| (hassan) don't matter now |
| | (#)Jeu 11 Avr 2019 - 3:33 | |
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HASSAN & ALFIE ⊹⊹⊹ Sometimes you need to be alone, Shut the door, unplug the phone, Speak in a language they don't know. Well I don't think about that stuff, No, I don't think about that stuff, It don't matter now.
« C’est la deuxième fois que votre téléphone sonne en un quart d’heure, vous savez je veux pas… » « Il sonnera plus, problème réglé. » Qu’Alfie rassure l’étudiant assis à côté de lui après avoir réduit au silence son téléphone sur lequel s’affichait pour la seconde fois en quelques minutes le portrait de Jules. Il fronce les sourcils un bref instant en songeant à ce qui pourrait justifier cet empressement à vouloir le joindre alors qu’il n’est pas habituel qu’ils s’appellent durant leurs pauses respectives, puis il se conforte dans l’idée que si véritable urgence il y a – par exemple, Odie a fini par décoller et s’est retrouvée coincée dans le store du balcon, ou que Joseph a fini par trouver le chemin de la douche et que son employeur l’a ainsi pris pour un cambrioleur et leur colocataire forcé a besoin d’être sauvé au poste de police le plus proche – elle peut toujours tenter l’envoi d’un sms ou l’appel au secrétariat de la fac qui ne manquera pas de les mettre en relation. Dans l’immédiat, il ne juge pas l’appel suffisamment important pour qu’il interrompe la consultation de cette dissertation avec un étudiant de première année qui semble particulièrement chamboulé par son mauvais résultat – bien qu’aux yeux d’Alfie, il ne soit pas si mauvais que cela, mais ce n’est pas lui qui a le pouvoir de décider. « Oui, donc… Il marque une brève pause, s’empare de la copie qu’il parcourt très rapidement des yeux pour se remémorer l’endroit où ils se sont arrêtés avant que Jules ne vienne interrompre le fil de ses pensées – comme elle le fait bien trop souvent ces derniers temps. Ah, oui, la construction de votre texte. Vous voyez, par exemple, ici, c’est correct ce que vous avez mentionné sur l’observation participante de Malinowski, seulement vous évoquez dans le paragraphe suivant les apports de Boas et Mauss. Il aurait été nécessaire de les présenter avant pour que votre travail suive une certaine logique chronologique, ça n’avait pas beaucoup de sens d’en parler après. » Pour ne pas dire carrément aucun. « Je vois... » Que l’étudiant marmonne alors que la déception peut se lire sur son visage. Alfie se contente de lui adresser un regard compréhensif, s’empêchant de reprendre le cours de ses commentaires pour laisser la possibilité au jeune homme de s’exprimer s’il le souhaite, ce qu’il ne manque pas de faire maintenant que l’occasion s’y prête. « C’est juste que je pensais pas que c’était aussi nul. » C’est donc ça, le problème. Alfie secoue brièvement la tête, avant de reprendre la parole à son tour. « Ça ne l’était pas. Je pense que vous avez trop voulu bien faire, et vous vous êtes emmêlé les pinceaux, ça arrive, surtout lors d’une première dissertation, les attentes ne sont pas les mêmes à l’université qu’en enseignement secondaire. » Alfie précise tandis qu’il se replonge dans la lecture du travail devant lui. « Ouais, parce que j’étais plutôt bon en dissert’ jusqu’ici, et j’ai vraiment travaillé, je vous assure. » Alfie relève les yeux, affiche un fin sourire. « J’en doute pas, ça se voit dans votre travail que vous avez les connaissances, seulement il faut apprendre à les utiliser. Si je peux vous donner un conseil, ne vous contentez pas de vouloir recracher votre cours pour montrer que vous savez de quoi vous parlez, ça donne plutôt l’impression contraire. Mais... Il replonge son regard sur la copie, demeure muet quelques instants. Ici, vous voyez, cette partie ? C’était très bien construit, et très intéressant, parce que vous avez fait un lien entre la théorie et un sujet d’actualité, c’est un exemple très pertinent qui montre que vous maîtrisez la matière, mais que vous parvenez aussi à vous l’approprier pour construire une réflexion personnelle. » « Ah oui, ici j’ai essayé de contextualiser un exemple plutôt que de juste ressortir celui donné en cours, et ça m’a permis d’amorcer un aspect critique dans la conclusion, aussi. » « Et c’était très bien, très cohérent, d’ailleurs. » Qu’Alfie s’empresse de rajouter, finissant d’annoter la feuille de papier annexe avec tous les commentaires et suggestions qui lui passent par la tête au fur et à mesure de se relecture, et de sa discussion avec cet étudiant qui dure encore un bon quart d’heure, jusqu’à chaque point ait été examiné, chaque erreur décortiquée, chaque réussite soulignée. « Je crois qu’on a fait le tour, vous avez autre chose à rajouter ? » « Non, je pense être dans de bonnes dispositions pour réussir la prochaine. » « C’est tout ce que je vous souhaite. » Qu’il précise avec un sourire, ce à quoi l’étudiant acquiesce par un hochement de tête et un « merci beaucoup » sincère avant de prendre congé, qui permet à Alfie de ne pas considérer cette journée comme totalement inutile, comme beaucoup d’autres depuis qu’il occupe ce poste.
Lorsqu’il reprend son téléphone en mains, c’est dans un sursaut qu’il prend connaissance de l’heure et qu’il s’empare de sa besace dans une main, son skate dans l’autre, pour se dépêcher de rejoindre Hassan avec lequel il était supposé déjeuner il y a déjà une dizaine de minutes. Alfie s’empresse de lui envoyer un texto d’excuses, lui assurant qu’il est sur son chemin, et c’est à vive allure qu’il se faufile entre ce trop-plein de foule qui bénéficie des températures clémentes pour passer la pause déjeuner à l’extérieur ; et si d’ordinaire Alfie se réjouit que les gens ne s’enferment pas entre quatre murs, présentement il a une folle envie d’aller s’emparer de la pelleteuse du chantier d’à côté pour se frayer un chemin entre toutes ces silhouettes absolument pas pressées de libérer la voie pour les retardataires comme lui. Lorsqu’il arrive enfin devant le bar à l'autre bout du campus où il est supposé retrouver Hassan, c’est presque en courant qu’il fait les derniers mètres, repérant très vite la silhouette de son ami assis un peu à l’écart. « Désolé, désolé, désolé, désolé. » Qu’il se confond en excuses alors que son regard se pose sur la carafe d’eau posée sur la table. « Oh mon dieu t’es génial. » Qu’il s’enthousiasme alors qu’il ne tarde pas à se servir un verre qu’il engloutit avec la même rapidité, sans savoir s'il doit remercier le serveur ou Hassan, mais dans le doute, il opte pour une commande du second. Finalement, il prend enfin le temps de poser ses affaires et de s’asseoir face à Hassan, et de lui accorder enfin toute l’attention qu’il mérite. « Euh, oui, donc je disais, désolé. J’avais rendez-vous avec un étudiant pour parler de sa copie, ça s’est éternisé et j’ai pas vu le temps passer. » Qu’il admet avec un sourire gêné, mais depuis le temps Hassan ne devrait pas se surprendre du manque cruel de ponctualité dont Alfie peut parfois faire preuve, et d’ordinaire ses excuses sont bien moins légitimes que celle d’aujourd’hui. « Et je t’arrête tout de suite, c’est pas une excuse bidon pour cacher le fait que j’étais occupé à reconstituer la tour de Pise avec des cure-dents ou à reproduire à la craie le sommet de Kangaroo Point sur un tableau noir pour égayer la journée de M. Denbrough. » L’un des techniciens de surface qu’Alfie apprécie tout particulièrement. Quoi qu’il en soit, le trentenaire finit par reprendre sa respiration, et prêter enfin attention à ce qui l’entoure. « Tu as déjà commandé ? » Dans quel cas, il ne s’en vexerait pas, bien au contraire. « Oh, et c’est pour moi, évidemment, je me serais bien arrêté sur le chemin pour t’acheter des fleurs histoire de m’excuser, mais j’étais trop short en temps, alors à défaut... » Qu’il conclut, un sourire amusé sur les lèvres alors qu’il se tait enfin pour laisser l’occasion à son ami d’en placer une.
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| | | | (#)Mar 30 Avr 2019 - 5:05 | |
| Preuve que certains petits plaisirs n’avaient pas d’âge, Hassan avait donné un coup de pied dans l’amas de feuilles mortes que le vent était venu accumuler sur ce morceau de trottoir, et en témoignant de presque autant d’insouciance qu’il ne l’aurait fait avec trente ans de moins. Le kit mains-libres accroché aux oreilles, il avait profité du trajet entre le bâtiment où s’était tenu son dernier cours de la matinée et le pub du campus où Alfie et lui s’étaient donnés rendez-vous pour rappeler Elaine, devenue son interlocutrice principale au sein d’Amnesty International durant ces derniers mois. Comme si elle avait un don pour oublier sans cesse qu’Hassan avait un vrai boulot – et même deux – rares étaient les fois où elle téléphonait sans tomber sur le répondeur du brun, déjà occupé à dispenser un cours où ayant à faire chez ABC, et ce jour-là c’est avec la même étourderie qu’elle avait tout naturellement proposé « Pourquoi tu ne loues pas un appartement sur Sydney ? Ce serait telle-ment plus simple. » alors qu’il jonglait entre ses souvenirs pour se rappeler l’heure à laquelle devait atterrir son vol pour la capitale de la Nouvelle-Galles du Sud quelques jours plus tard. Et contre toute attente, le brun s’était entendu répondre « J’y songe. » avec un naturel qui le déconcertait lui-même, alors que l’idée n’avait jusque-là que vaguement effleuré son esprit. Mais ses liens avec AI le forçant à de réguliers allers-retours vers Sydney, l’idée de louer un studio – et non pas un appartement – lui semblait parfois tentante tant elle lui éviterait de sans cesse demander l’hospitalité de Qasim et Olivia, ou de se rabattre sur des chambres d’hôtel dont l’impersonnalité tendait à le déprimer. « Je pourrais toujours le sous-louer aux touristes qui n’ont pas eu l’intelligence de préférer visiter Brisbane. » s’était-il même entendu penser lorsque l’argument du loyer jeté par les fenêtres lui était venu à l’esprit. Pour l’heure, il arrivait à destination et sa conversation intérieure ayant aussi suffisamment duré que celle avec Elaine, il avait conclu d’un « Bon, de toute façon on se voit mercredi. » et après les salutations d’usage l’un et l’autre avaient raccroché, Hassan glissant son téléphone dans la poche de son jean avant de jeter son dévolu sur une table vide en terrasse, un rapide tour d’horizon lui ayant permis de vérifier qu’il était arrivé le premier. À peine installé pourtant, le smartphone avait vibré à nouveau et se tortillant pour le récupérer le professeur avait accueilli avec une expression qui trahissait son manque d’étonnement le message d’Alfie pour le prévenir de son retard. C’était tout lui, et il y avait quelque chose de presque fascinant dans le fait qu’il soit à la fois si incapable de tenir en place et si prompt à se laisser perdre par ses propres pensées. La carafe d’eau demandée pour passer le temps et de longues minutes à scroller sur Instagram plus tard, Hassan avait relevé les yeux au moment où son collègue débarquait enfin, essoufflé tandis qu’il se fendait d’un « Désolé, désolé, désolé, désolé. » pressé, et carrément soulagé lorsqu’il s’était exclamé « Oh mon dieu t’es génial. » en remarquant la présence de la carafe, dont il s’était servi un immense verre d’eau englouti la seconde suivante là où Hassan s’était lui octroyé un « On me le dit souvent. » narquois. Désormais désaltéré, Alfie s’était finalement laissé tomber sur la chaise en face de la sienne, et le souffle lui revenant peu à peu il avait repris d’un ton plus posé « Euh, oui, donc je disais, désolé. J’avais rendez-vous avec un étudiant pour parler de sa copie, ça s’est éternisé et j’ai pas vu le temps passer. » bien que le brun n’ait en réalité jamais eu la moindre intention de lui en tenir rigueur. Il n’était pas pressé, son prochain cours n’était qu’à quinze heures, et alors qu’il s’apprêtait à le faire valoir l’anthropologue avait ajouté « Et je t’arrête tout de suite, c’est pas une excuse bidon pour cacher le fait que j’étais occupé à reconstituer la tour de Pise avec des cure-dents ou à reproduire à la craie le sommet de Kangaroo Point sur un tableau noir pour égayer la journée de M. Denbrough. » en oubliant par la même occasion de reprendre sa respiration à un moment ou un autre de sa phrase. « Cette fois-ci. » avait alors seulement cru bon de faire valoir Hassan, car s’il y avait bien une chose dans laquelle semblait rivaliser Alfie c’était cette capacité à trouver mille et une manières de se perdre dans une activité, en oubliant au passage ce qu’il faisait la minute d’avant. « Mais t’inquiètes, je suis pas pressé de toute façon. » lui avait-il en tout cas finalement assuré, pour régler la question. Se servant à son tour un verre d’eau, ayant terminé le premier peu de temps avant l’arrivée de son compère, il avait secoué la tête lorsque ce dernier avait demandé « Tu as déjà commandé ? » et la seconde suivante le voilà donc qui affirmait « Oh, et c’est pour moi, évidemment, je me serais bien arrêté sur le chemin pour t’acheter des fleurs histoire de m’excuser, mais j’étais trop short en temps, alors à défaut ... » avec ce ton qui signifiait qu’il n’accepterait pas la moindre discussion à ce sujet. Ironisant d’un « Tu t’y connais en langage des fleurs ? » amusé le brun avait fini par hausser les épaules « Mais si tu insistes, je te laisse aller commander pour nous. Pour moi ça sera un fish and chips. » Comme dans la majorité des pub, la commande se faisait au bar, et le temps qu’Alfie aille s’enquérir de la leur Hassan avait terminé son second verre d’eau en réalisant au passage qu’il n’avait pas bu une goutte depuis le thé englouti au petit déjeuner. Une éternité pour lui qui respectait scrupuleusement la recommandation des deux litres d’eau quotidiens. « C’est marrant que tu me parles de M. Denbrough parce que je l’ai croisé ce matin en arrivant, et ça faisait une éternité que je ne l’avais pas vu. » Probablement parce que depuis cette même éternité Hassan n’était pas arrivé en avance à l’université, se contentant simplement d’arrivée à l’heure et préférant profiter des derniers beaux jours pour prendre son petit déjeuner chez lui plutôt que d’engloutir un thé et un Mars à son arrivée sur le campus. « Fallait que je passe au secrétariat avant mon premier cours pour déposer un truc, et comme c’est toujours la cohue là-bas avant les vacances … Bref, et tout ça pour rien vu que le secrétariat était encore exceptionnellement fermé. Je vais finir par y planter ma tente. » Roulant des yeux, il était plus résigné que véritablement étonné à ce propos également – les secrétaires de l’université n’avaient pas leur pareil pour jouer leurs horaires d’ouverture à la roulette russe, semblait-il.
