S'il y avait bien une tenue dans laquelle Stephen ne se sentait pas à l'aise, c'était bel et bien le costume. Une chemise blanche trop formelle à son goût, un pantalon noir qu'il délaisserait volontiers pour une paire de jeans ... et ces chaussures cent fois moins confortables que des sneakers. Le brun ne se prêtait que rarement à l'exercice pour une raison toute simple : il détestait ça, et ce depuis toujours. Aujourd'hui pourtant, il n'y avait pas coupé, et alors qu'il réajustait pour la centième fois son col de chemise, il maudissait la terre entière à mesure que l'élégance vestimentaire s'imposait -malheureusement- comme l'élément de rigueur. Costume obligatoire pour les hommes et robe de cocktail pour les femmes ; le baptême du petit Thomas Holloway-Jones dont il était le parrain s'annonçait comme l'événement mondain de cette année. Rebecca et son mari semblaient y avoir convié encore plus de monde qu'à leur mariage, et si aux yeux du brun c'était sans doute trop, pour les familles des jeunes parents, la venue au monde du premier enfant de la nouvelle génération était un événement qui méritait au moins d'avoir privatisé l'immense bâtisse d'un domaine viticole en bordure d'océan et d'y donner une réception digne de ce nom. Compositions florales sur chaque table, photocall et serveurs à chaque recoin, on était dans le comble du too much pour ce pauvre enfant d'à peine quatre mois qui ne se souviendrait jamais de ce jour. S'érigeant comme l'apothéose d'une journée riche en cérémonies entre le passage obligatoire à l'église et la séance photo organisée sur la plage, cette soirée à venir amenait les festivités au travers de dizaines de coupes de champagnes et d'amuses bouche qui ravissaient les papilles et déliaient les langues de tous les convives. Stephen en connaissait d'ailleurs à peine la moitié. De sa propre famille aux vieilles connaissances en passant par la plus fidèle clientèle des studios de yoga familiaux, c'était un vrai travail de mémoire qui le challengeait à mesure qu'il était la cible de dizaines d'approches. "Je te promets de ne jamais laisser ta mère organiser ton anniversaire." qu'il soufflait à son filleul que lui avait confié Rebecca quelques minutes plus tôt tandis qu'elle s'afférait à brieffer son staff sur la marche à suivre lors du cocktail qu'elle souhaitait réglé au millimètre prêt. Esquivant soigneusement chaque tentative de discussion, le brun cherchait Leah du regard au milieu de la foule. Alpagué par sa cousine sitôt le pied posé sur le domaine, Stephen n'avait pas vraiment eu l'occasion de pouvoir avoir une discussion de plus de trois mots avec la jeune femme depuis le début d'après midi, et maintenant que la pression retombait, il comptait bien profiter du cadre bucolique de l'endroit pour la retrouver. "Stephen !" Ah. S'il y avait bien une personne qu'il ne pouvait pas zapper sans impunité ce soir, c'était bel et bien sa mère. Wanda était arrivée sur son chemin en une fraction de seconde, et comme si elle lisait dans ses pensées, ses bras attrapèrent le bambin à moitié endormi pour soulager son fils. "... va voir Leah tu veux. Ton oncle est encore en train de lui faire la conversation et elle n'a pas l'air dans son assiette la pauvre." Les lèvres de Wanda se pincèrent un bref instant, comme soucieuse. Elle était de celles qui avaient un regard perçant, une intuition bien tranchée. Stephen avait toujours trouvé ce trait de caractère pénible au possible, persuadé qu'elle n'avait pas la science infuse, mais lorsque ça ne le concernait pas... il se rangeait de son avis. "Ouais.. j'y allais." qu'il grommelait en jetant un dernier coup d'oeil au bonhomme assoupi. Bien plus rapide depuis qu'il avait laissé le petit prince de la soirée à sa mère, il ne mit que quelques secondes pour retrouver la brunette. Une coupe de champagne à la main, installée un peu à l'écart de la foule, elle était aux prises de l'oncle John qui semblait s'évertuer à lui raconter une histoire que lui seul trouvait passionnante à en juger par l'air soucieux de Leah. "Rebecca te cherche... une histoire de discours. Tu ferais mieux d'y aller." S'imposant en sauveur, Stephen avança de quelques pas pour les rejoindre -et mettre fin au massacre en cours. Il encercla la taille de la jeune femme de l'un de ses bras, puis congédia son oncle qui disparut aussi sec à l'écoute du nom de sa tyrannique de fille. "... Je ne bouge plus d'ici Baumann." Le brun soufflait presque en se penchant pour déposer un baiser sur son front, tentant d'effacer les longues minutes de souffrance morale qu'elle avait dû endurer avec John. Un sacré personnage sans filtre, regorgeant d'histoires et d'informations sur chacun des membres de la famille. Stephen avait beau l'adorer à mesure qu'il avait fait office d'unique présence masculine dans son développement, il n'en restait pas moins conscient qu'il pouvait se montrer très trop lourd parfois. "... ou peut être que si. C'est le moment de me proposer un voyage au Pérou. Si tu me dis qu'on part dans deux heures je te suivrais au bout du monde. Je refuse de faire encore la moindre petite photo." Se passant une main fatiguée sur le visage, Stephen rompait leur étreinte pour observer avec un peu plus d'attention les traits de la brunette ; les paroles de sa mère ne l'avaient pas quitté. La même expression semblait l'habiter depuis ce matin. Leah avait l'air préoccupée, l'esprit encombré par quelque chose qu'il ne comprenait pas bien. Depuis leur retour du Cambodge, leur quotidien était pourtant parfait. Ils arrivaient à trouver leur équilibre dans cette nouvelle vie de couple, et ce baptême était l'occasion pour eux d'officialiser en douceur. "... t'as pas l'air bien depuis ce matin. C'est peut être trop d'un coup." qu'il s'inquiétait, bien conscient que chaque membre de son entourage était une véritable source d'épuisement.
Le jour du fameux baptême tant attendu était enfin arrivé. L’invitation avait été lancée quelques minutes à peine après leur arrivée au Cambodge, et depuis lors, Leah s’était fait une joie d’assister à l’évènement. L’idée de voir Stephen se soumettre de mauvaise grâce à la moindre exigence de sa cousine restait un spectacle qu’elle n’aurait raté pour rien au monde. Entre temps, elle avait légèrement déchanté lorsque le couple avait reçu leur invitation officielle : le dresscode de cette journée était tout ce qu’elle détestait. Un cocktail pompeux, une liste d’invités à n’en plus finir… Le seul avantage qu’elle voyait, c’est que cette foule lui permettrait plus facilement de se fondre dans la masse. Après tout, l’évènement était sa première apparition officielle en tant que petite amie de Stephen. De quoi rajouter une pression supplémentaire à la brunette, qui s’imaginait déjà la souffrance qu’elle allait ressentir en passant la journée entière en talons hauts. L’achat d’une nouvelle tenue s’était imposé de lui-même, tandis que le kiné s’était donné des airs de Richard Gere en lui tendant sa carte de crédit afin qu’elle se fasse plaisir. Mais n’est pas Julia Roberts qui veut : Leah lui avait rit au nez avant de partir en quête de sa robe de cocktail avec sa propre carte, peu désireuse de le laisser lui payer encore davantage de choses qu’il ne le faisait déjà. Si flâner dans les magasins la détendait toujours, cette fois là avait été bien différente des autres. La brune avait la désagréable sensation d’être suivie, de sentir un regard pesant sur elle. Pourtant, elle avait eu beau se retourner sans prévenir, elle n’avait vu personne ni retenu quoique ce soit qui sortait de l’ordinaire. Elle était finalement rentrée à l’appartement avec sa robe et la nette impression qu’elle devenait folle, avec de fortes tendances à la paranoïa. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait ressenti cette gêne, cette sensation étrange d’être épiée… Quelques semaines plus tôt, elle avait balayé tout ça en se disant qu’elle rêvait. Mais depuis leur retour du Cambodge, ces impressions s’étaient renforcées, à tel point que la brune songeait même à appeler la police. Mais elle n’avait rien de tangible à apporter. Le déni l’empêchait de prononcer à haute voix les pensées qui traversaient son esprit ces derniers jours, car cela rendrait les choses bien trop concrètes. L’image de Camden la hantait, c’était indéniable, mais Leah se refusait à croire qu’il pouvait être lié de près ou de loin à ceci. A ses yeux, il était mort et enterré, appartenant à une page de son passé qu’elle avait tourné. En fait, elle avait même brûlé tout le livre. Le jour du baptême, la jeune femme avait décidé de chasser ses idées noires et de faire bonne figure… Malheureusement pour elle, ses émotions se lisaient toujours avec autant de facilité sur son visage. Un défaut qu’elle s’efforçait de corriger, sans toutefois y parvenir d’un chouïa. Pour l’occasion, Leah avait jeté son dévolu sur une longue robe verte aux longues manches, dont la coupe classique était cassée par une longue fente sur le côté gauche qui dévoilait ses longues jambes, ainsi qu’une légère ouverture sur son ventre plat. Une tenue qui ne risquerait pas de faire tomber Wanda à la renverse, mais qui était suffisamment seyante pour déclencher quelque chose chez Stephen. Oui, elle était devenue cette fille qui achetait sa tenue en pensant à son copain. Elle leva les yeux au ciel pour elle-même face à ce constat, un petit sourire au coin des lèvres. La journée en elle-même s’était déroulée comme prévu : une longue cérémonie, agrémentée d’un nombre incalculable de flashs. La brune avait eu la nette impression de se retrouver à la remise des Oscars, et non pas au baptême d’un bébé de quatre mois. Lorsqu’elle lui avait partagé son sentiment, Stephen s’était mis à rire, déclenchant par la même occasion le regard furibond de sa cousine. La brunette voyait de plus en plus la ressemblance entre les deux cousins : la névrose devait être un trait commun dans la famille. Mis à part ça, le temps était vite passé et à sa grande surprise, Leah supportait plutôt bien ses talons. Tout allait donc pour le mieux, même si le kiné n’avait malheureusement pas l’opportunité de rester beaucoup à ses côtés. Comme elle s’en était douté, le parrain du petit Thomas était lui aussi un VIP aujourd’hui, désigné implicitement comme la personne avec qui il fallait apparaître sur les photos. La brune s’était effacé d’elle-même, le laissant en proie aux vautours pour se promener et découvrir les lieux, loin du brouhaha environnant. Rebecca n’avait pas fait les choses à moitié – rien d’étonnant à cela – et l’endroit qu’elle avait choisi était tout simplement magique. Mais Leah avait beaucoup de difficulté à se mettre dans l’ambiance car sa tête était ailleurs. Les serveurs qui déambulaient parmi les convives semblaient avoir été menacés de mort si un seul invité se retrouvait avec une coupe vide, car le champagne coulait à flot alors même que la soirée en était à ses prémisses. La brunette en était déjà à son quatrième verre, sans avoir rien dans le ventre… Heureusement pour elle, sa tolérance à l’alcool restait toujours aussi élevée. Perdue dans ses pensées, la jeune femme n’avait pas pu anticiper le boulet de canon qu’était l’oncle John, et se retrouvait à présent coincée avec lui et ses anecdotes – dont le stock semblait infini. Il avait fallu vingt bonnes minutes à Stephen pour la repérer et pour voler à son secours, et elle accueillit sa venue avec un sourire soulagé. "Rebecca te cherche... une histoire de discours. Tu ferais mieux d'y aller." Bien trouvé. Leah prit un air contrit en voyant l’oncle John s’en aller vers une tâche inventée de toute pièce, puis se tourna vers le brun avec une lueur amusée dans le regard. "... Je ne bouge plus d'ici Baumann." La brune ferma les yeux tout en accueillant ce baiser emprunt de tendresse avec un sourire en coin, avant de relever la tête pour lui adresser un petit sourire. Plus silencieuse qu’à son habitude, Leah essayait cependant de donner le change comme elle pouvait. "... ou peut être que si. C'est le moment de me proposer un voyage au Pérou. Si tu me dis qu'on part dans deux heures je te suivrais au bout du monde. Je refuse de faire encore la moindre petite photo." Elle éclata de rire, secouant la tête face à la remarque du kiné. « Tu parles. On revient à peine du Cambodge, si tu lui annonces qu’on décolle pour le Pérou dans deux heures, elle nous tuera tous les deux. Puis je suis sûre qu’on ne retrouverait pas nos corps... » Oh oui, sa cousine pouvait vraiment avoir l’air effrayante. Mais le ton de la brunette suggérait la plaisanterie, ainsi que l’air amusé qu’elle prenait en imaginant la réaction de la blonde. « Mais tu sais que si je n’avais pas si peur pour nos vies, je te kidnapperais volontiers Holloway… » Ajouta-t-elle en se hissant à peine sur la pointe des pieds pour s’emparer de ses lèvres – l’avantage des talons hauts sur lesquels elle était perchée. Stephen se recula un peu, l’observant avec un air inquiet et la brune se mordit instinctivement la lèvre inférieure, comme toujours lorsqu’elle était nerveuse. "... t'as pas l'air bien depuis ce matin. C'est peut être trop d'un coup." La jeune femme secoua la tête, s’accordant une autre gorgée de champagne pour se donner contenance. « Ce… Ca n’a rien à voir. Je suis contente d’être ici, c’est parfait. » Lança-t-elle dans un geste qui englobait tout ce qui les entourait. Et elle ne mentait pas. Leah appréciait énormément la famille du kiné, et l’attention accordée à Thomas rendait les choses un brin moins difficiles à gérer pour elle aujourd’hui. Elle n’était peut-être pas une grande fan de toutes ces mondanités, mais elle était ravie d’être là pour Stephen. Si seulement le mauvais pressentiment qui la tenaillait n’était pas si omniprésent, elle parviendrait peut-être à se lâcher un peu plus. « Je suis désolée, je pense que j’ai mangé un truc qui est pas passé hier soir. Va falloir qu’on arrête de commander chez ce chinois… J’suis pas toujours certaine de ce qu’il met dans ses plats celui-là. » Ajouta-t-elle en grimaçant. Effectivement, elle s’était réveillée un peu patraque ce matin, la nausée prenant le dessus sur son appétit pourtant vorace du matin. Encore une fois, elle avait mis ça sur le compte de la nervosité occasionnée par ces impressions qu’elle avait depuis quelques semaines. Elle ne voulait pas inquiéter davantage Stephen à ce sujet, mais depuis leur grande discussion en janvier, elle se sentait obligée de lui dire la vérité, même si celle-ci tenait de la folie passagère à ses yeux. « Puis je sais pas, hier j’ai eu une sensation bizarre. Comme si on me suivait… Ca a duré une bonne partie de l’après midi. Et ensuite, plus rien. Ce… C’est pas la première fois que ça arrive, ça commence à me rendre dingue je te jure. » Face au regard ahuri de Stephen, elle haussa les épaules tout en ajoutant : « J’sais pas, c’est la fatigue sans doute… » Son ton n’avait rien de convaincant ou de convaincu, mais il sembla étonnamment rassurer le kiné. Difficile à dire dans ses circonstances, après tout, cette soirée n’était pas vraiment le lieu ni le moment opportun pour discuter de ses angoisses. Elle termina d’un trait sa coupe de champagne en se forçant à sourire à nouveau.
