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 spirited away (camil)

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Message(#)spirited away (camil) EmptySam 4 Mai 2019 - 22:28

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Cora & Camil


 Elle avait fait de sa vie un long fleuve tranquille. Son quotidien, qui autrefois tournait à cent à l’heure au point qu’elle n’avait même plus le temps de se rappeler le jour qu’on était, est devenue une lente balade vers la mort par ennui assurée. Mais Cora est encore loin du moment où ce nouveau train de vie lui pèsera. Pour le moment, c’est tout ce qu’elle avait attendu et voulu : prendre le temps de souffler, de remettre de l’ordre dans ce qu’est devenu sa vie. Un second objectif qui se concrétise avec plus ou moins de succès parce qu’elle parvient toujours à éviter d’une façon ou d’une autre ce moment où elle doit faire face à ses décisions et trouver une véritable façon de vivre avec et rebondir plutôt que de rester coincée dans cet état de torpeur qui jure avec la jeune femme que beaucoup avait pu connaître. Elle avait rejoint la simplicité du commun des mortels, leurs ennuis quotidiens qui n’étaient pas les siens et c’était devenu son refuge. Désormais plus rien de réellement assommant ne pouvait l’atteindre, elle était devenue personne et on ne cherchait jamais à nuire à personne. Tel était devenue sa cachette et hormis les quelques fois maintenant où des inconnus se risquent à poser des questions et où elle est reconnue, elle parvient avec brio à être une toute autre personne qu’elle-même.

Le plus merveilleux des tours de passe-passe depuis Houdini, certains diraient.

Malgré ses dernières péripéties, elle n’était pas parvenue à effacer entièrement le cinéma, son ancien domaine professionnel, totalement de sa vie et puisqu’elle était maintenant une personne lambda, elle avait découvert le plaisir simple que de se faire une toile. Le cinéma étant à ses yeux devenus le meilleur endroit de sortie parce qu’il lui permet de penser à tout autre chose dans une obscurité où rien ne peut la déranger, elle y fait désormais un crochet chaque week-end pour profiter des programmations et surtout des rétrospectives. Elia Kazan, son réalisateur favori, est à l’honneur et il n’y avait pas eu fort à parier pour l’attirer dans la salle pour qu’elle puisse admirer le chef d’œuvre qu’est La Fièvre dans le sang, son film favori, portée par une actrice qui pourrait être sa vie antérieure tant qu’elle voit dans ses malheurs les siens.
L’écran avait fini par s’éteindre, plongeant la salle dans le noir, amenant les quelques spectateurs (le cinéma hollywoodien des années 60 attirant de moins en moins de monde) à quitter la salle alors qu’elle prend tout son temps pour le faire. Elle ne veut juste pas être dans la cohue. Et alors qu’elle se décide à le faire, une impression de déjà-vu la prend quand elle aperçoit la nuque de l’homme qui avance devant elle. Il est grand, droit et elle sait qu’elle le connait. Elle a juste peur de le replacer dans la liste des personnes qu’elle aurait voulu éviter, mais il suffit d’un regard de côté venant de l’homme, un arrêt, son attention qui se perd ailleurs pour que les traits de son visage apparaissent. C’est une ancienne rencontre. Il ne se souvient probablement que peu d’elle, pourtant l’envie la prend de le saluer. Elle n’a pas envie d’être de ceux qui font mine de ne pas reconnaitre quelqu’un quand elle croise un visage connu. A vrai dire, elle ne comprend pas que les gens fassent ça et ce, alors même qu’elle en a des conversations déplaisantes à éviter. « Mr Smith ? » dit-elle, tentant d’attirer son attention du haut de son mètre soixante dans une scène qui fait un peu peine à voir de par la difficulté à la voir elle à cause de sa petite taille. « Excusez-moi, je vous ai reconnu et je voulais juste vous saluer. » explique t-elle, avec un sourire sur le visage tout en tendant sa main à son adresse. « J’espère que vous allez bien et que le film vous a plu ? » Elle espère. Vu la date initiale de sortie, si le film ne plaisait pas, il ne serait pas là mais Cora évite d’avoir à tirer des conclusions aussi hâtive.
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Message(#)spirited away (camil) EmptyLun 13 Mai 2019 - 23:38