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| | | | (#)Mar 30 Avr 2019 - 9:32 | |
| Malheureusement pour Hassan, celui-ci est une victime collatérale de la conscience professionnelle d’Alfie ; heureusement pour ce dernier, son ami le connaît suffisamment pour ne pas s’en offusquer, s’il en croit le silence de son téléphone lui indiquant qu’il n’a pas reçu un « bouge ton cul » ou autre « tu trouveras table vide, dans ce cas » en guise de réponse à ses excuses virtuelles. De plus, c’est un trait qu’ils partagent pour qu’Hassan ne s’agace pas de la manière dont Alfie a accordé plus de temps que nécessaire à cet étudiant venu quémander son aide. S’il n’apprécie pas forcément l’enseignement, Alfie a toujours à cœur d’aider lorsqu’il est en mesure de le faire ; et c’est très probablement cet aspect de son travail qu’il retrouve dans son poste à l’université qui l’aide à ne pas totalement déprécier celui-ci. Pour être passé par de longues années d’études, il y a bien quelque chose que le brun n’a jamais apprécié : ce sont tous ces professeurs qui n’accordent qu’un temps limité à leurs étudiants. Loin d’avoir attendu d’eux qu’ils puissent camper sur place pour répondre à toutes les interrogations qu’il a pu avoir au cours de ses cursus – et autant dire qu’il en a eu, Alfie – il estime que c’est là l’un des aspects essentiels du métier, et que décréter qu’il n’y a que cinq minutes de questions à l’issue du cours ou qu’il est hors de question de le joindre par mail n’est pas cohérent avec la passion de transmettre un certain savoir. Ce n’est que son opinion, quoi qu’il en soit c’est ce qui l’aide à ne pas agir de la sorte et à savoir quel type de professeur il veut être – quand bien même il n’a aucune légitimité à ce titre et qu’il se considère toujours autant comme un assistant peu importe les heures de cours qu’il peut donner. Dans tous les cas, malgré la compréhension d’Hassan, ce n’est pas une raison pour traîner encore plus que ce n’est déjà le cas et Alfie se met très rapidement en chemin une fois libéré de ses obligations.
Il aurait pu construire un autel à Hassan lorsqu’il débarque et constate qu’une carafe d’eau attend sagement – comme si son ami avait anticipé la folle course en skate qui l’a amené jusqu’ici et s’assurer de le ravitailler une fois la ligne d’arrivée franchie. Il lève le pouce en l’air à la réflexion du professeur à défaut d’un sourire par sa bouche dans l’immédiat bien trop occupée à assurer sa survie et son hydratation – oui, car il était littéralement à deux doigts de se dessécher et de finir en poussières par terre, et non il n’est pas un poil dramatique, voyons. Prenant finalement place en face d’Hassan, Alfie se fend malgré tout d’une courte explication, qui a plus une valeur de justification – parce qu’il n’est pas sans ignorer qu’il a souvent eu des excuses bien moins valables à son retard. C’est un sourire qui s’empare de ses lèvres alors que son ami précise qu’il ne s’est pas adonné à une quelconque activité plus artistique que professionnelle, mais seulement pour cette fois-ci. « Oh, tu dis ça seulement parce que t’es jaloux que je vienne jamais égayer le tableau noir de ta classe. » Et l’idée s’implante dans l’esprit d’un Alfie qui n’a encore jamais fait profiter Hassan de ses talents artistiques – qui sont complètement inexistants, car le sommet de Kangaroo Point dont il se vante ressemble plus à une vision apocalyptique de Brisbane avec des immeubles qui semblent tenir seuls dans le vide, et des espaces verts décharnés. Il accueille avec un signe de la tête l’information selon laquelle Hassan n’est pas pressé, ce qui le rassure quant à son retard qui n’impactera pas le bon déroulement du déjeuner – il ne manquerait plus qu’ils soient forcés de manger en quatrième vitesse parce qu’il a eu la tête ailleurs. La moindre des choses consiste à l’inviter, d’autant plus que c’est le meilleur moyen de s’excuser puisqu’il n’a guère eu le temps de s’arrêter chez un fleuriste au passage. « Je croyais avoir réussi mon master dans le domaine, oui, jusqu’à récemment. Qu’il laisse échapper, avant de préciser le fond de sa pensée. Mais je dois suivre des cours de rattrapage a priori, Jules m’a fait comprendre que je lui en offre pas assez, et je suis toujours à la recherche de la composition qui parviendra à masquer l’odeur de mon nouveau colocataire. » Il précise, tandis qu’il prend note de la commande d’Hassan avant d’aller jusqu’au bar transmettre celle-ci, et arrêtant pour sa part son choix sur une tourte à la viande. Revenant finalement à sa place, c’est Hassan qui reprend la parole le premier. « Oui, d’ailleurs l’autre jour il m’a sérieusement demandé si tu le fuyais, faut pas faire des trucs comme ça Hassan, en plus à son âge il est fragile, tu le sais bien. » Tête qui se balance de gauche à droite avec une petite moue outrée, Alfie reprend toutefois vite son sérieux lorsque Hassan dérive sur le sujet tabou, celui qui ne manque d’exaspérer le pourtant toujours détendu Alfie. « Si un jour tu prévois de faire un sit-in devant la machine à café au bout du couloir pour les provoquer, sache que je t’accompagne avec grand plaisir... Qu’il débute, tandis que son attention est captée par son téléphone qui se met à nouveau à vibrer ; c’est toujours Jules, et c’est toujours en glissant son pouce sur le mode avion qu’il lui répond. Relevant les yeux, il reprend rapidement le cours de ses pensées. C’était quoi leur excuse, cette fois-ci ? Séance de travail, sieste improvisée, concours de solitaire sur ordinateur ? » Est-ce qu’Alfie est fâché avec l’administration ? Oui, complètement. Ce n’est pas tant les contraintes administratives en elles-mêmes que l’obligation de dépendre du bon vouloir des horaires et capacités des employés qui le dérange. Alfie a toujours dû se résoudre aux premières, parce que n’importe quelle recherche s’inscrit dans un cadre spécifique, qui nécessite de nombreuses autorisations, recommandations, financements, et si pour beaucoup c’est une étape barbante, pour Alfie c’est surtout celle qui rend concret son travail. « C'est quoi ton programme pour ces vacances, d'ailleurs ? » Qu’il demande, l’air de rien, pour faire la conversation, mais aussi et surtout pour savoir si Hassan fera partie des heureux élus qu’il compte harceler pour programmer une journée entre amis – peu importe que ce soit pour voir un match, manger un bout, ou se regarder dans le blanc des yeux pendant trois heures de temps – parce que là où beaucoup se réjouiraient d’avoir deux semaines plus tranquilles, c’en est presque une véritable angoisse pour l’anthropologue.