Malgré l'air contrit qui assombrissait ses traits, Leah était rayonnante ce soir. Elle brillait d'un éclat qui surprenait encore le brun tant il l'avait royalement ignorée les vingt sept premières années de sa vie. Elle avait toujours été l'adolescente invisible à ses yeux ; le garçon manqué, l'oiseau de nuit en manque de confiance. Qu'aujourd'hui elle soit cette jeune femme pleine d'assurance osant lui tenir tête le surprenait à chaque instant. Les choses avaient tant changé depuis plus d'un an qu'ils avaient renoué contact, et elles avaient encore plus changées depuis que les deux avaient cessé de se comporter comme deux têtes de mule. Hier encore, Stephen ne se serait pas attendu une seule seconde à ressentir cette sérénité lorsque la petite brune se tenait si près de lui, et pourtant... il semblerait que ce soit elle que son âme toute cabossée ait choisi pour se laisser une seconde chance. Elle, Leah la maladresse, Leah l'imprévisible. La brunette n'avait jamais laissé le moindre répit pour son esprit étriqué et certainement trop autoritaire. Elle amenait dans sa vie la spontanéité, et contre toute attente, il y avait pris goût. « Tu parles. On revient à peine du Cambodge, si tu lui annonces qu’on décolle pour le Pérou dans deux heures, elle nous tuera tous les deux. Puis je suis sûre qu’on ne retrouverait pas nos corps... » qu'elle lui glissait avec un petit rire alors qu'il avait soumis l'idée de s'échapper de cet enfer en prenant le chemin de l'autre bout du monde. De son index il lui replaçait une mèche de cheveux derrière l'oreille, l'ombre d'un sourire au coin des lèvres. Cette remarque n'était pas bien éloignée de la réalité. Rebecca lui en avait véritablement voulu lorsqu'il avait décampé au Cambodge durant tout un mois. Fort heureusement pour lui le fait qu'il ne revienne en officialisant sa relation avec Leah avait fait rapidement redescendre la jeune maman. Elle était heureuse pour eux, pour ce happy end qui mettait fin à une époque bien trop compliquée pour son veuf de cousin. Si elle était consciente que Stephen n'ait pas tout à fait tourné la page, son cœur y mettait de la bonne volonté. Leah arrivait chez les Holloway avec des dizaines de points d'avance. « Mais tu sais que si je n’avais pas si peur pour nos vies, je te kidnapperais volontiers Holloway… » poursuivait-elle d'ailleurs en se hissant sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Littéralement sur un nuage, Stephen avait glissé ses bras autour de sa taille, s'était penché pour attraper ses lèvres qu'elle lui tendait avec douceur. En théorie, rien n'aurait dû assombrir l'instant et pourtant. Il n'avait pas pu s'empêcher de revoir son air préoccupé, et de se ressasser les paroles de sa mère qui faisaient écho dans son esprit : "elle n'a pas l'air dans son assiette avait glissé Wanda, et effectivement. Le brun connaissait assez bien la jeune femme pour savoir que l'expression qu'elle arborait actuellement trahissait une inquiétude qu'il ne lui comprenait pas vraiment. Leur retour à Brisbane s'était déroulé -étonnamment- le plus naturellement possible.. alors quoi ? « Ce… Ca n’a rien à voir. Je suis contente d’être ici, c’est parfait. » un vague geste de la main accompagnait ses paroles, sans pour autant que ce dernier ne suffise à convaincre l'immensité du paquet de nerfs dans lequel s'était mué Stephen. Le regard soucieux, son inquiétude s'était manifestée avant même que la jeune femme ne poursuive par un : « Je suis désolée, je pense que j’ai mangé un truc qui est pas passé hier soir. Va falloir qu’on arrête de commander chez ce chinois… J’suis pas toujours certaine de ce qu’il met dans ses plats celui-là. » "Sérieusement, Baumann ?" aurait sûrement été une réponse convaincante à ce qu'il était en mesure de formuler à chaud. Ce ne semblait pas être une simple indigestion qui fronçait les sourcils de la brunette, même s'il notait cette information dans un coin de son esprit. Il se disait que c'était sans doute un prétexte pour ne pas lui livrer le fond du problème, même si elle finissait par se livrer quelques secondes plus tard : « Puis je sais pas, hier j’ai eu une sensation bizarre. Comme si on me suivait… Ça a duré une bonne partie de l’après midi. Et ensuite, plus rien. Ce… C’est pas la première fois que ça arrive, ça commence à me rendre dingue je te jure. » Hein ? Cette confession lui apparaissait comme un manque de sommeil post-cambodge, et non comme quelque chose de sérieux. Leah et lui peinaient à reprendre le rythme de la vie à Brisbane depuis leur retour à la civilisation australienne... et considérant que la brunette n'ait pas de travail pour le moment, Stephen en déduisait que son cerveau se mettait à fabuler à la moindre occasion. Il n'y avait aucune raison que quelqu'un ne se mette à la suivre comme dans un thriller de seconde zone. La vie s'était déjà suffisamment chargée de ponctuer leurs vies d'épreuves sans devoir en rajouter de nouvelles.. « J’sais pas, c’est la fatigue sans doute… » qu'elle ajoutait dans un haussement d'épaules, comme si l'air qu'il arborait avait suffit à lui faire deviner qu'il la pensait complètement à côté de la plaque. Stephen ne savait pas réellement quoi penser de tout ça. Il ne se voyait pas lui répondre que ce ne pouvait être que dans sa tête, que personne ne la suivait. Déjà puisqu'il ne voulait pas lui imposer son opinion sans preuves, et ensuite car il se savait déjà suffisamment pénible comme ça. Finalement, tandis qu'elle venait de terminer d'une traite sa coupe de champagne, il la lui prit des mains pour la reposer sans ménagement sur la table, puis remonta sa main contre sa joue afin de relever son visage vers le sien et d'attraper son regard de ses iris bleutés. "C'est noté, plus de chinois." qu'il commençait d'une voix neutre, comme pour amener avec le ton de ses mots une banalité qui pourrait la rassurer. "... mais pourquoi est ce que quelqu'un te suivrait ? Leah tout va bien. Tout va enfin bien depuis des mois.. c'est peut être d'être seule toute la journée qui te ..." qui te rend cinglée "... tu tournes en rond, et j'imagine que ça doit te travailler." Une conclusion vite expédiée. Stephen se penchait pour déposer un baiser sur son front, puis relâcha son emprise pour glisser ses doigts dans les siens. Il espérait que sa présence suffirait à chasser ces interrogations dont la brunette était en proie, et se débarrasser par la même de toute la tension accumulée au cours de la journée. Libéré des obligations officielles liées à son statut de parrain, la soirée était maintenant consacrée à la détente en compagnie de la petite dernière des Baumann. Stephen ne comptait plus vraiment se laisser happer par qui que ce soit si ce n'est par elle, et atténuer cet air absent qui l'assombrissait. "Comment ça a été ... cette première officielle ? Par pitié dis moi que ma mère t'as dit que t'étais maintenant condamnée à me faire la lessive pour le restant de tes jours." qu'il demandait, taquin, en esquissant l'ombre d'un sourire en coin. Si ç'avait été facile pour lui d'amener Leah avec lui aujourd'hui, c'était sans doute puisque Wanda et le reste des Holloway étaient déjà au courant de son existence, et qu'il n'avait aucune appréhension à l'idée de la présenter comme "nouvelle petite amie" en bonne et due forme. Il en était pour qui cette histoire serait un tantinet plus compliquée à assumer au grand jour ; et pourtant, mieux valait pour lui ne pas traîner à le faire. Alfie, Jules, Anabel... autant de personnes si proches lui mais qu'il séparait pourtant si consciemment de cette nouvelle vie qu'il débutait.
