JOHN & YOKO ⊹ I’ve reached that age where my brain goes from “You probably shouldn’t say that.” To “What the hell, let’s see what happens.”
mars 2019
Fin du service — retour à l’appartement pour récupérer ses cinquante heures de sommeil manquantes ; à ce stade, Yoko ne compte même plus le retard accumulé. En même temps, c’est de sa faute — littéralement. A vouloir enchaîner toutes ses activités sans se poser un instant, il est évident que certaines fins de journée (pour ne pas dire toutes) l’achèvent radicalement. Entre la danse, son petit job au Death Before Decaf qu’elle vient tout juste de débuter et ses quelques séances photos réalisées sous la tutelle de Zelda, la petite nippone a bien évidemment dû sacrifier son temps à l’Université (qui pour elle ne représentait de toute façon qu’une belle perte de temps et d’énergie). Ecouteurs dans les oreilles et volume au maximum résonnant dans ses tympans, elle déambule dans les rues de Fortitude Valley, l’esprit un peu ailleurs. Malgré la fatigue, elle n’en reste pas moins enjouée — car tout va bien ; réellement bien. Elle se sent vivre, revivre — elle a repris la danse depuis trois mois, découvre de nouveaux domaines qui ne cessent de la fasciner et se retrouve (pour une fois) entouré de véritables amis et non de relations éphémères comme elle en a eu l’habitude autrefois. Sourire rêveur sur ses lèvres parées d’un joli gloss brillant, elle sort son téléphone de sa poche de sweat-shirt rose pour envoyer un message à Primrose, confirmant leur rendez-vous pour le lendemain soir tout en agrémentant son texte de dizaines d’émojis (ayant plus ou moins de rapport avec le contenu) puis appuie sur le bouton bleu pour l’envoyer. Tout en continuant sa marche jusqu’à sa résidence, elle regarde vaguement son fil d’actualité sur les différents réseaux sociaux, commente une ou deux publications avant de s’arrêter brusquement lorsqu’elle relève la tête — what the fuck. Ses sourcils se froncent délicatement et elle ouvre la bouche en forme de o sans pour autant qu’un seul son n’en sorte. A quelques pas de la porte de sa propre résidence se trouve un inconnu, particulièrement bien amoché et qui semble lutter pour rejoindre une destination dont elle n’a aucune idée. Silencieuse, Yoko ne fait plus un geste — c’est un homme et à partir de cet instant, son radar de méfiance est à son maximum. Elle coupe sa musique, retire ses écouteurs et s’approche de quelques pas (plus pour accéder à l’entrée de son immeuble que pour l’aborder) ; elle hésite, réellement. Dans l’obscurité de la nuit, elle est incapable de déceler si le sang qui semble couvrir son visage est existant ou factuel (le maquillage fait des miracles en 2019). En même temps, sa conscience lui murmure que cet inconnu n’a absolument aucun intérêt à se déguiser de nuit, surtout que la période d’Halloween est passée depuis un bon moment ; mais ça reste cependant un homme capable de la mettre par terre en très exactement cinq secondes. Elle lâche un soupir, tente de calmer sa respiration qui s’accélère au fur et à mesure que la distance se réduit et glisse son téléphone dans sa poche — elle peut peut-être au moins lui demander s’il a besoin d’aide, bien qu’elle ne voit pas vraiment ce qu’elle peut lui apporter. Sa voix s’élève dans le noir, pétillante pour masquer sa peur. « T’es déjà mort ou j’ai encore le temps d’appeler une ambulance ? » — sérieusement ; mais c’est sa façon à elle de demander s’il a besoin de soutien ou si c’est plus grave et que les services de secours sont nécessaires. Yoko n’est jamais très adroite avec les autres, de surcroît avec le sexe opposé. Incapable de les cerner, elle cache son scepticisme derrière du sarcasme et de l’humour — bref, elle est chelou.
Trois heures du matin. La nuit est tombée depuis longtemps sur Brisbane. Dehors, les rues sont quasi désertes. Seuls les alcooliques trainent ici et là. Et puis, il y a toi. Pour une fois, tu n'as pas travaillé au bar ce soir. À la place, t'as participé à un des combats de boxe. Hélas, ça ne s'est pas déroulé comme prévu. Tu t'es bien battu, certes, mais ça n'a pas suffit. L'homme en face de toi était bien trop fort pour que tu puisses t'en sortir. Peut-être n'étais-tu pas au top de ta forme ? C'est possible. Depuis que tu sors avec la jolie rouquine, tu as la tête ailleurs. Parfois, tu ne te reconnais plus. La raison en est on ne peut plus simple : t'es amoureux. Personne ne le sait. Du moins, personne dans ton entourage. Charlie et toi, vous ne vous cachez pas. Te promener main dans la main avec elle en ville ne te dérange absolument pas. T'es heureux avec elle. Tu l'aimes mais t'es tellement incapable de lui dire les trois magiques que toutes les personnes amoureuses rêvent d'entendre. Peur d'être déçu à nouveau. Pourtant tout semble bien se passer avec la rouquine. Mais ce n'est que le début. Il y aura bien un moment où votre relation va déraper. Tu te connais. Le bonheur te fuit, c'est certain. D'ordinaire, tu t'en vas passer la nuit chez ta petite amie. Mais pas ce soir. Tu n'as pas envie qu'elle te voit ainsi. Charlie ne sait rien de ses combats de boxe clandestin auxquels tu participe de temps en temps. Habituellement, tu te débrouilles pour les gagner et tu t'en sors avec quelques bleus. Mais ce soir, c'est tout autre chose. Les coups ont été plus forts. Ton visage est en sang. Et t'auras de jolis bleus sur tout le corps demain matin. Pour le moment, t'as qu'une idée en tête : rejoindre ton appartement et t'avachir sur ton lit afin de dormir comme un bébé. Tu ne sais pas comment t'es arrivé jusqu'à ton immeuble. Il est tard. La journée a été longue. Épuisé, tu t'arrêtes à quelques pas de ta porte. Tu n'en peux plus. T'es à deux doigts de t'endormir dans l'escalier. Tu te moques bien de ce que peuvent bien penser tes voisins. T'es clairement pas ton assiette ce soir. À quelques mètres de toi, t'entends des bruits de pas. Qui est encore debout à cette heure-là ? Toi qui pensait être seul et ne croiser personne, c'est râté. Une voix féminine se fait entendre te demandant si t'es mort ou non. Une plaisanterie ? T'aurais bien aimé en rire mais tes côtes te font très mal alors rire n'est même pas envisageable. Tu lèves les yeux vers la demoiselle. Elle n'est pas très grande. Tu crois la reconnaitre. Elle doit être ta voisine. En tout cas, elle a l'air de vivre ici. "Tu peux juste m'aider à ouvrir cette foutue porte s'il te plait ?" Lui demandes-tu en n'oubliant pas la formule de politesse. T'es certes blessé, énervé mais tu n'en oublies pas moins la politesse. C'est l'un des principes que t'ont enseignés tes parents que tu mets encore en pratique aujourd'hui. Tu te lèves avec beaucoup de difficultés. "on est pas voisins nous deux ?" Lâches-tu en te tenant au mur.