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| | | | (#)Mar 30 Avr 2019 - 21:54 | |
| Aussi amusante puisse-t-être l’idée d’un Alfie débarquant à table avec un bouquet de fleurs en guise d’excuse à son retard, Hassan se satisfaisait bien plus de la perspective de se voir offrir à déjeuner. Encore que l’anthropologue n’aurait en réalité pas eu besoin de chercher une manière de se faire pardonner, mais le brun sachant pertinemment que tout refus ou tentative de négociation se serait immanquablement soldée par d’âpres discussions il ne s’en était pas donné la peine, et avait préféré moquer les supposés talents d’Alfie pour le langage floral « Je croyais avoir réussi mon master dans le domaine, oui, jusqu’à récemment. » s’en était d’ailleurs vanté le concerné, avant d’ajouter devant le sourcil arqué de son ami « Mais je dois suivre des cours de rattrapage a priori, Jules m’a fait comprendre que je lui en offre pas assez, et je suis toujours à la recherche de la composition qui parviendra à masquer l’odeur de mon nouveau colocataire. » Et un autre jour sans doute Hassan aurait-il conseillé la technique infaillible du bouquet livré à rythme fixe – une technique testée et approuvée par ses propres soins de son temps d’homme marié – mais ce jour-là ce fut surtout la seconde information qui attira son attention, lui arrachant un « T’as rajouté un animal à ta ménagerie et tu m’as rien dit ! » suspicieux, parce qu’à commencer à connaître Alfie le colocataire odorant pouvait tout aussi bien être un furet qu’un cochon nain, et il n’y aurait pas de quoi s’en étonner. Quoi qu’Hassan puisse s’étonner de l’approbation de Juliana à ce sujet, s’il s’agissait de l’une ou l’autre des propositions. La conversation s’interrompant un instant le temps qu’Alfie aille commander leurs plats au comptoir, Hassan avait terminé son verre d’eau et sagement attendu le retour du baroudeur, et finalement profité du retour à table de ce dernier pour mentionner le technicien de surface brièvement nommé quelques minutes plus tôt « Oui, d’ailleurs l’autre jour il m’a sérieusement demandé si tu le fuyais, faut pas faire des trucs comme ça Hassan, en plus à son âge il est fragile, tu le sais bien. » l’avait à ce sujet gentiment rabroué Alfie, Hassan ouvrant les mains en signe de bonne foi avant de répondre « J’essaye de me tenir à ma résolution de début d’année, à savoir ne pas passer ma vie au boulot. » Une résolution qu’il faisait son possible pour continuer de tenir, ayant besoin de se persuader qu’il en était capable parce qu’intimement persuadé que sa capacité ou non à accueillir un enfant chez lui passerait également par là – mais ça, il préférait le garder pour lui. Au lieu de ça avait-il saisi l’occasion de pester sur le secrétariat et ses horaires approximatifs, persuadé qu’il trouverait en Alfie une oreille attentive et concernée « Si un jour tu prévois de faire un sit-in devant la machine à café au bout du couloir pour les provoquer, sache que je t’accompagne avec grand plaisir ... C’était quoi leur excuse, cette fois-ci ? Séance de travail, sieste improvisée, concours de solitaire sur ordinateur ? » Cauchemar des étudiants ainsi que des professeurs, le secrétariat universitaire ressemblait à la fois à une épreuve de patience et à un tournoi de roulette russe, la probabilité de pouvoir y faire ce que l’on y avait prévu sans y perdre un temps fou, plusieurs allers retours et une bonne dose de foi en l’humanité étant proche du zéro pointé. « Aucune idée. » qu’avait en tout cas répondu Hassan d’un air las, en haussant les épaules. « Parfois je me dis qu’ils testent volontairement la patience de ceux qui arrivent dans leur QG, pour savoir qui sont les vrais. Un peu comme le Sphinx et son énigme. » Mais ici aucune quête héroïque à accomplir, simplement l’espoir d’obtenir le saint papelard nécessaire à une démarche administrative, ou la réponse à une question plus ou moins existentielle. « T’aurais pu répondre, tu sais. Fallait pas te gêner pour moi. » était-il finalement passé du coq à l’âne en désignant le téléphone qu’Alfie avait posé sur la table après en avoir refusé un appel. Ce dernier, rebondissant sur la mention faite précédemment par Hassan des congés scolaires qui approchaient à grands pas, avait questionné « C'est quoi ton programme pour ces vacances, d'ailleurs ? » sans qu’Hassan ne sache bien si l’intérêt pour la réponse était réel ou si son collègue se contentait simplement de noyer le poisson. Quoi qu’il en soit le brun avait préféré faire comme s’il n’avait rien remarqué « Je dois descendre deux jours à Sydney pour le boulot la première semaine, et j’ai aussi une tonne de copies à corriger. Mon frère monte à Brisbane avec sa femme et mes neveux la deuxième semaine, alors je suppose que le programme dépendra de la météo. » Un passage par la case Dreamworld n’était pas à exclure, de même qu’un probable pique-nique dans les hauteurs de Kangaroo Point – mais encore une fois, la météo déciderait pour eux, et à cette période de l’année on la savait capricieuse. « Et toi ? Vous avez prévu quelque chose avec Jules ? » Quelque chose de nature à rattraper le manque de bouquets de fleurs, par exemple.
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| | | | (#)Mer 1 Mai 2019 - 5:47 | |
| En réalité, s’il avait réellement voulu se faire pardonner en bonne et due forme auprès d’Hassan pour son retard, il aurait été préférable d’opter pour une plante plutôt qu’un bouquet de fleurs, car il n’est pas sans savoir que son collègue et ami est un véritable amateur des premières plus que des seconds. De son côté, c’est plutôt l’inverse qui s’applique, car même si son master dans le domaine a été révoqué, après trois ans de vie commune il a malgré tout pris note de certains savoirs essentiels pour ne pas finir viré de l’appartement qu’il partage avec Jules ; comme le fait d’éviter les œillets jaunes et les cyclamens ; ne lui reste désormais plus qu’à être plus régulier dans ses petites attentions envers sa compagne en plus de trouver la fleur suffisamment odorante qui parviendra à masquer l’odeur de Joseph lorsque celui-ci revient d’une de ses virées mystère qui durent deux à trois jours (et Alfie peut prétendre le contraire autant qu’il le veut, il sait très bien ce que celui-ci fait durant son temps libre). La réflexion d’Hassan sur sa ménagerie lui provoque un rire franc ; parce qu’il n’aurait jamais osé la comparaison, bien que dans ce cas précis Hassan pensait très certainement que le colocataire en question était de ceux à poils, qui beuglent et s’endorment au milieu de la salle de bain – bien que cette fois-ci, la comparaison soit envisageable. « Ouais, c’est un bipède mal rasé qui s’appelle Joseph. Il finit par préciser, son rire se transformant en sourire amusé. C’est un vieil ami qui a besoin d’un canapé où crécher quelques jours, mais vu l’intérêt qu’il porte à Odie, c’est à se demander si je lui ai pas trouvé un mâle, à celle-ci. » Non, parce qu’aussi sympathique soit Joseph, lorsqu’il rentre de son travail à la sandwicherie, il semble plus impatient de retrouver Odie que ses deux bons samaritains. Pas que ça dérange Alfie ceci dit, comme ils l’avaient conclu lorsque Joseph est venu lui demander ce service, garder Odie pour éviter que celle-ci ne se laisse dépérir par ce sentiment d’abandon qu’elle ressent forcément fait partie de ses attributions – c’est moins cher que des anxiolytiques pour tortue, et oui, Alfie a regardé si cela existait et quel était le budget à prévoir. « Mais sinon j’ai pas oublié le projet d’avoir un alpaga, et promis, tu seras son parrain si ça vient à se concrétiser. » Qu’il avait ajouté avec un fin sourire. En réalité, la liste des animaux qu’Alfie se voit posséder est aussi longue que la liste des activités qu’il entreprend pour les abandonner trois mois plus tard dès qu’il s’en est lassé ; autant dire qu’elle est interminable. Et puisqu’il ne s’agit que de fantasmes, il se formalise peu des contraintes comme les autorisations obligatoires et l’espace nécessaire pour accueillir alpaga, hippocampe, suricate, chinchilla, etc. Quoi qu’il en soit, le sujet devient légèrement plus sérieux lorsqu’ils évoquent le technicien de surface pour lequel ils ont tous les deux de l’affection. « C’est une excuse valable, en effet. » Que commente Alfie tandis que son ami précise s’en tenir à sa bonne résolution ; et il ne peut effectivement pas lui en tenir rigueur tant celle-ci a du sens. « Du coup, ça veut dire que tu t’y tiens pas trop mal ? Est-ce que tu serais de ce peuple mystérieux qui parvient à tenir une résolution ? » Alfie esquisse une moue admirative, même s’il a déjà une idée de la réponse, maintenant que c’est lui qui augmente son temps de présence à l’université, et qu’il croise de moins en moins Hassan en début ou fin de journée s’ils n’ont pas convenu d’un rendez-vous au préalable. Ou si celui-ci est obligé de faire des heures supplémentaires pour espérer tomber sur les heures ouvertures approximatives et complètement aléatoires du secrétariat. Hassan a trouvé la bonne oreille à qui s’en plaindre, tant Alfie ne ménage pas sa haine de l’administration, il avait déjà tenu un discours similaire à Leonardo quelques temps auparavant. « J’avais jamais vu les choses sous cet angle. » Qu’il admet à la théorie d’Hassan, restant muet un bref instant, entendant déjà le jingle lui signifiant qu’il a battu le boss ultime. Oui, mais voilà, cela fait à peu près dix ans qu’il attend de le battre, ce foutu boss, et il enchaîne les niveaux sans jamais s’approcher du combat ultime. « Mais dans ce cas-là, depuis le temps qu’on bosse là-bas, on devrait avoir un passe-droit, une petite gommette pour nous dire « félicitations pour votre persévérance, vous avez débloqué l’ouverture illimitée du secrétariat ». Ce serait la moindre des choses après tant d’années, limite ils pourraient même faire l’effort de leur offrir un diplôme « grade de résistance mentale à l’administration ». Ou sinon, c’est juste du sadisme purement gratuit, ou qu’ils aiment pas certaines têtes. Mouais, je vais rester à l’hypothèse que ce sont juste des emmerdeurs. » Au cas où Hassan attendait un verdict parmi le flot d’hypothèses inutiles que tient à lui partager Alfie. Il aurait pu continuer s’il n’avait pas été interrompu au milieu de ses réflexions par les vibrations de son téléphone très vite réduites au silence. « Oh, t’en fais pas, c’est rien d’urgent. Et déjà que j’arrive en retard, manquerait plus que je passe mon temps au téléphone. » Il soupire en secouant la tête, avec un léger sourire, en voilà une excuse qui sera à envisager lorsqu’il devra rendre des comptes plus tard. Dans l’immédiat, l’intérêt est surtout porté sur le programme que prévoit Hassan durant les vacances universitaires qui s’en viennent. « D’ailleurs, tout le monde va bien ? Ça se passe bien avec le petit dernier ? » Quoi qu’on pourrait penser qu’après deux enfants, le troisième n’est qu’une question de routine, mais Alfie demeure véritablement intéressé par la réponse. « On va aller quelques jours chez une de ses sœurs à Melbourne. Elle vient d’emménager avec son copain, et comme c’est trop facile d’acheter une maison habitable, ils ont besoin d’un coup de main pour quelques travaux. » Il laisse échapper un soupir, auquel s’ajoute très vite un sourire. « Parce que ça se sent que je suis teeeeellement bricoleur, en plus. » Mais son rôle se résumera probablement à être une paire de bras sollicitée lorsque Jules et Mary décréteront que les dizaines de pots de peinture à déplacer seront trop lourds pour elles. « D’ailleurs, sois pas surpris si tu reçois un appel désespéré de ma part qui te supplie de m’expliquer comment poser du parquet ou démonter un évier sans déclencher une inondation dans tout le quartier ; et je compte sur toi pour m’aider histoire que je puisse me la jouer type qui sait totalement ce qu’il fait. Alors que pas du tout, qu’on se le dise. Mais c’est tout, et faut que je me trouve deux-trois trucs à faire ici, parce qu’on se marche un peu dessus à trois à l’appart’, ça me fera pas de mal d’en sortir de temps à autre. » Il ajoute avec un léger rire, avant de se resservir un verre d’eau, bu à peu près à la même vitesse que le premier.
