Another head aches, another heart breaks, I am so much older than I can take, And my affection, well it comes and goes, I need direction to perfection.
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Quand elle ouvre la porte Emma doit s’attendre à tout, du cheval dans le salon jusqu’à la troupe de cirque fumant le calumet de la paix en tailleur dans sa cuisine, tout sauf Joey qui s’épile les jambes avec son rasoir. Levant les yeux vers sa sœur (il pensait être seul dans l’appartement pendant au moins une bonne heure encore) le blond affiche son sourire le plus hypocrite, faisant exprès d’accentuer ses gestes pour énerver un peu plus son aînée qui se trouve maintenant à deux doigts de lui envoyer son sac à main dans la gueule. « Tu me dégoutes ». Soufflant sur les lames pour faire disparaître les poils Joey fait rouler ses yeux dans leurs orbites avant de saisir du rasoir pour le faire glisser sous aisselles. « Attend de voir ce que je m’épile après ». Taquin, joueur, un peu immature aussi, le Lawson ne trouve comme réponse que la porte de la chambre qui claque dans un bruit sourd, couvrant à peine les insultes qu’elle déverse sur lui sans même prendre le temps de respirer. Round un : Joey. Mais le blond savait pertinemment que sa sœur n’avait pas dit son dernier mot, et qu’elle trouvera – tôt ou tard – un moyen de le faire craquer, comme cette fois où elle avait changé les serrures pour être sûre qu’il ne trouve qu’une porte close, mais un appel à ses parents et une engueulade plus tard Emma avait dû se résoudre à lui donner un double clé, sous peine de se voir retirer l’amour de papa et maman. Faisant glisser une cigarette dans sa bouche et son téléphone dans ses mains Joey avait balayé du pouce la grande liste de contact (la plupart inutile) de son répertoire avant de s’arrêter sur le numéro d’Aflie, son héros, son modèle. Alfie était le seul mec capable de raisonner un peu Emma, mais aussi le seul qui lui avait brisé le cœur des années plus tôt en la quittant pour un homme. La Lawson n’avait pas supporté cet affront, préférant rejeter la faute sur Alfie alors que c’était clairement elle le boulet dans cette relation, et Joey avait pris le parti du Maslow plutôt que celui de sa sœur, parce que ça le faisait rire de savoir qu’il avait réussi à foutre le bordel dans la vie si bien organisée de Mme Parfaite. « SOS… la mal baisée va trouver un moyen de m’étrangler dans mon sommeil… need help ! + Un mec a fait des trucs chelous avec des plumes qui dansent quand tu passes devant, wanna see ? » A peine le message envoyé Joey avait enfoncé ses jambes nues dans un pantalon (et la sensation de douceur n’avait pas de prix) avant d’attraper une poignée de dollars caché derrière les tuyaux de la salle bain, réserve personnelle de sa sœur qui pensait son frère trop con pour démonter un bout de plastique (bon, il avait galéré la première fois, certes). « Je sors, c’est le moment d’en profiter pour jouer avec ton canard en plastique » Il aurait voulu rajouter ‘frustrée’ à la fin de sa phrase mais ça aurait sans doute mis la jeune femme encore plus en colère, si possible vu que la seule réponse qu’elle offrit à Joey fut un ‘connard’ crié haut et fort.
Enfonçant profondément ses mains dans les poches pour contre la brise automnale qui allait lui donner des plaques rouges, Joey pris la direction de Streets Beach où l’exhibition avait lieu. Sur son chemin il roula un joint aux odeurs familières, bien qu’un peu fortes, sous le regard médusé d’un papy accompagné de sa petite fille. Le monde afflue déjà vers l’attraction positionnée en bord de mer, un assemblage de carton donne l’impression d’un labyrinthe alors que des machines soufflent des plumes dès qu’une personne se présente, créant un tourbillon coloré emprunt des passages à travers les cartons, donnant l’impression d’une course poursuite. Levant les yeux vers la foule il ne faut pas plus de quatre secondes pour que Joey reconnaisse le visage d’Alfie parmi tous les autres (parce qu’il était plus beau que la moyenne), se dirigeant d’un pas décidé vers son ami le Lawson ne peut s’empêcher d’asphyxier une jeune femme au passage, lui crachant sa fumée au visage. « T’es sur que tu veux pas la baiser ? » Cash, sans même prendre le temps de dire bonjour, Joey faisait déjà passé ses intérêts avant ceux d’Alfie. « Juste une fois, en souvenir du bon vieux temps. Je m’occupe de ta copine si tu veux. » Il n’y avait pas de doutes à avoir, le brun n’accepterai jamais de laisser sa copine une seconde avec Joey, même pour tout l’or du monde.
CODAGE PAR AMATIS
Dernière édition par Joey Lawson le Mer 17 Avr 2019 - 17:24, édité 1 fois
JOEY & ALFIE ⊹⊹⊹ Ain't no chariots of fire Come to take me home, I'm lost in the woods And I wander alone. Hellfire, hellfire Take my soul, I'm waiting, waiting, I'm ready to go.
Il en est le premier surpris, mais à cet instant précis, quelques secondes après avoir reçu le message de Lawson junior, Alfie voue un presque culte à Leonardo Grimes, au point d’envisager sérieusement d’allumer un cierge en son honneur. Le meilleur ami de Jules avec lequel le courant ne passe pas autant que la jeune femme le souhaite mais avec lequel les relations sont malgré tout un minimum cordiales, lui a, sans le savoir, ôté une épine du pied en proposant à Jules une soirée entre amis qui permet à Alfie de ne pas se confondre en excuses pour justifier son absence durant une bonne partie de la soirée. Des excuses qui auraient forcément été très crédibles aux yeux de la jeune femme, à coup de « la fac a appelé, y’a une réunion d’urgence pour savoir si on instaure le mercredi croque-monsieur à la cafet’ » ou autres « je reviens, j’ai pas compté le nombre de signalisations lumineuses entre l’université et notre appartement et je pourrai pas dormir tant que je le sais pas ». Pas qu’en temps normal Alfie soit obligé de rendre des comptes à sa petite amie sur ses déplacements – après trois ans de relation, l’un et l’autre peuvent se faire suffisamment confiance pour ne pas mettre en doute la parole de l’autre – seulement, l’anthropologue tend à accepter tout et n’importe quelle proposition de sortir qui lui permet d’éviter leur appartement. Pour autant, les réflexions déguisées de sa petite amie au cours de leur soirée d’anniversaire ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd, et Alfie essaie d’être plus présent depuis quelques jours – sans savoir que ses efforts ne seront que temporaires. Pour ce soir, donc, il peut répondre favorablement à la demande de Joey de se retrouver près de la plage artificielle du quartier naturel, dans le cadre d’une des installations de curiocity – ce qui ne manque pas de réjouir Alfie. Quelques jours plus tôt, il s’est déjà rendu avec Tad à l’une des expositions temporaires créée dans le cadre de ce festival, et Alfie avait réellement apprécié la soirée. Remettre ça ce soir n’est donc absolument pas déplaisant, même si la manière dont Joey lui a vendu la chose le rend bien plus sceptique sur cette performance que sur la précédente. Mais Joey a misé juste en s’adressant à lui, car c’est très exactement ce dont Alfie a besoin en ce moment, et en ce sens il n’est pas étonnant qu’il ait un tel attrait pour curiocity ; c’est hors du commun, ça change fortement de tout ce qu’on peut voir, et, forcément, ça le fait sortir de sa routine. Nul doute qu’il regrettera profondément le festival une fois que celui-ci sera terminé et que les installations aux quatre coins de la ville seront démantelées, et qu’il lui faudra à nouveau se creuser les méninges pour parvenir à trouver des activités qui parviennent à l’aider à trouver un intérêt à cette ville.
Dans l’immédiat, c’est le pas pressé qu’il traverse le quartier sud, jusqu’à parvenir à Streets Beach, et activer son radar à moustache de prépubère pour reconnaître la silhouette de Joey parmi la foule qui commence à se densifier. On pourrait se surprendre qu’Alfie reste proche du petit frère d’une femme à qui il a brisé le cœur – même si la réciproque peut également s’appliquer –, mais quand on y pense il n’est pas étonnant que les deux hommes s’entendent si bien de par leurs caractères respectifs qui se veulent compatibles. Alfie n’a que très rarement trouvé des personnes prêtes à le suivre dans ses délires, à s’en accommoder et mieux, à s’y intégrer, ainsi si sa relation avec Emma s’est terminée dans les cris et les insultes, Alfie a tout de même conservé un souvenir de celle-ci en la personne d’un Joey qui, s’ils avaient été un couple marié en pleine procédure de divorce, il aurait embarqué sous le bras comme ce chien foutrement ennuyant mais auquel on s’est suffisamment attaché pour demander la garde. Finalement, son radar ne s’éveille que lorsque c’est Joey le premier qui l’interpelle dans la foule, d’une discrétion qui lui est propre, avec une délicatesse à en étouffer des grands-mères. « C’est pas de vous qu’il parle, mademoiselle. » Qu’il précise dans un premier temps face au visage outré de la jeune femme non loin d’eux, tandis qu’Alfie jette un coup d’œil à ce calmant dans la main de Joey duquel il essaie de faire abstraction des odeurs. « T’es au courant que mon métier c’est pas escort-boy ? » Qu’Alfie rétorque finalement, avec un sourire amusé sur les lèvres. « Et toi qui a pas de boulot en ce moment, en voilà un excellent scénario, te la jouer mac pour ta sœur, je suis sûr que c’est un truc qui finit en page d’accueil sur tout bon site porno qui se respecte. » Il songe avant de laisser échapper un rire amusé.« Bien-sûr, puis après un fera un debrief' de nos performances respectives autour d'un jus de goyave, c'est ma tournée. » Et même qu'ils s'auto-évalueront à l'aide de panneaux en plastique annoté d'un dix sur dix – car on sait comment fonctionne la fierté masculine. « Toujours la main sur le cœur Lawson, je suis admiratif, mais je vais être obligé de décliner ta proposition. » Car elle a évidemment été considérée, bien-sûr qu’il envisage de partager Jules. Et puis quoi encore. « Qu’est-ce que t’as encore fait ? » Qu’il demande pendant qu’ils font la queue pour rejoindre l’installation, peu désireux de bourriner comme tant d’autres le font pour gagner une maigre place dans la file, et curieux de savoir ce que Joey a encore bien pu faire pour mettre Emma dans tous ses états – et estimer la nouvelle espérance de vie de la jeune femme, qui en perd à chaque coup foireux de son frère, ce qui en soit, tend à laisser penser qu’elle devrait déjà être morte à l’heure actuelle.
Another head aches, another heart breaks, I am so much older than I can take, And my affection, well it comes and goes, I need direction to perfection.
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Il n'avait pas réellement l'envie de se rendre dans les attractions de curiocity, de un parce qu'il ne comprenait rien du tout à l'art, de deux parce qu'il n'avait pas assez de patience pour asseoir son cul quatre heures devant des œuvres dont il en comprenait ni l'importance ni le sens. Joey n'avait jamais eu aucun attrait pour la science ni pour l'art, et les vieux souvenirs de ses cours se résumaient à "mettre le préservatif sur la banane", chose pour laquelle il avait été particulièrement doué, même a treize ans. Mais tout était devenu une excuse pour ne pas traîner une seconde de plus dans l'appartement de Mme Coincé-du-cul, tant pis si il devait combattre son envie de coller sa main dans la gueule du premier qui lui murmurerait à l'oreille "on arrive vraiment à comprendre ce que l'artiste à voulu dire". Non Patricia, c'est une toupie géante qui fait de la lumière en dessinant des constellations sur le sol, occupe toi de savoir pourquoi ton mari te trompe plutôt que de faire croire à tout le monde que tu as de la culture. Approchant de l'installation en forme de labyrinthe qui avait attiré la foule Joey avait fait glisser le joint entre ses lèvres, affolant les passants qui - main sur le téléphone - était prêt à dégainer le fameux "allo police ? un individu étrange fume du cannabi dans la rue", accent sur le mot "cannabis" que les vieilles personnes n'arrivaient jamais à prononcer correctement. Tant pis pour les offusqués qui verraient dans cette attitude une insulte, Joey avait d'autres chats à fouetter que les incultes qui pensaient encore que la drogue n'avait que des effets néfastes sur les jeunes. Jouant des coudes pour se faire une place dans la foule, frappant au passage une petite fille au visage alors qu'elle traversait simplement la route, le Lawson croisa le regard d'Alfie qui semblait avoir activé son propre radar, survolant la foule des yeux comme un hibou en quête de sa proie. Les premières paroles du blond pour son ami furent accueillies par le regard choqué d'une jeune femme qui avait, à tord, interprété les mots comme du harcèlement de rue. Alfie pris le temps de remettre les choses dans leur contexte alors que Joey avait tout bonnement éviter la jeune femme qui prenait déjà ses jambes à son cou, peu désireuse de se faire emmerder plus longtemps par les paroles stupides du Lawson. « Eurk non, j'aime pas les blondes, trop superficielles. » Classic Joey, toujours faire passer le physique d'une personne en premier pour une éventuelle baise de secours.
