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 one eye sees, the other feels

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Message(#)one eye sees, the other feels EmptyVen 12 Avr - 17:39

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@Tony Adams

Depuis quelques années, Charlie a pris l’habitude d’écouter ABC à la même heure pour écouter un de ses chroniqueur politique préféré. Concis, neutre, clair, précis, … une sorte de parfait pédagogue. Elle ne pouvait en dire autant de tous les intervenants qu’elle avait en cours. Certains sont doués dans ce qu’ils font mais beaucoup moins pour transmettre, alors que d’autres ne sont doués ni pour l’un ni pour l’autre. Alors finalement, en comparaison aux incapables à qui elle a souvent affaire, Tony Adams est un dieu. Dans les faits, il est sûrement celui qui l’a décidé à partir dans des études de sciences politiques. Après avoir obtenu son Bachelor Degree dans l’étude des langues, elle ne voulait pas être lâché dans le monde sauvage de la vie adulte d’un coup. Elle voulait continuer à apprendre, encore et toujours. Elle s’est donc lancée dans un Master Degree de sciences politiques. Cette formation lui va à ravir, elle peut passer des heures à s’informer sur les sujets qu’elle aime. Elle espère pouvoir effectuer un stage à l’ONU, elle a d’ailleurs postulé à Panama, Nairobi, Vienne et Pretoria. Il y avait aussi des offres disponibles à New York, mais le siège est à Manhattan … Charlie aurait pu demander l’aide financière de ses parents mais cela aurait bien trop affecté son orgueil. Ce qui est fait est fait en toute façon, désormais elle ne peut que se contenter de croiser les doigts et prier des Dieux en qui elle ne croit pas. Elle n’en est pas non plus au point de refaire la scène de Beni Gabor face à la momie.
Toute cette digression sur le faux dieu de Charlie pour en venir au fait qu’un homme semble étrangement avoir la même voix que ce dernier. Elle ressemble actuellement à un de ces fans fous furieux prêt à tout pour avoir une photo avec leur idole. Mais Charlie n’est pas comme ça. Je ne cherche pas à l’excuser, elle est juste une jeune fille n’ayant aucune expérience de la vie, toujours trop naïve et bien trop honnête. Une vraie catastrophe ambulante finalement !
Laissant finalement le bel inconnu à sa conversation téléphonique, elle se décide à rentrer dans le GoMA. Elle a entendu parler de l’exposition triennal d’art moderne d’Asie Pacifique. Cette dernière est en place depuis novembre et se termine dans quelques jours, c’est maintenant ou jamais. Charlie ne peut pas tout repousser à l’infini.
C’est lorsqu’elle était prise de dégoût face à l’oeuvre de Chen Zhe (www.) à cause de ces putains de foutues araignées de merde, qu’elle a reconnu l’allure de l’homme en noir. Ca fait un peu trop penser à Men in Black dit comme ça. Mais il ne ressemble ni à Will Smith ni à Tommy Lee Jones.
Un musée est certainement l’endroit le plus inapproprié au monde pour commencer une conversion (bien que le cimetière le devance sûrement à vrai dire), mais Villanelle ne peut pas contrôler sa curiosité. Elle essaye néanmoins de chuchoter tant bien que mal.

« Excusez moi mais … Vous êtes Tony Adams n’est ce pas ? Le chroniqueur d’ABC. En politique, tous les jours à … Enfin, je pense que vous connaissez votre vie mieux que je ne la connais. C’est pas que je vous stalke hein, enfin … si je vous ai entendu parler au téléphone avant de rentrer dans le musée mais c’était pas prévu. Il me semblait bien avoir reconnu votre vois mais je n’étais pas sûre et je ne voulais pas passer pour une folle alors j’ai préféré vous laisser tranquille. Mais maintenant … C’est maintenant que je passe pour une folle. » Elle tourne son regard vers ses pieds, quelque peu gênée. Elle reste cependant trop curieuse pour savoir quand s’arrêter. Mais il n’a rien nié (il n’a pas eu le temps non plus), et selon Charlie qui ne dit mot consent. Donc c’est bien lui. « Désolée je parle trop. Je veux juste que vous sachiez que j’admire votre travail. Je vous écoute tous les jours, vous m’avez aidé à choisir ma voie. J’étudie les sciences politiques ici à Brisbane. »



Dernière édition par Charlie Villanelle le Jeu 16 Mai - 19:12, édité 1 fois
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Message(#)one eye sees, the other feels EmptySam 13 Avr - 6:53



Il a insisté, c'est ainsi qu'il s'exprime la plupart du temps. Il insiste. Il a insisté pour que je m'y rende, trouvant plus original de se retrouver là que dans un restaurant. Je suis passé le prendre chez lui pour en discuter avant de m'y rendre et je suis tombé sur Arlène.

Mettons les choses dans leur contexte, la dernière fois que je l'ai vue, je lui mettais Eliott dans les bras, un petit coucou, un bisou, un câlin et c'était à ce soir sauf qu'en rentrant plus tôt, pas d'enfant ! Ah non, elle a jugé bon de le laisser à Simon que je n'ai pas réussi à retrouver, et j'ai su après coup qu'il était parti chez Lene. Il ne perd rien pour attendre, aucun des trois. Enfin Arlène a déjà subi la version la moins agréable de ma personnalité. Je suis passé outre sa contrariété au fait que Simon et Lene passent du temps ensemble, rien à faire du temps qu'ils peuvent passer ensemble. Quand il s'agit d'Eliott, je ne supporte pas qu'on fasse n'importe quoi. Alors j'adresse à Arlène un silence froid pendant que Grant prend encore une plombe pour se préparer. Je me rends dans la cuisine, et me sers naturellement dans les placards pour me préparer un café. Comme il est parti, j'aurai largement le temps de le boire. Après tout, c'est aussi chez moi ici. Elle fait le tour de la table. Elle peut être violente dans ses propos, elle en a fait la preuve avec ma cadette mais elle se radoucit quand il s'agit d'Eva, qu'elle porte aux nues, ou de moi-même. Pour le petit dernier, ils apprécient particulièrement l'image de roc indestructible qu'il se plaît à envoyer à tous. Le roc, il a intérêt à se faire tout petit quand je vais lui tomber dessus.

Je bois mon café, me satisfaisant du silence. Et puis, après avoir passé une nouvelle nuit avec les réveils intempestifs de mon fils, ça me fait du bien aussi...
▬ Tony, je ne pensais que tu...
▬ Arrête, arrête tout de suite, lui dis-je, lui intimant le silence d'un signe de la main. Que Simon soit irresponsable, je peux le comprendre. C'est un gosse, un enfant dans des vêtements de grand. Mais que toi, tu t'amuses à ça sans même m'envoyer un message, je t'avoue que ça me rendrait fou. Alors arrête, avant que l'un de nous ait un mot plus haut que l'autre.

