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Cora & Ezra

C’est à n’en pas douter la façon dont toutes les couleurs arrivent à s’assembler entre elle qui a fait qu’elle ne s’est pas inquiétée jusqu’à ce que le rouge fasse son apparition. Autrefois, elle pouvait trouver quelqu’un pour s’occuper de ça mais la myriade d’assistant que l’on pouvait lui proposer n’est plus, les voitures qu’on envoyait chez elle pour la transporter d’un point a à un point b ne vienne plus et maintenant, gérer les affaires communes des gens communs est une habitude qu’elle droit prendre même si certaines sont très rapidement placées dans la liste des choses qu’elle procrastine parce que ça reste bien trop compliqué de faire les choses comme une grande. On parle ici, bien évidemment, de tous les voyants de sa voiture qui ont fini par s’allumer jusqu’à ce qu’elle reçoive le courrier l’invitant à procéder à sa révision, chose qu’elle n’avait jamais fait auparavant. Elle voulait croire que non, mais la vérité reste là, aussi dure et implacable (sinon, on aurait plus de facilité à s’avouer bien des choses) : elle n’était pas la célébrité loose et accessible qu’elle pensait être, elle n’était pas simple et nature, elle prétendait juste. C’est une pilule difficile à avaler. Une chance donc qu’elle ait tout un après-midi à perdre pour faire entretenir son bolide. En espérant que la chose sera bien moins laborieuse que la fois où elle a fait ses courses elle-même et ne s’est pas fait livrer des plats déjà préparé.

N’écoutant donc que sa raison qui lui prédit déjà depuis un moment qu’elle va finir sur le bord de l’autoroute dans une situation encore plus difficile à gérer pour elle que d’aller simplement voir un garagiste, elle se lance dans l’action et parce que des personnes de très bons conseils, ou plutôt les deux-trois inconnus à qui elle a posé la question, ont tendu à lui dire que ce corps de métier est très souvent occupés par des arnaqueurs. C’est vers une personne connue qu’elle se décide à se tourner mais si maintenant elle peut ajouter au fait qu’elle soit dans l’inconnue, la boule au ventre d’avoir à faire face à l’un de ses visages amicaux qui a découvert comme tout l’monde ses petits secrets là où elle aurait pu les avouer même si dans les faits, ça n’aurait pas été approprié. Il n’empêche qu’Ezra fait malgré tout partie des personnes auprès desquelles elle sent avoir joué un rôle plutôt qu’être elle-même et lui rendre visite –surtout pour demander un service – est une difficulté supplémentaire.

C’est à la première heure du matin qu’elle se décide à s’armer de courage et de prendre le volant vers le garage du jeune homme, le chemin lui étant toujours parfaitement puisqu’à une époque qui lui semble cruellement lointaine maintenant, c’est ici qu’elle rendait visite à Heidi. Elle laisse sa voiture à l’intérieur et, timide, avance plus loin dans l’atelier pour y découvrir le visage du blond. La pensée qu’après ces deux années, le patron ait changé l’effleure. Elle ne sait pas si elle préfèrerait cette nouvelle ou non. « Bonjour, je cherche Mr Beauregard. » dit-elle à l’adresse d’un des employés qui lui montrer du nez ce qui s’apparente à un bureau. Ce geste n’allant pas dans le sens d’un changement de business, elle garde l’estomac noué bien que dans le fond, elle soit aussi contente qu’Ezra ait toujours son job et quand elle aperçoit sa silhouette de dos au travers d’une porte ouverte, elle toque doucement pour signaler sa présence. « Bonjour ! » dit-elle, laissant l’effet de surprise passer. Peut-être aurait-elle du appeler ? Avait-elle toujours son numéro ? Bullshit, ça se trouve dans l’annuaire. Les gens normaux, ils n’arrivent pas comme ça, comme des cheveux sur la soupe. « Je suis désolée d’arriver sans rendez-vous, je savais pas trop comment faire. » Elle pointe du pouce sa voiture, un peu plus loin. Elle ne sait pas si c’est la chose la plus importante à faire. « Je peux prendre rendez-vous et revenir plus tard. » ajoute t-elle, après tout, la voiture clignote depuis des jours, elle peut bien attendre encore un peu non ?

