Le Deal du moment : -25%
-25% Samsung Odyssey G9 G95C – Ecran PC Gamer ...
Voir le deal
599 €

 help, i need somebody | jo

Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptyMer 17 Avr - 1:46

help, i need somebody

J'ai chaud, le tissu de mon veston colle à ma peau moite et je meurs de soif, mais je ne voudrais être nulle part ailleurs. La musique est entraînante et je me déhanche à son rythme, emprisonné dans les bras du bel inconnu qui m'a invité à danser. Lorsque les dernières notes se font entendre, je m'écarte avec regret de mon partenaire. Même si une nouvelle chanson commence déjà, j'ai besoin d'une pause et d'un autre verre. J'en ai déjà bu deux ou trois, gracieuseté de l'inconnu. Un bourdonnement enivrant me parcourt le corps, comme si chacun des atomes qui le compose vibrait. L'alcool est y sans doute pour quelque chose, mais pas autant que la main chaude qui s'est posée dans le bas de mon dos et m'entraîne jusqu'à une petite table ronde et haute sur laquelle je m'appuie pour donner un peu de répit à mes pieds malmenés. La main se décolle de ma personne et son propriétaire se penche vers moi pour me glisse à l'oreille qu'il revient. Sa voix grave m'arrache un frisson et je le regarde s'éloigner vers le bar, profitant avec gourmandise de la vue. Lorsqu'il disparaît entre les clients, je parcours le reste de la foule du regard.

Dans le coin opposé du club, un grand barbu aux sourcils broussailleux me fixe intensément. Il n'a pas l'air content et je n'ai pas besoin d'être Einstein pour deviner pourquoi il me fixe avec la même tête qu'un bébé qui vient de croquer dans un quartier de citron pour la première fois. Je lève les yeux au ciel et me désintéresse de lui. De toute façon, il y a bien mieux à regarder : je vois mon bel inconnu qui fend la foule, une bière dans une main et un piña colada surmonté d'une cerise et d'un petit parasol dans l'autre. Il me tend mon cocktail. Je le prends, laissant volontairement mes doigts frôler les siens un peu plus longtemps que nécessaire. Sans plus attendre, je glisse la paille torsadée entre mes lèvres pour me désaltérer. J'avale la moitié du cocktail d'un coup avant de ralentir la cadence. Tout en buvant, j'échange quelques mots avec mon ami de la soirée. On ne se comprend pas trop avec la musique, notre conversation n'a probablement aucun sens, mais ce n'est pas très grave, car je suis obligé de m'approcher de lui pour qu'il m'entende au moins un peu et j'en profite pour humer le parfum de son après-rasage. « Tu veux retourner danser? » Un sourire presque carnassier étire ses lèvres pleines et il se penche vers moi jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que quelques centimètres entre nous. « Ou tu préfères qu'on aille chez moi? » me glisse-t-il à l'oreille, comme si c'était un secret et qu'il voulait s'assurer que personne n'entende quoi que quoi que ce soit malgré les pulsions assourdissantes de la musique. Je ne m'accorde même pas une seconde de réflexion avant de répondre : « On s'en va chez toi. Mais avant, il faut que j'aille au petit coin. » Il fait la moue, l'air dépité, et propose de m'accompagner en haussant un sourcil suggestif. Je fais signe que non. « J'en ai pour cinq minutes et puis je reviens, promis. » J'essaie de poser un baiser sur sa joue, mais j'ai la tête qui tourne un peu et je manque ma cible, posant plutôt mes lèvres au coin des siennes.

Je m'éloigne d'un pas mal assuré en songeant qu'il me fait un peu trop d'effet. Chaque fois qu'il me parle tout bas ou qu'il m'effleure, j'ai l'impression que ma colonne se liquéfie et que mes jambes se transforment en guimauve. Trop perdu dans mes pensées, je ne remarque pas que je ne suis pas le seul à me frayer un chemin dans la foule. Je pousse la porte de la salle de bain, gloussant en passant à côté du cortège de filles plus ou moins saoules qui se gueulent dessus en attendant de pouvoir entrer dans la salle de bain des femmes. Celle des hommes est pratiquement déserte. Je me dirige vers l'un des urinoirs. En pestant tout bas, je me débats avec le bouton de mon jean qui refuse de coopérer entre mes doigts engourdis. J'y arrive pourtant après un peu d'effort et je réussi à pisser sans trop de mal. Ma besogne terminée, je traverse la pièce pour aller me laver les mains. Je suis en train de les sécher maladroitement quand une grande main entre brutalement en contact avec mon épaule. Déséquilibré, je me rattrape en agrippant le rebord du comptoir. Le miroir me renvoie le reflet de mon visage étonné et, derrière, la mine orageuse du type à la grosse barbe qui me regardait d'un air menaçant tout à l'heure. Plus agacé qu'effrayé, je songe que c'est précisément pour ça que j'ai plutôt l'habitude de sortir dans des bars gays quand j'ai envie de me trouver un coup d'un soir au masculin : on y trouve moins d'imbéciles au mètre carré. Sauf que voilà, ce soir, je n'avais pas vraiment prévu de trouver qui que ce soit. J'avais seulement envie de danser et de fêter.

Je me retourne, mon papier brun chiffonné toujours serré entre mes doigts. « Sale tapette. » Je lève les yeux au ciel. « Très original, vraiment. » Le gorille fronce les sourcils et croise les bras avec l'air hautain de celui qui se croit supérieur. « C'est déjà bon que vous soyez en liberté, toi et ton petit copain, vous pourriez au moins vous cacher. C'est dégueulasse à regarder. » Il commence sérieusement à me taper sur le système avec ses opinions moyenâgeuses. Je soupire en transformant le papier en boulette. Même si je ne me sens pas particulièrement en sécurité, je m'efforce de la jeter d'un air nonchalant dans la corbeille. Je ne veux pas lui donner la satisfaction de savoir qu'il m'a fait chier. Je croise à mon tour les bras et le dévisage. « Si c'était si dégueulasse, t'avais qu'à regarder ailleurs. Mais tu l'as pas fait. Moi je crois qu'au fond, tu trouvais ça un peu excitant, hein? » Mauvaise idée. Sans grande surprise, la remarque passe mal. Le type avance d'un pas lourd dans ma direction. Il fait un bon dix centimètres de plus que moi et il s'en sert pour me surplomber sans vergogne. Je me rends compte pour la première fois qu'il est quand même vachement baraqué. « J'suis pas comme toi, espèce de pédale, » me crache-t-il à la figure. Je refuse de me laisser intimider. Affichant plus de confiance que je n'en ressens vraiment, je me redresse de toute ma hauteur, même si je me sens coincé entre le comptoir et la montagne de muscles, et que j'ai un peu l'impression d'être debout dans un bateau qui tangue. « Ouais, c'est ça. Continue à te raconter des histoires si ça t'aider à mieux dormir la nuit, j'en ai rien à foutre. Mais laisse-moi passer. » Je fais un pas vers la gauche pour contourner l'homme en colère, mais un bras se dresse aussitôt et s'appuie sur le carrelage pour me bloquer le chemin. À retardement, je me dis que j'aurais sans doute dû me fermer la gueule. Sauf que j'ai plié l'échine trop longtemps et que j'ai plus l'intention de m'aplatir pour faire plaisir à des idiots comme lui.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptyJeu 18 Avr - 23:33

help, i need somebody
Gabriel & Joseph


La soirée s’annonce délicieuse pour ceux et celles qui ont décidé de sortir en ce vendredi soir à l’un des clubs les plus populaires de Brisbane. Les chansons fusent, les pas de danse s’enchainent et un désagréable mélange d’odeurs de diverses sources flotte dans l’air, se fait bousculer par les corps étourdis sous les lumières clignotantes. Joseph est installé depuis plusieurs minutes déjà à une table un peu plus tranquille, accompagné de trois de ses potes du gang. Son nez est plissé, il commence à ne plus supporter ces nauséabondes odeurs.  Transpiration, alcool, tabac : trois parfums qu’il capte entièrement puisque, malgré l’ambiance festive, il n’a pas consommé une seule goutte d’alcool. Il n’est pas ici pour s’amuser, mais plutôt pour repérer de nouveaux clients. Certes, il n’a pas pu se contenir de fumer un joint à l’entrée, mais les effets commencent à se dissiper lentement.

- On trouvera aucun client si on se bouge pas le cul. On intéresse personne, tout le monde est bourré.

