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 misreable at best (ronnie)

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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyVen 19 Avr - 18:52

misreable at best
You're all that I hoped I'd find In every single way. And everything I would give Is everything you couldn't take. 'Cause nothing feels like home, You're a thousand miles away And the hardest part of living Is just taking breaths to stay. 'Cause I know I'm good for something I just haven't found it yet
 
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Sa main glisse lentement vers le téléphone, une main qui pèse bien plus lourd qu’à l’ordinaire, des doigts recourbés qui se saisissent de l’appareil usé, la peinture écaillée après des années de conversations secrètes. Avec une lenteur molle qui ne lui était pas habituelle, Lonnie approche le combiné de son oreille afin d’entendre les mots de sa mère. Gail, au visage fatigué, aux yeux cernés de noir qui hausse pourtant un sourire sur ses lèvres, faisant danser les rides qui prennent de plus en plus de place sur sa peau. Elle porte le poids des années, de la culpabilité aussi, alors ses épaules sont toujours affaissées, comme si elle cherchait à se cacher du reste du monde, un animal apeuré à qui l’ont aurait montré la main tendu, la punition. « Tu n’as pas l’air très en forme. » Les premiers mots qu’elle prononce et, forcément, ils ne sont pas pour elle ou pour ces conditions de vie avec lesquelles son caractère diffère. Non, ses premiers mots sont pour son fils qui porte une main sur son visage pour essayer d’effacer, tristement, les signes de son stress et des nuits blanches qui s’accumulent. « Si ça va, et toi ? » Elle évitera la question, Gail, préférant se focaliser sur les tracas de son cadet afin d’oublier que – dans quelques minutes – elle rejoindra à nouveaux sa cellule et les quatre murs qui l’entourent. « Bien. Tu as des soucis au travail ? » Lonnie avait toujours admiré la façon qu’elle avait de détourné les questions, de ne répondre que par un mot afin de faire taire les interrogations pour mieux relancer le sujet sur quelqu’un d’autre. Un atout qu’elle avait transmis à Harvey qui, lui aussi, évitait toujours de répondre aux sujets trop sensible. « Non, tout se passe bien ne t’en fait pas. Tu as participé au dernier atelier cuisine ? Tu aimes bien ça. » Le policier avait essayé, tant bien que mal, de dresser un sourire sur ses lèvres alors – de l’autre côté de la vitre – sa mère haussa les épaules, tout bonnement. « Je leur aie fait mon meilleur sauté de porc, comme celui que j’avais fait pour ton anniversaire, tu te souviens ? » Il voudrait pouvoir lui avouer, lui dire que tous les moments de son enfance se sont presque effacés, qu’il ne garde en tête que des instants flous et les pires moments. Son esprit a tout occulté, préférant le laisser avec des trous béats dans les souvenirs plutôt que de le voir cauchemarder à propos de son père, de son enfance avant les familles d’accueil Lonnie n’en a presque rien gardé. Mais il lui adresse quand même un sourire, jouant les menteurs devant une mère qui saura toujours faire la différence entre le faux et le vrai, mais qui se taira pour ne pas lui faire de la donner, ou pour ne pas en ressentir. « Bien sûr oui, c’est un excellent choix. Tu as du impressionner tout le monde. » Et la discussion continuera comme ça, avec des questions restant sans réponses et des mensonges bien trop simple à contredire. Quand le garde dépose sa main sur l’épaule de sa mère Lonnie ne peut qu’en s’en vouloir ne pas la retenir, de rien pouvoir faire pour traverser cette glace afin de la serrer dans ses bras, de ne rien pouvoir dire quand il entend ‘elle pourrait vous faire du mal si on vous laisse la voir’, de ne pas pleurer quand il rentre chez lui. Elle glisse sa main sur la vitre, comme dans les films, et le policier s’empresse d’ajouter la sienne de son côté, lui adressant un dernier sourire avant de la regarder disparaître derrière une porte blindée.

Le chemin jusqu’à la voiture est toujours aussi dur, les mains tremblantes du Hartwell cherche un peu de réconfort dans la poche intérieure de sa veste, là où est dissimulé son paquet de cigarette à moitié vide qu’il ne peut pas montrer à sa mère, parce qu’elle s’inquiéterai encore plus pour lui en apprenant qu’il se bousille les poumons de façon volontaire. Appuyé contre le capot de sa voiture il s’applaudit mentalement de ne pas être venu en vélo aujourd’hui, maudissant la route incomplète et parsemé de nid de poules qui mène jusqu’à la prison pour femmes. Lonnie tâte ses poches, la cibiche entre les lèvres afin de trouver un briquet, une boîte d’allumette, sans succès. Il pousse des jurons, s’offusque de ne pas avoir ne serait-ce qu’un briquet de secours dans la boîte à gants qui explose de papier et de paquet de bonbons vides, trésor de l’ancien propriétaire que Lonnie n’a jamais ni le courage ni le temps de jeter. D’un doigt énervé il pousse l’allume cigare qui s’enfonce sous la pression pour sauter de nouveau quelques secondes plus tard, complètement froid. La claque qu’il met à la carrosserie rend sa main rouge, sensible, et si Lonnie n’avait pas besoin de son tas de boue pour rentrer à la maison il aurait sûrement crevé les pneus lui-même, de rage. « Putain de merde. » Prononcé à voix haute, sous les yeux grands ouverts et surpris des trois personnes qui l’entoure, dont une enfant qui lève un regard inquiet vers l’homme qui l’accompagne. « Pardon. » Le policier s’excuse, naturellement, alors que la situation devient juste risible, tragique même. Ça n’est pas la première fois que la ferraille fait des siennes, ça ne sera pas la dernière fois non plus si le Hartwell refuse de voir la vérité en face et d’abandonner la voiture dans la casse la plus proche. Sa vision périphérique lui envoie un signal invisible, quelqu’un s’approche de lui, d’un pas décidé, et Lonnie ne peut rien faire qu’hausser un maigre sourire sur ses lèvres sans même prendre la peine de se retourner. « Je suis désolé, je voulais pas jurer devant votre enfant. » Persuadé que la présence à ses côtés et celle de l’homme qui à tout entendu des injures balancés par Lonnie à l’encontre de sa voiture et qui vient pour lui demander d’être un peu plus respectueux des autres et de la carrosserie, si fragile, du véhicule. « Vous auriez pas du feu par hasard… » Avant qu’il puisse finir sa phrase Lonnie avait croisé le regard d’une jeune femme qui se tenait devant lui et qui, manifestement, n’avait rien à voir avec l’homme en colère qui avait dû couvrir les oreilles chastes de sa fille.

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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptySam 20 Avr - 23:13


La fatigue accumulée au cours de ces derniers jours commençait doucement à se faire ressentir. Des semaines de cinquante heures, des dossiers qui demandaient toujours plus de patience ... Romy avait beau adorer son métier, elle devait avouer qu'il était parfois trop prenant, trop trop. Se massant les tempes d'un air absent, derrière son bureau et protégée de la lumière extérieure par une pile de classeurs entassés qui donnaient l'impression d'un énorme désordre ambiant, la petite blonde s'accordait une pause bien méritée, du moins, c'était ce qu'elle pensait. Il ne fallut pas plus de deux minutes pour que l'un de ses collègues ne vienne la déranger en entrant sans préavis dans la petite pièce qu'elle occupait et dont la porte en était restée entrouverte. "Romy, t'avais demandé à ce qu'on te prévienne si Gail Hartwell avait de la visite. Son fils est là." et il ne lui en fallait pas plus pour se redresser, pour effacer les quelques signes de fatigues qui vieillissaient ses traits et se relever presque dans un bond. "Combien de temps il reste aux visites ?" " ... euhm, dix minutes je dirais. Mais .." pas le temps d'attendre la fin de la phrase. Fourrant son téléphone dans la poche arrière de son jean, la petite blonde vérifiait que son badge d’employé était toujours accroché à son tour de son cou avant de quitter le bureau sans réfléchir davantage. Sur pilote automatique, elle traversait le bâtiment administratif dans l'espoir de rejoindre rapidement celui qui accueillait les visites. Dix minutes, ça semblait être un timing assez confortable pour parcourir cent mètres, mais dans une prison ... les contrôles de sécurité rendaient les choses un brin plus lentes. Ralentie par les portiques et des contrôles d'identité, Romy arriva trop tard à destination dans une salle désertée de toute présence humaine. "Merde" qu'elle soufflait, les poings sur les hanches. Finalement, la jeune femme rebroussa chemin, s'engagea sur une autre voie pour quitter l'établissement et se rendre au parking visiteurs ; cinq bonnes minutes de trajet supplémentaire qui lui avaient fait monter le rose aux joues. Pourtant, elle n'était pas au bout de ses peines. Sur son chemin se trouvaient un homme et sa fille qui n'aidaient en rien sa volonté à retrouver au plus vite le parking qu'elle apercevait comme déjà quasiment vide. Mais qu'ils se bougent enfin ! Romy ne pouvait s'empêcher de penser que le fils Hartwell avait déjà déserté les lieux, qu'il ne s'était pas attardé dans le sinistre parking de la maison d'arrêt. Son petit gabarit s'activait derrière les deux personnes devant elle, sans trop savoir où pouvait bien se trouver le type qu'elle recherchait. A ses yeux il était déjà loin, alors lorsqu'elle entendit un : « Putain de merde. » s'échapper de la voiture qu'elle s'apprêtait à dépasser, son regard se porta d'instinct vers le conducteur, et quelle ne fut pas sa surprise. Lonnie Hartwell, elle en était formelle pour avoir eu accès à sa photo lors de ses recherches. Se moquant bien de la politesse dont il faisait preuve, ni même du pourquoi il s'était mis à jurer ainsi, la petite blonde se stoppa net. Le duo père fille qui la dissimulait s'arrêta lui aussi, comme choqué par la dureté des mots balancés par le policier. Romy, avait un air à peu près équivalent, mais pour une raison bien différente : qu'est ce qu'elle foutait la ? C'était le moment de concrétiser les objectifs qu'elle s'était fixé, de convaincre le fils Hartwell de toucher deux mots à sa mère, mais est ce que c'était bien son rôle ? Consciente qu'elle dépassait ses fonctions, la jeune femme fit taire les sempiternelles réticences qui se dressaient contre sa volonté, puis s'avança à la place du père et de la fillette, attendant que son interlocuteur à venir ne se tourne pour entamer le dialogue. « Pardon. Je suis désolé, je voulais pas jurer devant votre enfant. » Tu parles dans le vent, Hartwell. Ils ont poursuivi leur chemin maintenant. « Vous auriez pas du feu par hasard… » une phrase laissée en suspens ; Romy entrait dans le champ de vision de Lonnie pour la première fois. Elle aurait aimé dire quelque chose de plus intéressant que : "Votre voiture essaie sûrement de vous faire passer un message." pour entamer la discussion, mais d'un haussement d'épaules, la petite blonde n'eut rien de plus intéressant qui se bousculait au portillon des brillantes idées. "... et non. Ils ne me laissent même pas entrer avec une lime à ongles, alors un briquet, imaginez." Ses lèvres se fendaient d'un demi sourire, son menton désignant le bâtiment derrière eux. D'instinct, ses fins doigts attrapaient le badge d'employé qu'elle portait autour de coup, comme pour légitimer sa présence ici. "Lonnie Hartwell, c'est ça ?"  On y était. Romy donnait le change, assurait sa voix qu'elle mesurait avec précaution, mais intérieurement, c'était un enchevêtrement de contradictions qui lui hurlaient de rebrousser chemin. Gail Hartwell avait refusé son aide à plusieurs reprises. Son mentor lui avait déconseillé d'aller à l'encontre des volontés de l'une des détenues dont elle était en charge, et pourtant ... la jeune femme n'en demeurait pas moins persuadée que toute cette histoire n'était qu'une immense injustice, que cette femme brisée méritait de recouvrer la liberté, de vivre autrement que privée d'une vie dont elle ne se sentait pas digne. "Romy Ashby, je suis conseillère de réinsertion à la prison.. c'est au sujet de votre mère. Vous avez peut être quelques minutes à m'accorder ? J'aurais besoin de votre.." mais qu'est ce que tu fiches Ashby. A mesure que les mots sortaient de ses lèvres, la  petite blonde sentait le sol se dérober sous ses pieds. Sa voix se muait presque en souffle. Il lui fallut pourtant une fraction de seconde, de réflexion supplémentaire, pour reprendre contenance. C'était le moment de se montrer à la hauteur, alors son regard soutenait celui de son interlocuteur dont elle tentait d’interpréter vainement les signaux. "Vous avez une minute ou deux ?" qu'elle demandait finalement avec un peu plus de prestance.           