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« T’es sûr de toi ? » Ezra leva les yeux vers son employé, le regard presque plein d’espoir. Mais le regard que lui rendit le jeune homme laissa Ezra dans un soupire las. C’était le deuxième employé qui décidait de ne pas revenir après sa période d’essai, et c’était le genre de nouvelles dont il se serait bien passé aujourd’hui. Il y avait eu un moment où les affaires marchaient comme sur des roulettes, où tout était aussi simple que bonjour. Cependant, cela faisait quelques mois que l’argent avait du mal à rentrer, si bien que le patron commençait à ne plus trop en dormir la nuit. « Je me pencherai dessus ce soir. Merci, Luke. » Il tenta de tirer son plus beau sourire poli avant d’aller se retirer dans son bureau. Lançant dans un coin son sac - qui contenait un semblant de costume pour le déjeuner, un repas qui pourrait justement aider le garage à redémarrer -, il se dirigea directement par la suite vers la machine à café. De leurs jours, les jeunes employés ne restaient pas. Ils préféraient prendre un job sur le pouce, se faire une rentrée d’argent acquise avant d’aller le dépenser à tout va où le vent les emporterait. Cependant, Ezra avait besoin de mains et de bras pour faire tourner son garage. Il passait presque désormais plus de temps sous une voiture que dans son bureau, alors que le travail dans ce dernier ne manquait pas. Qui plus est, la secrétaire qu’il avait embauche depuis quelques mois désormais ne lui convenait pas réellement. Elle avait une attitude nonchalante sur les bords qui était à deux doigts de le rendre fou. Mais c’était la seule qui s’était intéressée au poste après des semaines de recherche et il avait désespérément besoin d’un ou deux jours de congé par semaine. Café en main, la première étape de la matinée pour Ezra fut de faire un tour par la boite aux lettres. Ils avaient beau vivre au vingt-et-unième siècle, certaines choses ne savaient couper court aux lettres papiers. « Bonjour ! » Alors qu’il avait les pensées perdues dans une lettre qui ressemblait de trop près à une facture, une fois bien trop guillerette pour être du garage vint l’en tirer. Relevant la tête, pivotant sur lui-même, Ezra tomba nez-à-nez avec une personne qui n’avait pas vu depuis ce qui lui semblait être une éternité désormais. « Cora ! » La surprise était réelle, mais ce ne fut pas pour autant qu’un sourire ne vint pas fendre le visage du jeune homme. Cependant, il était légèrement confus. Cora et lui n’étaient plus en réels contact depuis un bon bout de temps déjà, et la voir arriver comme une fleur ici, au garage, lui semblait étrange - bien qu’il avait cette impression de déjà-vu un peu particulière. Elle dut comprendre son malaise, car elle ne laissa pas plus de temps passer avant de reprendre la parole -  comme s’il n’aurait tout simplement pas pu lui demander ce qui l’amenait dans le coin, comme toute personne normalement civilisée. « Je suis désolée d’arriver sans rendez-vous, je savais pas trop comment faire. » Le regard d’Ezra suivit la direction indiquée par la jeune femme, sa vision se focalisant sur une voiture garée plus loin dans l’atelier. « Je peux prendre rendez-vous et revenir plus tard. » Quelques secondes de silence passèrent avant qu’Ezra percute que la jeune femme n’était pas là pour une visite de courtoisie, mais pour une visite professionnelle. En même temps, il aurait trouvé ça encore plus étrange qu’elle passe juste là par hasard - un garage n'était pas vraiment l’endroit où on atterrissait par hasard. « Non non ! » Jetant un coup d'oeil rapidement au courrier, revenant vers Cora, il lui sourit. « Tu sais quoi ? Je suis à toi dans un instant, je vais juste donner un ou deux trucs à ma secrétaire et j’arrive. » Et puis tant pis pour aujourd’hui. « Et puis je vais m’occuper de ton cas, tiens. Enfin, de ta voiture. Pas de toi, hein. Bref, je reviens. » Il attrapa les quelques feuilles de papier à portée de main, fit un ou deux pas en direction de la porte, et glissa sa main dans sa poche avant de sortir. « Tiens, la clef pour la machine à café, si tu veux une boisson offerte par le patron. » Il tendit la petite clef, de laquelle pendait un porte-clef en forme de clef-à-molette, avant de s’éclipser quelques instants dans le bureau d’à côté. « Louisa, je suis désolé mais j’aurai pas le temp de trier ça aujourd’hui. » Sourire presque poli, atteignant à peine la moitié de ses joues, mais attendant surtout une réponse - à la positive - de la part de la jeune femme. « Aujourd'hui ? Comme aujourd'hui toute la journée ? » Elle semblait débordée d’avance. Il se retint de ne pas soupirer, et se remémora mentalement de passer en revue la journée ce soir. « Vois ça comme moi qui te fait confiance pour gérer la matinée. Surtout que j'ai rendez-vous pour déjeuner, tout à l’heure. Je serai pas de nouveau dispo avant au moins quinze heures je pense. » Et, sur ce, alors qu’elle allait manifester son mécontentement, Ezra était déjà hors du bureau. Il alla rejoindre Cora qui l’attendait non loin de sa voiture. « Me voilà, désolé de l’attente. Alors, qu’est-ce qui t’amène ici aujourd’hui ? » Machinalement, il vint se pencher par la fenêtre, regardant à l’intérieur du véhicule.