Leah parvint à se détendre un peu à l’arrivée de Stephen, tandis que celui-ci inventa un mensonge éhonté pour chasser l’oncle John vers d’autres horizons. A noter qu’il était fort probable que l’excuse amenée prenne rapidement des airs de demi-vérité : Rebecca avait mis tout le monde à contribution ce soir, et ses parents n’y avaient pas coupé. Transformée en véritable harpie tant elle désirait que tout soit parfait, la jeune maman avait conditionné les membres de sa famille à réagir au quart de tour à la moindre demande. Un véritable tour de force. La brunette se disait parfois avec amusement que la cousine du kiné avait sans doute raté une brillante carrière dans l’armée. A son grand étonnement, elle n’avait pas encore été happée par la jeune femme, mais cela ne saurait tarder. Une fois que les convives en auraient fini avec le petit Thomas, ça serait à son tour, elle s’y attendait. Sa venue à l’évènement au bras de Stephen n’avait rien d’anodin, même si les principaux concernés étaient déjà au courant de la tournure de leur relation. Cela dit, la brune accueillait l’accalmie ambiante avec soulagement. Son esprit était ailleurs, et comme d’habitude, on pouvait lire la moindre de ses émotions sur ses traits fatigués. Elle observa Stephen avec un petit sourire en coin, ravie qu’il soit enfin parvenu à se débarrasser de ses admirateurs. Leah n’avait pas tellement eu l’occasion de passer plus de cinq minutes consécutives en sa compagnie aujourd’hui, et l’avoir enfin pour elle amenait un peu de bonne humeur à la jeune femme qui ne cessait de ruminer à peine était-elle laissée seule avec ses pensées. Le brun semblait détendu, une impression qui perdurait depuis le mois qu’ils avaient passé au Cambodge. Trente jours parfaits, bien qu’agrémentés ci et là de péripéties en tout genre… Comme toujours lorsqu’ils quittaient le sol australien. Cela ne semblait pas le déranger, puisqu’il lui proposait déjà un autre voyage au bout du monde tout en remettant une mèche rebelle en place dans un mouvement tendre. Une idée qui la ravissait, mais qui suggérait de déclencher à nouveau le courroux de Rebecca… Un risque qu’elle n’était pas prête à prendre, encore moins aujourd’hui alors qu’elle était au summum de la nervosité. D’un sourire, il s’empara de ses lèvres tout en posant ses mains sur sa taille, un geste chargé de spontanéité pour cet éternel névrosé. Leah se laissa aller à cette étreinte empreinte de douceur, passant une main dans la nuque du kiné avant de le laisser de détacher tandis qu’il l’observait avec curiosité, presque comme s’il tentait de lire dans ses pensées. A croire qu’elle n’était finalement pas si douée que ça pour donner le change. Que dire ? Ce sentiment préoccupant avait démarré peu avant leur départ pour le Cambodge, elle n’y avait pour ainsi dire pas prêté attention d’ailleurs. Mais depuis leur retour, tout s’était exacerbé. Dès qu’elle mettait le pied en dehors de chez elle, son premier réflexe était de se retourner de manière ininterrompue, persuadée de voir quelqu’un quelques mètres plus loin. Un malaise ambiant s’emparait d’elle, et elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Rien de tangible, rien de concret. Juste cette impression horrible qui la rendait folle. Elle n’en aurait pas forcément parlé à Stephen s’il n’avait pas insisté sur la nature de cet air préoccupé qu’elle arborait sans même s’en rendre compte. Alors elle avait commencé à lui donner l’ébauche d’une explication, tentant de mettre des mots sur ce qui tenait plus du ressenti que du réel. Et les sourcils froncés du kiné ne trompaient pas : il la prenait pour une dingue. Logique. Partagée entre l’impatience et l’incompréhension, Leah termina son laïus par un haussement d’épaules, prétextant d’elle-même que la fatigue devait être la cause de tout ceci. On se serait cru dans une mauvaise série B, dans un roman noir de bas-étages… La jeune femme préférait de loin abandonner le sujet pour l’instant afin de se concentrer sur des choses plus joyeuses – ce qui ne devrait pas être trop compliqué étant donné l’évènement auxquels ils étaient entrain d’assister. Terminant son énième coupe de champagne, la brunette laissa le kiné s’emparer de son verre avant de relever son visage vers lui, comme il le faisait toujours lorsqu’il voulait qu’elle soit vraiment attentive à ses paroles. "C'est noté, plus de chinois... mais pourquoi est ce que quelqu'un te suivrait ? Leah tout va bien. Tout va enfin bien depuis des mois.. c'est peut être d'être seule toute la journée qui te ..." La jeune femme fronça les sourcils, mais ne releva pas, essayant de rester stoïque face à la réaction de Stephen. Evidemment qu’il ne la croyait pas. "... tu tournes en rond, et j'imagine que ça doit te travailler." Leah resta quelques secondes en proie aux doutes, incertaine sur la meilleure façon de réagir. Elle avait envie de lui crier au visage qu’elle n’était pas folle, mais elle se rendait compte que ses paroles n’avaient pas le moindre sens. Tentant de reprendre contenance, elle finit par laisser un petit sourire se poser sur ses lèvres tandis qu’elle levait les yeux vers lui pendant qu’il l’embrassait doucement sur le front tout en nouant ses doigts aux siens. « Tu as sans doute raison. » Répondit-elle simplement, pas entièrement convaincue elle-même par ce qu’elle disait. Mais il valait mieux en rester là pour l’instant. "Comment ça a été ... cette première officielle ? Par pitié dis moi que ma mère t'as dit que t'étais maintenant condamnée à me faire la lessive pour le restant de tes jours." Une lueur amusée dansait dans ses yeux tandis qu’il plaisantait à ce sujet, ce qui fit rire la brunette qui parvenait peu à peu à se replonger dans l’ambiance de la soirée. Elle haussa un sourcil avant de secouer ses boucles brunes face au machisme dont pouvait parfois faire preuve le kiné. Leah savait pertinemment dans quoi elle mettait les pieds avec Stephen, lui qui avait été le chouchou de ces dames pendant tant d’années. Le pauvre. Il allait être servi avec elle. S’approchant de son oreille comme pour lui confier un secret important, elle lui répondit à son tour avec un air malicieux. « Et est-ce que la mienne t’as dis que tu allais devoir cuisiner pour le restant des tiens ? » Papillonnant des cils, elle finit par éclater de rire face à sa propre bêtise. Reprenant son sérieux, elle s’empara d’une nouvelle coupe de champagne qu’un serveur leur présentait avant de reporter son attention sur Stephen en buvant une gorgée. « Sinon ça va. Tu m’as manqué, j’ai cru que tu ne parviendrais jamais à t’extirper des shootings organisés par ta cousine. » Lança-t-elle en laissant son regard se perdre au loin là où le petit Thomas semblait encore en proie aux flashs. Elle adressa un sourire au kiné tout en l’observant d’un air qui en disait long sur ce qu’elle pensait de ce qu’elle voyait. « Mais je peux tout à fait concevoir qu’ils aient tous eu envie de t’immortaliser dans cette tenue Holloway. Même moi j’arrive pas à m’en remettre. » Ajouta-t-elle avec un petit clin d’œil avant de serrer doucement sa main avec tendresse. Si dans la vie de tous les jours le brun ne se prenait pas vraiment la tête en ce qui concernait ses tenues vestimentaires, il fallait bien avouer qu’aujourd’hui il n’avait pas fais les choses à moitié. Ce n’est pas comme si il avait eu le choix en même temps, mais Leah remerciait mentalement Rebecca sur ce coup là. « Au fait. Puisque tu parlais justement de tourner en rond, il fallait que je te dise que je… » Leah s’apprêtait à lui annoncer une des autres choses qui la préoccupait en ce moment : sa réorientation professionnelle. Pendant leur voyage au Cambodge, ils avaient eu l’occasion d’en discuter de manière succincte et le brun n’avait pas caché son air moqueur lorsqu’elle avait lancé l’idée d’un métier orienté vers l’action et l’aide à autrui. Ils n’en avaient plus reparlé depuis, mais l’idée avait parcouru son petit bonhomme de chemin et la brunette avait pris ses renseignements. Ce qu’elle avait apprit l’avait confortée dans son idée et elle s’apprêtait à en faire part au jeune homme. Elle anticipait déjà sa réaction, mais il fallait bien qu’elle se lance. C’est d’ailleurs ce qu’elle allait faire, avant qu’une tornade blonde ne fasse son apparition. « Vous voilà tous les deux, ça fait une heure que je vous cherche. Vous ne pensiez quand même pas échapper à une photo de couple ? » Lança la jeune maman en les observant tour à tour, les bras croisés, ayant employé un ton qui ne laissait pas la place à une quelconque excuse. Leah leva les yeux en direction de Stephen avec un air amusé, se retenant difficilement d’éclater de rire face à l’air contrit qui venait de prendre place sur le visage du kiné qui sortait à peine de ces séances photos interminables.
En retrouvant Leah -après avoir passé bien trop de temps à jouer aux modèles photos- Stephen ne s'attendait pas à ce qu'elle ne lui confie que son air préoccupé était dû à un sentiment qu'il jugeait comme totalement absurde, d'instinct. Le brun voyait mal qui pourrait avoir envie de la suivre comme dans un thriller psychotique, ou du moins, il voyait parfaitement, qui, mais il demeurait persuadé que cette histoire appartenait au passé, et que ces impressions n'étaient en fait que des manifestations de son subconscient qui n'était jusqu'alors plus trop habitué à ce que tout roule parfaitement. Parce que tout allait bien. Ils étaient heureux ensemble, la garde d'Anabel lui avait été accordée (fini les longues périodes de doutes à se demander quand il allait pouvoir grappiller quelques heures en sa présence), ils arrivaient d'un séjour -presque- idyllique d'un mois entier loin de la civilisation... et il y avait pire comme cadre que le baptême de Thomas pour revenir doucement sur terre. « Tu as sans doute raison. » qu'elle concédait toutefois, pas entièrement convaincue visiblement. Qu'importe. Stephen se mettait en tête de lui faire doucement revenir les pieds sur terre, et ne releva donc pas. Il se contentait de presser un peu plus sa main contre la sienne pour lui redonner un peu contenance ; Leah avait une petite mine, même sous ses boucles soigneusement disciplinées et le maquillage discret qui sublimait ses traits. Il tentait un trait d'humour pour dérider la situation, et heureusement pour lui, la jeune femme attrapa la perche sans une once d'hésitation. Réduisant l'espace qui les séparait, elle lui glissait à l'oreille : « Et est-ce que la mienne t’as dis que tu allais devoir cuisiner pour le restant des tiens ? » d'un air malicieux qui ne put l'empêcher de sourire avec une pointe d'arrogance. "J'ai encore l'exclusivité de notre liaison, pour l'instant aux yeux de ta mère je suis le quatrième fils." qu'il rétorquait avec une fausse assurance. Même à presque trente ans (et malgré toutes les épreuves traversées) Stephen demeurait très attaché aux figures parentales qui l’entouraient, les Baumann compris. Pas sûr qu'il assume avec autant de flegme face à eux, mais pour le moment, il tenait le contrôle de ses réactions. La conversation se poursuivait avec un peu plus de légèreté. Tandis qu'elle attrapait une coupe de champagne à l'un des serveurs, Stephen ne put s'empêcher de commenter : "Encore une ?" Il n'avait pas tenu le compte, mais depuis qu'ils étaient arrivés sur le domaine, chaque fois que ses yeux avaient accrochés à la silhouette frêle de la brunette, cette dernière avait un verre à la main. Loin de lui l'idée de vouloir lui faire la leçon. Il savait que la jeune femme connaissait ses limites. Simplement que jusqu'alors, il ignorait toute l'étendue de ces dites limites. Que lui ne tienne pas l'alcool était un fait désormais avéré et connus de tous. « Sinon ça va. Tu m’as manqué, j’ai cru que tu ne parviendrais jamais à t’extirper des shootings organisés par ta cousine. » La brunette poursuivait, jetant un coup d'oeil au petit Thomas dont l'attention portée n'avait pas diminué. Heureusement qu'il était encore trop petit pour s'agacer, même si la fatigue pointait. « Mais je peux tout à fait concevoir qu’ils aient tous eu envie de t’immortaliser dans cette tenue Holloway. Même moi j’arrive pas à m’en remettre. » Quoi ? Penchant le regard vers une Leah qui le regardait avec une moue énigmatique, Stephen fronçait vaguement les sourcils avant d'esquisser l'ombre d'un sourire. Il n'avait jamais été vraiment doué lorsqu'il s'agissait de recevoir des compliments. Qu'ils émanent de la jeune femme le rendait encore un brin plus nerveux. Si leur histoire n'en était qu'à des balbutiements, cela faisait une dizaine d'années maintenant qu'ils se connaissaient, et qu'ils n'avaient jamais été de ce côté là de la barrière. "Je peux tourner dans une pub Givenchy tu crois ?" demandait il en feignant la flatterie. "Mais t'es pas mal non plus. Le vert te va bien, et tu devrais mettre des talons plus souvent." qu'il soufflait en se penchant pour effleurer ses lèvres, appréciant de ne pas se trouver à se dévisser le crâne pour y parvenir. Il n'avait que rarement (jamais en fait) eu l'occasion de voir Leah apprêtée ainsi, et ce fait était loin, bien loin d'être déplaisant. Il appréciait qu'elle ait voulu faire l'effort de venir déjà, qu'elle le fasse dans cette tenue était au delà de ses espérances. « Au fait. Puisque tu parlais justement de tourner en rond, il fallait que je te dise que je… » « Vous voilà tous les deux, ça fait une heure que je vous cherche. Vous ne pensiez quand même pas échapper à une photo de couple ? » La situation changea en un quart de seconde. Passant d'une promiscuité retrouvée avec bonheur à la tempête Rebecca. Stephen eut à peine le temps d'être piqué par la curiosité causée par les derniers mots de Leah que sa cousine n'intervenait, les poings sur les hanches. Si elle croyait qu'ils allaient se plier à son bon vouloir toute la soirée, elle allait se fourrer le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. L'une de ses mains encerclait la taille de la brune d'un geste devenu presque habituel. Stephen ne ressentait plus la moindre gêne face à cette liaison, du moins au sein de sa famille. Leah avait été présentée, acceptée, accueillie, dans un naturel qui lui réchauffait le cœur, qui lui faisait prendre toute la mesure de cette page qu'il tournait. "Reb, deux min.." "Non, je te promets que c'est la dernière. J'en ai aucune de vous deux, sauf celle que tu m'as envoyé de votre petit voyage surprise au Cambodge." Sans une once de gêne, la jeune maman faisait signe au photographe qui se tenait non loin de la de venir les rejoindre. A nouveau pris au piège, Stephen glissa un regard désolé à la brunette, se promettant de trouver un endroit bien plus calme pour poursuivre la soirée, et leurs conversations laissées en suspens.