Joseph pivote la tête vers celui qui vient de prendre la parole. Malgré la musique, sa voix a su percer l’air jusqu’à ses tympans. Un autre renchérit avant qu’il ne puisse donner son opinion :

- Ouais, c’est à chier, ici. On a déjà vendu quelques grammes, on se tire. On dira qu’les flics se sont pointés et qu’on a dû quitter plus tôt.

L’air désintéressé, Joseph reporte son attention sur la piste de danse à la recherche de courbes à admirer. Malheureusement, la recherche n’est pas fructueuse. Les seules femmes présentes se déhanchent avec la grâce d’un pélican portant un bec beaucoup trop lourd. Alors, il soupire et se retourne vers les manthas et ce n’est qu’à ce moment qu’il se rend compte que tous les yeux carnassiers sont rivés vers lui.

- R’gardez moi pas comme ça. J’savais pas qu’c’endroit serait aussi minable. Fallait bien essayer, hein.

Effectivement, c’est lui qui avait proposé ce lieu pour camper toute la soirée. Il pensait dénicher de bons clients mais il s’était certainement trompé. Les quatre dealers allaient ressortir avec les mains presque vides. Encore heureux qu’ils ont su récolter quelques pièces avant qu’ils ne lèvent les voiles. Joseph ajoute, finalement, en faisant signe à ses amis de rejoindre la sortie :

- J’vous suis de près, j’ai pas envie d’sortir d’ici avec les pensées claires. Et puis, il nous reste bien assez de stock.


Un sourire malin étire ses lèvres et deux des manthas secouent la tête, l’air désespéré. Ils ne sont pas supposés consommer pendant les heures de travail mais personne n’ose dire quoi que ce soit. Ils sont tous adultes, consentants et vaccinés : les décisions, ils les prennent d’eux-mêmes. En se frayant un chemin au travers la foule, le dealer manque à plusieurs reprises de se prendre un coude en plein dans la gueule, bien qu’il ait les yeux assez ouverts pour éviter les membres déjantés des gens plus festifs. Rapidement, il se retrouve dans la salle de bain des hommes, presque déserte, à l’exception d’un garçon un peu plus jeune que lui qui exécute une fonction naturelle devant un urinoir. Joseph n’y porte pas vraiment attention. Certes, il remarque que son équilibre semble très précaire mais, dans un endroit comme celui-là, c’est lui le mouton noir sobre qui devrait faire tourner l’œil. Il s’enferme dans une des trois cabines présentes, celle du milieu, puis il s’assoit sur la toilette après avoir baissé le couvercle pour s’improviser un banc. C’est sur le distributeur de papier de toilette qu’il pose son dévolu. Il enfonce sa main dans sa poche pour en sortir un sachet de cocaïne qu’il agite d’un air sérieux, s’assurant que le produit ne n’est pas gorgée d’humidité, puis il ouvre l’emballage de plastique avec habilité avant de figer en entendant une voix étonnement grave résonner dans la salle de bain. Il n’a besoin que d’observer à travers la fissure de la porte pour apercevoir un homme baraqué cambrer ses muscles devant plus petit que lui. Sans prononcer un mot et sans émettre le moindre son, Joseph écoute attentivement l’échange entre les deux hommes pour finalement comprendre qu’il s’agit d’une attaque de nature homophobe. Il reste figé un long moment, la mâchoire serrée, incapable de ne rester que le témoin de ce genre d’injustice. Enfin, il se redresse, range sa consommation reportée dans sa poche et tire la chasse de la toilette pour signaler sa présence. En sortant de sa cabine, il arbore un air complètement bourré : ses yeux se disputent une direction à regarder, ses lèvres sont entrouvertes, signe universel d’une dangereuse nausée. Il s’approche des deux garçons et pose enfin son attention sur la victime avant d’afficher un énorme sourire pantois.

- C’est une pédale ?


Il interroge le moustachu du regard, attend qu’il acquiesce puis continue :

- Faut qu’elles brûlent en enfer, les pédales.


Sa voix est étourdie, ses mots mal prononcés. Il fait semblant d’être aussi bourré que tous ces gens qui festoient sous les lumières. Il profite de cette distraction qu’il impose pour se glisser entre l’agresseur et sa proie, ses deux yeux de feu rivés dans ceux de ce dernier, puis il attend quelques secondes avant de vivement se retourner. Il soulève son poing dans son élan et l’envoie en plein dans la lèvre de l’homophobe qui recule immédiatement, davantage surpris que blessé. Joseph profite de son étonnement pour lui envoyer son genou en plein dans l’entre-jambe, à défaut d’être bien moins musclé que lui. Bientôt, la brute se retrouve au sol, le visage étiré en une grimace et les yeux gorgés de larme de douleur. Deux autres garçons à la vessie pleine entre dans la salle de bain et un certain malaise est tout de suite crée. Joseph souffle, à l’intention du connard qui se relève maladroitement, les deux mains tentant d’apaiser la douleur dans sa queue meurtrie :

- Dégage ou je t’humilie davantage devant ces nouveaux témoins.


C’est maintenant un sourire sarcastique qu’il aborde et le vaincu ne se fait pas prier : il quitte les lieux sans oublier de lancer une dernière insulte à l’égard des « tapettes », comme il le dit si bien. Enfin, Joseph peut se tourner vers la princesse qu’il vient de sauver. Il l’interroge du regard pour s’assurer qu’il va bien puis il lui tape amicalement l’épaule avant de faire un pas vers l’arrière.

- T’as plus besoin d’moi on dirait ! Surtout, continue de faire pleurer le p’tit Jésus en suçant toutes les queues du monde.

Il pointe ensuite son épaule, qu’il vient de toucher :

- T’inquiète, j’avais pas réellement chié. Mais faudrait quand même que tu laves cette chemise, j’ai touché à la poignée d’la cabine.

Amusé, il se dirige vers les robinets pour minutieusement laver ses mains, l’attention tout de suite portée ailleurs : ses amis l’attendent encore à l’extérieur du club.    


     
made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptyMer 8 Mai - 2:01

help, i need somebody

Le temps semble se suspendre. Les lèvres retroussées comme un chien prêt à mordre, le barbu me toise. J’essaie de soutenir son regard, mais j’ai du mal à rester concentré et ses traits deviennent de plus en plus flous. Je ne sais pas si c’est l’alcool ou la peur qui me met dans cet état, mais ce n’est vraiment pas très agréable. Avec un brin de fatalisme, je me dis que mes parents auraient vraiment mieux fait de me forcer à suivre des cours de karaté ou de boxe plutôt que de violon. Une voix retentit derrière mon assaillant. Sorti de l’une des cabines, un nouveau venu s’approche de nous en chancelant. D’abord, je me dis que sa présence fera fuir l’autre idiot – les homophobes sont rarement très courageux et celui-ci ne fait pas exception à la règle : il a attendu de m’aborder dans une toilette déserte plutôt que dans le club bondé – mais je déchante rapidement en entendant la suite. Non mais c’est pas vrai! Jusqu’alors, je m’étais plus ou moins résigné à mon sort, et j’avais accepté que j’allais sûrement sortir d’ici au mieux avec le visage en sang ou au pire sur une civière. Mais en voyant une deuxième personne s’approcher de moi, le regard mauvais et la bouche pleine d’insultes, je perds mon flegme. Tandis que mon estomac fait un triple saut périlleux dans mon abdomen, je cherche désespérément une porte de sortie. Il n’y en a plus, évidemment : l’ouverture qui restait sur ma droite est maintenant bloquée par le nouveau venu. Incapable de faire quoi que ce soit d’autre, je le détaille. Plus grand que moi, mais moins musclé que l’autre armoire à glace, il avance d’une démarche plus ou moins assurée. Il est clairement bourré. Avec un peu de chance, il manquera sa cible, c’est-à-dire mon joli et précieux minois. Il s’arrête devant moi et serre les poings. Je ferme les yeux, préférant ne pas voir venir le premier coup.

Le bruit mat d’un poing entrant en contact avec la peau retentit, suivi d’une exclamation étouffée. J’ouvre brusquement les yeux, surpris de ne pas avoir mal alors que le coup est clairement parti, juste à temps pour voir mon sauveur inopiné ramener un violent coup de genoux dans les bijoux de famille du type baraqué. À ma grande satisfaction, il s’écrase au sol en geignant. Je songe bêtement que j’aurais pu faire la même chose au lieu d’attendre qu’on vole à mon secours. En même temps, dans l’état où je me trouve, j’aurais sans doute pas fait beaucoup de dommages. Un sourire béat aux lèvres, je profite du spectacle jusqu’à la finale, où le grand barbu s’éloigne en grommelant, la tête basse et la queue entre les jambes. Des étoiles pleins les yeux, je me retourne vers mon sauveur. « T’as plus besoin d’moi on dirait ! Surtout, continue de faire pleurer le p’tit Jésus en suçant toutes les queues du monde. » Le commentaire m’arrache un gloussement. Je porte la main à mon front en une moquerie du salut militaire. « Promis. » Si le p’tit Jésus avait profité de son passage sur terre pour vivre la luxure, il se ficherait probablement un peu plus de ce que ses brebis égarées sucent ou non. Cette pensée me fait rigoler. « J’commence par la tienne s’tu veux. Pour t’remercier. » Je baisse les yeux vers le sol parfaitement répugnant de la salle de bain. Le carrelage tangue et me donne la nausée. Je me ravise : « Mais pas tout de suite. » De toute façon, il y a déjà quelqu’un qui t’attend.