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| | | | (#)Mer 22 Mai 2019 - 6:57 | |
| Semblant se satisfaire tout à fait de l’éventualité de devenir le parrain du prochain mammifère qui intégrerait la ménagerie déjà bien remplie d’Alfie et Jules, Hassan n’avait pas plus songé à se renseigner sur l’avis de la jeune femme à ce sujet que sur le Joseph – mal rasé – récemment venu élire domicile chez eux. Pour ce qu’il pensait avoir cerné de la jeune femme, il doutait cependant qu’elle ait accepté cette colocation en débordant d’enthousiasme, et soupçonnait sans mal qu’elle serait la plus pragmatique sur la situation : autrement dit la première à suggérer au passager clandestin de se trouver son propre pied à terre si la situation venait à s’éterniser. Alfie finalement revenu s’installer après avoir passé commande pour eux, Hassan avait rebondi sur la mention faite du vieux Monsieur Denbrough – qui en réalité ne l’était pas tant que ça, vieux, mais avec qui les années n’avaient pas été clémentes – pour justifier le peu d’occasions qu’il avait eu de le croiser depuis qu’il tentait de se tenir à son unique résolution pour 2019. « C’est une excuse valable, en effet. » qu’avait alors assuré son collègue, se permettant dans la foulée de questionner « Du coup, ça veut dire que tu t’y tiens pas trop mal ? Est-ce que tu serais de ce peuple mystérieux qui parvient à tenir une résolution ? » avec le ton de celui qui, justement, ne semblait pas être parvenu à en tenir une de bout en bout depuis longtemps. Pas qu’Hassan soit en position de lui jeter la pierre à ce sujet, cela dit, car ses résolutions des années précédentes s’étaient soldées par de cuisants échecs « J’ai décidé de ne m’atteler qu’à une seule résolution à la fois, et surtout d’être un peu plus honnête envers moi-même et mes capacités réelles. » Se délester entièrement de tout souvenir de Joanne ? Trop irréaliste. Aller mieux ? Trop, beaucoup trop vague. « On verra bien en fin d’année scolaire si je m’y suis tenu ou bien si tu me vois de nouveau déambuler dans les couloirs à des heures indues. » qu’il avait finalement ajouté dans un haussement d’épaules, une partie de lui désormais persuadée que le simple fait d’avoir pris quelqu’un à témoin serait une raison supplémentaire de s’y tenir. Reste que ce jour-là, Hassan avait justement fait une entorse à sa résolution, mais en s'estimant néanmoins toujours dans son bon droit puisque ne l’ayant fait que pour se mesurer à ce qui au sein de l’université se rapprochait le plus de l'enfer : le secrétariat. Avec en guise de purgatoire des horaires à géométrie variable et des files d'attente à décourager les moins valeureux. « J’avais jamais vu les choses sous cet angle. » Y allant de ce commentaire faussement songeur, Alfie avait repris de sa verve habituelle « Mais dans ce cas-là, depuis le temps qu’on bosse là-bas, on devrait avoir un passe-droit, une petite gommette pour nous dire « félicitations pour votre persévérance, vous avez débloqué l’ouverture illimitée du secrétariat ». » et le visage d’Hassan se fendant d’un sourire narquois il avait feint l’innocence au moment de suggérer le plus normalement du monde « Qui sait, c’est peut-être ce qu’elles offrent en guise de cadeau de retraite. » Justement parce qu’attendu toute une carrière il en deviendrait aussitôt obsolète – tout à l’image du secrétariat et de sa tendance à faire croire qu’il se moquait du monde, en somme. La théorie d’Alfie à ce sujet, quoi qu’il en soit, s’était résumée à un banal – mais non moins efficace – « Ou sinon, c’est juste du sadisme purement gratuit, ou qu’ils n’aiment pas certaines têtes. Mouais, je vais rester à l’hypothèse que ce sont juste des emmerdeurs. » et comme pour s’en servir de conclusion, le téléphone de l’universitaire avait capté son attention juste le temps pour lui de rejeter l’appel qui venait d’y apparaître. N’insistant pas lorsqu’Alfie s’était justifié d’un « Oh, t’en fais pas, c’est rien d’urgent. Et déjà que j’arrive en retard, manquerait plus que je passe mon temps au téléphone. » Hassan s’était dès lors prêté sans broncher au jeu des questions-réponses concernant le programme des vacances de Pâques qui arrivaient à toute allure. Il était souvent le même, car souvent l’occasion pour lui de passer du temps avec son frère et de gâter ses neveux et sa nièce pour pérenniser son statut d’oncle unique et préféré. « D’ailleurs, tout le monde va bien ? Ça se passe bien avec le petit dernier ? » Acquiesçant d’un signe de tête en guise de réponse globale, le brun s’était néanmoins senti obligé de nuancer sa réponse « Ça se passe, ça se passe … De l’aveu de Qasim le passage de deux à trois enfants est beaucoup plus compliqué que le passage de un à deux, mais je suis sûr qu’ils vont finir par trouver un nouvel équilibre. » Il sentait néanmoins son frère plus fatigué au téléphone ces derniers mois, il les voyait un peu moins patients, Olivia et lui, lorsqu’il leur rendait visite … Mais sans doute ne gérait-on pas un nouveau-né de la même manière à l’aube de la trentaine qu’on n’en gérait un à l’aube de la quarantaine et avec deux aînés remuants à canaliser en parallèle. Les plans de ses propres vacances posés, Hassan avait en tout cas fini par se renseigner sur ceux d’Alfie et de sa moitié, le bonhomme répondant aussitôt « On va aller quelques jours chez une de ses sœurs à Melbourne. Elle vient d’emménager avec son copain, et comme c’est trop facile d’acheter une maison habitable, ils ont besoin d’un coup de main pour quelques travaux. Parce que ça se sent que je suis teeeeellement bricoleur, en plus. » non sans laisser échapper un soupir un brin las sur la fin. « D’ailleurs, sois pas surpris si tu reçois un appel désespéré de ma part qui te supplie de m’expliquer comment poser du parquet ou démonter un évier sans déclencher une inondation dans tout le quartier ; et je compte sur toi pour m’aider histoire que je puisse me la jouer type qui sait totalement ce qu’il fait. » Laissant échapper un éclat de rire, le professeur s’était gentiment moqué d’Alfie à coup de « Pour le bien de Jules et pour éviter que son souvenir de vacances le plus marquant soit un passage aux urgences parce que tu n’auras pas su manier correctement un marteau, j’accepte d’être ton Maitre Jedi du bricolage. » clamé d’un ton bien trop sérieux pour être honnête. « Mais pour déboucher un évier sans déclencher d’inondation tu es conscient que la seule et unique précaution à prendre … c’est de couper l’eau avant ? » Rien de bien sorcier, et cela coulait carrément de source qui plus est … Mais peut-être pas pour Alfie, s’il s’avérait que son niveau en bricolage se résumait toujours à ne pas savoir poser une étagère tout seul. « Mais c’est tout, et faut que je me trouve deux-trois trucs à faire ici, » avait finalement repris l’intéressé à propos du programme de ses vacances « parce qu’on se marche un peu dessus à trois à l’appart’, ça me fera pas de mal d’en sortir de temps à autres. » Tandis que l’anthropologue sifflait un nouveau vers d’eau à la vitesse de l’éclair, ils avaient été interrompus par l’arrivée d’un des serveurs du pub – un étudiant accessoirement membre de l’équipe de rugby coachée par Rhett, et à qui Hassan avait adressé un salut et un sourire rapide – et pris chacun le temps d’observer leur plat, le brun réalisant l’ampleur de sa faim seulement maintenant que les frites étaient sous son nez. « Comme si t’avais attendu d’avoir un colocataire supplémentaire pour ne pas tenir en place. » avait-il ensuite repris, pour rebondir sur la dernière remarque d’Alfie. « Mais j’ai chopé des places pour un match des Brisbane Heat jeudi prochain, si ça te dit de m’accompagner. » Il avait initialement prévu de proposer la seconde place à Gwen, mais dans la mesure où il ne lui en avait pas encore parlé il n’avait pas à craindre qu’elle s’en vexe.
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| | | | (#)Dim 9 Juin 2019 - 12:31 | |
| Quelques jours. C’est un euphémisme de présenter la situation concernant Joseph sous cet angle compte tenu du fait que ceux-ci commencent doucement à se transformer en quelques semaines et qu’à ce rythme, son ami ne sera bientôt plus qu’un bibelot collectionné parmi d’autres, dont on n’arrive pas à se débarrasser prétextant une quelconque valeur sentimentale qui se rappelle à nous uniquement lorsqu’il est question de faire un brin de ménage. Fort heureusement, Joseph s’occupe de temps à autre de celui-ci, ce qui lui permet d’avoir un avantage non-négligeable sur un animal supplémentaire susceptible de rejoindre la ménagerie du couple Maslow-Rhodes et lui assurant ainsi un logement pour les quelques semaines encore à venir – même si Alfie espère malgré tout qu’il finira tôt ou tard par trouver le chemin des petites annonces immobilières. C’est une bonne résolution qu’il peut envisager pour l’année prochaine : cesser d’être trop gentil et imposer quelques limites, même s’il sait pertinemment que celle-ci aura une durée de vie se comptant en heures plus qu’en mois. Quoi qu’il en soit, s’il y en a qui semble réussir l’exploit de s’en tenir à ce qu’il a décidé, c’est Hassan (et à cet instant, Alfie voue une véritable admiration à son ami) qui minimise sa présence à l’université en dehors des heures de cours. « J’en conclus que tu as définitivement basculé dans la sagesse. » Qu’Alfie rétorque dans un premier temps avec un fin sourire, amusé et non moqueur, avant de poursuivre : « oh, mais si c’est que ça, je peux être le garant de ta bonne résolution. Genre, si je te croise sans raison valable, tu me donnes l’autorisation de t’expulser hors des murs de la fac à coup de pied aux fesses ? » Et ses yeux supplient « dis oui, Hassan, dis oui ». Car évidemment, justifiant cela par son grand sens de l’amitié, c’est un rôle qu’il est prêt à endosser dès lors qu’il croisera Hassan alors qu’il n’est pas supposé être là, si ça peut l’aider à respecter la promesse qu’il s’est faite jusqu’à la fin de l’année scolaire. « Je prendrai mon rôle à cœur, je peux te l’assurer. » Qu’il s’amuse, main sur le torse, comme s’il venait de prêter serment. Comprenez, l’anthropologue a de la frustration à évacuer et malheureusement pour lui son ami semble être le parfait bouc-émissaire à défaut de pouvoir s’en prendre aux responsables de ce sentiment : les employés du secrétariat. Un désamour que partage Hassan et ce dernier ne pouvait pas tomber sur oreille plus attentive et compréhensive concernant les soucis qu’il rencontre avec eux. À croire que la réussite de leur carrière et le bon déroulement de celle-ci ne dépend que de la bonne volonté de l’administration, une bonne volonté qu’Alfie, de son côté, cherche toujours et aussi optimiste soit-il, il commence gentiment à abandonner la partie. Il finira avec la sensation d’être passé à côté de sa vie et de ne pas avoir suffisamment apprécié son travail, merci les gars pour votre considération. « Moi qui songeais à une croisière ou une plante verte. » Qu’Alfie boude à la théorie d’Hassan, parce que clairement il n’y gagne pas au change. Ce qui ne change pas, d’ailleurs, c’est son avis sur la question : ce sont juste des emmerdeurs, et ils ne sont pas prêts de lui prouver le contraire.