C’était la première fois que Leah mettait des mots sur ce qu’elle ressentait, sur cette impression désagréable d’être épiée à tout bout de champs… La première fois qu’elle en parlait à quelqu’un. Evidemment, c’est sur Stephen que c’était tombé. En même temps, à qui d’autre pouvait-elle confier ça ? Elle-même avait l’impression d’être folle lorsque les mots franchissaient ses lèvres, alors, elle n’osait même pas imaginer ce que ça devait donner en vrai. De base, elle n’aurait probablement rien dit, mais le kiné s’inquiétait de cet air préoccupé qu’elle arborait sans même s’en rendre compte. Au moment où leur relation avait pris une tournure différente, la brune s’était jurée de toujours être honnête avec lui, de la même manière qu’il l’était avec elle. Les non-dits avaient bien failli leur coûter cette histoire qui n’en était pourtant qu’à ses balbutiements, et Leah refusait de revivre ça. Maintenant qu’elle lui avait confié ses appréhensions, la brunette s’attendait presque à ce qu’il lui dise que tout allait bien se passer, qu’ils allaient trouver une explication rationnelle à tout ça. Malheureusement, Stephen opta pour une toute autre réaction ; ne pas la croire. Dans le fond, elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Son discours sortait tout droit d’un livre d’Harlan Coben, de quoi mettre en doute ses capacités à réfléchir correctement. Elle avait bien entendu traversé une époque de paranoïa après sa sortie de l’hôpital, après que Camden se soit enfui. Mais les mois avaient passé, sa vie et ses blessures s’étaient reconstruites… et son ex n’avait jamais refait surface. Ses délires paranoïaques avaient bel et bien disparus, et elle n’était pas folle. Quelqu’un la surveillait, elle en était persuadée. Mais elle préféra s’abstenir de rentrer dans ce débat avec le kiné, puisque ce n’était ni le lieu, ni l’endroit. Elle avait envie de s’amuser, de prendre du bon temps et de profiter de cette journée en sa compagnie. Pour une fois depuis longtemps, la brune pouvait se targuer d’avoir une vie en tout point parfaite. Ou presque. Mais à ses yeux, c’était déjà énorme. Relevant les yeux vers lui, Leah lui offrit un petit sourire qu’elle espérait convaincant tandis qu’il lui serrait doucement la main, comme pour l’enjoindre à retrouver un peu de bonne humeur. D’ailleurs, la conversation ne tarda pas à prendre une tournure plus légère tandis que les deux commencèrent à plaisanter sur ce que leurs mères respectives pourraient dire de leur progéniture. La lessive pour Stephen, la cuisine pour Leah. Si cette dernière était une terrible cuisinière – que dis-je ! Une pyromane ! – elle pouvait cependant se vanter d’être une véritable fée du logis, même si ses allergies à la poussière étaient plus que probablement derrière cette maniaquerie. "J'ai encore l'exclusivité de notre liaison, pour l'instant aux yeux de ta mère je suis le quatrième fils." Cette remarque fit éclater de rire la jeune Baumann, adoucissant immédiatement ses traits tirés. Le pire, c’est qu’il avait raison. Son amitié avec Logan et le fait qu’il soit constamment fourré chez eux pendant l’adolescence avait donné à Stephen une légitimité dans la famille. « Attends quand elle saura pour nous deux. Je crois qu’elle serait capable de pleurer. » Lança-t-elle en secouant la tête avec un mélange de dépit et d’amusement. Cela faisait des mois que sa mère la bassinait sur sa vie amoureuse. Elle ignorait à quel point les choses avaient été graves pour Leah lors de sa relation avec Camden, ses frères et elles se mettant d’accord pour ne rien lui dire afin de protéger son petit cœur. A ses yeux, sa fille était sortie avec un pauvre con. Voilà tout. Une réalité édulcorée pour cette maman qui rêvait de voir sa fille se marier en grande pompe avec la robe blanche, les licornes et le prince charmant. La pauvre, elle était bien mal tombée avec la dernière des Baumann. Si Leah était devenue plus féminine avec le temps, son caractère lui n’avait pas changé d’un pouce. Sur ces paroles, la brunette attrapa à la volée une coupe de champagne de l’un des plateaux qu’un serveur avait à disposition, en avalant une gorgée avant d’observer Stephen qui la regardait faire avec surprise : "Encore une ?" La jeune femme haussa un sourcil étonné avant d’éclater à nouveau de rire. Décidément, il avait juste fallu que le kiné réapparaisse quelques minutes à ses côtés pour que la brune retrouve sa bonne humeur de manière quasi instantanée. « C’est toi qui me dis ça ? Depuis le temps, je pensais que tu savais que je tenais mieux l’alcool que toi. C’est que du champagne… pas de la tequila. » Ajouta-t-elle avec une lueur amusée dans les yeux. Il était clair que Leah buvait comme un homme, même si ses dernières soirées de déchéance remontaient à loin. De ce fait, sa capacité à tenir l’alcool allait s’amoindrir, elle en était consciente. Mais pour l’instant, rien à signaler. Elle était toujours fraîche comme une rose, et puis les bulles faisaient du bien à son estomac qui avait décidé de jouer au rebelle ce matin. D’un sourire provocateur, la jeune femme entreprit de le complimenter sur sa tenue, en toute honnêteté. Elle n’avait pas souvent eu l’occasion de le voir ainsi tirer à quatre épingles, et il fallait bien avouer que ça lui réussissait plutôt bien. Ce qui était amusant, compte tenu du fait que le duo détestait s’habiller de la sorte, persuadé d’avoir l’air d’être déguisés. Pour lui, la cravate qui serrait trop. Pour elle, les talons qui lui donnaient envie de finir la journée pieds nus, quitte à s’attirer les foudres de Rebecca. "Je peux tourner dans une pub Givenchy tu crois ?" Lui demanda-t-il avec une vantardise feinte, ce qui eut de nouveau le don de la faire sourire. « N’exagères pas non plus Holloway. » Lança-t-elle en levant les yeux au ciel avant de se mettre à pouffer de rire. Elle l’avait complimenté une fois, qu’il ne pense pas qu’elle allait continuer sur sa lancée non plus. Même si, dans le fond, elle était persuadée qu’il pourrait effectivement tourner dans une pub Givenchy. Mais elle n’allait pas lui avouer. "Mais t'es pas mal non plus. Le vert te va bien, et tu devrais mettre des talons plus souvent." Leah accueillit le compliment avec un petit sourire en coin, une lueur amusée dansant dans ses yeux. « Merci. Et il est hors de question que je mette des talons plus souvent. » Conclut-elle en accueillant ses lèvres avec douceur, ravie de cette complicité qu’ils partageaient. Se disant que le moment était propice aux confidences – positives cette fois ci – la jeune femme prit la parole afin d’annoncer quelque chose qu’elle avait en tête depuis leur retour du Cambodge. Mais la tornade qu’était Rebecca Holloway l’en empêcha, se postant face à eux pour leur demander de prendre des photos. Il fallait s’y attendre. Leah s’était bien doutée qu’elle ne parviendrait que difficilement à échapper à l’objectif, même si une lueur d’espoir avait subsisté jusqu’ici. D’un geste, Stephen encercla sa taille, ce qui la fit de nouveau sourire presque instinctivement. "Reb, deux min.." "Non, je te promets que c'est la dernière. J'en ai aucune de vous deux, sauf celle que tu m'as envoyé de votre petit voyage surprise au Cambodge." Et sans plus de cérémonie, Rebecca fit appel au photographe qui s’avança obligeamment vers le couple avec un petit sourire crispé. Le pauvre. Il ne s’était sans doute pas attendu à ça en acceptant de bosser sur le baptême du petit Thomas. Etouffant un rire, Leah croisa le regard désolé du kiné et lui adressa un clin d’œil, comme pour le rassurer. Le photographe les entraîna un peu plus loin, profitant du cadre qui les entourait. La brune se prêta au jeu avec bonne humeur, même si elle détestait prendre la pose. Pendant qu’il les mitraillait, la jeune femme leva un œil vers Stephen, murmurant un : « Au moins on aura des photos potables. Pas les trucs horribles qui traînent dans ton téléphone… » Lança-t-elle avec amusement, se remémorant les clichés foireux que le kiné avait pris d’eux tout au long de leur séjour. Elle n’était déjà pas la personne la plus photogénique du monde, mais avec Stephen, elle devenait carrément méconnaissable sur les photos. Et pas dans le bon sens du terme. « Vous êtes magnifiques ! » Pouvait-on entendre Rebecca s’extasier au loin, surveillant le bon déroulement des opérations. Elle se doutait probablement qu’ils prendraient la première occasion de s’échapper dès que son attention serait détournée. Enfin, après de longues minutes à se tourner dans tous les sens et à sourire à n’en plus pouvoir, la jeune maman les laissa enfin tranquille, envoyant le photographe mitrailler d’autres invités. « Ne vous éloignez pas trop. Je veux vous avoir sous la main pour les discours et pour faire d’autres photos avec Thomas plus tard. » Précisa la cousine de Stephen avant de s’en aller, tirant le malheureux garçon et son appareil photo vers d’autres invités. Dans un rire, Leah se tourna vers le brun qui semblait avoir beaucoup de difficultés à se plier aux exigences de sa cousine. « Tu crois qu’on en a pour combien de temps avant qu’elle nous retrouve ? » Demanda-t-elle en secouant la tête. Rebecca était un phénomène, mais Leah appréciait énormément la jeune maman, même si celle-ci avait une nette tendance à l’exagération.
Chez les Baumann, Stephen avait toujours été considéré comme allant de paire avec Logan. Durant l'adolescence, les deux avaient été inséparables, et bien que leurs chemins se soient séparés à l'âge adulte, ils n'en sont pas moins demeurés très proches. Avec le temps, leurs mères en étaient presque devenues amies, et il ne faisait aucun doute que Maman Baumann accueillerait avec autant de bienveillance que Wanda ce nouveau couple que Stephen et Leah formaient, même si le brun n'était pas aussi serein qu'il en avait l'air. « Attends quand elle saura pour nous deux. Je crois qu’elle serait capable de pleurer. » le brun fronçait doucement les sourcils, feignant un amusement en surface pour palier à la crainte d'une autre rencontre à venir dont il priait qu'elle se déroule bien. Au moins chez Leah, il n'aurait pas l'angoisse des premières présentations, ce qui n'était pas forcément le cas chez lui. Si la jeune femme avait rencontré Jules en son absence, et si Anabel lui était un visage familier depuis plus d'un an maintenant, ce n'était pas le cas d'Alfie, et cette rencontre, Stephen l'appréhendait un peu. Il n'avait pas eu l'occasion (pas voulu aurait été plus correct) de demander à Leah de s'expliquer sur ses récents échanges avec Jules. Il avait laissé passer leur épisode au Cambodge, et quelques jours depuis leur retour.. Il était plus que temps maintenant, mais plus tard. Pas alors qu'ils se retrouvaient à peine. La discussion était légère, même si en soulignant le fait qu'une sixième coupe n'était pas nécessaire, Stephen s'attirait la moquerie de sa compagne. « C’est toi qui me dis ça ? Depuis le temps, je pensais que tu savais que je tenais mieux l’alcool que toi. C’est que du champagne… pas de la tequila. » un sourire malicieux au coin des lèvres, la petite brune n'arrivait pourtant pas à assouplir l'éternel paquet de nerfs qui se trouvait en face d'elle. "Donc tu me dis que t'es malade et la seule réponse logique qui te vient en tête c'est de boire ? Il fait chaud en plus de ça.. enfin remarque si tu t'évanouis ça nous donnerait une bonne excuse pour quitter cet endroit." qu'il soufflait en se penchant pour attraper son verre et le reposer sur la table près d'eux. Quitter cet endroit et retirer ces foutues tenues qui ne les mettaient pas à leur aise, bien qu'ils semblaient tous deux trouver l'autre plaisant à regarder. « N’exagères pas non plus Holloway. » Il ne fallait pourtant pas longtemps à Leah pour réfréner l'arrogance du brun. Pouffant de rire, la jeune femme le recadrait gentiment. « Merci. Et il est hors de question que je mette des talons plus souvent. » Sandales ou escarpins peu importait, mais leurs vingt centimètres de différences faisaient que Stephen préférait cent fois se trouver face à une Leah sur son trente et un. "On verra" qu'il soufflait dans un demi sourire avant de voir son moment d'accalmie s'interrompre brusquement. La tornade blonde Rebecca s'était abattue sur eux, désirant immortaliser cette première officielle en bonne et due forme. Après de vagues protestations émanant de Stephen, la jeune maman œuvrait avec son photographe pour mitrailler le couple. « Au moins on aura des photos potables. Pas les trucs horribles qui traînent dans ton téléphone… » que Leah murmurait. Pour toute réponse il pressait doucement ses doigts contre sa taille en signe de mécontentement. Ces photos ratées il les adorait. Witches Falls, Nouvel an, la Tasmanie, le Cambodge .... ces derniers mois, Stephen avait pris des dizaines et des dizaines de clichés mal cadrés et à contre jour qui figuraient parmi les meilleurs souvenirs de cette année compliquée, et il ne les échangerait pour rien au monde contre une photo en costume, même si elle serait sûrement parfaite malgré son air contrit. « Vous êtes magnifiques ! Ne vous éloignez pas trop. Je veux vous avoir sous la main pour les discours et pour faire d’autres photos avec Thomas plus tard. » La petite blonde s'éloignait enfin, pour le plus grand bonheur du brun dont l'impression que la petite dernière des Baumann lisait dans son esprit lui traversait les méninges. « Tu crois qu’on en a pour combien de temps avant qu’elle nous retrouve ? » Stephen n'attendit pas de se mettre davantage en exposition pour répondre. Rebecca n'était pas la seule de sa famille à vouloir parler au couple à tout va. Après le petit bout, ils étaient la seconde attraction principale de la soirée même si la famille de William les laissaient un poil plus tranquilles que ses proches. "J'en sais rien, mais je veux pas attendre d'avoir un nouveau Holloway sur le dos alors que ça fait trois heures que je joue au modèle et au porte bébé." qu'il soufflait en joignant ses doigts à ceux de la jeune femme, l'entraînant à l'écart pour une marche le long des vignobles. Il y avait un sujet qu'il souhaitait aborder avec elle, alors faire quelques pas à la tombée de la nuit lui semblait être une alternative plus douce qu'une discussion trop formelle chez eux. Après quelques mètres, le brouhaha de la réception s'amenuisait. C'est là que Stephen se décidait enfin à se sortir de son mutisme et de commencer d'une voix un brin nerveuse. "C'est l'anniversaire d'Anabel la semaine prochaine. Je voulais faire quelque chose à l'appartement, comme c'est mon weekend." Lui glissant un regard en coin, il tentait de jauger ses réactions, comme si une expression ou une autre changerait le ton qu'il emploierait. Bien sûr qu'il en voulait à Leah d'avoir parlé à Jules, mais peut être aussi qu'il aurait du évoquer son passé avec Rachel avant de débuter cette relation. Jusqu'à présent il avait pris soin de tout dissimuler. Jules, Alfie, ses sorties avec Alex... et alors qu'il lui avait tant reproché de ne pas lui dire la vérité, il était temps d'avouer qu'il avait lui aussi des secrets. "Son parrain viendra. Et sa copine aussi. Vous vous êtes rencontrées déjà, je crois." J'en suis sûr même. La réaction de Leah serait décisive tant il était à deux doigts de basculer entre névrose et brasier. C'était la première fois qu'il évoquait Rachel et son entourage de façon aussi claire. Et bien qu'il se sente sentimentalement prêt à passer à autre chose, il aurait pourtant aimé contrôler l'officialisation de leur histoire.