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Ce n’était pas simple pour elle de reconnecter avec des gens du passé. Soit il s’agissait de personne qu’elle avait très bien connue et qui avaient décidé pleinement de partir ou rester et qui donc, ne posait pas de problème d’état d’âme quant à ses agissements, soit il s’agissait de personne qu’elle ne connaissait pas assez et en même temps suffisamment pour que leur opinion compte à ses yeux et qu’elle se sent mal à l’aise à l’idée d’une reprise de contact. Il n’y a dans le fond pas de motif réel pour des griefs envers elle et ses mensonges mais l’impression véritable toutefois qu’il y’a de la méfiance parce qu’elle n’a pas été la personne qu’elle prétendait être. Ezra fait donc partie de ce second groupe. Ce qui amène Cora à ne pas vraiment savoir comment engager la conversation et la surprise affichée du jeune homme ne l’aide pas à faire la chose en douceur, c’est pourquoi de but en blanc, elle annonce être là pour sa voiture. C’est une raison professionnelle qui l’amène ici et non un quelconque motif qui serait étrange de toute manière. « Non non ! » réagit-il, mettant ainsi fin au silence et au tourment de Cora qui se dit qu’elle aurait mieux fait d’aller voir ailleurs, même si ailleurs, on l’aurait forcément embêté puis dévisagé alors que là, elle sait au moins que le patron est du genre à être au-dessus du fait qu’une de ses clientes ait pu faire la une des tabloïds. « Tu sais quoi ? Je suis à toi dans un instant, je vais juste donner un ou deux trucs à ma secrétaire et j’arrive. » Elle acquiesce sans rien ajouter avant de se mettre à l’attendre gentiment, comme il l’a demandé. « Et puis je vais m’occuper de ton cas, tiens. Enfin, de ta voiture. Pas de toi, hein. Bref, je reviens. » Elle esquisse un sourire à sa boutade, ne se permettant pas de commenter ou d’enchérir, la situation n’en étant pas là même si le ton léger d’Ezra l’aide à se dire qu’il n’y a peut-être absolument rien de gênant dans cette entrevue et rien de honteux dans les deux dernières années sans nouvelles. « Tiens, la clef pour la machine à café, si tu veux une boisson offerte par le patron. » Elle saisit l’objet par politesse bien qu’étrangement, l’instant ne soit pas à lui donner envie de café. Elle reste donc un instant à l’attendre, promenant son regard vers l’atelier et les employés l’occupant, occupés eux-mêmes à plonger leurs mains dans des moteurs de voiture tels des chirurgiens du futur. Et c’est après avoir imaginé le monde envahi par des machines l’espace d’un instant qu’elle est interrompue par le boss qui revient vers elle, prêt à inspecter son véhicule. « Me voilà, désolé de l’attente. Alors, qu’est-ce qui t’amène ici aujourd’hui ? » C’est le moment où elle lui souhaite de ne pas trop s’attendre à ce qu’elle parle en jargon technique parce que là, elle ne sait rien. Dieu merci d’ailleurs aux véhicules tout équipé qui préviennent quand il faut faire une maintenance. « Et bien, les voyants se sont allumés. Pas de quoi faire exploser la voiture mais je me suis dit qu’au bout de deux, ce serait bien de voir quelqu’un. » explique t-elle avant d’ajouter, l’air gaffeuse. « Et puis, j’ai un peu oublié de faire une révision. J’ai pas réalisé qu’autant de temps s’était passé depuis que j’ai acheté ma voiture. » Et surtout, à l’époque, elle avait eu une myriade d’assistant pour s’en occuper et y penser alors que ça n’avait jamais traversé son esprit à elle ou à Vitto. « Après, je sais que la voiture ne va pas exploser si je la conduis, donc je peux te la laisser. Je veux surtout pas t’embêter, c’est très gentil de ta part de la prendre déjà. »