Le joint coincé entre les lèvres le blond avait levé les yeux au ciel devant les paroles d'Aflie qui confirmait, encore une fois, que la vie de couple avait complètement détruit son potentiel "fun". « Tu te ferait tellement d'argent comme escort... les filles elles dig bien le côté "prof chelou", en plus je suis sûr que t'as appris plein de techniques pendant tes voyages. » Joey n'avait aucune idée de ce que 'anthropologue' voulait dire, et il s'en foutait complètement, marquant un peu plus le fait que l'école n'avait jamais vraiment été son fort. Joey retroussa les lèvres de dégoût devant la proposition du Maslow. Faire le mac pour sa soeur était la punition ultime pour le blond qui n'avait jamais vraiment compris l'attrait de son aîné pour les hommes en costard dépourvu du couilles qui fuyaient dès qu'elle imposait un peu ses conditions. « Tu as sans doute oublié qu'elle est pire que le chien des enfers quand elle sort avec quelqu'un. C'est mission impossible que de trouver un gars qui accepte de mettre la main dans sa forêt vierge... » Dégueulasse, mais vrai. Joey ne prendrait jamais le risque de foutre son nez dans les affaires de cul de sa sœur, et il était même prêt à aider le pauvre bougre qui se croyait assez fort pour dompter la bête. Haussant un sourire devant les paroles d'Alfie qui confirmait que la vie de couple l'avait belle et bien transformé en papy monogame et chiant Joey passa un bras autours des épaules du brun. « Tu flippes parce qu'elle va kiffer et te laisser tout seul comme un con pour me vouer un culte. » Très sûr de lui Joey n'avait pourtant pas du tout envie de voir Alfie malheureux, et même si Jules avait aspiré tout le fun de son ami elle le rendait quand même plus heureux. Rajoutant leur silhouette à celles des autres faisant la queue pour rejoindre l'attraction curiocity (qui devenait de plus en plus étrange aux yeux du blond) Alfie avait posé la question fâcheuse, à savoir "quelle connerie t'as encore fait pour qu'elle est envie de te couper la gorge avec un couteau de cuisine". « D'où tu assumes que c'est moi qui ait fait quelque chose ? » Visage outré, bouche entrouverte Joey avait posé une main sur son cœur, drama queen au possible. « Je me suis épilé les jambes dans le salon...avec son rasoir... et hier j'ai peut-être appelé son patron pour le prévenir qu'elle ne viendrai pas travailler à cause d'une diarrhée explosive. » Étouffant un rire entre ses lèvres Joey avait haussé les épaules comme pour se dédouaner. « C'était un peu drôle. » Très drôle même dans l'esprit pré-pubère du blond qui avait, pour le coup, déclencher la troisième guerre mondiale entre lui et son aînée.
Cela peut paraître surprenant qu’Alfie ait gardé contact avec le frère d’une ancienne conquête avec laquelle les choses se sont plutôt mal terminées (manière politiquement correcte de dire qu’elle a brûlé la moitié de ses affaires en le traitant de « petite pute du quartier » pour s’être envoyé le premier venu, ce qui ne l’avait pas autrement vexé puisque c’était un bon résumé de la situation compte tenu du hasard qui a fait qu’il s’était aussi effectivement tapé la voisine quelques années plus tôt ; même s’il n’appréciait pas nécessairement le terme utilisé qui était purement gratuit, mais il avait laissé Emma se faire plaisir là où lui avait pris le sien ailleurs) mais à y regarder de plus près, s’il y a un membre de la famille Lawson avec lequel les atomes crochus étaient évidents, c’était bien avec Joey. Raison pour laquelle Alfie avait estimé, dès le moment où il était entré dans la vie d’Emma, qu’il avait un droit de garde sur le blond, qui s’était transformé en droit de visite au moment de la séparation du « couple » (Alfie tendait à ne pas considérer son histoire avec Emma aussi sérieusement, premièrement parce que ce n’était pas dans ses habitudes de l’époque, secondairement parce qu’elle lui avait surtout donné l’impression d’être un sextoy grandeur nature qu’elle pouvait appeler quand elle en ressentait le besoin et qu’elle se dépêchait de planquer sous le lit lorsqu’elle recevait de la visite surprise – et la réponse est oui, ça lui était déjà arrivé, et non, ça ne l'avait pas dérangé). Alors forcément, quand il reçoit le message de Lawson ce soir, il ne lui en faut pas plus pour se mettre en chemin, d’autant plus lorsqu’il propose des retrouvailles dans le cadre de curiocity, ce festival auquel Alfie a pris goût parce qu’on y voit des trucs bien chelous, et à la lecture du message de Joey il n’a pas pu s’empêcher d’imaginer la possibilité de rencontrer le vrai, la légende, le mythe, du type qui se met effectivement des plumes dans le cul. Ouais, c’est pas ce que Joey a présenté, mais hé, on est à curiocity est au-delà de l’aspect scientifique de l’événement, il y a surtout l’aspect artistique de celui-ci, derrière lequel se cachent tous les plus grands loufoques pour justifier des œuvres particulièrement extravagantes auprès de n’importe quel jobard alors que non, c’est juste le complexe d’Œdipe de l’artiste qui ressort par le façonnage d’un pénis géant (« mais noooon, c’est pas vrai, c’est une ficelle avec deux ballons qui représente la libération d’un peuple opprimé par le capitalisme »). Parlant de ça, Alfie finit par trouver Joey dans la foule et ce dernier ne tarde pas à le rejoindre, se permettant un premier commentaire qui ne manque pas d’achever sur place une femme pourtant trop jeune pour mourir. Quant à la question des blondes trop superficielles, Alfie fait glisser son regard de haut en bas sur la silhouette d’un Joey qu’il ne connaissait pas aussi difficile. « Tiens, c’est drôle venant du grand philosophe qui m’a sorti un jour ‘’qu’un trou reste un trou’’. » Une phrase pleine de bon sens qui aurait certainement mérité qu’on crée le prix Nobel de philosophie simplement pour féliciter cet éminent intellectuel pour cette magnifique affirmation.
Mais parce que le Lawson est décidé à le faire passer pour un objet sexuel vivant – et là, il se demande sérieusement si Emma ne l’avait pas renommé le sextoy sur son portable pour que Joey le traite de pareille façon (car il va sans dire qu’il a des émotions derrière cet objet inanimé qu’il est) – Alfie précise qu’il est autre chose qu’un escort. « Tu me vends tellement bien. Qu’il débute, parce qu’il est vrai qu’il n’a pas pensé la chose sous cet angle. Prof chelou, aux techniques originales, lui-même n’y a pas pensé. Si je change de carrière, je te préviens, tu feras un super mac, je suis sûr qu’on peut faire de grandes choses toi et moi. Il marque une pause, réfléchit un court instant. Maquerelle Lawson et péripatéticien Maslow, ça fait presque boys band, c’est beau. » Un boys band qui n’aurait pas fait long feu, certes, mais qui aurait marqué les esprits. Alfie lève brièvement les yeux au ciel pour s’agacer des propos tenus à l’encontre de l'aînée Lawson, mais un sourire furtif sur ses lèvres le trahit – parce que dans le fond, Emma ne l’a pas beaucoup respecté et il peut très bien se permettre d’aider Joey à faire siffler les oreilles de son aînée. « Ah non, je t’assure que j’ai pas oublié, je suis encore une thérapie pour me débarrasser de mon trouble post-emmatique. » Il exagère, Alfie, si Emma n’est évidemment pas la femme la plus facile à vivre, elle a ses bons jours. Le 29 février, ou lorsqu’il y a pleine lune. Plus sérieusement, il n’est pas sans savoir que les relations entre les Lawson n’ont jamais été au beau fixe, mais Emma n’est pas aussi pénible qu’il ne la dépeint, et Joey pas aussi inutile qu’elle le prétend. « Joue pas à ça, Joey, je sais pas si t’es au courant, mais Emma m’écoute, moi. Parfois. Et c’est une arme non-négligeable pour te pourrir la vie à distance. Qu’il glisse, le regard entendu. Alors essaie seulement de t’approcher de Jules, et je lance la torpille Emma sur toi. » Qu’il ajoute l’air de rien, parce qu’aussi sympathique soit le Lawson à ses yeux, il n’oublie pas qu’il réfléchit plus facilement avec sa queue qu’avec son cerveau, et que Jules est parfaitement le genre de fille susceptible de lui plaire ; un peu sur la réserve lorsqu’on ne la connaît pas, que Joey aurait à cœur de dévergonder. Alfie finit par s’interroger sur les raisons de la rupture familiale du jour, ne manquant pas de laisser échapper un rire face à la théâtralité de Joey, puis face à l’annonce de ses méfaits. « Et j’imagine que t’as pas pensé à filmer sa tête pour partager avec les potes ? » Que ce soit lorsqu’elle est arrivée pour retrouver un Joey aux jambes dénudées au milieu du salon ou lorsqu’elle a découvert l’appel qu’il a passé à son travail. « Et donc, ça confirme ce que je pensais, je suis voyant. » Plutôt que de dire qu’il avait parfaitement raison de supposer que Joey s’est rendu coupable d’un coup foireux dont il en a le secret et risquer de le braquer. « J’dis ça, j’dis rien, mais vous êtes un peu maso dans la famille pour continuer à vous supporter alors que, clairement, si on était dans The Purge vous vous seriez sauté à la gueule depuis longtemps pour vous débarrasser de l’autre. » Manière détournée de prendre la température quant à la situation, et d’essayer de débloquer celle-ci comme il le peut, parce qu’il a souvent joué l’arbitre du temps où il fréquentait Emma, et il faut croire qu’on ne se débarrasse pas facilement des vieilles habitudes. Les deux hommes finissent par atteindre le début de l’attraction, et après quelques secondes d’attente devant celle-ci, le feu vert leur est donné de se lancer dans le parcours. Mais à peine Alfie a-t-il fait deux pas que les plumes voltigent autour d’eux, et que le voilà qui manque de s’étouffer alors qu’il en ôte une qui s’est frayée un chemin jusqu’à l’intérieur de sa bouche. « Par pitié, dis-moi que l’œuvre ne s’appelle pas ‘’vie et mort de ma première mue’’ et qu’il s’est pas mis les plumes là où je pense... » Qu’il souffle, tandis qu’il fait tomber la plume légèrement mouillée à terre.
Another head aches, another heart breaks, I am so much older than I can take, And my affection, well it comes and goes, I need direction to perfection.
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L’affaire Maslow-Lawson était l’un des rares sujets de discussion dont on évitait de parler dans les dîners de famille, de un parce que ça remuait le couteau dans la plaie encore bien ouverte dans le cœur d’Emma qui avait moyennement apprécier se faire ainsi tourner en ridicule, de deux parce que ça faisait toujours rire Joey aux éclats, si bien qu’il devait sortir de table pour aller s’esclaffer ailleurs sous peine de prendre un coup de coude dans les couilles. Mais dans les yeux du blond Alfie resterait toujours un héros, un mythe, et il prenait très au sérieux les conversations avec le brun desquelles il tirait toujours une leçon de vie. Rien de plus normal alors que d’inviter l’enseignant à se joindre à lui alors qu’il fuyait l’appartement d’un pas rapide pour ne pas se retrouver avec une Emma enragé sur les talons, capable de lui balancer son sac à main dans la gueule tout en hurlant qu’il était le roi des connards. Si il ne pouvait pas parler d’Alfie en présence de son aînée c’était bien le contraire quand les deux hommes se retrouvaient, pouvant passer une soirée entière à classer par ordre les pires défauts de la sœur Lawson entre deux bières et une bouteille de vin sortie tout droit de la cave du Maslow. Si il n’y avait pas Jules et les innombrables bestioles vivant déjà dans le foyer Joey aurait sûrement monté un dossier pour se faire légalement adopter par Alfie qui avait toujours eu la figure du grand-frère pour lui là où sa sœur n’était « que » la chieuse qui lui prêtait son canapé pour ne pas qu’il finisse à la rue. Même sans attraits particuliers pour les sciences et les arts en général Joey avait trouvé l’excuse de l’événement curiocity pour sortir de chez lui et retrouver le Maslow qui, vu que le blond le connaissait bien, devait s’extasier devant ce genre de chose. C’est qu’une pyramide humaine de gens déguisés en électrons pour symboliser l’avancée de la science sur l’humain n’était pas vraiment ce que Joey appelait ‘un truc fun’, mais il fallait bien faire des concessions pour que ça plaise à tout le monde, et le blond se serait plié en quatre pour faire plaisir à Alfie. Rejoignant d’un pas pressé le brun qui avait reconnu Joey dans la foule il annonça directement la couleur en proposant à l’enseignant de combler le trou béant de sa sœur, avec son pénis, et par ‘trou’ il entendait ‘son vagin’. Sourire aux lèvres Joey n’avait pas remarqué la jeune femme à ses côtés qui s’offusqua de ses paroles, quasiment prête à se lancer un thread des pires paroles entendues dans la rue, ‘men are trash’ et tout le bordel. Alfie, en bon sauveur de la veuve et de l’orphelin, se précipite au secours d’un Joey maintenant marqué d’un point rouge sur le front, à deux doigts de recevoir un spray au poivre dans la gueule. Joey s’excuse quand même auprès de la jeune femme en joignant ses deux mains ensemble avant de d’effectuer une courbette peu virile mais qui marchait du tonnerre pour apaiser les tensions. « Certes, un trou reste un trou quand tu as besoin de te réchauffer. Mais j’essaie de faire plus attention à ce que je mets autours de ma queue…. » Un enfant s’arrête devant lui, une glace coulante entre ses mains et un regard curieux sur le visage. « ...ma queue de singe… car je suis mi-homme mi-chimpanzé. » Il tire la langue au gamin qui lui se fait tirer par la main de son père, trop occupé à traîner sur Tinder pour s’occuper des doigts luisants de son fils qui trouveront d’eux-mêmes la direction de son pantalon.