      
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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyVen 26 Avr - 21:22

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S’il y avait un concours pour élire le visage  le plus fatigué de la famille Hartwell il va sans dire que le jeune homme gagnait haut la main devant sa mère qui, malgré les rides et les traces flagrantes de son manque de sommeil, avait tout de même gardé ce petit teint allé, typiquement australien, qu’elle avait toujours eu. Lonnie, lui, faisait peine à voir avec ses grands yeux bleus cernés, ses cheveux en bataille et cette chemise qu’il n’avait pas eu le temps de repasser avant de venir. Elle s’en tiendra pas compte, si pour le visage fatigué ni pour les plis sur le vêtement, préférant savoir son fils heureux que champion de repassage. Le souci c’est qu’il n’était pas le champion de table à repasser et qu’il n’était, définitivement, pas heureux. A travers la vitre il évite le regard inquisiteur de sa mère qui, une fois lancée, le torturera de mille et une question jusqu’à ce qu’il s’avoue vaincu, balançant toutes ces choses qui font de son quotidien un parcours du combattant, alors Lonnie se renferme, culpabilisant de n’offrir à sa mère qu’une coquille vide préférant les réponses monosyllabiques aux longues tirades. Sur le chemin du retour il regrettera, les larmes aux yeux, les mains tremblantes  sur le volant, parce qu’une mère – en prison ou non – aura toujours le temps d’écouter les problèmes de ses enfants. Quand Gail franchit la porte blindée son fils expire lentement, conscient que cet exercice devra être répété la semaine prochaine, et toutes les autres jusqu’à ce qu’elle s’en aille ou bien qu’il arrête de venir. Cette pensée le terrifie, le paralyse, et il est hors de question pour le policier d’abandonner sa mère comme l’a fait Harvey des années plus tôt, peu importe qu’elle arrive à lire entre les mensonges Lonnie ne sera jamais celui qui lui tourne le dos. Rejoignant le parking en traînant des pieds Lonnie ne résiste pas à son envie de nicotine, bien qu’il se soit promis (depuis cinq ans maintenant) de mettre un terme à cette habitude malsaine et dangereuse, à croire qu’après tout ce temps il n’a encore jamais trouvé le moyen de sa bâtir une volonté assez forte pour arrêter. Mais entre le briquet introuvable et l’allume cigare en panne le Hartwell doit se rendre à l’évidence que rien n’est fait pour aller, aujourd’hui, demain, tous les autres foutus jours de sa vie. Le plat de sa main vient trouver la vieille carrosserie à la peinture fuyante de sa voiture, rougissant aussitôt son épiderme. Deux personnes se retournent alors qu’il pousse un juron, maudissant la bagnole et sa paresse pour n’avoir jamais pris le temps de jeter la voiture aux ordures, chose qu’apprécierait sans doute sa voisine qui se précipite pour appeler la fourrière dès que le véhicule dépasse d’un seul millimètre la place de parking. Sans même prendre le temps de se retourner pour faire face à l’inconnu qui s’approche de lui Lonnie se répand en excuse, préférant de loin passer pour un faible que d’avoir à se batailler avec un papa un peu trop autoritaire qui ne supporte pas que son enfant entende ce genre de commentaire dans les lieux publics, mais à sa grande surprise ça n’est pas la silhouette d’un homme sur laquelle se pose ses yeux. Une femme se tient là, devant lui, elle a les joues roses comme si elle avait couru pour arriver jusqu’à lui, le teint claire et la posture assurée, quelqu’un qui sait ce qu’il fait ici, contrairement à lui. « Votre voiture essaie sûrement de vous faire passer un message. » Lonnie retire la cigarette qui pendouille encore au coin de ses lèvres avant de hocher la tête, premièrement parce qu’elle a raison, deuxièmement parce que c’est une drôle de phrase pour commencer une conversation. « … et non. Ils ne me laissent même pas entrer avec une lime à ongles, alors un briquet, imaginez. » Elle ose un demi-sourire adressé à Lonnie, et ça le rend le policier encore plus perplexe sur cette situation. « Ma voiture me fait comprendre qu’elle en a marre d’être trimballée partout alors qu’elle a l’âge de la retraite. Et c'est vrai qu'à chaque fois ils me font une fouille complète, sait-on jamais que j'utilise la vieille technique de la lime à ongle dans le gâteau. »  Haussant les épaules le policier remballe la cigarette dans son paquet alors que ses yeux interrogent la jeune femme qui, d’un geste de la main, agrippe le badge pendu à son cou. Elle fait partie du personnel de la prison, sans doute une gratte papier comme tant d’autres, définitivement pas une gardienne. « Lonnie Hartwell, c’est ça ? » Peu de personnes connaissaient son nom, du moins peu de personnes étrangères à son travail, alors le regard du bleu se teinte d’appréhension alors qu’il plisse les yeux, cherchant à comprendre le sens de cette situation. « Ça dépend, si c’est parce que j’utilise l’abonnement Netflix de ma voisine je peux vous certifier que ça ne lui pose aucun problèmes. » Méthode de défense classique pour le jeune homme l’humour avait toujours été un moyen pour lui d’apaiser les conversations et de cacher le fait qu’il n’était pas totalement à l’aise dans cette situation qui n’avait toujours pas pris de sens à ses yeux. « Romy Ashby, je suis conseillère de réinsertion à la prison... c’est au sujet de votre mère. Vous avez peut-être quelques minutes à m’accorder ? J’aurai besoin de votre... » Le cœur de Lonnie s’emballe alors que la jeune femme donne enfin un indice sur son identité, parce qu’en quasiment vingt-cinq de prison personne n’a jamais contacté le policier au sujet de sa mère. Elle a un comportement exemplaire Gail, trouve du plaisir dans les ateliers que le centre correctionnel propose, a un groupe d’amies avec lesquelles elle fait des miracles durant les cours de cuisine, jamais un pas de travers, jamais un mot plus haut que l’autre. Lonnie s’affaisse sous son propre poids, le corps maintenant appuyé contre la vieille voiture il ne trouve rien d’autre à répondre qu’un soupire. « Elle a des ennuis ? Parce qu’elle n’a jamais eu d’ennuis ici alors je ne vois pas de quoi vous voulez parler… » Ça le brise un peu plus, ça rend ses mains un peu plus tremblante alors que la jeune femme reprend son discours. « Vous avez une minute ou deux ? » Le policier se braque, mets son corps en opposition en fermant les bras sur sa poitrine pour ne pas avoir à ressentir la moindre peine si jamais la dite Romy se mets à énumérer toutes les choses que sa mère a fait pour s’attirer des problèmes, parce qu’il ne voudra pas l’entendre. « Écoutez je ne sais pas de quoi vous voulez parler mais ma mère n’a jamais eu de problèmes ici, elle n’est pas du genre à les chercher et encore moins à les créer alors à moins que vous ne vouliez me parler de son fantastique sauté de porc je ne vois vraiment pas ce que vous me voulez. » Il se comportait comme un animal blessé, repoussant toute l’aide des autres pour ne pas souffrir, refusant de croire que sa mère pouvait être mêlée de prêt ou de loin à des histoires qui poussaient la conseillère de réinsertion à venir le trouver ici.

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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptySam 27 Avr - 22:10

C'était une drôle de façon de débuter une conversation. Romy n'avait pas besoin d'étudier les traits perplexes du fils Hartwell en face d'elle pour s'en rendre compte. Elle l'avait su au moment même où ses paroles étaient sorties de sa bouche ; quelle idée d'aller lui parler du message subliminal qu'aurait pu lui glisser sa voiture. Qu'importe, ce qui était dit l'avait été, et la petite blonde se retrouvait maintenant à tripoter son badge comme s'il lui donnait la légitimité nécessaire d'avoir osé interpeller le policier de cette façon. « Ma voiture me fait comprendre qu’elle en a marre d’être trimballée partout alors qu’elle a l’âge de la retraite. Et c'est vrai qu'à chaque fois ils me font une fouille complète, sait-on jamais que j'utilise la vieille technique de la lime à ongle dans le gâteau. » Il haussait doucement les épaules, rangeant la cigarette qu'il ne pourrait pas allumer dans son étui, et Romy se demandait brièvement ce qu'il aurait pu fabriquer avec une lime à ongles. Concentre toi, gamine. Il était temps d'entrer dans le vif du sujet, ce pourquoi elle avait traversé la moitié des bâtiments administratifs jusqu'à s'en retrouver avec les joues rosies. « Ça dépend, si c’est parce que j’utilise l’abonnement Netflix de ma voisine je peux vous certifier que ça ne lui pose aucun problème. »  Un trait d'humour que la jeune femme ne comprenait pas bien. On lisait en elle comme dans un livre ouvert, et l'incompréhension ici se traduisait par un froncement de sourcils. Était ce une parade ? Du j'm'enfoutisme ? Bien sûr que non. Lonnie venait chaque semaine rendre visite à sa mère, il tenait à elle sans aucun doute. Aussi elle s'empressa de réfléchir à comment amener son discours avec tact. "Vous avez une bonne voisine alors." qu'elle commentait pour la forme, avant de se lancer dans les présentations officielles. Nom, fonction, elle était à pas grand chose de glisser son matricule au policier pour lui assurer qu'elle n'était plus stagiaire, qu'elle avait les épaules pour ce qu'elle s'apprêtait à dire. « Elle a des ennuis ? Parce qu’elle n’a jamais eu d’ennuis ici alors je ne vois pas de quoi vous voulez parler… » En guise de réponse, Lonnie optait pour la défensive. Il s'affaissait, se laissait retomber contre sa voiture avant de soupirer ; elle n'était pas porteuse de mauvaises nouvelles, mais ça il ne pouvait pas le deviner. Romy tenta d'apaiser les choses d'un geste du bras, remontant légèrement sa paume de main face à lui. "Non, non bien sûr que non." elle tempérait du mieux qu'elle le pouvait, lui demandant par la même s'il avait un peu de temps à lui accorder. Un parking n'était sans doute pas le meilleur endroit pour tenir ce genre de conversations, mais elle n'avait pas mieux à lui proposer. La blondinette n'étant déjà pas censée opérer de cette façon... « Écoutez je ne sais pas de quoi vous voulez parler mais ma mère n’a jamais eu de problèmes ici, elle n’est pas du genre à les chercher et encore moins à les créer alors à moins que vous ne vouliez me parler de son fantastique sauté de porc je ne vois vraiment pas ce que vous me voulez. » Lonnie se braquait. Terminé la posture relâchée contre sa voiture, le fils Hartwell se relevait, croisait les bras contre son torse, et face à lui, Romy aurait presque pu sembler fragile. Presque. Elle avait l'habitude de ce genre de comportements. Elle ne se démontait pas. Son regard avait toujours la même douceur, et sa voix toujours la même prévenance. Loin d'être impressionnable, c'était son métier de désamorcer ce type de comportement dont elle savait qu'il n'était pas dirigé contre elle, du moins elle l'espérait. Avec le recul, c'était peut être (sûrement) mal-habile d'alpaguer le fils d'une détenu sur le parking après une visite sûrement compliquée émotionnellement. "Votre mère est ici depuis quasiment vingt cinq ans, ça fait plus de deux ans qu'elle aurait pu demander une libération conditionnelle.. et c'est justement car c'est une détenue exemplaire que je me permets de venir vous voir." qu'elle énonçait d'une voix claire. Gail Hartwell l'avait pourtant remballée des dizaines de fois à ce propos. Jamais directement, la prisonnière s'était contentée de changer de sujet chaque fois que Romy était venue la trouver. Elle lui parlait des différents ateliers auxquels elle aurait pu prendre part, des avancées des groupes de parole... mais rien, jamais rien au sujet de l'éventualité de quitter cet endroit. La reine de la pirouette. "Je ne saurais pas dire si elle refuse de faire une demande où si elle est effrayée à ce sujet. Elle élude mes questions chaque fois que nous avons rendez vous. Je suis désolée de venir vous voir ainsi, dans ces circonstances." parce que ton supérieur hiérarchique te tuerait s'il savait que tu allais à l'encontre de la volonté d'une détenue alors même que tu croules déjà sous les dossiers. Romy était une personne déterminée, guidée par son cœur et non sa raison. Elle avait ressenti dans l'histoire de Gail Hartwell une profonde injustice, et se questionnait beaucoup sur l'avenir de cette femme qui semblait si déconnectée de l'extérieur. Peut être était elle encore un brin trop jeune pour réussir à ne pas s'impliquer de la sorte dans ses dossiers, mais c'était pourtant sa nature de le faire. "Vous la connaissez mieux que moi. Peut être pourriez vous lui parler ? Où m'aiguiller ? J'aimerais entamer le dialogue avec elle. Un vrai dialogue." Et elle espérait sincèrement que Lonnie lui apporterait son aide. C'était pour ses enfants que Gail Hartwell s'était sacrifiée. Elle avait purgé sa peine, la perpétuité n'étant bien souvent qu'une période de sûreté que la détenue avait dépassé depuis bien longtemps maintenant. A son âge elle méritait de vivre dehors, de cuisiner dans un espace accueillant et non au sein d'une prison, de lire autre chose que les bouquins récoltés par des œuvres caritatives, alors la petite blonde soutenait le regard de son interlocuteur. Elle avait besoin du soutien du fils Hartwell pour convaincre la prisonnière qu'elle avait encore sa place dans la société.      

      
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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyLun 6 Mai - 20:31

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You're all that I hoped I'd find In every single way. And everything I would give Is everything you couldn't take. 'Cause nothing feels like home, You're a thousand miles away And the hardest part of living Is just taking breaths to stay. 'Cause I know I'm good for something I just haven't found it yet
 