Il fut un temps, jadis, je serais peut-être parti en claquant la porte. Et là, je reste, et ils savent que je vais rester. J'inspire profondément, je reste maître de moi-même et susurre « Enfin, Dieu merci » quand mon père fait son apparition. Nous prenons la porte directement et c'est naturellement moi qui me mets au volant. Il a horreur de cette voiture, il déteste les sportives. Régulièrement, mon père me dit que c'est un caprice de célibataire. Et il ne manque pas de remettre le couteau dans la plaie avec des « Tu ne vois personne ? » ou encore « Ce serait bon pour ton image de fréquenter une fille, pense à l'avenir ». Il pense à l'avenir politique, moi pas.

Nous échangeons quelques banalités, et il me confie que M. Hozer ne viendra pas tout de suite. Qu'il voulait que j'arrive avant pour qu'on me voit, et que je ne me rends pas assez aux événements publics. Soit, c'est certainement vrai. Je le dépose, sans m'offusquer puis me rends à l'exposition en attendant mon rendez-vous. En plus j'aime assez l'art moderne. L'architecture en elle-même est une prouesse agréable à mes yeux. J'entre, salue une ou deux connaissances d'un geste de la main et m'éloigne assez rapidement pour ne pas devoir tenir une conversation.

J'entreprends une visite des expositions en cours quand, après vingt minutes, la nourrice m'appelle. Eliott dit « hop là ! Hop là ! » et elle voulait que je l'entende. Un sourire illumine à nouveau mon visage et je ne peux m'empêcher de lui parler malgré l'indélicatesse de la chose. Un petit coucou, lui demander comment ça va, s'il a bien dormi, même s'il ne me répondra forcément pas. Je sors quelques instants pour lui parler à plus haute voix puis reviens comme plus léger. Soudain, une voix m'interpelle. Je me retourne sur une jeune femme aux cheveux écarlates, penchée vers moi comme sur le ton de la confidence.
▬ Excusez moi mais … Vous êtes Tony Adams n’est ce pas ? Le chroniqueur d’ABC. En politique, tous les jours à …
▬ Oui, c'est
▬ Enfin, je pense que vous connaissez votre vie mieux que je ne la connais. C’est pas que je vous stalke hein, enfin …

Elle m'interrompt comme pour rattraper sa question. Je croise les bras sur mon torse en la laissant se débattre avec le début de cette conversation duquel elle n'arrive pas à se défaire. Quand elle conclut qu'elle passe pour une folle, je ne peux m'empêcher de lui sourire. Étonné qu'elle soit allé jusqu'à reconnaître ma voix ici, parmi tous les gens présents un peu partout, je me penche vers elle en tendant la main et prends la mienne, lui offrant une poignée de main assez légère pour ne pas lui faire mal :
▬ Je suis ravi de vous rencontrer.

Je la libère, pensant qu'elle va me donner son nom dans la foulée. « Désolée je parle trop. Je veux juste que vous sachiez que j’admire votre travail. Je vous écoute tous les jours, vous m’avez aidé à choisir ma voie. J’étudie les sciences politiques ici à Brisbane. » Hé bien, voilà qui est surprenant. Je la considère, me demandant si cette sorte de gêne qu'elle éprouve fait partie de son caractère, parce que si oui, il va falloir s'en défaire ma petite dame. Malgré tout je lui réponds :
▬ Hé bien, j'en suis ravi. Et je suis enchanté si mes chroniques vous semblent assez pertinentes pour que vous les écoutiez régulièrement. Comment avez-vous dit que vous vous appeliez déjà ? Parce que si j'ignore votre nom, je vais être obligé de me souvenir de vous comme « la fille du musée », je dirais même, « la fille du musée qui faisait une drôle de moue face à un Chen Zhe ».

Avec les années, j'apprends pour ma part à essayer de ne rien laisser passer. C'est fatiguant et je ne m'y astreins pas en permanence mais je me suis rendu à l'évidence, c'est un mal nécessaire.
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Message(#)one eye sees, the other feels EmptySam 13 Avr - 18:15

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@Tony Adams

Elle rit doucement. Peu importe si elle l’avait croisé dans un autre lieu, elle aurait aussi rigolé doucement ... mais dans un musée il en va de leur survie. Personne ne rigole (ahah, jeu de mot) avec le niveau de décibels à ne pas dépasser. Ce dernier est dangereusement bas, bien à l’opposé des endroits qu’elle fréquente, c’est à dire les bars. Elle rigole d’abord parce que c’est un trait de caractère d’être d’aussi bonne humeur, mais aussi parce que finalement il ne l’a pas tant prise pour une folle que ça. Sa dernière raison de sourire est sa réponse en elle même. Il veut savoir par quel nom il devrait se souvenir d’elle ; ce qui veut dire qu’il veut se souvenir d’elle. Ses mots étaient spontanés, cela ne relève donc pas de la simple politesse. Cette journée sera donc peut être réellement intéressante. « “La fille du musée” cela ne me semblait pas si mal après tout. Mais dans la vie de tous les jours, je réponds surtout au prénom de Charlie. »
L’oeuvre face à elle ne l’attirant finalement que peu, elle se surprend à poser son regard sur l’homme à ses côtés. ABC doit sûrement proposer des replay vidéo (ou même des vidéos en direct) mais Charlie n’a jamais compris l’intérêt. Si on parle de radio c’est bien pour écouter, sinon l’émission serait diffusée à la télévision et les chroniqueurs auraient leur quatre couches de fond de teint. De ce fait, elle n’a jamais su à quoi Tony Adams ressemblait. Il est curieusement petit en réalité. Pas petit petit, mais plus petit que Charlie en tout cas, d’un ou deux centimètres. Sa remarque n’est que factuelle, la taille des gens ne définit en rien qui ils sont et elle a toujours trouvé ça incroyablement débile de se moquer de quelqu’un, peu importe qu’il soit trop grand ou pas assez. Dans tous les cas, ses cheveux mi-longs bouclés font tout oublier. Il les porte plus long que la majorité des hommes (qui se disent sûrement qu’être viril c’est avoir les cheveux courts, ou que pour être une vraie femme il faut les avoir longs) et cela lui va curieusement bien. « Je préfère être la fille du musée plutôt que celle gênée par des araignées en photo, c’est tellement puéril. » Elle aurait bien ajouté qu’elle n’est même pas arachnophobe mais c’aurait été un demi mensonge. Il n’est pas rare qu’elle soit prise de panique si elle rencontre une araignée plus grosse qu’un ongle. Du genre à avoir son coeur battant la chamade et à être prise de bouffées de chaleurs, la grande classe quoi. Et puis, si elle peut éviter de parler d’araignées ça devrait sûrement arranger tout le monde. « Et que pense Tony Adams de cet autre Chen Zhe aux douces couleurs orangées et sans araignées  ? » Ce n’est définitivement pas une phrase très glamour à prononcer, le “zhe” en chinois équivaut à ouvrir grand la bouche et émettre un long “euh” mixé avec un bâillement. En gros. « J’espère que vous avez du temps devant vous, parce que des questions comme ça j’en ai beaucoup. N’est pas né celui qui me fera taire, même au beau milieu d’un musée. Désolée aussi, un peu. »
Ce n’est pas que parler d’art ne l’intéresse pas, bien au contraire elle adore parler de certains sujets, mais c’est la première et sûrement la dernière fois qu’elle pourra lui parler. Autant en profiter pour lui poser des questions lui important vraiment. « Vous aimez ce que vous faîtes ? Je veux dire, est ce que votre métier est la raison pour laquelle vous vous levez le matin ? A vrai dire, il peut y avoir beaucoup d’autres raisons, mais je ne suis pas une harpie de journaliste qui ne cherche qu’à me délecter de votre vie privée. J’aimerais simplement savoir si votre job est une de ces raisons là. »
On va finir par les foutre à la porte au bout d’un moment, mais le jeu en vaut la chandelle.