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La plupart des mécaniciens avaient ce petit réflexe de facile commencer à toucher un peu à tout sur les voitures qui ne leurs appartenaient pas. Comme s’il fallait toujours qu’ils aient le mains occupées, à moitié salies par la prière goutte d’huile qui dépassait un peu trop du moteur. Ezra ne faisait pas exception. A peine avait-il posé sa première question à Cora qu’il commençait déjà à pencher sa tête par la fenêtre, à ouvrir la portière côté conducteur, à activer le levier pour le capot - que la jeune femme prenait à peine la parole. « Et bien, les voyants se sont allumés. Pas de quoi faire exploser la voiture mais je me suis dit qu’au bout de deux, ce serait bien de voir quelqu’un. » Le jeune homme retint un petit sourire, tentant de rester professionnel le plus possible. Cependant, l’histoire que lui racontait Cora était à peu près la même que n’importe quel citoyen lambda qui ne prêtait pas forcément attention à sa voiture ou à son état - et c’était seulement quand tous les voyants s’allumaient, littéralement, que l’alerte était sonnée. « Et puis, j’ai un peu oublié de faire une révision. J’ai pas réalisé qu’autant de temps s’était passé depuis que j’ai acheté ma voiture. » Un prémisse de sourire réussit à échapper à sa vigilance. « Je note de faire ça en plus. » Cora avait laissé les clefs sur le contact, si bien qu’il ne se gêna pas pour tourner d’un cran. En effet, un voyons ici ou là était allumé, mais rien de bien méchant à première vue. Quelques niveaux à refaire, penser à rentrer dans le système information pour réparer cette erreur là… « Après, je sais que la voiture ne va pas exploser si je la conduis, donc je peux te la laisser. Je veux surtout pas t’embêter, c’est très gentil de ta part de la prendre déjà. » Il était déjà tellement parti dans sa check-list mentale qu’il avait - presque - oublié que Cora était encore là. Il releva la tête vers la jeune femme, s’étira de la voiture pour venir en faire un demi-tour et soulever le capot. « Non, elle va pas exploser c’est sûr. Mais y’a quelques alertes qui nécessitent d’être vues assez rapidement. Avec les nouvelles voitures et tout le système informatisé, elles se bloquent rapidement pour un oui ou pour un non, autant s’en occuper de suite. » Un coup d’oeil à droit, un regard un peu insistant sur la gauche, et il marcha quelques pas en arrière pour attraper sa caisse à outils - pas la petite chose qu’ont les très chers papas un brin bricoleurs chez eux; non, la sienne était montée sur roulettes et comportaient plusieurs étages, sa fierté. « Et puis ça fait un bout de temps que j’ai pas pris le temps de remette les mains dans le cambouis. Je passe plus de temps au bureau avec la paperasse qu’avec les voitures dans l’atelier et ça commence à me tirer sur les nerfs. » Il eut une petite pause dans son discours, et se dit qu’il n’y avait aucune honte à jeter une bouteille à la mer. « D’ailleurs, tu ne rechercherais pas un nouveau job et tu n’aurais pas d’excellentes capacités en tant que secrétaire-comptable ? » Ezra s’était tourné légèrement vers Cora, parlant d’une voix plus modérée, ne voulant pas laisser se shots revenir jusqu’aux oreilles de Louisa. « Non parce-que ma secrétaire actuelle est bien gentille, mais si elle continue comme ça je la mets dehors avant l’hiver. » Il eut un petit rire, jaune, avant d’indiquer un fauteuil sur roulettes également un peu plus loin. « Il est propre celui là, si tu veux t’asseoir. Je devrais pas en avoir pour trop longtemps. Enfin si tu veux rester là à surveiller ce que je fais. T’es pas obligée. » Un petit sourire franc et amical vint s’étirer sur son visage, avant que ce dernier ne disparaisse un instant dans la masse noire que représentait le moteur et autres bricoles sous le capot.