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mars 2019
Bon ok, le dude est vivant — c’est déjà ça car Yoko ne se voyait vraiment pas commencer un massage cardiaque à trois heures du matin en pleine rue et en pleine nuit de surcroît (elle veut juste dormir !). Si sa méfiance reste à son niveau maximal (sexe opposé oblige), son rythme cardiaque se calme cependant légèrement lorsqu’il pose son regard sur elle pour lui demander simplement de l’aider à ouvrir la porte d’entrée de la résidence (et avec une formule de politesse qui arrache un sourire à Yoko — même totalement amoché, il ne semble pas avoir perdu ses bonnes manières) ; elle hoche silencieusement la tête et sort ses clés pour leur permettre l’accès à l’immeuble et aux appartements (son sourire discret persiste sur ses lèvres au souvenir de son escapade sur les murs avec Primrose) — encore un numéro digne d’un épisode des Totally Spies. Elle lui tient la porte pour qu’il puisse passer alors qu’il se relève avec beaucoup de difficulté ; pendant une seconde, elle hésite à l’aider (le soutenir) avant de se raviser. Il a certes l’air mal au point mais semble pouvoir encore tenir debout tout seul — et puis, Yoko est un véritable poids plume, incapable de porter un carton (alors tenir un type comme lui, autant abandonner l’idée !). Ses sourcils se froncent légèrement lorsque la lumière de l’entrée éclaire le visage de l’inconnu — malgré le sang qui recouvre ses traits, il lui dit vraiment quelque chose mais elle ne voit pas où — ah ! c’est son voisin et ça lui revient telle une évidence alors qu’il lui pose au même moment la question tout en se tenant au mur pour franchir la porte. « C’est bien possible, surtout si on habite dans la même résidence » réplique-t-elle, mêlant dans sa voix un certain sérieux mais une pointe de sarcasme — Captain Obvious. La petite nippone se rappelle vaguement l’avoir croisé deux ou trois fois mais Yoko est ce genre de voisine à passer en coup de vent le matin, a salué d’un geste quand elle jette ses poubelles ou a pesté parce que le gardien n’a pas récupéré son colis ; insaisissable, elle ne s’arrête que rarement pour discuter avec le quartier. Lentement, ils se dirigent vers l’escalier et alors qu’ils débutent la montée des marches avec difficulté (plus lui qu’elle qui passe devant mais se retourne régulièrement pour savoir s’il survit), elle lui lance un « J’suis au premier étage, toi aussi ? » avant de reprendre la marche en silence. Si elle sait qu’ils logent dans le même immeuble, elle n’a en revanche aucune idée de l’appartement exact dans lequel il vit — lors de leur croisement furtif, c’était la plupart du temps devant la porte d’entrée ou dans le hall de la résidence mais jamais plus loin ; des lieux de centre commun sans aucun indice. « Rassure-moi, c’pas toi le voisin relou qui écoute de l’opéra vers minuit ? Lui, j’suis à ça— » (elle se retourne et indique de la main droite un espace quasi inexistant entre son index et son pouce) « —d’aller voir le gardien pour me plaindre ou même de coller une affiche à l’entrée et m'embrouiller avec lui » ; car si Yoko aime le classique, elle a une sainte horreur de l’opéra et des grands cris qui l’accompagnent — Bianca Castafiore en voisine, merci mais non merci.
Tu ne les croises pas souvent tes voisins. Eux, ils vivent la journée et dorment la nuit. Toi, tu fais tout le contraire. Rares sont les fois où tu les croises aux abords de l'immeuble. Tu ne connais même pas le visage de certains d'entre eux. Ce soir, t'es clairement pas en état de faire la conversation à la jeune femme qui vient à ton secours. T'es pas ivre. T'as même pas bu une seule goutte d'alcool, que de l'eau. Promis monsieur l'agent ! Épuisé mais surtout très énervé, t'as juste envie de rentrer chez toi et te vautrer sur ton lit. Ou même sur le canapé. Tant que tu peux dormir et qu'on te fiche la paix, l'endroit où tu te poseras t'importe peu. T'aurais pu tambouriner à la porte afin que Maddie vienne t'ouvrir. La pauvre, elle doit dormir depuis longtemps. T'aurais aimé qu'elle t'accompagne là-bas, tout comme Charlie d'ailleurs, mais tu ne veux pas leur imposer la vision de ta défaite et de ton visage bien amochée. Ce soir, c'était un joli match. Un match corsé, serré mais un joli match. Habituellement, tu gagnes la moitié de tes combats plutôt facilement. Pour une fois, ton adversaire t'as donné du fil à retordre. Au premier round, tu menais le combat. Au second, il a repris l'avantage. Le troisième et dernier round a été extrêmement difficile. Un coup de poing bien placé sous le menton et t'es tombé en moins de temps qu'il en faut pour dire ouf. Rares sont tes combats perdus. Tu détestes être vaincus. Il va falloir redoubler d'effort et aller bien plus souvent à la salle d'entraînements. Dès demain, t'appelles Alec et vous mettez en place des entraînements intensifs. Endurance, cardio, défense. Ce n'est pas une question d'être le meilleur ou non. Tu ne veux simplement plus revivre une défaite pareil. Et ta pauvre voisine qui doit certainement prendre peur en observant ton visage plein de sang. Tu peines à ouvrir les yeux. Tu ne parviens pas à voir son visage. Te remettant péniblement sur pieds, tu te tiens au mur afin de ne pas tomber en arrière et te retrouver les fesses sur le sol. Apparemment, elle est bien ta voisine. Bon, tu ne perds pas la tête encore, ça va. Le coup ne t'as pas trop assommé. "Premier étage aussi. Numéro 65." Les bleus sur tes côtés vont être sacrément visible demain matin. Heureusement que tes vêtements les cacheront. En revanche, en ce qui concerne ton visage, tu vas devoir faire appel à Maddie et à ses produits cosmétiques pour camoufler ces bleus. Marre de te prendre des réflexions par des personnes qui n'en ont que faire de toi. Tu ne peux t'empêcher de pouffer de rire lorsque la demoiselle te prends pour ce voisin qui écoute de l'opéra à tue-tête. Encore un retraité sans gêne. "Putain me fait pas rire !" Grognes-tu en te tenant le côté droit. Apparemment c'est celui-là qui a pris le plus cher durant le combat. "Ah désolé, je ne suis pas ce type. Mais si tu trouves qui c'est, dis le moi. J'aurais deux mots à lui dire !" Sans pour autant t'énerver après lui mais il ne doit probablement pas savoir que tu travailles jusqu'à tard le matin. "J'adorerais me prendre a tête avec toi mais là, jveux juste retrouver mon lit.." Tu souffles fortement. C'est compliqué pour toi de rester debout. Tu te rassois quelques instant par terre, contre le mur en essuyant le sang qui coule de ton nez du revers de la manche. "Au fait, moi c'est John.." La politesse veut que tu te présentes alors voilà, c'est fait.
