Fin des ménages pour la matinée. Tu as terminé les chambres qui t’étaient attribuées. Et pour une fois, tu n’es pas tombée sur des calamités. Tu vas pouvoir aller te poser tranquillement dans la salle réservée au personnel de l’hôtel. Tu traverses donc le couloir assez rapidement pour rejoindre l’ascenseur, cela, après avoir rangé ton chariot de ménage dans le local. Tu appuies sur le bouton pour appeler la machine et attends sagement, saluant les quelques clients qui passent près de toi. Pour une fois, tu es de bonne humeur. Les portes s’ouvrent, et tu entres dans l’ascenseur. Tant mieux qu’il n’y ait personne, tu vas en profiter pour te recoiffer un peu. A cause de changer les draps et astiquer chaque recoins des chambres, ton chignon parfait finit toujours par avoir des cheveux en pagaille. Tout en te refaisant ton chignon, tu espères que personne ne rentrera dans cet ascenseur. Il y a toujours un léger malaise qui s’installe quand les clients croisent des personnes du service. Cependant ton vœu n’est pas exaucé. L’ascenseur qui s’arrête un ou deux étages après le tien. Sursaut à l’apparition de cette silhouette bien connue. Le cœur qui fait un bon dans ta poitrine en découvrant Caïn Lensherr. Le stress qui monte. Eviter de le regarder, en espérant qu’il ne t’a pas reconnue dans cet accoutrement. Intérieurement, c’est la panique. Les souvenirs qui te reviennent, son regard noir au procès. L’envie de se venger se faisait ressentir à l’époque. Est-ce toujours le cas ? Tu ne sais pas et tu ne veux pas savoir. Tu ne souhaites qu’une chose : arriver au rez-de-chaussée et fuir cet homme qui te fait de plus en plus flipper. Son aura sombre se fait ressentir dans tout l’ascenseur. Si tu ne passes pas un mauvais quart d’heure, tu auras beaucoup de chance. Coup d’œil aux chiffres qui défilent trop lentement à ton gout. C’est le pire moment de ta vie. Silence pesant. Atmosphère étouffante. Il fallait que ça t’arrive à toi. Mais le pire reste à venir. Pour l’instant, tu attends juste d’être arrivée à destination. Toutefois le destin en a décidé autrement. Comme si la vie voulait que tu règles tes comptes avec l’énergumène qui se trouve dans le même ascenseur que toi. L’habitacle s’arrête d’un coup, faisant un bruit peu rassurant. Il ne redémarre pas. Vous voilà coincés entre deux étages. Coup de chaud, coup de stress. Ton premier reflexe, c’est de frapper contre la porte, comme si quelqu’un pouvait t’entendre. Enfermement non voulu qui t’en rappelle un autre. La prison qui réapparait dans ton esprit et le fait que Lensherr soit présent rajoute quelque chose d’angoissant. Tu tapes encore une fois contre la porte avant de venir t’assoir, soufflant "Je veux pas rester coincer là…" Il faut que tu calmes ou cela va empirer.
Tu détestes la vie, et cette foutue machine qui vient de s’arrêter. Te voilà coincer avec l’homme que tu peux considérer comme ton pire ennemi. Tu ne sais pas du tout comment va se passer la suite, mais tu sens déjà que tu vas passer un mauvais quart d’heure. Il va bien se rendre compte qu’il est dans le même habitacle que la personne qui l’a poignardé. Tu jettes un coup d’œil furtif pour tenter de savoir s’il te regarde. Mais non. Tu lui fais ni chaud ni froid apparemment. Tant mieux. Tu le vois légèrement étourdis et qu’il est obligé de se tenir un instant à la paroi de l’ascenseur. Il faut dire aussi qu’il ne s’est pas arrêté avec douceur. On aurait dit un film d’horreur. Cependant comparé à toi, il se ressaisit très vite et pendant quelques minutes, il s’inquiète pour toi. Tu pourrais te laisser attendrir sauf que cet homme est l’une des causes de ton séjour en prison. Il te touche avec douceur, geste protecteur. Une simple main sur l’épaule et pourtant un maximum de frissons. Voix grave et pourtant si rassurante sur l’instant présent. Il n’a pas du te reconnaitre pour être aussi agréable. Lui répondre ? L’ignorer ? Tu ne sais pas quoi faire. En plus de ça, le Caïn doit bien ressentir ton malaise, il doit bien se douter de quelque chose. Tu hoches uniquement la tête et espères très fort qu’il t’a complètement oubliée, qu’il ne saura pas remettre un nom sur ton visage. Espoir très vite brisé quand sa voix siffle ton nom de famille. A ce moment là, tu fermes les yeux juste une seconde en ayant l’impression que tu viens te faire engloutir par une énorme vague. Il se souvient de toi et