Légèrement mise à mal à l’évocation de ces fameux emmerdeurs, l’humeur d’Alfie regagne en légèreté (ou presque) lorsqu’il est question d’évoquer les vacances de Pâques qui s’approchent. Si le jeune homme appréhende malgré tout de se retrouver constamment entouré de Jules et Joseph et qu’il se cherche déjà des excuses pour s’échapper à eux, il n’en demeure pas moins que ce break lui sera bénéfique – à condition qu’il trouve effectivement de quoi s’occuper – non pas parce qu’il est fatigué de son travail à l’université, mais parce qu’il a réellement besoin d’oublier que c’est justement l’activité qui dicte désormais son quotidien. Rebondissant sur les projets d’Hassan en l’interrogeant sur son frère, Alfie se pince légèrement la lèvre, désolé pour le couple qui, à en croire les propos du brun, gère avec plus de difficulté l’arrivée de ce troisième enfant que celles des deux précédents. Un instant, il est tenté de soupirer à l’idée que « c’est bien dommage qu’il n’existe toujours pas de garantie satisfait ou remboursé » mais quelque chose lui dit que c’est le genre de réflexion qu’il se doit de garder pour lui. « Oh, je vois. » Non, pas vraiment, parce que c’est typiquement le genre de discours qui le dissuade d’envisager la perspective de fonder une famille, mais il n’est pas question de lui. « Ça leur fera du bien que tu puisses les épauler un peu, même si c’est que l’affaire de quelques jours. » Mais qu’est-ce qu’il en sait, au final, si Hassan a prévu de se transformer en baby-sitter attitré ou seulement en guide touristique en retrait. Ce qui est sûr, c’est que ce dernier devra assurer le rôle de soutien moral pour un Alfie absolument pas prêt à participer aux travaux que prévoient la sœur de Jules et son copain. Et s’il ne marchait déjà pas assez sur des œufs avec certains membres de sa fratrie, il ne se serait pas gêné pour faire remarquer qu’acheter une maison à l’abandon quand on a aucun talent dans le domaine du bricolage et compter sur les autres pour mener à bien ce projet fou, ce n’est pas un défi mais une belle connerie. « Oh je le sais bien, mais la vraie question c’est plutôt : est-ce que j’arrive à y penser sur le moment ? C’est typiquement le genre de petits détails quotidiens auxquels Alfie ne pense que lorsqu’il est trop tard alors que cela devrait relever de l’évidence, mais son sens des priorités est légèrement différent. Au cas où tu te demanderais, la réponse est non. Et même cette conversation ne changera pas grand-chose le moment venu. Mais je te remercie pour ta bienveillance, maître Jedi du bricolage, tu viens de t’offrir la possibilité de participer aux délibérations quant au choix de nom du futur alpaga, en plus d’un droit de visite régulier et probablement d’une fournée de cookies de la part de Jules lorsqu’elle apprendra ton rôle dans tout ça. » Est-ce que cette dernière partie relève de la récompense ou de la punition, c’est une autre histoire. Dans tous les cas, le programme l’enchante peu, il doit le reconnaître, et c’est la raison pour laquelle il prospecte quant à la manière dont il pourra occuper le reste de ses vacances. Il n’a pas l’opportunité d’émettre des hypothèses quand leurs plats leur sont servis, et c’est sans se faire prier qu’Alfie s’attaque à sa tarte, avant de relever les yeux vers Hassan lorsque celui-ci reprend la parole, se contentant d’un vague haussement d’épaules à sa première réflexion – parce que là où on lui dit qu’il ne parvient pas à rester en place, lui y voit surtout son fonctionnement naturel d’aussi loin qu’il s’en souvienne. La suite lui glisse quelques étoiles dans les yeux, et c’est avec un large sourire qu’Alfie accueille la proposition. « Je prends ! » Qu’il annonce avec un poil trop d’enthousiasme, peut-être, mais malgré tout la perspective de passer un peu de temps avec Hassan est toujours une idée séduisante gage de bons moments. « En plus, le bleu c’est pile poil ma teinte, je vais enfin avoir l’occasion de le prouver. » Oui, car quitte à faire les choses bien, Alfie est du genre à s’acheter un maillot pour l’occasion. « Par contre, je te remercie pas, parce que ça sent le fish & chips avant et après match, oui, parce que l’estomac d’Alfie n’est jamais complètement rassasié, alors que j’essaie vraiment d’arrêter les excès, et boom, tu me balances ma faiblesse à la figure. » Il conclut avec un sourire, manière de dire que sa façon de le remercier sera de s’occuper de leurs estomacs.
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| | | | (#)Dim 14 Juil 2019 - 4:06 | |
| Hassan n’avait pas vraiment besoin que son frère admette en toutes lettres son épuisement pour savoir qu’il en était néanmoins atteint ; Ils avaient vécu sous le même toit pendant vingt-six ans, soit largement assez pour qu’une simple intonation à l’autre bout du fil suffise à déterminer si le « ça va » était plutôt du genre sincère, enjoué, fatigué, las ou même complètement illusoire. À de rares occasions son aîné évoquait néanmoins les difficultés arrivées dans sa famille avec la venue de ce petit dernier qu’on devinait un peu imprévu – mais Qasim ne s’attardait jamais trop là-dessus, et au fond de lui Hassan pensait savoir parfaitement pour quelle raison, sans savoir en revanche s’il était plutôt déçu ou reconnaissant envers son frère de procéder ainsi. Difficile en effet de ne pas faire le parallèle entre les démarches encore balbutiantes du cadet pour tenter d’obtenir ce que son aîné possédait déjà au triple. « Oh, je vois. » avait de son côté répondu Alfie, ajoutant « Ça leur fera du bien que tu puisses les épauler un peu, même si c’est que l’affaire de quelques jours. » dans la foulée et obtenant de brun un acquiescement silencieux. Hassan n’ayant de toute façon toujours eu d’yeux que pour ses neveux, il ne disait jamais non à une occasion de s’occuper d’eux, de les trimballer à droite ou à gauche ou de les gâter comme le plus gaga des oncles. « Et puis faut bien que j’entretienne ma réputation d’oncle préféré. » Affaire pliée, en réalité, puisqu’il était pour ainsi dire le seul oncle qu’ils aient. Du côté d’Alfie, les vacances de Pâques semblaient elles aussi destinées à se dérouler sous le signe de la famille, la seule différence étant qu’on ne lui demanderait pas tant de jouer les baby-sitters que les inspecteurs des travaux finis. Et il valait peut-être mieux qu’il en soit ainsi, à en juger par le peu de connaissances que semblait posséder le bonhomme en la matière, se fendant d’un « Oh je le sais bien, mais la vraie question c’est plutôt : est-ce que j’arrive à y penser sur le moment ? » qu’on aurait pu penser des plus ironiques, mais dont le « Au cas où tu te demanderais, la réponse est non. » ajouté ensuite assurait qu’il n’en était rien. « Mais je te remercie pour ta bienveillance, maître Jedi du bricolage, tu viens de t’offrir la possibilité de participer aux délibérations quant au choix de nom du futur alpaga, en plus d’un droit de visite régulier et probablement d’une fournée de cookies de la part de Jules lorsqu’elle apprendra ton rôle dans tout ça. » Arborant l’un de ses poings en signe de victoire, Hassan s’était fendu d’un « Yes ! » à l’enthousiasme à peine exagéré, bien qu’il peine encore à croire que Juliana accepterait un seul instant de partager le toit de son appartement avec un alpaga, ordonnée comme elle était. Mais puisqu’il s’agissait donc de faire des plans sur la comète le brun y était joyeusement allé de son grain de sel en suggérant « Hassan c’est un très beau prénom. Et comme ça tu penserais sans cesse à moi. » avec innocence, avant que leur conversation ne soit finalement interrompue par l’arrivée de leur pitance. Parce qu’il n’avait avalé qu’un thé en vitesse avant de quitter sa maison et une barre chocolatée entre deux cours, Hassan se sentait comme capable d’avaler un lion et n’avait pas résisté à l’envie de piocher directement dans sa portion de frites. Après quoi, Alfie se désolant déjà par avance de n’avoir pas grand-chose d’autre de prévu que son atelier travaux pour occuper ses vacances et trouver, l’enseignant lui avait tout naturellement proposé de se joindre à lui pour le match de cricket auquel il avait prévu d’assister le jeudi suivant « Je prends ! » que s’était alors exclamé le principal intéressé avec un enthousiasme qu’on aurait presque pu confondre avec du soulagement « En plus, le bleu c’est pile poil ma teinte, je vais enfin avoir l’occasion de le prouver. » Tiens donc. « Par contre, je te remercie pas, parce que ça sent le fish & chips avant et après match, alors que j’essaie vraiment d’arrêter les excès, et boom, tu me balances ma faiblesse à la figure. » Sourire narquois sur les lèvres, Hassan avait jeté un œil avisé à la tourte à la viande encore fumante trônant dans l’assiette d’Alfie « Je vois ça, oui. » Attrapant le poivre sur un coin de la table, il en avait aspergé copieusement son poisson puis avait repris « Heureusement, tes tribulations en skateboard devraient te permettre d’éliminer tes excès en un rien de temps, et même ta dulcinée n’en saura jamais rien. » Et là encore, ce qu’on ne savait pas ne pouvait pas faire de mal, pas vrai ? « Je t’aurais bien proposé d’amener ton coloc’ avec toi, mais j’ai que deux places et le match affiche complet depuis une bonne semaine. » Jamais contre l’idée de rencontrer de nouvelles personnes, Hassan était ce genre de bonhomme à estimer que les amis de ses amis étaient forcément ses amis – la chose lui avait bien joué des tours une fois ou deux, mais pas suffisamment pour qu’il n’en fasse une généralité. Laissant passer quelques secondes durant lesquelles il avait pesé le pour et le contre de sa question suivante, il avait toutefois fini par s’y risquer « Tout va bien entre vous … ? Jules et toi. » L’excès d’enthousiasme, la recherche d’une excuse pour s’éclipser de l’appartement, et surtout ce coup de téléphone rejeté sans hésitation peu après s’être attablé laissaient à penser que tout n’était peut-être pas au beau fixe chez les Maslow-Rhodes.