Leah n’avait que moyennement hâte d’annoncer cette relation à ses parents. Si elle nageait dans le bonheur depuis plusieurs mois maintenant, cette histoire avait eu des retombées négatives. La réaction de Logan avait été prévisible, et pourtant la jeune femme avait été extrêmement déçue du comportement de son frère. Il était le mieux placé pour savoir ce qu’elle avait traversé, et la brune avait secrètement espéré qu’il considère son couple comme une aubaine, et non pas une trahison. Les choses allaient finir par se calmer – il le fallait – mais un froid avait été jeté sur l’amitié des deux jeunes hommes et elle se sentait fautive. Stephen l’avait rassurée à ce sujet, mais la culpabilité ne s’était pas envolée comme par magie. Si la brunette était persuadée que ses parents seraient heureux pour elle, une part d’elle avait peur qu’ils ne trouvent à redire sur cette relation. Il n’y avait pas vraiment de raisons que ça soit le cas, puisque Stephen était pratiquement considéré comme un membre à part entière de la famille. Dans tous les cas, elle profitait du fait qu’ils soient encore à l’étranger pour esquiver cette annonce, bien qu’il soit tout doucement temps de la faire. En attendant, elle apprenait volontiers à connaître un peu plus les Holloway sous l’œil attentif d’un Stephen toujours autant stressé par les présentations officielles. Cette journée se déroulait parfaitement, et Leah donnait son maximum pour se détendre et arrêter de ressasser ses idées noires. Le champagne aidait, mais son énième coupe se fit soudainement kidnapper par le kiné qui ne semblait pas trop apprécier qu’elle les enchaîne à cette vitesse. Bon. Une moue boudeuse s’installa sur ses lèvres tandis qu’elle suivait du regard son verre atterrir sur une des tables environnantes. La brunette avait de grandes difficultés à accepter qu’on lui intime quoi faire – un rejet exacerbé par sa relation chaotique avec Camden – mais elle savait que le brun ne pensait pas à mal. Elle se garda donc de reprendre son verre (comme elle l’aurait sûrement fait en temps normal) et se contenta de croiser les bras, toujours une lueur amusée dansant dans ses yeux. "Donc tu me dis que t'es malade et la seule réponse logique qui te vient en tête c'est de boire ? Il fait chaud en plus de ça.. enfin remarque si tu t'évanouis ça nous donnerait une bonne excuse pour quitter cet endroit." Leah secoua la tête en riant, se disant que cette discussion était condamnée à durer une éternité si elle ne laissait pas couler pour cette fois. Leurs caractères respectifs annonçaient de nombreuses tempêtes à venir, tant leur façon de voir les choses pouvait parfois différer. La brune n’avait pas très envie de laisser la conversation s’obscurcir pour une sombre histoire de coupe de champagne, et elle prit le parti de l’humour pour conclure. « Les bulles, c’est bon pour la digestion. » Commença-t-elle, ne pouvant s’empêcher d’avoir le dernier mot quand c’était possible. Pas évident quand on sortait avec quelqu’un comme Stephen Holloway. « Si je m’évanouis, j’attirerai toute l’attention sur moi. Puis tu devrais me porter, tout ça tout ça… On va éviter hein.» Lança-t-elle ensuite avec un grand sourire. Sa simple présence attisait déjà beaucoup de curiosité, et si pour l’instant on l’avait épargnée, les interrogatoires allaient bientôt arriver. "On verra" lui répondit ensuite le kiné lorsque la brunette annonça de but en blanc que porter des talons quotidiennement était hors de question. Elle s’apprêta à lui répondre qu’il ne verrait rien, au contraire, mais l’arrivée de Rebecca interrompit cet échange. Ils se plièrent aux exigences de la tornade blonde avec autant de calme que possible, mais l’impatience du brun commençait à se faire sentir. Le pauvre avait fait été sous le feu des projecteurs depuis que la journée avait commencé, et sa cousine ne semblait pas avoir envie de s’arrêter là. La fuite semblait désormais la seule solution possible. Finalement, après environ une dizaine minutes à prendre obligeamment la pause à différents endroits, le couple se retrouva enfin seul. Un moment de calme que Leah savait pertinemment être de courte de durée, et elle demanda avec humour au kiné combien de temps il pensait qu’ils avaient devant eux avant que Rebecca ne leur retombe à nouveau dessus. Une question légitime puisqu’elle semblait avoir un engouement tout particulier face à cette nouvelle histoire qui naissait entre eux. "J'en sais rien, mais je veux pas attendre d'avoir un nouveau Holloway sur le dos alors que ça fait trois heures que je joue au modèle et au porte bébé." Leah hocha la tête, signe qu’elle comprenait parfaitement son ressenti. Le brun l’attira vers les vignobles qui s’étendaient à perte de vue sous leurs yeux, attrapant sa main pour entamer une marche à l’écart de la foule. La brunette aurait pu s’imaginer qu’il avait envie d’intimité pour profiter un peu d’elle – le champagne la rendait un peu plus frivole que d’habitude – mais elle connaissait Stephen, et il n’avait pas l’air de quelqu’un qui s’apprêtait à kidnapper sa petite amie. Au contraire, son air s’était assombri à mesure qu’ils s’éloignaient du brouhaha des invités. Sa nervosité était encore une fois bien palpable, à un point tel que les sourcils de la brune se froncèrent, se demandant ce qu’il allait bien pouvoir lui dire. "C'est l'anniversaire d'Anabel la semaine prochaine. Je voulais faire quelque chose à l'appartement, comme c'est mon weekend." D’accord. Jusque là, rien d’inquiétant. Elle se souvenait que l’anniversaire de la petite approchait, et il savait bien qu’il n’y aurait aucun problème pour le fêter à l’appart. Non, il y avait autre chose. Continuant à marcher le regard perdu vers l’horizon, la brune attendait la suite. "Son parrain viendra. Et sa copine aussi. Vous vous êtes rencontrées déjà, je crois." Leah se raidit instantanément à la fin de sa phrase. Elle ne l’avait pas vue venir celle-là. En effet, les deux jeunes femmes s’étaient rencontrées des semaines auparavant. La brunette avait très mal réagit en apprenant que Stephen lui cachait délibérément l’existence de cette partie de sa vie, tout comme elle avait été blessée qu’il s’abstienne de parler d’elle alors qu’ils avaient officialisé leur relation et surtout, qu’ils s’étaient promis de tout se dire. Si au début elle avait voulu le confronter, sa fierté mal placée l’en avait empêché. Elle voulait qu’il aborde ce sujet lui-même, et surtout, elle voulait voir pendant combien de temps exactement il continuerait à lui mentir de la sorte. Un petit jeu qu’elle regrettait maintenant, car elle vivait avec cette information comme avec une épée de damoclès au-dessus de la tête. Apparemment, Jules avait lâché le morceau, et avait appris au kiné qu’elles s’étaient rencontrées. Non content de lui cacher la vérité, il n’était même pas venu la voir lorsqu’il avait apprit qu’elle savait. Encore mieux. La brune lâcha la main de Stephen avant de s’arrêter net. « Oui on s’est rencontrée. Et pas grâce à toi. » Le ton à peine voilé de reproches, Leah se remémorait cette rencontre avec Juliana qui avait eu lieu sous le signe du quiproquo. La brune en voulait à Stephen, car si elle avait su son existence, elle aurait pu faire en sorte que cette première impression se passe bien. Maintenant, Jules devait penser que la nouvelle copine du kiné était une psychopathe en puissance, doublée d’une jalouse possessive. De quoi bien commencer les futures réunions de famille. Si Leah avait passé cette rencontre sous silence, essayant de prétendre que rien ne s’était passé afin d’épargner ses pauvres nerfs face à un Stephen qui ne se décidait pas à cracher le morceau, maintenant qu’ils en parlaient, ses émotions d’il y a quelques semaines reprenaient le dessus sur tout le reste. Croisant les bras, la jeune femme haussa un sourcil réprobateur. « Tu n’assumes pas à ce point d’être avec moi, que tu me caches délibérément cette partie de ta vie ? A eux comme à moi d’ailleurs. » La brune était partagée entre la colère, la tristesse et l’incompréhension. Autant d’émotions qui commençaient à se ressentir dans ses paroles. « Non parce que, j’me dis que si Jules ne s’était jamais pointée à l’appartement, on aurait pu encore continuer comme ça longtemps tu vois… »Ajouta-t-elle avec une pointe de regrets dans la voix. Envolées les quelques heures de répit que cette journée leur avait offert. La discussion venait de prendre une toute autre tournure.