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Il semble au moins qu’elle n’a pas à chercher longtemps quelles explications lui fournir parce qu’aussitôt près de la voiture, Ezra s’occupe de tout tandis que Cora tente malgré tout d’expliquer les raisons mécaniques de sa venue. C’est chose vaine mais à observer l’aisance avec laquelle il semble déjà se plonger dans le problème qu’est sa voiture, elle finit par expliquer le basique du basique en assumant que dire des mots de plus serait inutile, si quelque chose cloche, il va le voir. C’est aussi simple que ça et il suffit d’observer le visage du mécanicien alors qu’il actionne le moteur pour en écouter le son produit pour savoir que tout est entre de bonnes mains et que Cora se ridiculiserait certainement encore plus si elle osait dire un mot. « Je note de faire ça en plus. » ajoute t’il alors qu’elle mentionne l’absence de révision. Il faut bien avouer que la voiture est aussi restée un sacré moment sans rouler, un miracle presque qu’elle soit encore en état de fonctionner et que çan e lui ait pas mis un coup au moral. « Non, elle va pas exploser c’est sûr. Mais y’a quelques alertes qui nécessitent d’être vues assez rapidement. Avec les nouvelles voitures et tout le système informatisé, elles se bloquent rapidement pour un oui ou pour un non, autant s’en occuper de suite. » explique t-il alors qu’elle boit ses paroles d’expert comme s’il était en train de réciter la messe, ses explications peuvent vu d’un œil extérieur comme à la portée du premier débile mais pour Cora, il s’agit d’explication assez soutenue et elle tente de retenir comme s’il s’agissait d’une leçon la moindre de ses paroles. « Et puis ça fait un bout de temps que j’ai pas pris le temps de remette les mains dans le cambouis. Je passe plus de temps au bureau avec la paperasse qu’avec les voitures dans l’atelier et ça commence à me tirer sur les nerfs. » Elle peut comprendre, si elle osait, elle répondrait qu’elle vit un peu cette vie là aussi avec le refuge qui bien qu’il soit une fierté, n’offre pas l’exaltation que produit la réalisation d’une œuvre artistique tel qu’un film. Mais là, il n’est pas question d’elle. « D’ailleurs, tu ne rechercherais pas un nouveau job et tu n’aurais pas d’excellentes capacités en tant que secrétaire-comptable ? » demande Ezra, lui mettant un léger doute quant à la possibilité qu’il soit en train de plaisanter ou de sérieusement lui proposer un emploi de secrétaire, non pas qu’elle s’en sentirait rabaissée, juste qu’elle n’a jamais fait la moindre étude dans ce sens. « Non parce-que ma secrétaire actuelle est bien gentille, mais si elle continue comme ça je la mets dehors avant l’hiver. » L’explication est là. Fatalement, elle ne peut s’empêcher de se dire que la situation doit être bien grave s’il ne garde pas son incompétence pour lui et l’expose aux yeux des clients, quoique la personne qu’elle paie, c’est le mécanicien, pas celle qui se chargera de lui envoyer sa facture. « Je ne sais pas si tu es sérieux mais je dois t’avouer que ton offre me fait agréablement de l’œil. » avoue Cora, dans un sourire, tout en jetant un coup d’œil à la porte du bureau, presque comme si elle craignait elle aussi d’être entendue ou parce qu’elle est curieuse d’apercevoir la fameuse secrétaire. « Enfouie sous une tonne de papier à traiter serait le dernier endroit où l’on viendrait me trouver. » Et ce serait le pieds, non pas qu’elle soit autant sollicité qu’il y’a quelques mois mais il ne se passe pas une semaine dans que l’on vienne lui demander son avis et contrairement à beaucoup de monde, Cora apprécie de garder ses pensées pour elle. « Mais, ça ne ferait pas marcher ton affaire. Je crois que tu vas devoir continuer avec ta secrétaire actuelle si tu veux que ton affaire tourne. » Là, elle reste les pieds sur Terre même si s’imaginer rapidement à rigoler sur une blague entre deux cafés tout en profitant du confort d’un bureau bien enfouie dans un p’tit garage, ça lui vend un rêve pas possible. « Mais, merci de m’en croire capable. » ajoute t-elle sincèrement, le sourire aux lèvres, c’était peut –être une blague, personne n’offre un emploi comme ça mais rien que de la faire, ça veut dire beaucoup pour Cora, ça veut dire qu’en un sens, ils sont good. « Il est propre celui là, si tu veux t’asseoir. Je devrais pas en avoir pour trop longtemps. Enfin si tu veux rester là à surveiller ce que je fais. T’es pas obligée. » dit-il en désignant un fauteuil plus loin, mais elle hoche la tête rapidement. Elle sait qu’elle pourrait attendre mais de s’asseoir sur ce siège, ça a un air d’occasion perdue. « Non, je veux bien observer comment tu fais. Ça a un côté fascinant de te voir juste mettre les mains là dedans avant que ça marche, je te promet que quand tu y connais rien, ça a des airs de magie. »dit-elle en faisant comme des gestes de sorcelleries avec ses mains qui sont en même temps très inspirés de ceux qu’il fait déjà avec ses propres mains à lui. « Puis, je pense que je devrais en profiter pour te demander de me raconter comment tu vas. J’ai l’impression qu’une vie s’est passé depuis l’époque où on allait regarder le football ensemble. » Et c’est le cas, elle n’est plus du tout la même personne.

