No hesitation now, she gets up and walks. She thinks of all the pain and pride that it cost. She empties all the tip jars, it won't get back what she lost. Outside the window with two fingers to show, she lifts her head up just to blow out the smoke. She doesn't have to look back to know where she's got to go. No, you don't have to wear your best fake smile, don't have to stand there and burn inside if you don't like it. And you don't have to care, so don't pretend. Nobody needs a best fake friend, don't hide it. ► Best Fake Smile, James Bay
Ma mallette dans une main, mon café moka dans l’autre, je sors de l’ascenseur. Arrivé devant les locaux d’A.K., je dois utiliser mon coude pour abaisser la poignée. Je m’exécute, puis appuie du genou contre la porte pour l’ouvrir avec l’aise de celui qui a déjà réussi cette manœuvre délicate des dizaines de fois. Je me glisse habilement dans l’ouverture, louvoyant pour éviter de me prendre le battant en plein visage. Tandis que la porte se referme derrière moi, je m’avance d’un pas décidé dans les locaux. Judy, la secrétaire, est au téléphone. Je la salue au passage d’un signe de main discret qu’elle me renvoie en souriant. Je traverse sans vraiment la regarder la salle d’attente luxueuse et je continue dans le couloir, ignorant les portes ouvertes ou fermées jusqu’à ce que je rejoigne celle de mon bureau, tout au fond. Moins habile cette fois-ci, je dois serrer mon gobelet de café entre mes dents pour libérer l’une de mes mains et sortir ma clé. Je la glisse dans la serrure et la fait tourner. Le verrou émet son déclic habituel, me signalant que je peux entrer. Ce bureau, c’est un peu mon royaume. Sobre mais chic, à la fois personnalisé et professionnel, il est le reflet parfait de l’image que je veux renvoyer lorsque je reçois des mannequins ou des clients. Je vais poser ma mallette sur le coin de mon bureau, un imposant meuble en bois teint en noir qui donne le ton à la pièce. Le reste de la déco s’y agence à la perfection, toute en cuir et en chrome. Plutôt que de prendre place dans ma chaise, je m’appuie sur le rebord du bureau et croise les jambes. Je prends une gorgée prudente de mon café, craignant de me brûler la langue, mais le trajet entre le lobby de l’immeuble et mon bureau lui a permis de refroidir suffisamment pour le rendre buvable.
Tout en parcourant distraitement du regard le coin salon aménagé tout près de la baie vitrée, je réfléchis à la discussion qui se prépare. Après avoir passé une énième nuit presque blanche à penser à Zelda (au défi qu’elle représente, pas à un éventuel fantasme), je me suis dit qu’il était enfin temps de passer à l’offensive. Il y a déjà presque un an que je m’occupe de sa carrière et notre relation n’est pas pas plus facile qu’elle ne l’était au début. Oui, la jeune femme a fini par sortir de son mutisme original, mais je sens encore qu’elle me tient à distance. Je veux percer sa coquille, je veux comprendre pourquoi elle me répond si peu quand j’essaie de faire mon travail et pourquoi elle a si souvent l’air mal à l’aise quand elle fait le sien, pourquoi elle a l’air apathique la moitié du temps et terrifiée l’autre moitié. Il n’y a pas que mes insomnies qui m’ont convaincu d’aller au fond de l’affaire : notre relation en dents de scie n’échappe pas aux commères qui me servent de collègues. L’autre jour, Maggie, une manager qui a été embauchée à peu près en même temps que moi et que je considère pas-si-secrètement comme ma rivale principale (ce qu’elle me rend bien, d’ailleurs) a pris un malin plaisir à me demander si mon aventure amoureuse avec Zelda s’était mal terminée et si c’était pour cette raison qu’elle se mettait à faire la gueule dès qu’on se retrouvait dans la même pièce.
Je devrai cependant mener habilement la discussion. J’ai décidé de me montrer direct, presque brutal, et de bluffer un peu. Si j’y vais trop fort, ma stratégie pourrait très bien se retourner contre moi, ce qui serait assez désagréable. Avec un soupir, je prends une gorgée plus généreuse de ma boisson et me décide à m’atteler à la tâche. Je m’installe derrière mon bureau. Sachant que j’ai deux bonnes heures devant moi, je me plonge dans mes dossiers. Le travail m’absorbe rapidement, si rapidement que lorsque le téléphone de mon bureau sonne, je sursaute. L’afficheur m’indique que l’appel provient de la réception. « Allô? » La voix de Judy retentit dans le combiné et m’annonce que Zelda est arrivée. Étonné, je jette un coup d’œil à ma montre et constate qu’il est effectivement l’heure de notre rendez-vous. « Tu peux la faire entrer. » Après avoir raccroché, je verrouille mon ordinateur et attends la jeune femme. Lorsqu’elle arrive, je me lève pour la saluer et lui indique de prendre place dans le fauteuil en face de mon bureau. J’aurais pu l’inviter à passer au coin salon, qui est plus confortable, mais j’ai choisi à dessein de rester là où j’étais. Pendant qu’elle s’installe, je me rassois dans ma chaise. « Merci d’être venue, je voulais te parler de quelque chose. » Les avant-bras appuyés sur le bureau, les mains croisées devant moi, je laisse planer le silence quelques secondes avant de poursuivre. « On m’a offert de prendre en charge la carrière de l’une des nouvelles filles de l’agence. » C’est vrai. Cependant, j’ai refusé presque immédiatement, préférant pour l’instant continuer à me concentrer sur la carrière de Zelda, qui n’a pas encore trouvé le succès qu’elle mérite. Un détail que je me garde bien évidemment de lui révéler pour l’instant. « Écoute, j’ai l’impression que le courant ne passe pas bien entre nous. Je ne sais pas ce que c’est mais il y a un truc qui cloche. Et je ne suis pas le seul qui le pense, les gens commencent à parler. » Je marque une pause, m’humecte les lèvres en calculant mes prochaines paroles. « Je pense qu’il vaudrait mieux que tu trouves un autre agent. Je peux te recommander quelques collègues si tu veux. » Tout ça n’est qu’un bluff. Je préfèrerais largement me faire mettre à la porte avant de laisser la jeune femme, que je sais bourrée de talent, dans les mains d’un autre agent. (Je vois d’ici le sourire carnassier de Maggie qui ne manquerait pas de mettre ses petits doigts sur ma protégée.) J’espère simplement réussir là où j’ai échoué jusqu’à maintenant et créer une véritable réaction chez Zelda. Et si elle semble encore s’en ficher comme de l’an quarante, je serai au moins fixé une bonne fois pour toute.
Le soleil lui brûlait les yeux, la brise soufflait dans ses cheveux bruns et le calmant qu'elle venait d'avaler faisait petit à petit son effet. Zelda regardait l'horizon dans son petit balcon de son petit appartement. Elle ne savait pas exactement où ses yeux la guidaient, mais la vue de bon matin avait le don de la calmer, de reprendre ses esprits là où elle était perdue. Si le bruit des klaxons dérangeait sa petite méditation, elle ne pouvait nier qu'elle aimait cette ville. Les années passèrent à une vitesse où même la Vietnamienne ne se souvenait plus de la date exacte de son arrivée en Australie. Non, malheureusement, ce dont elle se souvenait, ce sont les trois longues années dans son ancienne agence. Et pourtant, elle rêverait pouvoir les oublier. Ses membres ce crispés à l'idée de revoir son visage dans ses souvenirs, entendre sa voix et sentir sa forte odeur de clope mélangeait à l'alcool. Toutefois, Zelda cherchait un moyen de ne plus y penser, de passer outre afin de pouvoir avancer dans sa carrière professionnelle, mais rien n'y faisait. Elle avait toujours peur. Elle tremblait à chaque fois qu'elle se trouve seule avec un homme et à cause de ça beaucoup étaient convaincu qu'elle était folle, mais ce n'est pas de sa faute... Pas vrai ? Zelda désire au plus au point de tout leur dire, d'avouer ses craintes, son passé, mais rien n'y faisait, aucun son n'en sortait. Lorsqu'elle comprit que la dépression logeait en elle, tout son petit monde a fini par s'écrouler. La Vietnamienne qui présumait bien trop tôt que cette maladie n'était pas faite pour elle, comme immunisait à vrai dire. Des aboiements perçants l'éveillaient de ses pensées. Zelda jetait un œil sur son jeune berger australien qu'elle adopta dès son arrivée ici et qui lui rappela qu'il était bientôt l'heure.