C’est avec une oreille traînante que Joey entend les paroles du Maslow qui se justifie de ne pas être une prostituée, car depuis qu’il a trouvé le calme et le réconfort d’un couple tout ce qu’il y a de plus normal Alfie a perdu son sens de l’aventure et du risque. Faisant taire les paroles du brun d’un geste de la main il n’en reste pas moins qu’un sourire s’ajoute à l’allure malicieuse de son visage, faisant redresser son nez alors qu’il s’imagine déjà le duo haut en couleur qu’ils formeraient tous les deux. « Notre premier titre : ‘sucez des queues, faire des heureux’. » Levant les bras au ciel pour mimer une banderole le blond se peut s’empêcher de rire alors qu’il assène une tape sur l’épaule à cet ami qui le comprend bien et avec qui il peut bitcher sur sa sœur sans voir une moue offusquée se peindre sur son visage. « Pauvre chat, je suis sûr qu’en plus des séquelles physiques – parce qu’elle doit griffer un max – elle est la principale source de tes cauchemars, érotiques ou non. » Joey voyait toujours sa sœur comme une énorme ‘pain in the ass’, jamais comme une jeune femme peut-être mal dans sa peau qui avait du mal à concilier vie personnelle et vie professionnelle, si bien qu’à ses yeux elle ne trouvait jamais grâce, même parce lorsqu’elle se montrait un minimum empathique et qu’elle lui laissait le droit d’utiliser son mascara. Il voulait bien s’occuper de Jules le temps qu’Alfie face opérer sa magie sur l’ainée Lawson, après tout si elle s’accommodait du brun il n’y avait pas de raison à ce qu’elle repousse un Joey certes moins expérimenté mais plus jeune. « Ok, mais gardes en tête l’idée que je suis dispo si tu veux lui faire un beau cadeau d’anniversaire. Je viens même avec le petit nœud. » Se dédouanant en haussant les épaules le blond fanfaronne devant son ami alors qu’il ne pourrait jamais mettre à mal sa relation avec Alfie, faisant de Jules un terrain interdit que le Lawson avait promis de ne jamais effleurer. Il était con, certes, pas assez con pour risque son amitié avec le brun sur un sujet aussi sensible, il avait déjà assez d’emmerdes à la maison, à commencer par sa sœur qui avait découvert l’appel passé à son patron. « Je ne peux pas toujours tout faire Maslow, je suis déjà l’homme derrière cette grande idée alors si il faut en plus que je sois cameraman.. » La paire avait pris place dans la file qui avançait vers l’exhibition, et il faut avouer que Joey avait complétement oublié que cette sortie était aussi dédiée au curiocity. « C’est mon rêve de la bâillonner et la faire souffrir en arrachant un par un les cils de ses yeux…Si on était dans ‘The Purge’ croit moi qu’elle pourrait rien faire contre moi. » Un peu trop absorbé par cette douce pensée Joey n’avait qu’à moitié entendu la phrase d’Alfie entrecoupé par le bruit de l’attraction qui se fait de plus en plus proche à mesure qu’ils se rapprochent. Contraint d’éteindre son joint devant les hommes de la sécurité le blond se lance dans le labyrinthe en même temps que le Maslow qui reçoit la première faciale de plumes en plein dans la gorge. « Par pitié dis-moi qu’il s’est mis des plumes dans le cul. » Avançant à tâtons dans l’attraction Joey se prend les pieds dans une boîte en carton qui explose au contact en laissant échapper un jet de lumière, une quantité non négligeable de plumes et une musique assourdissante, trio gagnant pour les sens du Lawson qui s’affolent, prêts à lui dire de prendre ses jambes à son cou. « Bordel, mais où est-ce qu’il a trouvé toutes ces plumes ? » Laissant passer un couple de retraité devant lui Joey s’arrête devant une pile de cartons tous embellis par un duvet multicolore. « On dirait que je suis sous extasie, c’est super. » Sourire aux lèvres le blond avait continué le chemin, agrippant Alfie par le bras pour l’entrainer au plus profond du labyrinthe.
Si Alfie sait que les liens du sang ne justifient pas les affinités ou une quelconque ressemblance entre les membres d’une même fratrie, il lui est parfois arrivé de sérieusement se demander si Joey n’avait pas été adopté et que personne n’avait eu le courage de lui l’avouer – probablement par peur qu’il leur fasse un procès pour les dommages psychologiques, peu importe le terme juridique adéquat, qu’un tel mensonge aurait suscité chez lui (ce qui aurait expliqué bien des choses), en prenant bien évidemment soin de demander des dommages et intérêts conséquents pour compenser le manque à gagner par sa carrière d’acteur au point mort depuis à peu près son commencement – toujours est-il qu’effectivement, le frère et la sœur n’auraient pas pu être plus opposés même s’ils l’avaient voulu. C’est ce qui rendait sa pseudo relation avec Emma surprenante, ou alors son amitié avec Joey, dépendait du point de vue, mais Alfie a toujours pensé que l’inimitié des uns n’empêchait pas l’amitié des autres. Peut-être que dans une autre mesure il s’en serait voulu de continuer à fréquenter Joey et ainsi imposer son existence à une Emma qui ne lui a jamais pardonné d’avoir joué au connard avec elle, mais puisque de son côté elle avait porté avec aisance la casquette de la connasse – et en ce sens, ils formaient effectivement un beau et vrai couple – Alfie n’a aucun remord à avoir, surtout qu’il l’apprécie, le Lawson junior. Principalement parce que ce dernier est suffisamment perché pour l’accompagner dans ce genre d’aventures, même s’il a l’air plus réfractaire que lui, et qu’une compagnie du genre est toujours bon à prendre pour un Alfie qui trouve rarement du monde prêt à le suivre dans ses folles idées – parce que sérieusement, est-ce que voir un mec danser avec des plumes collées à lui et presque au bord de l’orgasme à cette idée est le délire de beaucoup d’individus ? Probablement que non, et dans un sens c’est bien dommage parce qu’au-delà du facteur performance de la chose, il y a un aspect anthropologique carrément fascinant, mais il se doute bien qu’il est le seul à voir les choses sont cet angle. Tout comme Joey est le seul à penser que proposer de combler le vide (littéralement) de sa sœur a un mec en couple est une bien belle façon d’amorcer une conversation. En réalité, dans d’autres circonstances Alfie aurait sauté sur l’occasion, question de bienveillance, évidemment. Voyez, plus qu’un métier, aider les autres est une passion qu’on ne peut pas lui enlever. Et vu la manière dont les choses se sont terminées avec Emma, ça aurait été l’assurance d’une bonne partie de jambes en l’air animée, et cette perspective ne lui aurait pas déplu. Mais parce qu’il est bien rangé et indisponible, il est contraint de refuser la proposition du blond. Parce que ce dernier n’a pas su attendre avant de partager ce qui devait lui sembler être le plan de l’année, le voilà qui se retrouve au cœur d’un quiproquo avec la pauvre passante qui a le malheur de les côtoyer un quart de seconde, mais un quart de seconde dont elle se souviendra, tout comme l’enfant qui passe ensuite à côté d’eux. « Tu sais que ça sonne vachement discours du mec qui a expérimenté les chlamydias. » Qu’il suppose une fois que l’enfant plus si innocent et son père se sont éloignés, tandis que sa main vient frapper doucement l’épaule de Joey. « Sorry, bro. » Qu’il poursuit, air peiné sur le visage, parce qu’on parle quand même de la plus grande souffrance que puisse connaître un être humain, et plus particulièrement un comme Joey – celle de ne plus fourrer sa queue où l’envie lui dit. « À Noël prochain, je t’offre une chaussette, ça te réchauffera et ça t’évitera d’aller la fourrer partout. » Qu’il conclut, tandis qu’un franc rire s’échappe d’entre ses lèvres – même si franchement, pour la peine, il lui fera effectivement ce cadeau et qu’il n’oubliera pas d’aller sur internet dès qu’il rentre chez lui (en prenant soin d’effacer l’historique, il ne manquerait plus que Jules se questionne sur ce qu’il fait de son temps libre et s’imagine qu’il s’est trouvé un kink qu’il n’ose avouer.
Et parce que Joey tient réellement à remettre la vie sexuelle (ou le manque de vie sexuelle) de sa sœur sur le tapis – au point où Alfie envisage un quart de secondes de lui proposer de combler lui-même le vide de sa sœur si c’en était pas aussi dégueulasse et qu’il avait ses limites – les voilà qui se lancent pleinement dans une discussion ô combien mature et adulte – pas que ce soit étonnant quand on sait le genre de longs débats qu’ils peuvent avoir lorsqu’ils sont tous les deux, du genre « pourquoi les magasins ouverts 24h/24 ont des serrures » ou « est-ce que la lumière du réfrigérateur s’éteint vraiment lorsque la porte est fermée ». À cette liste, ils peuvent désormais ajouter de longues discussions quant à la collaboration qui s’offre à eux : ils feront de grandes choses à deux, assurément. « Magnifique, c’est le succès assuré, je pose ma démission à la fac dès demain. » Il affirme, main sur le cœur et yeux fermés parce que ce titre est absolument incroyable et qu’une grande carrière s’ouvre à eux. Emma est le centre de l’attention même quand son frère souhaite lui échapper, les voilà qui parlent des traumatismes que cette dernière a infligés à Alfie durant leur (courte) relation et pour lesquels il doit encore suivre une thérapie. « Tu veux vraiment qu’on parle des habitudes au pieu de ta sœur ? Genre, vraiment ? Parce que si c’est que ça on s’organise un café dans la semaine, histoire que je puisse te faire une liste des principaux points à aborder. Qui, en réalité sont peu nombreux, parce qu’Alfie a suffisamment de respect pour Emma afin de ne pas donner des éléments à Joey dont il pourrait se servir contre elle. Comme ça, tu pourras toi-même te porter volontaire pour combler son trou, vu que ça a l’air de vraiment te tenir à cœur. Oopsie, il l’a dit. Au moins, ils seront définitivement liés l’un et l’autre par les cauchemars infligés par Emma. T’inquiète, Game of Thrones a popularisé l’inceste, ça passe crème, maintenant. » Ou presque. Un peu comme les couples libres ont été démocratisés – enfin, Alfie n’a jamais attendu le feu vert de la société pour s’adonner à ce principe – mais ce n’est pas pour autant que celui qu’il forme avec Jules fonctionne de cette manière. « Petit nœud, je note. » Il souffle en faisant glisser son regard, un sourire amusé sur les lèvres. Il n’est pas stupide, Alfie, il sait très bien où Joey va mettre le petit nœud en question. Si son espérance de vie lui permet de réaliser cela, car elle semble particulièrement compromise compte tenu du sale coup qu’il a fait à sa sœur – mais qui fait quand même bien rire Alfie. « Oh pardon, je pensais que tu savais faire deux choses à la fois, je vais revoir mes attentes à la baisse te concernant. Qu’il rétorque, levant exagérément les yeux au ciel. Comment tu veux que je t’aide si de ton côté tu y mets pas un minimum du tien pour me motiver. » Franchement, posons les vrais questions. Dans cette catégorie, on peut également y intégrer le fait de se demander comment cela se fait que les Lawson ne se soient pas encore entretués alors que dans d’autres circonstances, ils l’auraient déjà fait. S’ils étaient dans un film américain, par exemple. « Quelle créativité, définitivement il faut que tu te reconvertisses. Scénariste me paraît pas mal aussi, pour ce que ça vaut. » Et à cette pensée, il observe Joey du coup de l’œil, fier de cette proposition qui sied comme un gant au blond. Ça donnera des trucs bien chelous, c’est certain : c’est-à-dire complètement la came d’Alfie, shut up and take my money. Trêve de plaisanteries, les oreilles d’Emma peuvent se reposer, les deux hommes entrent désormais dans l’attraction et leur attention est portée ailleurs. Surtout celle d’Alfie, qui se retrouve avec un amas de plumes dans la bouche, espérant ainsi sincèrement que sa précédente idée quant à l’endroit où l’artiste les a fourrées en premier lieu ne soit qu’une hypothèse et non une certitude. Un regard noir à Joey en guise de désapprobation à sa réflexion, Alfie continue d’avancer une fois qu’il a retrouvé l’usage de la parole, ne manquant pas de sursauter quand Joey actionne un mécanisme laissant échapper des dizaines de plumes. « Rassure-moi, la grippe aviaire c’est plus d’actualité ? » Non, parce que sinon on sait très bien d’où viennent ces cartons entiers de plumes, histoire de prôner la lutte contre le gaspillage jusqu’au bout. « Ouais. » Qu’il confirme aux derniers propos de Joey, parce qu’effectivement, il y a un air, mais il n’ira pas plus loin sur la question tandis que le blond agrippe son bras pour le forcer à s’engouffrer encore plus dans le labyrinthe alors qu’Alfie a ralenti le pas. « J’essaie vraiment de trouver une interprétation au délire de ce gars, mais j’y arrive pas. Qu’il pense à voix haute, avant d’ajouter : Enfin, je sais pas, s’il veut dénoncer quelque chose il s’y prend super mal parce que le seul truc que j’y vois c’est une contestation contre les « oiseaux » d’Hitchcock en mode « voilà, vous leur avez taillé une réputation de merde, ils reviennent pour se venger. » Ça parait complètement crédible, oui. Et puis, finalement, ça le frappe, tout comme sa main vient frappe le bras de son ami. Oh putain, Joey, si ça se trouve c’est un guet-apens comme dans les séries policières, c’est un labyrinthe créé par un tordu et au bout de celui-ci y’a un abattoir et on va finir conditionné dans des barquettes façon scandale de la viande de cheval. » Et autant dire que « ci-git Alfie Maslow, victime du scandale de la lasagne » n’est pas vraiment l’épitaphe qu’il envisageait inscrite sur sa tombe.
Another head aches, another heart breaks, I am so much older than I can take, And my affection, well it comes and goes, I need direction to perfection.
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Alfie était pourtant un homme intelligent, doté d'un esprit vif et acéré qu'il avait d'ailleurs mis au service du plus grand nombre en décidant d'enseigner, de transmettre son savoir aux plus démunis, aux moins érudits. Alors c'était à n'y plus rien comprendre, le fait qu'il ait pu un jour se dire : "mais la fille là-bas au visage très peu harmonieux qui semble bien casser les couilles aux gens, elle est pas mal en fait." Sur ce coup là Alfie Maslow avait été un idiot, un naïf, et n'avait pas réussi à garder son pénis dans son pantalon. Rien que d'y penser ça faisait frissonner Joey, autant le côté "la garder dans le pantalon" il pouvait comprendre, même son héros avait des besoins, autant il n'arrivait pas à mettre le doigt sur la qualité physique ou morale qui avait bien pu attirer l’œil d'Alfie. C'était, aux yeux de Lawson junior, le plus grand mystère du monde que la pseudo histoire d'amour que sa soeur avait vécu avec Alfie. Si Emma avait totalement occulté les souvenirs de cette relation après avoir été humilié par le brun, Joey - lui - se vantait toujours d'avoir dans ce cercle d'amis proche un homme ayant un jour réussi à défaire les collants poussiéreux d'Emma Lawson, l'indomptable miss casse couille. Ainsi, et alors qu'il faisait profiter les enfants et les personnes âgés de l'odeur de son joint préalablement allumé sans en avoir rien à foutre, Joey n'avait pas hésité une seule seconde avant d'envoyer un message à Alfie pour qu'il soit son compagnon de route dans cette folle aventure. A peine avait-il remarqué le brun dans la foule que le Lawson s'empressa de l'accoster par une phrase pleine de vérité, ordonnant au Maslow de reprendre son casque d'exploration et de se glisser dans l'intimité obscure de sa soeur afin qu'elle descende de quelques étages et qu'elle arrête d'être une énorme pain dans le ass de son pauvre frère qui n'avait - bien évidemment - rien fait pour le mériter. Mais Alfie avait échangé sa lampe frontale, les soirées de folies et les cachets qui font rire contre une vie monotone à base de sexe en missionnaire tout les deux jours et de quinoa fade qu'il bouffait tous les jours sans jamais faire la grimace. Quel gâchis de savoir un homme, jadis aussi cool, maintenant embourbé dans une relation sans saveur, no offense Jules. Sourire aux lèvres Joey avait défendu son train de vie, préférant de loin s'assortir tous les soirs d'un nouveau trou plutôt que de voir le même se flétrir encore et encore, et Alfie n'avait eu pour réponse que celle de l'enseignant préoccupé par la santé de ses élèves, une réponse de vieux quoi. « Oh non, je préfère la gonorrhée, ça dure moins longtemps et ça réchauffe quand tu pisses. » Aflie avait abattu sa main sur l'épaule du blond alors que ce dernier voyait s'éloigner un loin le petit garçon qui s'était retourné au moins quatre fois pour voir si il n'avait pas, lui aussi, une queue de singe. « Au moins moi je chope des trucs cool ... tout ce que tu peux avoir à ton âge c'est un enfant ... dégueulasse. » A moitié dégoûté par l'idée de savoir Alfie avec un marmot mais aussi à moitié convaincu qu'il ferait un parrain du tonnerre, Joey avait haussé un demi-sourire sur ses lèvres à l'idée de pouvoir inculquer ses propres valeurs à un futur petit Maslow. Tiré de ses pensées malsaine par les paroles du brun qui lui dévoile en avance son prochain cadeau d'anniversaire le blond ne s'offusque même pas, incapable de comprendre l'espace qui sépare l'ironie de la moquerie. « Tu demandera à Jules d'y glisser un peu de parfum avant ... elle m'excite ta meuf. » Sans se retenir, plus naturel encore que l'herbe présente dans son joint qui s’éteint maintenant de lui-même, Joey hausse simplement les épaules alors que plusieurs personne s'engouffrent déjà dans l'attraction. Jules était, aux yeux du Lawson, une coincé bien trop intelligente pour lui mais c'était - justement - la partie qui l'excitait le plus.