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Message(#)one eye sees, the other feels EmptySam 13 Avr - 20:46

@Charlie Villanelle


Je croise les bras sur mon torse quand elle dit qu'elle préfère être la fille du musée que celle qui a peur des araignées en photo, précisant que c'est puéril. J'esquisse un sourire puis tâche de la « rassurer » en lui rétorquant que :
▬ On a tous notre kryptonite, pas vrai ?

J'ai malgré tout la chance de ne pas souffrir d'une angoisse ciblée sur un animal, un escabeau ou une flaque d'eau, heureusement. Au quotidien, j'essaie d'enterrer la mienne profondément sous terre, de kryptonite. Et tous ceux que je connais, chacun fait ça aussi. Ils se construisent des forteresses plus ou moins hautes, plus ou moins solides, plus ou moins franchissables. Certaines forteresses sont d'ailleurs faites pour être prises, au prix de quelques efforts, certaines sont faites pour ne jamais être prises. Peut-être que ma kryptonite à moi, c'est que les murs ne sont pas encore assez hauts.

Tellement puéril. Puéril, c'est comme ça que je traite toute réaction qui n'est pas responsable et pourtant, c'était quand même bien de pouvoir agir de façon puéril, n'est-ce pas ? N'y a-t-il pas cette sorte de nostalgie quand nous passons près d'un chariot, en pensant à ces moments où il devenait une sorte de char de parking ? Une sorte de nostalgie quand nous passons près d'une flaque, en pensant à ce moment où on sautait dedans sans savoir si on aurait de la flotte jusqu'aux talons ou jusqu'aux genoux ? Une sorte de nostalgie quand nous nous faisons une frayeur sans doute démesurée ? Ce n'est pas grave, après tout, si c'est puéril.

▬J’espère que vous avez du temps devant vous, parce que des questions comme ça j’en ai beaucoup.

Du temps, hm. Je jette une œillade sur ma montre, trop grosse pour passer inaperçue, avec un bracelet de cuir noir trop large pour être élégant, un accessoire qui dénote avec l'aspect impeccable que j'essaie de me donner quand je sors pour le boulot... quand je sors, tout simplement, à vrai dire. J'ai bien encore quelques minutes, et si Mr Hozer arrive alors que je suis encore avec la demoiselle, je n'aurais qu'à les présenter et proposer à la demoiselle de continuer cette conversation plus tard.

▬ N’est pas né celui qui me fera taire, même au beau milieu d’un musée. Désolée aussi, un peu.

Oh, carrément ? J'arque un sourcil, moi qui pèse pour ainsi dire chacun de mes mots et esquive les conversations qui ne me conviennent pas... Enfin jusqu'à maintenant, ça va, les questions étaient plus que gérables. Je lui fais un signe de la main pour l'inviter à faire quelques pas, tout en commentant :
▬ Allez-y, je verrai si je suis en mesure d'y répondre.
▬ Vous aimez ce que vous faîtes ? Je veux dire, est ce que votre métier est la raison pour laquelle vous vous levez le matin ? C'est marrant, on dirait une question de journaliste. A vrai dire, il peut y avoir beaucoup d’autres raisons, mais je ne suis pas une harpie de journaliste qui ne cherche qu’à me délecter de votre vie privée. J’aimerais simplement savoir si votre job est une de ces raisons là. Ah bah non, elle n'est heureusement pas journaliste.

Je marque une pause, la raison pour laquelle je me lève le matin ? La première, c'est sans doute mon fils mais il serait inapproprié d'aborder ma vie privée. Mon boulot... Oui j'aime assez les studios pour m'y sentir bien, et j'aime ce que je fais. J'aime pouvoir orchestrer les choses et surtout, garder un contrôle dessus. Grant aimerait que je fasse davantage, que je limite mes activités chez ABC pour vraiment m'engager, dans la même voix, le même parti que lui, il aimerait que je porte sa voix mais nos avis divergents et mon manque d'envie me freinent. Alors que, sans doute, pourrais-je le faire. J'en suis même à peu près convaincu.

▬ Oui, je dois dire que j'aime assez, confié-je, un sourire au coin des lèvres et les bras à nouveau croisés. N'étant pas particulièrement expansif, je ne me vois pas ajouter plus de détails que ça. Allez, je fais un effort pour un complément de réponse : Mon travail correspond à ma personnalité – et j'aime le fait d'être une voix plus qu'un visage, aussi – et je m'y sens bien, effectivement. Mais parlez-moi de vous, comment vous voyez-vous dans disons... quel âge pouvez-vous bien avoir ? Vingt-deux, vingt-trois ? Comment vous voyez-vous dans cinq ans ?

Je fais un pas sur le côté pour ne pas gêner l'entrée de nouveaux visiteurs dans l'espace où nous nous trouvons. Je garde un œil autour de moi, j'apprécie de toujours être en position pour voir qui entre et sort, ça peut être utile plus tard.
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Message(#)one eye sees, the other feels EmptyDim 14 Avr - 10:12