Camil Smith n’avait pas prévu d’aller au cinéma en cette fin de semaine. Son temps libre était compté : il accueillait le vendredi soir avec plaisir, faisait rimer samedi avec débauche, et profitait du dimanche pour se remettre des deux jours précédents. Fêtard invétéré, sa réputation n’était plus à faire, au grand désespoir de sa petite sœur. Cette dernière avait fini, avec le temps, par se résigner. Souvent désabusée, elle attendait avec patience que son aîné se range et gagne en maturité – ces mots faisaient toujours mourir de rire Camil. Alors qu’il s’était engagé auprès d’un ami, il était pourtant revenu sur son premier choix. Sa sœur l’avait appelé et, comme toujours, il n’avait pas pu décliner. Sa sœur faisait de lui ce qu’elle voulait, il en avait conscience. Mais ça lui convenait : elle, elle ne lui voulait aucun mal. Et ensemble, ils formaient le meilleur des duos. Comme toujours, sa sœur avait choisi le film – un classique. La fièvre dans le sang, d’Elia Kazan. Ils s’étaient donnés rendez-vous devant le cinéma, mais sa frangine n’était jamais arrivée. Convaincu qu’elle avait déjà pris place dans la salle, le politicien avait acheté sa place. Mais une fois à l’intérieur, il ne l’avait pas vue. Il avait essayé de la contacter avant le début du film, en vain. Il avait laissé deux messages – un premier empreint d’agacement, le deuxième d’inquiétude.

Elle lui avait envoyé un message pour s’excuser ; elle avait manqué l’heure de leur rendez-vous, emportée par la lecture d’un ouvrage dont le politicien avait déjà oublié le nom. La colère s’empara de Camil pendant une fraction de seconde : elle insistait pour le voir, pour qu’ils passent un moment ensemble, et elle ne venait pas et ne prenait pas la peine de le prévenir ? Il avait été inquiet, et avait eu toutes les peines du monde à se concentrer sur le film. Elia Kazan était pourtant un réalisateur de talent, mais ça n’avait pas suffi. Dès l’instant où il s’agissait de la cadette de la famille, il n’était plus en mesure de se montrer rationnel. Il en oubliait tout : ses principes, ses bonnes manières, sa patience. Le générique défilait et, petit à petit, les gens s’éclipsaient de la salle. Camil, lui, profita du calme pour consulter ses mails. Même en week-end, l’Australien n’était jamais trop loin du bureau : sait-on jamais, s’il devait régler une affaire urgente… Parfois, les affaires n’attendaient pas. Le directeur de cabinet en avait souvent fait les frais, mais il s’y était toujours plié de bonne grâce. Et pour cause : il savait que, tôt ou tard, la roue tournerait. Tôt ou tard, c’était lui qui régnerait en maître sur la ville, voire sur la province. Les ambitions de Camil étaient grandes, et rien ne pourrait l’arrêter.

Il s’éloigna de la salle d’un pas décidé, avant d’être interrompu par une petite voix. « Camil, par pitié. » Corrigea automatiquement le politicien, alors que son interlocutrice le saluait poliment. Il eut une fraction de seconde de perplexité, avant de finalement remettre un nom sur ce visage familier : Cora Coverdale. Une actrice, qu’il avait eu l’occasion de rencontrer il y a quelques temps maintenant, lors d’une réception donnée à l’hôtel de ville. Le maire avait l’habitude d’organiser quelques festivités, où quelques invités triés sur le volet pouvaient venir. L’actrice en avait fait partie, forcément. « C’est gentil, merci. Vous vous portez bien ? » Demanda finalement l’Américain, avant de réaliser qu’elle s’était éclipsée du paysage. Ou alors, il n’était pas à la page… Mais il en doutait. « Ce n’est pas mon Kazan préféré. » Admit le politicien en haussant les épaules. Pour lui, un tramway nommé désir dépassait tout – la performance de Marlon Brando n’y était probablement pas pour rien. C’était l’un de ses acteurs préférés, et l’empreinte qu’il avait laissé sur le cinéma était indéniable. « Mais ça ne fait jamais de mal pour autant. » Concéda-t-il en souriant. Et puis, en bon Américain qu’il était, regarder un film de Kazan lui rappelait quelques souvenirs de l’autre continent.  « Et vous ? Qu’en avez-vous pensé ? » Demanda-t-il, s’attardant un peu avec son interlocutrice.
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Message(#)spirited away (camil) EmptySam 25 Mai 2019 - 12:01