Devant elle se dressait l'immense agence d'A.K, son nouveau lieu de travail, cet immeuble qui n'avait rien à voir avec l'ancien. Assise sur un banc à une rue en face, Zelda terminait lentement sa dernière cigarette du paquet en attendant une motivation naissante pour entrer dans les locaux et aller à son rendez-vous. Elle, qui critiquait les fumeurs, ne se doutait guère un jour commencer à s’empoisonner. Du fait de son agression, Zelda a débuté la cigarette en ayant toujours en tête que cela allait lui faire du bien, en quelque sorte, mais bien évidemment, elle s'approchait plus d'un cancer que d'une guérison quelconque. Pourtant, la néo-zélandaise n'arrive guère à s'en débarrasser, peut-être un jour qui sait. Subitement, l'envie d'appeler la mère lui prit et ses doigts composèrent son numéro sans y faire attention. Celle-ci n'attendit point longtemps avant de répondre et Zelda put déjà remarquer la sale atmosphère qui planait entre elles. Si au début leur conversation semblait normale, petit à petit sa maternelle lui questionnait sur sa vie là-bas, mais surtout si elle s'y plaît assez pour ne pas revenir avec eux en Nouvelle-Zélande. Il eut un blanc, puis un soupir d’agacement et Zelda commençait à regretter de l'avoir appelé. « On en a déjà parlé maman, je ne peux pas.. Je vais devoir te laisser, j'ai un rendez-vous important.. Moi aussi » Sur un Vietnamien parfait, elle expliqua rapidement à sa mère qu'elle en avait déjà marre de l'entendre râler, du moins avec ses mots. Évidemment, ses parents n'étaient pas au courant de ses débuts en Australie, c'était hors de question de tout leur dire et si elle sait pertinemment que tout se sait, pour elle, le plus tard possible. Si Zelda appelle toujours ses parents, c'est pour leur prouver qu'elle les aime toujours, qu'elle pense à eux, mais aussi pour parler vietnamien afin de ne pas le perdre. Malheureusement, jamais ils ne comprendront son départ.
Une fois dans l'agence, elle salua les quelques passagers, ceux dont elle connaît et les autres avant de se diriger vers le bureau de son manager. Depuis son arrivée à l'agence, un manager lui a été donné d'office ; Gabriel. De ce qu'elle a comprit, eux deux sont arrivés à peu près en même temps dans l'agence et il est marié, enfin était. Du jour au lendemain, l'alliance avait disparu de son doigt, Zelda a toujours eu fait attention à chaque détail, mais n'a jamais osé poser la moindre question. Il fallait dire que leur relation est loin d'être la meilleure et la Vietnamienne le savait trop bien qu'il s'agissait de sa faute. Même si Gabriel est gentil, avenant et à l'écoute, pour Zelda elle ne voyait pas l'utilité à ce qu'ils deviennent plus proches. En effet, tant qu'ils discutaient de boulot ça lui suffisait amplement, mais ses yeux remarquèrent l'agacement de Gabriel et elle ne pouvait rien y faire. Oui, Zelda veut grandir dans ce milieu, devenir célèbre dans cette agence et auprès des marques avec qui elle travaillera, mais rien n'était facile pour elle. Cependant, la néo-zélandaise n'a jamais été aussi froide, distante et refermée sur elle-même. Là-bas, en Nouvelle-Zélande, vivait une Zelda pleine de vie, d'énergie et très extrovertie et rien qu'en y repensant une pointe au cœur se faisait ressentir ; l'angoisse de ne plus jamais la revoir. Gabriel n'est guère odieux avec elle, mais depuis son agression, elle ne pouvait rien n'y faire, sa confiance envers les hommes n'est plus. Sortant de l'ascenseur, elle vient indiquer à Judy, la secrétaire, sa venue et elle n'attendit pas très longtemps avant de rejoindre le bureau de Gabriel. Dedans, son manager vient la saluer et elle prit place sur l'une des chaises devant son bureau.
Sans savoir pourquoi ses yeux jetèrent directement un regard sur sa main afin d'y voir une alliance, mais toujours rien. Cette action, elle ne la comprend pas, mais elle se rassura avec la curiosité. Gabriel ne patienta pas une seconde avant de rompre le silence entre eux. « Ah. » Avait-elle réussi à sortir lorsque son manager lui annonça qu'un nouveau mannequin l'attendait. Ce n'était peut-être pas la meilleure des réactions et elle s'en est voulu. Bien sûr qu'elle était plus que dégoûtée, mais sa promesse de rester froide et avide de tous sentiments est bien trop forte. Gabriel continua sur sa lancée, lui parlant de leur relation et des gens autour avant de terminer sur sa proposition. Zelda savait où il voulait en venir, mais elle n'allait guère se laisser berner aussi facilement. « Je ne comprends pas pourquoi tu veux que toi et moi, enfin notre relation, évolue ? J'veux dire, restez simplement pro ça ne te plaît pas ? » Elle lui expliqua ses doutes sur ce qu'elle ne comprenait pas et surtout cette envie d'évoluer dans leur relation au lieu de se restreindre au professionnalisme. « Je ne savais pas que les avis, ce que les autres disent sur nous, t'importaient. Laisse-les parler dans leur coin. » Les avis, les rumeurs, les messes basses, tout ça lui passait au-dessus. Si pour beaucoup dans le monde du mannequinat ça avait une importance, pour elle tout lui était égale, il fallait plus pour la briser. Mais la voilà bien déçue pour Gabriel et son inquiétude sur ce que peuvent bien dire les autres. « Je ne te cache pas ma déception, parce que tu es un bon agent, mais si tu penses que c'est le mieux pour moi.. bah.. » Sa réponse restait en suspend. Elle ne voulait pas lui faire croire que changer d'agent serait bénéfique pour elle, alors que refaire tout à zéro avec un agent et surtout si c'est un homme, allait être bien plus qu'une épreuve. « Qu'est-ce que tu attends de moi ? »
No hesitation now, she gets up and walks. She thinks of all the pain and pride that it cost. She empties all the tip jars, it won't get back what she lost. Outside the window with two fingers to show, she lifts her head up just to blow out the smoke. She doesn't have to look back to know where she's got to go. No, you don't have to wear your best fake smile, don't have to stand there and burn inside if you don't like it. And you don't have to care, so don't pretend. Nobody needs a best fake friend, don't hide it. ► Best Fake Smile, James Bay
« Ah. » Bon, ce n'est pas exactement la réponse que j'espérais, mais je ne perds pas espoir pour autant. Parce que, pour la première fois, je sens comme un début de fissure dans son vernis d’indifférence. Ce n'est presque rien, à peine l'ombre d'une vive déception au fond de ses prunelles sombres et puis un pli de consternation au coin de ses lèvres qui disparaît presque aussitôt qu'il est apparu, mais c’est tout de même un minuscule pas vers l’avant. Elle me demande froidement pourquoi je tiens tant à ce que notre relation évolue au-delà du professionnalisme de base. Je penche la tête vers la droite, comme pour atténuer silencieusement la portée de ses paroles, qui ne sont pas tout à fait vraies. Je n’ai pas l’intention de franchir la fine ligne qui sépare la relation professionnelle d’une relation personnelle. Je ne m’attends pas à ce qu’on devienne inséparables, ni même vraiment amis. J’aimerais simplement surmonter la cordialité rigide qui règne entre nous en ce moment. « Je te rassure, on n'a pas besoin de se raconter nos vies en détail. » Le visage défait de Grace danse devant mes yeux. L’espace d’un instant, je sens le fantôme de mon alliance, que je n’ai plus enfilée depuis quelques mois déjà, s’enrouler autour de mon annulaire. J’esquisse un sourire sans joie. « Tu as tes secrets, j'ai les miens, c'est normal. Mais rester professionnel, ça ne veut pas dire se replier sur soi-même et ne rien partager avec l’autre non plus. »
Zelda ne semble pas apprécier que je m’intéresse aux racontars qui circulent à l’agence. Je ne peux m’empêcher de hausser un sourcil, impressionné par l’insouciance dont elle fait preuve. Je la trouve tout de même un brin naïve. Même si c’est certainement une bonne attitude que de refuser de se laisser atteindre par les commérages, ce n’est pas si simple. Le monde de la mode, petite communauté tissée serrée où tout le monde se connaît, est une véritable machine à rumeurs. Et, lorsque suffisamment de gens ont entendu une rumeur, ce n’est plus tellement important de savoir si elle avait un fond de vérité ou non, car le pouvoir du bouche-à-oreille en a déjà fait une réalité presque tangible. « Je ne peux pas juste les laisser parler dans leur coin, comme tu dis. C’est important de savoir ce que les autres disent de nous parce que, dans notre milieu, la réputation, c'est quatre-vingt pour cent de la réussite. Si les gens pensent que tu as du mal à travailler avec les autres ou que tu te comportes comme une diva, tu vas recevoir moins de contrats. Et si tu reçois moins de contrats, tu perds de la visibilité, et puis tu cesses de travailler. » Je m’étonne d’avoir à lui expliquer tout ça. Ce n’est pas comme si elle était nouvellement arrivée dans le domaine. J’ai vu dans son dossier qu’elle a travaillé trois ans pour une autre agence avant d’être embauchée par A.K. De ce que je me souviens, l’agence en question n’avait certes pas la prestance d’A.K., mais elle n’était pas non plus menée par un néophyte.