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@Tony Adams

Référence à Superman, un bon point pour lui. Il n’est pas en manque de bon point, mais un point gagné grâce à la culture pop ne peut se refuser !
La discussion se continue avec la lenteur associée à la réflexion de chacun. Chaque mot est pesé, chaque geste, chaque micro-expression. Charlie a toujours cette habitude de vouloir tout faire en même temps, à la fois en apprendre plus sur Tony et profiter de l’exposition, mais pour une fois elle arrive relativement bien à garder toute cette énergie au fond d’elle. Une énergie infantile qui ne l’a pas encore quitté, puisse-t-elle perdurer encore longtemps. L’inactivité, la non-action, l’indifférence, … tous ces mots ne font pas écho dans son coeur. Elle aimerait faire tant de choses, tout pouvoir changer. Elle aimerait beaucoup, mais sait bien qu’elle ne peut faire que peu. En grandissant, en apprenant, elle pourra faire plus. Grâce à de petites discussions, de petits actes, de petites rencontres anodines, … elle pourra plus.
Ils marchent côte à côte, doucement. Les regards parfois tournés vers eux sont emplis de jugements. Trop proches en âge pour être parents, trop éloignés pour être un couple. Pas vraiment proches non plus, mais chacun concentré à écouter les mots de l’autre. Que diable peuvent-ils bien faire à parler dans un musée même.
Les bras croisés sont un signe de mise à distance, de protection de soi aussi. Charlie aimerait bien qu’il les décroise, qu’il comprenne qu’elle est juste une gamine curieuse qui n’a jamais vraiment appris les codes sociaux. Le pire qu’elle puisse faire à l’instant est de parler trop fort et que les deux soient mis à la porte.
« C’est une visite au musée ou un entretien d’embauche ? » rigole-t-elle. « Vous avez l’oeil, j’ai bien 23 ans. La moi d’aujourd’hui ne sait même pas de quoi sera fait demain, alors dans 5 ans cela semble inimaginable. J’aimerais faire beaucoup de choses, mais est ce que tout est réalisable rien n’est moins sûr. Dans l’immédiat, je veux terminer mes études, je suis dans la dernière phase. J’aimerais ensuite faire un stage à l’ONU, dans le pays dans lequel je serai prise - si je le suis. Dans 5 ans, je serai peut être à ABC, de retour au pays, qui sait. » Elle en rigole un peu mais cela n’est pas impossible non plus. Elle garde cependant un certain scepticisme envers cette idée, elle a sans doute trop d’énergie pour rester à Brisbane. La ville est jeune et dynamique mais elle a toujours besoin de plus.
C’est peut être en s’ouvrant un peu à lui qu’il en fera de même. Pour les gens normaux cela se passe comme ça en tout cas. « Vous avez toujours voulu faire ce métier ? Jamais eu de doutes, de remises en question ? Mais surtout ... d'où est venue cette idée ? Aucun gamin ne rêve de parler de politique à la radio. »
Étrange qu’un homme tel que lui, réservé et analyste, ai tant inspiré Charlie, l’exacte opposée. Les ondes radios ne véhiculent pas la personnalité des gens. Oh bien sûr elle pourrait lui demander pourquoi il a plutôt pris position pour untel ou untel dans x ou y conflit (il y en a tellement), mais ses idées politiques l'intéressent moins étrangement. Tant qu’il reste raisonnable et ne défend pas bec et ongle le Family First Party, tout devrait bien se passer.
Le voyant jeter de discrets regards sur sa montre qui l’est bien moins, Villanelle commence à s’en vouloir quelque peu. « Si jamais vous aviez prévu autre chose ne vous mettez pas en retard pour moi. Je ne veux pas vous créer de problème ! » Loin d’elle cette idée là. « Vous ne vous en rendez sûrement pas compte, mais vous avez déjà fait beaucoup. »

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Message(#)one eye sees, the other feels EmptyLun 15 Avr - 7:45


▬ C’est une visite au musée ou un entretien d’embauche ? me demande-t-elle, et je laisse échapper un ricanement léger et pas moqueur pour un sou. Je crois qu'à cet instant, ce n'est plus aucun des deux. Mais d'humeur un peu joueuse malgré tout, je me penche sensiblement dans sa direction et lui susurre avec amusement : « Qui sait ? »

Après tout, ce n'était pas faux non-plus. Grant avait pour habitude de dire – enfin surtout avant, quand il était vraiment en train de se faire un nom, lorsque nous n'avions pas encore conscience de ce qui était en train de se bâtir – que tout est opportunité. Avec le temps, j'avais trouvé que ce n'était pas une mauvaise philosophie après tout, et il m'arrive encore de l'utiliser. D'autant plus que dans ma position, je me suis mis à essayer de tisser un réseau fiable sur lequel compter. Certes, chaque élément de ce réseau n'a pas la même importance, le même rôle ni la même éthique mais le principal reste de saisir chaque chance d'être plus fort, d'être inatteignable, d'être plus malin que les autres. Des sales coups, Grant en pare beaucoup au quotidien et vu ses positions, je peux comprendre qu'on soit hostiles à son égard. Il regretterait que je me lance vraiment en politique, entendu sur le devant de la scène, parce que mes propos seraient aussi virulents.

Mais fort heureusement, il n'en est rien. Pour le moment, je m'occupe de lui sans être porte-parole et mes interventions à ABC sont critiques, et quand il prend une mauvaise décision ou que quelque chose ne convient pas, je le souligne aussi puis je reviens vers lui pour corriger ça. Même si j'évite de parler de lui la plupart du temps, pour éviter un conflit d'intérêt. Je ne voudrais pas devoir choisir, ce serait insupportable.

Toujours est-il que les étudiants sont l'avenir, un avenir plus lointain que les jeunes loups prêts à dévorer leurs mentors. Mais l'avenir quand même. Alors peut-être que la demoiselle sera une future collaboratrice. Si je parviens à obtenir son nom, mais même sans qu'elle me le donne, ce serait facilement dans mes cordes de l'avoir. Une visite aux universités les plus proches, un coup d'oeil aux trombinoscopes ou aux fichiers, et bonjour Mademoiselle l'Inconnue à la chevelure de feu qui a peur des araignées.

▬  Vous avez l’œil, j’ai bien 23 ans. Et c'est encore plus facile avec son âge, d'ailleurs.  La moi d’aujourd’hui ne sait même pas de quoi sera fait demain, alors dans 5 ans cela semble inimaginable.

Je l'écoute attentivement. C'est plaisant de se dire que certains ne se projettent pas ainsi, même si à vingt-trois ans, il est temps, non ? Après tout, qui suis-je pour juger ?

▬ J’aimerais faire beaucoup de choses, mais est ce que tout est réalisable rien n’est moins sûr. Dans l’immédiat, je veux terminer mes études, je suis dans la dernière phase. J’aimerais ensuite faire un stage à l’ONU, dans le pays dans lequel je serai prise - si je le suis. Dans 5 ans, je serai peut être à ABC, de retour au pays, qui sait.

Je lui souris et réponds tranquillement :
▬ Vous avez raison, voyagez, c'est une excellente école. Et après, nous poursuivrons peut-être cet entretien si le cœur vous en dit.