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Cora & Camil


Elle aurait pu faire comme le commun des mortels, qui lorsqu’il croise une brève connaissance, se contente d’un sourire ou bien fait semblant de ne pas avoir reconnu la personne en question afin de ne pas déranger ou pour s’épargner une conversation non souhaité. Elle aurait pu faire comme si parce qu’hormis un échange de banalité il y’a maintenant plusieurs années, jamais elle n’avait réellement croisé la route de Camil Smith. Mais elle en avait décidé autrement, peut-être à cause du film qui l’avait mise de bonne humeur ou bien à cause du fait qu’elle est à un moment de sa vie où elle ne parle plus, ou plus personne ne croise sa route et qu’elle sait qu’elle devrait saisir les occasions de se socialiser, même si celle-ci ne coulent pas de source en apparence. « Camil, par pitié. » Elle s’était sentie rabrouée par cette correction parce qu’elle avait voulu cherché à être polie et que jamais elle n’oserait appeler quelqu’un par son prénom si elle n’a pas été invitée à le faire. Toutefois, elle ne se laisse pas intimidée plus d’une seconde mais si elle finit par chercher un peu ses mots. Elle ne voulait juste pas passer à côté de lui faisant semblant de rien, bien que sa carrière soit terminée, elle n’oublie pas les personnes qu’elle croise. « C’est gentil, merci. Vous vous portez bien ? » L’évidence même serait de ne pas répondre à cette question honnêtement, tout comme elle ne devrait pas assumer que ses déboires aient réellement été portée aux oreilles de l’ensemble des habitants du pays. Restant polie, ne voulant présumer de rien et surtout parce que dans le fond le fait qu’elle se porte bien ou non ne le regarde pas, elle répond simplement. « Oui, je vais très bien, merci de demander. » répondt-elle avant d’enchainer sur le film qu’ils viennent de voir et qui, à cet instant précis, leur seul point commun et la seule chose dont elle saurait discuter avec lui-même s’il ne s’agit là que d’une courtoisie dont elle a le sentiment qu’elle aurait leur épargner. « Ce n’est pas mon Kazan préféré. » Dommage, parce que c’est le siens. Natalie Wood était une femme d’exception et ce rôle est l’un des fondamentaux qui lui auront permis d’être une bien meilleure actrice que ce qu’elle était déjà, mais pas d’offense. « Mais ça ne fait jamais de mal pour autant. » ajoute t-il, dans un sourire qui l’amène à se demander si son opinion se voit sur son visage à elle. « Et vous ? Qu’en avez-vous pensé ? » Toujours dans la politesse, il retourne la question. Elle ne sait pas vraiment si elle doit le dire parce qu’elle ne sera pas d’accord avec lui. L’hésitation ne durera que quelques secondes parce qu’après tout, chacun ses goûts. « C’est mon préféré. Natalie Wood est un modèle et à chaque fois que je vois la façon dont elle s’est dépassée, ça me rappelle mes propres aspirations. » Sans compter qu’elle s’était toujours sentie proche de l’actrice pour avoir partagé plusieurs points commun avec elle, comme une enfance sous les projecteurs et une mère maltraitante. « L’expérience y est pour beaucoup dans ma préférence. » ajoute t-elle, bien que dans le fond, elle ne soit pas en désamour avec le reste des œuvres de Kazan. A ses yeux, il reste juste le plus important de son époque et elle ne comprend pas que sa renommée soit pas celle d’un Orson Welles. Sortant à ses côtés du cinéma, elle ajoute « Je pars dans cette direction. » Une affirmation se voulant de lui demander s’ils vont dans le même sens, ou non.
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Message(#)spirited away (camil) EmptyDim 23 Juin 2019 - 19:15