A l'ombre de ses lunettes de soleil négligemment poser sur le bord de son nez Joey avait imaginé un Maslow avec des cache tétons à frange remuant son corps flétrit sur de la musique K-POP entraînante. « Et moi je poste ma démission à mon boul....ha non. » Le blond avait posé une main sur son torse comme pour marquer un rire forcé alors qu'à l'intérieur il bouillonnait de ne pas pouvoir en faire de même, incapable de garder un emploi alimentaire plus de deux jours. Au dernier en date, qui remontait maintenant à plusieurs années, Joey avait bossé trois jours comme équipier dans un fast-food avant de se faire renvoyer après un branlette dans les toilettes avec le manager. « Mais dit toi que je n'hésiterai pas à prendre toute la thune que l'on se fait pour me payer de la drogue, quitte à te laisser croupir au fond du trou. » Sans même le vouloir Joey avait poursuivit à sa discussion sur Emma et sur les traumatismes qu'elle avait du infliger à Alfie. Lui prendre la main dans la rue, faire des photos niaises devant des fontaines, se dire à la fin d'une conversation téléphone : « non c'est toi qui raccroche », bref, tous ces trucs de couple qui donnait la gerbe à un Joey bien trop à l'aise dans son célibat. « Il faudra plus qu'un café dans le semaine pour faire la liste de ses petits vices, je connais l'animal. » Avant même que le brun ne puisse finir sa phrase Joey avait pris place dans la file d'attente, Alfie à ses côtés qui proposait maintenant l'idée follement horrible et lugubre de laisser le soin à Joey de faire plaisir à sa sœur afin de calmer ses crises de meuf chiante. Dégoûté, l'estomac retourné par cette vision atroce, Joey avait cracher une toux d’écœurement dans le creux de sa main. « Je vais te vomir dessus. Que tu sois mon héros ou pas, tu vas trop loin Maslow, même pour moi. » Les mains dans les poches le blond avait détourné le regard pour ne pas montrer à Alfie que, malgré tout, cette pensée le faisait extrêmement rire, horrible ou non il était fort de constater que le professeur avait gardé son humour vif et sa repartie aiguisée. « Au moins dans Game Of Thrones Cersei est un minimum bonne …. » Lawson junior avait haussé les épaules en imaginant sa sœur avec une coupe garçonne … il pourrait lui couper les cheveux pendant son sommeil, histoire de voir si ça valait la peine ou non. Avec Jules l’anthropologue avait tiré le ticket gagnant, la petite brune étant un modèle de vertu doublé d'un avion de cache qui faisait tourné les regards des hommes, qu'Alfie en soit conscient ou non il avait à son bras une femme de grande valeur. Sans l'avouer, parce que ça aurait fait de lui un sensible, Joey était heureux de savoir son ami dans une relation qui fonctionnait, même si les blagues sur Jules étaient faciles à faire tant les deux hommes avaient le même sens de l'humour. « Si je suis de bonne humeur je lui offrirai des fleurs … les trucs sur les ronds-points là. » Ils n'étaient plus qu'à quelques pas de l’exhibition et on pouvait déjà apercevoir les parois intérieurs des murs recouvertes de plumes qui s'envolaient dès qu'un fou osait passer devant une machine. Drôle de projet que d'inviter à un ami à ce genre de chose, mais le blond n'en avait que faire de l'endroit du moment qu'il pouvait jouer à l'idiot en compagnie d'Alfie. « Hé ho, je me suis déjà motivé pour te proposer cette folle expérience olfactive et sensorielle que de coucher avec ma sœur. » Dans un regard vers le brun Joey avait répondu à son roulement des yeux par un roulement des yeux, comme un enfant bien caisse couille, cependant attentif à la proposition du prof que de se lancer dans l'écriture de scénario horrifique où il démembrerait une actrice ressemblant à peu près à sa sœur. Rendu excité par cette alternative de carrière qui se présentait maintenant devant ses yeux Joey se remarqua même pas qu'ils venaient d'entre dans le labyrinthe. « Mon dieu, Alfie Maslow tu es un génie ! Je retire tout ce que j'ai pu dire toi ! Je vais me faire tellement de thunes en écrivant des films d'horreur érotique ! » D'un geste vif le blond passa son bras autours des épaules de son ami avant de lui claquer une énorme bise sur la joue, pas du tout inquiet de l'image qu'il montrait au jeune, quasiment prêt à foutre une belle main au cul galbé du brun.
Un carton bourré de plumes explosa prêt d'eux, faisant sursaute le brun et amusant le blond qui avait l'impression d'être le seul être ici à avoir pris un maximum de drogues. « Comment j'ai trop bien fait de t'amener ici … Arrêtes de t'inquiéter Maslow, prend une poignée de plumes pour fait un joli bouquet à Jules... » Ramassant une poignée au sol Joey les avait porté à son visage, pris dans un tourbillon de couleurs qui n'avait aucun sens, tout comme cette attraction. « Si ça se trouve ça vient de poules d'abattoir et il veut dénoncer la consommation de viande. » Joey avait haussé les épaules avant de souffler sur les plumes ramassées pour les faire voler vers Alfie qui n'était pas aussi convaincu que lui à l'idée de passer un moment interminable dans cet endroit, persuadé d'être la prochaine victime d'un meurtrier doté d'une imagination étrange. « Tient moi la main Alfie, je veux pas mourir avant d'avoir réussi à me faire une gâterie tout seul … je suis plus qu'à quelques centimètres... » Joey avait empoigné le bras du brun tout en le forçant à avancer plus loin dans les couloirs en zigzag de l'attraction. Au détours d'un virage où un carton de plumes (no shit) leur explosa au visage, collant d'ailleurs du duvet dans les cheveux du blond, un couple d'asiatique leur barra le passage, les oreilles couvertes par les mains alors qu'ils cherchaient un fuir une présence ou un lieu le plus vite possible. Dans un regard mi-effrayé mi-intrigué Joey questionna le brun sur la suite de leur périple. « Bon, si c'est le moment où on crèves je dois te dire que tu as été un ami super, bien qu'un peu vieux… » Toujours cramponné au bras d'Alfie Joey s'était engouffré dans un passage étroit avant d'être agressé par une musique techno tonitruante et une dizaine de souffleuse qui projetaient des plumes dans tous le sens, piégeant les deux amis dans une tornade multicolore.
L’attirance qu’a pu ressentir Alfie pour Emma n’est en réalité pas aussi surprenante que Joey tend à le penser. Si Alfie n’a jamais eu un genre de femme (ou d’homme) particulier (principalement parce que son seul véritable critère est le consentement – il est pas difficile, comme type), il a longtemps eu cet attrait pour les relations instables, si ce n’est carrément nocives. Souffrir, faire souffrir, a toujours été un principe de vie d’Alfie, que ce soit dans ses relations avec les autres ou sa manière de vivre les choses ; sa fascination pour la souffrance a toujours dicté, de près ou de loin, sa conduite. Sa relation avec Jules est la première qu’il puisse considérer comme saine et équilibrée, et si d’ordinaire Alfie aurait eu tendance à fuir cette manière d’appréhender une relation, Jules est parvenue à le convaincre de donner une chance à ce qu’il exécrait sans même y avoir réellement goûté. C’est désormais chose faite ; et quand bien même Alfie n’est pas toujours très à l’aise (pour ne pas dire carrément dépassé) avec toutes les attentes qu’une vie de couple « stable » implique, force est de constater qu’il a l’impression que cette relation ne l’épuise pas autant que toutes les précédentes, qu’il y trouve bien plus son compte qu’il ne l’aurait pensé et qu’il réalise qu’il est possible d’être heureux sans qu’aucune contrepartie douloureuse ne soit nécessaire à cette sensation, qui lui est encore nouvelle. Avec Amelia, le bonheur se pensait avec des pilules, avec Ariane il ne s’envisageait qu’entre les murs d’une chambre, avec Emma il se devait d’être caché ; parce qu’elle n’assumait pas d’avoir pu craquer pour un type comme lui, son parfait opposé. De son côté, il n’a jamais eu honte d’elle, bien au contraire ; Alfie s’était plu à endosser le rôle du professeur Maslow avant l’heure auprès de la jeune femme, qui se laissait enfin aller à sortir de sa zone de confort, ce qu’elle ne semblait s’autoriser dans aucun autre cas de figure. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il était si difficile pour elle d’assumer ce semblant de relation (même si Alfie ne peut pas vraiment dire qu’il s’est considéré comme étant en couple avec elle – d’une part parce qu’il détestait ce principe jusqu’à récemment, d’autre part parce qu’Emma avait mis les choses au clair très rapidement sur le fait qu’elle préférait crever plutôt que d’être vue avec lui – c’est une jeune femme tout à fait charmante, oui) quand il n’y voyait pas le problème. Alfie s’en était accommodé jusqu’à ce que ce sentiment de honte finisse par l’atteindre plus qu’il n’avait pu y songer, et qu’elle ne cesse de minimiser son rôle, ou même son existence. De ses parents qu’il avait rencontré par hasard auprès desquels elle avait dépeint un portrait peu flatteur de lui pour justifier le fait que ces rares rencontres resteraient extraordinaires, à ses amis face auxquels elle finissait parfois par carrément l’insulter et lui coller l’étiquette de stalker qui la suivait pour justifier le fait de se croiser au même endroit sans qu’elle n’ait été suffisamment prévoyante pour s’assurer qu’aucune de ses connaissances serait susceptible de tomber sur eux. Alfie avait fini par en avoir marre lorsque sa confiance en lui s’en était retrouvé entachée, et il n’avait finalement pas été surprenant qu’il finisse dans un autre lit, celui d’un homme qui daignait le respecter et ne pas seulement le traiter comme un sex toy à son service dès qu’elle composait son numéro (ce qui en soit, ne l’aurait pas dérangé si à côté de ça Emma ne semblait pas toujours se plaindre de lui et sa façon d’être, lui laissant penser qu’il ne valait pas grand-chose). D’autres n’auraient pas persisté aussi longtemps, mais dans la manière qu’à Alfie de concevoir les choses, c’était un comportement parfaitement normal et justifié – et probablement que ça l’est encore, raison pour laquelle il ne garde pas un mauvais souvenir de la jeune femme. Même s’il ne compte pas combler son vide (littéralement) quand bien même la proposition aurait été acceptée sans une once d’hésitation si Alfie n’était pas en couple (et heureux). « Et après, on dit que les jeunes ne savent plus apprécier les petits plaisirs de la vie. » Qu’Alfie rétorque avec un sourire d’imbécile sur les lèvres, impressionné par cet état d’esprit optimiste qu’il ne connaissait pas à Joey. Gosh, si les lépreux et autres malades pouvaient en prendre de la graine – genre, « génial, je suis compactable yeah » ou autres « putain dans un live action Toy Story, direct je suis engagé pour jouer Mr. Patate ». Un sourire qui disparaît bien vite lorsque Joey évoque ce que lui, de son côté, il peut être amené à attraper et la perspective est toujours moins réjouissante – comment ça, normalement c’est le discours inverse qu’on tient ? « Ah non, pas de risque de ce côté-là, je fais gaffe à pas attraper n’importe quoi. » Qu’il précise en haussant les épaules alors qu’un fin sourire naît sur ses lèvres en songeant à l’image d’un enfant propulsé à pleine vitesse dans les airs qu’il devrait rattraper au vol. Alfie ne s’est jamais posé la question de fonder une famille ou non, principalement parce qu’il n’a jamais imaginé qu’il serait là suffisamment longtemps pour que cette question se pose – et à ce moment-là, il ignore que c’est un sujet à laquelle il sera confronté d’ici quelques semaines, et les choses ne seront pas prises avec autant de recul qu’elles ne le sont aujourd’hui. « ALFIE PAS PARTAGER SA COPINE. » Qu’il s’emporte, avec exagération, par la suite. Heureusement que le brun se veut d’ailleurs plutôt ouvert d’esprit et peu susceptible, sans quoi il aurait pu ne pas apprécier la réflexion de son ami sur celle qui partage sa vie. Enfin, ouvert d’esprit, suffisamment pour l’entendre dire que sa meuf l’excite sans broncher (principalement parce qu’il peut comprendre ces propos), mais pas assez pour entrer dans le jeu de Joey et effectivement parfumer son merveilleux cadeau du doux parfum de Jules. À la rigueur, il parfumerait ladite chaussette de son parfum à lui, histoire que Joey en soit traumatisé et que ce soit bien l’image de l’anthropologue qui lui apparaisse en tête lorsqu’il fourre sa queue dans son étui – et en voilà une perspective bien plus réjouissante.
