prévus quelques plans futur (numéro de téléphone, cours, rendre le tote bag de Rosa Parks) et c’était bien suffisant. Lubya avait égayé la journée de Charlie. Charlie ne le savait pas mais il en était de même pour elle. « Envoie moi un message quand tu veux aller au cinéma. Je te laisse choisir le film, tant que c’est pas une de ces histoires d’amour gnian-gnian ! »  Elle se doute pertinemment que la blonde ne fait pas parti de cette odieuse portion de la population raffolant des films à l'eau de rose. « Pour tout le reste, je serais capable de passer des journées entières dans les salles obscures, entourée de pop corn salé bien entendu. » Son petit péché mignon, les pop corn salés. « J’habite à l’exact opposé de la ville à vrai dire. Mais j’ai été heureuse de faire ta connaissance Lubya. Vraiment. »
Charlie s'exécute elle aussi à ranger ses affaires, ce qui se résume à mettre son téléphone dans sa poche et laisser un billet au serveur. Elle ne prend pas la peine d’en discuter avec la supermarket lady (la parodie, belle et mince) de peur que cela ne dégénère vers un débat sans fin. Le sourire au lèvre, elle lui fait un ultime signe de tête et se retourne doucement en route vers Bayside. Au bout de quelques mètres, elle se retourne pour lui crier quelques derniers mots. « T’as intérêt de m’appeler, sinon je toquerai à toutes les portes de Fortitude Valley ! »


THE END POUR MOI I love you
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