tu as le sentiment qu’il en joue. D’un coup, il n’y a plus d’air dans cet ascenseur, du moins c’est ce que ton corps te fait ressentir. Tu es dans un autre monde, complètement perdue. Tu détestes ce fichu destin, tu t’énerves contre la vie qui a décidé de te remettre Caïn Lensherr sur ton chemin. Lui faire face, rester silencieuse ? Encore une fois, tu ne sais pas quoi faire avec lui. Après tout, tu n’es absolument pas en position de force. Tu n’as rien pour te défendre et ce n’est pas avec ta tenue de femme de chambre que tu vas l’effrayer. Si le jeune homme en a réellement envie il ne fera qu’une bouchée de toi. Et puis tu prends ton courage à deux mains et murmures "Monsieur Lensherr… Je ne vous avais pas reconnu… Dans ce costard…" Doux mensonge qui s’échappe de tes lèvres. Comment ne pas reconnaitre un tel être ? Surtout avec votre passé commun. Tu te mets à le dévisager, à le regarder de la tête au pied tout en cherchant une technique pour de défendre au cas où il viendrait s’en prendre à toi. Cependant, tu ne bouges pas, tu ne recules pas pour ne pas montrer ne serait-ce qu’un léger signe de faiblesse. Il serait bien trop heureux de savoir que tu as peur de lui.
Son rire te fait frissonner et te voilà perturbée. Tu ne l’as jamais entendu rire. Jusqu’à maintenant tu l’as toujours vu sérieux, soucieux. Mais aujourd’hui, c’est différent, il rit, légèrement moqueur, te faisait peur. "Depuis quand on se tutoie ?" oses-tu balancer. Surtout, ne pas répondre à sa propre question, tu préfères en poser une autre. Tentative de fuite ? Oui, il n’y a pas de doute là-dessus. Sauf que tu ne peux t’empêcher de lui renvoyer la balle, de lui répondre froidement et montrer qu’il ne t’impressionne pas, du moins faire semblant, tout en le défiant du regard. Mais ne cherche pas, tu ne pourras pas l’ensorceler comme Méduse. Tu continues de le surveiller alors que le jeune homme n’a pas l’air si touché que ça par la situation dans laquelle vous vous trouvez. Pourtant vous voilà bel et bien coincé dans l’un des ascenseurs de l’hôtel. De toute façon, il a sans doute le meilleur comportement qu’il faut lorsqu’il y a ce genre de problèmes : ne pas paniquer. Et monsieur Lensherr y arrive bien mieux que toi. Tu as beau essayer de faire celle qui ne flippe pas, en réalité, tu es complètement déstabilisée. D’ailleurs, cela aurait été quelqu’un d’autre, tu te serais surement jetée dans ses bras. Tenue vestimentaire bien trop légère et tu maudis ton taf en cet instant précis. Tu te les gèles dans cet ascenseur bloqué mais tu fais tout pour ne pas le montrer. Tu es bien trop fière et tu ne veux pas qu’il te prenne une faible alors tu croises les bras et fais mine de rien. Pourtant le jeune homme s’en rend bien compte et après avoir lâché un soupire assez long, il retire sa veste de costard pour venir la poser sur tes épaules. Léger sursaut venant de ta part. Tu ne t’y attendais pas. Tu pensais qu’il allait continuer de t’ignorer mais non. Peut-être qu’au final tu te trompes complètement sur ses intentions, qu’il n’est pas si mauvais qu’il en à l’air. Alors tu baisses un peu la garde, esquissant un léger sourire tout en le regard dans les yeux. "Je m’attendais plutôt à ce que tu m’étrangles plutôt que me refiler ta veste…" Ton regard dévie alors légèrement, matant clairement les muscles qui se dessinent à travers la chemise du jeune homme. S’il y a bien un truc que tu n’as pas oublié chez lui, c’est son côté sexy. Tu aurais pu continuer de le regarder comme tu le fais si ton téléphone de boulot ne se serait pas mis à sonner. Tu sursautes aussitôt et réponds. Voix grave à l’autre bout de la ligne. On te cherche, ton temps de pause est terminé. Alors d’une faible voix, tu murmures que tu es coincée dans l’ascenseur avec un client. Ca commence à gueuler à l’autre bout, ton responsable ne te croit pas et t’accuse de mentir. Après tout, c’est vrai une femme de chambre comme toi pourrait très bien écarter un peu les cuisses pour faire plaisir à un client. Voilà ce qu’il est en train d’insinuer et Caïn est en train de tout entendre. "C’est pas ce que vous croyez… J’ai pas couché avec le client…" lances-tu pour te défendre. "On est vraiment coincé, ce n’est pas nous qui avons appuyé sur le bouton arrêt…" Mais le responsable ne veut rien entendre et tu vas surement perdre ton job alors que tout cet événement n’est qu’un accident.