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« Je ne sais pas si tu es sérieux mais je dois t’avouer que ton offre me fait agréablement de l’œil. Enfouie sous une tonne de papier à traiter serait le dernier endroit où l’on viendrait me trouver. » Le regard de Cora qui s’échappa un instant en direction du bureau, comme si les paroles d’Ezra étaient venues sonner une cloche particulière dans sa tête. Il avait sorti ça, à la base, plus comme une plaisanterie qu’autre chose. Il était vrai qu’il avait pour souhait de changer de secrétaire; et de prendre quelqu’un avec, surtout, un champ de compétences plus élargis que celui que Louisa possédait. Mais il s’était - presque - habitué à faire avec elle. Alors il ne s’était pas remis en recherche active de quelqu’un pour la remplacer. Jeter cette bouteille à la mer, c’était comme dire à quelqu’un tu veux pas cent balles et un mars aussi tout en sachant que la personne en face ne prendrait pas ça au sérieux. Alors, il leva un sourcil interrogateur en direction de Cora. Si elle lui demandait quand est-ce qu’elle pouvait commencer, il mettrait sa voiture de côté pour aller virer Louisa sur le champ. « Mais, ça ne ferait pas marcher ton affaire. Je crois que tu vas devoir continuer avec ta secrétaire actuelle si tu veux que ton affaire tourne. » Un petit sourire, un brin déçu il devait avouer, vint fendre son visage un instant. « Mais, merci de m’en croire capable. » Il hocha légèrement la tête, un quelque-chose qui ressemblait de loin à un y’a pas de quoi. Il finit par proposer à Cora un siège, à quelques pas de sa voiture, pour si elle ne voulait pas rester toute la séance à ses côtés. La plupart du temps, les personnes qui venaient le voir n’en avaient rien à faire de ce qu’il faisait à leur voiture, du moment qu’ils pouvaient repartir en temps et en heure avec quelque-chose qui roulait sans trop de mal. Si Cora faisait partie de cette catégorie là, Ezra lui offrait d’office une porte de sortie. Il n’oserait pas lui imposer ce qui allait suivre sans son accord. Et alors qu’elle prenait la parole, Ezra avait déjà les mains, les yeux, le cou à travers le moteur de la voiture. Une oreille qui restait quand même en arrière pour écouter -e t répondre en fonction. « Non, je veux bien observer comment tu fais. Ça a un côté fascinant de te voir juste mettre les mains là dedans avant que ça marche, je te promet que quand tu y connais rien, ça a des airs de magie. » Ses paroles eurent le don de venir tirer un petit rire de la part d’Ezra. « De la magie, carrément. » Ce n’était pas la première fois qu’on venait comparer son savoir-faire et son expérience à de la magie, ça avait pourtant toujours le don de le faire rire. Pour lui, il n’y avait rien de plus logique dans cette danse aériennes qu’effectuaient ses mains. Tirer sur ce fil, attraper ce câble au vol et vider ce réservoir, ce n’était qu’une question de logique. « Puis, je pense que je devrais en profiter pour te demander de me raconter comment tu vas. J’ai l’impression qu’une vie s’est passé depuis l’époque où on allait regarder le football ensemble. » Le sourire amusé qu’il portait jusque là se transforma en petit sourire nostalgique. Il sortit la tête de la voiture un instant, laissant son regard venir se poser sur Cora par dessus son épaule. « Une éternité même, tu peux dire. » Sa voix était douce, sans aucune trace de reproche ou quelconque s’y apparentant. Il faisait juste une constatation, un peu surpris que le temps soit effectivement passé si vite. Il avait l’impression qu’ils s’étaient croisés de nouveau la veille - et en y repensant de plus près, il s’apercevait que ça faisait des années, littéralement, qu’ils n’avaient pas eu une discussion digne de ce nom. Soupirant légèrement, il replongea la tête à travers le travail, non sans répondre à Cora, prolongeant la conversation. « Par quoi commencer, c’est ça la vraie question. » Un filtre à air à changer, un. « J’ai enfin rencontré mon fils. » C’était, après tout, la chose la plus importante et la plus imposante qui lui était arrivée ces derniers temps. Ce détail qui avait chamboulé toute sa vie, remis tous ses croyances en question, replacé quelques points sur les i. « Et en te disant ça, je ne sais même pas si t’étais au courant que j’avais un fils, je me rends comptes… » Elle ne pouvait le voir, mais le froncement de sourcils qu’il opérait n’était pas dû à sa concentration - bien présente, il ne faisait pas semblant de travailler tout de même.