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Ça faisait plus d’une vingtaine d’années maintenant que sa mère était enfermée dans cette prison, plus de vingt ans sans le moindre souci si ce n’est un tout petit incident de plat un peu trop épicé qui avait donné du fil à retordre à l’un de ses ‘camarades’, mais rien en vingt ans qui ne vaille l’intervention du personnel de la prison. Lonnie n’avait jamais reçu le moindre coup de fil, la moindre lettre recommandée indiquant que sa mère avait des problèmes et que cela nécessitait son attention, et à vrai dire le policier n’aurait pas vraiment su quoi faire en cas de complications, bien trop éloigné maintenant de Gail et de ses habitudes de prisonnière. Alors de se trouver là, pantois et interdit devant une jeune femme qui semblait avoir des questions au sujet de Mme Hartwell, ça foutait le flic dans un embarras le plus complet qui s’affichait très clairement sur son visage. La petite blonde débutait, en plus, cette conversation avec un sujet quelconque et peu approprié à l’univers carcéral qui les entourait, comme si elle cherchait le meilleur moyen d’entrer dans le  vif du sujet, n’attirant comme réponse qu’un hochement d’épaules de la part de Lonnie qui rangeait sa clope dans le paquet d’un geste lent. D’habitude il le sentait quand il avait des emmerdes, comme si un gros panneau lumineux sautillait au-dessus de sa tête, mais le policier n’avait rien tenté d’illégal ou d’immoral (si ce n’est avoir oublié de rendre un bouquin à la bibliothèque), et il pouvait sentir que la conversation à suivre n’allait pas traiter de lui mais plutôt de sa mère et que si la jeune femme avait fait tout le trajet depuis son bureau pour venir le trouver c’est que le sujet n’allait pas être très plaisant. « Vous avez une bonne voisine alors. » Perdu dans ses pensées Lonnie releva la tête un instant pour capter le regard de la jeune femme, elle aussi un peu paumée dans des mots qu’elle n’arrivait sûrement pas à sortir. « Et un compte Netflix gratuit, du coup. » Il pouvait bien voir que ses tentatives d’humour n’étaient pas appréciées, soit parce qu’elle ne comprenait pas un mot de ce qu’il disait, soit parce qu’elle avait autre chose à faire que de l’entendre pialer des propos incohérents. Romy Ashby avait donc des questions sur Gail Hartwell dont elle ne trouvait les réponses ni dans les articles de journaux ni dans les mots de la concernée qui se voulait sûrement muette, par peur de s’attirer des problèmes. Lonnie afficha une position défensive sans même s’en rendre compte, croisant les bras sur sa poitrine pour contenir une respiration hasardeuse alors qu’il imaginait déjà le pire pour sa mère, orientant de suite la conversation sur les potentiels ennuis qu’elle pouvait avoir et qui aurait été la source des insomnies de son fils. « Non, non bien sûr que non. » Ashby pouvait sûrement voir le soupir de soulagement qu’avait exprimé le policier alors que les muscles de sa mâchoire se détendaient devant la réponse de la blonde. Elle n’avait pas de problèmes, Lonnie pouvait dormir sur ses deux oreilles. Faute de comprendre ce qu’il faisait ici, à discuter avec cette jeune femme en plein milieu du parking de la prison, le policier s’empressa de renvoyer la conseillère dans ses 22 alors qu’il faisait tourner la clé de la voiture dans la serrure, histoire de bien montrer son intention de foutre le camp d’ici au plus vite. «  Votre mère est ici depuis quasiment vingt-cinq ans, ça fait plus de deux ans qu’elle aurait pu demander une libération conditionnelle… et c’est justement car c’est une détenue exemplaire que je me permets de venir vous voir. » Sourcil qui hausse, bras qui se détendent légèrement, Lonnie ne peut s’empêcher d’affiche une moue perplexe alors qu’il laisse tomber la serrure de la porte, les clés tournoyant dans le vide. « Donc vous avez traversée toute la prison pour me dire que tout se passe bien avec ma mère ? » Sans même prendre le temps que de connaître le fin mot de l’histoire le policier avait adressé un sourire à Ashby avant de reprendre. « Un coup de fil aurait suffi. » Le Hartwell se voulait plus malin que la jeune femme qui, par politesse sûrement, ne montrait aucuns signes d’énervement face à l’attitude déplaisante de Lonnie. « Je ne saurai pas dire si elle refuse de faire une demande ou si elle est effrayée à ce sujet. Elle élude mes questions chaque fois que nous avons rendez-vous. Je suis désolée de venir vous voir ainsi, dans ces circonstances. » Lonnie avait du mal à suivre, si bien que son visage afficha maintenant une moue décousue alors qu’il se battait intérieurement pour remettre les pièces du puzzle dans l’ordre. Voulait-elle que sa mère pose une demande de liberté conditionnelle ? Voulait-elle en apprendre plus sur cette femme qui était persuadé de mériter son sort ? Lonnie n’avait jamais parlé de ce genre de chose avec sa génitrice, préférant que les questions de bases aux déferlements de sentiments dont ni l’autre ni l’autre n’était adeptes. « Je suis pas sûr de tout comprendre mademoiselle Ashby, vous venez me voir parce que ma mère refuse de vous parler en rendez-vous ? » Il était loin d’être stupide, avait même un esprit un peu plus logique que les autres, mais dès qu’il s’agissait de sa mère Lonnie avait du mal à additionner deux et deux. « Vous la connaissez mieux que moi. Peut-être pourriez-vous lui parler ? Ou m’aiguillier ? J’aimerai entamer un dialogue avec elle. Un vrai dialogue. » Hartwell avait pincé les lèvres, passé une mainte moite sur son front alors qu’il maudissait un peu plus son allume cigare de n’être qu’un traite de mèche avec le briquet qui devait se la couler douce entre les coussins du canapé. « Vous voulez que je lui parle de quoi ? De sa libération conditionnelle ? » Le policier avait enfoncé ses mains dans ses poches, encore plus sur la défensive maintenant qu’Ashby était entré dans le vif du sujet. « Ma mère est persuadée qu’elle mérite d’être là où elle est aujourd’hui. Ni vous ni moi ne pouvons lui faire changer d’avis, plus après toutes les années qu’elle a déjà passées ici. » Maintenant complètement appuyé sur la voiture Lonnie avait ce sourire de déception sur le visage, un sourire presque inhumain, et il regrettait d’avoir à briser ainsi les espérances de la blonde qui ne faisait, manifestement, que son boulot. « Croyez-moi, lui parler ne changera rien à ce qu’elle pense, même si je rêve de la revoir un jour à l’extérieur de cette prison elle ne changera pas d’avis. Désolé, mademoiselle Ashby. » Un haussement d’épaule, un regard jeté au sol, et voilà Lonnie replongé dans les brides de son passé, là où sa mère avait encore le droit de le serrer dans ses bras.

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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyJeu 9 Mai - 12:37

Elle s'était fait des dizaines de scénarios possibles sur cette première rencontre avec Lonnie Hartwell, sur ce qu'elle avait à lui dire ou quel comportement adopter pour amener le sujet. Un exercice délicat -ou du moins peu familier- pour la toute jeune conseillère qu'elle était, mais quoi qu'il en soit : jamais elle ne se serait imaginé débuter cette conversation de la sorte. Sans doute aurait-elle dû se montrer plus professionnelle, lui envoyer un courrier en pli recommandé, voire même lui passer un appel via le téléphone fixe de la prison. N'importe quoi qui ne ressemble pas à une fin de course sur un parking, les joues rosies par ce presque effort et des baskets un brin trop informelles aux pieds pour le type de discours qu'elle s'apprêtait à tenir. « Et un compte Netflix gratuit, du coup. » Ah, ça aussi. Elle était à pas grand chose de rebrousser chemin, de se dégonfler en prétextant quelque chose pour quitter cet endroit. Cette rencontre n'avait rien de conventionnel, et la petite Ashby le savait bien. Ce qu'elle faisait là dépassait le cadre de ses fonctions, mais visiblement sa spontanéité et son instinct étaient plus fort que son amorce de bon sens, car bien qu'elle se soit préparée à entamer le dialogue avec le fils Hartwell, elle se perdait dans ses paroles à mesure qu'elle comprenait tout l'enjeu de cette conversation. Note pour l'avenir : la prochaine fois qu'elle avait à interpeller quelqu'un : en énoncer clairement la raison dès le début de la discussion plutôt que de se confondre en banalités.
Fronçant doucement les sourcils, ne serait-ce que pour intimer à ses neurones de se ressaisir, la jeune femme fit face à un Hartwell bien plus perdu qu'elle ne l'était quant à sa présence ici. Leurs regards se croisaient un instant, puis Romy se décida enfin à fournir des explications avec tout le tact qu'elle avait en sa possession. Si d'ordinaire la petite blonde était amenée à tempérer les demandes de libération conditionnelle des détenues, le cas Gail Hartwell était différent de tout ce qu'on lui avait enseigné. La mère de famille avait pris le caractère perpétuel de sa sanction au pied de la lettre, comme si elle s'était résignée à abandonner sa liberté en enfilant sa combinaison beige. A ses yeux, la petite Ashby n'était qu'une employée comme elle en avait vu défiler des dizaines, la blondinette qui remplaçait Maggie aux ateliers administratifs auxquels elle ne prenait jamais part. Elle l'appréciait pourtant, du moins, Romy s'en était fait cette impression tant elle s'était sentie assez en confiance pour lui confier son histoire. Lonnie lui apparaissait presque comme familier, comme ce bout de chou dépeint par une mère bloquée dans les souvenirs. Lui et son frère Harvey semblaient être sa seule raison de tenir un équilibre de façade, elle était animée par les souvenirs, les ressassaient en boucle comme un vieux disque rayé.

En face d'elle, le policier semblait passer par des dizaines de ressentis différents, entre le soulagement, l'agacement et quelque chose qui ressemblait à de l’autoprotection. La case prison avait beau être nécessaire à la justice, il n'en restait pas moins que ce monde carcéral était un environnement nuisible, pour les détenues comme pour leurs proches. La nervosité de son interlocuteur était compréhensible, aussi accusait elle avec calme les retours de ces paroles qu'elle avait lancées quelques secondes plus tôt. « Donc vous avez traversé toute la prison pour me dire que tout se passe bien avec ma mère ? Un coup de fil aurait suffi. » Le sourire de façade affiché par Lonnie chatouillait la vivacité de Romy qui aurait été tentée de lui rétorquer quelque chose comme : "J'ai traversé toute la prison par respect pour votre mère" mais elle s'abstint, sachant pertinemment qu'elle marchait sur des œufs et que son projet n'aboutirait jamais s'il ne lui filait pas un coup de main. Ce n'était de toute façon pas comme si le fils Hartwell s'en moquait tant la mine défaite qu'il affichait ensuite trahissait toute la prise de conscience qui suivait son petit discours. « Je suis pas sûr de tout comprendre mademoiselle Ashby, vous venez me voir parce que ma mère refuse de vous parler en rendez-vous ? » Pourtant, Romy était persuadée qu'il comprenait, que la main qui était venue s'échouer sur son front trahissait une nervosité compréhensible, que sa posture défensive n'était pas du j'm'enfoutisme, et qu'elle devait ravaler son envie de le secouer pour mener à bien son projet. Du moins elle y croyait. « Vous voulez que je lui parle de quoi ? De sa libération conditionnelle ? Ma mère est persuadée qu’elle mérite d’être là où elle est aujourd’hui. Ni vous ni moi ne pouvons lui faire changer d’avis, plus après toutes les années qu’elle a déjà passées ici. » Il lui en fallait beaucoup pour se retenir de lui renvoyer au visage le contenu de ses échanges avec Gail, tous les souvenirs qu'elle lui avait déballé à son sujet, ne serait ce que pour tenter l'électrochoc, et accessoirement aussi pour lui faire ravaler ce petit sourire qui lui donnait envie de sortir de sa retenue. Cette femme se terrait dans une cellule depuis quasiment un quart de siècle. Elle survivait dans un océan de souvenirs, de barrières qu'elle s'imposait pour ne pas flancher, et son fils se murait à son tour dans le constat. « Croyez-moi, lui parler ne changera rien à ce qu’elle pense, même si je rêve de la revoir un jour à l’extérieur de cette prison elle ne changera pas d’avis. Désolé, mademoiselle Ashby. » Le regard désormais orienté vers le sol, Romy sentit que la porte n'était pas toute à fait close, qu'il y avait encore quelque chose à tenter malgré les paroles au caractère définitif employées par son interlocuteur. Elle fit le tri, tenta de garder à l'esprit qu'il avait usé du mot "rêve", qu'il se retrouvait désormais à prendre appui contre sa voiture plutôt qu'en fuite. La petite blonde patientait quelques secondes pour rassembler des idées cohérentes nécessaires à la suite de son discours, mais fut pourtant rapidement interrompue dans le cheminement de ses pensées par une bourrasque qui nécessita qu'elle ne croise les bras contre son buste pour s'en protéger, accentuant encore davantage le caractère inhabituel de cette rencontre. "Elle a passé toutes ces années à s'en persuader parce que c'est ce que le système a voulu, qu'elle purge une peine." qu'elle précisait d'une voix douce, bien que ferme et un tantinet piquée au vif par ce début de conversation houleux. "Je n'aurais pas traversé la moitié de la prison pour venir à votre rencontre si la manœuvre était hors de portée. Je ne minimise pas l'importance des faits qui ont pesés contre elle, mais elle mérite une seconde chance après près de vingt cinq ans dans une cellule, vous ne pensez pas ?" Il ne faisait pas l'ombre d'un doute que cette question était déplacée, mais Romy l'assumait. De sa petite stature elle se confrontait à un homme chez qui elle essayait de réveiller quelque chose qui puisse lui apporter une brèche dans laquelle elle aurait pu s'engouffrer. Elle n'avait pas fait ce métier pour voir se mourir des âmes dans un bâtiment fait de barreaux et de barbelés, elle le faisait au contraire pour les remettre sur la bonne voie, pour les aider à trouver une place dans la société. A ses yeux, Gail Hartwell n'était pas un cas désespéré.

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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyJeu 16 Mai - 11:05

misreable at best
You're all that I hoped I'd find In every single way. And everything I would give Is everything you couldn't take. 'Cause nothing feels like home, You're a thousand miles away And the hardest part of living Is just taking breaths to stay. 'Cause I know I'm good for something I just haven't found it yet
 
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Il n’avait pas de mal à comprendre les paroles de la conseillère, après tout sa mère avait toujours eu tendance à attirer la compassion chez les autres, elle qui était de nature amicale et miséricordieuse on oubliait souvent l’acte qu’elle avait commis vingt ans plus tôt et qui lui avait valu son ticket pour la prison. Alors Lonnie n’avait pas besoin de chercher bien loin pour comprendre que Gail avait touché la jeune femme de par son histoire et sa façon d’être, il même ça touchant –d’une certaine façon – et le potentiel sympathie de la conseillère jouait clairement en sa faveur. Pourtant il gardait une posture défensive, les bras croisés sur son corps et une mine défaire sur le visage, parce qu’il refusait de se donner espoir sous peine de se voir anéanti si les démarches entamées par Romy n’aboutissaient pas. Égoïstement Lonnie avait toujours fait passé ses besoins avant ceux de sa mère, se persuadant lui-même qu’elle n’avait envie de rien sous prétexte qu’elle était enfermée, oubliant que derrière les traits fatigués de la matriarche se cachait encore une femme avec de longues années à vivre et, sans doute, une envie dissimulée de les vivre à l’extérieur de ses murs. Elle n’en parlait jamais, cependant, et le policier avait toujours pris ce silence pour un refus, alors qu’il s’agissait plutôt d’un manque de courage et d’opportunités. C’était facile pour le policier que de mettre son pessimiste sur le dos d’une mère qui ne voulait trop rien dire de peur de se voir confisquer une liberté prématurée qui aurait redonné un sens à sa vie. Alors oui, c’était affreux de penser de cette façon, d’obliger une mère à se taire parce qu’il avait peur des conséquences, de ne pas vouloir la soutenir en prétextant agir pour son bien. Lonnie se sentait minable dans les yeux de la jeune femme et n’osait plus la regarder de peur de se faire réprimander. Elle avait raison, c’était la bonne façon de penser et d’agir, mais le Hartwell avait trop longtemps traîné des pieds pour faire marche arrière, convaincu que les demandes seraient rejetées avant même d’être lues. Tant pis pour le bon sens et la clarté d’esprit, Lonnie avait déjà trop de culpabilité sur les épaules pour en plus se rajouter le poids de cette liberté conditionnelle. Parce qu’il s’imaginait déjà le pire, les doigts pointés et le regard accusateur des gens qui n’hésiteraient pas à montrer que Gail n’avait aucunement sa place dans la société, et si Lonnie était coupable il ne l’était que de vouloir le meilleur pour sa mère. La conseillère fronçait les sourcils à chaque parole, se mordant sans doute la lèvre pour ne pas rétorquer des paroles moralisatrices au Hartwell qui aurait réagi comme un gamin se faisant punir. « C’est mon job de lui trouver logement et travail qui puissent matcher avec son statut particulier. On a des partenaires sociaux dans toute la ville qui accueillent et forment les détenues en réinsertion. Je garde un contact pour qu’elles aient un visage familier les premiers temps, et ensuite je passe le relais. Le but ce n’est pas qu’elle soit livrée à elle-même, parce que si sa demande de libération conditionnelle est approuvée c’est vingt ans de sa vie qu’il faudra combler. C’est un boulot monstre, et vu son état psychologique sans doute encore plus que d’ordinaire. » Lonnie avait rendu les armes, abaissant les bras contre ses flancs avant de pencher la tête en arrière, non pas parce que la discussion l’ennuyait, mais plus parce qu’il avait l’impression d’être l’idiot de cette histoire. Encore une fois la jeune femme faisait preuve d’une patience folle avec lui, même si elle marquait son incompréhension par des fronçant de sourcils, et le policier devait avouer qu’elle avait assez d’arguments pour changer un loup en brebis, mais – comme l’idiot qu’il était – il hocha la tête à la négative. « Et je suis sûr que vous faites très bien votre travail mademoiselle Ashby, que vous aidez ces femmes en leur montrant que le verre est à moitié plein et en vous investissant dans leur dossiers . Je ne remets pas en cause votre boulot, tout ce que je dis c’est que ma mère est compliquée et que je n’irai pas l’encontre de sa volonté. Prenez-moi pour le méchant si vous voulez, mais je ne lui montrerai pas une fenêtre ouverte si c’est pour qu’elle fonce dans le mur derrière. » Il tenait le même discours qu'au début de la conversation, s'efforçant tout de même à rester le plus cordiale possible pour ne pas donner à la jeune femme une autre raison de le détester, mais Lonnie n'arrivait pas à formuler autre chose que cette excuse qui cachait son insécurité, accusant sa mère  d'avoir déjà fait son choix alors que son fils n'avait jamais abordé le sujet.