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| | | | (#)Lun 9 Sep 2019 - 8:42 | |
| Si Alfie connaît principalement Qasim à travers les anecdotes et les nouvelles que lui transmet à quelques occasions Hassan, cela ne l’empêche néanmoins pas de compatir sincèrement de tout son être avec l’ainé Jaafari, qui possède au triple ce qu’Alfie ne veut pas même avoir en un exemplaire. Pour s’occuper parfois d’Anabel, l’anthropologue a un avis très tranché sur les enfants : ils sont adorables, il est vrai, mais aussi terriblement fatigants. Et s’il reconnaît qu’il apporte un bonheur non négligeable, pour l’instant celui-ci ne lui apparaît pas comme essentiel à sa vie ; et il peut sans autre s’en passer. Le discours de son collègue ne fait que confirmer cette impression de se tenir loin de ses êtres miniatures pendant encore un certain temps, et dans tous les cas, il espère ne pas être à la tête de la même tribu que Qasim. Alors oui, il compatit pour ce frère tombé au combat, parce qu’il n’ose imaginer la difficulté de gérer une telle situation et même s’il semble néanmoins heureux de cet ajout à la famille Jaafari, il n’empêche que cela apporte son lot de conséquences non négligeables. Des conséquences qu’Hassan, en bon frère (ou pour entretenir cette réputation d’oncle préféré comme il le mentionne) permet d’atténuer. « Attends, attends… ça veut dire que la tasse ‘’world’s best uncle’’ que t’as sur ton bureau, elle t’a vraiment été offerte ? Moi qui pensais que t’essayais de forcer le destin. » Qu’Alfie rétorque avec un léger rire, parce qu’à aucun moment il ne doute que les neveux d’Hassan puissent l’adorer et saisir chaque occasion de passer du temps avec lui. Du côté de son programme de vacances à lui, inutile de dire que l’occasion qu’il aurait saisie, c’est celle de justifier une phobie pour la ville de Melbourne afin de s’éviter les travaux chez la sœur de Jules. Mary est… gentille, c’est un peu le seul adjectif qu’il peut lui attribuer, et il n’est pas certain qu’il soit adéquat compte tenu du fait qu’il persiste à penser que celle-ci a toujours une idée derrière la tête le concernant et qu’il n’est absolument pas rassuré en sa présence, ni de la savoir aussi fusionnelle avec Jules (mais il n’a pas son mot à dire sur leur relation, de toute façon et quand bien même il le ferait, il se doute qu’on s’en fout complètement de son avis). Dans tous les cas, la cadette Rhodes regrettera rapidement d’avoir quémandé son aide compte tenu de la maladresse (pourtant légendaire, à se demander si elle ne cherche pas un moyen de justifier une inimité) du brun. Alfie est parfaitement capable de lire un manuel pour assembler un meuble, ou de se renseigner sur les circuits électriques pour rétablir le courant chez lui, seulement, il n’est pas capable de suivre un plan de A à Z, et souvent, il emprunte des raccourcis qui n’en sont pas. Il lui suffit d’écouter de la musique alors qu’il visse un meuble, pour oublier où allait la vis initiale qu’il avait de la main après s’être enjaillé tout seul sur du Boney M, et décider que puisqu’elle rentre dans cette planche ; elle ira ainsi là (bien-sûr, ça implique d’être parfaitement outré lorsque le meuble en question finit par s’effondrer après à peu près dix minutes d’utilisation). Alors non, couper l’eau n’est pas une évidence pour lui parce que ce n’est pas explicitement dans les tâches qu’il doit réaliser (pour lui, changer un lavabo = démonter le lavabo, point). Toutefois, la bienveillance d’Hassan peut limiter les dégâts et Alfie, reconnaissant, ne manque pas d’assurer à son ami que son geste est honorable et apprécié à sa juste valeur. « Hm, laisses-moi imaginer les choses… ‘’À la douche Hassan, ça peut plus continuer comme ça’’, ‘’Hassan, non, tu ne peux pas monter Odie’’, ‘’Hassan, arrête de me lécher le visage’’, ‘’Hassan, on ne fait pas pipi sur les copies des étudiants’’ … » Il pourrait poursuivre encore et encore ; et il le fait un bref instant dans sa tête. ‘’Hassan, on ne fait pas ses besoins au milieu du salon’’, ‘’Hassan, on essaie pas de sauter par la fenêtre’’, ‘’Hassan, cesse donc de manger tes crottes’’, ‘’Hassan, le canapé n’est pas une femelle, laisse-le tranquille’’… « Tu penses toujours que c’est une bonne idée ? » Qu’Alfie ponctue avec un haussement d’épaules et un sourire amusé, avant de rapidement reprendre quand il y songe un peu plus en détails : « Ouaaaaais, c’est carrément une bonne idée, en fait ! » L’alpaga se nommera donc Hassan. « En plus, comme ça, si un jour on vient à se détester, j’aurai qu’à l’abandonner sur une autoroute pour me sentir mieux. » Mais autant dire que c’est une perspective qui ne lui paraît pas envisageable. Contrairement à celle de s’emmerder comme un rat mort pendant ses vacances ; parce qu’il se doute que Jean, Rhett et Hassan n’apprécieront pas forcément qu’il trouve des retransmissions de n’importe quel sport justifiant qu’ils se voient, encore moins que les Street accepteront de répéter à peu près… deux fois par jour. Il lui faut ainsi trouver un moyen de contrer cet ennui qui pointe le bout de son nez avant qu’il ne l’atteigne. Autant dire que la proposition d’Hassan, même si ce n’est l’histoire que de quelques heures, est fortement appréciée. Alfie dessine déjà le programme ; tout d’abord un passage obligé dans un centre commercial pour acheter le maillot, puis évidemment le plus important après (avant ?) le match : remplir son estomac. Alfie hausse les épaules d’un air innocent alors que le regard d’Hassan se porte sur son plat, avant d’afficher un bref sourire à la suite de ses réflexions. « Tu es un vrai ami, Hassan. » Qu’il surjoue, parce qu’on ne peut pas dire que Jules se plaigne de sa condition physique (contrairement à sa mère qui le supplie de manger plus compte tenu de sa silhouette, alors qu’il passe déjà ses journées à engloutir tout ce qu’il trouve). Parlant de ça, son estomac se rappelle à lui, et Alfie entame sans plus attendre son plat, quitte à se brûler au passage et à manquer de s’étouffer quand Hassan s’excuse de ne pas pouvoir emmener Joseph avec eux. Avalant une gorgée d’eau, Alfie ne tarde pas à reprendre ses esprits et à laisser échapper un rire sincère. « Dieu merci, parce que c’est pas trop son truc. On verrait rien du match tant on devrait passer notre temps à tout lui expliquer et à répondre à ses questions. » Il ne précise pas que le truc de Joseph, c’est plutôt de revenir à moitié défoncé après trois jours d’errance, mais soit. « Et non, mon coloc n’a pas cinq ans, mais bien trente de plus. » Il précise avec un sourire amusé. Il apprécie beaucoup Joseph, mais non, il est hors de question que celui-ci ne côtoie son entourage plus que nécessaire. Reportant à nouveau son attention sur son plat, Alfie relève la tête, un peu surpris, à la question d’Hassan. « Euh… Oui ? » Peu sûr de lui plus parce qu’il ne comprend pas la question que parce qu’il n’arrive pas à se faire un avis sur celle-ci, Alfie finit par reporter complètement son attention sur Hassan après avoir jeté un coup d’œil à son téléphone sur le bord de la table. « Oh, tu sais, c’est juste que ça fait un an qu’on vit ensemble, je crois que la période de lune de miel est passée et qu’on prend conscience de tous les petits défauts de l’autre auxquels on prêtait pas attention au départ. » Et là, si Hassan lui demande d’énumérer les défauts de Jules, il serait bien embêté tant il ne lui en trouve pas. Mais elle en a, c’est certain. Seulement, il n’arrive pas encore à mettre le doigt dessus, ou plutôt, à les admettre. « Et puis, tu sais, avant elle, j’ai jamais vécu avec personne. Enfin, des colocs à la fac, mais jamais avec mes conjoints, alors, c’est encore nouveau et un peu… flippant, tu vois ? » Qu’il poursuit en haussant brièvement les épaules. C’est flippant de renoncer à toute mon indépendance, surtout. « J’ai pas encore réussi à m’adapter à tout, je dois dire. Mais c’est juste quelques tracas qui vont vite être oubliés, j’imagine que tous les couples passent par là. » Mais qu’est-ce qu’il en sait, au final, puisqu’il n’a jamais vraiment été en couple, ou pas au sens commun du terme, avant Juliana. « T’as pas vécu ça, avec Joanne ? » Qu’il finit par questionner, tandis que sa fourchette vient une nouvelle fois se planter dans sa tourte.
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| | | | (#)Mar 12 Nov 2019 - 2:40 | |
| Inutile de dire qu’il n’y avait à ses yeux bien que Juliana et son besoin d’ordre et de propreté – qu’il comprenait et partageait, au demeurant – pour empêcher que l’opération alpaga de compagnie ne devienne un jour une réalité. Alfie en était capable, aussi capable que d’attendre d’avoir récupéré le dit alpaga avant de songer à ses questions plus terres à terre telles que : un appartement du centre-ville est-il adapté à la possession d’un camélidé ? La preuve, la bestiole n'avait pas encore de chez-elle adapté, mais elle avait déjà un nom – et pas n’importe lequel. « Hm, laisses-moi imaginer les choses … ‘’À la douche Hassan, ça peut plus continuer comme ça’’, ‘’Hassan, non, tu ne peux pas monter Odie’’, ‘’Hassan, arrête de me lécher le visage’’, ‘’Hassan, on ne fait pas pipi sur les copies des étudiants’’ … » Évidemment, présentées ainsi les choses n’avaient pas le même charme. « Tu penses toujours que c’est une bonne idée ? » Sentant la rhétorique dans la question, le brun avait laissé à Alfie le plaisir de répondre lui-même à la question en s’exclamant presque aussi vite « Ouaaaaais, c’est carrément une bonne idée, en fait ! En plus, comme ça, si un jour on vient à se détester, j’aurai qu’à l’abandonner sur une autoroute pour me sentir mieux. » L’arrivée de leur pitance tombant à point nommé, Hassan – l’enseignant, pas l'alpaga – s’était saisi de sa fourchette et l’avait pointée dans la direction de son ami d’un air faussement menaçant « Abandonne mon filleul sur une aire d’autoroute, et même les archéologues du prochain siècle ne retrouveront aucune trace de ton cadavre. » Ce qui, quand on connaissait le goût pour la violence d'Hassan, ressemblait à la menace d’un enfant de cinq ans. Soit. Pour l’heure ils ne se détestaient pas et Hassan l'alpaga n’était qu’un doux rêve, là où le match des Brisbane Heat du jeudi suivant était un projet tout aussi réel que le nombre de calories contenues dans la tourte à ma viande commandée par Alfie. « Tu es un vrai ami, Hassan. » Et comment, suffisamment même pour avoir envisagé un instant proposer au colocataire supplémentaire et temporaire du bonhomme de les accompagner. Une idée que l'anthropologue semblait avoir eu du mal à avaler, au sens propre comme au figuré « Dieu merci, parce que c’est pas trop son truc. On verrait rien du match tant on devrait passer notre temps à tout lui expliquer et à répondre à ses questions. Et non, mon coloc n’a pas cinq ans, mais bien trente de plus. » Chacun sa croix, comme on disait chez les adeptes de la trinité. Picorant ses frites en tentant au possible de ne pas passer pour un affamé, le brun avait pesé quelques instants les réactions et les agissements d'Alfie depuis le début du repas pour finalement se risquer à gratter du coté de Juliana. Ou plutôt du coté du fait que son ami semblait saisir toutes les occasions de l’éviter. « Euh … Oui ? » avait d’abord tenté de faire croire le concerné, mais d’un ton si peu sûr de lui qu’il n’avait pas eu besoin qu'Hassan fasse le moindre commentaire pour comprendre qu’il ne dupait personne. « Oh, tu sais, c’est juste que ça fait un an qu’on vit ensemble, je crois que la période de lune de miel est passée et qu’on prend conscience de tous les petits défauts de l’autre auxquels on prêtait pas attention au départ. » L’explication tenait la route, dans un sens. Et probablement qu'Hassan s’en serait contenté si Alfie n’avait pas aussitôt surenchéri en ajoutant « Et puis, tu sais, avant elle, j’ai jamais vécu avec personne. Enfin, des colocs à la fac, mais jamais avec mes conjoints, alors, c’est encore nouveau et un peu … flippant, tu vois ? » multipliant ainsi les excuses comme on avait tendance à le faire lorsque l’on n’assumait pas quelque chose. Tachant de ne pas avoir l’air de faire de reproche, l’enseignant s’était alors permis de faire remarquer « Je ne sais pas si un an, on peut toujours considérer ça comme de la nouveauté … » À moins d’être exagérément long au démarrage, ce qui vu l’énergie dont débordait continuellement Alfie, serait un véritable comble. « Mais je comprends. » Après tout, il était lui-même passé maître dans l’art du refus de s’engager … La différence étant simplement qu’il n’entendait plus tenter d’aller contre sa nature. « J’ai pas encore réussi à m’adapter à tout, je dois dire. Mais c’est juste quelques tracas qui vont vite être oubliés, j’imagine que tous les couples passent par là. T’as pas vécu ça, avec Joanne ? » Est-ce qu’il ne l’avait pas cherché, le renvoi d’ascenseur au sujet qui fâchait ? Probablement que si. S’autorisant néanmoins une bouchée de poisson avant de répondre, il avait dodeliné la tête pour marquer la nuance dans ce qu’il s’apprêtait à dire « Pas trop. Mais il s’est passé pratiquement trois ans avant qu’on emménage ensemble, et en soit elle n’a fait que prendre la place laissée vacante par Qasim quand il a emménagé avec ma belle-sœur. » Le changement n’avait donc pas été total pour lui puisqu’il était déjà en terrain conquis, concernant l’appartement tout du moins. « Et puis je n’avais jamais vécu tout seul, avant de divorcer. » De partager un toit avec ses parents il était passé directement à la colocation avec son frère, auquel avait succédé Joanne un peu plus d’une décennie plus tard. Le paradoxe avec Hassan résidait dans un besoin d’indépendance sans cesse contrebalancé par une peur terrible de la solitude. Qasim savait très bien ce qu’il faisait lorsqu’il avait convaincu son cadet de prendre un chien. « Enfin, si ce n’est que ça, ce n’est pas bien grave. Le jour où elle commencera à te jeter des regards en coin quand le mot mariage sera prononcé dans une conversation ou à la télévision, là tu pourras commencer à paniquer. » Et d’ajouter à la plaisanterie le sourire narquois de circonstance, avant d’engloutir une nouvelle frite, dont le nombre descendait à une vitesse hallucinante. Comme quoi il fallait vraiment qu’il cesse de sauter l’étape du petit déjeuner. « Ou quand elle commencera à glisser des sous-entendus sur les enfants. » Coup de grâce, bien qu'à ce sujet précis Hassan se soit dispensé de tout commentaire supplémentaire – sujet épineux, s'il en fallait.