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mars 2019
La sérénité n’est pas à son maximum — faut l’avouer ; et si Yoko affiche un air détaché, sa vigilance est cependant totalement en alerte. Bien qu’il soit son voisin, il reste un inconnu sévèrement amoché mais capable de la maîtriser en très exactement trois secondes et demi. Tout en continuant sa marche dans les escaliers, son interlocuteur lui précise habiter au numéro 65 ; carrément la porte à côté en fait et la petite nippone s’étonne même de ne pas l’avoir croisé plus souvent (bon ok, elle est un véritable papillon, batifolant d’activités en activités sans jamais réellement se poser — la probabilité d’un éventuel croisement avec son voisin frôle la négativité, ne serait-ce que de par son planning). Il lâche un rire (douloureux) à son commentaire sur la Castafiore et grogne en se tenant le côté droit qu’elle ne doit pas le faire rire — ça esquisse un sourire sarcastique sur les lèvres de Yoko qui se détend légèrement. « Désolée, c'est un talent naturel chez moi d'être drôle, j’arrive pas à contrôler » réplique-t-elle avec amusement, regard narquois empli de malice qu’elle pose sur lui pour lui indiquer être pleinement dans l’ironie ; s’il se vexe, tant pis ! Il indique ne pas connaître le voisin responsable de ses insomnies sonores et une moue faussement déçue se dessine sur le visage de la jeune nippone — merde, elle va devoir continuer son enquête. En difficulté, il s’arrête dans le couloir après leur montée des marches et Yoko l'imite dans ses mouvements, sans pour autant s'assoir et prendre place à ses côtés (plus détendue mais pas moins méfiante pour autant) ; elle fronce les sourcils en notant de nouvelles blessures sur son visage, désormais éclairé par les lumières de la résidence — il n’a vraiment pas du passer un bon moment. « Idem, j’rêve de mon lit depuis mon réveil » dit-elle tout en sortant son téléphone de sa poche pour jeter un coup d’œil à l’heure — elle grimace légèrement, adieu sommeil de quelques heures. « Enchanté John, moi c’est Yoko » — court, net, précis. Après tout, il est passé minuit et ils ne sont absolument pas dans le contexte des belles rencontres de la princesse et de son prince charmant ; le mec est quand même à moitié mort dans le couloir. « Tu t’es fait ça comment ? T’as volé le goûter au fils de Stallone ? » — de nouveau, le sarcasme, l’ironie. Yoko est incapable de s’exprimer autrement que par le second degré, une seconde nature dont elle peine à se détacher. Pour autant, derrière ses mots se cache un intérêt réel, sa façon à elle de lui demander si tout va bien — on ne se prend pas des coups comme ça au quotidien. Elle sort ses clés de sa poche, se dirige en quelques pas vers sa porte d’appartement située à moins de dix mètres et lui lance un « T’as de quoi soigner tout ça ? » (elle fait un vague geste de la main en entourant son propre visage pour indiquer ses blessures à lui) « J’dois avoir des trucs de mon côté pour nettoyer si tu veux » — elle n’a certes pas l’habitude de ce genre de blessure mais ses doigts ont en revanche souffert de ses rares tentatives de cuisines ratées et il traîne toujours dans sa boîte à pharmacie des pansements et autres tissus blancs ainsi que de l’alcool pour désinfecter les plaies. Dans son bordel ambiant, elle devrait pouvoir retrouver le nécessaire — ah ! elle va pouvoir mettre en pratique son talent d’infirmière inexistant.
elle sait même pas mettre un pansement correctement
Dernière édition par Yoko Lee le Sam 15 Juin 2019 - 20:37, édité 1 fois
Le dos appuyé contre le mur du bâtiment, t'essais de ne pas penser à la douleur. Visage en sang, côtes certainement fêlés. Les prochains jours risquent d'être compliqués. Maddie va devoir utiliser le pouvoir de son maquillage pour camoufler les marques sur ton visage. Elle sait que tu participes à certains combats clandestins. Elle t'as déjà vu dans des états pire que celui dans lequel tu te trouves ce soir. Ton regard se pose sur ta petite voisine. Elle ne semble pas à l'aise de se trouver en ta compagnie. Les gens ne savent probablement pas que tu fais de la boxe. Te voir avec le visage en sang peut prêter à confusion. T'es peut-être un tueur en série qui sait. Avec tout ce que l'on peut lire dans les médias de nos jours, plus rien ne peut t'étonner. La demoiselle est bien plus jeune que moi, à peine majeure certainement. "Alors on a un point en commun. Désolé de ne pas pouvoir te le montrer ce soir .." Il ne faut surtout pas que tu puisses rire. Tes côtes te font affreusement mal. Une bonne nuit de sommeil réparateur et demain ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Enfin, tu l'espère. Jusqu'à présent, t'as eu suffisamment de chance pour ne pas avoir mal durant trois semaines. Trois ou quatre jours, tout au plus. Difficilement, tu montes les marches te conduisant au premier étage. Pourquoi n'y as-t-il pas d'ascenseur ? T'auras deux mots à dire aux propriétaires. À quelques marches à peine de la fin des escaliers, tu t'arrêtes afin de reprendre ton souffle. C'est la dernière fois que t'insiste pour combattre le champion de ce club. À trop vouloir faire le malin, on finit par se prendre une raclée. Ce soir, ce n'était pas ton soir mais ce n'est pas grave. Dans quelques jours, tu retourneras à la salle, en compagnie d'Alec certainement, et vous vous entrainerez encore plus difficilement. Hors de question de rester face à un échec. Ce n'est pas toi, ça ne te ressemble pas. Depuis toujours, en cas d'échec, tu te donnes au maximum pour parvenir à le dépasser. Lorsque tu tombes de cheval, il faut se relever et se battre pour tenir en selle. Maddie a raison lorsqu'elle te traite d'inconscient. La boxe fait partie de toi depuis des années. T'as déjà renoncé à ton rêve de devenir sportif de haut niveau, pas question de renoncer à celui-là sous prétexte que t'es malade. Lisbeth et Maddie sont les seules à connaitre l'existence de ta maladie. Petit sourire à ta voisine. Tu passes ton bras sur son épaule bien qu'elle soit plus petite que toi. "Le lit c'est la meilleure place au monde !" Le ton de ta voix est très sérieux. Reprenant lentement la marche, tu te présentes à la jeune femme. Un prénom court, ne laissant aucune place à un surnom. De toute façon, t'aime pas ça. Tu ne trouves pas qu'un surnom soit très utile et puis, t'as passé l'âge. "Enchanté. C'est assez drôle de se croiser à minuit dans les couloirs !" La situation a quelques choses de comique en effet et un brin flippante aussi. Elle aurait pu te laisser te débrouiller tout seul après tout. Mais non, elle t'aide du mieux qu'elle le peut. "Merci de me filer un coup de main. T'es la voisine la plus sympathique que je connaisse." Sourire aux lèvres, tu te stoppes une nouvelle fois afin de ne pas trop forcer. En colère contre toi, t'aurais dû t'entrainer plus violemment afin d'être prêt à combattre ce type. Ce n'est que partie remise. Tu n'as pas dit ton dernier mot. De nouveau, elle tente de faire l'humour et comme t'es bon public, tu ne peux t'empêcher de rire. "Je t'ai déjà dit de ne pas me faire rire .." Grognes-tu. Ta main posée sur ton côté droit, tu fais la grimace. "Ouais c'est ça. Il a appelé son père et jme suis pris une raclée." En vrai, ça serait trop cool de rencontrer Stallone mais se prendre une raclée par ce dernier le serait bien moindre. "A dire vrai, j'ai participé à un combat de boxe et jcrois que le mec était vraiment plus fort qu'on me l'avait dit.." Arrivé devant la porte de ton appartement, tu cherches péniblement tes clés dans la poche de ta veste. Tu soupires. C'est pénible de ne rien retrouver dans cette poche. Clé trouvé, il faut désormais trouver la serrure. Une autre histoire tout ça. "euh jcrois ouais. Mais jsais pas où ma coloc les a rangé !" Preuve qu'il va falloir que tu te mettes sérieusement au ménage dans cet appartement. À force de laisser Maddie, tu te rends compte que tu ne sais pas où se trouve les choses. Sauf ce qu'il y a dans ta chambre, elle a interdiction de toucher à tes petites affaires. Certes, c'est le bordel mais c'est ton bordel organisé. Ton regard se pose sur la demoiselle alors que t'as abandonné l'ouverture de ta porte d'entrée. "Tu veux réellement jouer les infirmières avec moi ? J'ai l'impression d'être tombé sur la mère Theresa des temps modernes !" Petite note d'humour. Ce n'est aucunement pour te moquer d'elle mais t'as rarement rencontré des personnes aussi gentille qu'elle. Yoko ne te connait pas et pourtant, elle souhaite te filer un coup de main. "Encore une fois, merci .." Ton lit attendra. T'es plus à une heure de sommeil près de toute façon.