Il avait été surpris d’être interpellé, surtout par Cora Coverdale. Il n’avait jamais eu de mauvaises relations avec elle, mais il ne pouvait pas non plus dire qu’ils se connaissaient beaucoup. Ils s’étaient croisés à quelques reprises lors de galas de charité – ou autres œuvres sociales quelconques – mais n’avaient jamais noué des liens forts. Il faut dire que ce genre de soirée n’était pas l’idéal pour apprendre à connaître quelqu’un ; derrière les bonnes actions se cachaient surtout le bal des faux-culs. Les apparences étaient essentielles, dans leur monde de fortunés et de puissants. « Dépassée, hein ? » Fit remarquer le politicien. Camil n’ignorait pas que Cora avait glissé de son piédestal. Il ne s’était jamais attardé sur les détails – cela ne le regardait pas – et n’avait jamais cherché à en savoir davantage. Les scandales d’autrui ne l’intéressait aucunement – sauf s’il risquait d’être impliqué ou touché, d’une quelconque façon. Il ne s’attarda pas sur les faits, conscient qu’il n’était probablement pas facile de se relever, après avoir subi de tels déboires. « Qui ne l’est pas, quand on est au sommet ? » Demanda le directeur de cabinet du maire de Brisbane. Il ne l’admettrait jamais à voix haute, mais lui aussi, parfois, subissait sa notoriété. Il mettait un point d’honneur à être présent à tous les événements, et à se montrer disponible et souriant pour chacun. Seulement, Camil n’était pas aussi disponible qu’il voulait bien le faire croire. Il aimait profiter de la vie – boire, faire la fête, et s’envoyer en l’air jusqu’au petit jour. Il le faisait d’ailleurs régulièrement, mais devait toujours veiller à ce que personne n’en soit informé. Il évitait les flashs et autres preuves à son encontre, pour éviter que cela puisse un jour jouer contre lui. « Personnellement, je préfère un Tramway nommé désir. » Déclara Camil en haussant les épaules. Stanley Kowalski était un personnage profondément fascinant, même si quelque peu inquiétant. Quant à Vivien Leigh, elle représentait la classe et la distinction, aux yeux de l’Américain. « L’expérience ? » Répéta le politicien, un peu surpris par cette confidence qui n’en était pas réellement une. En vérité, on aurait plus dit qu’il s’agissait d’une fenêtre – minuscule certes, mais fenêtre quand même – ouverte sur une conversation. « Vous m’en dites davantage ? » Suggéra Camil, sans pour autant se montrer trop curieux. Si son interlocutrice ne voulait pas lui en dire plus, il comprendrait. Il n’était rien pour elle, et elle n’aurait pas forcément envie de se confier à n’importe qui. « Enfin, rien ne vous y oblige. » Admit le politicien en haussant les épaules. il jeta un rapide coup d’œil à son téléphone portable, et constata que sa sœur venait de lui envoyer un message. Elle lui indiquait être navrée, et ne pas être disponible avant une bonne heure – un commentaire qui fit soupirer d’agacement l’Australien. Il l’aimait inconditionnellement, et la soupçonnait secrètement d’en profiter. Mais Camil était faible ; il lui suffirait d’un sourire et d’un câlin pour tout effacer, et tout pardonner. « De même. » Dit-il, alors qu’ils se mettaient en route. Il savait que sa petite-sœur ne serait pas disponible dans l’immédiat. « Je suis garé au parking de la mairie. » Indiqua l’Australien. Il avait passé de longues minutes à faire le tour du quartier, avant de se rendre à l’évidence : il ne pourrait jamais se garer à deux pas du cinéma. « Il faudra que je vous dépose quelque part ? » Demanda-t-il, en grand gentleman – qu’il n’était pas forcément, soit dit en passant. Pour Cora, par chance, il était poli et bien élevé. Elle bénéficierait donc de ses grandes largesses, si elle le souhaitait.  
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Message(#)spirited away (camil) EmptyVen 2 Aoû 2019 - 22:11