Il te regarde avec un regard haineux et tu ne peux clairement pas lui en vouloir pour cela. Il a toutes ses raisons de te détester et il ne se fait pas prier pour te rappeler la faute que tu as commise ce jour là. Tu pourrais alors faire profil bas mais il faut quand même que tu ouvres la bouche. Parce que t’es incapable de te laisser faire, parce que tu as un putain de mauvais caractère. Tu fronces les sourcils et gardes la tête haute. "Tu l’avais bien mérité ce jour là." lui réponds-tu avec autant de froideur que lui peut en avoir quand il te parle. Tu t’en fous si ça te retombe dessus, tu veux montrer que la prison ne t’a pas affaiblie, ni docile. Mais c’est aussi une façon pour toi te prouver que tu n’as pas avoir peur de lui, de cacher le fait qu’il t’impressionne toujours autant. Lors de votre première rencontre, tu ne t’attendais pas à te retrouver face à un homme aussi grand et c’est parce qu’il t’avait surpris avec sa force que tu lui avais planté ton couteau dans la cuisse. Et aujourd’hui encore, il pourrait très bien utiliser cette force pour te détruire. Tu hausses les épaules en guise de réponse à sa réplique. Qu’est ce que ça peut bien te faire qu’il ne te respecte pas. Tu ne mérites pas son respect il faut dire. Et puis vous ne faites pas partie du même monde. Oui, lui avoir planté la cuisse doit jouer beaucoup sur la question du respect mais le fait qu’il soit un de ces petits richous accentue encore plus ce non-respect qu’il a pour toi. "Grand bien te fasse, je m’en fous royal." réponds-tu. Espèce de grande gueule. Malgré une tension palpable, le jeune homme t’offre tout de même sa veste quand il remarque que tu frissonnes. Un geste que tu ne comprends pas trop et tu oses encore une fois lui lancer une pique. Cependant votre conversation est coupée par ton téléphone de travail. Le responsable à l’autre bout du fil qui se moque bien de savoir comment tu vas, qui préfères insinuer que tu écartes facilement les cuisses dès que le client est sexy. Tu jettes un coup d’œil à ce dernier d’ailleurs qui doit bien entendre les brides de reproches que le responsable te fait. Tu déglutis, tentant de calmer ton interlocuteur en réfutant tout acte avec le client mais ce dernier ne veut rien entendre et continues de gueuler à travers le téléphone. Et si Caïn Lensherr ne s’était pas approprié le cellulaire, tu serais encore de subir la colère de ton chef. Tu sursautes quand tu te retrouves collée entre la paroi de l’ascenseur et le corps de ton ancienne victime. Son bras frôle ta taille et tu ne peux contrôler cette habitude qui montre ta nervosité : tu te mords la lèvre inférieure et n’oses même plus regarder Caïn dans les yeux. Sa voix grave résonne dans l’habitacle et le jeune prolifère des menaces. En espérant que cela fasse bouger les choses. Il raccroche ne te laissant même pas l’occasion de dire un dernier mot à celui qui t’a appelé. Alors qu’il se recule, tu regardes partout sauf lui. Puis d’un coup, tu retires la veste qu’il t’a prêtée "Je… Je te la rends ! Sinon mon chef va se faire des films…" Tu lui tends le vêtement en évitant toujours de le regarder. "Et… Je peux ravoir mon téléphone ?" Tu avances doucement ta main pour qu’il te rendre ton outil de travail. Tu ne fais plus vraiment la fière après ce qu’il vient de se passer entre vous mais aussi avec les reproches de ton responsable. Tu espère alors que ces dix minutes vont passer très rapidement et que tu pourras sortir de là, sans jamais revoir celui qui se trouve être avec toi.