Je ne regrette pas mes voyages, je ne regrette pas tout ce que cette année et demi m'a apporté de changements, quel qu'en fut le prix à payer ensuite. « Vous avez toujours voulu faire ce métier ? Jamais eu de doutes, de remises en question ? Mais surtout ... d'où est venue cette idée ? Aucun gamin ne rêve de parler de politique à la radio. » Je fais quelques pas, m'assurant qu'elle me suive et perds mon regard un instant sur une toile, laissant mes yeux courir sur les couleurs chaudes surtout. Quelque peu songeur et soucieux de la formule que je vais employer, je commente simplement : « Il paraît que les enfants de pompier rêvent d'éteindre des incendies. » comme pour lui signifier que finalement, ce n'est au début qu'une histoire de famille. Nous sommes faits du même bois que nos parents, à la base. Après, je ne saurais même pas dire si c'est leur force de persuasion, la routine de l'obéissance ou ma propre envie qui m'a poussé... Distraitement, je pose une seconde la main contre son avant-bras et croise son regard pour lui répondre : « Mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas se remettre en question. Au contraire, et à mon sens, un peu d'humilité ne fait jamais de mal. » J'ôte ma main et les glisse dans mon dos. Forcé de constater qu'on en manque terriblement dans ma famille.

Un aveu de faiblesse, ce serait comme autoriser les autres à nous manger tout cru. Pour ma part, ayant déjà fait l'expérience d'être dévoré, ça ne me fait plus peur de me dire que je suis faillible. Et si je ne souhaite pas revivre l'expérience, je me suis fait à l'idée que la lâcheté, la faiblesse et le droit d'échouer ne sont pas des tares.

▬ Si jamais vous aviez prévu autre chose ne vous mettez pas en retard pour moi. Je ne veux pas vous créer de problème !
▬ Oh ça ne risque pas, la fille du musée. Je ne suis jamais en retard.

Sans doute ce besoin pathologique d'essayer d'avoir un peu de contrôle sur ce qui m'entoure. Il est vrai que je ne me mets jamais en retard, et j'ai horreur de ça. Si j'arrive à avoir de la compréhension envers les autres, si leur retard n'est pas gratuit, je n'apprécie pas quand c'est moi qui me fais ainsi remarquer.

▬ Vous ne vous en rendez sûrement pas compte, mais vous avez déjà fait beaucoup.

C'est un long travail, d'essayer de ne pas transpirer le doute et afficher une sorte d'assurance permanente. Une fois à la maison, je me sens parfois épuisé. Et pourtant, face à elle, face à Mr Hozer, ou encore face à Grant, j'essaie de ne jamais avoir l'air de douter. Je pourrais lui répondre qu'elle aussi, avec sa spontanéité, elle a au moins sauvé mon après-midi mais de quoi ça aurait l'air ? Toutefois, ma curiosité me pousse à gratter un peu davantage, sur le pourquoi de son questionnement.
▬ Vous avez des doutes, et ça vous fait peur ?

Dans ce contexte, malgré le décor, je reste un Adams dans le cadre professionnel, je ne suis pas Tony. Je me permets donc cette question, histoire de voir un peu comment elle va réagir :
▬ Quelles sont vos trois grandes forces ?
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Message(#)one eye sees, the other feels EmptyMar 16 Avr - 20:58

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@Tony Adams

« Charlie Villanelle, chroniqueuse politique d’ABC. Ca sonne plutôt bien. » Vraiment ? Non. Enfin … peut être que si. Mais la vie de Villanelle serait-elle vécue pleinement et entièrement si elle se contentait d’être à l’antenne ? Non, ce n’est définitivement pas ce qu’elle souhaite. Cela pourrait faire l’affaire temporairement seulement. Elle n’a pas le droit de cracher sur l’institution en la matière qu’est ABC, elle n’est personne pour oser faire cela, néanmoins cela ne correspond pas à son caractère. Rien de plus, rien de moins. Certes un passage chez le groupe rendrait plutôt bien sur son cv, mais elle n’y ferait pas de vieux os. Dans l'éventualité qu’elle y bosse un jour, elle aurait l’occasion d’apprendre de merveilleuses choses et de faire d’aussi belles rencontres, de mettre en pratique des années de théorie et de prendre son envol. La dernière partie est la plus importante : prendre son envol vers d’autres horizons. Elle aimerait pouvoir inventer son propre métier, un métier qui couvrirait tous les aspects de la vie qu’elle aime (en omettant “se bourrer la gueule”) et lutterait pour le bien du monde. Quelle utopie, quelle naïveté. Au final elle sera sûrement heureuse de trouver un job quel qu’il soit à la sortie de son Master. Dire qu’après plus de vingts ans passés sur les bancs de l’école elle n’est toujours pas capable de répondre à la question préféré des grandes personnes “alors tu veux faire quoi dans la vie ?” (voix trop aigue, faux sourire, fausse attention, mains posées sur les genoux pour bien se baisser face au tout petit petit enfant).
Vivre au jour le jour a certes des inconvénients, mais pas tant que ça. Elle commence déjà à se tisser des relations dans le milieu (toutes plus ou moins légales, mais toutes utiles) par divers biais (tous plus ou moins légaux et moraux eux aussi). Sa mid-term to do list consiste à épargner de l’argent dans l’optique de voyager. C’est toujours au contact des gens qu’on apprend le plus. Cela reste gravé en nous, chaque mot, chaque odeur, chaque lieu. La mémoire de Charlie est essentiellement visuelle et kinesthésique. Elle se souvient d’écrire les mots et des mots en eux même. Du temps où elle devait apprendre et réciter bêtement des cours, sans forcément en voir l’utilité, elle s’imaginer tourner les pages de son cahier posés deux mètres plus loin. De nos jours, ces deux mémoires combinées lui servent à se souvenir de ses voyages. Elle a pris l’habitude de tout noter dans des carnets qu’elle garde chez elle, tous achetés dans le pays où elle est allée. A l’intérieur, des tickets, des feuilles, des dessins, des notes, des photos … Tout ce qu’elle a pu ramasser. Être matérialiste est souvent considéré comme un défaut mais selon Charlie ce n’en est pas un, au contraire. Se rattacher a des objets a quelque chose de rassurant, c’est une constante invariable.