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Cora & Camil


Elle était motivée par l’opportunité d’une conversation tranquille juste après avoir vu son film préféré. Camil Smith était passé par là et au lieu que ce soit un complet inconnu qui soit victime de son besoin de communiquer, c’est lui, une vague connaissance qui s’y colle. C’est malheureux pour quelqu’un qui semble aussi peu bavard mais Cora ne s’en tient jamais aux textes blancs. « Dépassée, hein ? » lui dit-il, changeant son sourire en une moue d’incompréhension. Elle ignore le but de sa remarque, si c’est un moyen maladroit de compatir ou si cette une remarque visant à pointer sa situation, qui après des mois de procès et de scandales lui parait peu enviable. « Qui ne l’est pas, quand on est au sommet ? » Ou si c’est peut-être une façon douce de lui faire savoir qu’il sait. Elle reste interdite, ne sachant pas quoi lui répondre sur le moment et sans trouver ce qu’il cherche à dire, elle décide finalement de lui poser une question bateau. Les textes blancs, ce n’est peut-être pas si mal dans le fond. « Personnellement, je préfère un Tramway nommé désir. » déclare-t-il sans en dire plus, sans évoquer ce qui lui plait tant dans ce Kazan-là. Cora reste silencieuse tout en avançant à ses côtés. Elle a le sentiment que c’est à elle de dire quelque chose sauf qu’elle ressent aussi qu’elle ne devrait pas, comme si elle allait parler pour ne rien dire. N’écoutant que son naturel qui veut qu’elle soit une personne très sociable, elle tente malgré tout en expliquant ce qui lui plait dans le film qu’ils viennent de voir. La force de caractère de son actrice qui dans des heures sombres comme celle qu’elle a vécu tout récemment donne de l’inspiration et l’envie de tenir debout. « L’expérience ? » Une explication qui semble le faire réagir, ou bien, peut-être est-il juste assez poli pour se forcer à suivre la conversation. Elle opterait pour la politesse. Elle se rend compte qu’elle a fait une erreur, elle aurait dû se contenter d’un simple bonjour. « Vous m’en dites davantage ? » Elle ne disait pas ça pour non plus par envie de raconter toute sa vie« Enfin, rien ne vous y oblige. » ajoute t-il avant de regardant son téléphone et de pousser un sourire de dépit que Cora a peu de mal à prendre pour elle. Elle n’avait jamais eu autant l’impression de déranger quelqu’un et elle était mal à l’aise face à cette politesse dont faisait preuve alors qu’il aurait sûrement préféré passer la suite de la soirée seule. « Vous savez, l’histoire de l’enfant star dont la vie n’a pas été aussi idyllique qu’on voudrait, qui doit grandir vite mais qui en même temps n’y arrive pas. Je me sens tout simplement proche de cette femme. » explique Cora en parlant rapidement, elle n’avait pas envie de le gonfler plus qu’elle ne devait déjà le faire en racontant ses histoires. « Enfin, je vous épargne les détails. » ajoute t’elle de façon à lui faire comprendre que jouer les p’tites starlettes dont le premier besoin est de s’épancher sur ses malheurs, ce n’est pas elle et ce n’était pas son intention en arrivant. Elle tente malgré tout d’offrir une porte de sortie en désignant la direction qu’elle prend, l’occasion pour lui d’en pointer une autre ou bien de faire le tour du paté de maison en attendant qu’elle parte s’il venait à devoir aller par là lui aussi. « De même. » Une réponse qui la surprend tant elle ne s’attendait pas à ce qu’elle soit positive. Elle reste un instant interdite alors qu’il ajoute. « Je suis garé au parking de la mairie. » Forcément, c’était aussi là qu’il travaillait, c’était ce choix de voie qu’il allait faire. Cora aura été stupide de ne pas l’avoir anticipé. « Il faudra que je vous dépose quelque part ? » Elle hoche la tête vivement avant d’ajouter, cette impression de politesse forcée ne la quittant pas malgré tout. « Non, je suis venue avec ma propre voiture, merci de proposer. » Parce que chose incroyable, elle était capable de se déplacer. « Vous faites souvent ça ? Aller au cinéma pour regarder un classique ? » Parce qu’il leur resterait encore quelques minutes de marche, que s’il n’aimait pas son film, elle allait avoir du mal à lui parler d’autre chose.
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Message(#)spirited away (camil) EmptyLun 19 Aoû 2019 - 21:52