La main de l’homme, qui me tapotait l’épaule, s’écarte. Il me précise qu’il n’a pas vraiment chié dans la cabine, mais qu’il a tout de même touché la poignée. Je louche vers mon épaule et plisse les lèvres, dégoûté en imaginant la colonie de germes qui vient de s’établir sur mon épaule. C’est dégueulasse. Mais comme à sauveur impromptu, on ne regarde pas la salubrité, je ne dis rien. De toute façon, mes vêtements n’étaient déjà plus très propres. Je suis presque certain que quelqu’un m’a renversé son verre dessus pendant que je dansais. Je penche la tête dans sa direction tandis qu’il s’éloigne des lavabos. « Merci. J’te revaudrai ça. » Bon, les chances qu’on se revoit sachant que je connais même pas son nom sont vachement minces, mais je suis tout de même sincère. Je pousse la porte de la salle de bain. Le bourdonnement assourdissant de la musique m’agresse aussitôt. On dirait que mon pouls bat dans mes tempes au rythme de la basse et ça me donne un début de migraines. Mal assuré sur mes jambes aussi solides que du chiffon, je fends tant bien que mal la foule. Je retrouve mon étranger, toujours accoudé à notre petite table. « Ça t’en a pris du temps! » Il a l’air impatient et je lui offre un sourire contrit. « Il y avait du monde. » J’ai pas particulièrement envie de raconter ce qui s’est vraiment passé. De toute façon, je n’ai plus l’énergie de gueuler à tue-tête par-dessus la musique pour me faire entendre. « On y va. » Il m’agrippe le poignet et je me laisse mollement entraîner vers la sortie. La nausée de toute à l’heure me colle à l’estomac et j’ai l’impression de marcher dans une bulle sous l’eau. J’espère que l’air frais me fera du bien. Je trébuche sur le pas de la porte en sortant du club et me rattrape de justesse au bras de mon inconnu qui ne semble même pas le remarquer. Il m’entraîne toujours et ne s’arrête que lorsque je freine brusquement. Je m’appuie contre le mur pour essayer de garder l’équilibre. « Qu’est-ce que tu fous? » Il n’a pas l’air content. Cette fois, je ne me sens pas coupable. Je lui jette un coup d’œil en coin, agacé qu’il se fiche complètement de mon état. « Je… j’me sens pas très bien. » Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je ne bois pas beaucoup d’alcool en temps normal, c’est vrai, mais je ne me suis jamais senti aussi mal après avoir consommé quelques cocktails. L’inconnu me tient toujours par le poignet. Je voudrais qu’il me lâche. J’essaie de me dégager, mais il resserre sa prise, un air insondable sur son visage carré. Une pensée me traverse l’esprit juste avant que je ne me penche pour éviter de vomir sur mes chaussures : Je crois que je suis dans la merde.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptySam 18 Mai - 4:58

help, i need somebody
Gabriel & Joseph


Joseph n’est habituellement pas le genre de mec qui nourrit sa virilité de bagarres. La plupart du temps, il préfère baisser la tête et fuir avant que le premier poing ne soit levé ou, alors, il ne reste que le spectateur des conflits sans vraiment sentir le besoin d’acclamer un des deux combattants. Ce soir, s’il s’est interposé entre la brute et le garçon qui avait commis pour seul crime de préférer la présence masculine, c’est bien parce qu’il n’a jamais aimé les injustices. Depuis qu’il est haut comme trois pommes, il est incapable de seulement suivre le courant de la mer lorsque celui-ci ne va pas dans la bonne direction. Devant la masse de muscles, il a préféré user de stratégie en se faisant d’abord passer pour un homophobe dans son équipe pour ensuite user de sa stratégie la moins fairplay : viser directement dans les noisettes. Tandis que le prédateur quitte la salle de bain, Joseph se dirige fièrement vers les lavabos, un sourire malin étirant ses lèvres. « J’commence par la tienne s’tu veux. Pour t’remercier. » Il frotte ses mains ensemble, savonnant chaque parcelle de ses doigts, sans prendre la peine de répondre rapidement, peut-être parce qu’il réfléchit réellement à la proposition. Il observe le garçon du coin de l’œil, remarquant toutefois son teint pâle et ses yeux désorientés. « Mais pas tout de suite. »  Joseph ricane et secoue la tête en soupirant. « Pas tout de suite, en effet. T’es bourré, rentre chez toi, t’as pas l’air bien. » Si lui est complètement à jeun, c’est bien parce qu’il s’est rendu à ce club pour vendre de la marchandise, ce soir. En temps normal, il aurait probablement été dans le même état que ce garçon aux allures meurtries. En coupant l’eau, il ajoute : « Mais j’prends bonne note de ta proposition, si jamais un matin j’me réveille avec une soudaine envie de tenter de nouvelles expériences ! » Les mains sèches et les cheveux replacés vers l’arrière, le criminel jette un dernier coup d’œil à sa princesse lorsqu’elle le remercie et il lui fait un signe de la tête en se dirigeant vers la sortie, s’assurant que ses sachets de magie sont bien dissimulés dans les poches de son jean. Ce serait bête de se faire coincer à la sortie du bar.          

Joseph rejoint rapidement ses amis, plutôt impatients, qui s’étaient déjà regroupés à la porte de sortie. Aussitôt, il s’excuse pour sa lenteur en mettant la faute sur un événement improbable : la queue d’un dragon bloquait l’entrée de la salle de bain. Tous habitués de l’entendre dire de telles conneries, personne ne lui pose davantage de questions et les quatre manthas sortent de l’établissement, les poches vides d’argent. La soirée n’a vraiment pas été profitable : ils allaient en entendre parler pendant des lustres. Bientôt installés dans la voiture, Mitchell derrière le volant et Joseph à l’avant, du côté passager, tous se coincent une clope entre les lèvres et le briquet voyage de main en main jusqu’à ce que la flamme s’éteigne entre les doigts de Joseph, qui range l’objet dans sa poche. « Soirée d’merde, faudra s’commander des putes pour remédier à ça. » Tous acquiescent à sa proposition et le moteur se met à grogner sous leurs fesses. Lorsque la voiture franchit quelques mètres, elle s’arrête brusquement quand Mitchell écrase son pied contre la pédale du frein. « Mais ils foutent quoi, eux ? » Intrigué, Joseph observe les deux silhouettes masculines qui déchirent les lumières des phares. L’un des hommes semble très mal en point tandis que l’autre lui serre le poignet, l’obligeant à avancer. Bien rapidement, il reconnait le visage de celui qu’il a déjà sauvé une première fois dans la soirée, et il souffle : « C’est pas vrai… Putain. » Devant les regards intrigués de ses amis, il tend le bras vers le volant pour brusquement appuyer sur le klaxon à plusieurs reprises. Les yeux du nouveau connard se posent sur lui et il lit un juron sur ses lèvres. Il n’hésite pas à appuyer encore une fois sur le klaxon, jusqu’à ce que l’étranger aux mauvaises intentions lui lance une insulte. La mâchoire serrée, il détache sa ceinture et ouvre la portière, sans oublier de glisser sa main dans le coffre à gants pour en sortir un canif. Il se dirige à pas rapides vers l’agresseur, sous les regards ahuris des manthas, et il pointe son arme en sa direction en soufflant : « Lâche-le et va réfléchir aux conséquences de tes actes en t’enfonçant un cactus dans la gorge, connard. » Encore une fois, ce sont les premières paroles qui s’échappent de ses lèvres, incapable de les apprivoiser. Surpris et déboussolé, l’homme relâche enfin le poignet de l’homosexuel et, voyant que son corps bascule vers l’avant, Joseph s’élance vers lui pour lui offrir sa stature comme appui. Seulement lorsqu’il ne voit plus l’agresseur, il range la lame du canif d’une seule main et fait signe et Mitchell de tendre sa main à travers la vitre baisser afin qu’il lui lance l’arme. Débarrassé de l’objet, il peut offrir une meilleure poigne au garçon étourdi. « Ça va, mec ? T’as bu d’l’eau d’javel ou quoi ? » Il tente de croiser son regard, découvrant enfin ses pupilles dilatées. « Oh. On t’a drogué, félicitations. Vas-y, retiens-toi pas, dégueule, mais pas sur moi s’te-plaît ! »          