Les enfants de pompiers rêvent d’éteindre des incendies, c’est poétique, une belle métaphore. Une personne pessimiste aurait plutôt dit que les enfants de pompiers cauchemardent de parents brûlés dans les incendies, mais bon l’inverse marche aussi. Ce n’est pas Charlie qui osera être pessimiste sur autre chose que la géopolitique mondiale. Rêver d’être comme son papa ou sa maman, elle trouve ça mignon et véridique. Née de parents pâtissiers adeptes de motos, c’est tout naturellement qu’elle répondait vouloir être pâtissière à moto étant enfant. Et à Noël elle demandait seulement à avoir des cadeaux rouge, mais ça c’est une autre histoire. Tout ça pour dire qu’elle a appris à se contenter de ce que la vie lui offrait et qu’en y repensant il semble bien curieux qu’elle n’ait pas suivi la voie professionnelle d’un de ses parents. Elle ne connaît personne de son entourage proche lié de près ou de loin à de la politique. Aurait-elle été adoptée ? Restons terre à terre, ce sont sûrement les aliens qui l’ont enlevé, osculté, et implanté cette idée dans la tête dans l’optique de conquérir le monde. Oui, cela semble plus plausible.
Les paroles de Tony sont douces, pédagogues, alarmantes et réconfortantes à la fois. Cette entrevue semble remettre en question tellement de choses, mais apparemment ce n’est pas seulement du côté de la jeune femme. Lui a déjà bâti sa vie, sa famille sûrement, il doit même être en train de payer un prêt immobilier. Pourtant il ne se repose sur aucun acquis, ses paroles sont à double tranchant. Il parle à Villanelle mais cela s’applique pour lui aussi. Bien sûr, rien n’est clairement établi par des mots, mais tout le reste l’indique.
Il faut dire que la question de Charlie ne transpirait pas d’intelligence. Il est un Adams, tout le monde connaît sa famille. Ils travaillent tous dans le milieux à sa connaissance, pourquoi fait-elle l’étonnée. Elle n’est pas polie, juste ramollie du cerveau.
Charlie tente de tout faire à la fois : écouter, prendre des notes dans un coin de sa tête, observer et analyser ses réactions, contenir les siennes, ne pas paraître trop exubérante, ne pas faire de tête bizarre comme elle en a l’habitude, réfléchir à ses réponses, … Quand on dit que les femmes peuvent faire plusieurs choses à la fois ce n’est décidément pas un mythe. Si seulement on l’avait prévenue qu’une sortie au musée pouvait être aussi exténuante !
« Ce ne sont pas les doutes en eux-même qui m’effraient, mais oui, la peur fait partie intégrante des choses. J’ai peur de beaucoup de choses, je ne peux pas le nier. Les araignées sont dans le top trois pour ne rien vous cacher. » Bouche ouverte, elle sourit. Il l’a mise en confiance. Ces talents devraient être mis à profit pour des interview, il ferait parler les plus renfermés à l’image de Rami Malek. Même si Tony Adams doit moins fantasmer sur lui que Charlie. « Le problème avec la peur c’est que c’est un paralysant. A tendance à vouloir toujours tout bien faire, on ne fait pas. Je dis ça comme si je vous apprenais quelque chose ahah. » Non Charlie, le rire ne pourra pas faire dévier le sujet, pas cette fois. Mais c’est bien tenté quand même. « Je pense, j’espère, être quelqu’un de bien. Vouloir aider mon prochain, c’est au moins une idée de la Bible à laquelle j’adhère. » Parler religion avec un inconnu, tu t’entraînes toi même sur une pente glissante Villanelle. « Tout ça pour dire que mon problème est que je veux tout faire et qu’il y a bien trop de choses à faire pour une seule vie. Et au final je ne sais pas comment je pourrais être la plus utile, avec les capacités que j’ai. » Alors qu’elle était jusque là faussement attirée par une oeuvre pendue au mur, elle repose ses yeux verts sur le visage de l’homme de la radio. « Vous avez pensé à être psy un jour ? Vous pourriez faire vos rendez-vous ici, même pas besoin de payer le fameux canapé qui a l’air hyper confortable et qu’on voit dans tous les films. »
La question finale ne la désarçonne pas mais l’étonne grandement. Grande mais fine, elle peut passer pour une femme frêle en apparence, mais il n’en est rien. Elle est sans doute un peu (beaucoup) naïve, mais elle a réussi à survivre jusque là malgré ses maladresses et mauvaises fréquentations. Pourquoi cela ne continuerait-il pas ?
« Sens du devoir. Soif de connaissances. Esprit d’aventure. » Telle est le paradoxe répondant au nom de Charlie. Prendre l’avion dans 5mn pour partir un mois en Tanzanie et sauver les gorilles ? ok. S'opposer à n'importe quel poids lourd de la scène médiatique/politique pour une cause qui lui tient à coeur ? Aussitôt dit, aussitôt fait. Choisir un métier ? Panique mayday SOS Houston nous avons un problème erreur 404 not found.
« A quoi riment toutes ces questions ? J’étais censée tenir le rôle de celle qui est trop curieuse et voilà que vous venez de me voler la vedette apparemment monsieur Adams ! »
Au contraire, Villanelle. C'est elle qui parle le plus, lui se contente désormais de poser les questions. La balance a changé de côté, c'est désormais lui qui semble mener la partie. Il a su retourner le jeu en sa faveur pour toujours moins avoir à s'ouvrir. Cela devrait changer d'ici peu.

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Message(#)one eye sees, the other feels EmptySam 27 Avr - 5:29


▬ Charlie Villanelle, chroniqueuse politique d’ABC. Ca sonne plutôt bien.

Enchanté Miss Villanelle. Ce sera une recherche de moins à effectuer, même si je suis sûr que ça aurait été bien rapide de savoir. Quelque part, Charlie me fait penser à Lene, quand elle se gardait toutes les portes ouvertes devant elle. Elle n'en avait pas conscience, mais absolument toutes les portes étaient grandes ouvertes devant elle et elle n'avait qu'à faire quelques pas dans une direction ou une autre. Et un beau jour, elle a décidé qu'elle était capable d'écraser les autres et toutes les portes se sont fermées à son nez, violemment. Charlie me fait penser à Lene, avant qu'elle ne devienne Lene, à vrai dire.

Quant à moi, j'ai toujours trouvé ça quelque peu rassurant de n'avoir qu'une porte en face de moi, de la maintenir ouverte puis de la prendre. Eva dit famille, quand Lene dit lâcheté, quand Simon dit opportunité. On ne se mettra jamais d'accord, mais ce n'est pas grave. Ça ne me dérange pas de ne pas avoir le dernier mot, je sais ce que je fais et pourquoi je le fais, et surtout je sais que je suis bon dans ce que je fais. Que ce soit à ABC, où mon intégrité et mon éthique m'ont permis de rester et de continuer à être écouté jour après jour, ou au cabinet de Grant où ma discrétion et ma persévérance me permettent de mériter la place qui m'a été offerte.

▬ Ce ne sont pas les doutes en eux-même qui m’effraient, mais oui, la peur fait partie intégrante des choses. J’ai peur de beaucoup de choses, je ne peux pas le nier. Les araignées sont dans le top trois pour ne rien vous cacher.

C'est humain d'avoir peur, c'est normal. Je ne croirais pas quelqu'un qui se vante de ne jamais avoir peur que ce soit la peur du noir, des araignées, la peur de se tromper, la peur de ne pas être à la hauteur. Aussi rationnelles, irrationnelles, courantes ou singulières soient les peurs qui nous prennent aux tripes, ce sont aussi elles qui nous font avancer. Je lui renvoie son sourire, elle est intelligente, c'est ma foi agréable de discuter avec elle.