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mars 2019
Un point commun avec lui — Yoko ne feint même pas l’étonnement en haussant un sourcil ; elle l’est sincèrement car aux premiers abords, lui et elle semblent vivre dans deux mondes radicalement opposés (en commençant par le fait qu’elle ne se bat jamais alors qu’il apparaît comme un expert des combats). Elle esquisse un sourire — tant mieux s’il y a de l’humour car la petite nippone en utilise presque inconsciemment et n’a pas vraiment la tête à expliquer chacune de ses plaisanteries (parfait s’il les comprend instantanément !). En vérité, si elle avait été moins sur ses gardes, Yoko se serait déjà probablement approché de l’inconnu, le soutenant physiquement pour qu’il accède à son appartement, créant un contact entre eux ; mais la peur sourde qu’il se serve de tout un stratagème pour l’attirer dans un coin sombre ne la quitte pas et elle n’ose esquisser le premier pas. C’est lui qui instaure un lien physique en passant son bras autour de ses épaules et elle grimace légèrement — elle ne le connait pas et ne supporte que très rarement cette proximité (Yoko est une enfant du pays du soleil levant). Elle hoche la tête lorsqu’il évoque son lit comme la meilleure place au monde (à qui le dis-tu !) ; elle rêve de s’y plonger depuis la fin de son service. « J’ai des horaires un peu décalés » précise-t-elle en haussant les épaules, pas vraiment surprise de le croiser à cette heure-ci ; entre ses cours de danse, l’université et son job de serveuse, Yoko a depuis plusieurs semaines perdu le rythme sain recommandé pour se maintenir en vie sans s’écrouler. Le compliment de John esquisse un sourire (sincère) sur ses lèvres — elle ne pouvait quand même pas le laisser pour mort devant l’entrée de l’immeuble. Incapable cependant de se retenir d’un commentaire sarcastique, elle ajoute « Tu connais pas les autres, c’pour ça » (rire amusé) ; mais son regard pétillant montre qu’elle est touchée par ses mots ; il est rare que les gens notent la gentillesse à leur égard, John semble être une exception. Elle rit légèrement quand il marmonne qu’elle ne devrait pas le faire rire mais se tend radicalement la seconde suivante lorsqu’il évoque un combat de boxe ayant mal tourné (très clairement, vu son état à présent) — Yoko déteste la violence, sous toutes ces formes. Habituée à n’être entourée que d’amour et d’une vision peut-être un peu trop naïve du monde, elle ne supporte pas (ne comprend pas en vérité) le besoin qu’on les autres de se taper dessus. Alors qu’elle se rapproche de sa propre porte de studio, lui fait de même mais peine à insérer la clé dans la serrure — ok, il est vraiment salement amoché. « Bah on va chercher alors » lâche-t-elle en rangeant ses propres clés pour le rejoindre devant sa porte ; sa colocataire a forcément du mettre la trousse à pharmacie à un endroit accessible (quel est l’intérêt sinon ?). Elle n’ose en revanche pas franchir la porte, attendant un signal de sa part — qu’il lui donne la seconde suivante en se moquant gentiment d’elle. « C’est non-assistance à personne en danger si j’t’aide pas, c’est juste pour ça » réplique-t-elle sur le même ton sarcastique tout en retirant ses chaussures pour les laisser à l’entrée — en vérité, c’est simplement qu’elle est ainsi, Yoko ; elle ne peut pas s’empêcher d’aider autrui. L’appartement n’est pas très rangé mais on s’y retrouve parfaitement ; c’est une sorte de bordel organisé. « Me remercie pas, j’ai encore rien fait » dit-elle tout en parcourant l’appartement du regard. « J’me permets d’entrer dans la salle de bain » ajoute-t-elle tout en ouvrant la porte de la pièce. Elle ne met pas longtemps à trouver la fameuse trousse à pharmacie (planquée sur une étagère à la stabilité bancale, derrière le sèche-cheveux et l’étendoir pour le linge) qu’elle s’empresse de saisir pour revenir dans la pièce principale et la poser sur la table — elle espère qu’il y aura au moins des compresses et du désinfectant (bingo !). Tout en sortant un coton du sachet qu’elle imbibe de désinfectant, elle demande « Tu vis en coloc depuis longtemps ? » — curiosité intarissable.