made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptyMar 28 Mai - 2:05

help, i need somebody

Assailli par des vagues de nausée, je reste penché, suspendu au-dessus du vide à attendre un haut-le-cœur qui ne vient pas. Mon inconnu me serre toujours fortement le poignet et m’empêcher de détaler comme un lapin. Les phares d’une voiture qui s’engage dans la rue m’aveuglent. Je m’attends à ce que le véhicule poursuive son chemin, mais il s’immobilise plutôt en un crissement de pneus. Curieux, je me redresse un peu et jette un coup d’œil dans l’habitacle. Difficile de distinguer quoi que ce soit à contre-jour dans la lumière des phares, mais je devine la silhouette d’au moins deux personnes à l’avant. Partagé entre l’espoir qu’on vole (encore) à mon secours et la crainte que les nouveaux venus décident de se joindre à la fête, j’entends mon ravisseur pousser un juron. Il tire un peu plus fort sur mon poignet pour m’obliger à me remettre en marche. Cependant, enhardi par l’arrivée de ces témoins potentiels et les coups de klaxon bruyants qui s’échappent du véhicule, je me retiens de toutes mes forces, enfonçant mes talons de mon mieux dans le sol pour ne pas me laisser entraîner. Le bruit reconnaissable d’une portière qui s’ouvre et se referme retentit dans mon dos, suivi de pas rapides. « Lâche-le et va réfléchir aux conséquences de tes actes en t’enfonçant un cactus dans la gorge, connard. » Un ricanement amusé s’échappe de mes lèvres, suivi d’un soupir de soulagement lorsque je reconnais la voix de mon sauveur de toute à l’heure.

L’inconnu relâche mon poignet. Ma joie est de courte durée, toutefois, car je me rends bien assez vite compte que sa poigne de fer avait beaucoup à voir avec ma capacité à rester debout. Je titube et je crains sérieusement de m’écraser sur le pavé poisseux. Heureusement, un bras secourable se propose comme appui. Je m’y cramponne comme si ma vie en dépendait (c’est sans doute un peu le cas d’ailleurs) tandis que mon presque agresseur déguerpit sans demander son reste. « Ça va, mec ? T’as bu d’l’eau d’javel ou quoi? » Je hoche la tête : non, ça ne va pas du tout, et non, je n’ai pas bu d’eau de javel, même si je commence à croire que je n’ai pas seulement bu du rhum non plus. Mon sauveur essaie de capter mon regard et je relève les yeux pour l’aider malgré ma vision trouble. D’une voix un peu trop joyeuse à mon goût vu les circonstances, il m’informe que j’ai été drogué. Je suis convaincu qu’il a raison, surtout qu’à en juger par l’assurance dans sa voix, il s’y connaît en la matière. Je n’ai évidemment pas à chercher très loin pour trouver le coupable et je plisse les yeux de colère. « Oh le fils de pute! » Je n’ai pas le temps d’exprimer autrement mon indignation. Mon estomac se révolte violemment et je sens la bile acide me remonter dans la gorge. J’accepte donc la magnanime invitation de mon sauveur et me penche à nouveau, un peu plus à droite que tantôt pour éviter à la fois mes chaussures et les siennes.

Secoué de violents hauts-le-cœurs, j’ai l’impression qu’une petite éternité s’écoule avant que mon corps décide qu’il en a assez. Je finis pourtant par me redresser en essuyant mon front moite du revers de la main. Le goût dans ma bouche est absolument répugnant, mais je crois que j’ai purgé une partie de la drogue de mon système, car ma vision s’est quelque peu éclaircie. J’ai terriblement envie de dormir tout à coup. Je me rends compte à retardement que, non content de m’agripper au bras de mon sauveur, je me suis aussi appuyé la tête contre son épaule. Je ne sais pas depuis combien de temps, mais à en juger par son air perplexe, ça doit faire un petit moment. Gêné, je m’écarte, sans toutefois oser lâcher complètement prise par peur de perdre l’équilibre. « Désolé. J’suis vraiment désolé. » Même si c’est difficile, j’essaie de rassembler mes idées. Je ne sais pas pourquoi il a décidé de me venir en aide (deux fois plutôt qu’une), mais je me dis qu’il doit bien se foutre de mes problèmes maintenant que le danger immédiat est passé. Surtout qu’il était sur le point de s’en aller avec ses amis, qui nous observent d’un drôle d’air, toujours cordés dans leur voiture. Je ne veux pas lui causer de problèmes, alors je prends sur moi et j’essaie d’employer un ton assuré, ce qui n’est vraiment pas évident quand mes mots s’écrasent les uns contre les autres. « Merci, sincèrement. Mais j’veux pas t’ret’nir plus longtemps. » À tâtons, je farfouille maladroitement dans mes poches jusqu’à ce mes doigts se referment sur mon portable. Je le sors, il me glisse des doigts et je réussis à le rattraper de justesse avant qu’il n’aille s’écraser au sol, directement dans la flaque de vomi. Une grimace de dégoût au visage, j’essaie tant bien que mal de le déverrouiller. « J’vais app’ler un taxi. Et pis j’vais l’attendre là-bas. » Je pivote du torse d’un quart de tour pour pointer dans la direction générale de l’entrée du club, et il ne m’en faut pas beaucoup plus pour chanceler. L’estomac noué par l’anxiété plutôt que par la nausée cette fois, je me dis que mes chances d’arriver à m’en tirer tout seul sont vraiment minces. Merdemerdemerde.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptyMar 4 Juin - 1:59