Stephen aurait aimé que cette journée ne soit pas aussi chargée qu'elle ne l'était. Entre ce costume, la cérémonie, les discours et séances photos, il avait l'impression de se trouver à une sorte de baptême royal là ou lui ne se serait contenté que d'une vague réception dans le jardin de la maison familiale de Bayside. Rebecca ne faisait pourtant rien comme tout le monde ; le pire dans tout ça étant certainement qu'elle ait eu le soutien de toute la famille. Thomas était le premier nouveau né. Un évènement qui aurait pu être normal chez les uns, mais qui était fêté en grande pompe chez eux, pour son plus grand malheur. C'est ainsi que Leah et lui se retrouvaient sous le feu des projecteurs. La brunette enchaînait les coupes de champagne avec un naturel qui le déconcertait encore : « Les bulles, c’est bon pour la digestion. » C'était bien la première fois qu'on lui faisait. « Si je m’évanouis, j’attirerai toute l’attention sur moi. Puis tu devrais me porter, tout ça tout ça… On va éviter hein.» Mais alors qu'il ouvrait doucement les lèvres, prêt à protester, une tornade blonde les alpaguait, un photographe sur les talons. Foutues photos. Après négociations (pas vraiment en fait), le couple avait accepté de poser pour une dizaine de clichés du moins, il n'avait pas fait le compte mais à en juger le flash qui l'aveuglait et le clic assourdissant de l'appareil, c'était sans doute plus ou moins ça. Stephen ravalait ses envies de meurtre l'espace de quelques minutes, un sourire un brin forcé dont il était sûr que personne ne lui en tiendrait rigueur tant il avait toujours l'air agacé sur les photos. Derrière eux se trouvaient les vignobles, à une distance de la foule que ses nerfs appréciaient, et sitôt la jeune maman envolée, il entreprit de prendre la fuite, entremêlant les doigts de Leah aux siens pour apaiser sa nervosité mise à rude épreuve aujourd'hui. A mesure qu'ils avançaient, le brouhaha s'amenuisait. De sa main libre il défaisait sa cravate noire qu'il finissait par glisser dans sa poche, désormais certain que personne ne lui en voudrait pour ce geste au beau milieu des vignes, et après quelques minutes de calme, il entamait de nouveau le dialogue ; et quel dialogue. Il était plus que temps d'évoquer le sujet de la famille proche de Rachel tant elle était devenue la sienne également au fil des ans. Stephen avait beau avoir voulu reporter la discussion le plus longtemps possible, il était aujourd'hui grand temps d'aborder le sujet. Leur voyage au Cambodge avait été une parenthèse idyllique qu'il n'aurait voulu agrémenter d'une possible dispute à aucun moment. Ce périple, il l'avait fait pour lui, pour se ressourcer après une année complète à voguer dans la tourmente. Il avait beau avoir passé le plus clair de son temps à traverser le pays pour rejoindre des dispensaires avec l'association de kinésithérapie, les paysages rencontrés et la présence de Leah à ses côtés chaque jour lui auraient presque fait oublier que sa vie s'était arrêtée nette il y a deux ans. Stephen avait beau savoir que Jules avait rencontré la dernière des Baumann -elle le lui avait révélé quelques jours avant leur départ- rien n'y aurait fait : il n'aurait pas gâché leur voyage en se retournant l'esprit, pas alors qu'il ne prenait qu'un mois de vacances par an. « Oui on s’est rencontrées. Et pas grâce à toi. » Leah s'était arrêtée sans prévenir. Sa main avait lâché la sienne dans un geste qu'il ne comprenait pas bien, et l'étonnement pouvait se lire sur son visage. « Tu n’assumes pas à ce point d’être avec moi, que tu me caches délibérément cette partie de ta vie ? A eux comme à moi d’ailleurs. » Quoi ?Fronçant les sourcils, il accusait tant bien que mal (plutôt mal, en fait) les reproches assenés par la brunette. « Non parce que, j’me dis que si Jules ne s’était jamais pointée à l’appartement, on aurait pu encore continuer comme ça longtemps tu vois… » Donc Leah pensait qu'il n'assumait pas leur histoire ? Que c'était cette raison qui l'avait poussé à la cacher à Alfie et Jules aussi longtemps ? Les choses n'étaient malheureusement pas si binaires pour l'esprit torturé et compliqué du brun, qui regardait, interdit, la jeune femme face à lui. "Arrête de dire n'importe quoi. Si j'assumais pas être avec toi, on viendrait pas de faire vingt foutues photos pour l'album photo du baptême de mon filleul et je m'embêterais pas à installer la chambre de ma fille dans ton appartement." Stephen pensait pourtant avoir prouvé des dizaines de fois que Leah avait son importance dans sa vie. En essuyant la colère de Logan, en supportant les inquisitions dans son nouveau couple du clan Holloway, en s'installant chez elle plutôt que de trouver un autre logement. Certes, il n'avait pas encore réussi à passer à la présentation de l’entourage proche de Rachel, mais certaines étapes prenaient plus de temps que d'autres, et sans doute aussi que d'avoir fait la rencontre d'Alex peu avant leur départ l'avait complètement replongé dans un passé duquel il n'arrivait pas encore totalement à faire le deuil. "C'était ma décision de le faire ou non. Et j'aurais bien fini par le faire, mais dans l'ordre." qu'il précisait, soudainement piqué d'une pointe de colère. Il n'arrivait toujours pas à assumer le fait qu'on ait pu lui forcer la main de la sorte, bien que Jules lui ait affirmé une demie douzaine de fois que cette rencontre n'était qu'un hasard. "Puis tu me parles d'assumer alors que t'as lâché le morceau à regrets pour Logan et que tes parents pensent encore naïvement qu'on est colocataires ? Tu te fous de moi ? Je vais encore longtemps avoir à tenir le rôle du méchant qui complique tout ? Parce qu'à ce petit jeu t'es pas mal non plus Bau. Tu sais quand tu me fais croire que tu t'es tapé ce mec sur notre canapé alors que je venais de te dire que j'étais paniqué à l'idée de nous laisser une chance. Mais la tout était normal fallait passer l'éponge." La machine était lancée, et finalement c'était peut être mieux qu'ils se soient éloignés pour tenir cette discussion qu'il n'aurait jamais imaginée si houleuse.
Si l’on mettait de côté le fait que Leah était légèrement à côté de ses pompes aujourd’hui, la journée était parfaite en tout point. Une journée dans la lignée des derniers moments que le couple avait pu vivre, avant et après l’officialisation de leur histoire. Bien avant s’être avoué à demi-mots leurs sentiments respectifs, le duo avait déjà eu l’occasion de passer des moments que l’on pouvait qualifier d’exceptionnels. Leurs différents voyages les avaient rapprochés, tout comme les différentes aventures et péripéties qui leur étaient tombées dessus. Aujourd’hui était une façon de plus pour la brune d’évoluer dans cette nouvelle famille qui l’accueillait à bras ouverts. La sensation désagréable d’être suivie que la jeune femme ressentait depuis plusieurs semaines maintenant était toujours aussi oppressante, mais se faisait un peu moins sentir tandis que son esprit parvenait enfin à se laisser aller à des pensées un peu plus joyeuses. Elle était ravie d’être ici. Et même s’il fallait se plier à des exercices qu’elle appréciait beaucoup moins – comme le port des talons aiguilles, ou encore les séances photos à n’en plus finir – ça aurait été mentir que de prétendre ne pas savourer chaque minute passée en compagnie de Stephen. Leur séjour au Cambodge avait été idyllique à presque tous les égards, et leur bonheur n’avait pour l’instant pas encore souffert du moindre nuage. Mais la brune en avait l’habitude, les bonnes choses étaient souvent de courte durée. Et cette belle journée n’allait pas faire exception. Tandis que le kiné l’attirait doucement vers les vignobles en quête de tranquillité, la brunette ne pu s’empêcher de se demander ce qu’il allait lui dire. Son regard inquiet et ses gestes traduisaient une nervosité nouvelle, qui n’avait plus que probablement rien à voir avec les photos ou les derniers caprices de Rebecca. Dans un silence pesant, Leah attendait qu’il parle enfin. Lorsque les mots franchirent la bouche du brun, la jeune femme se sentit soudainement accablée par tous ces sentiments qu’elle avait volontairement refoulés depuis ces dernières semaines. Sans le savoir, elle et Stephen avait tout deux agis de cette manière dans le but d’éviter une dispute qui avait à peu près 100% de chance de se passer une fois que le sujet arriverait sur le tapis. Mais aux yeux de la brune, il s’agissait là d’un véritable mensonge par omission, de cachotteries dont elle ne comprenait ni le but, ni l’intérêt. Alors, lorsque Stephen amena enfin la conversation sur Jules et Alfie, le sang de la jeune femme ne fit qu’un tour et sa réaction s’avéra bien plus orageuse que prévu. Peut-être serait-elle parvenue à calmer le jeu s’ils avaient eu cette discussion au moment opportun, mais les semaines passant, la rancune de Leah n’avait fait qu’augmenter de manière subtile, attendant gentiment d’exploser le moment venu. Sa main quitta celle du kiné tandis que ses jambes arrêtaient subitement leur marche, suscitant la surprise chez le brun qui ne devait certainement pas s’attendre à ça. "Arrête de dire n'importe quoi. Si j'assumais pas être avec toi, on viendrait pas de faire vingt foutues photos pour l'album photo du baptême de mon filleul et je m'embêterais pas à installer la chambre de ma fille dans ton appartement." La colère commençait doucement à monter chez le kiné, Leah pouvait le sentir. Ils n’en étaient pas à leur première dispute, et chaque fois que ça arrivait, la brune se sentait horriblement mal. Certaines choses se devaient d’être dites, mais leurs tempéraments empêchaient toute discussion de rester calme. Arrondir les angles ne faisait pas partir de leurs prérogatives, et la jeune femme savait pertinemment à quoi s’attendre en lui faisant des reproches d’entrée de jeu. Cette impulsivité lui avait déjà valu bien des soucis, mais elle ne parvenait tout simplement pas à la contrôler. Tout ceci la touchait énormément, c’est pourquoi elle se mettait ainsi sur la défensive. Juliana avait bien entendu remarqué que sa venue avait chamboulé la petite brune, mais qu’avait-elle exactement raconté ou non à Stephen ? La question restait en suspens. Elle savait qu’il avait en partie raison : il avait effectivement présenté Leah à toute sa famille, emménagé avec elle et introduit Anabel dans leur quotidien. Autant de faits qui rendaient encore plus étrange et contradictoire le fait qu’il lui ait volontairement caché qu’il côtoyait encore la famille de Rachel. La brune se contenta de tourner légèrement la tête vers l’horizon, évitant ainsi son regard. "C'était ma décision de le faire ou non. Et j'aurais bien fini par le faire, mais dans l'ordre." Leah reporta son attention sur le visage tendu de Stephen, fronçant les sourcils à sa dernière remarque. « Tu crois quoi, que j’ai engagé quelqu’un pour forcer cette rencontre ? On était aussi surprise l’une que l’autre figures-toi. Je te dis pas que je voulais absolument faire leur connaissance, mais a minima connaître leur existence, ça aurait pas été si mal. » Répondit-elle sur un ton légèrement plus froid, froissée qu’il puisse penser qu’elle ait pu forcer les choses. C’est tout ce qu’elle n’aurait jamais fait. Leurs passés respectifs avaient beau être douloureux, c’est ce qui leur avait permis de se comprendre sur des choses aussi importantes. La brune avait toujours respecté son silence concernant Rachel, peu encline à raviver des souvenirs difficiles pour le brun. Elle avait toujours pensé que tout ce qui entourait sa femme était quelque chose de tabou parce que ça le rendait triste. Elle était alors bien loin de s’imaginer que le cousin de celle-ci faisait partie intégrante de l’entourage du kiné, une information qu’elle avait encore du mal à encaisser. Non pas sur le fait, mais tout simplement sur ces non-dits dont il s’était entouré, lui qui lui avait reproché de ne pas être suffisamment honnête par le passé. "Puis tu me parles d'assumer alors que t'as lâché le morceau à regrets pour Logan et que tes parents pensent encore naïvement qu'on est colocataires ? Tu te fous de moi ? Je vais encore longtemps avoir à tenir le rôle du méchant qui complique tout ? Parce qu'à ce petit jeu t'es pas mal non plus Bau. Tu sais quand tu me fais croire que tu t'es tapé ce mec sur notre canapé alors que je venais de te dire que j'étais paniqué à l'idée de nous laisser une chance. Mais la tout était normal fallait passer l'éponge." Alors là, tu vas trop loin Holloway. La brune sentit ses poings se serrer le long de son petit corps tandis que ses yeux fusillaient Stephen. Elle n’en revenait pas qu’il remette le sujet de Matteo sur le tapis. Pour elle, l’histoire avait été enterrée à partir du moment où elle s’était excusée, que les choses avaient été mises à plat et que leur relation était repartie de plus belle… Mais apparemment, le kiné avait la rancune plus tenace qu’il ne voulait bien l’admettre. Bouillonnant de rage, la brunette pointa un index contre le torse de Stephen, s’approchant ainsi un peu plus de lui – elle se félicita d’ailleurs de porter ces foutus talons, ils lui permettaient de tenir cette discussion sans se faire un torticolis. « T’as pas le droit de me reprocher ça. A la base, c’était à toi d’en parler à Logan… T’as tellement traîné que j’ai bien été obligée de le faire. Quant à mes parents, excuses-moi de pas avoir voulu leur parler de notre couple par skype comme si c’était une vulgaire nouvelle sans importance. Mais si tu y tiens, je leur envoie un sms maintenant, comme ça ça sera réglé ! » Lança-t-elle avec colère, commençant à fouiller dans sa sacoche après son téléphone portable avant de réaliser qu’elle ne l’avait pas emporté avec elle. D’un geste, elle replaça une mèche rebelle avant de relever les yeux vers le brun. « Ah et tu parles de la fois où tu m’as gentiment conseillé d’aller voir ailleurs, pour ensuite te raviser par message ? Très classe Holloway. Tu prévois de me la ressortir à chaque fois celle la ? » Railla-t-elle dans un souffle, blessée dans son égo par cette argumentation pleine de mauvaise foi. Un comble, sachant qu’elle-même n’était pas des plus justes dans ses reproches. Toutefois, ils s’étaient rapidement éloignés du sujet principal, et la brune décida de remettre la conversation sur les rails. « Je comprends tout simplement pas pourquoi tu m’as caché ça, c’est tout. C’est quand même le parrain d’Anabel, tu le vois régulièrement… Ce qui m’amène à me demander si t’as pas d’autres bombes du genre à me dire, tant qu’on y est ? » Le sous-entendu était clair, cette prétendue double vie que le brun semblait mener impunément l’inquiétait plutôt deux fois qu’une. Leah n’avait jamais brillé par sa confiance en elle, et ce genre de mensonges ne faisaient qu’ébranler un peu plus la jeune femme qui commençait tout juste à reprendre confiance. La confiance qui, pour elle, était sans nul doute le ciment d’un couple solide. Stephen venait de lui prouver qu’elle ne pouvait plus le croire, ou du moins pas autant qu’elle ne l’aurait cru. Ce constat la peinait énormément, et plutôt que de s’excuser, Stephen semblait décider à lancer à son tour une salve de reproches à la brunette qui sentait doucement ses nerfs lâcher. Elle espérait qu’il parviendrait à la comprendre et à réaliser que son comportement avait des conséquences – à la fois sur leur couple et sur elle.