Ce soir, tu n'as qu'une seule hâte : rentrer chez toi et retrouver ton lit. Les bleus ne disparaitront pas dans la nuitil va te falloir ruser pour parvenir à cacher ses marques sur ton visage. Peu de personnes savent que tu partique de la boxe et, en revanche, quasiment aucun d'eux ne sait que c'est de la boxe en toute illégalité. Il y a Alec qui est au courant, normal étant donné qu'il s'agit de ton partenaire et puis, il y a Maddie. La pauvre, elle t'as vu rentré bien amoché après certains combats. Si on t'avais dit que tu croiserais l'une de tes voisines ce soir, jamais tu ne l'aurais cru. Ça fait déjà un bon paquet d'années que tu vis ici, tes voisins tu les connais quasiment tous mais elle, la demoiselle face à toi, tu ne l'as encore jamais vu. Vous ne devez probablement avoir les mêmes heures de sorties. À en juger par son apparence, elle semble jeune, très jeune et encore étudiante. « J’ai des horaires un peu décalés » Et que dire des tiens ?! Tu te contentes de lui lancer un petit sourire en essayant de faire abstraction de la douleur. "C'est à dire que tu travailles toi aussi la nuit ? Bienvenue au club !" Il est certain que tu ne seras pas barman toute ta vie, ou du moins les années qu'il te reste à travailler. Au fond de toi, tu as cette envie de fonder une famille. Il te faut juste réussir à trouver une femme capable de te supporter et de t'aimer au quotidien. Avoir des enfants a toujours fait partis de tes envies mais le fait que tu doutes grandement de tes capacités à être un bon père réfreigne fortement cette envie. « Tu connais pas les autres, c’pour ça » Un rire s'échappe de tes lèvres et s'en suit d'un grognement dû aux douleurs causées par les bleus sur ton corps. "Franchement, je pense que tu ne peux pas être pire que le voisin du dessus qui passe l'aspirateur quarante-six fois dans la journée." T'es déjà allé le voir une bonne dizaine de fois pour lui demander de cesser son vacarme mais c'est à croire qu'il n'en a rien faire. S'il veut faire du bruit sans gêner personne il a qu'à acheter une maison. Certaines personnes manquent cruellement de civisme, c'est impressionnant. Habituellement, tu ne lie pas si facilement le contact mais il faut croire que ce soir fait exception. Yoko ne semble pas méchante, tu n'as donc aucune raison de vouloir – ou de devoir - te méfier d'elle. À moins qu'elle ne soit une dangereuse criminelle sous couverture. Elle se raidit lorsque tu lui appris avoir participé à un combat de boxe qui t'as valus une sacrée raclée quand même. T'en conclus donc que la jeune femme n'est pas une fanatique de la violence. Toi non plus, mais dans le cas de la boxe, c'est plus un moment de te défouler des tracas quotidiens. Les combats ne sont là que pour évaluer ton niveau et voir ce que tu vois réellement. Et clairement, il y a encore du travail. T'en parleras très bientôt à Alec pour voir comment arranger les choses. "A voir ta tête, j'en déduis que t'es effrayé. Je te rassure, je ne me bats pas en dehors du ring." Tu tentes de la rassurer même si tu ne lui dois rien. C'est un moyen comme un autre de lui prouver que t'es pas un mauvais gars. Péniblement, tu tentes d'ouvrir la porte de ton appartement mais la serrure semble s'y opposer. Heureusement que ta voisine vole à ton secours. On a toujours besoin d'une mignonne petite voisine pour se faire aider. Même toi, le grand gaillard que tu es. « C’est non-assistance à personne en danger si j’t’aide pas, c’est juste pour ça » Cette demoiselle te plait assez. L'un comme l'autre, vous avez le même humour et ça, ça te plait énormément. Enfin arrivé chez toi, tu quittes tes chaussures les laissant traine dans l'entrée. Ça se voir qu'une femme vit ici, avant cela ton appartement ressemblait à ce qu'il y a de plus près à une garçonnière. "Oh je vois ! Mère Thérésa a trouvé une remplaçante !" Tu marches à pas feutrés à travers l'appartement. Le plancher grince. Toi qui souhaitait être discret, c'est raté. Maudit plancher ! « J’me permets d’entrer dans la salle de bain » Tu lui fais signe de la main "Fais comme chez toi." C'est toujours de prononcer ces mots à qui que ce soit. Tu t'es déjà retrouvé avec des invités irrespectueux, voire sans gêne. Autant dire que t'as coupé les ponts rapidement avec ces personnes-là. Assis, ou plutôt avachis sur le sofa, tu tentes de trouver une position où la douleur sera supportable. Yoko revient en tenant le saint Graal dans ses mains. "Bordel tu l'as trouvé ? Elle était planqué où ?" Ca t'apprendra à ne pas ranger les choses toi-même, à force tu ne sais plus où les choses se trouvent dans ton propre logement. Tu la laisses s'occuper de toi ou plutôt de tes blessures. « Tu vis en coloc depuis longtemps ? » Les gens trouvent toujours surprenant de te voir en coloc alors que tu es âgé de plus de trente ans. "ça va faire environ un an. Ça m'est tombé dessus comme ça.." Ah ça, pour te tomber dessus ça t'es tombé dessus. C'est le moins que tu puisses dire. "Tu vis seule ? Pas trop peur dans ce quartier ?" Si jamais elle a peur, tu pourrais toujours être son garde du corps ou bien lui enseigner deux ou trois prises pour se défendre. Au choix.
JOHN & YOKO ⊹ I’ve reached that age where my brain goes from “You probably shouldn’t say that.” To “What the hell, let’s see what happens.”
mars 2019
Il est plus bavard qu’elle ne l’aurait cru — ce n’est pas que Yoko avait classé John dans la catégorie des types qu’on n’entend jamais sauf pour dire bonjour et au revoir aux rares voisins croisés entre deux couloirs mais un peu quand même ; elle est donc assez (carrément même) surprise de le voir continuer la conversation et sa méfiance, bien que toujours sous-jacente, s’efface au fur et à mesure de leur échange. Il fait certes une activité qu’elle ne conçoit pas du tout mais a le mérite d’avoir de l’humour et de faire partie des compagnies plutôt sympa même passées minuit. « C’est ça. Pourquoi dormir quand on peut se faire de l’argent ? » commente-t-elle avec un sourire narquois — elle n’en dira pas plus ; elle se demande vaguement quel métier il peut bien faire et suppose un poste dans un bar, qui ne paye pas forcément beaucoup mais assez pour survivre dans cette ville. Son rire cristallin et pétillant rejoint celui de John lorsqu’il évoque le voisin qui passe son aspirateur toutes les deux heures ; lui, elle le maudit chaque jour de son existence. « Vivement que son truc tombe en panne à lui » ajoute-t-elle en mettant des mots sur son espoir depuis des semaines. Elle ne s’injective cependant pas plus, bien consciente de ne pas non plus être cette voisine irréprochable comme elle aimerait l’être — horaire décalé, révision de chorégraphie en plein dans la nuit pour la compagnie, musique à fond lors de ses rares sessions ménage dans son appartement ; non, Yoko n’est définitivement pas de ce genre de personne qu’on n’entend pas de l’année dans une résidence. Lorsqu’il lui précise ne pas se battre en dehors du ring, la petite nippone hoche simplement la tête d’un air entendu — sans plus ; ce n’est pas qu’elle ne le croit pas mais elle est tellement fermée à ce genre de pratique qu’elle ne cherche pas à prolonger la discussion sur le sujet. Le plus important à l’heure actuelle est de s’occuper de ses blessures et Mère Thérèsa du Japon, après avoir abandonné ses affaires sur le pas de l’entrée, vagabonde dans l’appartement pour y trouver la trousse de premiers soins. Avachi sur le sofa, il semble réellement souffrir de ses plaies et pendant une fraction de seconde, Yoko espère que ce n’est pas si grave — elle n’a absolument aucune formation d’infirmière ou de secourisme et sera bien incapable de lui recoudre quoique ce soit. Tout ce qu’elle peut faire, c’est recouvrir ses plaies de désinfectant et prier pour que tout disparaisse demain. « A côté du test de grossesse positif sur l’étagère » répond-t-elle sur un ton indifférent (son regard est pétillant de malice) tout en saisissant la compresse pour l’imbiber du liquide transparent (elle n’a absolument aucune idée des doses à mettre dessus — ça va probablement très certainement lui faire mal mais tant pis). « J’ris évidemment » ajoute-t-elle en se rapprochant de lui pour lui demander ensuite s’il vit en colocation depuis longtemps, esquissant un sourire sur ses lèvres. Elle le rejoint sur le canapé et commence à appliquer la compresse sur les blessures les plus visibles sur son visage, retirant dans des gestes qu’elle espère le plus doux possible les traces de sang. Secouant la tête négativement lorsqu’il lui retourne la question, elle précise « Bah, le quartier est bien moins safe qu’en Corée du Sud, c’est certain, mais on peut se taper des rencontres à minuit » — sourire un peu plus sincère (sa méfiance s’est envolée). « J’pense que je suis pas vraiment faite pour la coloc, j’sais pas comment tu fais honnêtement. C’est ta nana ? » (grimace intérieure si c'est le cas — manquerait plus que ça, qu'elle débarque maintenant en interprétant absolument super mal la scène) ; question indiscrète mais Yoko est ainsi faite — elle demande, ose et au pire, se prend un refus qu’elle ne gardera pas en mémoire. Le coton, imbibé de sang, ne semble plus faire son travail et elle quitte le canapé pour jeter le tissu blanc dans la poubelle avant d’en reprendre un et de réitérer ses gestes médicaux un peu maladroits. « Désolée si ça fait mal, j’avoue que mes compétences sont limitées en la matière » dit-elle en lâchant un rire avant d’appuyer le coton sur une marque au-dessus de son sourcil droit. « J’ai pas l’habitude de soigner— ce genre de truc » — elle, c’est plutôt les petites coupures du aux feuilles blanches ou les déchirures musculaires à la danse.