help, i need somebody
Gabriel & Joseph


Il a toujours eu l’habitude de gérer ce genre de cas : voilà la raison pour laquelle l’état du garçon aux yeux étourdis ne l’inquiète pas. Son agresseur, qui a probablement utilisé la technique du poison dans le verre, lui a fait ingérer une drogue seulement dangereuse pour ceux qui en consomment en mauvaise compagnie. Joseph le connait, ce petit tour de magie : il suffit d’attendre que notre proie tourne la tête quelques secondes pour glisser la poudre dans son verre, ni vu ni connu. Lui, il ne l’a jamais fait : il n’a jamais été réellement méchant. Mais, il sait que certains manthas ont déjà tenté le coup et la moitié n’ont pas réussi à s’en sortir sans recevoir du vomi en plein dans la gueule. Alors, pour plusieurs membres du gang, Joseph semblait un étranger. Il ne commettait aucun acte ignoble mais ne dictait pas la morale à ceux qui vantaient leurs plus horribles crimes. Il gardait le silence et changeait de sujet quand l’atmosphère devenait trop sombre. « Oh le fils de pute! » L’insulte du garçon le fait ricaner. Par réflexe, il s’assure que le fils de pute en question est bien parti et c’est lorsqu’il détourne les yeux que l’autre se vide de ses tripes sur le béton. Il ne grimace même pas, il se contente de reculer d’un pas – sans le relâcher – pour ne pas recevoir un projectile de bile sur le pied. Quand il termine de vider la drogue qui nichait dans son estomac, il se permet de se rapprocher à nouveau pour lui offrir un meilleur appui. « T’as bouffé italien, toi, ce soir ! » Il ne reçoit pas de réponse de la part de son interlocuteur aux paupières lourdes, mais sa tête vient se poser contre son épaule. Sans un mot, il se mord la lèvre inférieure en jetant un coup d’œil à ses amis dans la bagnole et il les fusille du regard en constant qu’ils sont tous hilares. « Ouais, c’est hilarant, les mecs ! » Enfin, la princesse reprend quelque peu de ses esprits et décolle son front de son t-shirt. « Désolé. J’suis vraiment désolé. » Il n’a pas besoin de s’excuser : il est une victime, dans cette histoire. Si Joseph peut aider quelqu’un en détresse, il le fera sans jamais regretter. Si la religion lui a appris une chose, c’est de toujours tendre la main à ceux qui sont au fond du ravin. Au moins, ce connard de Jésus n’aura pas servi à rien. « T’inquiète, t’aurais fait pareil. J’espère, en tout cas ! » Les yeux malins, il aide le garçon à se redresser, pensant que l’aventure est désormais terminée. « Merci, sincèrement. Mais j’veux pas t’ret’nir plus longtemps. » Il l’observe récupérer maladroitement son téléphone et sursaute quand il le rattrape de justesse. En haussant un sourcil, il le dévisage, incertain d’avoir envie de le laisser seul dans cet état. « J’vais app’ler un taxi. Et pis j’vais l’attendre là-bas. » Il observe l’endroit qu’il lui indique et il repose rapidement ses yeux bleus sur lui, ne mordant pas à son idée. « Avec la chance qu’t’as ce soir, j’suis certain que si j’te laisse seul, on te retrouvera mort dans plusieurs poubelles demain matin. » Plusieurs poubelles, étendues dans tout Brisbane, pour cacher les indices sur l’identité du meurtrier. Joseph réfléchit quelques secondes en examinant la voiture des manthas et il interroge le conducteur du regard. La réponse qu’il reçoit est négative. Son pote bascule la tête de droite à gauche : l’étranger n’entrera pas dans cette bagnole. Il faut dire qu’elle est bourrée de produits louches et qu’ils ne peuvent pas accueillir un mec à l’identité inconnue. Il pourrait être flic. « Eh merde… » qu’il murmure pour lui-même. En passant sa main dans sa tignasse pour ramener les mèches rebelles vers l’arrière de son crâne. Après avoir pesé le pour et le contre quelques instants, il fait signe aux manthas de partir, en lançant : « Allez-y. On s’revoit plus tard. » Les phares se rallument, le moteur gronde et le véhicule contourne les deux hommes. Lorsque Joseph se retrouve seul avec celui dont la seule chose qu’il connait est son homosexualité, il se mord le bout de la langue et il lui fait signe de la tête, sans le lâcher. « Viens, j’vais te l’appeler, ton taxi. J’ai l’impression qu’t’as oublié le code pour déverrouiller ton portable. » Prudemment, il le guide jusqu’au trottoir et, seulement lorsque l’autre peut poser son dos sur la façade en brique de l’établissement, il se retire et étire ses muscles endoloris. C’est qu’il n’est pas léger, ce type ! Il récupère son téléphone dans sa poche et cherche rapidement le numéro d’une compagnie de taxi pour finalement trouver la plus proche. Il compose le numéro et pose le combiné contre son oreille en regardant l’étranger pour finalement demander, après avoir échangé quelques mots avec le réceptionniste : « C’est quoi ton adresse ? Ils m’demandent c’est pour quel coin d’Brisbane. » Devant les yeux écarquillés de l’autre, il appuie son regard et souffle, en posant sa paume contre son portable : « T’es sérieux ? T’as oublié ton adresse ? » Il soupire fortement, se pince les lèvres et conclue la conversation téléphonique : « Laissez tomber, on a trouvé un hélicoptère. » Il raccroche rapidement, débarrasse ses mains de son portable et se pose à son tour contre le mur du bar. Il n’a qu’une seule idée pour remédier à la situation. « Y’a un motel pas loin, mais il est aussi propre que ton cul après une baise. C’est ça, ou tu dors à la belle étoile. »    

made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptyMar 18 Juin - 3:49

help, i need somebody

Je trouve mon sauveur étonnamment zen pour quelqu’un qui vient de risquer de se prendre une raclée pour un étranger qui a naïvement fait confiance au premier joli cœur venu et de se faire vomir dessus par ce même étranger. Je m’excuse et il m’assure que ce n’est rien, que j’aurais fait la même chose si les rôles avaient été inversés. J’aimerais être convaincu que oui, mais je ne pense pas que j’aurais eu le courage de m’interposer dans ce genre de situation. Je ne sais pas du tout me défendre, c’est assez clair, je ne serais pas dans cette merde si je savais. Je fais tout de même un peu signe que oui en me disant qu’il n’a déjà pas une excellente opinion de moi et que je n’ai pas besoin d’en rajouter en lui faisant croire que je suis un lâche. Il me regarde me débrouiller avec mon téléphone, les yeux ronds et l’air vaguement inquiet. Juste comme je me dis qu’il n’a pas l’air d’accord avec l’idée de me laisser seul ce soir, il me dit : « Avec la chance qu’t’as ce soir, j’suis certain que si j’te laisse seul, on te retrouvera mort dans plusieurs poubelles demain matin. » C’est à mon tour d’écarquiller les yeux et d’ouvrir la bouche de surprise. « Tu crois?! » J’ai l’impression que je devrais être vexé par son commentaire, mais je n’y arrive pas. Je n’en ai pas l’énergie et, de toute façon, c’est vrai que je ne suis pas particulièrement chanceux ce soir. Quoique, d’une certaine façon, j’ai vraiment le cul béni parce que malgré la mauvaise fortune qui me suit depuis quelques heures, il ne m’est encore rien arrivé de grave alors que la situation aurait pu très mal tourner.

Mon sauveur lance un regard lourd de sens à son ami au volant de la voiture. Ils n’échangent aucune parole, évidemment, mais le message passe quand même. Enfin, entre eux, parce que moi, de mon côté, je ne suis pas du tout. Je suis encore bien trop dans les vapes pour comprendre ce qui se passe. De toute façon, j’ai des problèmes plus graves que leur petite discussion de mimes (notamment mon téléphone qui refuse de se déverrouiller malgré tous mes efforts). Tout ce que je sais, c’est que quelques secondes plus tard, le véhicule se met en mouvement et s’éloigne, me laissant dans l’allée avec mon sauveur, qui m’entraîne vers le mur de briques. Je le suis sur des jambes incertaines jusqu’à ce que je puisse m’appuyer contre le mur. Cette courte distance a suffi à raviver mes étourdissements et je ferme les yeux, craignant de me remettre à vomir. J’écoute à moitié l’inconnu qui se propose pour m’appeler un taxi, reconnaissant encore une fois de ce qu’il fait pour moi. J’ouvre néanmoins brusquement les yeux lorsqu’il me demande mon adresse. Je sais très bien que je devrais connaître la réponse à cette question toute simple, mais il n’y a que du vent dans mon cerveau à l’endroit où devraient se trouver les renseignements importants. Devant mon air effaré, il soupire et comprend que je suis totalement inutile. Il raccroche plutôt brusquement et juste au moment où je me dis que ça y est, il va en avoir assez et me larguer dans ma ruelle pour de bon comme je le mériterais, il me propose plutôt une solution. « Y’a un motel pas loin, mais il est aussi propre que ton cul après une baise. C’est ça, ou tu dors à la belle étoile. » Je ne réponds pas tout de suite. Ce n’est pas l’absence de propreté qui me rebute – ça ne pourra jamais être pire que le trottoir, je ne suis certainement pas le seul idiot à y avoir déversé des fluides corporels – mais plutôt le danger potentiel de me retrouver seul avec un parfait inconnu dans mon état. Je fais un gros effort pour réfléchir à travers la mélasse qui tournoie dans mon cerveau et évaluer les choix (ou plutôt, l’absence de choix) qui s’offrent à moi. Je finis par conclure après de longues secondes que c’est le moment de faire confiance aveuglément. Après tout, s’il m’a sauvé deux fois, il n’a probablement pas l’intention de se retourner contre moi à la dernière minute. De toute façon, il n’avait pas l’air terriblement intéressé dans la salle de bain toute à l’heure. Ma décision prise, je souris de toutes mes dents, un peu trop fier d’avoir réussi une analyse aussi basique de la situation. « Va pour le motel alors, j’te suis! »