Ce baptême prenait une tournure que Stephen n'avait jusqu'alors pas soupçonné. Les scénarios dramatiques avaient beau s'être inscrits un à un dans son esprit névrosé, l'irlandais s'était dit que cette journée avec sa toute nouvelle compagne sous les projecteurs l'agacerait à mesure que les membres de sa famille se montreraient intrusifs. Jamais il n'aurait pensé que le grain de sable viendrait de leur couple, et naïvement, alors qu'ils s'étaient éloignés de la foule pour retrouver un peu plus d'intimité, il avait profité de l'atmosphère officielle que prenait leur idylle pour passer une nouvelle étape ; certainement la plus compliquée. Introduire Leah dans l'entourage proche de Rachel était loin d'être évident, mais les présentations seraient pourtant nécessaires à mesure que leur couple devenait sérieux. Il savait que la petite dernière des Baumann avait déjà rencontré Juliana avant leur départ pour le Cambodge, mais il ne s'imaginait pas que le silence qu'il avait adopté ensuite ait pu autant blesser Leah, car il ne l'avait pas fait contre elle, bien au contraire. Se prenant une volée de reproches, Stephen accusait le coup, et réagissait comme à son habitude : en répliquant de la même intensité. La réaction de la jeune femme fut pourtant assez équivoque. Elle lui répétait elle aussi que ce coup du hasard, elle ne l'avait pas forcé : « Tu crois quoi, que j’ai engagé quelqu’un pour forcer cette rencontre ? On était aussi surprise l’une que l’autre figures-toi. Je te dis pas que je voulais absolument faire leur connaissance, mais a minima connaître leur existence, ça aurait pas été si mal. » D'un claquement de langue, Stephen laissait tomber ce point. Qu'elle l'ait désirée où non, le résultat demeurait identique : cette rencontre lui forçait la main, lui imposait un rythme qu'il aurait aimé plus adapté à son cœur meurtri. Par instinct le brun avait donc balancé d'autres sujets de dispute, au moins pour ne pas être le seul à se voir être la cible de reproches, et en retour, l'agacement de Leah dépassait de loin le sien. Elle bouillonnait de rage, levait son index qui s'abattait contre son torse pour ponctuer ses phrases : « T’as pas le droit de me reprocher ça. A la base, c’était à toi d’en parler à Logan… T’as tellement traîné que j’ai bien été obligée de le faire. Quant à mes parents, excuses-moi de pas avoir voulu leur parler de notre couple par skype comme si c’était une vulgaire nouvelle sans importance. Mais si tu y tiens, je leur envoie un sms maintenant, comme ça ça sera réglé ! » Pardon ? Stephen s'en étranglait presque. Il soutenait son regard noir, cherchait les mots justes : non pas pour ne pas la blesser, mais plutôt pour avoir le dernier mot de cette conversation qu'il jugeait grotesque. Un sentiment exacerbé à mesure qu'il la voyait chercher un téléphone dont il savait qu'elle l'avait oublié chez eux. "J'ai traîné ? Tu te fous de moi j'espère. Et quand bien même ce n'est pas ça le problème. Tes parents t'aurais pu leur dire au téléphone. A part Logan, t'as dit à personne qu'on était ensemble ; et encore vu le drame qu'a causé cette annonce je peux même pas dire si on peut vraiment parler d'un succès. T'as pas droit de me reprocher de pas avoir parlé au cousin de ma femme qu'on était en couple alors que tes parents soupçonnent rien de ce qu'il se passe entre nous, c'est le monde à l'envers." Pas vraiment. Ou peut être que si. A ses yeux, il était difficilement envisageable de placer en tête de liste une présentation de Leah en bonne et due forme du côté Forbes/Maslow tant la jeune femme s’efforçait de garder le silence sur eux lorsqu'elle avait ses propres parents au téléphone. Il se voyait comme une complication, comme un imprévu qu'elle réglerait plus tard alors que lui n'avait pas hésité une seconde à l'embarquer chez lui, dans sa vie et dans son monde. Wanda n'était pas Alfie, mais elle n'en restait pas moins sa mère, sa plus grande alliée en ce monde. Il en valait de même pour le reste des Holloway. « Ah et tu parles de la fois où tu m’as gentiment conseillé d’aller voir ailleurs, pour ensuite te raviser par message ? Très classe Holloway. Tu prévois de me la ressortir à chaque fois celle la ? » Evidemment que Stephen allait lui ressortir cette histoire chaque fois qu'elle remettrait en doute sa confiance en lui pour quelque chose qu'il jugeait aussi stupide. Si Leah se mettait à lui faire une scène pour une histoire de présentation qu'il n'aurait pas soupçonné qu'elle puisse lui faire de la peine un seul instant, alors le brun ne se priverait pas de lui rappeler que lorsqu'elle avait mis à sac sa confiance, elle lui avait demandé de passer l'éponge en un battement de cils. "... Je te parle du fait que tu m'avais caché que vous vous voyiez encore. Il est passé à l'appartement l'autre jour, pour te voir. Manque de pot c'est sur moi qu'il est tombé. Et c'est toi qui me parle de classe Bau. Tu comptes de constituer un harem ? T'es gonflée de me reprocher de ne pas avoir parlé à Alfie et Jules de ton existence alors même que toi tu me caches à tes parents et que tu vois dans mon dos cette espèce de con." Sans doute avait il été trop loin, mais qu'importe. Lancé dans les reproches, Stephen ne se voyait pas faire machine arrière. Cette soirée aurait dû être l'occasion d'apprendre à s'apprivoiser en famille, au lieu de quoi ils en venaient à mettre les choses à plat. Ce n'était ni l'endroit ni le moment, mais il était trop tard pour remédier à l'ambiance chaotique qui régnait entre eux, si tant est que la brune se risquait à demander : « Je comprends tout simplement pas pourquoi tu m’as caché ça, c’est tout. C’est quand même le parrain d’Anabel, tu le vois régulièrement… Ce qui m’amène à me demander si t’as pas d’autres bombes du genre à me dire, tant qu’on y est ? » et sans une hésitation ou presque, Stephen répondit : "Il y a une autre fille que je vois. Parfois. Une amie de Rachel qui a refait surface un peu avant qu'on parte au Cambodge. Je l'ai revue il y a quelques jours. Pour son anniversaire. Mais contrairement à toi, quand j'ai les nerfs en vrac je sais me retenir de ne pas aller explorer les cavités buccales de ceux avec qui je passe du temps." Était-il vraiment utile de préciser à quel point Stephen vivait mal le fait de s'être fait ignorer alors qu'il avait tenté de rattraper le coup nouvel an ? Leah lui avait imposé de tourner la page, pour le bien être de leur couple, mais la vérité était certainement qu'il n'avait rien digéré de tout cela. D'autant plus depuis que Matteo et son air supérieur s'étaient invités chez lui il y a quelques jours de là. "Ecoute, je vais pas m'excuser de ne pas t'avoir présenté Jules et Alfie avant qu'on parte en voyage, parce que j'avais prévu de le faire tôt ou tard. Je voulais profiter de notre séjour la bas, parce que ça fait deux ans que je n'ai pas pris de congés et que mes nerfs allaient craquer. C'était eux le dernier rempart entre ma vie d'avant et toi. Je peux pas passer à autre chose en un claquement de doigts, et t'es gonflée de me reprocher de ne pas t'assumer alors que t'es là, officiellement, dans ma famille de façon officielle." qu'il terminait, la voix un brin plus froide qu'il ne l'aurait voulu. La fatigue naissante, Stephen avait tendance à paraître encore un peu plus névrosé et froid qu'il ne l'était d'ordinaire.
Comme d’habitude, Stephen parvenait à mettre à mal les certitudes que la brune s’était forgées au fil des semaines. Persuadée qu’il avait volontairement caché l’existence du cousin de Rachel – ainsi que la sienne – pour s’éviter des présentations qu’il n’assumait tout simplement pas, la jeune femme avait senti ses nerfs lâcher toujours un peu plus au fur et à mesure du temps qui passait, et du silence obstiné du kiné face à cette situation. Au final, il lui faisait comprendre qu’il avait tout bonnement besoin de faire évoluer les choses à son rythme, et que cette petite rencontre improvisée entre les deux brunes avait chamboulé les plans qu’il s’était efforcé de mettre en place. Leah était complètement perdue et hésitait sur la façon dont elle devait réagir. Personne ne lui avait donné de foutu manuel sur comment gérer un petit-ami veuf. Toute relation était déjà compliquée au départ, mais la leur démarrait déjà avec le lourd poids du passé. Elle savait que tout ce qui concernait Rachel n’avait de sens que pour lui, et si certaines des réactions du brun lui paraissaient insensées à elle, peut-être étaient-elles toutefois nécessaires au bon fonctionnement du kiné. Ceci étant dit, il lui avait tout de même sciemment menti. D’autant plus qu’il avait appris qu’elle était au courant, qu’elle avait vu Jules et qu’elle connaissait la relation qu’ils partageaient tous. Alors pourquoi continuer à prétendre que rien ne s’était passé ? Pour éviter une dispute ? Hé bien c’était réussi. Si l’annonce de l’anniversaire d’Anabel avait sonné comme le point de départ d’une mise au point pour Leah, la conversation prenait rapidement des allures de règlements de compte. La brunette s’était attendue à un minimum de compréhension de sa part, qu'il aurait compris que cette mise à l’écart était d’autant plus blessante qu’elle était basée sur des mensonges. Une chose qu’elle supportait difficilement, et dont elle espérait faire table rase afin que leur relation commence sur des bases saines. Malheureusement, le kiné semblait lui aussi avoir des choses à lui reprocher, et il ne se gêna pas pour les lui lancer en plein visage. Un flot de paroles acérées auxquelles Leah n’était pas préparée, ce qui fit davantage monter la pression chez la belle brune. Il lui balançait qu’au final, c’est bien elle qui n’assumait pas puisqu’elle n’en avait pas encore parlé à ses parents. Si les choses avaient été si simples. Après tout ce qu’elle avait traversé, elle désirait garder leur relation dans un espèce de cocon, profitant de ce bonheur inespéré qu’il lui procurait. Elle n’avait pas envie de partager ça avec sa famille durant une banale conversation téléphonique, non. Elle aurait aimé que Stephen soit là avec elle lorsque ses parents reviendraient de voyage, qu’elle puisse enfin lire sur le visage de sa mère autre chose que de l’inquiétude et de la déception. Malheureusement, le brun ne s’arrêtait qu’aux apparences, sans chercher plus loin. Ce qui était pratique, puisqu’il cherchait à la mettre en défaut. "J'ai traîné ? Tu te fous de moi j'espère. Et quand bien même ce n'est pas ça le problème. Tes parents t'aurais pu leur dire au téléphone. A part Logan, t'as dit à personne qu'on était ensemble ; et encore vu le drame qu'a causé cette annonce je peux même pas dire si on peut vraiment parler d'un succès. T'as pas droit de me reprocher de pas avoir parlé au cousin de ma femme qu'on était en couple alors que tes parents soupçonnent rien de ce qu'il se passe entre nous, c'est le monde à l'envers." La brune leva les yeux au ciel tout en balayant l’air de sa main, réalisant qu’ils vivaient un véritable dialogue de sourds. Evidemment qu’elle l’avait annoncé à gauche et à droite, qu’elle s’était remise en couple. Mais la brune n’évoluait pas vraiment dans un raz de marée d’amis, bien au contraire. La plupart de ses proches s’étaient éloigné d’elle – à juste titre – durant sa relation avec Camden, tandis qu’elle faisait profil bas et ne donnait pratiquement plus signe de vie à personne. Par honte. Par culpabilité. Autant de sentiments qu’elle avait dû affronter en renouant avec certaines personnes de son passé, et rien n’y faisait : elle n’avait plus très envie de les voir. Ca n’était pas leur faute, mais ils appartenaient à une époque qu’elle désirait oublier. Une époque où ils la connaissaient tandis qu’elle sortait avec un psychopathe. Seuls quelques rescapés demeuraient : Lonnie, Alex, Savie… A eux, elle leur avait dit. Mais comme à son habitude, elle n’en