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La première raison de sa venue était les réparations que réclamait sa voiture mais l’élément qui avait fini de la convaincre qu’elle devait passer chez Ezra, c’était bien l’opportunité de rendre visite au jeune homme et peut-être rattraper un peu de temps perdu. Elle s’était enfermée, elle le savait. Et s’il était difficile que de renouer avec ses amis les plus proches, aller à la rencontre de gens qu’elle connait et a délaissé sans que leur lien ne suscite une grosse rancœur est une première étape d’un plan visant à reprendre le cours normal de sa vie. Après tout, elle ne pourrait se cacher éternellement et ce peu importe le nombre d’offre d’emploi visant à ce qu’elle s’enferme qui se présenterait à elle. Non, Cora doit revenir à la surface et ça commence maintenant, en refusant de prendre un siège pour observer Ezra faire « sa magie » sur sa voiture et en lui demandant comment il va, depuis le temps où tout allait bien, ou plutôt, avant qu’elle ne s’aperçoive que tout allait de travers. « Une éternité même, tu peux dire. » souligne Ezra, ce que Cora confirme d’un signe de tête. Elle se souvient avoir simplement été une autre personne à cette époque-là. C’est triste à dire et elle ne le fait pas à voix haute mais elle a le sentiment de n’être plus rien de cette époque. D’être une autre Cora, plus affaiblie par la vie. « Par quoi commencer, c’est ça la vraie question. » poursuit Ezra alors qu’elle l’écoute attentivement et hausse les épaules face à sa rhétorique. Sa vie à elle a été exposée dans les journaux et sur les réseaux sociaux, même en ayant vécu dans une cave, il aurait été difficile de passer à côté de l’annonce de l’enfant caché, de ses procès et autres coups durs. Alors, elle ne dit rien, c’est de sa vie à lui qu’elle se renseigne. « J’ai enfin rencontré mon fils. » dit-il d’un air naturel, comme si l’information tenait de la banalité la plus simple alors qu’elle résonne à l’intérieur de Cora. Elle aussi, qu’elle se retient de répondre mais au lieu de ça, ses sourcils froncent dans l’attente d’éclaircissement. « Et en te disant ça, je ne sais même pas si t’étais au courant que j’avais un fils, je me rends comptes… » Un léger sourire se trace sur le visage de Cora, non, elle n’était pas au courant mais devait-elle l’être ? Là est la question. Elle n’avait pas partagé cette nouvelle de son côté. « Non, tu ne m’avais rien dit. » lâche t-elle dans un ton qui se veut simplement informatif, sans une once de reproche puisqu’elle ajoute bien vite, dans une tentative d’humour qu’elle n’aurait pas osé si la situation avait été autre que celle-ci. « Il faut croire qu’on est quitte sur celle-là. » Bien qu’il n’y ait aucune rigueur à tenir dans un cas que dans l’autre. Une chose dont Cora se rend compte en observant Ezra et sa façon d’en parler. « Et donc ? » ajoute t-elle, curieuse et sincèrement intéressée. « Comment ça s’est passé ? » En espérant que sa rencontre à lui a connu une bien meilleure issue que la sienne. Cora a comme besoin d’observer que fins heureuses arrivent un jour.