Je me redresse et réussis à faire quelques pas plus ou moins stables avant de devoir me raccrocher au bras de mon sauveur. Nous nous mettons en chemin. Alors qu’en temps normal, il ne nous aurait pas fallu beaucoup plus que cinq ou six minutes pour parcourir les trois coins de rue qui nous séparent du motel, il nous faut un peu plus d’un quart d’heure avec moi qui traîne de la patte. Tout de même, je prends le fait qu’on a réussi à se rendre sans que je ne m’arrête pour vomir comme une petite victoire. Mon sauveur ouvre la porte de la réception du motel et je m’engouffre le premier en fouillant à tâtons dans mes poches pour sortir mon portefeuille. Arrivé au comptoir, je lance plus ou moins ma carte de crédit au gamin ahuri qui s’occupe des réservations. « Nous allons prendre ta meilleure chambre avec deux lits! » Je me tourne vers mon compagnon et lui souris : « C’est ma tournée. » Heureusement, c’est le genre d’endroit où on ne pose pas trop de questions et nous ressortons quelques minutes plus tard avec la clé de la chambre 3 en mains. Je laisse à mon sauveur le soin de la glisser dans la serrure, trop mal en point pour croire que j’y arriverais avant que le soleil ne se lève. Il entre le premier dans la chambre et je le suis. Il n’exagérait pas en décrivant le motel. Non seulement le décor est dégueulasse, tout en teintes de brun moisissure et de jaune délabré, mais la propreté est clairement douteuse. Je repère sans mal un troupeau de moutons de poussière qui traînent dans le coin de la pièce. C’est certainement l’endroit le plus mal famé où j’ai eu l’honneur de mettre les pieds et pourtant, je m’en fous complètement. Sans me poser la moindre question, je retire mon veston, le dépose sur le dossier de la chaise en bois, qui manque de s’écrouler sous cette charge inattendue, déboutonne maladroitement ma chemise et me laisse enfin tomber sur le premier lit. D’abord, c’est comme si je m’étais couché sur un morceau de nuage cabossé et dur, et je suis heureux d'être enfin allongé. Puis l’odeur de moisi me prend à la gorge et la pièce se met à tourner violemment autour de moi. Alors je me rassois en vitesse sur le rebord du lit et penche la tête vers mes genoux pour essayer de calmer l'étourdissement. « Ça va durer comme ça encore longtemps? » que je demande, misérable dans la direction générale de mon sauveur.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptyVen 21 Juin - 2:10

help, i need somebody
Gabriel & Joseph


Après avoir réfléchi à peine quelques secondes, Joseph tire une conclusion : il ne peut pas laisser le pauvre petit animal seul avec lui-même sans craindre de voir son visage dans les journaux le lendemain matin. « Tu crois?! » Cette réaction si honnête et impulsive de la part de la princesse arrache un rire franc à Joseph, qui détourne la tête pour éviter de lui rire en plein dans le nez. Certaines personnes auraient hésité beaucoup plus longtemps avant de sacrifier leur nuit pour servir de béquille à un total inconnu. Pourtant, Joseph, malgré son attitude naturellement impolie, avait directement sauté en direction de l’inconnu pour lui prêter son épaule. La raison derrière tout ça ? Il ne peut pas supporter de voir un idiot profiter de plus faible que lui. Si quelque chose arrive à faire serrer les poings du garçon, c’est bien l’injustice. Il n’est pas de nature bagarreuse – il préfère observer – mais il n’est pas du genre à fuir une situation lorsqu’elle nécessite sa présence. Et, que ses potes soient partis avec la bagnole, ça le rend indifférent : il ne craint pas la nuit ni la noirceur qu’elle apporte. Il a réussi à se convaincre qu’il n’y a pas pire prédateur que les manthas dans les ruelles de Brisbane, et jamais son propre gang ne lèverait les poings en sa direction, tant qu’il reste le chien fidèle qu’il a toujours été.

Devant les yeux vides du garçon qui a été drogué, Joseph comprend qu’il ne lui soutira aucune bonne information qui pourrait lui permettre de retrouver son chemin vers chez lui. Sa mémoire a été fracassé par cette consommation inattendue, et l’habitué de ces substances serait prêt à parier que c’est la première fois que l’étranger sent les effets chimiques d’un stupéfiant dans son corps. Et puis, la chose qui a été mise dans sa boisson n’était probablement pas aussi douce que des grains de sucre – parce que, si c’était le cas, il serait plutôt occupé à courir dans tous les sens, excité comme un enfant qui vient de gober une montagne de barbe à papa en oubliant de respirer entre chaque bouchée. Contraint à trouver une autre solution, Joseph propose à l’autre garçon de l’amener au motel le plus près du bar, motel qu’il connait très bien, d’ailleurs. Il y a passé de nombreuses nuits quand il n’avait plus la force de mettre un pied devant l’autre, la tête gorgée de couleurs toxiques. « Va pour le motel alors, j’te suis! » Tant mieux, parce qu’il n’a pas l’intention de trainer son poids sur plus d’un kilomètre. Aussitôt que le malade accepte la proposition, les deux garçons se mettent en marche et Joseph se surprend de ne pas frôler la crise cardiaque tellement son cardio laisse à désirer. Pourtant, tous les deux arrivent en un seul morceau au motel crasseux. Aussitôt, le réceptionniste reconnait Joseph, évite son regard puis sursaute lorsqu’une carte de crédit est balancée sur le comptoir. « Nous allons prendre ta meilleure chambre avec deux lits! » Ses sourcils se froncent tandis qu’il scrute cette fameuse carte qui a atterri à côté de la paperasse empilée sur le comptoir. Un sourire surpris redresse la commissure de ses lèvres alors qu’il reconnait ce design unique aux cartes de crédit réservées à ceux qui ne sont pas de simple caissier. D’ailleurs, Joseph n’est pas le seul surpris de découvrir un tel spécimen de carte ; le réceptionniste louche aussi dessus, probablement très peu habitué à recevoir ce genre de clientèle qui fréquente davantage les hôtels de luxe. « C’est ma tournée. » Le garçon croise le regard de Gabriel – parce qu’il connait enfin son prénom, il l’a vu sur la carte – et il n’arrive qu’à hocher la tête, bien trop surpris. La clé de la chambre est posée dans sa main et, tandis que l’autre se dirige vers la chambre, Joseph reste un court moment à côté du réceptionniste, le toisant du regard. Il étire toute la longueur de son bras pour ramasser la carte de crédit. « J’vais prendre ça, j’voudrais pas qu’tu la vides pendant la nuit et qu’tu disparaisses sur une île paradisiaque ! »

La poignée de la porte tourne et une chambre poisseuse se présente à Gabriel et Joseph. Ce dernier n’est pas surpris de découvrir un tel paysage jaunâtre : il a l’habitude. Après avoir jeté un regard un peu trop maternel au malade pour s’assurer qu’il tient le coup, il se dirige vers le lit le plus éloigné pour soulever les couvertures et analyser les draps – il voudrait éviter de dormir avec des coquerelles. Il remarque du coin de l’œil que l’autre se laisse tomber sur le premier matelas, et aussitôt Joseph tend sa main vers lui pour l’avertir : « Si j’étais toi, j’ferais pas… » Il n’a pas le temps de terminer sa phrase que Gabriel se redresse, bousculé par un haut le cœur. « Ça va durer comme ça encore longtemps? » Il glousse en secouant la tête de droite à gauche, posant à son tour ses fesses sur son propre lit. De manière lunatique, il enfonce sa main dans la poche de son jean pour en sortir le fameux sachet dont il n’avait pas pu profiter plus tôt dans la soirée. « J’sais pas exactement. Jamais un mec a voulu m’violer, j’ai pas ta gueule d’ange. Si j’me fie aux autres drogues, j’dirais… Entre trente minutes et huit heures. » Il hausse les épaules : il ne sait pas exactement ce qu’il a dans le corps alors il ne pourra pas poser son verdict. Machinalement, il ouvre son sachet de poudre et en verse une petite quantité sur le tabouret entre les deux lits. C’est en utilisant la carte de crédit de Gabriel qu’il se prépare une ligne magique. « Mais si t’arrêtes de paniquer, tu pourras réduire l’mal de cœur et augmenter la sensation de légèreté. » Sans se soucier de son public, il se penche vers la ligne de cocaïne et l’inhale d’un seul coup, fermant les paupières pour sentir la poudre blanche se coller à sa cervelle. Un frisson le parcourt, il se secoue les puces et rouvre les yeux, le visage aussitôt plus détendu. Il coince la carte de crédit entre son index et son majeur et la présente à Gabriel. « Une carte Premium, hein ? » Il la lance sur son matelas et elle bondit jusqu’aux cuisses de la princesse. « Soit t’es un gosse de riche, soit t’as eu la chance d’trouver un boulot qui rapporte assez d’billets pour t’acheter une île sur laquelle t'organiseras d'énormes orgies. » Un sourire béat étire ses lèvres, alimenté par sa fierté d’avoir déniché un mec plein aux as et par cette première vague de plaisir qui le submerge.        