«  Lonnie, écoutez. » Le fait d'entendre son prénom dans la bouche de Romy avait calmé le policier qui, la main sur la portière de sa voiture, avait attendu de longues seconde avant de l'ouvrir.  De toute sa vie il n'avait jamais rencontré quelqu'un d'assez têtu pour continuer une conversation tournant en rond dans laquelle les deux parties campaient sur leur positions avec, en tête, l'idée de savoir mieux que l'autre. Elle avait parlé calmement, comme une mère le ferait avec un enfant qui ne veut pas écouter, mais doucement aussi, pour ne le brusquer plus qu'il ne l'était déjà. Ça lui faisait plaisir, même sans le montrer, de savoir que sa mère avait une personne comme Romy dans sa vie, quelqu'un d'assez obstiné pour ne lâcher le morceau et qui voyait du blanc quand la prisonnière ne voyait que du noir. «  Vous la connaissez mieux que moi, c'est indéniable. Mais vous ne pouvez pas dire que toute cette situation est acceptable telle qu'elle est parce que c'est faux. La première fois que j'ai eu votre mère en rendez vous, j'avais des pansements à la main gauche. J'avais oublié que j'en avais parce que j'étais en train de lui exposer les étapes d'une possible libération conditionnelle, de lui dire qu'elle avait droit de faire une demande, de faire mon job en somme. Je pensais vraiment qu'elle m'écoutait. Puis soudainement elle m'a demandé ce qu'il m'était arrivé, parce qu'elle avait deviné que je m'étais coupée en cuisinant. Et je lui ai répondu, par politesse sans doute. Ce jour la elle est ressortie de mon bureau sans avoir voulu aborder le sujet de son dossier, et moi j'étais plantée là avec une technique pour ouvrir les fruits de mer. » Les yeux rivés sur le sol le policier avait relevé la tête pour adresser un sourire timide à la jeune femme, parce qu'elle décrivait à la perfection l'attitude de cette mère, toujours soucieuse du bonheur des autres quitte à en oublier le sien. «  Par la suite elle a refusé de me voir hors des ateliers, prétextant que ce n'était pas nécessaire. Donc je suis allée la voir. J'ai passé des heures dans les cuisines de la prison avec elle, à l'entendre me parler de vous, de votre frère Harvey. Elle me parlait de vos chamailleries plus jeunes, de votre façon de froncer le nez quand elle vous faisait des choux de bruxelles et de sa manière de réussir à vous faire prendre vos médicaments quand vous étiez enfant, et tout ce que j'ai su faire en près de trois mois, c'est de réussir à faire du bourguignon sans me couper un doigt. Je ne suis qu'une interface à ses yeux. C'est vous, vous Lonnie, son fils qui pouvez m'aider à lui faire entendre raison, parce que moi toute seule j'y arriverais pas. » Le flic avait remué les épaules, incapable de secouer les paroles de la jeune femme de son esprit, maintenant ancrées en lui, et qui allaient le hanter pendant des nuits entières. « Elle fait un très bon bourguignon. » Dans sa tentative d'humour il y avait de la fragilité, une envie de dissimuler sa faiblesse derrière un sourire alors que la conseillère ne l'avait pas quitté des yeux, toujours impassible devant le comportement du policier. Elle avait du cœur, des idées à foison pour rendre le quotidien de Gail meilleur, et Lonnie ne pouvait que penser qu'elle était une meilleure gamine pour sa mère qu'il ne l'avait été. C'était triste, affligeant même, et le flic avait envie de vomir cette tristesse qui l'avait subitement envahi. Hartwell avait baissé la garde, les mains contre les flancs, incapable de penser correctement maintenant que Romy avait planté la graine du doute dans son esprit.

« Je sais pas … Je ... » Il ne voulait pas dire oui, ne voulait pas rompre les dernières barricades devant la jeune femme car il était toujours persuadé d'avoir raison, de savoir mieux qu'elle ce qui importait aux yeux de sa propre mère. A tort ou à raison Lonnie restait planté sur ses deux pieds, incapable de dire ou de faire quoi que ce soit. Alors il avait amené Harvey dans la discussion, sans doute pour enlever un peu de poids de sur ses épaules, pour se dédouaner d'être le mauvais fils de cette histoire. Romy avait besoin de toutes les informations, et même si l'aîné des Hartwell avait toujours considéré la mère comme morte Lonnie savait qu'elle serait plus respective aux paroles d'Ashby si Harvey arrivait à pardonner. «   Vous pensez qu'elle refusera de se confronter à la vraie vie tant que Harvey ne lui montre pas que cette histoire est derrière vous ? » C'était comme si elle lisait dans ses pensées et Lonnie ne put s'empêcher d'afficher un maigre sourire alors qu'il enfonçait ses mains dans ses poches. « Je pense que ça lui ferait du bien de voir Harvey, mais lui, lui il n'acceptera jamais. Même si je suis sûr que vous savez être persuasive, mon frère est bien plus compliqué que moi, c'est pour vous dire. » Encore une fois Lonnie parlait pour son frère, sans savoir ce que l'aîné comptait faire de cette information, mais persuadé d'avoir la réponse comme il était persuadé de savoir ce qui était le mieux pour sa mère. «  Et vous, vous lui pardonnez ? » Pris au dépourvu par la question de Romy le flic avait pincé les lèvres, passé une main sur son menton pour se donner un peu de constante face à l'acidité  du sujet mais surtout pour ne pas s'emporter auprès de la jeune femme. « Vous pensez vraiment que je viendrai toutes les semaines si ça n'était pas le cas ? » Comme un idiot Lonnie avait réagit avec colère, pointant un doigt vers la prison pour illustrer ses propos alors qu'il se rapprochait de Romy sans s'en rendre compte. « Hein ? Toutes les semaines je suis là. Je sais pas si vous avez remarqué mais on est pas beaucoup à venir la voir...» Il avait maintenant plus qu'envie d'une cigarette, plus pour calmer ses nerfs que par addiction, et le fait de se montrer ainsi colérique devant Ashby n'allait pas servir sa cause. « Mais vous voulez que je lui mette en tête qu'elle aura une meilleure vie dehors. C'est peut-être le cas. Peut-être qu'elle trouvera sa place dans la société et que tout se passera bien. Et peut-être que ça ne se passera pas comme ça. Vous en savez rien, au fond. Elle vous à juste touché, et c'est normal, elle est comme ça, je vous comprend. » Gail avait cette tendance à attendrir le monde, elle aurait transformé le plus grand des dictateurs en guimauve avec une simple accolade. Larmes yeux, mains tremblantes, Lonnie avait calmé sa voix pour ne pas infliger à Romy des soucis dans son travail si jamais elle venait à croiser un collègue un peu trop curieux. « Vous avez eu pitié d'elle et maintenant vous voulez que je remette toute sa vie en compte, parce que vous pensez que c'est pour le mieux. Mais la vérité c'est que vous n'avez pas le droit de me forcer à faire quoi que ce soit, ni moi, ni elle. » Lonnie avait maintenant ouvert la portière de la voiture, bien décidé à prendre les voiles avant de se briser aux pieds de Romy.
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Dernière édition par Lonnie Hartwell le Mar 21 Mai - 17:43, édité 1 fois
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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyVen 17 Mai - 17:55

Il n'avait pas fallu longtemps à Romy pour comprendre que le dialogue avec Lonnie Hartwell ne serait pas évident. Optimiste et entêtée, la jeune femme lui faisait face sans bouger d'un poil, les pieds ancrés au sol tandis que lui semblait avoir envie de mettre les voiles d'une situation qui lui échappait. D'une main qui venait se poser contre la portière de sa voiture, des bras qui se croisaient contre son torse et qui s'élevaient parfois pour palier à des propos qu'il semblait ne pas vouloir entendre ; le policier luttait, et sans doute aurait elle été plus compréhensive et encline à le laisser tranquille si le soutien qu'elle lui demandait n'était pas aussi important à ses démarches. Le parallèle avec Gail, Romy le faisait sans mal. Elle voyait bien que mère et fils adoptaient tous les deux le même pessimisme, la même posture défensive assez bancale, mais si la détenue ne pouvait pas se dérober physiquement à leurs entrevues, il n'en était pas de même pour Lonnie à qui elle adressait une nouvelle volée de  paroles qui -heureusement pour elle- fit se retourner le jeune homme, et rester encore un peu sur ce parking avec elle. « Elle a tué quelqu'un, peu importe ce qu'il m'a fait à moi, à mon frère, ou encore à elle. Toute sa vie les gens vont la voir comme la femme qui a tué quelqu'un. » et fronçant les sourcils, Romy eut besoin de quelques secondes pour comprendre enfin la position de son interlocuteur. Si elle avait d'abord était tentée de répondre que l'avis des gens importait peu lorsqu'il était question de la vie d'une femme qui avait droit à une seconde chose après avoir fait les mauvais choix, elle se ravisait pourtant aussitôt, préférant laisser ces paroles s'évanouir même si l'agacement était visible dans son regard d'ordinaire si doux. Dans ce dialogue de sourds, la jeune femme n'était de toute façon pas en reste, lançant des paroles sans doute un brin trop moralistes sur le comportement du Hartwell qu'elle jugeait trop vite, et quelques secondes de flottement, d'un silence de plomb avaient suivi ses derniers mots. « Si on fait comme voulez, si elle sort d'ici, combien de temps va-t-il se passer avant qu'elle soit pointée du doigt dans la rue ? Quand elle va vouloir chercher du travail ou un appartement, comment elle expliquera le trou de vingt ans dans sa vie ? » Relevant encore un peu le nez pour soutenir le regard de son interlocuteur dont le ton s'était montré plus soutenu, Romy prit sur elle de ne pas lui rétorquer que ce n'était pas ce qu'elle voulait, mais plutôt que de jouer sur les mots la conseillère prit sur elle et répondit d'une voix calme, mais nettement plus assurée -car lorsqu'il était question de ses fonctions, la jeune femme n'avait pas le moindre doute. quant à ses capacités- : "C'est mon job de lui trouver logement et travail qui puissent matcher avec son statut particulier. On a des partenaires sociaux dans toute la ville qui accueillent et forment les détenues en réinsertion. Je garde un contact pour qu'elles aient un visage familier les premiers temps, et ensuite je passe le relai. Le but ce n'est pas qu'elle sorte livrée à elle même, parce que si sa demande de libération conditionnelle est approuvée c'est vingt ans de sa vie qu'il faudra combler. C'est un boulot monstre, et vu son état psychologique sans doute encore plus que d'ordinaire." Et j'ai besoin de vous pour y arriver. C'était sans doute cette raison qui la poussait à demeurer calme, bien qu'un poil trop sèche et hautaine. Romy avait cette profonde volonté d'aider Gail Hartwell, de la soutenir tant elle n'avait que rarement l'opportunité de tomber sur des cas comme le sien, qui méritaient vraiment qu'on se batte pour obtenir gain de cause, alors son fils, elle le bousculait avec une retenue toute relative. « Vous semblez vouloir son bien Mademoiselle, et c'est tout à votre honneur, vraiment. » Il ne la regardait plus, comme si le poids de ses mots, de leur échange commençait soudainement à être trop pour ses épaules, et c'est après avoir inspiré longuement qu'il soufflait : « Je ne peux la forcer à faire quelque chose dont elle n'a pas envie … elle aura beaucoup trop de mal à retrouver une vie normale après tout ce temps passé ici. » comme résigné, et elle s'en serait presque voulu d'avoir à ce point heurté un point sans doute sensible et douloureux. D'une voix plus douce, mais néanmoins ferme, elle répondit : "Lonnie, écoutez." avait elle le droit de l'appeler ainsi par son prénom ? La bienséance dirait que non, mais c'était ce qu'il lui semblait être le plus logique pour le convaincre tandis qu'elle s'autorisait à glisser vers une partie si douloureuse de son existence. "Vous la connaissez mieux que moi, c'est indéniable. Mais vous ne pouvez pas dire que toute cette situation est acceptable telle qu'elle est parce que c'est faux. La première fois que j'ai eu votre mère en rendez vous, j'avais des pansements à la main gauche. J'avais oublié que j'en avais parce que j'étais en train de lui exposer les étapes d'une possible libération conditionnelle, de lui dire qu'elle avait droit de faire une demande, de faire mon job en somme. Je pensais vraiment qu'elle m'écoutait. Puis soudainement elle m'a demandé ce qu'il m'était arrivé, parce qu'elle avait deviné que je m'étais coupée en cuisinant. Et je lui ai répondu, par politesse sans doute. Ce jour la elle est ressortie de mon bureau sans avoir voulu aborder le sujet de son dossier, et moi j'étais plantée là avec une technique pour ouvrir les fruits de mer. Par la suite elle a refusé de me voir hors des ateliers, prétextant que ce n'était pas nécessaire. Donc je suis allée la voir. J'ai passé des heures dans les cuisines de la prison avec elle, à l'entendre me parler de vous, de votre frère Harvey. Elle me parlait de vos chamailleries plus jeunes, de votre façon de froncer le nez quand elle vous faisait des choux de bruxelles et de sa manière de réussir à vous faire prendre vos médicaments quand vous étiez enfant, et tout ce que j'ai su faire en près de trois mois, c'est de réussir à faire du bourguignon sans me couper un doigt. Je ne suis qu'une interface à ses yeux. C'est vous, vous Lonnie, son fils qui pouvez m'aider à lui faire entendre raison, parce que moi toute seule j'y arriverais pas." Romy avait appuyé sur pause l'espace de quelques secondes, s'était livrée à un récit qui n'obligeait pas le policier à lui parler, qui ne le poussait pas dans ses retranchements même si elle savait que ses paroles n'avaient rien d'évident. Gail était bloquée dans une autre époque, dans un autre millénaire, disons les choses clairement. La petite blonde espérait réveiller quelque chose chez son fils, lui faire comprendre qu'il était mieux pour sa mère qu'elle soit chez elle plutôt que dans cette situation sordide dans une prison ou elle n'avait plus sa place, même si ce n'était que son point de vue et que Romy n'oserait jamais le prononcer à voix haute. Les demande de remise en liberté n'étaient jamais évidentes, mais elles se tentaient. Elle le tenterait pour Gail Hartwell, car face à elle, Lonnie venait de baisser la garde. Les bras le long de son corps, il délaissait les éclats de voix pour permettre à la jeune femme d'y voir plus clair : « Mon frère, il est … il est très en colère contre elle mais elle, elle reste persuadée qu'il va venir la voir et qu'il va lui pardonner. » D'aussi loin qu'elle était remontée, Romy n'avait jamais vu le nom de Harvey passer dans les registres de la prison, mais sans doute était il venu plus jeune quand le système n'était pas aussi informatisé que maintenant. Gail en parlait toujours comme d'un "bon petit gars" mais la blondinette n'avait rien sur lui de plus consistant. « Si lui n'arrive pas à lui pardonner, vous pensez vraiment que le reste le fera ? » Elle penchait la tête sur le côté, croisait ses bras contre son buste alors que dans son esprit se déroulait une énième lutte entre conscience professionnelle et instinct. Ce n'était pas à elle de tenir cette discussion, encore moins sur un parking, mais elle n'était plus à ça près, Romy. "Vous pensez qu'elle refusera de se confronter à la vraie vie tant que Harvey ne lui montre pas que cette histoire est derrière vous ?" Elle accueillait cette information comme une nouvelle pièce du puzzle, sentant la complexité de cette affaire se dénouer petit à petit sous ses yeux. Dix minutes avec le fils Hartwell avaient été plus concluantes que trois mois de cuisine en compagnie de la matriarche. "Et vous, vous lui pardonnez ?" qu'elle demandait. Car c'était avant tout au policier que la jeune femme voulait avoir à faire, lui qui se sentait concerné et dont elle avait réussi à en percer l'armure pour se frayer un chemin jusqu'à son esprit qu'elle espérait avoir marqué. Lonnie semblait ne pas avoir perdu tout espoir, et parce qu'elle désirait que la vie de Gail ne se termine pas en prison, qu'elle demeurait persuadée qu'elle avait droit à une seconde chance ; elle continuerait d'essayer d'arranger les choses. Romy aurait été capable de remuer des montagnes pour les causes qui lui tenaient à cœur, car c'était dans ces instants, en aidant les autres, qu'elle se sentait vivre.