Les lèvres pincées, elle poursuit : « Je ne te cache pas ma déception, parce que tu es un bon agent, mais si tu penses que c'est le mieux pour moi.. bah.. » Je ne sais pas si je devrais être content ou découragé de sa réponse. D’une part, elle a reconnu que j’étais un bon agent, ce qui veut dire qu’elle aime travailler avec moi, au moins jusqu’à un certain point. De l’autre, elle semble déjà résignée à ce que je la confie à un autre agent, même si ce n’est pas ce qu’elle veut et même si ça ne serait pas particulièrement bon pour sa carrière. On dirait qu’il lui manque la combativité qui anime la plupart des aspirants top-modèles avec lesquels j’ai travaillé depuis le début de ma carrière. Ses prunelles fuyantes croisent enfin les miennes et s’y accrochent un instant, juste assez longtemps pour qu’elle me demande à quoi je m’attends d’elle, avant de se détourner à nouveau.
Douze réponses différentes me traversent l’esprit en même temps. Je veux qu'on se trouve un but et qu'on travaille à l'atteindre ensemble. Je veux sentir que tu me fais confiance, pas juste parce que tu n'as pas vraiment le choix, mais parce que tu crois sincèrement que je travaille pour toi. Je ne veux pas que tu te retiennes de donner ton opinion ou de critiquer les propositions que je te fais si elles ne te conviennent pas. Je veux que tu participes activement à ton avancement professionnel. Je veux que tu ne cherches pas tout le temps à savoir ce que je veux, et que tu me dises plutôt à quoi tu aspires. Je veux qu'on soit une équipe, des partenaires qui s’épaulent et travaillent sur un pied d’égalité. Je ne réponds pas tout de suite, cependant. J’évalue mes options, me demandant laquelle serait la meilleure. Je me recule dans ma chaise jusqu’à ce que je sois confortablement appuyé contre le dossier. Je détaille la jeune femme du regard. Je repense à son expérience précédente et, pour la première fois, je me demande comment travaillait son ancien agent. Et puis je me dis que ma première erreur a sans doute été de croire qu’elle serait forcément à l’aise avec mes méthodes. « Avant de répondre, j’aimerais savoir à quoi toi tu t’attends. » Songeur, j’appuie mon index contre l’arrête de mon nez. « Admettons qu’on continue à travailler ensemble, qu’est-ce que tu voudrais? Comment envisages-tu notre relation et mon rôle dans ta carrière? » Pressentant la réponse qu’elle pourrait me donner, je précise : « Et ne me dis pas juste que tu veux que ça reste professionnel parce que ça peut vouloir dire beaucoup de choses différentes. » J’ai envie d’ajouter qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, mais je m’abstiens de le faire.
Spoiler:
Ouais, c'est ça, laisse-moi faire tout le travail.
Les yeux rivés vers sa montre, Zelda contemplait avec peine à quel point le temps s'écoulait lentement. Ses mains s'entrelaçaient, ses dents mordirent sa lèvre inférieure tandis qu'elle sentait petit à petit son de légères palpitations au cœur. La Vietnamienne n'arrive guère à rester plus de deux minutes dans la même pièce avec un homme, quand bien même elle essayait de lui faire confiance. Elle maudit profondément ses traumatismes dus à son agresseur, comment il avait réussi à la transformer en une boule d'anxiété permanente. La voix de son agent la réveilla de ses pensées sombres, lui dessinant un timide sourire en coin de ses lèvres pulpeuses. Pourtant, elle ne répondit pas à sa remarque sur quoi ils ne se raconteront jamais leur vie en détail, or la réponse était déjà toute faite dans sa tête ; ça te ferait fuir après tout. Rien n'avançait entre eux, plus leur conservation se répétait et plus Zelda se demandait si c'était réellement une bonne idée ce rendez-vous.« Tu as tes secrets, j'ai les miens, c'est normal. Mais rester professionnel, ça ne veut pas dire se replier sur soi-même et ne rien partager avec l’autre non plus. » Ironiquement, Gabriel venait de décrire la coquille dans laquelle Zelda adorait se cacher. Elle comprenait en quoi ça l'embêtait, mais n'allait en aucun cas essayait d'arranger les choses si c'est pour effacer toute sécurité entre elle et lui. La jeune femme préférait lui laisser la parole le temps de dire ses pensées et avis, sans vraiment chercher une certaine confrontation même si elle n'était pas d'accord avec tout ce qu'il disait.
« Je vois. » Avait-elle seulement lâché après sa longue explication sur les rumeurs et messes basses. Bien évidemment, elle savait l'importance qu'avaient ses dires sur elle ainsi que sur son agent pour sa carrière professionnelle et les rumeurs elle les connaît trop bien. Cette fameuse rumeur d'avoir couché avec plusieurs hommes de l'ancienne agence afin d'avoir les mérites de tout le monde, cette confusion entre le photographe et elle. Quand bien même beaucoup savaient, personne ne tentaient de révéler la vérité pour la sauver du gouffre dans lequel elle se trouvait. Alors, elle a commencé à ne plus les écouter ses langues de vipère, ses hauts placés et ça l'a bien réussi pour survivre quelques années de plus dans cette prison. En effet, la jeune femme les entend inventer une relation amoureuse avec Gabriel qui aurait mal finit et encore, celle-ci était bien la plus mignonne et inoffensive pour elle. De plus, d'autres mannequins l'abordaient comme pour la prévenir de ses atrocités et les têtes qu'ils tiraient lorsqu'elle montrait sa négligence, prouver bel et bien qu'elles appartenaient désormais à un nouveau monde. Zelda les voit celles et ceux voyant leur carrière détruite à cause des mensonges ou des vérités blessantes, et même si elle voudrait bien les aider à surmonter cette épreuve comme elle l'a fait, la crainte de foncer tête baissée dans un mur l'arrête automatiquement.
Son regard vient rencontrer celui de Gabriel et d'un coup, c'était comme si le temps avait cessé de s'écouler et ses souvenirs la ramènent à leur première rencontre. Zelda s'en souvient comme si c'était hier, assise sur une chaise, attendant impatiemment dans une salle d'attente qu'on la libère de ses doutes sur son audition, elle évitait le regard des autres durant ces longues minutes. Après ce long délai, la Vietnamienne apercevait pour la première cette grande silhouette à l'apparence remplis de convictions et de persévérance qui allait devenir son agent. Étrangement, Gabriel a directement voulu émettre une atmosphère de confiance entre eux deux, ce qui le différenciait grandement de son précédent agent. Depuis ce jour-là, depuis que leur main se sont serrée entre elles, Gabriel a toujours été une certaine source d'inspiration. Mais ça, Zelda préférait le garder pour elle. La question de son agent la laisse en suspend durant quelques instants. Il fallait dire qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui retourne sa propre question. Piégée dans son propre jeu, elle tentait de trouver une issue de sortie dans cette conversation. « J'en sais rien.. » Oui, ce n'était clairement pas la réponse à laquelle s'attendait Gabriel, mais tout paraissait si compliqué pour elle à ce moment. Sous sa réponse, un léger rire d'auto-dérision sortit d'entre ses lèvres avant que l'une de ses mains vienne se coller ses doigts entre ses sourcils froncés. « Je veux dire.. c'est compliqué. » Pourtant, il y a tellement de choses dont elle aimerait lui faire part. « Bien évidemment, j'aimerais voir ma carrière montait les échelons, mais je sais trop bien que ce monde est pourri jusqu'à la moelle alors j'ai décidé d'être distante avec certaines choses. » Encore une fois, ses yeux regardèrent sa montre pour y voir à quel point le temps pouvait passer lentement. C'était peut-être une réponse échappatoire pour ne pas à se justifier, mais c'était la seule à dire pour qu'il essaie de comprendre sa situation sans tout lui expliquer. « Mais je vais tenter d'être un peu plus ouverte et active lors de projets ou shootings. » Son regard était porté sur celui de Gabriel et dans ses yeux elle pouvait sentir une certaine fatigue dont elle se sentait quelque peu coupable. « Il faut dire que tout est différent ici qu'à ma précédente agence, je suis comme désorientée. » Tout était beaucoup plus professionnel et organisé, tout lui semblait si différent, mais sans pour autant se dire que c'est mal.