made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptyVen 28 Juin - 23:20

help, i need somebody

Ma question provoque un gloussement d’amusement chez mon sauveur. Vaguement vexé qu’il ne se montre pas plus sympathique à ma cause, je relève légèrement la tête pour lui jeter un regard noir. Mon agacement fond presque aussitôt, remplacé par de la curiosité en le voyant manipuler un sachet rempli d’une substance blanche et douteuse. Le monde de la mode étant reconnu autant pour ses designers excentriques que pour ses fêtes extravagantes, je n’ai pas de mal à me rendre compte que mon nouvel ami se balade avec une dose considérable de cocaïne. Je hausse les sourcils mais ne commente pas. Ce ne sont pas mes affaires et je serais sérieusement mal placé pour lui dire comment vivre sa vie. En ouvrant le sachet, il répond à ma question. « J’sais pas exactement. Jamais un mec a voulu m’violer, j’ai pas ta gueule d’ange. Si j’me fie aux autres drogues, j’dirais… Entre trente minutes et huit heures. » Sans rien dire, je l’observe verser lentement une quantité de poudre sur un petit tabouret. Je suis nerveux tout à coup et ma jambe droite se met à tressauter presque contre mon gré. Les paroles crues de mon sauveur m’assomment. Je savais ce que je risquais en suivant l’inconnu du bar, mais même tandis que je me débattais pour l’empêcher de m’entraîner, je me refusais à y penser vraiment. Je me rends compte que je l’ai vraiment échappé belle et c’est comme si mon système choisissait ce moment pour assimiler le choc. « Mais si t’arrêtes de paniquer, tu pourras réduire l’mal de cœur et augmenter la sensation de légèreté. » Je perçois la même certitude inébranlable dans sa voix que tout à l’heure, quand il a constaté qu’on m’avait drogué. En le voyant préparer sa ligne de cocaïne et l’aligner bien proprement avec un bout de plastique qui ressemble étrangement à ma carte de crédit pour mieux la sniffer, je comprends assez facilement qu’il a l’habitude des substances illicites, lui.

Alors j’essaie de mon mieux d’appliquer son conseil. Je commence par dire à ma jambe d’arrêter de tressauter, puis je ferme les yeux. Cette fois, je me concentre sur ma respiration plutôt que sur mes étourdissements. Inspire, expire, inspire, expire… Au début, je ne perçois pas vraiment de différence, mais quand j’ouvre brusquement les yeux en sentant quelque chose rebondir sur mes cuisses…
(pitié, faites que ça ne soit pas une souris!)
…la pièce reste stable devant mes yeux. Ce n’est pas une bestiole qui m’est tombé dessus, mais bien ma carte de crédit, dont l’un des bords est encore recouvert de fines particules blanches. Je l’attrape entre le pouce et l’index et l’essuie prudemment sur le couvre-lit avant de la glisser dans la poche de mon pantalon. « Soit t’es un gosse de riche, soit t’as eu la chance d’trouver un boulot qui rapporte assez d’billets pour t’acheter une île sur laquelle t'organiseras d'énormes orgies. » J’éclate de rire, mon amusement sincère décuplé par la drogue qui circule dans mon système. Il n’avait pas tort, je me sens mieux maintenant. J’ai un peu l’impression de flotter dans le vide malgré mes fesses assurément posées sur le matelas inégal et même si j’ai toujours l’impression d’avoir la tête sous l’eau, je n’ai plus vraiment mal au cœur. Lorsque j’arrive à retrouver mon calme pour plus que quelques secondes à la fois, je réponds à son commentaire. « Mais les deux, mon cher. Mon père est riche et moi j’poursuis la tradition. » Même si mes parents ont insisté pour que je gagne mon argent de poche à l’aide de petits boulots ingrats quand j’étais adolescent, je sais très bien que je n’ai jamais manqué de rien et, qu’au-delà de ça, j’ai été vachement privilégié. Je n’obtenais pas tout ce que je demandais, mais je n’ai jamais eu besoin de faire le moindre sacrifice. Et comme mes études ne m’ont rien coûté, pas plus que l’appartement dans lequel je vivais à l’époque, j’ai réussi à accumuler avant même de commencer à travailler une petite fortune qui n’a cessé de croître depuis. Je vis bien, j’aime le luxe et je l’assume, mais j’essaie aussi de ne pas avoir l’air d’un gosse de riche mal élevé la plupart du temps.

C’est peut-être pour ça que je dépense mon argent de façon plus ou moins raisonnable… et que l’idée d’acheter une île ne m’a jamais traversé l’esprit. Les yeux ronds, je dévisage mon sauveur. « Ça coûte combien une île? Tu crois qu’il y en a à vendre dans la région? » Génial, maintenant j’pourrai plus m’empêcher de me demander si je pourrais vraiment me permettre d’en acheter une. Je réfléchis à la deuxième moitié de sa description. « J’sais pas si j’organiserais des orgies par contre. Ça doit être épuisant de baiser en groupe comme ça. En plus si c’est comme dans une fête, il y en a sûrement qui se retrouvent à l’écart… » Je plisse le nez en contemplant la possibilité, me ravise. « En même temps, si tu t’emmerdes avec ton partenaire, t’as qu’à tourner la tête pour en trouver un autre, c’qui est quand même un sacré avantage. » Conscient tout à coup de m’être mis à divaguer à voix haute, je me tais et ricane doucement en me laissant tomber sur le matelas, la tête sur l’oreiller pas beaucoup plus confortable que le reste du lit. « Mais si j’en organise une, j’t’inviterai s’tu veux. J’te dois bien un billet VIP pour l’orgie de luxe sur mon île paradisiaque après tout ce que tu as fait. » Je repense aux trois types que j’ai entraperçus dans la voiture et à la façon dont le conducteur a refusé d’un signe de tête solennel de me prendre à bord. « Tu pourras amener tes amis d’ce soir aussi tiens, même s’ils avaient l’air un peu louche. » Je tourne la tête vers l’autre lit. Le regard un peu vitreux, un grand sourire aux lèvres, mon sauveur a l’air de passer un bon moment, gracieuseté de la cocaïne. Ça me donne envie de pouffer encore une fois et je ne me gêne pas. « On fait un sacré duo toi et moi, y a pas à dire.» Je sens mon cou qui commence à protester l’angle bizarre de ma tête et je me tourne sur le côté pour le soulager. « Au fait, tu t’appelles comment? »

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptySam 29 Juin - 4:48

help, i need somebody
Gabriel & Joseph


Il ne s’inquiète pas, et il ne inquiétera jamais, parce que Joseph sait que Gabriel n’est pas entre la vie et la mort. Il a ingéré une dose qui l’aurait déjà tué si elle avait été fatale. À ses yeux, la princesse est simplement en train de vivre sa première expérience de stupéfiants – si c’est la première fois, mais Joseph serait prêt à parier le si peu qu’il possède sur cette supposition – et il n’a besoin que de respirer. C’est donc ce qu’il lui propose de faire alors qu’il prend ses aises sur son lit en étirant ses muscles endoloris par le trajet. Rapidement, il remarque du coin de l’œil que l’autre a décidé de fermer ses yeux et de se concentrer sur sa respiration. Bien. Sachant qu’il ne risque plus de faire un malaise, Joseph décide qu’il a bien mérité de se détendre un peu après cette aventure. C’est en ignorant les yeux posés sur lui qu’il offre à son corps une dose de cocaïne et, aussitôt que la poudre circule dans son sang, un sourit béat soulève la commissure de ses lèvres et il redresse l’oreiller pour se poser contre la tête du lit. En profitant des premiers effets rapides, il ferme les yeux, sentant son corps en entier se détendre, puis il rouvre les yeux quand Gabriel a enfin retrouvé ses esprits. « Mais les deux, mon cher. Mon père est riche et moi j’poursuis la tradition. » Un ricanement victorieux fait vibrer la poitrine du criminel tandis qu’il pivote la tête vers celui sur lequel il avait misé juste. Il l’observe, l’air lunatique, les paupières lourdes, à la recherche d’un indice sur la profession qui a fait de lui un millionnaire – c’est la carte de crédit qui l’a dit. « T’as une gueule pas si désagréable à regarder, du coup j’pourrais tenter en disant qu’t’es acteur mais j’t’ai jamais vu à la télévision. » Il observe sa réaction, comprend qu’il marque un point, et tente sa deuxième hypothèse : « J’ai jamais vu un drag aussi riche que toi mais c’est mon seul autre guess pour le moment. Tu t’déguises en femme, hein ? » Amusé, il appuie son regard et un rire incontrôlable s’échappe de sa gorge déployée, il plaque sa main sur sa bouche pour contenir cette euphorie soudaine à laquelle il a pourtant l’habitude. Sous l’emprise de la drogue, ça lui arrive un peu trop souvent de manquer d’étouffer à la suite d’un fou rire. C’est ce qu’il aime de la cocaïne : elle frappe rapidement et fortement. Il l’a souvent comparée à un rhinocéros qui charge dans une piscine de ballons gonflés. Ça ne fait aucun sens pour personne, sauf pour lui.