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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyMar 21 Mai - 17:46

misreable at best
You're all that I hoped I'd find In every single way. And everything I would give Is everything you couldn't take. 'Cause nothing feels like home, You're a thousand miles away And the hardest part of living Is just taking breaths to stay. 'Cause I know I'm good for something I just haven't found it yet
 
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Il n’avait pas de mal à comprendre les paroles de la conseillère, après tout sa mère avait toujours eu tendance à attirer la compassion chez les autres, elle qui était de nature amicale et miséricordieuse on oubliait souvent l’acte qu’elle avait commis vingt ans plus tôt et qui lui avait valu son ticket pour la prison. Alors Lonnie n’avait pas besoin de chercher bien loin pour comprendre que Gail avait touché la jeune femme de par son histoire et sa façon d’être, il même ça touchant –d’une certaine façon – et le potentiel sympathie de la conseillère jouait clairement en sa faveur. Pourtant il gardait une posture défensive, les bras croisés sur son corps et une mine défaire sur le visage, parce qu’il refusait de se donner espoir sous peine de se voir anéanti si les démarches entamées par Romy n’aboutissaient pas. Égoïstement Lonnie avait toujours fait passé ses besoins avant ceux de sa mère, se persuadant lui-même qu’elle n’avait envie de rien sous prétexte qu’elle était enfermée, oubliant que derrière les traits fatigués de la matriarche se cachait encore une femme avec de longues années à vivre et, sans doute, une envie dissimulée de les vivre à l’extérieur de ses murs. Elle n’en parlait jamais, cependant, et le policier avait toujours pris ce silence pour un refus, alors qu’il s’agissait plutôt d’un manque de courage et d’opportunités. C’était facile pour le policier que de mettre son pessimiste sur le dos d’une mère qui ne voulait trop rien dire de peur de se voir confisquer une liberté prématurée qui aurait redonné un sens à sa vie. Alors oui, c’était affreux de penser de cette façon, d’obliger une mère à se taire parce qu’il avait peur des conséquences, de ne pas vouloir la soutenir en prétextant agir pour son bien. Lonnie se sentait minable dans les yeux de la jeune femme et n’osait plus la regarder de peur de se faire réprimander. Elle avait raison, c’était la bonne façon de penser et d’agir, mais le Hartwell avait trop longtemps traîné des pieds pour faire marche arrière, convaincu que les demandes seraient rejetées avant même d’être lues. Tant pis pour le bon sens et la clarté d’esprit, Lonnie avait déjà trop de culpabilité sur les épaules pour en plus se rajouter le poids de cette liberté conditionnelle. Parce qu’il s’imaginait déjà le pire, les doigts pointés et le regard accusateur des gens qui n’hésiteraient pas à montrer que Gail n’avait aucunement sa place dans la société, et si Lonnie était coupable il ne l’était que de vouloir le meilleur pour sa mère. La conseillère fronçait les sourcils à chaque parole, se mordant sans doute la lèvre pour ne pas rétorquer des paroles moralisatrices au Hartwell qui aurait réagi comme un gamin se faisant punir. « C’est mon job de lui trouver logement et travail qui puissent matcher avec son statut particulier. On a des partenaires sociaux dans toute la ville qui accueillent et forment les détenues en réinsertion. Je garde un contact pour qu’elles aient un visage familier les premiers temps, et ensuite je passe le relais. Le but ce n’est pas qu’elle soit livrée à elle-même, parce que si sa demande de libération conditionnelle est approuvée c’est vingt ans de sa vie qu’il faudra combler. C’est un boulot monstre, et vu son état psychologique sans doute encore plus que d’ordinaire. » Lonnie avait rendu les armes, abaissant les bras contre ses flancs avant de pencher la tête en arrière, non pas parce que la discussion l’ennuyait, mais plus parce qu’il avait l’impression d’être l’idiot de cette histoire. Encore une fois la jeune femme faisait preuve d’une patience folle avec lui, même si elle marquait son incompréhension par des fronçant de sourcils, et le policier devait avouer qu’elle avait assez d’arguments pour changer un loup en brebis, mais – comme l’idiot qu’il était – il hocha la tête à la négative. « Et je suis sûr que vous faites très bien votre travail mademoiselle Ashby, que vous aidez ces femmes en leur montrant que le verre est à moitié plein et en vous investissant dans leur dossiers . Je ne remets pas en cause votre boulot, tout ce que je dis c’est que ma mère est compliquée et que je n’irai pas l’encontre de sa volonté. Prenez-moi pour le méchant si vous voulez, mais je ne lui montrerai pas une fenêtre ouverte si c’est pour qu’elle fonce dans le mur derrière. » Il tenait le même discours qu'au début de la conversation, s'efforçant tout de même à rester le plus cordiale possible pour ne pas donner à la jeune femme une autre raison de le détester, mais Lonnie n'arrivait pas à formuler autre chose que cette excuse qui cachait son insécurité, accusant sa mère  d'avoir déjà fait son choix alors que son fils n'avait jamais abordé le sujet.

«  Lonnie, écoutez. » Le fait d'entendre son prénom dans la bouche de Romy avait calmé le policier qui, la main sur la portière de sa voiture, avait attendu de longues seconde avant de l'ouvrir.  De toute sa vie il n'avait jamais rencontré quelqu'un d'assez têtu pour continuer une conversation tournant en rond dans laquelle les deux parties campaient sur leur positions avec, en tête, l'idée de savoir mieux que l'autre. Elle avait parlé calmement, comme une mère le ferait avec un enfant qui ne veut pas écouter, mais doucement aussi, pour ne le brusquer plus qu'il ne l'était déjà. Ça lui faisait plaisir, même sans le montrer, de savoir que sa mère avait une personne comme Romy dans sa vie, quelqu'un d'assez obstiné pour ne lâcher le morceau et qui voyait du blanc quand la prisonnière ne voyait que du noir. «  Vous la connaissez mieux que moi, c'est indéniable. Mais vous ne pouvez pas dire que toute cette situation est acceptable telle qu'elle est parce que c'est faux. La première fois que j'ai eu votre mère en rendez vous, j'avais des pansements à la main gauche. J'avais oublié que j'en avais parce que j'étais en train de lui exposer les étapes d'une possible libération conditionnelle, de lui dire qu'elle avait droit de faire une demande, de faire mon job en somme. Je pensais vraiment qu'elle m'écoutait. Puis soudainement elle m'a demandé ce qu'il m'était arrivé, parce qu'elle avait deviné que je m'étais coupée en cuisinant. Et je lui ai répondu, par politesse sans doute. Ce jour la elle est ressortie de mon bureau sans avoir voulu aborder le sujet de son dossier, et moi j'étais plantée là avec une technique pour ouvrir les fruits de mer. » Les yeux rivés sur le sol le policier avait relevé la tête pour adresser un sourire timide à la jeune femme, parce qu'elle décrivait à la perfection l'attitude de cette mère, toujours soucieuse du bonheur des autres quitte à en oublier le sien. «  Par la suite elle a refusé de me voir hors des ateliers, prétextant que ce n'était pas nécessaire. Donc je suis allée la voir. J'ai passé des heures dans les cuisines de la prison avec elle, à l'entendre me parler de vous, de votre frère Harvey. Elle me parlait de vos chamailleries plus jeunes, de votre façon de froncer le nez quand elle vous faisait des choux de bruxelles et de sa manière de réussir à vous faire prendre vos médicaments quand vous étiez enfant, et tout ce que j'ai su faire en près de trois mois, c'est de réussir à faire du bourguignon sans me couper un doigt. Je ne suis qu'une interface à ses yeux. C'est vous, vous Lonnie, son fils qui pouvez m'aider à lui faire entendre raison, parce que moi toute seule j'y arriverais pas. » Le flic avait remué les épaules, incapable de secouer les paroles de la jeune femme de son esprit, maintenant ancrées en lui, et qui allaient le hanter pendant des nuits entières. « Elle fait un très bon bourguignon. » Dans sa tentative d'humour il y avait de la fragilité, une envie de dissimuler sa faiblesse derrière un sourire alors que la conseillère ne l'avait pas quitté des yeux, toujours impassible devant le comportement du policier. Elle avait du cœur, des idées à foison pour rendre le quotidien de Gail meilleur, et Lonnie ne pouvait que penser qu'elle était une meilleure gamine pour sa mère qu'il ne l'avait été. C'était triste, affligeant même, et le flic avait envie de vomir cette tristesse qui l'avait subitement envahi. Hartwell avait baissé la garde, les mains contre les flancs, incapable de penser correctement maintenant que Romy avait planté la graine du doute dans son esprit.

« Je sais pas … Je ... » Il ne voulait pas dire oui, ne voulait pas rompre les dernières barricades devant la jeune femme car il était toujours persuadé d'avoir raison, de savoir mieux qu'elle ce qui importait aux yeux de sa propre mère. A tort ou à raison Lonnie restait planté sur ses deux pieds, incapable de dire ou de faire quoi que ce soit. Alors il avait amené Harvey dans la discussion, sans doute pour enlever un peu de poids de sur ses épaules, pour se dédouaner d'être le mauvais fils de cette histoire. Romy avait besoin de toutes les informations, et même si l'aîné des Hartwell avait toujours considéré la mère comme morte Lonnie savait qu'elle serait plus respective aux paroles d'Ashby si Harvey arrivait à pardonner. «   Vous pensez qu'elle refusera de se confronter à la vraie vie tant que Harvey ne lui montre pas que cette histoire est derrière vous ? » C'était comme si elle lisait dans ses pensées et Lonnie ne put s'empêcher d'afficher un maigre sourire alors qu'il enfonçait ses mains dans ses poches. « Je pense que ça lui ferait du bien de voir Harvey, mais lui, lui il n'acceptera jamais. Même si je suis sûr que vous savez être persuasive, mon frère est bien plus compliqué que moi, c'est pour vous dire. » Encore une fois Lonnie parlait pour son frère, sans savoir ce que l'aîné comptait faire de cette information, mais persuadé d'avoir la réponse comme il était persuadé de savoir ce qui était le mieux pour sa mère. «  Et vous, vous lui pardonnez ? » Pris au dépourvu par la question de Romy le flic avait pincé les lèvres, passé une main sur son menton pour se donner un peu de constante face à l'acidité  du sujet mais surtout pour ne pas s'emporter auprès de la jeune femme. « Vous pensez vraiment que je viendrai toutes les semaines si ça n'était pas le cas ? » Comme un idiot Lonnie avait réagit avec colère, pointant un doigt vers la prison pour illustrer ses propos alors qu'il se rapprochait de Romy sans s'en rendre compte. « Hein ? Toutes les semaines je suis là. Je sais pas si vous avez remarqué mais on est pas beaucoup à venir la voir...» Il avait maintenant plus qu'envie d'une cigarette, plus pour calmer ses nerfs que par addiction, et le fait de se montrer ainsi colérique devant Ashby n'allait pas servir sa cause. « Mais vous voulez que je lui mette en tête qu'elle aura une meilleure vie dehors. C'est peut-être le cas. Peut-être qu'elle trouvera sa place dans la société et que tout se passera bien. Et peut-être que ça ne se passera pas comme ça. Vous en savez rien, au fond. Elle vous à juste touché, et c'est normal, elle est comme ça, je vous comprend. » Gail avait cette tendance à attendrir le monde, elle aurait transformé le plus grand des dictateurs en guimauve avec une simple accolade. Larmes yeux, mains tremblantes, Lonnie avait calmé sa voix pour ne pas infliger à Romy des soucis dans son travail si jamais elle venait à croiser un collègue un peu trop curieux. « Vous avez eu pitié d'elle et maintenant vous voulez que je remette toute sa vie en compte, parce que vous pensez que c'est pour le mieux. Mais la vérité c'est que vous n'avez pas le droit de me forcer à faire quoi que ce soit, ni moi, ni elle. » Lonnie avait maintenant ouvert la portière de la voiture, bien décidé à prendre les voiles avant de se briser aux pieds de Romy.
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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyDim 26 Mai - 0:53