No hesitation now, she gets up and walks. She thinks of all the pain and pride that it cost. She empties all the tip jars, it won't get back what she lost. Outside the window with two fingers to show, she lifts her head up just to blow out the smoke. She doesn't have to look back to know where she's got to go. No, you don't have to wear your best fake smile, don't have to stand there and burn inside if you don't like it. And you don't have to care, so don't pretend. Nobody needs a best fake friend, don't hide it. ► Best Fake Smile, James Bay
Zelda ne s’attendait visiblement pas à ce que je lui retourne sa question. Je vois bien qu’elle ne sait pas trop quoi répondre. Est-ce que c’est parce qu’elle ignore vraiment ce qu’elle veut ou parce qu’elle essaie de trouver la réponse que j’aimerais entendre? Au bout d’une longue hésitation, elle trouve finalement ses mots : « Bien évidemment, j'aimerais voir ma carrière montait les échelons, mais je sais trop bien que ce monde est pourri jusqu'à la moelle alors j'ai décidé d'être distante avec certaines choses. » Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais, mais ce n’était certainement pas à ce cynisme sombre. Mais comme c’est la première fois qu’elle me fait vraiment part de ses espoirs et de ce dont elle a envie pour sa carrière, je ne relève pas. Je hoche simplement la tête. « Si c’est ce que tu veux, on va y arriver. Tu as ce qu’il faut pour te rendre loin. » Je n’essaie pas de la flatter ni de lui remonter le moral, ce n’est pas particulièrement mon genre. Si je le dis, c’est que je le pense sincèrement. Son talent va bien au-delà de son joli minois. Il ne lui manquerait qu’une dose supplémentaire de confiance en elle pour devenir une superstar. Je sens qu’elle n’a pas fini de parler, mais je ne la brusque pas, craignant de la voir se refermer comme une huître si je lui mets trop la pression. Je me mords l’intérieur de la joue pour retenir un commentaire acerbe en la voyant jeter un coup d’œil désespéré à sa montre pour la deuxième fois en moins d’un quart d’heure. Je me permets tout de même un soupir d’agacement. Elle ne peut tout de même pas avoir si hâte que ça de sortir de mon bureau, non? La conversation a beau ne pas être tout à fait plaisante, ce n’est pas de la torture non plus. De toute façon, c’est sa faute : nous ne serions pas coincés dans cette situation si elle acceptait simplement de me parler de ce qui la tracasse. « Mais je vais tenter d'être un peu plus ouverte et active lors de projets ou shootings, » finit-elle par offrir timidement. C’est plus fort que moi, je sens la frustration monter, mais je m’efforce de ne rien laisser paraître. « Ça serait déjà un bon début, » que je concède en lui offrant un sourire que j’espère encourageant. Elle m’explique que les différences entre son ancienne agence et A.K. la déboussolent. « Je comprends. J’ai dû m’adapter moi aussi en arrivant ici. » Dans mon cas, l’adaptation avait été plutôt facile. J’étais passé d’un endroit où un patron contrôlait presque chacun de mes gestes à un endroit où j’ai la liberté de mener la carrière des mes protégés comme je l’entends tant que ça ramène de l’argent à l’agence. Mais j’imagine que ce n’est pas aussi facile pour tout le monde.
La conversation ne tourne pas tout à fait en rond, mais ce n’est pas non plus la percée que j’espérais. J’ai sérieusement besoin d’un café et d’une pause. Je sens le manque de caféine dans mon système se transformer petit à petit en migraine derrière mon front. « Veux-tu quelque chose à boire? » Je n’attends pas sa réponse pour me lever. J’étire discrètement mes muscles ankylosés, puis je contourne mon bureau. Je m’approche de la petite table ronde sur laquelle est posée une machine Keurig chromée, gracieuseté de l’agence, ainsi qu’une sélection de capsules de café et de thé et quelques tasses en porcelaine blanche. « Thé vert? » que je lance par-dessus mon épaule dans la direction générale de ma protégée. Si je me souviens bien, c’est son thé de prédilection et elle le boit nature. Elle confirme d’un hochement de tête. Je sors donc l’une des capsules de thé de son emballage et la place dans la machine avant de refermer le compartiment. Puis je pose une tasse sous la machine et appuie sur le bouton. Le chuintement de l’eau qui se réchauffe emplit la pièce. J’attends patiemment que le thé soit prêt en réfléchissant à une nouvelle stratégie. Les mains dans les poches, je me tourne vers elle. « Si tu veux, on peut s’installer sur le canapé. Ça sera plus confortable. » J’espère vaguement qu’une boisson chaude et un siège moelleux réussiront à la mettre suffisamment à l’aise pour qu’elle accepte de se confier un peu plus, même si je ne fonde pas de gros espoirs là-dessus. Ce n’est pas comme si c’était la première fois que j’essayais cette technique. Lorsque le thé est prêt, j’insère une nouvelle capsule, d'espresso cette fois, et échange la tasse pleine pour une vide avant de lancer la préparation de mon café. Zelda s’est levée et s’est approchée un peu du coin salon, et donc, de moi. Attrapant sa tasse de thé d'une main, je traverse la distance restante entre nous et lui tend sa boisson. Par habitude, je glisse un bras avenant autour de sa taille fine pour l’entraîner vers l’un des canapés. « Viens t’asseoir. »
Bizarrement, l'ambiance s'était apaisée sans pour autant qu'elle devienne stable. Même sans trop y donner les détails, Zelda se sentait enfin comprise dans la position à laquelle elle se trouve. Désormais, la jeune femme essayera du mieux qu'elle peut de faire de son mieux quand bien même les débuts seront difficiles. Elle écouta aux remarques de son agent et eut un léger sourire lorsqu'il la complimenta sur ses efforts futurs avant de la rassurer en lui racontant brièvement ses débuts. Confuse, Zelda pencha légèrement sa tête sur le côté, elle qui entendit des rumeurs, avérées ou non, sur le passé de son agent. Comme quoi il serait le fils d'un grand homme de la mode, Gabriel aurait baigné dans ce monde depuis tout petit, même si à ce jour elle ne sait guère si elles sont vraies ou non, Zelda ne pouvait s'empêcher d'y croire un peu, d'où sa confusion. En clair, elle ne comprenait pas vraiment en quoi ses débuts furent difficile pour lui aussi. En y repensant, elle se trouvait idiote de bien pouvoir croire à ce qu'ils disent sur lui surtout lorsqu'elle venait de répondre l'exact opposé. Il fallait bien croire que petit à petit, quoiqu'il advienne, Zelda tombait dangereusement dans le même jeu qu'elle veut à tout prix éviter. Pourtant, c'était bien la première fois qu'elle écouta attentivement les rumeurs sur une personne et étrangement celles sur Gabriel. Il y en a beaucoup sur sa vie d'homme marié, du moins ancienne vie d'après la disparation de l'anneau et la jeune femme ne pouvait s'en empêcher de les avaler. Elle repense à son sourire après ses encouragements et sur ses lèvres se dessina une réponse remplie de sincérité. Elle ne pouvait nier le fait qu'elle se sent bien ici, presque même épanouie. Cette agence n'avait rien à avoir avec l'ancienne, sur plusieurs points, mais notamment sur la gestion des mannequins. Le jour de sa réponse d'admission a été comme une délivrance pour elle, ne pensant qu'à avancer sans se retourner. Gabriel est bien un meilleur agent que l'autre qu'elle eut auparavant. Zelda n'a jamais été jusqu'à parler en tête-à-tête avec lui, non, mis à part des salutations le jour et le soir, rien d'autre se passait entre eux. Peut-être était-ce mieux ainsi, mais encore aujourd'hui elle se demande s'il était au courant de toute cette histoire ?