La douleur dû au coup que tu as reçu semble bien loin à présent. À ton prochain réveil, les bleus te feront certainement mal et tu devras affronter les questions de Maddie encore une fois. Ce n'est pas la première fois qu'elle te verra couvert de bleus et de sang, chaque fois tu as toujours une très bonne explication : une altercation qui a mal tournée entre deux types dans la rue ou au bar. Peut-être qu'un jour tu lui avoueras la conneries que t'as faite en créant ce club de boxe clandestin. C'était idiot de ta part mais avec ta maladie de coeur, on ne t'aurais jamais laissé monter sur le ring dans une salle de boxe parfaitement légale. Jusqu'à aujourd'hui, tu n'avais jamais croisé ta voisine de pallier. Elle était plutôt mignonne mais bien trop jeune pour être pervertie. Elle semble à l'opposé de toi et rien que pour ça, tu mériterais qu'elle s'en aille loin de toi. Pourtant elle est resté et se trouve même dans ton appartement à présent. La petite Yoko fait partie de la team "je travaille de nuit", ce n'est sûrement qu'un moyen de payer ses études ou de se faire un peu d'argent de poche. Tandis que toi, c'est un réel métier, qui, tu l'espères, ne deviendra pas ton plan de carrière pour l'avenir. Yoko et toi êtes sur la même longueur d'onde concernant ce voisin qui passe l'aspirateur quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre chez lui. Ce n'est plus possible. "Tous les jours, je prie pour qu'il tombe en panne !" Comme si t'étais croyant... Contrairement à ce voisin plus que bruyant, tu n'as pas trop à te plaindre de Yoko. Tu ne l'entends quasiment jamais en revanche, elle a certainement dû vous entendre Maddie et toi lorsque vous franchissez la limite de votre amitié. "Mes cries ne te gênent pas trop ? Jm'emporte assez rapidement quand je n'arrive pas à défoncer ces zombies !" Précises-tu à la demoiselle. À choisir entre un livre et un jeu vidéo, tu choisis le jeu sans hésiter. Les soirs où tu ne travailles pas, tu peux pas y passer des heures dessus. D'autant plus si tu joues en réseaux. La demoiselle est partie à la salle de bain à la recherche de tout ce qu'il faut pour te désinfecter ces blessures. Elle fouille tandis que toi tu tentes de trouve rune position sur ce canapé pour atténuer tes douleurs dû aux bleus sur l'entièreté de ton corps. Dans quelques jours, ça ne sera plus qu'un mauvais souvenir. « A côté du test de grossesse positif sur l’étagère » La voix de Yoko te tire de ta rêverie. Un test ? Quel test ? Maddie ? D'un coup, tu deviens pâle et restes la bouche grande ouverte tel un idiot. "Un test ? Quel test ?" Comme si tu ne ressentais plus aucune douleur, tu cours à la salle de bain vérifier ce que la jeune femme vient de dire. Sur l'étagère, t'inspecte chaque recoin. Rien. Il n'y a rien, aucun test en vue. Tu reviens au salon, bras croisés sur le torse. "Attends c'était une blague ?" Bon, ta voisine a un sacré sens de l'humour. Un point pour elle. Elle te précise bien évidemment, qu'elle plaisante. Elle pouvait pas le dire plus tôt ? Tu soupires et reviens à ta place initiale sur le canapé. Elle semble plus détendue que lorsqu'elle t'as trouvé assis au beau milieu du couloir tout à l'heure. Yoko s'offusque te voir en colocation. Pour un homme de quarante ans, c'est pas courant c'est certain, les temps sont durs. "Tu viens de Corée ? Ça explique tes yeux bridés et tout ça !" Tu trouves ça bien qu'elle soit de Corée, ça lui donne un air encore plus mignon. "Faut bien choisir sa ou son coloc, je pense. Nan, c'est pas ma nana !" Même si au fond de toi t'aimerais bien et que parfois, vous vous envoyez en l'air. Tu grimaces un peu lorsqu'elle commence à s'occuper de toi, tu lui lances un sourire. "t'inquiète pas, je suis pas douillet de toute manière. Tu fais ça très bien, tu peux songer à te reconvertir je pense !" Ce n'est pas une recommandation, juste une remarque afin de détendre l'atmosphère. Pour rencontrer sa jolie petite voisine, il y a mieux comme contexte mais bon, on ne contrôle pas toujours tout dans la vie et tant mieux. "Si un jour, tu souhaite apprendre à te défendre, n'hésite pas à frapper à ma porte. Je serais ravis de t'enseigner quelques trus pour qu'on te fiche la paix !"