Elle avait commencé à lui livrer des détails sur son job, sur ce qu’elle comptait faire une fois Gail dehors. C’avait été sa manière de rendre les choses plus concrètes, de tenter d'inséminer l’idée de cette libération conditionnelle dans son esprit pour de bon, mais lorsque le fils Hartwell rejetait la tête vers l’arrière, Romy sentait la défaite pointer. Sa défaite. Jusqu’à présent elle s’était montrée patiente, elle avait choisi ses mots avec tact, et bien qu’elle n’ait pas tenté de ménager son interlocuteur, elle s’était mordue la langue une bonne dizaine de fois pour ne pas le secouer. S’entendait il seulement ? A parler du quotidien de cette femme comme s'il le comprenait ? Aux yeux de la conseillère, Gail Hartwell était bloquée vingt ans en arrière, et ce n’était pas lui rendre service que de continuer à faire comme si cette situation carcérale était convenable pour elle, pour eux. Pourtant, Romy était consciente que ce n’était pas à elle de porter ce jugement, et elle aurait aimé remuer les choses autrement qu’en imposant son avis, donc pour le moment elle rongeait son frein en voyant le policier se positionner à nouveau dans une posture qui lui permettait de ne pas trop se mouiller. « Et je suis sûr que vous faites très bien votre travail mademoiselle Ashby, que vous aidez ces femmes en leur montrant que le verre est à moitié plein et en vous investissant dans leur dossiers . Je ne remets pas en cause votre boulot, tout ce que je dis c’est que ma mère est compliquée et que je n’irai pas l’encontre de sa volonté. Prenez-moi pour le méchant si vous voulez, mais je ne lui montrerai pas une fenêtre ouverte si c’est pour qu’elle fonce dans le mur derrière. » Compliquée ?! La petite blonde s’en serait presque étranglée. Par sa nature impulsive, elle aurait eu envie de bondir, de poser ses mains sur les épaules du policier pour le remuer, de se faire minuscule et de se glisser dans son oreille pour hurler à pleins poumons qu’il n’était pas le grand méchant de l’histoire et que personne ne foncerait dans un mur si l’accompagnement était réalisé correctement. Mais là encore elle sut se contenir, allant contre sa vraie nature en se contentant de serrer les dents, parce que la libération conditionnelle qu’elle souhaitait pour la mère Hartwell ne se ferait pas si elle se mettait à remettre en question l’attitude de son fils à qui elle venait de larguer ce qu’elle imaginait être une véritable bombe.
Plutôt que de rendre la situation à nouveau délicate en se justifiant et en rebondissant sur les dernières paroles du flic, elle entreprit de désamorcer la situation en lui livrant le contenu de son premier rendez vous avec la détenue, puis de toutes les rencontres qui avaient suivies. La petite blonde avait opté pour la douceur, n’importe quoi qui aurait pu lui faire retirer la main de la portière de sa voiture. Elle voulait qu’il reste, qu’il l’écoute, qu’il se laisse convaincre, et elle aurait presque cru avoir réussi à percer son armure lorsqu’il relevait le menton pour lui adresser un maigre sourire, et si sa longue tirade n’avait récolté qu’un simple : « Elle fait un très bon bourguignon. » ce n’était rien. Romy ne s’attendait pas à ce qu’il lui demande des détails, à ce qu’ils n’entament une conversation sur les talents culinaires de la quinquagénaire. Il haussait les épaules, sa main ne reposait plus contre la portière de sa voiture. Ils pouvaient parler, et la conseillère abandonnait à son tour cette posture presque offensive qu’elle avait adopté pour se donner contenance, à peine sensible face à la tentative de trait d'humour lancée par son interlocuteur quelques secondes plus tôt. « Je sais pas … Je ... » Penchant la tête sur le côté, Romy tentait de deviner ces mots qui lui restaient sur la pointe des lèvres, sans toutefois obtenir satisfaction. Frustrée, elle avait ouvert la bouche comme prête à rétorquer un "quoi ?" qui aurait sans doute était de mauvais goût, et finalement elle abandonnait ses protestations muettes en le laissant parler de son frère, que la petite blonde considérait par déduction -à tord où à raison- comme l'un des facteurs qui faisait que Gail ne l'écoutait pas. Dans les registres des visites il n'y avait toujours eu que Lonnie. Harvey était absent, et si jusqu'à présent la petite blonde n'avait jamais su ce qu'il en était devenu du premier fils, aujourd'hui elle pouvait s'imaginer qu'il avait tout bonnement quitté le navire ; un constat qui lui serrait le cœur. « Je pense que ça lui ferait du bien de voir Harvey, mais lui, lui il n'acceptera jamais. Même si je suis sûr que vous savez être persuasive, mon frère est bien plus compliqué que moi, c'est pour vous dire. »  Touchée. Au beau milieu de la réponse du flic, Romy avait entrouvert les lèvres pour lancer quelque chose comme "J'irai lui parler" qui aurait certainement sonné comme "Laissez moi le traîner jusqu'ici si il faut." mais elle avait été devancée. Était elle si prévisible ? Probablement. "Et tout est compliqué chez vous, Lonnie Hartwell." qu'elle soufflait, à peine audible, dans un demi sourire. Une courte accalmie qui s'envolait aussi sec lorsque la question qui lui brûlait les lèvres finissait par sortir. Est ce qu'il pardonnait à sa mère ? Est ce qu'il pourrait être à ses côtés dans cette bataille qu'elle désirait mener ?  « Vous pensez vraiment que je viendrai toutes les semaines si ça n'était pas le cas ? » Lonnie pinçait les lèvres, désignait de l'index la prison derrière eux, et la colère le gagnait. « Hein ? Toutes les semaines je suis là. Je sais pas si vous avez remarqué mais on est pas beaucoup à venir la voir...» Elle le sentait se rapprocher d'elle, sans qu'il ne s'en rende véritablement compte, sans doute. Romy avait beau soutenir le regard du flic, elle peinait à donner le change. Elle se sentait fragile, des épaules pas assez larges pour soutenir la complexité qu'était la famille Hartwell à mesure qu'elle sentait la détresse émotionnelle d'un Lonnie complètement désarçonné la gagner, mais tout ce manque de confiance en elle s'évapora en quelques paroles qui la mirent de nouveau sur les rails. « Mais vous voulez que je lui mette en tête qu'elle aura une meilleure vie dehors. C'est peut-être le cas. Peut-être qu'elle trouvera sa place dans la société et que tout se passera bien. Et peut-être que ça ne se passera pas comme ça. Vous en savez rien, au fond. Elle vous à juste touché, et c'est normal, elle est comme ça, je vous comprend. Vous avez eu pitié d'elle et maintenant vous voulez que je remette toute sa vie en compte, parce que vous pensez que c'est pour le mieux. Mais la vérité c'est que vous n'avez pas le droit de me forcer à faire quoi que ce soit, ni moi, ni elle. » Le fils Hartwell avait les mains qui tremblaient, les yeux rougis, et bien que la dureté de sa voix se soit calmée, Romy ne décelait dans son regard que myriade de sentiments contradictoires, entre peur et colère. "Attendez" Alors que le policier venait d'ouvrir la portière de sa voiture, sans doute pour s'échapper, la petite blonde se précipitait presque sur cette dernière, y plaquant l'une de ses mains qu'elle retirait pourtant immédiatement. Elle se rendait compte qu'elle outrepassait certainement de loin ses fonctions, ou qu'elle agissait de manière bien trop impulsive et stupide. "Vous continuez de venir lui rendre visite, elle compte pour vous, et elle mériterait de compter autrement que derrière une vitre faire bonne figure. Elle devait purger une peine pour ce qu'elle a fait, et ce serait vous mentir si je vous disais que je pouvais faire envoler sa perpétuité en un claquement de doigts. Croyez bien que je ne suis pas là pour remuer le couteau dans la plaie, mais laissez moi l'aider." Romy avait peut être usé d'un ton trop sec, et sans doute que le fait de s'être échouée si lamentablement contre cette voiture l'avait fait se remettre en question un bref instant : jusqu'où était elle déterminée à aider cette femme ? Elle qui venait de complètement remettre en question les paroles de son interlocuteur, poursuivant ce dialogue de sourd et balayant ses doutes comme s'ils n'étaient qu'une formalité. Romy connaissait l'histoire des Hartwell pour l'avoir entendue des dizaines et des dizaines de fois ici à la prison. Elle avait rencontré la mère avec qui elle avait passé des heures à parler de tout mais surtout de rien, grappillant des anecdotes de vie pour ajouter de la matière à un dossier qu'elle aurait aimé constituer. Mais il ne s'agissait là que d'éléments de surface. Romy n'avait découvert que la partie immergée de l'iceberg Hartwell que Lonnie avait eu raison de dépeindre comme une famille complexe. Une sacrée claque pour la petite Ashby qui n'était pas au bout de ses peines pour arriver à y voir clair. "Je n'ai pas pitié, de personne. Et je ne vous force à rien du tout. Je fais mon job." qu'elle s'empressait de repréciser, plus doucement. "Ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire. Mais je ... enfin, vous n'avez pas le droit de vous montrer si pessimiste. Pas avec un sujet de ce genre. Vous avez peur qu'on la pointe du doigt ? Mais vous devriez vous en moquer. Je vous parle de rendre la liberté à votre mère. Sa liberté. Vous savez comment ça se passe la dedans hein ?" qu'elle s'emportait presque, d'une voix étonnamment douce pour la dureté de ses mot. De son menton elle se retournait brièvement pour désigner les bâtiments de la prison, en écho à leur échange précédent. "Pour l'instant elle va bien. Et cette situation peut se poursuivre encore des années et des années ou bien empirer. Parce qu'elle deviendra vieille. Qu'elle n'aura connu que les quatre murs de sa cellule, les douches tous les deux jours et les nuits dans des couchettes en polyester inconfortables. C'est ça que vous appelez son équilibre ?" Romy allait sans doute trop loin, mais pourtant le ton employé n'était pas celui du reproche. Elle voulait le convaincre, elle voulait qu'il soit du même avis qu'elle, entêtée comme elle l'était, alors son regard ne se dérobait pas au sien. La petite blonde refusait de le laisser partir sans avoir reçu au moins l'ébauche d'une alliance.  

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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyVen 7 Juin - 18:51

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Elle pensait sans doute pouvoir l’apaiser en lui livrant les détails de son boulot, de cette façon qu’elle avait d’accompagner les détenues pendant quelques temps afin de ne pas les dépayser, on pouvait certainement lire dans le regard de la jeune femme que ses paroles étaient pleines de vérités, qu’elle avait autre chose à faire que de mentir aux familles des pensionnaires. Elle aurait sûrement eu raison de lui, à l’usure, si Lonnie n’avait pas été aussi borné, aussi têtu, trait de caractère hérité de sa mère et qu’il passerait sans doute à ses gamins s’il en avait un jour. Et Romy aurait eu gain de cause, le flic aurait vu se glisser sur le visage de la blonde un sourire vainqueur alors qu’il se serait terré dans un monde de silence et de « peut-être que ». Gail méritait mieux qu’un fils hésitant et perdu, le bleu l’avait toujours su même si il avait préféré ne rien dire. Elle méritait un conquérant, un fils qui aurait déplacé toutes les montagnes du monde rien que pour la voir enfin autre part que derrière une vitre sale, pendue au téléphone, un sourire fatigué sur les lèvres. Mais Lonnie était faible, apeuré par cette situation sur laquelle il n’avait aucun contrôle et qu’il devait affronter seul, sans l’aide de son frère qui aurait sûrement fait pencher la balance dans cette histoire. Il était seul, depuis le début de l’emprisonnement, et de voir quelqu’un se battre autant pour sa mère révélait chez le jeune homme une pointe de jalousie insoupçonné jusque-là. Romy se battait, soulevait des montagnes, se faisait conquérant pour une femme qu’elle ne connaissait que très peu. Ça le rendait fou, triste, misérable. Il l’écoutait parler sans rien dire, les mains dans les poches, les épaules baissés, culpabilisant de se faire ainsi remonter les bretelles mais la conseillère qui avançait doucement ses pions sur l’échiquier, remuant Lonnie jusque dans les entrailles, main pesante sur ses épaules, petite voix dans sa tête qui n’allait pas le quitter pendant des jours. Haussant un demi sourire sur ses lèvres alors qu’Ashby énumérait sa première rencontre avec la mère de famille le flic n’avait pas pu se retenir de chanter les louanges des petits plats préparés par sa mère dont il gardait un merveilleux souvenir, c’était peut-être là la première fois qu’il baissait un peu sa garde, qu’il se montrait plus enclin à la discussion. Elle était entré dans sa tête, la petite conseillère, avait fait son trou dans l’esprit du flic, gagné une première manche. Il ne pourrait plus penser à autre chose qu’aux paroles de Romy, et c’était ce qu’elle voulait, être assez vive dans ses paroles pour percer un trou sous la carapace fragile du Hartwell qui avait lâché la portière de la voiture pour laisser ses bras ballants contre ses flancs. Harvey pouvait être une solution de replis, un moyen de se protéger, après tout il n’était pas le plus mauvais de fils, rendant visite à sa mère au moins une fois par semaine alors que l’aîné de la fratrie n’arrivait même pas à envoyer un message pour lui souhaiter son anniversaire. Si Romy était occupée avec Harvey le flic aurait sans doute le temps de souffler, loin de la pression, et d’évaluer les paroles de la blonde afin de se faire sa propre décision, aussi compliqué soit le fait de parler à l’aîné qui refusait tout contact de près ou de loin avec la matriarche. « Et tout est compliqué chez vous, Lonnie Hartwell. » C’était la première fois qu’elle s’essayait à ce que Lonnie prenait pour une ‘tentative d’humour’, délibérée ou non, et il avait dû se pincer les lèvres pour ne pas sourire.  « Vous avez remarqué vous aussi ? » Dans d’autres circonstances cette discussion aurait pu être plaisante pour le jeune homme, mais il savait que ce ton un peu sarcastique ne fonctionnait pas vraiment avec Ashby, aussi froide qu’une porte de prison (pun intended).