Devant le long monologue que fait Gabriel, Joseph reste attentif, les sourcils froncés, comme s’il se posait lui aussi réellement la question quant au prix d’une île. Il finit par hausser les épaules, incapable de donner un prix à une telle dépense. Il laisse l’autre continuer en glissant contre le matelas pour se retrouver complètement sur le dos, les deux mains derrière la tête. « Ça m’dérange pas d’être à l’écart si j’ai trois meufs autour de ma queue… J’saurai m’contenter d’elles… » Rêveur, il fixe le plafond comme si sur celui-ci s’affichait le porno qui joue dans sa tête. « Mais si j’en organise une, j’t’inviterai s’tu veux. J’te dois bien un billet VIP pour l’orgie de luxe sur mon île paradisiaque après tout ce que tu as fait. » Comme si ça pouvait réellement se réaliser, Joseph pivote la tête vers Gabriel avec un énorme sourire surpris : « T’es sérieux ? » Mais t’es con, en fait. Tu consommes depuis plus de dix ans et tu ne sais toujours pas séparer la fiction de la réalité. « Tu pourras amener tes amis d’ce soir aussi tiens, même s’ils avaient l’air un peu louche. » Oh, tiens, il les avait oubliés, eux. Il ne les retrouvera finalement pas avant que le soleil ne se lève. Il pourrait avoir l’ingéniosité de leur envoyer un message pour les rassurer mais il est bien trop léger pour penser à quoi que ce soit de logique. « Entre louches, on s’entend bien. » Il croise le regard du gosse de riche, s’accrochant à lui pour ne pas partir loin dans ses pensées. « On fait un sacré duo toi et moi, y a pas à dire. » Il rigole, pour une énième fois, parce qu’il vient de s’imaginer dans la peau de Batman et Gabriel dans la peau du très peu masculin Robin. « T’attache pas trop à moi, j’suis pas le mec le plus dispo pour aller boire une bière un samedi soir. » Si les autres manthas ont refusé d’embarquer la princesse dans la bagnole, c’est bien parce que les relations en dehors du gang ne sont pas bien vues. Demain matin, Joseph devra rassurer tout le monde en fabriquant un mensonge : il a porté le drogué dans un motel et il est parti sans lui adresser la parole. « Au fait, tu t’appelles comment? » En se mordant la lèvre inférieure, Joseph garde le silence un moment, feintant de ne pas avoir entendu, parce qu’il réfléchit. Malheureusement, il ne peut pas faire d’exception, pas même pour un homme qui ne sera jamais une menace. « Uh ? Ah. Chris. J’m’appelle Chris. À ton service, Gabriel. » Il pose son index et son majeur sur son front avant de mollement faire le salut de l’armée pour finalement pouffer d’un rire sec. « J’veux pas t’faire paniquer mais, demain, tu risques de ne pas apprécier ta gueule de bois. Et, à l’heure où tu te réveilleras, j’serai parti. Alors j’préfère te dire « au r’voir » tout de suite parce que j’ai l’impression que j’pourrais m’endormir à tout moment. »
   

made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo EmptyDim 30 Juin - 3:04

help, i need somebody

Mon sauveur ne me répond pas tout de suite et je me demande s’il s’est endormi. C’est qu’il a l’air très confortable étendu comme ça sur son lit. Je me dis d’ailleurs que c’est une bonne chose que la clientèle cible de ce motel soit justement les adeptes de substances illégales et les gens qui ne cherchent pas trop à dormir parce que je ne vois pas qui d’autre apprécierait de se coucher là-dessus. Si j’étais sobre, je n’aurais probablement même pas osé mettre le gros orteil dans la chambre, alors me coucher sur le lit… Il ne dort pas finalement, parce qu’il tourne éventuellement la tête vers moi. J’imagine qu’il n’avait pas bien entendu la question, ou alors la cocaïne lui fait le même effet que la saloperie qu’on m’a refilé à moi et il a oublié les renseignements de base comme son nom. « Uh? Ah. Chris. J’m’appelle Chris. À ton service, Gabriel. » Surpris, je me redresse brusquement sur un coude et je le dévisage, les yeux ronds. Comment peut-il connaître mon prénom alors que je ne lui ai pas donné? Je fouille frénétiquement dans mes souvenirs pour essayer de déterminer s’il me manque des bouts de la soirée. Non, j’ai l’impression de savoir à peu près tout ce qui s’est passé, même si ça devient très flou par moment. Je finis enfin par capter qu’il a certainement eu le loisir d’observer ma carte de crédit sous tous ses angles en l’utilisant pour préparer sa ligne de poudre, et mon nom y est indiqué. À nouveau parfaitement détendu, je me recouche en pouffant de rire à nouveau. Même si ce n’est plus désagréable d’être drogué, je ne pourrais jamais survivre si j’étais tout le temps dans cet état. Je deviens vraiment trop bête.

« J’veux pas t’faire paniquer mais, demain, tu risques de ne pas apprécier ta gueule de bois. Et, à l’heure où tu te réveilleras, j’serai parti. Alors j’préfère te dire « au r’voir » tout de suite parce que j’ai l’impression que j’pourrais m’endormir à tout moment. » Je fais la moue et soupire, étrangement triste à l’idée qu’il m’abandonne. Ce n’est pas si étonnant – il n’est pas du genre à aller boire une bière le samedi soir, c’est lui qui l’a dit – mais je trouve que c’est quand même dommage. Je l’aime bien, moi, Chris. Et même si j’ai bien compris qu’il serait probablement une connaissance douteuse à entretenir, je le trouve marrant. « Ça va, j’comprends. T’auras été comme ma marraine la bonne fée qui repart sur le coup d’minuit dans sa citrouille tirée par un cheval blanc avec des ailes. » Je fronce les sourcils, confus. Je crois que je m’embrouille dans mes classiques Disney, mais c’est parce que je commence à être sérieusement fatigué moi aussi. Je combats le sommeil qui me plombe les paupières encore un peu, assez longtemps pour exprimer ma gratitude une dernière fois. « J’sais que j’te l’ai déjà dit, mais merci, vraiment. » Un long bâillement m’interrompt sans que je puisse y faire quoi que ce soit. « J’te revaudrai ça, j’te jure. Même si ça ne sera sûrement pas en t’invitant à une orgie, » que je conclus tout bas comme si je lui confiais un secret. Je sais bien que ça sera compliqué de le retrouver. Je ne sais rien sur lui sinon qu’il se tient avec des types louches, qu’il est probablement un type louche lui-même et qu’il aime bien la cocaïne. Et pourtant, je m’endors confiant, convaincu que j’aurai à mon tour l’occasion de faire quelque chose pour lui.

Le réveil est brutal. Le soleil qui entre à flots par la petite fenêtre me tombe directement dessus et m’agresse, j’ai l’impression d’avoir mangé des boules de coton tellement j’ai la bouche sèche et je jurerais que quelqu’un s’acharne à essayer de fendre mon crâne en deux avec un marteau piqueur. Je roule sur le dos et observe le plafond jauni par l’humidité. Ce n’est certainement pas le mien. Où est-ce que je peux bien me trouver? Des bribes de souvenir me reviennent lentement et au bout d’un moment, j’ai réussi à réordonner les événements de la soirée. Je m’assois sur le rebord du matelas, peu surpris de voir que l’autre lit est vide. Je parcours la pièce du regard. La chambre est vraiment dégueulasse. Je suis vachement content de m’être endormi sur les couvertures. Dieu sait quelles horreurs se dissimulent dans les draps… Je songe vaguement à brûler mes vêtements une fois de retour chez moi. Au mieux ils finiront à la poubelle. Il est hors de question que je les remette, ça c’est sûr! Je me lève et me traîne péniblement jusqu’à la chaise et à mon veston, duquel je tire mon téléphone. Il est mort, évidemment, et je soupire. Je me sens sobre et misérable, mais je peux juste imaginer à quel point ça aurait pu être pire si mon sauveur n’était pas intervenu. Comme je n’ai même pas pensé à enlever mes chaussures en me couchant, je n’ai qu’à reboutonner ma chemise et à enfiler mon veston, puis j’attrape la clé sagement posée sur le petit bureau devant la chaise et je sors de la chambre. Je la retourne à la réception, où le commis se montre étrangement poli avec moi. Ça me fait bizarre, mais comme il est serviable et il accepte de m’appeler un taxi, je lui laisse un bon pourboire. Je vais attendre mon chauffeur sur le bord de la rue, sous le soleil tapant de midi. Au bout de longues minutes, il arrive et, en me glissant sur la banquette arrière de l’habitacle rafraîchi par l’air climatisé, je me dis que je commence à être vraiment trop vieux pour ce genre de nuit mouvementée.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

help, i need somebody | jo Empty
Message(#)help, i need somebody | jo Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

help, i need somebody | jo