Touché penses-tu en voyant son visage se crisper. Le grand gaillard a beau faire le fort, tu arrives tout de même à le mener par le bout du nez avec tes commentaires méprisants. Tu affiches un léger sourire alors que tu remarques de la colère dans son regard. Tu t’amuses clairement avec ses nerfs et ça te plait. Tu veux lui montrer que tu as du répondant et cela le marque légèrement puisqu’il ne répond rien à ta remarque déplaisante. Oh que oui, ça doit le faire chier d’avoir une Victoire bien plus forte qu’il y a trois ans. Toutefois, tu ne devrais pas rester sur tes acquis. Le jeune homme a sans doute plus d’un tour dans son sac et le loup montrera tôt ou tard les crocs, faisant de toi sa victime. Tu le dévisages, prenant un malin plaisir à sourire, espérant qu’il verra ta fierté. Tu joues vraiment avec le feu Victoire. Tu fais la nana qui gère mais on sait tous que tu seras la première à chialer s’il t’arrive quelque chose. Mais tant pis pour toi, tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-même si Lensherr te claque ou t’étrangle. Toutefois, il ne fait rien malgré son poing serré, te donnant l’impression que tu as toujours le dessus. Tu continues donc de lui répondre froidement, et tu remarques que son regard change. La colère se dissiperait-elle un peu ? Sans doute. Tu aurais pu t’éterniser sur son visage si le téléphone n’avait pas sonné. Tu as fait la fière pendant quelques temps mais maintenant, tu n’en mènes pas large et Caïn profite clairement de la situation. Le loup se montre enfin et tu ne peux rien faire. Son corps contre le tien te fait un effet auquel tu n’aurais jamais pensé. Tu ne peux t’empêcher te mordre la lèvre, prouvant à l’homme que tu as aussi des faiblesses. Qu’il est ta faiblesse. Ton souffle se fait légèrement plus chaud, plus saccadé et ton regard change malgré toi. La conversation se termine et tu soupires un bon coup quand Caïn se décolle de toi. Tu cherches alors à éviter son regard, cependant, tu jettes quelques coups d’œil à son corps. L’appel de la chair refait surface. Aussitôt pour changer de sujet et retrouver tes esprits, tu tentes de lui rendre sa veste. Tu ne peux pas la garder après tout, de un à cause de ton responsable et de deux, c’est un gars que tu n’as pas l’intention de revoir, ça serait bien trop dangereux. Toutefois, Caïn refuse. Il ne veut pas la récupérer. "Non, non, j’ai pas…" Tu ne peux terminer ta phrase, sa main vient se poser sur ta joue, te procurant une vague de chaleur dans tout le corps. Encore une fois, il se recule et te voilà de nouveau rouge comme une tomate. Ca t’emmerde n’est ce pas qu’il ait tant d’effet sur toi ? Alors pour tenter de reprendre la situation en main, tu lui lances "Ok. Mais ne comptes pas pour la revoir un jour, dès que je sors de cet hôtel, je la refile au premier gars que je croise." Dernière parole que tu prononces avant que l’ascenseur ne se remette en marche. Léger sursaut et de nouveau la lumière. Les portes s’ouvrent sur ton responsable qui tire la gueule. Tu vas te prendre un savon, c’est certain. L’homme d’une cinquantaine te fusille du regard alors que tu sors de l’habitacle avec la veste de Caïn sur les épaules. Ton chef ne te rate pas et oses dire T’as bien profité ? Ton visage se crispe d’un coup et l’envie de le claquer se faire ressentir. "Ne devriez-vous pas plutôt vous préoccuper du sort de monsieur Lensherr ?" Tu viens de prononcer le nom de Caïn un peu trop sensuellement et ce dernier le remarquera surement. "Ca la fout mal qu’un client se retrouve coincé dans un ascenseur, n’est-ce pas monsieur ?" continues-tu en t’adressant directement à celui qui du attendre avec toi. Puis tu jettes un sourire faux à ton responsable et finis par dire "Ayant fini mon service, je vous quitte. Bonne fin de soirée." Puis tu tournes le dos aux deux hommes avec l’espoir que Caïn te court après. Chose qu’il ne fera surement jamais.