Les oreilles de Jules peuvent cesser de siffler, c’est désormais celles d’Emma qui doivent être bruyantes puisqu’une fois dans l’attraction les deux hommes changent de sujet – ou plutôt, en reviennent au principal, à savoir le vide d’Emma qu’il est toujours question de combler. Parce que Joey sait si bien vendre le profil d’Alfie, les voilà qui envisagent un partenariat qui, à ne pas en douter, sera un véritable succès. À tel point qu’Alfie prévoit déjà de poser sa dimension dès lundi, tout ceci dans le but de se lancer dans cette merveilleuse carrière de leader de boys band – ou star du porno, on ne sait plus trop mais finalement la première finit souvent pas se transformer en la seconde. Un sourire pincé en guise de compassion silencieuse pour ce pauvre Joey qui ne peut pas se vanter d’en faire de même car pour poser une démission le principe est quand même d’avoir un travail, Alfie est malgré tout heureux d’avoir offert une perspective de carrière à son cadet ; car Joey serait un partenaire ô combien sûr et fiable, comme il est le premier à le souligner. « Et dis-toi que j’en connais un rayon dans le domaine juridique et que j’ai une grande maîtrise des conditions dissimulées en petits caractères à la fin d’un contrat. » Qu’Alfie précise en haussant les épaules ; il aimerait croire que c’est parce qu’il a été confronté à de nombreuses reprises aux contrats qui le lie à l’université et d’autres instituts, mais la réalité est surtout qu’il n’a parfois pas grand-chose d’autre à foutre et que lire les notices et autres conditions d’utilisation est quelque chose qui lui occupe l’esprit de manière efficace. Certains ont une passion pour le tricot, d’autres pour emmerder le monde, de son côté Alfie est un contratophile. « Contrat que je ne te ressortirai pas si tu te trouves quand même une once d’âme pour me laisser un pourcentage qui me permettra d’acheter du quinoa à profusion jusqu’à mon dernier souffle. » Autant dire que Joey s’en sortirait pas trop mal, dans les faits. Pour appuyer ses propos, Alfie tend ses paumes devant lui, balançant ses mains dans l’air avant que la droite finisse par se baisser au profit de la gauche. « Drogue, quinoa, quinoa, drogue… ça va, tu peux bien faire ce geste. » Parce que ça pèse peu dans la balance, CQFD. « Hé bien prenons carrément une semaine de vacances alors, si c’est nécessaire. Le camp « Emmaplications », ça sonne pas trop mal, non ? Tous frais payés par toi et l’argent que tu m’auras piqué, bien-sûr. » Explications ou complications, on ne sait pas trop, les deux se valent dans la situation. À moins qu’une autre solution soit toute trouvée, et bien évidemment proposée par un Alfie qui a décidément toujours la main sur le cœur, même en dehors de son travail. Si Joey tend autant à combler le vide de sa sœur, qu’il s’en charge lui-même. Nous sommes en 2019, si on peut accepter Scott Morrison comme Premier ministre, on peut accepter l’inceste, hein. Alfie affiche un sourire devant l’air outré du plus jeune, avant d’éclater de rire lorsque Joey reprend un peu plus de contenance. « Ah tu vois ! Tu analyses la situation, ça te paraît plus si dégoûtant, en fin de compte, je suis sûr. » Si, ça l’est toujours, mais pour le plaisir d’en rajouter une couche, Alfie va prétendre que ça ne l’est absolument pas. « Tu rigoles ? Avec sa coupe playmobil ? No way, sur ce coup-là, je suis obligé d’accorder le point à Emma. » Il manque d’ajouter que les cheveux d’Emma avaient – dans ses souvenirs – la bonne longueur pour permettre une prise optimale durant les ébats, mais il n’est pas certain que ce soit le sujet sur lequel Joey a envie de poursuivre, ainsi Alfie va faire quelque chose qu’il ne fait pas souvent : il va la fermer. Durant une fraction de secondes, avant que Joey ne revienne sur le sujet « Jules » et qu’Alfie hausse les sourcils avec scepticisme quand Joey semble d’humour à faire un geste. « Fuck, moi qui voulais l’inviter en week-end pour son anniversaire. » Que le brun pense à voix haute, avant d’ajouter : « Mais face à un tel romantisme de ta part, je suis obligé de m’avouer vaincu. Elle... » est toute à toi. Nope, on va éviter, car Joey serait capable de prendre la proposition au sens premier du terme. Au loin, on entend le bip bip du camion qui recule pour marquer la rétractation d’Alfie et son envie de changer de sujet. Fort heureusement, étant toujours coincés dans la file, les deux hommes peuvent aborder les sujets qui fâchent ; à savoir l’affront qu’a commis Joey pour justifier qu’Emma ait envie de le virer à coup de pied au cul de l’appartement que les Lawson partagent. Un rire s’échappe des lèvres d’Alfie lorsque Joey parle d’Emma en des termes susceptibles de faire réjouir n’importe quelle installation de Curiocity, tandis que, toujours dans leur file, Alfie se saisit d’un flyer lâchement abandonné à terre vantant les mérites de l’attraction pour laquelle ils attendent leur tour. « Tiens, t’auras qu’à lui coller ça sur le front. » Qu’Alfie s’amuse en jetant un coup d’œil sur le bout de papier prônant « une expérience inédite et inoubliable ». Inédite, certainement, inoubliable… L’anthropologue n’en est pas certain, maintenant qu’ils sont entrés dans le vif du sujet en pénétrant dans le labyrinthe (et ce sera la seule chose pénétrée ce soir, n’en déplaise à Joey et à son idée du jour, hm). Toujours dans l’attente de cette « expérience inoubliable » qu’on lui a promise, Alfie en profite pour s’interroger sur les raisons pour lesquelles le frère et la sœur ne se sont toujours pas entretués (outre le fait que ce n’est pas franchement légal, mais il est persuadé que l’un et l’autre saurait trouver un moyen de prôner la légitime défense sous le motif de « elle m’a même donné envie d’égorger des bébés chats m’sieur le juge ! » capable de convaincre n’importe qui de fermer les yeux sur l’acte en question). Sans réellement s’en rendre compte, la proposition soumise par Alfie quant à la future carrière de Joey s’avère séduisante pour le principal intéressé, sautant presque sur un Alfie dont l’équilibre déjà précaire en temps normal manque de le faire complètement basculer au sol. « Bon, tu vas me piquer tout le blé qui me revient, mais je pourrai au moins avoir l’entrée gratuite pour voir tes chefs d’œuvre ? Merci. » Et puis, il réfléchit un instant, regarde autour de lui, ses yeux s’arrêtent sur la dégaine de certains passants, et c’est une ampoule qui apparaît au-dessus de sa tête (ou presque). « NON JE SAIS ! L’an prochain, tu fais comme notre ami plume dans le cul et tu tiens ta propre exposition ! Ça va faire un carton ! Deal ? » Qu’il demande – impose ? – en tendant sa main en direction de Joey, un énorme sourire aux lèvres, songeant déjà à une représentation live de « dessiner tes courbes à la hache (littéralement) » au milieu de la rue, qui attirera, assurément, un large public curieux (et averti, afin d’éviter les dix années de psychothérapie qui s’imposeront vu les idées farfelues qui peuvent naître du cerveau malade du Lawson). Reprenant toutefois son sérieux, Alfie finit par jeter un coup d’œil à son ami, avec un léger sourire au coin des lèvres. « Sérieusement, je te verrais bien là-dedans. » Artiste, réalisateur porno, scénariste détraqué, peu importe la véritable option, le domaine lui semble toutefois être particulièrement adapté à Joey.
Plongé dans son rôle de conseiller Pôle Emploi, Alfie en oublie quelques instants l’endroit où ils se trouvent lorsqu’un simple carton bourré de plumes le rappelle à l’ordre en explosant à côté de lui, ne manquant pas de le faire sursauter et paniquer un bref instant – car une seconde, une fraction de secondes (pas plus, il jure) les images de plumes ont été remplacées dans son esprit encore chahuté, ce qu’il ne comprend pas tout à fait – comme Joey ne le comprendrait pas. Alfie reprend ses esprits après un court instant durant lequel son rythme cardiaque a pris l’ascenseur et sa respiration s’est voulue saccadée, affichant un sourire amusé à la réflexion d’un Joey qui est désormais celui qui lui offre des solutions – à croire que les deux hommes se complètent parfaitement. « On lui dira pas d’où elles viennent, hein. » Car c’est la porte ouverte à une odeur persistante de désinfectant dans l’appartement pendant au moins deux semaines, et si Alfie accepte les quelques névroses persistantes de sa petite amie, il y a des points sur lesquels il lui est difficile de faire des concessions – notamment si cela touche à l’impression d’enlacer un patient âgé proche de la centaine qui vient pour la pose d’une poche gastrique et dont l’environnement se doit d’être aussi stérile que Joey après une exposition prolongée aux maladies vénériennes. « Où alors j’invente une sombre histoire d’oiseau retrouvé dans une ruelle sombre, battu, en fin de vie et au regard malheureux qui me supplie de lui promettre que sa mort n’a pas été vaine, et hop, en bon type, je m’exécute. » Bien évidemment, voilà un récit qui passera totalement inaperçu entre le plat et le dessert. Alfie finit par revenir sur terre pour tenter d’interpréter ce qui se déroule autour de lui, et sa première manière d’appréhender les choses n’est guère réjouissante – et le voilà qui s’imagine déjà compacté dans une boîte de viande hachée. Imitant finalement son ami, Alfie retombe en enfance alors que son pied balaie les plumes au sol, fronçant les sourcils à l’interprétation de son ami. « Wah, profond. » Hm, sûr ? « Du coup, dans la continuité des choses, je présume que le boucan quand les plumes explosent c’est pour illustrer le fait que notre société est suicidaire et se tire une balle, et le fait qu’elles s’éparpillent partout, ça évoque la désobéissance et la nécessité de l’être pour accéder au bonheur qui s’illustre pas toutes les couleurs vives ? » Ironie ou fond de vérité ? Un peu des deux, tant Alfie finit par faire des liens avec une certaine facilité, lui permettant d’apprécier le spectacle et de ne plus craindre pour sa vie – au contraire d’un Joey désormais accroché à son bras comme un koala sur son eucalyptus. « T’oublieras pas de filmer, ce jour-là, hein ? » Qu’Alfie interroge son ami par la suite quand il fait part de ce qui serait son plus grand regret s’il venait à y laisser la vie en cette belle et surtout étrange soirée. « For scientific purposes, hein, le Guiness paiera cher pour voir ce mythe légendaire enfin confirmé. » Il précise, en haussant les épaules. Quoi que, si ça se trouve, il existe déjà de telles vidéos, mais dans la longue liste des trucs chelous qu’Alfie apprécie, voilà quelque chose dont il est encore ignorant – et le voilà qui est soudainement bien trop curieux pour son propre bien. Traîné de force par un Joey qui semble oublier que son bras est rattaché au reste de son corps et qu’il serait bien de le traiter avec plus de délicatesse si les deux veulent continuer à ne faire qu’un, Alfie finit par entrer dans une autre zone, et il n’a guère le temps de poser ses yeux sur ce qui l’entoure qu’un nouveau carton leur explose littéralement au visage, faisant à nouveau sursauter un Alfie désorienté pendant quelques instants, le regard perdu et les souvenirs envahissants, confortés par ce couple qui se heurte à lui, le regard effrayé et le besoin de fuir cet endroit. Les bruits, la sensation d’être pris au piège, cette impression de devoir fuir les lieux au plus vite. C’est ridicule. C’est une exposition, Alfie, pas la Colombie. C’est la manière dont Joey tire sur son bras qui lui permet de se souvenir où il se trouve et non la voix de ce dernier qui résonne à ses oreilles sans pour autant être distincte. Traîné dans un autre passage, plus étroit, Alfie freine des pieds sans grand succès, alors que les balles sont projetées dans tous les sens. Les plumes. Les plumes, Alfie. Ça ne l’empêche pas de se débattre pour se libérer de l’emprise d’un Joey toujours attaché à son bras, oubliant la présence de celui-ci et de tout le reste, marchant à pas rapide dans le labyrinthe de plumes, guettant d’un regard absent tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une sortie, n’en trouvant pas, commençant à paniquer, à accélérer le pas, à bousculer les gens sur son passage et au bout d’interminables secondes, minutes, il n’en sait rien, le voilà à nouveau au milieu de la rue, aveuglé par une vive lumière. Il lui faut quelques instants encore pour se situer à Brisbane, dans cette rue, devant la suite de l’attraction, et un Joey à sa suite, qu’il accueille par un mécanique : « Désolé, j’ai oublié de te dire que je suis un peu agoraphobe… des plumes. » Oui, parce qu’au final, ils n’étaient plus que les deux. Oubliant à nouveau la présence de Joey pour se concentrer sur chaque détail de ce qui l’entoure, Alfie finit par analyser la suite de l’exposition, et entre quelques projecteurs, des fresques, des cœurs dessinés partout, des pancartes « free hugs » et autres citations philosophiques sur l’amour de son prochain. « Ah, donc j’en conclus maintenant qu’il y a un espoir pour notre société suicidaire si on s’aime les uns les autres ? Grave prévisible comme chute, je suis déçu. À moins qu’il y ait un twist terrible qui expliquerait le regard vide du couple d’avant, là. » Et là, c’est lui dont l’humeur se veut plutôt effrayée et qui manque d’attraper le bras de Joey, avant de se diriger vers une pancarte au sol dont il s’empare, la tendant en l'air avec conviction, comme tout bon manifestant vegan qui se respecte. « J’ai peur maintenant Joey, alors on va profiter du moment avant notre mort certaine. Dans mes bras, mon pote ! » Qu’il balance en souriant, quémandant du regard ce câlin bien évidemment imposé par la création de l’artiste et non pas par le besoin d’être serré aussi fort que possible pour calmer son rythme cardiaque.
Another head aches, another heart breaks, I am so much older than I can take, And my affection, well it comes and goes, I need direction to perfection.