avait pas fais des caisses. Qu’attendait-il d’elle au juste, qu’elle crie son amour pour lui sous tous les toits ? Si c’était le cas, il s’était complètement planté en la choisissant elle. « Bien sûr que si j’ai déjà parlé de toi, mais tu t’attendais à quoi, à ce que j’envoie des faire-parts à tout mon entourage ? Le peu de personne qu’il me reste je veux dire. » Ajouta-t-elle avec cynisme, avant de reprendre : « Mais ne t’en fais pas, je mettrai mes parents au courant. Tant pis pour les formes hein, qui s’en soucie après tout. » Ironisa-t-elle tandis qu’elle voyait s’évaporer les images de ces fameuses présentations qu’elle s’était déjà imaginées un millier de fois au moins. Et si Leah était déjà en colère, ça n’était encore rien par rapport au coup de massue qui s'abattit sur elle lorsque Stephen décida de remettre le sujet de Matteo sur le tapis. Un véritable coup bas aux yeux de la jeune femme qui était persuadée que cette histoire appartenait au passé. Mais apparemment, elle s’était fourré le doigt dans l’œil. "... Je te parle du fait que tu m'avais caché que vous vous voyiez encore. Il est passé à l'appartement l'autre jour, pour te voir. Manque de pot c'est sur moi qu'il est tombé. Et c'est toi qui me parle de classe Bau. Tu comptes de constituer un harem ? T'es gonflée de me reprocher de ne pas avoir parlé à Alfie et Jules de ton existence alors même que toi tu me caches à tes parents et que tu vois dans mon dos cette espèce de con." Hein ? Fronçant les sourcils, Leah afficha une mine déconcertée. Elle n’avait pas vu Matteo depuis cette fameuse soirée, bien trop mal à l’aise de toute cette confusion qui avait régné entre eux, et peu désireuse de faire face à ce joyeux bordel. Alors ça sortait d’où ces conneries encore ? « En ce qui concerne Matteo, je l’ai pas revu depuis ce soir-là. Je suis pas sa mère, je suis pas au courant de ses moindres faits et gestes et je savais encore moins qu’il s’était amené à l’appart’ pour me voir ! » S’emporta-t-elle, fatiguée qu’on lui reproche des choses dont elle n’était même pas au courant. « Et je suis ravie de voir l’opinion que tu as de moi en réalité. C’est à se demander ce que tu fous avec moi. » Lâcha-t-elle froidement. Constituer un harem ? Non mais il la prenait pour qui exactement ? Elle avait toujours été intransigeante en ce qui concernait l’infidélité, et la simple incartade qu’elle avait eu avec Matteo alors même que Stephen venait de la rejeter représentait une énorme tâche sur la toile blanche qu'était supposée être sa moralité. Une tâche que le brun semblait constamment vouloir lui rappeler, comme si elle risquait d’oublier. Les yeux de la jeune femme brillaient de colère, tandis que ses poings se serraient sans même qu’elle s’en rende compte. Elle avait voulu lui dire ce qu’elle avait sur le cœur, et elle terminait en s’en prenant plein la gueule pour pas un rond. Une journée merdique comme on les aime. Et alors qu’elle tentait une dernière fois de ramener la conversation sur ce qu’elle estimait en être le sujet principal, le kiné lui asséna le coup de grâce en lui révélant qu’effectivement, il y avait plus. "Il y a une autre fille que je vois. Parfois. Une amie de Rachel qui a refait surface un peu avant qu'on parte au Cambodge. Je l'ai revue il y a quelques jours. Pour son anniversaire. Mais contrairement à toi, quand j'ai les nerfs en vrac je sais me retenir de ne pas aller explorer les cavités buccales de ceux avec qui je passe du temps." Il lui avait lâché ça presque avec flegme, sans la moindre once de remord dans la voix, sans la moindre amorce d’excuse. Rien. C’en était trop pour Leah qui commençait à avoir la tête qui lui tournait, tandis qu’elle réalisait qu’il voyait une fille sans lui dire. L’information était tellement énorme que son esprit fit l’impasse sur l’énorme sous-entendu qu’il lui lança au passage sur sa capacité ou non à garder sa langue dans sa bouche à elle. Leah resta coite, tandis qu’il terminait son laius presque avec la fierté d’avoir le dernier mot de cette dispute. "Ecoute, je vais pas m'excuser de ne pas t'avoir présenté Jules et Alfie avant qu'on parte en voyage, parce que j'avais prévu de le faire tôt ou tard. Je voulais profiter de notre séjour la bas, parce que ça fait deux ans que je n'ai pas pris de congés et que mes nerfs allaient craquer. C'était eux le dernier rempart entre ma vie d'avant et toi. Je peux pas passer à autre chose en un claquement de doigts, et t'es gonflée de me reprocher de ne pas t'assumer alors que t'es là, officiellement, dans ma famille de façon officielle." Leah l’observa terminer sa phrase sur un ton froid tandis qu’il choisissait ses mots avec une précision chirurgicale. Une grande différence entre eux puisque la brune ne parvenait tout simplement pas à contrôler ses émotions, ni les paroles qui s’échappaient de sa bouche avec une impulsivité qui ne lui réussissait jamais. « Tu sais quoi, j’en ai ma claque. Ne t’excuses pas pour moi, je m’en remettrai. Vas donc débattre de tout ça avec ta nouvelle amie, pendant que moi j’irai calmer mes nerfs en me constituant mon harem comme tu dis. » Lança-t-elle en tournant les talons, avec l’envie furieuse de taper sur quelque chose. Mais lorsqu’elle bifurqua à quelques mètres à peine, Stephen sur ses talons, elle tomba nez à nez avec… Wanda. Il ne manquait plus que ça. « Hé bien vous voilà tous les deux, tout le monde vous cherche partout ! Rebecca a dit que… » Lança-t-elle avec bonne humeur avant de s’arrêter net dans sa phrase, observant tour à tour le visage décomposé de Leah et celui tendu de Stephen. Il n’en fallu sans doute pas plus à maman Holloway pour décortiquer la situation, mais elle afficha un air soucieux en détaillant Leah. « Ca ne va pas ma chérie ? Tu es toute pâle… Tu n’as pas l’air dans ton assiette. » La brunette lui adressa un sourire qui du paraître pitoyable puisque le regard de Wanda s’obscurcit encore un peu plus tandis qu’elle s’adressait maintenant à son fils. « Tu vas la ramener chez vous et t’occuper d’elle, c’est compris ?... » Leah ouvrit la bouche pour protester, mais la mère de Stephen la fit taire d’un geste avant de reprendre de plus belle : « Je ne veux rien entendre. Allez-y, je m’occupe de Rebecca. » Ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel à l’idée de devoir gérer la tornade blonde. Elle finit d’ailleurs par s’effacer en embrassant Leah avant de s’éloigner vers la réception en leur refaisant des gestes signifiant très certainement : « Allez, sauvez vous. » N’osant plus bouger de peur d’aller à l’encontre des ordres sacrés de Wanda, mais peu déterminée à continuer cette conversation avec Stephen, la jeune femme décida simplement de croiser les bras tout en se demandant si rentrer à pied restait ou non une solution valable. Etant donné le fait qu'ils étaient à Bayside, la réponse était non. Soupirant, la brune laissa son regard se perdre de nouveau vers l'horizon, se demandant quand tout ce cirque allait s'arrêter.
Le ton était monté trop vite, bien trop vite. Lorsqu'il se sentait sous pression -ou même lorsqu'il ne l'était pas d'ailleurs- Stephen n'hésitait jamais à livrer le fond de sa pensée, et en l’occurrence ici, il concernait tous ces non dits, toutes ces rancœurs qui demeuraient entre les deux amants depuis bien trop longtemps déjà. Dire qu'ils avaient pu mettre les choses au point avant de partir au Cambodge était une erreur, puisque visiblement l'un et l'autre gardaient encore bien trop de choses qui leur pesaient sur le cœur. Dans un éclat de voix, le brun avait reproché à Leah de ne pas être légitime de ses reproches alors que lui même n'était qu'un vague colocataire aux yeux de ses parents, et la réponse de la petite dernière des Baumann fut cinglante : « Bien sûr que si j’ai déjà parlé de toi, mais tu t’attendais à quoi, à ce que j’envoie des faire-parts à tout mon entourage ? Le peu de personne qu’il me reste je veux dire. Mais ne t’en fais pas, je mettrai mes parents au courant. Tant pis pour les formes hein, qui s’en soucie après tout. » Et Stephen ne trouva rien à redire en retour, si ce n'est à lever les yeux au ciel à deux doigts de céder à la crise de nerfs. Il gardait en travers de la gorge le fait qu'elle n'ait jamais osé aborder le sujet de leur couple avec ses parents alors même qu'elle les avait au téléphone régulièrement, que lui les avait aussi parfois et qu'il devait garder le secret. A ses yeux, Jules et Alfie avaient beau être sa famille, ils n'étaient pas sa mère, ses oncles et tantes ; des personnes à qu'il n'avait pas hésité une seule seconde à présenter Leah comme étant sa petite amie et non sa colocataire. Le cousin de sa femme et sa petite amie n'étaient pas une priorité, et contrairement à ce que faisait la jeune femme, il ne mentait pas sciemment. Pour le reste, la dispute ne faisait que grimper en intensité. Il était désormais question du fameux type que la brunette avait embrassé après leur malentendu du nouvel an et qui s'était invité chez eux pour mettre les choses au point, tombant sur un Stephen déjà bien agacé. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il était arrivé comme un cheveux sur la soupe : « En ce qui concerne Matteo, je l’ai pas revu depuis ce soir-là. Je suis pas sa mère, je suis pas au courant de ses moindres faits et gestes et je savais encore moins qu’il s’était amené à l’appart’ pour me voir ! Et je suis ravie de voir l’opinion que tu as de moi en réalité. C’est à se demander ce que tu fous avec moi. » La aussi Stephen demeurait silencieux, la regardant avec incompréhension. Elle n'était pas sa mère, non. Mais il était revenu chez eux. Et c'était déjà trop. Lui ne venait pas lui refourguer ses conquêtes sous le nez et s'en offusquer ensuite, mais qu'importe. Si Leah voulait plus de transparence entre eux elle en aurait, et c'est ainsi que Stephen se retrouva à parler d'Alex, l'amie de Rachel qu'il revoyait pour faire vivre son fantôme d'une façon bien trop glauque pour être acceptable, mais heureusement -ou non d'ailleurs- pour lui, la jeune femme ne le vit pas de cet œil. « Tu sais quoi, j’en ai ma claque. Ne t’excuses pas pour moi, je m’en remettrai. Vas donc débattre de tout ça avec ta nouvelle amie, pendant que moi j’irai calmer mes nerfs en me constituant mon harem comme tu dis. » Et la voila, tournant les talons. Si en temps normal le brun l'aurait rattrapée pour terminer cette conversation et en trouver un dénouement correct, cette fois ci il n'en fit rien. La regardant s'éloigner, c'est la silhouette de sa mère qui attira son regard. C'était elle qui le fit avancer, de peur qu'elle ne se mêle à leur dispute, sans doute. « Hé bien vous voilà tous les deux, tout le monde vous cherche partout ! Rebecca a dit que… Ça ne va pas ma chérie ? Tu es toute pâle… Tu n’as pas l’air dans ton assiette. » On ne lui faisait pas, à Wanda. Son regard balayant la scène, elle avait tout de suite compris que quelque chose clochait. « Tu vas la ramener chez vous et t’occuper d’elle, c’est compris ?... » Eh merde, ne manquait plus que ça. Alors que l'un et l'autre s'apprêtaient à protester, la voix de sa mère s'éleva, plus forte : « Je ne veux rien entendre. Allez-y, je m’occupe de Rebecca. Allez, sauvez vous. » Et cette dernière réplique fut celle qui fit sortir Stephen de son mutisme. D'une voix bien trop sèche il rétorqua : "Je la dépose à l'appartement et je reviens. C'est le baptême de mon filleul, je vais rester. Je me dépêche." Et au pire, Rebecca avait réservé des chambres dans le domaine. Son ton avait beau ne pas être aussi définitif et ferme que celui de sa mère, le brun était néanmoins formel. Entraînant Leah à sa suite jusqu'au parking, il ne lui décochait plus le moindre mot. La nuit ne serait sûrement pas suffisante à la digestion de toutes ces paroles blessantes que lui avaient balancées la dernière des Baumann.