Zelda s'attendait à une nouvelle attaque de questions ambulantes, mais fut presque surprise lorsqu'il lui proposa une boisson chaude, comme pour se décontracter. Elle pensa qu'il voulait bien faire afin de la mettre la plus à l'aise possible et cette idée eut le don de la réconforter à sa manière. Sans patienter pour une seule réponse, son agent se leva de son siège avant de se diriger vers la machine de l'agence et de ses yeux bridés elle le suivit du regard. « Thé vert ? » Ses petits yeux s'ouvrirent un peu plus en grand tellement elle fut surprise qu'il se souvienne de ce tout petit détail sur elle. L'étonnement lui retira de ses cordes vocales et d'un seul hochement de tête elle confirma sa proposition. Le sourd bruit de la machine fit écho dans la pièce, étouffant le moment de silence qui s'est étalé entre eux. « Ça marche. » Sa réplique fut courte pour l'idée de Gabriel, mais sans le dire, elle trouva que c'est une bonne idée. Après tout, restée assise sur ces chaises aura raison de ses rhumatismes plus tard. Elle ne lui laissa guère le temps d'attendre que son café soit fin prêt quand ses jambes l’amenèrent vers lui et la machine. D'une main, elle s'apprêta à prendre le gobelet brûlant entre ses doigts et jeta un timide "merci" à son agent avant qu'ils ne dirigent vers le canapé. Tout se passait bien jusque-là, à vrai dire, tout se passait à merveille pour Zelda. Même si au début la conversation fut difficile à s'enclencher au final, elle se dit que ce n'était peut-être pas si mal. Alors, pourquoi fallait-il que tout dérape d'un coup ? Zelda n'a rien pu faire, lorsqu'il la toucha, ses sens prirent le dessus et de son autre main elle vient le gifler. Or, elle vit son agresseur devant elle à ce moment-là et non Gabriel. Quand elle reprit ses esprits, Zelda prit conscience de ce qu'elle venait de faire. « J-je suis déso- » Le gobelet fini par terre, éclatant le thé vert qu'il venait de lui offrir gentiment et sa vision devenait difficile à percevoir les silhouettes. Et puis là, c'en est trop. Sur ses joues de grosses larmes y coulèrent sans s'arrêter et à ce moment-là elle se dit que tout était fini pour sa carrière. « Je t'ai pris pour lui.. Je ne voulais pas.. Je l'ai vu, pas toi » Ce qu'elle disait n'avait aucun sens, du moins certainement pour Gabriel, mais elle n'arrivait pas à former de simples phrases tellement sa crise de panique était à son paroxysme. Son regard au visage de Gabriel et aussitôt leurs yeux firent face, Zelda détourna vite le regard avant de retourner, dos contre lui. Ses doigts viennent s’entremêlaient entre ses cheveux et rien n'y faisait : ses larmes ne voulaient point s'arrêter de couler. Zelda savait désormais qu'elle ne pourrait pas partir sans donner une seule explication à Gabriel surtout ce qu'elle venait de dire sans queue ni tête. « J'ai été agressée sexuellement.. Dans mon ancienne agence. » Avait-elle commencé, dos tourné en face de son agent et le souffle qui avait du mal à revenir à la norme, de plus en plus elle sentait ses jambes tremblaient comme de simples feuilles prêtes à lâcher prise à tout moment. « Durant trois ans, c'était toujours la même chose, toujours les mêmes attouchements et paroles odieuses. Bien évidemment, tu ne pouvais pas savoir... » Soudain, déterminée, elle se retourna, faisant face à son visage et son corps se pencha en avant afin de se faire pardonner. Quand bien même, c'est une ancienne habitude de ses origines asiatique, elle ne voyait pas d'autres moyens pour montrer ses excuses sincères. « Je suis désolée. Tu ne pouvais pas savoir en me touchant et j'ai directement réagi sans penser à mes actes, mais... » Puis vint le visage de son agresseur dans sa pensée avec son vieux sourire pervers et les larmes devinrent plus intenses. Se remettant le dos droit, face à Gabriel, elle essaya de cacher sa honte en regardant seulement le sol.
No hesitation now, she gets up and walks. She thinks of all the pain and pride that it cost. She empties all the tip jars, it won't get back what she lost. Outside the window with two fingers to show, she lifts her head up just to blow out the smoke. She doesn't have to look back to know where she's got to go. No, you don't have to wear your best fake smile, don't have to stand there and burn inside if you don't like it. And you don't have to care, so don't pretend. Nobody needs a best fake friend, don't hide it. ► Best Fake Smile, James Bay
Au début, tout se passe normalement. Zelda a même l’air plus détendue qu’à son arrivée. Je lui tends sa tasse de thé et elle m’offre un sourire sincère en échange. Encouragé, je me dis qu’on arrivera peut-être à quelque chose après tout. Et puis l’atmosphère change brusquement du tout au tout. Mon bras a à peine effleuré sa taille lorsque je la sens se tendre violemment contre moi. Devinant que je l’ai probablement mise mal à l’aise – j’avais jusqu’alors assez bien contrôlé ma nature tactile – je veux m’écarter, mais je n’en ai pas l’occasion. Elle se tourne brusquement vers moi et avant que j’aie eu le temps de comprendre ce qui se passe, sa main entre violemment en contact avec ma joue. Ahuri, je la dévisage en portant mes doigts à mon visage endolori. Elle m’a giflé! Je retiens de justesse le chapelet de jurons qui veut jaillir de ma bouche, mais je ne peux contenir totalement ma stupéfaction. « Mais qu’est-ce qui t’a pris, bordel?! » Je n’ai pas tout à fait gueulé, mais je suis certain que, si mon bureau avait été plus près de l’accueil, j’aurais attiré l’attention des gens dans la salle d’attente. Les yeux de Zelda se sont posés sur moi, mais j’ai l’impression qu’elle me regarde sans me voir. Pendant une fraction de secondes, je me dis que ça y est, elle a pété un plomb et j’ai même le temps de me demander si c’est mon karma de me retrouver responsable de femmes qui n’ont plus toute leur tête quand un bruit de porcelaine cassée la tire de sa torpeur. On dirait une statue qui prend vie. Son visage se décompose comme si elle venait elle aussi tout juste de comprendre ce qui s’est passé.
Mon agacement impatient se transforme en inquiétude quand je vois ses petits yeux foncés se remplir d’eau. Je n’ai pas besoin d’être Einstein pour comprendre que quelque chose ne va pas. « Je t’ai pris pour lui… Je ne voulais pas… Je l’ai vu, pas toi. » Sa voix tremblante me fend le cœur et je fais un pas dans sa direction tandis qu’elle me tourne le dos. Le craquement de la porcelaine brisée sous la semelle de ma chaussure m’arrête dans mon élan. J’essaie de comprendre ce qu’elle raconte. Qu’a-t-elle bien pu imaginer pour réagir comme ça? Son dos qui tressaille trahit ses sanglots. Sans trop réfléchir, j’esquisse un geste dans sa direction, mais je me retiens de justesse. Après ce qui vient de se passer, je crois que la pire chose que je pourrais faire serait de poser la main sur elle, même pour essayer de la réconforter. Mon bras retombe donc mollement à mes côtés. « J’ai été agressée sexuellement… Dans mon ancienne agence. » C’est comme si on avait court-circuité mon cerveau. Je ne m’attendais tellement pas à ce genre de révélation. J’écoute attentivement la suite de ses paroles avec l’impression d’avoir la tête sous l’eau. Son histoire, c’est celle dont on entend tous parler entre les branches mais à laquelle on ne porte pas trop attention parce que c’est laid et inconfortable. Personne ne veut faire face aux sombres dessous de notre industrie, moi le premier. Je ne veux pas croire que je côtoie jour après jour des pervers de la pire espèce, alors je fais l’autruche… ou du moins, je le faisais. Je n’ai plus trop le choix d’affronter la réalité maintenant.
Je ne peux pas la laisser pleurer comme ça en attendant qu’elle se calme, ça serait inhumain. Je contourne donc les éclats de porcelaine et la flaque de thé qui refroidit sur le carrelage. Zelda fixe le sol d’un air penaud qui lui donne un peu l’air d’un chien battu. Je m’assure qu’elle m’a bien vu approcher avant de tendre la main vers elle pour éviter de la surprendre. J’aimerais éviter de me prendre une autre claque même si, maintenant la surprise passée, je n’ai plus vraiment mal. Je m’oblige à ignorer son mouvement de recul et la prend délicatement par le coude. « Viens, » dis-je d’une voix qui se veut calme malgré les émotions qui bouillonnent dans ma poitrine. La jeune femme se laisse entraîner jusqu’au canapé, où je l’oblige plus ou moins à s’asseoir. Dès qu’elle obéit, je relâche son coude. Je m’installe à mon tour, mais sur la table basse en face d’elle plutôt qu’à ses côtés pour lui donner un peu d’espace. J’espère aussi paraître moins imposant ainsi. J’essaie de capter son regard fuyant, mais finit par abandonner en voyant que ça ne donne rien. « Ça va? » que je lui demande doucement. Je ne m’attends pas vraiment à ce qu’elle réponde. Elle est toujours en larmes et, même si sa respiration s’est un peu calmée, sa poitrine tressaute toujours au rythme de ses inspirations saccadées.