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Mesdames et messieurs, veuillez applaudir dans le coin gauche du ring : le roi du quinoa, 75 kilos d’esprit sarcastique et de charme curieusement creepy, souvent suivi par une brune avec un air pas farouche sur le visage …. Alfie Maslow ! (la foule en délire l’acclame, certains esprits divergents lui jettent des boyaux de porc au visage). Dans le coin droit du ring : la sorcière de Port-Arthur, 68 kilos de cul plat et de seins tombant, souvent accompagnée par sa main droite qui fait tout le boulot … Emma Lawson ! (on peut entendre les mouches qui volent en même temps que les remarques sexistes.) Ouais, Joey avait décidément trop d’imagination pour son propre bien et son esprit n’arrivait pas à se détacher qu’une version porno de cette image était clairement possible si on s’en donnait les moyens. Certes il ne forcerait jamais Alfie à jouer dans un film pour adulte : 1 – parce que Jules l’en empêcherait en le menaçant de brûler toutes les graines de quinoa du monde (et accessoirement de le quitter), 2 – parce qu’Emma n’avait pas la tête de l’emploi, contrairement au brun, et qu’elle ferait fuir les spectateurs plutôt que de les exciter. Pourtant le jeune Lawson avait choisi son camp en préférant supporter un ami sincère plutôt que sa propre chaire qui passait le plus clair de son temps à le rabaisser plus bas que terre simplement pour le plaisir. Team Maslow, quitte à le faire inscrire sur un t-shirt histoire de bien enfoncer le clou pendant les repas de famille. Mais si l’anthropologue (toujours aucune idée de ce que ce mot voulait bien dire) avait ne serait-ce qu’une once d’amitié envers Joey il aurait sauté (littéralement) sur l’occasion de lui rendre service en honorant une femme désespérée qui allait bientôt dépasser le stade : pot de glace et binge-watching de toutes les saisons de Glee pour arriver directement à la case : ‘me retenez pas je vais sauter.’ Tout ça parce qu’elle n’arrivait pas à choper un homme assez fou pour lui faire un gamin, contrairement à Alfie qui avait toute ses chances de se voir bientôt appeler ‘daddy’ pour une autre personne que sa brune. Joey, sourire aux lèvres, ne peut que soutenir son ami alors que ce dernier le rassure sur le fait que les couches et le biberon attendront longtemps avant de trouver un autre preneur que le Maslow lui-même dans un délire sexuel incompris. « Heureusement, parce que ce pauvre gosse ne partira pas du bon pied dans la vie avec un père qui lui volera tous les cadeaux pour son propre divertissement. » L’imagine d’un Alfie couché sur le sol, submergé par une tonne de peluches et de jouet premier âge, lui viens en tête alors que la file se rétrécie devant eux pour ne bientôt faire qu’un petit serpentin de personnes. Mais si on ne pouvait pas compter sur l’anthropologue pour élever un gamin Joey était persuadé que Jules avait toujours eu ce petit côté maman poule qui ferait le bonheur d’un enfant, comme du Lawson qu’elle avait toujours excité avec son air strict et réservé. Il en jouait, tirait sur la corde d’un Alfie déjà bien excité par la sortie et par le ton plaisant de la conversation qui ne se priva de clamer haut et fort qu’il était le seul en droit de poser ses mains sur la silhouette agréable de Jules. S’écartant de l’animal en se frottant une oreille de manière exagérée Joey avait jeté un coup d’œil à la petite fille devant eux qui s’était retourné histoire de repérer la source de ce cri tout droit sorti du cœur. « Par contre il partage ses sucreries, va dire à maman que le monsieur t’as offert des bonbons. » Un aller simple pour la cellule ne le faisait pas rêver, pourtant il ne pouvait s’empêcher son plaisir de grimper en flèche à la vision du Maslow coincé dans un espace restreint entre un biker tatoué et un homme portant une jupe, un peu de matière pour son prochain boulot à l’université.
Star du porno ou idole des jeunes chatant en playback dans un groupe tout pété, Joey savait que sa collaboration avec le brun ne pouvait être que fructueuse si on associait le cerveau d’Alfie à la belle gueule du Lawson qui aurait pu vendre du sable à un touareg (si le touareg en question était aveugle et bien bien con.) Mais la chance avec le professeur c’était que Joey aurait toujours quelqu’un pour le dissuader de cocher les petites cases en bas des contrats qui précisent qu’en signant on s’engage à vendre chaque années un bout de peau au marché noir. « Tu vois, t’es bien plus utile que ma sœur me l’a laissé entendre ! Elle qui pense que tu n’es pas bon que dans l’exercice de la levrette dominicale. » A mesure qu’ils avancent dans l’attraction, et que la lumière autours d’eux laisse place à une obscurité effrayante qui ne rassure en aucun point l’acteur (quand on est encore habitué à dormir avec une veilleuse on prend vite peur des endroits sombres) alors qu’Alfie se lamente encore de n’être que le sous-fifre dans cette histoire de boys band, sans un seul grain de quinoa à se mettre sous la dent. « C’est bien parce que c’est toi … et aussi parce que je veux garder la drogue pour moi. Juste par amitié envers toi bien sûr, pour pas que tu retombes là-dedans et tout. Grand prince. » Joey bombe le torse de fierté alors que son regard se pare de dégoût rien qu’à l’idée de devoir regarder l’intimité poussiéreuse de sa sœur dans laquelle les araignées ont élues domicile depuis des années. Plutôt crever que de se mettre en mode full Game Of Thrones, même pour sauver l’humanité de l’ouragan Emma qui aurait plus besoin d’un gode taille XXXL plutôt que du regard lubrique de son pervers de frère. « Ok mais les yeux bandés, un casque sur les oreilles et un maximum de drogue dans mon organisme pour que je fasse une overdose juste après. » Analysant la scène non sans une horrible impression et une goutte de sueur perlant sur son front Joey avait enfoncé son majeur tendu dans la poitrine du brun. « Eh mais en plus tu pourras me donner jusque ce qu’il faut comme dose pour que je m’évanouisse quelques heures et que je revienne à la vie. Avec tes conneries d’études tu sais sûrement faire ça. » Alfie était donc magicien, chirurgien, expert en drogue et assez taré pour donner la mort à son ami avant de le faire renaître, flatliners shit. Même si le brun appose son droit de véto sur Cersei Lannister et son petit pas farouche qui exciterai même les morts il faut avouer que c’est sans doute l’autorité et l’idée de se faire étrangler par une femme de pouvoir qui rend le petit oiseau du Lawson tout heureux (en même temps, un rien le rend tout heureux.) C’était peut-être pour ça qu’il remettait le couvert en évoquant de nouveau la pauvre Jules dont les oreilles devaient souffrir la martyr et qui méritait bien plus qu’un simple bouquet de fleurs de rond-point, même si Joey aimait bien voir le regard apeuré de son ami dès qu’il évoquait le fait de lui piquer sa copine histoire de lui montrer que, oui, il y a des hommes dont le pénis dépasse les 10cm. « Mouais, peu mieux faire. Pour une femme comme ça je serais prêt à arrêter l’herbe et à devenir comptable ... Tu me vois, moi, comptable ? Je sais à peine additionner… » Rien que l’idée de porter une cravate lui donnait de l’urticaire, mais il fallait bien avouer que cacher derrière cette phrase pleine d’idioties se tenait quand même une vérité certaine, le Maslow avait dégoté la perle rare après plusieurs essais avec des huîtres pourries dont la fameuse sœur aînée qui restait le point culminant de la vie sentimentale du Maslow tant par l’expérience vécu que part le courage que ça lui avait demandé de foutre un doigt là-dedans sans avoir peur de se le faire bouffer. Alfie s’était penché un instant (et encore tout habillé) pour ramasser un flyer tombé au sol, sans doute pour dénoncer le fait que l’être humain n’était qu’un pollueur égoïste, avant de le faire glisser dans les mains sur Lawson en l’empressant de coller l’étiquette ‘expérience inédite et inoubliable’ sur le front d’Emma. « Ahah, inoubliable ça c’est sûr, ils ne vont pas être déçus du voyage je te le dis. » Et il rigolait comme un gamin devant une blague de pet (ça le faisait encore rire à 27 ans) en imaginant sa sœur avec un panneau ‘entrée gratuite’ entre les jambes postée au coin de la rue dans l’attente qu’un homme soit assez fou pour se dire ‘aller, ça me tente bien’.
Alfie, en plus d’être un bon ami et un excellent danseur de disco, se révèle aussi dénicheur de talent alors qu’il propose à Joey de se lancer dans une nouvelle carrière de scénariste, imaginant de sa plume divers petites scènes qui impliquaient toujours un homme vêtu d’une combinaison de ski courant après une jeune femme au sein ballotant dans les airs, rien de mieux pour faire plaisir au public hétérosexuel. « Je te ferai même une place au premier rang mon ami ! Attend donc les représentations 3D, tu vas en avoir plein les yeux, littéralement. » Gross … mais pas autant que d’imaginer les pauvres employés du ménage qui seraient obligés de nettoyer tout ce bordel après. Après le tympan gauche c’est maintenant le droit qui morfle alors qu’Alfie se vante d’avoir trouvé l’idée du siècle en proposant au Lawson d’installer une toile de tente dans un jardin publique et d’y inviter amis et famille à découvrir la première exposition de ‘porno-horror’ au monde, un savoureux mélange d’hémoglobine et de sperme, pour le plaisir des yeux. « C’est une révélation. » Les yeux écarquillés, une main se levant pour tisser une banderole imaginaire au-dessus de leur tête alors qu’il attraper les épaules de Maslow d’un bras, Joey Lawson se rêve déjà le Basquiat d’une génération de petits merdeux élevés aux pornos et aux films sanglants. « Pour ce qui est de mon premier salaire entant que metteur en scène et scénariste tu peux être sûr de recevoir un beau bouquet de quinoa pour te remercie de ton aide. » La phrase est sincère, le bras ne quitte pas les épaules alors que les deux amis s’enfoncent dans le tunnel de l’angoisse où un premier carton de plumes leur explose au visage, recouvrant leur yeux d’un voile blanc et duveteux (contexte) alors que Joey se demande encore ce qu’il branle dans un lieu comme celui-là, recouvert de bout de petits animaux morts. « Quel homme cet Alfie, un fervent défenseur de la cause animale. » Même si Jules ne boufferait jamais cette histoire d’oiseau criant à l’aide dans une ruelle sombre, abandonnant tout espoir de se voir sauvé, se roulant dans un coin pour mourir en silence, il fallait reconnaître qu’Alfie ne manquait pas de ressources pour inventer des histoires à la mords moi le nœud. C’est peut-être pour ça qu’ils cherchaient des explications aux cartons de plumes explosifs alors que la plupart des gens se contentaient de rire de bêtement avant de poser pour leur prochaine photo instagram, #plumes#curiocity#tropdémentputain. « Ou alors le mec à une dent sévère contre les poulets … un traumatisme d’enfance bien cachée parce qu’un jour, dans le jardin de papy, il s’est fait surprendre à essayer de fourrer ce gentil animal à plumes et ça lui a valu la tombée du siècle … depuis il est dans une traque sans merci contre cet animal du démon qui lui a volé sa jeunesse … » Wow, ok, on laisse tomber les joints à partir de maintenant. Les yeux rougis par l’herbe Joey s’attache au bras du Maslow comme si sa vie en dépendait, parce que le brun avait déjà survécu dans des zones plus sensibles que celle-là il était forcément la personne vers qui se tourner si on tenait à la vie. Un Bear Grylls en beaucoup moins costaud qui s’extasiait déjà à l’idée de voir une vidéo ludique du Lawson qui, dans un moment de grâce, arriverait à faire passer ses jambes au-dessus de sa tête pour venir se goûter tout seul (à défaut d’avoir quelqu’un pour le faire). « T’inquiètes, tu auras le droit à une copie dédicacée de mes exploits. » Le blond a à peine le temps de finir sa phrase qu’un nouveau carton leur explose au visage, cette fois-ci en prenant bien soin de répandre des plumes couleurs rouge sang sur le sol ainsi que dans les cheveux des spectateurs (drôle de facile mais pourquoi pas). Sentant son ami se dérober sous son bras Joey tire plus fort, s’empresse de coller Alfie qui ne cherche qu’à se dégager de l’emprise insoutenable du Lawson drogué qui aurait préféré arracher le bras de son ami plutôt que de se retrouver seul dans cet endroit. Mais c’est trop tard, dans un mouvement de panique le bras du blond relâche la pression et bientôt il n’est plus qu’un petit garçon paumé dans les ailes du supermarché qui cherche sa mère en chialant, de la morve plein le nez et un paquet de corn flakes ouvert entre les mains. « Alfie ?! » Peine perdue, on entend rien dans ce espace restreint tant le bruit est assourdissant, et Joey cherche à tâtons un moyen de retrouver un repère quelconque ou bien une nouvelle personne à qui s’accrocher. Thank god pour la lumière du jour qui perce au travers de l’installation quelques mètres plus loin, plissant les yeux pour affronter l’horrible sensation de se faire poignarder les yeux par un pic à brochette chaud Joey mets la main sur un Alfie complètement déboussolé. Levant un doigt en l’air pour laisser la phrase de son ami en suspens le Lawson se penche en avant et dégobille le paquet de chips et la RedBull qu’il s’est enfilé en guise de petit déjeuner, le tout sous le regard médusé d’un petit groupe de touristes (sûrement allemands vu la dégaine ‘chaussettes-claquettes’). « Oh ça va, c’est biodégradable. » En guise d’excuse alors qu’il accompagne le brun quelques mètres plus loin, là où des pancartes prônant l’amour et le respect ont remplacés les animaux morts et les bombes de plumes. « Mec, tu m’as trop foutu les boules putain. » Sans attendre le blond s’empare du corps d’Alfie pour le serrer contre le sien dans un câlin bien viril entre deux hommes sexuellement curieux, rien d’étrange là-dedans. « Refais plus jamais ça Maslow … vers qui je vais me tourner si j’ai besoin d’un conseil pour éliminer la gonorrhée si tu disparaît. » Simple et efficace, même si Joey avait du mal à reconnaître que le prof était – à ses yeux – un ami de grande valeur. Joey avait pris place à même le sol, assis en tailleur sur une pancarte ‘sauvez les ours polaires’, et avait sorti une clope d’un paquet sûrement volé dans une soirée quelconque. « Sur une échelle de un à dix tu es traumatisé comment ? » Limite il aurait pu sortir une vieille pipe en bois et se la jouer psychologue, mais en vrai ce qu’il voulait savoir c’était si son ami allait bien.