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| | | | (#)Lun 2 Déc 2019 - 6:45 | |
| C’est avec un énorme sourire sur les lèvres qu’Alfie imagine désormais le quotidien d’Hassan l’alpaga domestique ; puisque cette discussion avec son ami aura permis au moins une chose : de rendre concrète cette idée jusqu’ici utopique. Mais parce qu’il a un nouvel objectif qui n’est pas seulement l’envie de posséder une telle bestiole, mais bien celle de la prénommer comme Hassan et d’ainsi avoir sa dose de fou rire quotidienne en fonction des phrases prononcées, Alfie en est désormais persuadé : ça sera fera. Il ne sait pas encore quand, ni où, et encore moins comment il pourra convaincre Jules, mais il a besoin d’un alpaga dans sa vie (qui n’en a pas besoin, en même temps ?). Alfie visualise sans difficulté de quoi sera désormais faite sa vie ; et les longues balades dans les rues de Brisbane avec Hassan, les réveils en ayant cette petite tête qui vous regarde amoureusement, les teintures d’Halloween et de Noël qu’il lui fera (puisque l’animal sera blanc, c’est aussi acté), jusqu’à son abandon sur une aire d’autoroute si avoir un rappel constant de son amitié avec Hassan si celle-ci vient à être brisée est trop douloureux à supporter. C’est lorsque son ami s’oppose à cette perspective qu’il revient à lui, non sans légèrement sursauter, alors que son regard se porte sur la fourchette menaçante utilisée par Hassan. « D’accord, d’accord, j’efface l’idée de mon crâne. » Non, trop tard, elle a été pensée, elle est désormais stockée. « Mais, tu marques un point. » Même si ce n’était probablement pas son attention. « C’est ton filleul, il appuie le terme, donc si ça se passe mal et que j’en veux plus, t’as la responsabilité de t’en occuper. » Bon, pas totalement, mais il décide que c’est le cas. « Alors ne t’étonnes pas si un jour tu le retrouves sur ton palier. » Il conclut avec un haussement d’épaules avant de reporter son attention sur son plat qu’il dévore sans se faire prier. Tout comme il ne se fait pas prier pour accepter l’invitation de Hassan au match (sans réaliser que le jeudi, c’est soirée séries avec Jules et qu’il faudra bien qu’il justifie son absence ou trouve un excellent motif pour éviter la dispute). Pour l’heure, le plus important est la perspective de passer une soirée loin de la sédentarité que personnifie son appartement et qui commence à lui être désagréable. Même s’il le niera à quiconque lui demande la raison de cette sortie, et qu’il se contentera de prôner l’envie de passer un bon moment avec un ami qui lui est cher. Dans tous les cas, ce n’est pas un mensonge, c’est une perspective qui reste bien plus agréable que celle de s’imposer la présence de Mary et son Ken en plastique (est-ce qu’Alfie a une mauvaise image du conjoint de cette dernière ? Parfaitement). Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, l’hypothèse d’inviter Joseph à se joindre à eux tombe à l’eau avant même d’être concrète. Multipliant les coups de fourchette pour réduire en poussières son repas, Alfie s’interrompt dans celui-ci lorsqu’Hassan lui pose une question qui ne manque pas de le faire tiquer. Bien-sûr que tout va bien entre Juliana et lui, et il ne s’agit pas de se faire semblant, mais c’est la réalité. Il ne dirait pas qu’il s’agit de l’apogée de leur relation, mais il n’a aucun problème avec la jeune femme, elle est toujours aussi parfaite à ses yeux, il se sent toujours aussi chanceux à ses côtés et il est toujours éperdument amoureux d’elle. Seulement, il partage désormais la totalité de son quotidien avec elle, quelque chose dont Alfie n’est pas encore habitué, et c’est plutôt cette impression de constamment marcher l’un sur l’autre, de toujours rendre des comptes à l’autre, de simplement être toujours avec l’autre qui commence à lui être bizarre. Ce n’est pas une habitude pour lui de vivre ainsi, et cela rend les choses quelque peu compliquées par moment. « Alors disons seulement que mon temps d’adaptation est un peu plus long que d’ordinaire. » Il rétorque à Hassan lorsque celui-ci fait remarquer qu’il ne s’agit plus réellement de nouveauté. Il n’a pas tort, même si dans un sens, Alfie perçoit les choses ainsi. Les premiers mois, c’était facile, il suffisait de se dire que Jules n’est qu’une colocataire comme il en a eu d’autres, ou un plan cul qui devient régulier et auquel on s’attache au point de vivre par intermittence chez l’un et l’autre (mais la comparaison est foireuse compte tenu du lien bien plus fort que ça qui l’unit à Jules), et le fait de réaliser qu’il s’est réellement investi auprès d’elle commence à devenir une évidence, pour quelqu’un qui n’aurait jamais voulu en voir une avec qui que ce soit d’autre. Dans tous les cas, cette conversation ne fait que lui confirmer qu’il est foutrement à côté de la plaque et qu’encore une fois, il vaut mieux garder ses sentiments pour lui au risque de passer pour un ingrat, ou un idiot. Il ne sait pas trop dans quelle catégorie le range Hassan, toujours est-il qu’il a l’impression d’être stupide face à tout ceci. Il a une conjointe merveilleuse, patiente, aimante, les qualificatifs manquent pour la décrire, et il se retrouve à douter, sans pour autant regretter quoi que ce soit. C’est un mélange bien compliqué, et bien inexplicable, qu’Hassan a peut-être dû connaître avec Joanne, du moins, il l’espère. Car ainsi, il pourra peut-être réellement comprendre la problématique, mais la réponse de son ami lui confirme que ce n’est pas le cas. « Mais sans parler d’une question de temps, comment t’as fait avec… l’adaptation, justement ? » Il demande, un peu hésitant, ne sachant pas si parler de son mariage échoué est réellement une bonne chose. « Je veux dire, avant, si je voulais rester au travail plus longtemps, si je voulais sortir avec des potes, ou partir pour le week-end, ça dépendait que de moi, et uniquement moi. » Réalisant ce que sa phrase laisse présager, il reprend rapidement. « Attends, je jette pas la faute sur Jules, au contraire, elle est tellement conciliante que c’en est presque inhumain. » Presque. « Mais je… enfin, bref. » Il ne regrette pas son indépendance, car Jules lui permet de conserver une certaine liberté. Disons plutôt que le fait que le choix ne repose plus exclusivement sur lui est quelque chose sur quoi il doit travailler. Un peu comme une personne qui ne voudrait pas d’enfants mais se retrouve privé de la possibilité d’en faire, ou d’un manchot qui désire porter un pull à manches longues : ce n’est pas tant l’acte que le fait d’avoir soi-même le choix qui importe. « Et pour le reste... » Qu’il commence, se ruant instinctivement sur son plat alors qu’il se remémore les propos d’Hassan. Peu problématiques à la première écoute, et presque susceptibles de lui causer une crise de panique à la seconde. « Je ne pense pas que ce soit à l’ordre du jour. » Il se rassure avec un sourire, songeant aux indices que Jules aurait pu laisser, mais n’en voyant aucun. « On est ensemble depuis trois ans, on vit sous le même toit que depuis un an, c’est un peu tôt. On a le temps. » Il précise, car effectivement pour lui parler mariage et avoir un enfant est précipité même s’il se voit dans le futur avec Jules, mais dans sa tête ils n’en sont qu’au début de leur histoire. Du moins, c’est ainsi qu’il voit les choses, mais puisque Jules ne l’a jamais persuadé qu’elle attendait d’autres choses, il croit naïvement qu’ils sont forcément sur la même longueur d’ondes. « Et puis, tu sais, elle a passé son adolescence à s’occuper de ses frères et sœurs. Et même si je sais qu’elle a ça dans le sang, elle passe sa vie à s’occuper des autres. Sa famille, ses amis, même moi… J’aimerais juste qu’elle se rende compte qu’elle a le droit de vivre pour elle, aussi. » Qu’il ajoute en songeant aux multiplies sacrifices qu’a dû faire Jules au cours de sa vie ; et de fait il espère que la jeune femme a dans l’intention de profiter de sa vie telle qu’elle est ainsi (et il lui semble que ce soit le cas en vue de la manière dont il parvient à la faire sortir de sa zone de confort pour qu’elle cesse de se cacher derrière des barrières qui l’empêchent trop souvent de faire ce qu’elle, elle veut), sans que les enfants ne soient une priorité même s’il imagine sans peine qu’il s’agit d’un projet pour elle. Mais peut-être que s’il se persuade que n’en avoir pas encore parler implique d’être d’accord sur le sujet, ce sera effectivement le cas. « Et vous-. » Alfie s’interrompt finalement en réalisant qu’il ne peut lui retourner la question, affichant un air désolé sur le visage. « Désolé. » Il glisse avant de baisser le regard sur sa tourte et de hausser les épaules. « De toute, faut que j’arrête de te tenir la jambe, t’es pas mon psy. Et puis, c’est vrai, c’est pas bien grave, ça change rien entre nous. » Il confirme, cette fois sûr de lui, car s’il y a une évidence, c’est qu’il ne s’imagine pas séparé de la jeune femme. « C’est pour Amnesty, que tu descends sur Sydney ? Je commence à croire que tu cherches une reconversion professionnelle. » Il se permet de commenter, non pas pour changer de sujet, mais parce qu’engagé dans diverses causes, c’est un sujet qui intéresse véritablement Alfie.