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mars 2019
A l'opposé — quand on aperçoit Yoko et John dans ce couloir, deux âmes un peu perdues dans ce dédale de la vie nocturne, il est difficile d’imaginer le moindre point commun entre eux ; que ce soit leur âge, leur passé — tout semble radicalement les opposer. Pourtant, au fil de leur échange, la petite nippone semble découvrir au fur et à mesure un côté du jeune homme totalement insoupçonné si elle ne l’avait que croisé dans le hall d’entrée de cet immeuble délavé. Elle laisse échapper un rire alors qu’il dit à voix haute ce qu’elle pense tout bas ; elle aussi prie sincèrement tous les jours que ce maudit aspirateur du voisin tombe en panne — bon débarras. Yoko n’est cependant croyante qu’avec sa mère ; shintoïste plus par obligation que par réelle vocation, elle n’étale pas sa religion dans les conversations et prend le sujet la plupart du temps (99% en fait) à la légère et sans vraiment y croire — ce n’est que chez elle qu’elle applique les rituels requis par ses croyances. Secouant négativement la tête à la question de John, elle précise « J’suis pas la plus silencieuse non plus » d’un ton égal, évoquant un simple constat ; elle mentirait si elle disait n’avoir rien entendu du côté de l’appartement voisin et il n’est pas rare que les cris traversent les murs mais la jolie danseuse est parfois trop dans sa bulle, dans son propre univers où elle ne voit pas grand-chose excepté ses dessins, Marvel et la danse — incapable de se concentrer sur le monde qui l’entoure. Après avoir cherché quelques minutes la fameuse boîte à pharmacie et laissé le suspens un moment sur la vérité de son mensonge éhonté, elle éclate de rire face à sa réaction et comprend bien qu’un test de grossesse n’aurait nullement été une bonne nouvelle dans cette situation (ça rend le moment encore plus drôle même si pouvant être perçu comme gênant). Il est drôle, John — c’est typiquement le genre de mec qu’elle se voit bien taquiner à longueur de journée, ayant saisi qu’il n’était pas de ceux se vexant trop rapidement, bien qu’elle suppose qu’une limite doit très certainement ne pas être franchie. Plus détendue, elle continue ses soins et hoche simplement la tête lorsqu’il confirme qu’elle vient de Corée du Sud, ne relève pas sa remarque sur ses yeux bridés — elle aurait aussi bien pu venir du Japon ou de Chine mais elle n’a pas la force d’aborder ce type de sujet sérieux et parfois (trop souvent) prise de tête à minuit passé. Elle apprécie en revanche son honnêteté et sourit de sa réponse — il contente sa curiosité et elle en est satisfaite. « Tant mieux, si elle débarque maintenant, elle fera pas un scandale » réplique-t-elle avec un sourire narquois alors qu’elle se relève pour prendre un nouveau coton et réitérer ses soins — elle grimace légèrement à l’évocation d’une possible reconversion. « J’veux danser moi » (expression bien plus sérieuse sur le visage qu’auparavant) « J’ai juste appris à rafistoler quelques trucs pour pas devoir passer aux urgences à chaque fois » — et c’est vrai ; Yoko fait partie de ces personnes qui ne supportent pas être dépendant, refuse de l’aide si elle peut tout gérer toute seule. Ces quelques gestes médicaux, bien que peu expérimentés, sont cependant suffisants pour garder une certaine indépendance. « Mais ce que j’veux faire, c’est danser » ; elle se répète un peu, comme pour insister sur ce rêve qui lui tient tant à cœur qu’elle pourrait en mourir si elle ne le réalisait pas. Elle s’arrête dans son geste à sa proposition, reste silencieuse quelques secondes tout en réfléchissant plus ou moins dans son esprit — elle déteste la violence, ne supporte pas les combats et préfère ne pas aborder le sujet de peur de sortir des propos (peut-être) trop radicaux aux yeux de John. Probablement trop fatiguée également, la petite nippone se contente (une nouvelle fois) de hocher la tête. « C’est— sympa de proposer » ; sa main reprend les soins, retire les dernières traces de sang sur le visage de John. « T’as un sale coup au-dessus de l’arcade, j’sais pas si ça doit être recousu » (elle penche la tête légèrement sur le côté) « J’t’avouerais que j’ai zéro compétence en matière de couture » (rire et puis — son expression se ferme légèrement alors que ses sourcils se froncent délicatement). « Pourquoi tu t’bats ? » — compréhension nécessaire.
Yoko et John. Un homme, une femme, deux opposés. Rien ne te destinait à croiser ta toute jeune voisine ce soir et pourtant en rentrant de ce combat de boxe, que tu as lamentablement perdu, te voici en compagnie de ta voisine. Yoko se trouve chez toi s'occupant de tes blessures au visage. Elle n'était pas forcée de le faire mais elle le fait malgré tout. Tout vous oppose, néanmoins vous réussissez à découvrir quelques points communs vous liant l'un à l'autre. Notamment cette haine que vous vouez l'un comme l'autre à ce voisin qui passe l'aspirateur vingt heures sur vingt-quatre. Il y a des fois où tu as envie d'aller frapper chez lui et de lui dire clairement ta façon de penser, ainsi que celle de la moitié des habitants de cet immeuble. Tu t'amuse à plaisanter sur le fait que tu n'es pas le voisin le plus calme non plus, surtout lorsque tu ne parviens à tuer ces innombrables zombies dans tes jeux vidéos. Une chose à savoir sur toi : t'es un très mauvais joueur et tu déteste perdre. T'as d'ailleurs cassé plusieurs manettes de jeux à cause de ta mauvaise foi. Ce n'est jamais de ta faute, il se passe toujours quelque chose pour expliquer ta défaite. « J’suis pas la plus silencieuse non plus » Malgré tes blessures, tu lance un sourire à ta voisine c'est plutôt une grimace qu'un sourire. "Je n'ai pas à me plaindre de toi, j'entends quasiment rien venant de ton côté !" Après, elle reste humaine et un être humain ça bouge, ça vie. Donc il est tout à fait normal qu'il est du bruit dans un appartement situé à côté du vôtre. Si vous ne souhaitez pas entendre vos voisins comme si vous habitiez ensemble, allez vivre dans une maison. Ce qui sera bientôt ton cas d'ailleurs. "Bientôt, jdevrais acquérir une maison. Tu me croiseras plus le visage en sang, en pleine nuit, dans les couloirs désert." Elle ne prendra donc plus peur de te voir dans un tel état. Tu grimace chaque fois que la jeune niponne passe la compresse sur ton visage gonflé par les blessures. Maddie va encore avoir une attaque demain quand elle va voir l'état dans lequel tu es, elle qui ne supporte pas te savoir aux entraînements avec Alec, elle supporte encore moins de te savoir à des combats illégaux. Que Yoko fasse du bruit est donc tout à fait normal. Tout le monde en fait mais au moins, elle, elle ne passe l'aspirateur tout au long de la journée. Vivement que tu déménages. Vivre en appartement n'est plus pour toi. Tu rêves d'avoir ta propre maison, de pouvoir y vivre avec celle qui fera battre ton coeur et fonder cette famille dont tu as toujours rêvé mais que tu as trop longtemps relégué au fond de ton esprit. « Tant mieux, si elle débarque maintenant, elle fera pas