« Et cette histoire, c’est la vôtre ? » Demanda poliment l’Australien, alors que les deux compères se dirigeaient machinalement vers la mairie de Brisbane. Camil était surpris de l’attitude de Cora Coverdale. Dans ses souvenirs, l’actrice était plus bavarde, plus enjouée, plus curieuse aussi. Là, elle laissait filer la conversation et semblait presque éteinte, parfois. Il avait l’étrange impression qu’elle n’était plus qu’une sorte de coquille vide – le procès et les scandales à répétition avaient apparemment eu raison d’elle. Camil avait eu vent des déboires de son interlocutrice, mais il préférait ne pas en tenir compte : impossible, pour lui, de démêler le vrai du faux. Il savait que, dans ce genre d’histoire, il y avait toujours deux versions : la vérité se situait probablement dans un entre-deux. Le politicien comprit que l’actrice ne souhaitait pas épiloguer sur le sujet ; il ne fit aucun commentaire, et accepta poliment son silence. Ressasser cette expérience douloureuse ne devait pas être aisé, et il ne voulait pas la mettre dans une position indélicate. Il espérait seulement qu’elle ne souffrirait pas trop, et qu’elle trouverait rapidement le chemin pour se sortir de cette impasse, de ce mauvais pas. « J’espère que vous saurez vous défaire de ce fardeau, un jour. » Déclara Camil, alors que Cora lui décrivait une enfance qui n’avait pas été aussi idyllique qu’on aurait pu le penser. Elle avait dû subir de nombreuses pressions et ce, très jeune. Ça n’avait pas dû être facile à supporter, et à assumer. Personne n’était épargné par les blessures et les douleurs, peu importe la notoriété dont on bénéficiait. C’était bien là une leçon qu’il avait durement apprise. « Moi ? » Demanda-t-il, incrédule, pris au dépourvu par la question. Pendant une fraction de seconde, il s’interrogea : était-elle indirectement en train de lui reprocher de ne pas être au travail, un jour de semaine en pleine après-midi ?  Il arqua un sourcil en la regardant, et son air perplexe lui fit comprendre qu’il se méprenait. Si sa sœur avait été là, elle se serait fait un malin plaisir de lui rappeler que le monde entier n’avait pas vocation à lui savonner la planche, contrairement à ce qu’il s’imaginait la plupart du temps. « Non, pas vraiment. » Admit-il en haussant les épaules. Mais il ne regrettait pas cette déconnexion imposée par sa frangine ; il avait besoin de décompresser, de prendre l’air, de se divertir. L’exercice de ses fonctions l’obligeait souvent à se donner corps et âme, et donc à s’oublier. « C’est ma sœur, qui me fait faire ce genre de choses. » Avoua-t-il en souriant. Elle était toujours là où on ne l’attendait pas. Toujours là pour le faire sortir, lui changer les idées. « Et vous ? » Demanda-t-il, lui retournant poliment la question. Ils approchaient à grands pas de la mairie, et Camil devrait l’abandonner pour retourner travailler. « Les actrices sont-elles toutes cinéphiles ? » C’était là une question plus rhétorique qu’autre chose. Mais il était curieux d’entendre le point de vue de la starlette à ce sujet. En ce qui le concernait, il avait quelques doutes ; comme dans tous les milieux, le septième art devait avoir son lot d’imposteurs.  « Je suis désolé, mais je vais devoir retourner bosser. » Déclara poliment le politicien, alors qu’ils se trouvaient à proximité de la mairie. Il salua poliment l’un de ses collaborateurs, et posa son regard sur l’actrice, désormais dos à lui. Elle marchait d’un pas pressé, la tête baissée, comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules. « Cora ? » Il l’interpella, après une brève seconde d’hésitation. Elle s’arrêta, se retourna, et attendit. « Prenez soin de vous, et tâchez de vous remettre. » Dit-il. « Le sourire vous allait mieux au teint que ce regard triste. » Ajouta-t-il avec douceur, dans un espoir – presque vain, mais sait-on jamais – de la voir esquisser un semblant de sourire. Il lui fit un clin d’œil, et se détourna pour monter les marches du perron de la mairie. Une montagne de travail l’attendait, et il devait reprendre sa routine. Jusqu’à la prochaine sortie imposée par sa sœur.
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