▬ Le problème avec la peur c’est que c’est un paralysant. À tendance à vouloir toujours tout bien faire, on ne fait pas. Je dis ça comme si je vous apprenais quelque chose ahah.

Je arque un sourcil, un air de défi sur le visage, avant de lui demander :
▬ Il y a des risques qu'il convient d'écarter, d'autres qu'il convient de prendre. Moi non-plus, j'imagine que je ne vous apprends rien en disant cela...

Triste banalité et pourtant, je pèse toujours les risques et les bénéfices quand je dois faire quelque chose. Et puis, j'ai appris qu'à un risque trop grand, on peut souvent trouver une alternative qui procure presque autant de bénéfices pour un minimum de risques. Au travail, avec Eliott, et avec ma propre vie privée, je ne prends pas de risques démesurés. Mais c'est que désormais, je sens que j'ai un besoin de tout savoir, parfois de tout contrôler, qui tend à se développer. C'est triste, mais parfois, j'ai l'impression de devenir un peu plus comme mon père. Et lui... Il se repose sur les apparences et sur les acquis de ses batailles passées et compte sur moi pour livrer les présentes. Un jour, il se rendra compte combien nous sommes devenus différents, et que ses ambitions ne sont pas les miennes. Si je perds mes deux emplois, je ne sais même pas ce qu'il resterait de moi. C'est peut-être ça qui me fait peur, et qui me paralyse au sein de ma propre vie : craindre qu'un jour, je reste seul face à moi-même. Je ne suis pas prêt à essayer de recommencer une vie. Je me suis trop brûlé les ailes, je ne suis pas prêt à recommencer. Si Lene était moins butée, elle pourrait le comprendre, elle. Qu'Eva et Simon ne l'envisagent pas, je peux le concevoir parce qu'ils ne connaissent pas la peur ou alors, elle les propulse en avant. Ils ont des milliers de portes, et celles qui se ferment, j'ai parfois la sensation qu'ils pourraient les défoncer d'un bon coup de pied, n'importe quand. Lene se contente de les regarder se fermer, et d'en essayer d'autres. Et moi, je me cramponne à la même, en priant simplement qu'elle ne se ferme pas un jour.

▬ Je pense, j’espère, être quelqu’un de bien. Vouloir aider mon prochain, c’est au moins une idée de la Bible à laquelle j’adhère.

Parler politique, c'est comme parler religion, c'est dangereux. Bien que j'aie déjà été vu plusieurs fois à la messe ou dans des églises, j'évite en général de parler foi avec des collaborateurs. Considérons que Charlie est pour l'instant dans une catégorie à part. Je lui accorde un sourire bienveillant et après avoir jeté une œillade autour de nous, je lui réponds :
▬ J'ai toujours aimé penser qu'on devient quelqu'un de bien dès le moment où on essaie de le devenir. Vous avez raison de ne prendre que le meilleur de ce qui vous est présenté, c'est important d'être là pour votre prochain.

Je ne sais même pas si j'ai ça, en moi. Aider Grant, c'est un travail. J'ai une somme confortable chaque quinzaine sur mon compte, qui me permet de ne pas en avoir marre. Mais j'ignore si la peur peut être une paire d’œillères assez importante pour empêcher les bonnes intentions ?

▬ Tout ça pour dire que mon problème est que je veux tout faire et qu’il y a bien trop de choses à faire pour une seule vie. Et au final je ne sais pas comment je pourrais être la plus utile, avec les capacités que j’ai. Elle ramène son attention vers moi. Vous avez pensé à être psy un jour ? Vous pourriez faire vos rendez-vous ici, même pas besoin de payer le fameux canapé qui a l’air hyper confortable et qu’on voit dans tous les films.
▬ S'il n'y a pas le fameux canapé hyper confortable, ça n'en vaut pas la peine, dis-je en guise de plaisanterie.

Je me souviens de deux séances chez le psy, où mon père m'avait conduit quand j'étais adolescent. Je me souviens de ces deux longues heures, assis sur un fauteuil en face d'un grand bureau de chêne. La femme en face de moi me posait des questions ciblées, et j'y avais répondu, me livrant à cœur ouvert. Il s'était passé presque un trimestre entre les deux séances, et mon père me semblait plus dur à ce moment-là, me poussant souvent dans mes retranchements. Mes efforts devenaient plus intenses pour le satisfaire. Je me suis rendu à un dîner de charité avec ma mère un soir qu'il était en déplacement, je m'étais dit qu'il serait heureux de l'apprendre. Parmi les avocats du cabinet juridique qui représente les intérêts de mon père, il y avait cette fameuse « psychologue ». Elle était là, elle était aussi surprise que nous nous rencontrions et lorsque je lui ai serré la main, j'ai exercé une pression suffisante pour garder ses doigts dans les miens. « Enchanté, c'est toujours intéressant de savoir à qui on confie ses intérêts. » À qui on cède sa confiance, aurais-je voulu dire ce jour-là. Elle était pas bien vieille, j'imagine qu'elle avait négocié quelque chose contre cette mascarade. Mon premier jour au sein du cabinet de mon père, mon premier jour, je l'ai faite renvoyer.

Et si nos chemins viennent à se croiser, je ne manque pas de lui mettre des bâtons dans les roues dès que ça m'est possible. Je n'aurais pas pu être psy. Je n'ai pas les épaules assez larges pour accueillir les incertitudes des autres, je crois.

Changeant de sujet, nous revenons à Charlie :
▬ Quelles sont vos trois grandes forces ?
▬ Sens du devoir. Soif de connaissances. Esprit d’aventure.

Dévotion. Curiosité. Courage. Ça me semble être un cocktail prometteur. Je hoche doucement de la tête puis continue d'avancer doucement. À sa remarque, j'esquisse un sourire qu'elle ne voit pas puis je pivote à nouveau dans sa direction. En guise de réponse, je cite ses propres mots :
▬ Soif de connaissances.