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| | | | (#)Mar 24 Déc 2019 - 13:42 | |
| Hassan avait beau s’être fait l’amis des animaux de manière récente – il ne les avait jamais détestés, bien sûr, mais n’avait avant Spike jamais envisagé la possibilité d’en adopter un – il restait très terre à terre dans ses choix. Et si sa préférence allait clairement aux chiens il pouvait tolérer et même apprécier occasionnellement la présence des chats, comprendre le compromis derrière la possession d’un rongeur, et même envisager la possession de poissons quand bien même il semblait à ses yeux plus simple et moins contraignant de se tourner vers les bibelots si l’on souhaitait embellir son salon. Mais l’alpaga ? Cela surpassait sans doute un peu le seuil de ses compétences, et même le seuil du raisonnable de manière plus générale, là où Alfie semblait non seulement ne pas y voir le moindre problème mais même y trouver une certaine logique. « D’accord, d’accord, j’efface l’idée de mon crâne. » avait-il, de ce fait, fait mine de maugréer avant de reprendre avec aplomb « Mais, tu marques un point. » Ah. « C’est ton filleul, donc si ça se passe mal et que j’en veux plus, t’as la responsabilité de t’en occuper. Alors ne t’étonne pas si un jour tu le retrouves sur ton palier. » Plissant les yeux, jouant la carte de la suspicion avec autant de théâtralité qu’Alfie jouait celle de la nonchalance, il s’en était tenu à un « Je suis pratiquement sûr que ce n’est pas ce que disent les petits caractères en bas du contrat de parrainage. » circonspect qui avait clos là la discussion, principalement parce que l’un et l’autre mourraient de faim ou presque. L’urgence de leur appétit un tant soit peu étanchée néanmoins, Hassan n’avait pas su s’empêcher de gratter le vernis de ce qui semblait être un malaise momentané entre Alfie et sa douce. Ou tout du moins était-ce l’image qu’en donnait le fait que l’anthropologue rejette son appel à deux reprises en grimaçant nerveusement, niant pourtant d’abord l’existence du moindre souci avant d’admettre d’un ton hésitant ce qu’il qualifiait lui-même de broutilles. Mais des broutilles qui visiblement le faisaient cogiter. « Alors disons seulement que mon temps d’adaptation est un peu plus long que d’ordinaire. » Semblant vouloir en rester là, et Hassan ne manquant pas de délicatesse au point de ne pas le comprendre, ce dernier aurait pu faire mine de ne pas vouloir chercher plus loin. Contre toute attente, ce fut alors Alfie qui, après quelques secondes de réflexion, s’était décidé à reprendre avec une hésitation à peine dissimulée « Mais sans parler d’une question de temps, comment t’as fait avec … l’adaptation, justement ? » Pesant ses mots comme rarement Hassan l’avait vu faire, le musicien avait tenté de paraitre plus clair « Je veux dire, avant, si je voulais rester au travail plus longtemps, si je voulais sortir avec des potes, ou partir pour le week-end, ça dépendait que de moi, et uniquement moi. » avant de se reprendre presque aussitôt « Attends, je jette pas la faute sur Jules, au contraire, elle est tellement conciliante que c’en est presque inhumain. Mais je … enfin, bref. » d’un air déconfit. « Non mais t’inquiètes, je comprends ce que tu veux dire. » lui avait alors aussitôt assuré le brun, compatissant. « Le truc c’est qu’il n’y a pas vraiment de solution miracle. Le couple c’est une affaire de concessions … Le tout c’est de savoir si on aime suffisamment l’autre pour s’en accommoder. » Conscient de ne pas faire preuve d’un romantisme accablant avec cette réponse, Hassan se l’autorisait néanmoins en sachant à qui il avait affaire ; Alfie comprendrait. « Quand j’ai rencontré Joanne ça faisait dix ans que je m’étais habitué à ne plus rendre de comptes à personne en dehors de Qasim, fatalement ça m’a demandé de bousculer pas mal de mes certitudes et ça m’a fait me demander si j’en avais véritablement envie … » Mais au bout du compte, il avait décidé que oui. Pas sans quelques périodes de doutes et de remises en question, certes, et il doutait d’être à nouveau capable de réitérer l’exploit avec quelqu’un d’autre à l’avenir, mais à l’époque c’était le chemin qu’il avait décidé de suivre et faute d’avoir survécu au temps c’était un chemin qui pendant dix années supplémentaires l’avait rendu heureux malgré tout. « Et pour le reste ... Je ne pense pas que ce soit à l’ordre du jour. » avait alors repris Alfie, d’un ton cette fois-ci plus résolu. « On est ensemble depuis trois ans, on vit sous le même toit que depuis un an, c’est un peu tôt. On a le temps. » Encore une fois, « un peu tôt » était une question de point de vue – mais par peur de passer pour un rabat-joie sans doute, Hassan s’était gardé de faire remarquer qu’à trop croire que l’on avait le temps on finissait comme lui, à regretter l’époque où on l’avait effectivement. « Et puis, tu sais, elle a passé son adolescence à s’occuper de ses frères et sœurs. Et même si je sais qu’elle a ça dans le sang, elle passe sa vie à s’occuper des autres. Sa famille, ses amis, même moi … J’aimerais juste qu’elle se rende compte qu’elle a le droit de vivre pour elle, aussi. » Il avait fallu quelques secondes au brun pour réaliser que si les mots d’Alfie lui avaient soudainement serré un peu le cœur, c’était parce que la description lui rappelait quelqu’un d’autre. Mais ajouter Yasmine à l’équation, actuellement, n’était définitivement pas la chose à faire. « Et vous- … » Comprenant à la façon dont Alfie s’était pincé la lèvre avec confusion qu’il parlait des enfants, Hassan avait haussé les épaules lorsque son ami s’était fendu d’un « Désolé. » maladroit et ne lui en avait pas tenu rigueur. « Si ça ne s’est pas fait c’est que ça ne devait pas se faire. C’est ce que je préfère me dire. » Certains avaient des enfants, d’autres avaient des cancers … La loterie cosmique dans toute sa splendeur et son injustice, mais le déplorer n’y changeait rien. « De toute, faut que j’arrête de te tenir la jambe, t’es pas mon psy. Et puis, c’est vrai, c’est pas bien grave, ça change rien entre nous. » Pour réponse le brun avait haussé les épaules : après tout, c’était lui qui avait posé la question en premier lieu. Consentant néanmoins à ne pas insister plus lourdement, il s’était simplement contenté de conseiller « Parle-lui. Tu l’aimes et elle t’aime … c’est la seule configuration dans laquelle on peut tout se dire. » Et sur ces bonnes paroles, Hassan avait abandonné la fourchette pour attaquer ses frites avec ses doigts, comme il aurait dû le faire depuis le début. Changeant totalement de sujet, Alfie avait fini par reprendre après s’être un temps recentré sur son assiette lui aussi « C’est pour Amnesty, que tu descends sur Sydney ? Je commence à croire que tu cherches une reconversion professionnelle. » Arborant un sourire amusé, l’enseignant avait souligné « Gwen m’a dit exactement la même chose avant-hier. » sans pour autant qu’il s’agisse d’une confirmation. « Entre autres. Mais je dois aussi déjeuner avec le chef du département de relations internationales de l'UNSW. C’est un de mes anciens profs, il aimerait me faire changer de crèmerie. » Conscient que sa phrase pouvait laisser planer le doute, il s’était empressé d’ajouter « Pas que je prévoie de quitter l'UQ ... Mais bon, pourquoi pas donner quelques cours en supplément, quitte à être à Sydney presque une fois par semaine. Ça rentabiliserait le trajet. » Dans tous les sens du terme. Marquant une brève hésitation, le brun avait pincé ses lèvres l’une contre l’autre « Ça fait dix ans que je travaille ici ... J’ai envie d’un peu de neuf. Et chez Amnesty je manque de légitimité pour faire plus que ce que je fais actuellement, ce qu’il leur faut ce sont des gens de terrain. » Et Hassan n’en était pas un, bien au chaud dans son petit cocon australien ; Une frustration, parfois, s’il repensait à certaines opportunités qu’il avait volontairement déclinées par le passé, guidé à cette époque-là par d’autres priorités.
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| | | | (#)Lun 10 Fév 2020 - 23:06 | |
| « Je suis pratiquement sûr que ce n’est pas ce que disent les petits caractères en bas du contrat de parrainage. » Secouant la tête de gauche à droite, Alfie demeure muet mais n’en pense pas moins ; la bouche pleine il se contente de lancer un regard désapprobateur mais amusé à son ami, l’air de dire « pas dans mes contrats à moi », ce qui est, en réalité, totalement ce qu’il souhaite souligner. Il ne s’épanchera pas sur la question car Hassan s’en fout très probablement, mais le code Maslow-Rhodes qu’il a pris soin de rédiger depuis leur anniversaire n’est que le premier d’une longue série. Sans le savoir, Jules a donné naissance à un monstre avec sa broutille qui devait être oubliée à l’issue de la soirée. Or, Alfie a adoré cette perspective de rédiger son propre contrat, selon ses propres règles (en partie). Autant dire qu’Hassan n’a pas vraiment conscience de ce à quoi il échappe, car outre le fait de devoir accepter son filleul lorsque celui-ci sera sur son palier, probablement que l’anthropologue prendra plaisir à ajouter un « et à lui faire sa toilette avec un savon au lait d’ânesse de meilleure qualité » ou autres « le nourrir exclusivement de tofu fermenté pendant seize jours et dix-huit heures ». Et sans surprise, le voilà qui se perd dans le dressage de cette liste qui ne sortira pas des limites de son imagination, et c’est lorsqu’il manque de faire tomber sa fourchette qu’il revient à lui. S’épanchant un peu plus que d’ordinaire quant aux questionnements qui sont les siens depuis peu, Alfie finit par verbaliser ses impressions quant à sa vie à deux. Il ne pourrait pas parler de doutes compte tenu du fait qu’il ne regrette pas de partager son quotidien avec Jules et qu’il a clairement gagné à la loterie de la compagne parfaite. Elle l’est, tout simplement, et peut-être qu’on peut penser qu’il manque d’objectivité, mais c’est la vérité. Malgré ce qu’il ressent, son impression de ne plus être aussi libre qu’il l’était un temps, il ne rejette pas la faute sur Juliana, parce qu’elle l’a toujours laissé profiter de son quotidien, le sien, celui qu’il ne partage pas avec elle, sans jamais poser de questions ou exiger des comptes. Il ne les lui aurait pas rendu, de toute évidence, et peut-être est-ce la raison pour laquelle elle n’a jamais essayé ; parce qu’elle sait pertinemment qu’elle ne peut pas le retenir de mener sa vie comme il le veut. Toutefois, il l’en remercie de ne pas avoir essayé. Ou presque. Écoutant avec attention Hassan lorsque celui-ci entreprend de reprendre la parole, Alfie acquiesce lorsqu’il parle de concessions. Peut-être est-ce ça le problème. Il en a tellement fait quand il était plus jeune qu’il ne les accepte plus à l’heure actuelle, et que cela peut commencer à dessiner les contours d’un problème qui explosera sur le long terme. Malgré tout, il y a une chose dont il est certain : il aime suffisamment Jules pour le faire, en démontre ses tentatives de conserver un certain ordre dans l’appartement alors qu’il est connu pour être bordélique, et les quelques habitudes de garçon célibataire qu’il a abandonné au fil des mois. « Envie, je ne sais pas, mais ce qui est sûr, ce que je l’aime suffisamment. » Et finalement, c’est tout ce qui compte et c’est sur cette conclusion qu’il préfère clore le sujet, terminant par un « merci » sincère alors qu’il se sent un peu plus léger qu’à son entrée dans ce pub. Malheureusement, ça ne dure qu’une fraction de seconde alors qu’il s’épanche sur la question de la suite logique de cette série d’engagements, et qu’il en vient à faire une bourde en manquant d’évoquer la perspective des enfants avec un Hassan qu’il sait pourtant incapable d’en avoir. Manquant de préciser à Hassan qu’il s’en sort plutôt bien, n’ayant que les avantages de s’occuper des enfants de son frère sans tous les désavantages que cela est d’avoir les siens au quotidien, Alfie se pince la lèvre en prenant conscience qu’il ne s’agit peut-être pas d’un ton d’humour approprié à la situation. Acquiesçant une nouvelle fois alors que son ami lui suggère de parler à Juliana, Alfie a pourtant conscience que la communication est une capacité qu’il a cruellement besoin de développer. Pas uniquement pour le bien de son couple, mais aussi pour le sien, et celui de son entourage de manière générale. Pourtant, cela fait des années qu’il se le répète, sans jamais mettre ce projet à exécution ; et probablement qu’aujourd’hui ne fera pas exception à la règle et qu’en rentrant chez lui tout à l’heure, il se contentera de déposer ses lèvres sur celle de Jules en lui racontant sa journée et en passant sous silence certains détails. Préférant changer de sujet, pas seulement pour reprendre contenance mais aussi parce qu’il est véritablement intéressé par celui-ci, Alfie interroge son collègue sur ses nombreux séjours à Sydney, qui pourraient presque ouvrir la perspective d’une nouvelle carrière. Esquissant un sourire alors qu’il réalise être l’écho de Gwen, l’anthropologue se veut silencieux alors qu’il écoute Hassan détailler les faits. « Si ça te fait envie, lance-toi. C’est une belle opportunité, il ne faudrait pas que tu la regrettes. » Qu’il se permet de commenter, avec d’esquisser un fin sourire. « Enfin, vu comme tu en parles, j’ai l’impression que ta décision est déjà prise. » Il semble plus se projeter dans le futur que de véritablement y songer au conditionnel. Dans tous les cas, Alfie le soutient dans sa décision, et il espère malgré tout que son ami saisira cette opportunité Si ça se passe mal, il n’aura qu’à arrêter les frais après un semestre ou une année. Mais il aura le mérite de ne pas avoir de regrets. « Il n’est pas trop tard pour devenir un homme de terrain. » Qu’il glisse par la suite en haussant les épaules, l’air détaché, mais le regard entendu, alors qu’il reporte son attention sur son plat. Et finalement, ce conseil pourrait lui être destiné, mais Alfie n’y songe pas un seul instant, ou ne préfère pas le faire, parce qu’il est bien connu qu’il est plus facile de dire aux autres ce qu’ils doivent faire que de se convaincre soi-même d’agir.
- sujet terminé -
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| | | | | | | | (hassan) don't matter now |
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