Pointant de l’index la prison située derrière elle Lonnie n’avait pu s’empêcher d’exploser sous la pression, rendu coupable de ne pas faire assez alors – qu’à ses yeux – il en faisait déjà beaucoup. Lèvres tremblantes, mains qui en faisaient de même, le Hartwell avait déversé sa colère sur Romy qui avait osée questionner son pardon. Soutenant son regard la petite blonde ne s'était pas démontée devant les propos haineux du flic, à bout de son souffle, en bout de course quant à cette situation qui n'avait – maintenant – ni queue ni tête. C'était l'erreur de trop pour le jeune homme, la petite étincelle de rage qui avait mis un terme à tous les espoirs de la conseillère qui ne verrait maintenant en lui plus qu'un gamin colérique, incapable de réfléchir à ce qui serait le mieux pour sa mère, incapable de voir plus loin que le bout de son nez. La main sur la portière, bien décidé de quitter cet endroit et à fuir le regard culpabilisant de la jeune femme, Lonnie avait sursauté alors qu'Ashby repoussait la porte d'un geste vif. « Attendez. » Aussi surpris pas la porte qui se refermait d'un coup sec que par l'attitude de la blonde Lonnie n'avait pas eu le temps de réagir alors que la portière de sa voiture claquait dans un bruit sonore. Elle avait du culot, personne ne pouvait lui enlever, et si le flic n'avait pas été aussi aveugle il aurait presque put s'enthousiasmer de la situation, lui qui avait toujours trouvé les femmes de caractère plus charmante que les autres. Mais ça n'était pas le moment, pas la bonne personne, et certainement pas la bonne attitude à adopter devant la jeune femme déjà assez remontée contre lui. « Vous continuez de venir lui rendre visite, elle compte pour vous, et elle mériterait de compter autrement que derrière une vitre faire bonne figure. Elle devait purger une peine pour ce qu'elle a fait, et ce serait vous mentir si je vous disais que je pouvais faire envoler sa perpétuité en un claquement de doigts. Croyez bien que je ne suis pas là pour remuer le couteau dans la plaie, mais laissez moi l'aider. » Elle compte pour vous.... Sans savoir pourquoi cette phrase avait remuée quelque chose à l'intérieur du flic qui avait dodeliné de la tête, les lèvres pincées devant  les propos de Romy qui, dans l'agitation du moment, n'avait pas dû faire attention aux mots. « C'est ma mère, bien sur qu'elle compte pour moi. » Qu'il avait prononcé à demi mots, plus pour ce convaincre lui-même qu'autre chose. Elle n'avait pas le droit de mettre le désordre dans sa vie, pas le droit de lui faire croire que tout se passerait bien sous prétexte qu'elle en avait très envie. C'était injuste pour sa mère qui focaliserait toute son attention sur cette libération conditionnelle quitte à en perdre le sommeil, et Lonnie était toujours persuadé qu'Ashby avait plus en tête que le simple fait d'être une bonne âme.

« Je n'ai pas pitié, de personne. Et je ne vous force à rien du tout. Je fais mon job. » Le flic, fronçant les sourcils, avait passé une main contre son menton rugueux, mordant sa langue pour ne pas dire quelque chose de trop tranchant. « Et vous faites pareil avec toutes les familles de vos détenus, en les suivant dans la rue pour les persuader de faire ce que vous voulez ou j'ai le droit à un traitement de faveur ? » Cynique, exécrable même pour certain Lonnie était passé du côté obscure de cette situation et n'avait maintenant plus aucuns remords à traiter la jeune conseillère comme une étrangère, une petit souris dont il n'avait pas besoin dans sa vie déjà bien remplie. « Ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire. Mais je ... enfin, vous n'avez pas le droit de vous montrer si pessimiste. Pas avec un sujet de ce genre. Vous avez peur qu'on la pointe du doigt ? Mais vous devriez vous en moquer. Je vous parle de rendre la liberté à votre mère. Sa liberté. Vous savez comment ça se passe la dedans hein ? » Effectivement, ça ne lui plaisait pas. Le flic avait de nouveau croisé les bras sur sa poitrine, ça commençait à devenir une habitude et la jeune femme n'aurait pas énormément de peine à reconnaître qu'il était encore de plus mauvaise humeur qu'au tout début de leur rencontre. « Non, je n'en sais rien, mais ne vous privez pas pour me le dire. » Combat de coq, c'était à celui qui aurait l'argument le plus tranchant, la question la plus dérangeante, l'attitude la plus désobligeante. Hartwell n'avait pas l'habitude de se battre pour se faire entendre, il avait l'habitude de se taire, de se faire tout petit, et si Romy semblait plus que sûre d'elle il n'en restait pas moins que le flic en avait plus qu'assez de se faire tirer les oreilles comme un enfant capricieux. « Pour l'instant elle va bien. Et cette situation peut se poursuivre encore des années et des années ou bien empirer. Parce qu'elle deviendra vieille. Qu'elle n'aura connu que les quatre murs de sa cellule, les douches tous les deux jours et les nuits dans des couchettes en polyester inconfortables. C'est ça que vous appelez son équilibre ? » Et si elle avait raison, dans le fond ? Lonnie avait beau se cacher derrière des barrières de sarcasme il n'en restait pas moins qu'un flic avec une mère en taule, incapable de savoir ce qu'elle voulait parce qu'il ne lui posait jamais la question, convaincu qu'elle ne voulait rien d'autre que la vie qu'on lui avait donné dans cet endroit. La gorge nouée Hartwell avait ouvert la portière de la voiture le plus doucement possible, incapable de décider si il voulait continuer cette conversation ou non, complètement perdu. « Vous pensez qu'elle fait semblant ? D'aller bien ? » C'était sa plus grande peur, le talent d'Achille de cette relation mère-fils bancale. « Regardez moi dans les yeux et dites moi qu'elle ne fait pas semblant, qu'elle ne m'a pas menti pendant des années en me faisant croire que c'était la seule issue. » Il connaissait la réponse à cette question, peu importe la façon dont il la tournait dans sa tête, et Ashby n'allait que le conforter dans son idée, créant un vide dans sa poitrine. « Il faut que je parle à mon frère. » Encore une fois ses paroles n'étaient destinées qu'à lui mais parfaitement audible pour la jeune femme, si elle prêtait attention au charabia qui sortait de la bouche du flic. Confronter Harvey, se plier en quatre devant lui pour lui arracher une promesse, celle de rendre une seule et unique visite à leur mère afin de lui pardonner, de lui dire qu'elle peut arrêter de faire semblant, de la laisser reprendre son souffle, sa vie.
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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyMer 12 Juin - 19:05

Cette discussion n’entrait dans aucun des scénarios que s’était imaginé Romy quant à cette rencontre avec le fils Hartwell. Si elle avait d’abord laissé sa spontanéité parler pour essayer de le convaincre que sa démarche était la bonne, elle n’avait en revanche pas prévu la palette d’émotions contradictoires qui –à juste titre- naissait chez lui, et qu’il faisait en retour naître chez elle. Oscillant entre colère et entêtement, la jeune femme semblait avoir trouvé une âme à sa hauteur lorsqu’il était question de ne pas laisser l’autre avoir le dernier mot. « Vous avez remarqué vous aussi ? » qu’il répondait, calé sur la même longueur d’ondes. Un trait d’humour, presque une trêve, et si Romy s’efforçait de ne pas céder ne serait-ce à un minuscule petit sourire pour garder un professionnalisme (qui s’était déjà fait la malle lorsqu’elle avait accouru sur ce parking) elle percevait toutefois dans le regard de son interlocuteur une pointe de cynisme qui était apaisante malgré l’étrangeté de la chose. Quelque part ce lien qu’ils tissaient au cours de cette discussion méritait de ne pas se cantonner à la froideur d’une réalité si dramatique.

Comme si jusqu’à présent il ne s’agissait que d’un tour de chauffe, le ton grimpait à mesure que la conseillère s’autorisait à mettre en lumière une situation qui lui semblait hors des réalités, hors de ses réalités. Romy  peinait à intégrer qu’il ne s’agissait là que de son point de vue, que le type en face d’elle avait dû se retourner maintes et maintes fois le cerveau depuis que sa mère était emprisonnée. On la lui avait enlevée, ou plutôt, elle s’était elle-même soustraite à ses fils pour les protéger d’un homme sur lequel elle n’avait pas eu le moindre contrôle. C’était un fait qui s’était produit alors que Lonnie et son frère n’étaient que de tous jeunes garçons, qu’il avait dû grandir et composer avec cet équilibre précaire depuis toujours ; alors elle accusait le coup, consciente qu’elle bouleversait plus qu’elle ne réconfortait. L’index qu’il pointait vers la prison, sa colère perceptible, sa voix brisée : la jeune femme prenait toute cette peine, cette rage qu’il émettait, mais elle ne l’aurait pas laissé partir. Par un réflexe -qui n’aurait pas dû en être un- la petite blonde avait fait barrage à cette foutue portière qui tendait davantage à un signal d’alarme qu’à autre chose. Cette dernière se refermait d’un coup sec, causant un regard surpris chez son interlocuteur (et quoi de plus normal) mais elle s’en foutait bien. Usant d’un petit discours qu’elle pondérait difficilement, la petite blonde tentait de choisir ses mots plus vite que ses lèvres n’auraient aimé livrer son ressenti à chaud. Elle voulait savoir, elle voulait avoir des éclaircissements sur ce comportement, et c'est dans un « C'est ma mère, bien sûr qu'elle compte pour moi. » qu’il lui répondait, à peine audible, qu’elle comprit qu’elle allait sans doute trop loin, qu’elle n’avait pas droit de remettre en question les paroles de cet homme à qui elle proposait de bouleverser ce qui ressemblait à un équilibre familial déjà plus qu’instable. « Je suis désolée. » qu’elle soufflait à la suite, mais quand bien même la conversation était déjà lancée. Se conditionnant presque immédiatement à tourner sa foutue langue avant de porter un jugement, la blondinette ne sut pourtant pas faire autrement que de réagir lorsqu’un cynique « Et vous faites pareil avec toutes les familles de vos détenus, en les suivant dans la rue pour les persuader de faire ce que vous voulez ou j'ai le droit à un traitement de faveur ? » la fit bondir intérieurement. Elle qui n’était pas si petite se sentait presque obligée de carrer ses épaules, de soutenir avec colère le regard du policier à qui elle aurait sans doute eu envie d’hurler quelque chose qui n’avait rien de professionnel tant elle se démenait depuis des semaines entières à tirer Gail de son mutisme borné ; en vain. « Généralement les gens qui sont là-dedans ont envie de sortir. » qu’elle rétorquait, feignant à peine la politesse tant son ton était soudainement bien plus froid. Elle n’arrivait pas à faire semblant, et toutes ses émotions se lisaient à présent sur son visage. «Prenez ça comme un traitement de faveur si ça vous chante. Entre votre mère qui me file une méthode pour ouvrir les couteaux quand je lui parle de libération conditionnelle et vous qui vous persuadez que ce que je fais n’est pas normal il faudrait peut-être que je songe à consulter. » Peut être aurait-elle du ne pas se montrer cynique en retour, mais ce serait mentir que de dire qu’elle n’avait pas été touchée par ces mots. Elle bataillait vraiment pour Gail, pour cette injustice qui la frappait et qui la révulsait, alors elle ne remettrait pas en cause ses convictions, pas même pour ce fils qui la connaissait si bien. Romy se foutait bien de sa mauvaise humeur, de ses bras croisés sur son torse ; elle tenait son regard, elle n’aurait sans doute pas le dernier mot mais elle aurait dit ce qu’elle avait à dire, et c’était sans doute l’essentiel.  « Non, je n'en sais rien, mais ne vous privez pas pour me le dire. » et alors qu’elle semblait arriver au bout de son entêtement, elle lâchait son dernier argument. Que deviendrait la mère Hartwell passé un certain âge où sa santé commencerait à décliner ? et qu’en serait-il de son état émotionnel après toute une vie gâchée entre les quatre murs d’une cellule ? Sans doute avait-elle touché la corde sensible en laissant ces paroles qui lui brûlaient les lèvres sortir, car s’il avait de nouveau ouvert la portière de sa voiture – plus doucement cette fois -, ce : « Vous pensez qu'elle fait semblant ? D'aller bien ? » lui laissait comprendre qu’elle n’avait pas perdu cette manche ; si l’on pouvait nommer cet échange ainsi. « Regardez-moi dans les yeux et dites-moi qu'elle ne fait pas semblant, qu'elle ne m'a pas menti pendant des années en me faisant croire que c'était la seule issue. » Oh. La colère ressentie précédemment avait laissé place à quelque chose qui ressemblait à de la compassion, du moins rien n’était sûr dans l’esprit encore échaudé de la jeune femme, et pourtant son expression restait neutre. Elle laissait un silence de quelques secondes s’installer, entrouvrant parfois les lèvres pour tenter de dire quelque chose qui ne sortait pas. Elle n’avait pas voulu lui rendre les choses si graves. « Lonnie, tout ce que je peux vous dire c’est que ce n’est pas sans issue pour peu qu’on prenne le temps de se battre pour ce qui en vaut la peine. » En dehors du fait que cette phrase semblait tout droit sortie d’un film, Romy la pensait sincèrement. Elle avait relevé le menton, laissé ses iris bleutés se confronter à ceux de son interlocuteur en tentant d’y amener quelque chose de différent que la colère qui l’avait fait monter dans les tours précédemment, car devant elle le fils Hartwell semblait soufflé, et elle n’avait aucune envie de jouer sur son état pour enfoncer le clou et obtenir gain de cause. Au mieux elle avait l’air d’avoir de la force pour deux, au pire elle avait l’air d’être une gamine aux joues rougies par un éclat de voix. « Il faut que je parle à mon frère. » Et ça elle ne l’avait pas vu venir. Pour la première fois le flic laissait sous-entendre qu’il ferait un pas vers son idée –du moins elle le déduisait- et ces paroles qui ne lui étaient sans doutes pas destinées, elle les interceptait pourtant sans y avoir été conviée. « Je peux vous aider ? »  Car il ne se débarrasserait pas d’elle, pas maintenant qu’elle avait réussi à trouver une faille dans laquelle s’y engouffrer toute entière.
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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptyMar 18 Juin - 18:13

misreable at best
You're all that I hoped I'd find In every single way. And everything I would give Is everything you couldn't take. 'Cause nothing feels like home, You're a thousand miles away And the hardest part of living Is just taking breaths to stay. 'Cause I know I'm good for something I just haven't found it yet
 
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Dans d’autres circonstances Lonnie aurait pu s’enticher de la jeune femme qui, aujourd’hui pourtant, mettait un point d’honneur à lui casser les pieds à foutre la merde dans son esprit. Elle n’avait pas l’air stupide, semblait supporter le poids d’un boulot pas forcément évident à faire, et – cerise sur le gâteau – arrivait à comprendre la pointe d’ironie que le flic avait laissé plané dans sa phrase évoquant la complexité de son caractère. Les Hartwell possédaient tous ce trait de caractère, du plus âgé au plus jeune, avec Harvey comme digne représentant de cette marque de fabrique : « compliqué et un peu con ». Romy Ashby avait une tête bien pleine en plus d’être bien faite alors le flic savait qu’il était tombé sur un morceau coriace dont il ne pourrait pas se défaire si facilement à moins de couper court à la conversation tout de suite. Mais elle avait mis le doute dans son esprit, l’avait jeté dans la mer infestée de requin sans une seule bouée de sauvetage, et Lonnie était maintenant aveuglé par sa propre colère, incapable de voir plus loin que son propre intérêt, son propre confort. Alors oui, ils auraient pu s’entendre à un autre moment de leur vie, et le flic avait pu déceler dans le regard de la jeune femme une pointe de sympathie alors que se retenait de ne pas sourire aux dernières paroles de l’homme. Il ne fallait pas qu’il oublie, le flic, que la position que défendait la jeune femme était délicate et qu’elle risquait gros à venir le trouver de cette façon. Troublé, tremblant, Hartwell n’arrivait pas à se défaire de l’idée que Gail n’arriverait pas à trouver une nouvelle façon de vivre sa vie, qu’elle resterait bloquée dans cet univers carcéral pour le reste de ses jours. C’était ce qu’il avait toujours pensé, sans chercher à faire autrement, rendu pantois par l’incapacité d’en faire plus, sans même vraiment essayer. Jusque dans la tombe le paternel Hartwell avait tout fait pour bousiller la vie et la santé mentale de ses proches, obligeant une femme fragile à croire qu’elle méritait son enfermement à vie, plongeant dans une dépression profonde son aîné qui ne savait plus distinguer le bien du mal, et forçant Lonnie à faire des choix qui le dépassaient. Ashby, elle, avait tout un bagage émotionnel qui lui permettait de faire la différence entre Gail la femme et Gail la détenue, chose que le flic ne semblait pas vouloir comprendre. Oh elle méritait une vie loin des barreaux et des conditions malheureuses, mais le voulait-elle vraiment ? Avait-elle menti toutes ces années afin de protéger un fils qu’elle avait déjà sauvé ?