Je profite du silence pour essayer de mettre de l’ordre dans mes pensées. En rétrospective, je commence à comprendre tous ces comportements qui me paraissaient si étranges. Je vois maintenant d’un autre œil son attitude détachée, la coquille presque indestructible qu’elle s’est construite et même son impatience de toute à l’heure. J’imagine que, quand on a connu l’horreur, on reste méfiant, même si la situation semble s’être améliorée. Elle ne doit pas être terriblement à l’aise à l’idée de se trouver seule dans un bureau fermé avec un homme. L’estomac noué, je me demande si elle a peur de moi. C’est bien la dernière chose que je voudrais. Je ne sais pas quoi répondre. Je ne veux pas minimiser sa révélation ou la forcer à se confier, mais je sens que je ne peux pas non plus rester muet. Je me décide finalement à dire une vérité toute simple. « Je suis désolé que ça te soit arrivé. Et je suis désolé de ne pas avoir compris avant, » dis-je à voix basse. Je ne sais pas trop quoi faire pour la consoler. En excluant tout contact physique, je limite sérieusement mes options. Les coudes appuyés sur mes cuisses, je me penche légèrement vers elle et je lui pose la question que j’aurais dû lui poser dès que j’ai remarqué des problèmes dans notre relation : « Comment est-ce que je peux t’aider? »
Fini. Tout est fini. Les mêmes phrases tournaient à répétition dans sa tête. Zelda pensait à sa jeune carrière de mannequin, pourtant qui détient d'immenses opportunités, se brisait en milles morceaux après ce qu'elle venait de faire à son agent. Elle aurait pu tout bonnement le bousculer pour l'empêcher de la toucher, mais c'était bien trop tard, le mal est fait désormais et Zelda s'en veut terriblement. La voix de Gabriel pénètre dans ses oreilles sans pour autant comprendre ce qu'il venait de dire. Perdue, la jeune femme s'apprêtait à lui demander de répéter, mais c'est en sentant une pression sur son coude qu'elle préféra se taire. La Vietnamienne suit au pas son manager les emmenant vers ledit canapé et prit place sur celui-ci comme le voulait Gabriel. Lui préférait la table basse comme chaise, les retrouvant pour une énième fois face à face, mais sans un bureau pour les distancer. Néanmoins, rien ne faisait ; le silence fut maître de la pièce. Si les larmes de crocodile ont cessé de s'évader de ses yeux rouges, sa respiration, elle, était encore un peu saccadée par tous ces émotions. Zelda s'attendait à des sortes de punitions pour son comportement, ou pire, à un renvoie. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait guère pleuré ainsi. En effet, depuis son enfance, elle avait pris l'habitude de pleurer pour un rien, montrant ainsi ses émotions et ses peurs à bout de champ. À l'adolescence, c'était la même chose à en presque devenir maladive en raison de son hypersensibilité. Cependant, arrivée à l'âge adulte tout a changé, ses habitudes donnèrent la place à d'autres jusqu'à oublier la chaleur des larmes sur ses joues. Par conséquent, à ce moment précis, elle se sentait bête et faible. Ne sachant plus comment gérer cette émotion, Zelda éprouvait une certaine honte et souhaitait se cacher au plus vite de cette honte qui la bouffe de l'intérieur.
« Ça va? »Furent les premiers mots de Gabriel après cet incident et Zelda lui répondit simplement en fredonnant de ses cordes vocales un timide "hmm" en guise de réponse brève. Au premier regard, l'interrogation de son agent peut paraître comme débile, voir même conne après ce qui s'est passé et il savait pertinemment - du moins normalement - comment elle pouvait se sentir à cet instant. Oui, c'est vrai, ce n'était peut-être pas la meilleure des questions, mais Zelda comprenait parfaitement qu'il voulait bien faire. Bien évidemment que non, la Vietnamienne n'allait pas au top de sa forme, préférant fuir et se cacher sous sa couette, or, étrangement, pour Gabriel, elle désirait aller mieux afin qu'il ne s'inquiète plus de sa santé mentale. Petit à petit, la jeune femme reprenait un rythme normale pour sa respiration et d'un coin de l’œil, elle apercevait le thé vert toujours renversé sur le sol. Une légère pointe au cœur l'a attaqué et le sentiment de se sentir impuissante s’empreignait dans son esprit. Elle songea à nettoyer le sol afin de montrer une fois de plus sa culpabilité, mais se résigna de son acte en pensant que Gabriel allait sûrement l'empêcher. C'était peut-être la première fois que l'Américain avait affaire à ce genre de situation dans sa carrière d'agent ou alors il les accumulait. Toutefois, en se souvenant de sa réaction face aux sanglots du mannequin, elle se dit que, finalement, la deuxième option n'était guère la bonne. Après des excuses venant de son agent, Zelda voulut l'arrêter, car cela n'a jamais été de sa faute. « Comment est-ce que je peux t’aider ? »
Soudainement, la distance, certes limitée, entre eux devint encore plus restreinte qu'auparavant lorsque Gabriel décida de se rapprocher un peu plus du visage de Zelda. La jeune femme n'a pas pu réussir à anticiper son geste et c'était comme si elle arrivait à constater ses joues qui rougissaient timidement. Sur le coup, Zelda s'est vite rassurée en disant que c'était à cause de tous ses ascenseurs émotionnels et non à cause de Gabriel. D'une simple pression d'un de ses doigts sur le front de son agent, celui-ci le fit reculer, ramenant en lieu sûr sa petite bulle de sécurité, tout en murmurant un léger ; « Trop proche..» Son regard l'emmène au visage de Gabriel dont celui-ci affichait une expression de culpabilité. Sans savoir trop pourquoi, à cet instant, Zelda s'est mise à rire. Une main cachant ses yeux, l'autre, son ventre, son corps la fit tanguer contre le dossier du canapé. « Si tu voyais ta tête ! » S’exclama-t-elle tout en continuant à s'esclaffer sans réellement connaître l'explication. La Vietnamienne se dit, qu'au fond, après ce qui s'est passé, ce n'était qu'une réaction normale face à l'accumulation de ses émotions et de sa gêne. Il fallait que ça sorte et bon dieu ça fait du bien. Zelda coupait court à son rire et se redressait sur le sofa, les yeux dans ceux de Gabriel accompagné d'un sourire en coin. « Je ne veux pas que tu t'excuses, ce n'est pas de ta faute et ce ne sera jamais de ta faute. Tu ne le savais pas et ce n'est pas grave. »
Elle se pencha en avant, un coude appuyé contre une cuisse tandis que la main soutenait sa tête, petit à petit, Zelda avait réussi à reprendre tous ses sens. « Il n'y a pas vraiment grand chose à faire, moi ce que je veux, c'est aller de l'avant quitte à oublier ce qui s'est passé durant ces trois années. Je ne veux pas que ces souvenirs deviennent un handicap dans ma carrière de mannequin. S'il y a bien une chose que tu peux faire pour m'aider, ce sera ; d'attendre. Attends que je prenne mes repères ici et avec toi et tu verras, je ne te décevrai pas. » Son sourire devient de plus en plus grand tandis qu'elle se libérait enfin de ses soucis et de ses poids qui pesaient sur ses épaules. Zelda avait enfin trouvé quelqu'une à qui elle pouvait enfin tout raconter et, pour une fois, elle n'avait pas peur qu'il lui brise sa confiance. Non, Gabriel aspirait à quelque chose de plus grand que ça. « Ah la la, je dois avoir une sacrée tête avec ses yeux rouges, je suis désolée si mes sanglots t'ont mis mal à l'aise, je ne le recommencerai plus. Promis. » Dit-elle en levant son petit doigt en l'air afin de lui montrer un peu plus sa détermination sans pour autant se trouver ridicule. « Bien évidemment, je te demanderai de garder tout ça pour toi. Peut-être que c'est inutile de te le dire, mais ça me tient à cœur.» Elle relâche son bras afin de s'asseoir correctement sur le sofa. Désormais, il ne lui restait qu'un secret à révéler à Gabriel. « Puisque nous sommes aux aveux, il y a encore un truc que tu dois savoir sur moi ; je suis malade. Attention, pas une maladie grave, quoique pensa-t-elle, j'ai de l'endométriose. Je ne sais pas si tu connais, mais en gros ; durant mes cycles, je souffre à un point où il m'est impossible de me lever de mon lit, enfin les premiers jours. Je préfère te le dire si jamais ça tombe durant des shoots.» Zelda ne lui indiqua guère sur les éventuels évanouissements, vomissements, après tout, elle en a jamais eu et puis, elle ne voulait pas l'inquiéter encore plus.
No hesitation now, she gets up and walks. She thinks of all the pain and pride that it cost. She empties all the tip jars, it won't get back what she lost. Outside the window with two fingers to show, she lifts her head up just to blow out the smoke. She doesn't have to look back to know where she's got to go. No, you don't have to wear your best fake smile, don't have to stand there and burn inside if you don't like it. And you don't have to care, so don't pretend. Nobody needs a best fake friend, don't hide it. ► Best Fake Smile, James Bay
Sans trop comprendre ce qu’elle fait, je suis du regard le doigt de Zelda qui s’approche de mon front jusqu’à ce qu’il s’y pose. Elle me repousse de l’index et j’obéis lentement, vaguement confus, jusqu’à ce qu’elle souffle Trop proche. Je me recule brusquement, comme si elle m’avait brûlé. Par habitude, je m’étais penché vers elle sans trop réfléchir, comme un moyen facile de lui démontrer que je l’écoutais attentivement, que toute mon attention était concentrée sur elle. Je n’avais même pas envisagé qu’elle pourrait avoir l’impression que j’essayais de m’immiscer dans sa bulle. La tête penchée, je l’observe d’un air penaud par-dessous mes cils. Elle éclate de rire. Je ne sais pas ce qu’elle trouve peut bien trouver aussi drôle tout à coup, mais je suis soulagé de la voir se détendre. « Si tu voyais ta tête! » Pas besoin d’un miroir pour imaginer la tête de chien battu que je tire. L’image, tout comme la gaieté soudaine de la jeune femme, m’arrache un sourire amusé. Je retrouve néanmoins mon sérieux lorsqu’elle reprend la parole. Elle me dit que je n’ai pas besoin de m’excuser, que ce n’est pas de ma faute. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec elle. C’est vrai que je n’ai rien eu à voir avec les agressions qu’elle a subies, mais j’aurais quand même pu faire les choses autrement. J’aurais dû me douter qu’il y avait quelque chose de plus que de la timidité ou de l’inexpérience derrière son malaise. Ça nous aurait certainement épargné pas mal de longs silences et de rencontres maladroites si j’avais essayé de lui tirer les vers du nez plus tôt. Convaincu que je n’arriverais pas à la convaincre, je garde toutefois mes réserves pour moi. De toute façon, je ne veux pas lui couper la parole.