Alfie ne peut pas prétendre avoir toujours été très regardant concernant ce qui finissait dans son lit (et oui, le « qui » peut sonner irrespectueux pour les individus en question, toujours est-il que dans les nombreux moments d’absence qui suivaient une prise de drogue le brun n’avait pas toujours conscience de qui finissait dans son lit, et il n’aurait pas su dire si c’était une femme, un homme, ou quelque chose entre les deux). Qu’Emma se rassure, il ne pense pas à elle (parce qu’on pouvait critiquer sa manière d’être et son caractère pendant des heures, il n’en demeure pas moins que la jeune femme a des atouts physiques qu’on ne peut pas lui enlever, et que même leur séparation n’a pas écorché l’avis d’Alfie lorsqu’il l’a croisée pour la dernière fois – donc il y a à peu près six mois quand il s’est pointé chez les Lawson pour son jour de garde du petit Joey et qu’elle lui a claqué la porte au nez à peine après l’avoir ouverte). Non, Alfie pense à tous ces risques inconsidérés qu’il a pris, plus jeune, quand l’envie de satisfaire ses pulsions était bien plus forte que ses responsabilités (ce qui n’était pas difficile à l’époque compte tenu de l’inexistence de ces dernières) et que se protéger n’était pas une priorité. Il peut s’estimer chanceux de ne jamais avoir rien attrapé de très sérieux, même s’il n’a pas été trempé son biscuit un peu partout sans conséquences ; pour autant, de toutes les choses qu’il a attrapées, qu’il a évitées, il y a bien une chose à laquelle il est vigilent : les enfants. Au plus grand dam de Jules, il s’en rend bien compte même s’ils n’ont jamais eu cette discussion. S’il verbalisait son inintérêt pour les humains modèle réduit, nulle ne doute qu’elle le prendrait mal, très mal. Mais parce qu’elle n’a jamais lancé la discussion, l’anthropologue s’est accroché à l’idée qu’elle n’est pas pressée ou, mieux, qu’elle n’y songe pas, et peut-être qu’il finit par s’en convaincre. Dans tous les cas, que Joey se rassure, ce n’est pas aujourd’hui qu’il compte abandonner les plumes dans les fesses pour la layette, ni demain, et probablement pas plus l’année prochaine. Toutefois, son avis se retrouve chamboulé par les propos d’un Joey qui, sans le savoir, vient de lui donner un excellent argument pour effectivement songer à avoir un enfant. L’enthousiasme d’Alfie est palpable, principalement parce qu’il tape violemment sur le bras de Joey suite à cette révélation (et oui, dans un dessin animé, il aurait eu une ampoule au-dessus de son crâne). « MON DIEU, MAIS OUI, BIEN-SÛR ! » Qu’Alfie s’exclame, presque en hurlant, les yeux écarquillés et des petits sauts sur place qui traduisent de sa joie. « C’est une idée de génie ! Avec un enfant, t’as plus à justifier de t’éclater comme un gosse, parce que tu dois le faire pour le bien du petit. En plus, un premier, tout ton entourage est excité, mon dieu, imagine la tooooooonne de jouets qu’on va récupérer. » Il l’imagine, lui, et il en a des étoiles dans les yeux. « C’est du génie, Lawson, pourquoi j’y ai pas pensé avant ! » Ten points for Joey. Bon, il se réjouit, Alfie, mais il est malgré tout conscient que d’autres questions sont amenées à se poser concernant la possibilité d’accueillir un enfant. Des questions auxquelles il pensera plus tard, car dans l’immédiat il est bien trop occupé à songer au circuit de petites voitures qui prendra place dans le salon ; parce qu’il compte bien réclamer le modèle qui occupera la totalité de l’espace – c’est pour l’épanouissement du petit, comprenez. Un petit dont il oublie bien vite l’existence maintenant que Joey se met à fantasmer sur celle qui le portera, parce que si Alfie est très ouvert, il a ses limites, déterminées par celles de Jules. « Le monsieur il s’appelle Joey Lawson ! » Qu’il hurle à la gamine qui est déjà en train de filer pour rattraper les bêtises de Joey, sans parvenir à dissimuler ce sourire qui a pris possession de ses lèvres. Bien, la question de l’enfant est réglée : jamais Jules ne voudra d’enfant avec un délinquant sexuel, maintenant que c’est la réputation qui va lui coller à la peau, merci Lawson et la demi-portion qui vient de filer pour commettre son méfait (et à aucun moment Alfie se dit que jamais plus Jules ne voudra côtoyer un type comme lui, chacun ses priorités).
Casier judiciaire ou non, il n’en demeure pas moins qu’Alfie a une reconversion toute trouvée ; et Joey une… conversion tout cours, parce qu’il ne saurait réellement dire qu’elle est le vrai métier du blond (acteur ne compte pas dès le moment où même le chien a plus de temps d’écran que vous). M’enfin, Alfie ne juge pas, il a toujours espéré que son ami aurait son big break, seulement l’industrie du cinéma tourne à la vitesse d’internet explorer, raison pour laquelle ça n’est pas encore arrivé, mais il y croit, vraiment, et le côté beau gosse à moustache était trendy il y a sept ans, donc si on prend la vitesse du navigateur, ça devrait arriver d’ici l’année prochaine et Alfie serait presque tenté de prendre les paris. Quoi qu’il en soit, big break ou non, Joey a une perspective d’avenir, en partie grâce à un Alfie qui prendra soin de déchiffrer les contrats pour éviter qu’un « sacrifice d’enfant obligatoire tous les 30 juin à 23h45 » se glisse quelque part. « Hé, pour ma défense, elle m’a jamais laissé montrer l’étendue de mes talents ! » Qu’il boude comme un gamin capricieux, les lèvres presque retroussées pour accentuer le geste. En soit, il ne devrait pas être aussi vexé puisqu’elle a quand même su le complimenter dans un domaine – et un qui fait toujours plaisir, quand bien même Alfie est à cet instant le cliché du mâle alpha. Dans tous les cas, Alfie ne compte pas laisser Joey se jouer de lui et récolter la totalité de leurs cachets de super boys band que tout le monde va s’arracher – c’est certain – mais il concède à lui en céder la plus grande partie, du moment que sa part à lui lui permet de s’acheter une usine de quinoa, un supermarché, ou n’importe quoi qui saura le fournir à l’année, et ce, jusqu’à ce que mort s’en suive (de vieillesse ou d’intoxication au quinoa, on ne sait pas vraiment). « Je suis si touché. » Joignant le geste à la parole, sa main se porte à son cœur. Alfie ne préfère pas réellement rebondir, car malgré l’humour ambiant entre les deux hommes, c’est un sujet qu’il tend à éviter et à dissimuler en temps normal, et les confidences qu’il a pu faire à Joey sont une version édulcorée de la réalité. « Ce que je retiens, c’est que tu le ferais. Circonstances atténuantes ou non, t’es un gros dégueulasse, Lawson. » Qu’il juge en secouant brièvement la tête avant de très vite perdre son sérieux pour afficher un large sourire sur ses lèvres. « J’adore ça. » Ouais, Lawson c’est le petit frère creepy qui met son engin partout parce qu’il est en phase d’exploration, et qui repousse les limites de l’acceptable, qui se fait engueuler par ses parents (Emma) et qui trouve du soutien chez son grand frère (Alfie) qui ne dit rien et le pousse même à la faute pour son plaisir personnel. Un rire s’échappe de ses lèvres alors que le doigt accusateur de Joey vient s’abattre contre son torse, et Alfie hausse distraitement les épaules. « De plus en plus, je réalise que je me suis trompé de Lawson et que toi, tu vois mes talents. » Petite moue en prime, doigt qui vient essuyer une larme imaginaire et main sur le cœur, Alfie est fier qu’un Lawson sache enfin l’apprécier à sa juste valeur. « Et bien-sûr que j’sais faire ça, voyons ! Tu m’en voudras juste pas s’il y a quelques effets secondaires, tu sais c’est une science compliquée à maîtriser, même pour les experts. » Et par effets secondaires, il entend surtout cerveau privé d’oxygène = cellules mortes = état végétatif. M’enfin, Joey n’a pas précisé dans quel état il veut revenir à la vie, pas vrai ? Techniquement, il aura fait sa part du taf, et le blond ne peut rien lui reprocher. On peut cependant reprocher à celui-ci son obsession pour Juliana et Alfie finit par tourner la tête en fronçant légèrement les sourcils. Si le caractère du blond allait de pair avec son physique agréable, il commencerait sérieusement à craindre pour ses fesses, mais la précision de ses difficultés à additionner lui font réaliser qu’il est encore safe et que Jules ne lui trouvera certainement pas le même intérêt qu’elle lui trouve à lui (il l’espère sincèrement, et une goutte de sueur perle au coin du front d’un Alfie qui se dit que, merde, avec sa chance, ils vont encore se trouver de nombreux points communs pour l’amour de l’organisation – Jules sa bibliothèque et Joey sa collection de pornos – et il va sûrement finir abandonné sur l’aire d’autoroute de l’amour tel un chien qui aurait trop grandi. « J’allais te dire que Jules est une excellente professeure, mais ce serait te donner de nouveaux arguments, pas vrai ? » Bon, en soit, il vient de les donner. Merde. Rattrapons le coup. « Par contre, je peux te dire qu’elle a deux sœurs plus jeunes, dont une qui aurait sérieusement besoin de s’enlever le balai qu’elle a dans le fion, et un petit ami que tu peux dégager avec ma bénédiction. » Qu’Alfie propose, légèrement amusé, en songeant à Mary, dont le ressentiment n’est pas aussi conséquent qu’il le laisse entendre. Ce n’est pas sa meilleure amie, mais il ne la déteste pas et il n’est pas (toujours) contre le fait de la côtoyer. C’est plus compliqué avec son arrogant de petit ami, mais là n’est pas la question ; l’idée est seulement de faire briller les yeux du Lawson en lui proposant une perspective qui ne se réalisera jamais – comme le grand frère sadique qu’il est. Un grand frère qui, loin d’avoir pitié d’Emma, donne de nouvelles idées à son cadet pour rendre folle la blonde alors même qu’il était pour la paix des ménages il y a encore une dizaine de minutes. Mais une Emma avec un autocollant au milieu du front, ça n’a pas de prix, et le rire d’Alfie se mêle à celui d’un Joey tandis que le premier espère sincèrement que le second suivra ses bons conseils.
Dans la catégorie « bons conseils de professeur Maslow » ajoutons une nouvelle proposition de carrière soufflée à Joey ; scénariste. En réalité, cela lui paraît bien plus accessible qu’acteur de renommée internationale, tant l’esprit de Joey peut partir loin, très loin, sur une autre planète, même. Bien évidemment, ne comptons pas sur lui pour réaliser des films d’auteur ou à gros budget, non, Lawson s’épanouira dans du conceptuel, de l’abstrait (le mot politiquement correct pour dire « du n’importe quoi ») et c’est très exactement parce qu’il saura renouveler ces deux marchés qu’il aura du succès. « Attends, j’espère bien, je t’ai pas donné l’idée du siècle pour m’emmerder comme un rat mort sur ma chaise, je veux de la sueur, je veux du sang, je veux du… de la vie, je veux de la vie. » Heureusement, l’hypothèse qu’il formule par la suite, à savoir la possibilité que Joey puisse avoir sa propre exposition à Curiocity, lui apparaît comme moins dangereuse pour son visage (pas que ça l’ait dérangé par le passé, hm). « Le monde n’est pas prêt pour Joey Lawson. » Qu’il s’amuse alors que Joey se saisit de ses épaules, geste de gratitude qui confirme à quel point Maslow est une inspiration pour le plus jeune (oui, oui, rien que ça). « C’est vrai ? Roh mon pote, tu sais pas comment ça me fait plaisir. Jules se plaint que je lui offre pas assez de fleurs, mais elle pense jamais à m’offrir des bouquets de quinoa ! » Qu’il s’exclame, les yeux pétillants et l’esprit qui sélectionne déjà le vase qui saura mettre en valeur cette céréale (qui n’en est pas une). Embarqué par le poids d’un Lawson toujours bien penché sur lui, les voilà qui entrent enfin dans le vif du sujet (et on ne parle pas d’Emma). Loin de se contenter de profiter de l’attraction, Alfie ne peut s’empêcher de se questionner sur le pourquoi, le comment, le quand, et toute la panoplie d’interrogatifs qui va avec. Et cela va au-delà de l’expérience immersive puisque, bientôt, il songe à la manière dont il pourrait justifier auprès de Jules qu’il lui offre enfin un bouquet, seulement les plumes ont remplacé les fleurs. Dans tous les cas, il faut croire que sa curiosité est contagieuse puisque c’est désormais Joey qui se met à chercher la signification et, surtout, comment cet artiste a pu trouver autant de plumes – posons les vrais questions. « C’est un récit autobiographique que tu fais là, non ? » Qu’Alfie demande en tournant la tête vers un Joey qui imagine bien trop la scène pour être honnête (et rapport au fait qu’il est le cadet qui la fourre partout, tout ça, un poulet, une meuf, c’est kiffe-kiffe, ça possède un cul de poule). Parce que leurs interprétations commencent à hausser la moyenne de leur Q.I., les deux hommes ne tardent pas à revenir aux fondamentaux lorsque Joey évoque le rêve d’une vie qu’il n’est pas sûr de réaliser de son vivant, et qu’Alfie lui offre son soutien comme il le peut – en réclamant une vidéo parce que, quand même, on parle effectivement d’exploit à ce stade. « Je la poserai sur ma cheminée et je la transmettrai à mes héritiers. » Bon, ils sont pas prévus au programme, mais l’intention y est. Nouvel argument pour qu’Alfie ne devienne jamais père : au-delà de voler leurs jouets, il va surtout s’affairer à traumatiser sa progéniture et l’argent que Joey a concédé à lui verser plutôt servira à payer le psychologue plutôt qu’à financer sa réserve de quinoa ; et ça, c’est inenvisageable.