un scandale » T'en es pas certain ça, Maddie est assez possessive avec toi. Tu ne peux pas la blâmer, tu l'es également envers elle. Le moindre mec qui ose la regarder un peu trop insistement risque de se manger ton poing en pleine figure. Yoko t'apprends ensuite qu'elle souhaite danser, elle a tout à fait le profil pour la danse. "Danse classique ? Moderne ?" Tu l'imagine mal avec un tutu et des ballerines mais pourquoi pas après tout, tu ne la connais pas suffisamment assez pour la juger sur son style vestimentaire. "Jdevrais moi aussi apprendre à m'soigner seul. Mais le plus souvent c'est ma coloc qui s'y colle." C'est ça d'avoir sa coloc qui travaille depuis son domicile. Un homme aura toujours besoin de l'aide d'une femme. La preuve ce soir encore, sans Yoko t'aurais sûrement passé la nuit sur le perron de ton appartement. "En tout cas, merci de m'avoir aidé. T'aurais pu juste rentrer chez toi et m'laisser me démerder." Remercier les gens est la moindre des choses surtout dans ce cas précis. "de rien. Jvoudrais pas que tu tombes sur une grosse brute et qu'il te fasse du mal." Frapper une femme tu ne l'a jamais fait et tu as horreur des garçons qui le font. Il méritent le chaise électrique sur le champ. « T’as un sale coup au-dessus de l’arcade, j’sais pas si ça doit être recousu » Ca te rassure pas vraiment ce qu'elle te dit mais ça ne t'angoisse pas non plus. Dommage qu'il n'y est pas de miroir dans le salon, il faudrait que tu en parles à Maddie tiens. "c'est si moche que ça ? Laisses, jverrais demain en espérant que ça ne s'ouvre pas cette nuit !" « Pourquoi tu t’bats ? » Elle a toute la nuit non ? Tu pourrais en faire une dissertation de cette question qu'elle vient de te poser. "Hum .. J'en ai besoin, jsuis quelqu'un qui garde tout pour soi le plus souvent et avant d'exploser sur une personne qui n'a rien demandé jme dit que ça serait pas mal de se défouler sur un gros sac suspendus au plafond. La boxe c'est devenue comme une drogue, jpourrais plus m'en passer aujourd'hui." Ta tête tourne en direction du lecteur dvd. Trois heures quarante cinq. La nuit défile plus vite que le jour. Il serait temps pour l'un comme pour l'autre de rentrer chacun chez soi et d'aller retrouver Morphée qui vous attend avec impatience. "Tu devrais rentrer te coucher, il se fait tard .. Merci encore et si t'a besoin de quoi que ce soit, hésite pas." Tu te penche vers elle et dépose un baiser léger sur sa joue en guise de remerciement.
JOHN & YOKO ⊹ I’ve reached that age where my brain goes from “You probably shouldn’t say that.” To “What the hell, let’s see what happens.”
mars 2019
Rire léger — la méfiance qui émanait de la petite nippone lors de leur premier échange semble s’être évaporée au fil de la discussion ; ou du moins, elle n’est plus aussi marquée, aussi présente. Plutôt là comme un léger brouillard à moitié dissipée, ce sentiment de peur envers le sexe opposé n’est que vague et totalement insoupçonné désormais. Tant mieux s’il n’entend rien, tant mieux s’il n’a pas à se plaindre ; il faut dire que Yoko n’est pas très souvent présente — entre ses cours, son travail au DBD et la danse (qui prend 90% de sa vie), elle squatte son appartement plus comme un hôtel qu’un véritable lieu de vie. C’est très certainement pour cette raison qu’elle n’a jamais réellement songé à prendre une colocation, même si financièrement, l’idée est intéressante. D’une phrase légère, il évoque l’achat d’une future maison, sous-entend qu’ils ne se croiseront plus à minuit, entre deux coups et du sang ; qu’ils ne se croiseront plus tout court. Elle hausse un sourcil, presque un peu déçue, avant de hocher la tête en silence — ils viennent de se rencontrer, c’est frustrant, elle qui n’a jamais vraiment fait le tour de son environnement. Tout en procurant ses soins très précaires mais qui ont le mérite de soulager les plaies de John et de rendre à son visage une apparence moins inquiétante, leur conversation dérive, s’arrête un instant sur cette jeune femme qui partage sa vie et où lui ne confirme pas l’absence d’un éventuel scandale, avant de s’orienter sur la danse (ah ! la danse, son sujet favori, sa passion depuis son plus jeune âge). « De tout ! » (son visage s’éclaire et elle s’emballe un peu en évoquant son sport favori) « J’ai commencé par du classique puis je me suis mise à pratiquer d’autres danses— celle de k-pop, ce qui m’a permis de participer à quelques clips » (son sourire ne la quitte pas à ses mots qui font ressortir de nombreux souvenirs) « Du moderne aussi et puis, depuis que j’suis ici, j’ai pu découvrir le rock notamment » ; son rêve serait de savoir tout danser pour pouvoir tout exprimer. Elle esquisse un sourire narquois sur ses lèvres gercées quand il avoue que c’est cette fameuse colocataire qui s’y colle en temps normal — elle se demande bien quelle est leur relation, se dit qu’elle le taquinera la prochaine fois sur le sujet. « Pas d’quoi, c’est normal » répond-t-elle tout simplement ; et c’est sincère, sans hypocrisie. Yoko est trop attentive à son entourage, à ce qu’elle voit autour d’elle pour laisser quelqu’un dans une mauvaise passe. Pudique, elle ne l’exprime cependant pas, masque cette empathie naturelle par du sarcasme — pour ne pas avoir à s’expliquer, à se justifier. Elle déteste trop parler d’elle, voilà tout. « Bah, c’est— gentil » ; elle est un peu mal à l’aise mais ne refuse pas d’éventuels cours de combat (elle se fait parfois emmerder et ne peut cracher sur quelques enseignements). Le sujet dévie de nouveau, sur son apparence et ses blessures et sa réaction arrache un rire à Yoko — il n’est pas non plus défiguré mais elle ne voudrait pas que le tout s’infecte. Haussement d’épaule de sa part, incapable de lui confirmer ou infirmer si c’est si moche que cela. Et puis — il lui raconte, d’une voix assurée, de ceux qui savent ce qu’ils disent et qui maîtrisent le sujet ; à travers ses mots, John évoque un besoin d’expression, une addiction à ce sport présent dans sa vie pour se défouler. A tout cela, elle hoche simplement la tête et cesse de poser le coton sur sa peau. En revanche, au contact physique de ses lèvres à lui sur sa joue à elle, Yoko se crispe littéralement, recule même dès que le lien est établi (peur intrinsèque qui l’envahit, battement de cœur raté) — c’est trop proche, trop fort, pour celle qui n’a jamais aucun mouvement de ce genre dans sa vie. Gênée, maladroitement, elle balbutie un « Euh— ouais, t’inquiètes pour l'heure » (elle ne veut pas paraître impolie mais ce geste de sa part la bouleverse, tout simplement — ce rapprochement semble entrer directement dans sa sphère privée et il n’y a que Clément qui y est potentiellement autorisé) ; ce n'est pas son éducation, ce n'est pas sa culture. Elle quitte le canapé, retourne vers l’entrée pour mettre ses chaussures. « J’espère que— que ça se cicatrisera vite » (elle pointe du doigt ses cicatrices) « Bonne nuit, à— une prochaine ? » et puis, elle disparaît dans le couloir de la nuit — ombre silencieuse un peu perturbée par cette proximité.