Je l’écoute attentivement m’expliquer ce que je peux faire pour l’aider. Elle me demande d’attendre, de lui donner du temps et de l’espace et moi, j’accepte même si je sais très bien dans mon for intérieur que je ne suis vraiment pas doué pour ce genre de choses. La patience et la subtilité n’ont jamais été deux caractéristiques qui me décrivaient bien. J’ai plutôt tendance à tout vouloir tout de suite et à pousser un peu trop loin même lorsque je ne devrais pas. Sauf que je sais aussi que je ferai de gros efforts pour respecter ses limites; elle mérite bien ça. D’une petite voix, elle s’inquiète de l’état de son visage rougi par ses sanglots. Je trouve ça mignon, cette petite touche de coquetterie, même si elle s’en fait clairement pour rien : elle est incroyablement jolie, même en dépit des larmes qui ont coulées. Surpris par cette pensée sortie de nulle part, je la chasse sans trop m’y attarder. De toute façon, ce n’est rien d’autre qu’observation tout à fait légitime. Après tout, ce n’est pas pour rien qu’elle est top-modèle. Elle est belle, tout simplement, et je ne fais que constater un fait indisputable. Elle s’excuse aussi de m’avoir mis mal à l’aise avec ses larmes, puis me demande de garder tout ce qu’elle m’a révélé pour moi. Je n’ai même pas besoin de réfléchir tellement la réponse m’apparaît comme une évidence. « Ne t’en fais pas, tout ce qui se dit entre nous est complètement confidentiel. » C’est une marque de confiance importante qu’elle me donne en partageant son histoire avec moi et je ne voudrais pour rien au monde détruire ce lien fragile qui commence enfin à se former entre nous.
Elle poursuit en m’expliquant qu’elle souffre d’endométriose. Pour la deuxième fois en moins d’un quart d’heure, je ne trouve rien à répondre. J’ai déjà vaguement entendu parler de cette maladie, mais pas assez pour avoir retenu quoi que ce soit. Je classe donc cette information dans un recoin de mon esprit pour pouvoir y revenir plus tard, préférablement lorsque j’aurai Internet devant moi et le loisir de faire une recherche sur le sujet. « Je vois… Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à me le dire, sincèrement. J’aimerais vraiment qu’on devienne une équipe. » Maintenant qu’elle m’a révélé tous ces secrets, j’ai envie de faire à mon tour preuve d’honnêtement. Je n’ai surtout pas envie qu’elle s’inquiète pour rien. « D’ailleurs, à ce sujet, j’ai moi aussi une petite confession à faire… » Je m’humecte les lèvres avant de poursuivre : « Je n’ai pas été tout à fait honnête avec toi tantôt. C’est vrai qu’on m’a offert de m’occuper de la carrière de l’une des nouvelles filles en plus de la tienne, mais j’ai refusé. » Je devine de la surprise dans son regard sombre. Je lui offre un sourire en coin avant de m’expliquer. « Pour l’instant, je préfère me concentrer pleinement sur la tienne. Tu as vraiment beaucoup de potentiel et je préfère l’explorer encore un moment avant de me lancer dans pleins de projets différents. » Je sais que je ne pourrai pas toujours refuser qu’on m’assigne d’autres mannequins – simple question de rentabilité d’entreprise – mais j’ai l’intention de profiter au maximum du temps dont je dispose pour propulser ma protégée au rang de superstar de la mode.
« Je vois… Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à me le dire, sincèrement. J’aimerais vraiment qu’on devienne une équipe. » Avoua Gabriel dans un calme et honnêteté assurée. Zelda sourit face à cette confession dont elle savait, au fond d'elle, qu'elle était bien plus que sincère. Elle aussi, à vrai dire, veut qu'ils deviennent une vraie équipe, et même plus qu'une simple équipe d'agent et mannequin. En fait, Zelda se cherche encore sur plusieurs points, mais elle sait pertinemment qu'elle veut plus d'une simple affinité entre collègues pour eux deux. Non là l'idée d'une quelconque relation ambiguë, seulement l'espoir qu'ils deviennent un peu plus proches de ce qu'elle a été avec son précédent agent. La jeune femme se questionne sur l'heure, combien de temps était-elle ici désormais ? Dans ce bureau entre ces quatre murs. Il s'en est passé beaucoup de choses entre ces murs et Zelda se demande si le temps n'avait jamais existé. De son coin de l’œil, elle peut aisément remarquer les couleurs du soleil qui changeaient à vue d’œil, seul indice pour qu'elle essaie de se repérer dans le temps. Généralement, l'heure passe vite lorsque l'on s'amuse, bien évidemment elle ne dirait pas que cela a été l'éclate totale durant ce rendez-vous, mais il était vrai que ça a été mouvementé. Zelda regarde son agent dans les yeux et c'est bien la première fois qu'elle prit le moment d'admirer son visage. Oui, elle a toujours dit, du moins seulement pour sa pensée seulement, que Gabriel est un bel homme et puis ce n'était pas comme si aucune femme, mais aussi des hommes, dans l'agence disaient le contraire. Pourtant, ce fut bien la première fois qu'elle remarqua ses légères imperfections qui avaient le don de le rendre encore plus séduisant qu'auparavant. Malheureusement, la jeune femme se maudit de ne ressembler qu'à une pauvre blague avec ses yeux dont elle peut encore sentir facilement l'humidité sur les coins.
Son bel agent continuait sur sa lancée et ce qu'il le lui avoua la laissa bouche-bée pendant un certain instant. Depuis le début Zelda n'aurait pu imaginer qu'il lui aurait menti, mais en vrai, ce n'était pas pour ça dont elle en reste quelque peu surprise, non. Cependant, elle en revenait pas qu'il ait pris cette décision. Celle de ne pas prendre un autre mannequin sous son aile et de rester avec elle. C'était peut-être la plus idiote des décisions et c'était sûrement la première fois qu'on lui faisait confiance, en elle, mais surtout à ses capacités. Si Gabriel n'était pas présent dans le bureau, la vietnamienne se mettrait certainement à pleurer une deuxième fois, mais après lui avoir promis qu'elle ne le referait plus elle combat sans relâche contre les larmes qui tentent de s'enfuir Zelda se voit encore trois ans en arrière encore jeune et naïve de la vie qui lui était réservé toutefois elle n'était plus que jamais heureuse et épanouie d'avoir fait ce choix de partir loin de son pays natal pour poursuivre son rêve. Elle se revoit encore à faire ses premiers pas dans le monde du show-business et des paillettes encore candide de ce qui se cachait derrière le rideau. Les mauvais souvenirs resurgissent lorsqu'elle voulut en finir avec sa vie, à se faire du mal physiquement tout en regrettant à la seconde qui suivit. Tout ça, maintenant, est du passé. Zelda doit désormais aller de l'avant et elle en était bien plus que consciente. Grâce à Gabriel, elle sait qu'elle pourra avancer sans jamais se retourner quand bien même elle ne pourra jamais oublier ce qu'il s'est passé durant ces trois années. La jeune femme voudrait lui dire merci, mais en y repensant, lui dire merci pour quoi ? Si elle lui remerciait son agent serait bien plus que confus, surtout avec tout ce qui venait de se passer, alors elle s'en est résolu à ne rien dire, mais le garde précieusement pour une autre fois.
« Je ne suis pas fâchée si c'est ce que tu crois. » Commença-t-elle enfin après avoir laissé Gabriel dans son mini monologue. Elle se dit qu'il pouvait se sentir mal après lui avoir menti directement après sa venue dans son bureau et elle aurait pu être en colère, taper une crise contre lui, mais à quoi ça servait ? Après tout, elle savait qu'il a un bon fond et qu'il n'est pas comme les autres. Du moins, au fond d'elle, elle espérait que ce soit vrai. « Mais ce n'est pas de ma faute si après tu regrettes. » Dit-elle avec un sourire moqueur en direction de Gabriel suivit d'un léger rire qui en sort d'entre ses lèvres. Zelda aimerait beaucoup savoir la tête qu'elle peut tirer après avoir eu de gros sanglots, mais forte heureusement qu'elle ne portait aucun maquillage aujourd'hui. De ses deux mains, elle vient cacher deux grosses mèches de cheveux derrière ses deux oreilles et son dos se remet droit afin de donner une posture sûre et fière. « Moi aussi, j'ai envie que l'on devienne une équipe, Gabriel. » Zelda n'avait pas l'habitude de dire son prénom de vive voix et surtout sur ce ton assez affriolant, elle-même fut surprise. Soudain, son regard s'arrête pour une énième fois sur la main de Gabriel où la bague ne s'y trouvait plus et alors qu'elle pensait ne l'avoir dit que dans ses pensées, d'une voix timide elle demande ; « Tu n'es plus marié ? » Elle remarque sa bêtise et ses yeux retrouvèrent ceux de Gabriel. Ses yeux s'ouvrirent en grand après lui avoir sortit cette question de nul part pourtant lui restait impassible. « Je suis désolée, je ne sais pas ce qui m'a pris, tu n'es pas obligé de répondre. » Elle pria pour ne pas avoir tout niquer.