Dans le fond il se savait coupable de ne pas en avoir fait assez pour défendre sa mère, elle qui aurait soulevé des montagnes et combattus des dragons pour le faire libérer si il avait  - au lieu d’elle – décider d’en finir avec la tristesse et la torture. Coupable du pas beaucoup, du pas assez, Lonnie avait pointé un doigt tremblant sur la prison pour essayer de s’en sortir mais n’avait récolté que le regard accusateur de la conseillère qui semblait à deux doigts de lui envoyer son poing dans le visage, sa conscience professionnelle jeté au caniveau. Elle avait la force, autant physique que mentale, de le retenir encore un peu en claquant la portière de la voiture pour ne pas que Lonnie s’en aille. De la force pour deux, pour trois peut-être, on ne pouvait pas lui enlever sa volonté de tirer la détenue de cette vie misérable. Accusant le coup, regard baissé sur le sol, le flic c’était justifié d’aimer une mère même sans savoir comment la défendre, touché par les paroles de la blonde qui semblait les regretter aussitôt. « Je suis désolée. » Qu’elle avait soufflé dans un murmure que seul Lonnie pouvait entendre, ému de savoir qu’elle reconnaissait ses erreurs d’elle-même et qu’elle était assez intelligente pour savoir où se situait la ligne entre la discussion et la provocation. Trop tard pour le flic qui s’engouffra entre deux paroles afin d’y déverser sa colère et son cynisme pointu bien que mal vu. A fleur de peau Hartwell avait précipité la blonde dans un faussé, soulignant même le caractère harcelant de cette histoire alors qu’Ashby se ressemblait en rien aux stalker pervers en quête d’histoires croustillantes, tant pis, elle paierait les pots cassés pour les autres. « Généralement les gens qui sont là-dedans ont envie de sortir. » Touché. Lonnie devait reconnaître que la blonde ne manquait pas de réparti, mais aussi qu’elle jouait gros dans cette histoire en oubliant le côté professionnel son job pour n’acter que sur le silence que Gail lui offrait à chaque sessions. « Vous avez l’impression qu’on est une famille normale ? » Sans ironie aucune dans le ton de sa voix le flic avait tout de même haussé un sourire risqué sur ses lèvres avant de se laisser tomber contre la voiture, conscient de jouer avec le feu et les nerfs de la conseillère alors qu’il persiflait sur le fait qu’elle soit venu le chercher jusqu’ici pour lui administrer son discours. « Prenez ça comme un traitement de faveur si ça vous chante. Entre votre mère qui me file une méthode pour ouvrir les couteaux quand je lui parle de libération conditionnelle et vous qui vous persuadez que ce que je fais n’est pas normal il faudrait que je songe à consulter. »

Il aurait pu en rire dans des circonstances différentes, encore une fois épaté par la répartie acérée de la jeune femme, mais incapable d’afficher un sourire à la place de son expression désinvolte malgré son envie d’applaudir les paroles de la blonde tant elles étaient bien trouvées, tant elles mettaient à mal sa façon de penser. Elle avait fait son trou, Romy Ashby, dans la famille, dans la tête de Gail même si elle prétendait le contraire, et dans les pensées de Lonnie qui n’affichaient maintenant plus que des hypothèses à base de « peut-être que ».  « Je ne sais pas quoi vous répondre, Romy. » En l'appelant par son prénom Lonnie avait espéré pouvoir calmer les choses, installer une trêve dans cette discussion qui le forçait à mettre de côté ses principes et tout ce en quoi il croyait. « Peut-être qu'elle avait raison », comme une routine dans sa tête qui n'en finissait  plus de grandir à mesure qu'il imaginait sa mère vivre une vie normale en dehors des murs de la prison. Il la voyait déjà dans une cuisine, s’affairer à préparer des plats dont elle seule avait le secret afin de nourrir des gens qu'elle n'avait jamais vu, par simple bonté d'âme. Et ça le faisait sourire, inconsciemment, de savoir que Gail pouvait avoir une vie en dehors de son 5 mètres carrés réglementaire et de sa douche tous les deux jours. Il n'avait pas caché ce sourire à Ashby, parce qu'elle se savait déjà gagnante, parce qu'elle avait réussi à ouvrir la fenêtre du possible dans l'esprit du flic. Hartwell s'en voulait de n'avoir rien vu, d'avoir fermé les yeux sur la tristesse de sa mère alors que cette dernière avait essayé de lui faire passer un message à travers ses sourires fades et ses yeux fatigués. « Lonnie, tout ce que je peux vous dire c’est que ce n’est pas sans issue pour peu qu’on prenne le temps de se battre pour ce qui en vaut la peine. » Sans même le réaliser la conseillère avait marqué de son empreinte l'histoire des petites phrases inoubliables, digne d'avoir sa place dans les bouquins, dans les films même. Elle avait de nouveau utilisé son prénom et la tension entre les deux avait disparue, laissant place à une discussion semée de doutes pour le jeune homme, pleine de promesse pour la blonde. « Tout ce que je veux c'est qu'elle soit heureuse, peut-être que j'aurai du me battre plus fort pour le montrer. » Dans un soupir le flic avait posé une main sur son visage, essuyant la fatigue sur son visage alors que les « pour » pesaient maintenant plus lourd dans la balance autrefois chancelante. Il ne restait qu'un seul obstacle à cette histoire, Harvey. Harvey qui ne voulait pas entendre parler de Gail, Harvey qui n'en avait que faire de sa mère et du fait qu'elle croupisse en prison. Car sans Harvey et son pardon la matriarche n'accepterait jamais de changer d'avis, il le savait. « Je peux vous aider ? » Sorti de ses pensées par la voix de Romy le flic avait répondu à la négative d'un mouvement de la tête, ouvrant la portière de la voiture en espérant ne pas se la prendre dans le visage si la conseillère décidait de la refermer encore une fois d'un geste violent. « Non. C'est gentil, mais je préfère m'occuper de cette partie. » Le flic avait pris place derrière le volant avant de descendre la fenêtre pour adresser un dernier regard à une Ashby qui devait se retenir de ne pas faire une petite danse de la joie, là, sur le parking de la prison. « Ça n'est pas promesse mademoiselle Ashby … mais c'est tout ce que j'ai à offrir pour le moment. » Dans un demi-sourire Lonnie avait fait ronronné le moteur avant de lancer un énième regard à cette prison qui pouvait lui apporter tout le bonheur du monde comme le foutre si pieds sous terre, et un dernier à Romy qui venait de foutre en l'air son quotidien.  
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Message(#)misreable at best (ronnie) EmptySam 29 Juin - 22:06

Parfois, Romy se demandait si sa carapace n'était que du flan, ou si elle avait vraiment réussi à arriver à se forger un caractère au fil des années. Si la jeune femme s'était toujours laissée dicter sa conduite par ses sentiments, elle n'avait jusqu'à présent jamais réussi à trouver la force de les canaliser pour en faire quelque chose de bien, quelque chose qui ne ressemble pas de près ou de loin au charabia d'une gamine un peu trop timorée. Elle était persuadée que Gail Hartwell méritait une seconde chance, que sa place n'était désormais plus en prison. Après l'avoir observée, discuté avec elle une demi douzaine de fois, la petite blonde avait fait bien plus que se laisser amadouer, se laisser toucher par son histoire. Elle se sentait suffisamment réfléchie pour dissocier son travail de l'affectif, mais parce qu'elle se sentait concernée, qu'elle se sentait les épaules de mener à bien cette possible libération conditionnelle, elle n'avait pas hésité à venir trouver Lonnie sur ce parking, dans une action qui à défaut d'être professionnelle, trahissait tout de même une volonté profonde de bien faire.

Au cours de leur discussion, Romy avait sans doute fait quelques erreurs, la première de toutes étant certainement de s'être emportée à mesure que le flic voyait sa résistance fondre comme neige au soleil. Si la jeune femme avait bien compris que la peine prononcée contre sa mère était un sujet plus que sensible pour cet homme -et quoi de plus normal- elle n'avait en revanche pas supporté qu'il puisse ne pas se sentir prêt à envisager une seconde que la vie de celle qui avait sans doute sauvé la sienne pourrait être envisagée en dehors de l'enceinte de cette maison d'arrêt. Elle n'avait pas flanché pour imposer son point de vue, pour le défendre. Ses yeux bleus d'ordinaire si tendres étaient devenus froids, sa carrure frêle s'était muée en forteresse, puis elle avait prononcé la parole de trop. Bien sûr que Gail comptait, pourquoi sinon se serait il obstiné à venir la voir chaque semaine de chaque mois de chaque année sans avoir loupé la moindre visite ? Elle s'excusait, puis avait essuyé sans bronché la colère du policier contre elle, se disant -espérant serait plus juste- qu'elle ne lui était peut être pas entièrement destinée. Romy ne s'était autorisé qu'un petit sarcasme en réaction à son dernier élan, et quelque part, elle avait sans doute réussi à désamorcer ce dialogue de sourds, malgré elle. « Vous avez l’impression qu’on est une famille normale ? » Serait-ce l'ombre d'un sourire qui fleurissait au coin des lèvres du Hartwell ? Romy avait froncé les sourcils, et elle qui jusque là s'était montrée froide, presque glaciale, était redescendue d'un cran en répondant plus doucement : "D'après vous il y en a ? Des familles normales." bien que cette question ne nécessitait pas de réponse en retour. A ses yeux la case normalité était bien trop subjective pour être prise en compte, surtout lorsqu'il était question de liens de ce genre. "En revanche vous êtes bornés. Quelque part vous tenez le cap" Bornés était peut être en deçà de la vérité, mais soit. Terminant son petit laïus, la petite blonde était arrivée à court d'arguments, et c'était peut être tant mieux. Cette discussion l'avait usée, et à défaut d'avoir pu en apprendre plus et de s'être dégoté un soutien, elle avait au moins pu faire la connaissance de ce type dont elle était persuadée qu'il se montrait bien trop dur envers lui même.

« Je ne sais pas quoi vous répondre, Romy. » Romy. En entendant son prénom plutôt qu'un "Mademoiselle Ashby" cinglant, la blonde se radoucissait à nouveau, encore un peu. Elle penchait la tête sur le côté, gardant pour elle un sourire qui n'aurait pas été le bienvenu pour rétorquer un : "Y penser." , ne serait ce que pour lui prouver que pour toutes les fois où les idées lui manqueraient, elle serait là ; elle et son optimisme débordant. Romy n'ajoutait rien d'autre, satisfaite d'avoir obtenu ce semblant de forfait qui lui assurait de s'être faite une petite place dans l'esprit entêté du flic. C'était déjà ça. Après de dernières paroles lancées à titre d'encouragement, la jeune femme l'observait se passer une main sur le visage, commençant alors à se rendre compte qu'elle avait peut être réussi à se faire entendre suffisamment pour que le Hartwell n'envisage de prendre part à son projet.  « Tout ce que je veux c'est qu'elle soit heureuse, peut-être que j'aurai du me battre plus fort pour le montrer. » Oh non. Si protester l'amènerait encore à se heurter face à un mur, Romy ne pouvait pourtant pas laisser ses paroles rester ainsi. S'autorisant à poser une main contre son avant bras pour attirer son attention, elle secouait la tête avec négation, espérant sincèrement que le regard qu'elle lui soutenait suffisait à arrondir les angles quelques minutes, puis ce fut au tour d'Harvey de venir noircir le tableau. Le fils absent, l'aîné dont Gail réclamait constamment des nouvelles et qu'elle lui dépeignait comme "un bon petit". La jeune femme avait beau avoir offert son aide, elle comprenait que Lonnie ne la décline comme il le lui expliquait avec une politesse qui la frustrait un peu, dans un sens. « Non. C'est gentil, mais je préfère m'occuper de cette partie. » D'accord. Acceptant ces paroles du mieux qu'elle le pouvait -c'est à dire très peu mais elle faisait face sans ciller-, la jeune femme prit son mal en patience, laissant cette fois le flic ouvrir sa portière sans venir s'y cogner pour le retenir. Elle comprenait qu'il avait besoin de temps pour assimiler toutes ces informations. Tout ce qu'elle espérait, c'était que ça ne lui prenne pas trop longtemps. « Ça n'est pas promesse mademoiselle Ashby … mais c'est tout ce que j'ai à offrir pour le moment. » Bien. L'observant prendre place derrière le volant et bidouiller un bouton pour descendre la vitre dans un demi sourire, Romy l'interrompit pourtant une dernière fois, d'un Attendez !" lancé avec précipitation, comme un éclair de lucidité qui la frappait. A défaut d'avoir un briquet la conseillère avait un stylo, bien qu'une carte de visite lui aurait été plus utile en cet instant. Se penchant par la fenêtre pour attraper un paquet de cigarettes qui traînait sur le tableau de bord, elle y avait apposé son numéro de téléphone de son écriture pattes de mouches, accompagné d'un "Ashby" tant elle se disait qu'un "Romy" pourrait ruiner le peu de professionnalisme restant dans cette discussion. Elle se gardait bien de lui dire qu'il s'agissait de son numéro personnel ; peu désireuse de louper un appel, c'était celui ci qu'elle lui avait donné plutôt que le fixe impersonnel de la prison. Se rappelant d'y réfléchir à deux fois sur sa façon de décrocher durant les prochaines semaines, la blonde lui avait tendu le fruit de son gribouillis, puis elle regardait ensuite la voiture de Lonnie Hartwell disparaître de son champ de vision, le sentiment de ne pas avoir totalement foiré cette première rencontre la rassurant -un peu- quant à la suite des événements. Elle y arriverait, ils y arriveraient.

- sujet terminé -  
 

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