Peut-être ai-je encore la chance d'être assez curieux.
▬ Sens du devoir, soif de connaissance et esprit d'aventure, je suis sûr que rien ne vous arrêtera, Miss Villanelle.
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Message(#)one eye sees, the other feels EmptyLun 29 Avr - 19:03

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@Tony Adams

Le chroniqueur sait toujours trouver les mots justes, peu importe quel est le sujet de leur discussion. Certes, cela n’a pas été extrêmement varié non plus, mais rien en quoi il n’aurait pu se préparer en tout cas. Des années à l’antenne lui ont appris la force des mots, puisque c’est la seule chose qu’il transmet à ses auditeurs. Les mots peuvent soulever les foules ou les réduire à l’esclavage, on ne se rend jamais assez bien compte. Ils sont d’autant plus puissants posés sur papier. Peu importe la forme qu’ils revêtent au final, ce sont grâce (ou à cause) d’eux que le monde est ce qu’il est aujourd’hui. De ce fait, il est très intéressant de parler avec lui et de le voir peser si rapidement chaque sonorité. Malheureusement, il maîtrise trop bien la rhétorique pour arriver à le coincer sur quelque sujet que ce soit, bien que ce ne soit pas le but escompté non plus.
Dans tous les cas, si jamais le monsieur Adams de la radio souhaite se reconvertir un jour, il ferait un excellent pédagogue. Il pourrait devenir maître de conférence, ou quelque chose comme ça vu que je n’y connais absolument rien à ce domaine là. Il pourrait même être professeur dans l’université de Charlie, il serait sûrement mieux que tous les papis en décomposition qu’elle a en ce moment. Si on ajoute tous leur âge, ils sont aussi vieux que la Terre elle même ! Et au moins lui pourrait soutenir des sujets récents et ils arrêteraient de parler de la guerre des Deux Roses ou de celle de Yougoslavie (qui est beaucoup plus récente en comparaison, c’est vrai).
Finalement, Charlie pensait être celle qui n’allait faire qu’assommer Tony de question mais elle s’est montrée relativement raisonnable, voir extrêmement raisonnable. Elle même s’étonne de ne plus rien avoir à lui dire, quand bien même ils ont surtout parlé d’elle et non de lui. Encore une fois, il a su mener la danse et c’est tout en son honneur. Il est doué pour ce qu’il fait. Certes sa famille a dû l’aider à arriver là où il est aujourd’hui, mais il n’a rien volé non plus. Charlie en est désormais convaincue, même si elle ne s’était jamais vraiment posée la question. Après tout, la famille Adams n’est pas la sienne et elle n’en fera jamais partie alors elle n’a pas à se mêler de leurs problèmes. C’est pas une télé réalité non plus, on est pas chez les Kardashian.
Elle se surprend à s’en vouloir de lui avoir volé tant de temps alors qu’il ne cherchait qu’à aller voir une exposition. Il ne semble pas tellement traumatisé, mais même si c’était le cas on ne peut pas être réellement certains qu’il l’exprime. Tout le long, son expression est restée relativement neutre, il a seulement joué à croiser et détendre ses bras, rien de plus. Ce n’est pas pour autant qu’il en a été antipathique, ce serait bien même le contraire. Charlie est une boule d’énergie expressive, cela lui fait du bien de contempler l’autre côté du miroire, la partie strictement opposée. Elle ne regrettera jamais cette courte rencontre, surtout qu’il s’agit de la première et sûrement la dernière entre eux deux. Les chances pour qu’ils se croisent qu’une seule fois étaient faible, alors deux cela relève de l’impossible.
Le laisser en paix semble être la meilleure décision à prendre. Sobre, elle peut prendre de plutôt bonne décisions parfois … mais pas trop souvent non plus. Beaucoup trop de contre exemples se bousculent dans ma tête. Ils ont discuté quelques dizaines de minutes, pas une fois il n’a essayé de lui échapper. Elle estime qu’il a bien mérité de pouvoir s’en aller et de retourner vaquer à ses occupations. Charlie s’empressa par la même de partir aussi loin que possible de la photographie en gros plan des araignées. « Je ne vous retiens pas plus longtemps, c’est promis. Normalement, vous êtes vaccinés des groupies pour au moins cinq jours après cette rencontre. C’est une nouvelle règle que je viens d’inventer. » Charlie Villanelle, Nostradamus australienne du 21e siècle. Mais en un peu plus mignon quand même, parce que le petit Nostradamus vendait pas du rêve. Elle lui sourit une ultime fois, le remercie sincèrement d’avoir été aussi patient, et lui souhaite une bonne journée tout en s’écartant.
A peine revient elle sur ses pas qu’elle sent son coeur se serrer. Il ‘était tellement un homme bon, elle aurait aimé être amie avec lui et pouvoir lui parler de tout ce qui lui passer par la tête. Quoi qu’elle ait pu lui raconter, il aurait pu trouver quoi dire. Certains devraient prendre note. Elle prie (des dieux en qui elle ne croit pas le moins du monde) pouvoir le revoir un jour.

FIN POUR MOI I love you
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Message(#)one eye sees, the other feels EmptyJeu 16 Mai - 19:04


▬ Je ne vous retiens pas plus longtemps, c’est promis. Normalement, vous êtes vaccinés des groupies pour au moins cinq jours après cette rencontre. C’est une nouvelle règle que je viens d’inventer.

Je penche doucement la tête en guise de salutations silencieuses puis lance une oeillade vers la sortie en esquissant un sourire. Je pivote finalement pour lui faire face de nouveau :
▬ Cinq jours, c'est un vaccin à courte durée. Mais, je mets une main contre ma poitrine pour prendre un air faussement dramatique, j'essaierai de survivre au flot de mes admiratrices au-delà des fatidiques cinq jours.

Loin de moi l'envie de me moquer d'elle, c'est plutôt l'image des groupies qui me fait sourire. J'écarte un pan de ma veste pour en sortir mon portefeuille. Des mouvements lents, comptant sur le fait qu'elle soit curieuse pour qu'elle patiente à peine quelques instants supplémentaires, sans que je ne doive lui dire d'attendre. Mais elle est curieuse, elle est maligne, elle comprendra bien que si je ne lui dis pas au revoir et que je fouille dans ma veste, c'est parce que je compte lui dire quelque chose de plus.

Je sors finalement une carte de visite et je prends sa main, que je mets paume face au plafond. J'attends qu'elle l'ouvre et pose la carte contre sa paume avant de replier ses doigts sur cette dernière. Ce n'est pas grand chose mais je me penche vers elle pour lui dire, avec sincérité :
▬ N'hésitez pas, si je peux vous aider ou être présent pour vous un jour.

Ce sont les numéros de mes lignes directes, rien de bien bien confidentiel si on veut vraiment les trouver mais au moins, si le besoin s'en fait sentir... Enfin c'est une gamine qui a l'air d'en avoir dans le crâne quand même. Elle n'a qu'à continuer son chemin sans s'arrêter, à juste se demander sur quel projet elle s'arrêtera. Je cherche son regard une seconde et quand je l'ai enfin, je termine simplement par la saluer ainsi :
▬ Bonne journée, la fille du musée. À bientôt.

Et je l'abandonne, partant à la recherche de mon rendez-vous. Charlie est une jeune femme rafraîchissante, et quelque part, si elle m'appelle parce qu'elle a besoin d'aide, je lui souhaite de ne jamais devoir m'appeler. Mais après tout, peut-être que ses aspirations à sauver le monde déteignent un peu sur ceux qu'elle approche d'un peu trop près. C'est tout ce que je lui souhaite, elle porte avec elle des promesses, des tas de promesses....

Merci one eye sees, the other feels 873483867
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