No hesitation now, she gets up and walks. She thinks of all the pain and pride that it cost. She empties all the tip jars, it won't get back what she lost. Outside the window with two fingers to show, she lifts her head up just to blow out the smoke. She doesn't have to look back to know where she's got to go. No, you don't have to wear your best fake smile, don't have to stand there and burn inside if you don't like it. And you don't have to care, so don't pretend. Nobody needs a best fake friend, don't hide it. ► Best Fake Smile, James Bay
D’un ton indulgent, Zelda me dit qu’elle n’est pas fâchée que je lui aie menti. Je suis plutôt content qu’elle me le confirme. J’aurais détesté qu’elle m’en veuille ou que ma stratégie mal choisie vienne mettre un froid dans notre relation juste au moment où ça semble enfin avoir débloqué. « Mais ce n'est pas de ma faute si après tu regrettes. » Je hausse les épaules. Elle n’a pas tort, mais ça ne m’inquiète pas particulièrement. J’ai l’instinct pour ce genre de chose et je sens que je ne serai pas déçu. « C’est un risque que je suis prêt à prendre, » que je réponds en esquissant un sourire en coin. Elle me dit qu’elle aussi souhaite qu’on devienne une équipe. La sincérité et l’assurance que je perçois dans sa voix me font immensément plaisir. Je n’ai pas le temps de répondre, cependant, car elle enchaîne : « Tu n'es plus marié? » La question me prend par surprise. Comme mus d’une volonté propre, mes doigts se glissent dans la manche de mon veston pour venir effleurer la cicatrice légèrement surélevée qui orne mon avant-bras. Nos disputes étaient explosives et Grace me lançait souvent des couverts par la tête. Ce soir-là, c’est sur un verre de champagne en cristal qu’elle avait jeté son dévolu. J’avais levé les bras pour parer les coups et le verre avait explosé en heurtant mon avant-bras. Je m’étais mérité une belle lacération de quelques centimètres et une douzaine de points de suture. Assis sur la table du médecin qui me recousait sans rien dire, j’avais décidé que je n’en pouvais plus. C’était la goutte qui faisait déborder un vase déjà bien trop plein. Deux jours après cet incident, je déposais les papiers de divorce à la cour. Après de longs mois d’échanges par avocats interposés, nous étions sur le point d’arriver à une entente.
La voix flutée de Zelda, qui s’excuse, me ramène au présent. Je devine à son air effaré qu’elle n’avait pas prévu de dire ça à voix haute. Ce n’est pas la première fois que je la voix loucher vers mon annulaire dénudé. Je crois que la curiosité la rongeait depuis un moment et, donc, qu’elle aurait tôt ou tard fini par me poser la question. Je retire ma main de ma manche et l’utilise pour balayer l’air devant moi d’un geste nonchalant. « Ne t’en fais pas, tu es loin d’être la seule curieuse. » Un sourire ironique s’étire sur mes lèvres. Je repense à tous ces gens si bienveillants qui avaient fait mine de prendre de mes nouvelles quand mon alliance était subitement disparue. Ils camouflaient bien mal leur soif de commérages. D’ailleurs, voyant que je ne répondais pas à leurs questions, ils avaient simplement fini par en discuter dans mon dos et par lancer tout un tas de rumeurs plus grotesques les unes que les autres. Au moins, je sais que Zelda est sincèrement curieuse et, surtout, qu’elle n’ira pas tout raconter au premier venu. De toute façon, je me dis qu’une confidence en vaut bien une autre et que, si elle m’a fait suffisamment confiance pour me révéler son plus gros secret, je peux bien me mouiller un peu à mon tour et révéler un fait pas si privé sur moi. « Je suis encore marié, mais plus pour très longtemps. Je suis en instance de divorce. » Nous n’étions plus qu’à une toute petite signature de retrouver notre liberté respective. « Grace et moi, c’était déjà fini bien avant notre déménagement en Australie. On n’a fait que retarder l’inévitable en se donnant une autre chance. » Je baisse les yeux vers ma main gauche, où le mince anneau de peau moins bronzée trahit l’absence d’une bague. Je m’efforce de prendre un ton enjoué, quoiqu’un peu forcé, préférant passer sous silence toute la volatilité et l’instabilité de notre relation. « Mais bon, je serai bientôt redevenu libre comme l’air! » Pas que le mariage t’ait vraiment mis en cage, que je pense, pas très fier de mes aventures qui ont rythmé notre mariage difficile.
L'air rassuré, les traits relâchés, Zelda remarquait bien que l'inquiétude s'était enfuie sur le visage de son agent. Il fallait croire que ses dernières paroles avaient réussi à le déculpabiliser de son geste et la jeune femme en fut bien contente. Malheureusement, viens après la petite gourde qu'elle a émise, celle de ne pas avoir réussi à contenir sa curiosité ou du moins d'avoir pensé tout haut. À ce moment-là, Zelda se sentait bête de lui avoir posé ce genre question surtout quand cela ne la regardait pas du tout, mais elle ne pouvait nier cette étrange attention sur cette bague depuis qu'elle a vu pour la première fois. Songeant naïvement que sa question allait être rejeté, sa surprise dans ses yeux en disent l'inverse. La jeune femme ne s'attendait pas à ce qu'il lui réponde sans gêne après lui avoir rappelé qu'elle n'était pas la seule à lui poser la question et d'un coup Zelda se sentait quelque peu coupable. Elle qui sait trop bien ce que ça fait d'être inondé par les mêmes questions chaque jour, à chaque heure, elle ne pouvait que trop bien comprendre ce que Gabriel ressentait à cet instant. Pourtant, la jeune femme le laissait dire ce qu'il avait à lui raconter jusqu'à enfin mettre un nom sur cette bague de fiançailles. Grace, répéta-t-elle cette fois-ci dans sa tête. Un joli prénom pour une femme qu'elle essayait tant bien que mal d'imaginer un corps et un visage. Sûrement, que Grace est aussi belle et élégante que n'importe quel mannequin dans cette agence et l'envie de savoir la cause de leur divorce lui piqué les lèvres. Cependant, Zelda ne s'aventurait plus à ce jeu bien trop dangereux, préférant alors laisser place à son imagination répondant à sa place la question qui n'aura certainement jamais de réponses. « Mais bon, je serai bientôt redevenu libre comme l’air ! » A ses dires, Zelda afficha un grand sourire certes quelque peu moqueur, mais elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer une certaine réputation de tombeur que ce soit dans la gent féminine que masculine.
L'interrogation sur le temps pesa encore dans sa tête et la jeune femme décida ainsi de regarder par son écran de téléphone de regarder l'heure. Voilà maintenant que la fin de l'après-midi pointait déjà le bout de son nez et Zelda pensa qu'il était peut-être temps de rentrer chez elle après ce rendez-vous qui s'est révélé plus important qu'il n'y paraissait au début. Elle plonge une énième fois ses yeux dans ceux de son agent, son iris où la couleur s'approchait à celui de Zelda, pour une fois elle n'avait plus peur de le regarder directement dans les yeux. Ce regard où autrefois elle doutait de ses intentions, aujourd'hui et demain elle saura enfin qu'elle avait faux sur plusieurs points. « Je pense que je ferais mieux de rentrer, il commence à se faire tard. » Dit-elle tout en se levant petit à petit du sofa et Gabriel la suivait dans ses gestes, l'accompagnant ainsi jusqu'à la porte de son bureau. « Encore désolée pour le thé... » Avait-elle sorti en essayant de ne pas marcher sur ce qu'il restait du breuvage vert. Gabriel ouvrit la porte et fit face à son mannequin, un léger sourire sur ses lèvres comme s'il était fier de ce qu'il venait de se passer et Zelda ne pouvait qu'approuver par un même et tendre sourire. Elle lui tend la main attendant qu'elle soit serrée dans la sienne avant de lui dire ses derniers mots de cette journée ; « Merci pour tout encore. Je suis sûre que l'on deviendra l'équipe que tu espères avoir. À demain, agent Gabriel. » Finit-elle sur un trait d'humour suivit d'un clin d’œil avant de quitter les lieux sur une note plus harmonieuse qu'elle ne l'était des heures auparavant.