Joey toujours accroché à lui, Alfie accepte sans sourciller ce rôle de maman koala, jusqu’à ce que le silence soit de mise et que son esprit ne cherche plus d’explications à l’exposition maintenant qu’il se complaît dans celles qu’ils ont trouvées. Non, il daigne enfin s’intéresser à ce qu’il se passe autour de lui, à distinguer l’étroitesse du passage, l’obscurité de celui-ci, les plumes. Et les explosions. Et le rouge. Et aucune issue. Les battements de son cœur s’accélèrent, sa respiration se veut saccadée et Alfie cherche à sortir d’ici. Non. Il doit sortir d’ici au plus vite, car tout son système menace de s’effondrer ; mais ce serait admettre qu’il y a un bug quelque part, lui qui a toujours pensé que son fonctionnement était optimal – quand bien même on lui a souvent assuré du contraire. Alfie se fiche bien de laisser Joey à son sort ; ce qui compte c’est sa survie – tout comme c’est ce qui comptait la première fois qu’il s’est retrouvé dans cette situation. Mais il n’y a pas de situation, pas vrai ? C’est ce qu’il réalise une fois qu’il se retrouve dans la rue et qu’il observe, immobile et perturbé, l’attraction devant ses yeux. Il n’y a jamais eu de situation, elle n’a été que dans sa tête et c’est un constat qu’il se refuse de faire. En lieu et place, il se concentre sur le renvoi de Joey, ses yeux qui se perdent sur la scène de crime pour éviter la vraie. « Désolé. » Qu’il rétorque en pilote automatique, tandis qu’il relève les yeux pour ancrer son regard dans celui de Joey – une vision bien plus agréable que les restes de corn flakes et autres crachats. Et peut-être même qu’il a une étincelle de pitié dans les yeux pour convaincre son ami de céder à son caprice, et lorsqu’il constate que c’est effectivement le cas et que Joey entoure sa silhouette de ses bras, il a l’impression d’enfin pouvoir respirer là où d’autres seraient en train d’étouffer. Les paroles de son ami finissent par enfin atteindre son cerveau, et Alfie reprend un peu de contenance. « Tu me fous une pression de dingue, ça veut dire que je vais devoir me la jouer centenaire pour m’assurer que tu puisses toujours compter sur mes bons conseils. » Nope, non, no way, Alfie n’a pas l’intention de vivre jusqu’à cent ans – il a pas l’intention de dépasser la moitié, d’ailleurs. Faisant quelques pas autour de Sitting Bull Lawson, l’anthropologue réfléchit un bref instant à la question du blond avant de s’asseoir face à lui. « Assez pour t’en demander une. » Qu’il demande en désignant le paquet dans les mains de Joey, et dont il s’empare sans même attendre son autorisation. « Hm, quatre. Non, cinq, y’a cette plume rouge qui m’est arrivée dans le nez, mec, j’ai pas aimé sa façon de faire. » Dix sur dix, mais il ne le dira pas, au lieu de quoi il préfère allumer cette cigarette qu’il porte rapidement à ses lèvres, et les vieux réflexes reviennent sans tarder puisque la première latte après tant d’années d’abstinence ne s’accompagne pas même d’une légère toux. « Merci. » Qu’il finit par glisser, un fin sourire sur les lèvres, et le regard qui cherche un nouveau point d’ancrage que celui de Joey, parce qu’il n’y a pas de ça entre eux. Il ne devrait pas y avoir de ça, et il ne devrait pas en avoir plus dans son quotidien.
Another head aches, another heart breaks, I am so much older than I can take, And my affection, well it comes and goes, I need direction to perfection.
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Partageant cette passion commune pour les plaisirs du corps et de la chaire Joey et Alfie avaient plus de points communs ensemble que le blond n’en aurait jamais avec les membres de sa propre famille, et même si l’anthropologue avait tiré un trait sur sa vie de coureur de jupons et de briseurs de cœurs il n’en restait pas moins un mentor pour le jeune Joey dont le but dans la vie était d’avoir un maximum de noms sur son tableau de chasse. But à la finalité impossible car le blond allait de passions en passions sans jamais trouver le moyen de rassasier sa faim, chose qu’Emma ne pouvait décemment pas comprendre puisqu’elle avait mis un point d’honneur à coucher utile plutôt que d’écouter son pauvre corps flétrit par des années de solitude. Alfie avait le bagout nécessaire pour tirer les meilleures choses que la vie avait à lui offrir, et aussi une chance de cocu incroyable que de toujours pouvoir compter sur Jules qui n’avait décidément pas fait taire son envie d’enfanter puisqu’elle s’occupait de ce grand gamin avec le sourire. Ouais, Joey enviait carrément la vie de son ami qu’il pensait simple sans prendre le temps de comprendre que l’anthropologue avait plus de démons qu’une maison hantée. Cette sortie était le meilleur moyen pour les deux amis de se retrouver autrement que dans la maison que partageait le brun avec sa promise, une baraque que Joey avait en honneur parce qu’elle était parsemée de bouquins à chaque coins et que le blond n’avait jamais appris à lire autre choses que des bandes dessinées. La file se rétrécirait lentement devant eux, laissant assez de temps à Joey pour convertir les âmes sensibles de ses bonnes paroles, qu’il distillait gratuitement comme la bonne âme qu’il avait toujours été. Et si Alfie était plus que réticent à l’idée de devoir se trimbaler derrière lui une mini Jules (parce qu’il était inconcevable d’imaginer Alfie avec une version miniature de lui-même qui serait obligé d’avaler des biberons de graines) Joey gardait quand même en tête que le brun pourrait faire passer ses envies de jouets pour des besoins explicitement détaillés par le gamin balbutiant. La main du brun s’était abattu sur l’épaule du blond, réveillant ainsi des pulsions un peu maso qu’il avait toujours aimé refouler au plus profond de lui tout en gardant à l’idée qu’une petite baffe de temps en temps était toujours la bienvenue, avant de calmer haut et fort que le Lawson avait eu la meilleure idée du monde (après le fait de toujours avoir un paquet de capote sur lui.) Il avait cette vision d’un Alfie entouré de jouets, retourné sur le dos comme une tortue avec les bras battant dans le vide dans une expression de jubilation, et ça lui donnait le sourire alors qu’il haussait un sourcil. « Bien sûr que c’est la meilleure idée du monde. Je ne suis pas juste une belle gueule tu sais. » Que le blond avait décrété alors que tout deux savaient pertinemment que Joey était incapable de faire une division ou de réciter l’hymne australien (tout le monde peut faire bouh). Il ne manquait plus que l’accord de Jules qui ne serait pas franchement difficile à obtenir tant toute la personne de la brune criait ‘fait moi un gosse bordel de merde’ qu’Alfie se plaisait à ne pas voir, par envie ou par simple manque d’intérêt envers celle avec qui il partageait maintenant sa vie. Un intérêt que Joey aurait bien voulu donner à Jules tant son côté miss je-sais-tout avait tendance à l’émoustiller plus que de raison, mais Alfie n’avait rien de partageur sur son quinoa comme sur son couple, l’ingrat. Mais à voir comment se comporte le brun avec les enfants alors qu’il hurle à la petite fille de ne pas oublier le nom de celui qui pourrait lui proposer des bonbons et un tour gratuit dans un van Joey se dit que c’est peut-être pour le mieux d’attendre un peu avant de poser ses valises dans Childtown. « Tu diras à maman que le monsieur m’a enlevé pour me mettre dans sa collection. » Que le blond avait rajouté à son tour en adressant un signe de la main à la gamine terrorisée. Et un casier judicaire encore plus fourni pour Mr Maslow, qu’on lui apporte tout de suite le dernier repas du condamné, un bol de graines suffisant amplement à satisfaire les envies de l’anthropologue.
Cette histoire de boys band ne tenait pas la route une seule seconde mais Joey avait besoin qu’on le mette des paillettes dans sa vie autrement qu’en reniflant d’un peu trop près le slip doré d’un danseur. Et même Alfie quémandait une toute petite partie des gains afin de pouvoir établir chez lui un bunker dédié à sa passion pour les graines Joey savait parfaitement que dans une situation comme celle-ci il prendrait la poudre d’escampette jusqu’au Maldives sans prévenir personne, laissant simplement derrière lui une traînée de fumée comme dans les dessins animés. C’était le pied que de s’imaginer vivre toute l’année sur une plage de sable blanc, un verre dans la main et un cul dans l’autre, et même si il regrettait un peu la présence de son ami à ses côtés il n’en était pas de même pour sa sœur qui avait tout de même réussi à arracher de sa gorge un compliment pour Alfie, et dieu que ça lui avait coûté cher de reconnaître qu’elle avait pris du plaisir autrement qu’avec des hommes d’affaires aux mains grasses. « Dis-toi au moins que tu es l’un des rares à lui avoir arraché un soupir de plaisir … même si ça doit ressembler plus à longue plainte de douleur, comme quand on marche sur la queue d’un chat. » L’obscurité se faisait de plus en plus présente autours de la paire tandis qu’ils avançaient dans l’attraction non sans que Joey se distribue quelques coups de coude au passage, parce que c’était drôle et que personne ne pouvait distinguer son visage dans le noir. Bon, à la vue de la tête d’Alfie il était contraint de lui céder une petite part des gains accumulés entant que fantasme vivant, il ne fallait pas non plus que Mr Maslow soit privé de petites voitures télécommandées pour le reste de sa vie. Et si il voulait bien se délester d’un peu d’argent au profit d’Alfie il n’avait en aucun cas envie de servir de godemichet géant à sa sœur. Premièrement parce que c’était dégueulasse (important que de le souligner), deuxièmement parce qu’il n’y aurait jamais assez de drogue sur terre pour que Joey se sente capable d’y mettre les doigts, sous peine de faire mordre. « Un gros dégueulasse certes, mais je pourrai au moins vérifier cette rumeur qui dit que son vagin à des dents. » Pas qu’il avait particulièrement envie mais ça aurait au moins le mérite d’être une partie assez exotique de son histoire personnelle, trait qu’Alfie ne manqua pas de souligner avec un sourire lubrique et satisfait sur le visage, parce qu’il aimait être le mentor d’un adolescent stupide. Un mentor tout aussi attardé que son élève qui acceptait même de le faire mourir avant de le faire renaître, un science approximative mais qui au moins le mérite de rendre le quotidien du blond un peu moins chiant. « Du moment que je me réveille pas dans le corps d’un robot … » Pointant un doigt sur Alfie alors qu’une idée lumineuse venait de naître dans son esprit tordu. « OU ALORS ! Tu me mets dans le corps d’une machine sexuelle increvable avec le faciès d’un dieu grec style David Hasselhoff ! » Oui il n’avait pas la même conception de dieu grec que la plupart des gens mais l’ancien acteur d’alerte à Malibu restait le fantasme ultime pour le blond qui avait toujours rêvé de se faire embarquer dans le gros camion rouge après une noyade. Pas certain tout de même que cette situation plairait à la femme partageant le même lit qu’Alfie, elle qui faisait naître en Joey une envie folle de se mettre aux mathématiques malgré sa grande difficulté à additionner deux plus deux. Se gardant bien d’ajouter un nouveau commentaire sur les potentiels affinités qu’il pourrait se découvrir avec Jules (et puisque le brun ne semblait toujours prêt à abandonner la jeune femme) Joey été entré dans le labyrinthe non sans ressentir la pointe d’excitation des premières fois. Mais l’anthropologue avait un grand cœur et ça le blond n’en avait jamais douté, précisant que Julianna partageait tout de fois son ADN de bombe atomique avec deux jeunes que Joey se ferait un plaisir de connaître plus en profondeur (en gras, en souligné). « J’aime quand tu me dis des cochonneries Maslow. Et tu sais bien que je suis un expert pour briser des couples, ça m’excite d’être détesté. » D’où les demandes que le Lawson exprimait toujours en plein rapport, à savoir crache moi dessus et fait de moi ta chose (grande classe).
En plus d’avoir autant de corde à son arc qu’un archer en pleine préparation des jeux olympiques Alfie avait, aussi, des idées plein la tête afin de redorer le blason d’un Joey dont la carrière ne comptait toujours que son petit film porno à bas budget, et se dire qu’il pourrait très bien écrire les scénarios de ses idées lugubres avait haussé un sourire grand comme le monde sur les lèvres du blond. « De la vie tu vas en avoir mon chat, attends toi à être arroser de vie sous toutes ses formes. » Il parlait là, bien évidemment, de semence coulante et d’ovaires encore ensanglantés si les actrices acceptaient la mutilation. Voilà enfin une manière de mettre à bien les talents que le Lawson avait développés au court de sa mince carrière, et Alfie y était pour quelque chose, ce qui valait bien tous les bouquets de quinoa du monde. Agrippé aux épaules du brun Joey n’avait pas réussi à esquiver le premier carton de plumes qui avait explosé dans un bruit tonitruant en déversant son contenu sur le sol ainsi que les sur les pauvres gens qui n’avaient pas demandés à souffrir de la sorte. Pas la peine de chercher le but de cette expérience ni mêmes les racines de cette histoire que Joey avait fait naître dans son esprit torturé alors qu’Alfie s’inquiétait déjà de savoir si cette histoire n’était pas née d’un traumatisme durant l’enfance du Lawson. « Non, les poules ça court trop vite et tu sais bien qu’il me faut un orifice d’une certaine taille pour m’exprimer convenablement. » Une manière curieuse de dire que Joey avait besoin d’assez d’espace pour s’infiltrer, mais bon, le Maslow avait certainement compris où il voulait en venir, de même lorsque Joey avait évoqué la possibilité de lui transmettre une copie dédicacée de sa performance ‘me, myself and I’. « J’espère bien que la transmettra, c’est un cadeau que je te fais. » Sans mettre entendre la réponse du brun Joey avait été surpris par une nouvelle explosion qui le fit se détacher de son ami, se retrouvant maintenant seul dans ce labyrinthe noir et sans issu, apeuré comme une pucelle devant l’équipe de natation en slip de bain trop serrés. Alfie avait pris le large et Joey se retrouvait maintenant condamné à errer comme une âme en peine jusqu’à ce que mort s’en suive. Tâtonnant dans le noir à la recherche d’une issue de secours le blond avait fini par trouver un rayon de lumière indiquant que la sortie était toute proche, profitant de cet instant pour accommoder ses yeux aux rayons du soleil Joey avait réussi à mettre la main sur un Maslow complètement désorienté. Au diable les bonnes manières le blond avait englobé le corps de son ami entre ses deux bras pour bien lui faire comprendre qu’à la nouvelle frayeur de ce genre il n’hésiterait pas à le considérer comme mort et à lui donner une veillée funèbre digne de ce nom. « Mais prend le paquet entier si tu veux mon gars, t’as l’air d’un mec qui a vu la mort en face et qui as pas apprécié la petite faux. » Le blond avait tendu son paquet d’un geste rapide avant de s’asseoir en tailleur sur une pancarte toujours sous le regard des touristes évaluant la prestation vomis avec un certain dégoût. « De rien. Viens on se tire de là avant qu’on nous colle des affiches entre les mains pour participer à une exposition sur les merveilles du transit intestinal. » La clope entre les lèvres Joey avait passé en bras en travers des épaules d’Alfie avant d’enjamber un mince cordon sensé pousser les gens à faire demi-tour pour retourner dans l’attraction.