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Il se rendait compte que si sa rencontre avec Noah avait été comme un nouveau point de départ dans sa vie, ce n’était pas forcément quelque-chose qu’il s’était amusé à crier sur tous les toits. Enfin, façon de parler. Disons qu’il ne s’était pas privé de faire part de la nouvelle aux personnes qu’il croisait, tellement fier d’avoir un fils physiquement présent dans les alentours pour en parler. Mais les choses s’étaient enchainées tellement rapidement par la suite, et les événements avaient rendu la vie tellement précaire que par la suite, il n’avait pas été tant bavard. Et s’il avait croisé Cora pendant cette période là, il n’aurait pipé mot. S’il l’avait croisé, car l’hôpital était plutôt l’endroit où on pouvait le trouver plutôt qu’ailleurs. « Non, tu ne m’avais rien dit. » Les mots de la jeune femme ne font que venir confirmer sa suspicion. Ils n’avaient pas eu l’occasion d’échanger à ce sujet. « Il faut croire qu’on est quitte sur celle-là. » Une seconde, peut-être même deux, s’écoulèrent avant qu’Ezra ne vienne porter son regard sur Cora. Son ton indiquait qu’elle jouait la carte de l’humour pour lui répondre, et pour ainsi lui faire comprendre qu’il n’y avait aucun mal à ce qu’il n’ait pas partagé cette nouvelle. Mais il devait le voir pour y croire, car d’après ce qu’il avait ouï dire, c’était un sujet assez délicat pour qu’elle ne veuille pas en plaisanter. Effectivement, Ezra avait appris par des connaissances ou les journaux que Cora avait, de son côté également, rencontré son fils. Fils dont elle n’avait jamais rien mentionné à personne jusque peu de temps auparavant. Alors forcément qu’il vint étirer un petit sourire, désolé que ce fut le cas de son côté aussi. Ce n’était pas forcément des situations auxquelles ont été préparés, et elles ne s’avéraient pas terminer toutes bien. « Et donc ? Comment ça s’est passé ? » Elle s’était empressée de continuer de la conversation, de ne pas laisser de silence s’imprégner trop longtemps. Ce n’était pas le but de cette discussion, de laisser le passé venir creuser entre eux. Le but était qu’ils rattrapent ce temps perdu - et ils ne pouvaient le faire qu’en continuant de parler. Ezra prit un moment pour rassembler ses pensées, mais son sourire grandissant le trahissant d’avance. Le regard qu’il leva ensuite vers Cora était empli de fierté. « C’était génial ? » Il haussa doucement les épaules. « Les circonstances n’étaient pas les meilleures, mais je crois que je changerai cette rencontre pour rien au monde. » Il se rappellerait toujours de la première fois où le regard de Noah avait croisé le sien, où la connexion entre eux s’était établie, où ils s’étaient reconnus. « Attends, je te montre une photo. » Plus fier de son fils, il en mourrait surement. Attrapant le premier chiffon qui trainait sur le plan de travail à ses côtés, il sortit son téléphone de sa poche. Bien sûr, il avait un album nommé Noah qu’il remplissait allègrement. « Tiens, la photo date de la semaine dernière. » Il se rendait compte en regardant la photo avec un nouveau regard, un peu plus de recul, à quel point Noah abordait un visage de futur adolescent, et non plus de petit garçon. « Il a tellement grandi en vrai… » Remontant l’album, il en vint à des photos plus anciennes, de l’époque où il l’avait rencontré, et de l’époque de l’hôpital aussi. Faire ce bond dans le passé avait toujours le même effet sur Ezra - le coeur qui se compressait un peu plus, qui envoyait cette pulsion d’adrénaline inutile, comme si la vie du petit était encore grandement en danger. « Il est pas dans la meilleure des situations là, et il bouderait s’il savait que je montre ces photos là… Mais c’est à ça qu’il ressemblait quand je l’ai vu pour la première fois. » Petite bouille amaigrie, les yeux pleins d’amour, un tuyau relié à son bras gauche, une peluche dinosaure coincée sous l’autre. Un silence s’étirait, tout ce dont Ezra ne voulait pas, mais il ne savait pas faire autrement que de rester un instant de plus sur cette photo. C’était surement sa préférée de toutes. « Enfin, je vais pas te faire tout l’album, sinon on en a pour des heures ! » Il eut un petit rire, vint glisser son portable dans la poche arrière de son jean. Il vint passer une main sur sa nuque, un petit peu gêné de s’être laissé tant porter par le moment. « Mes frères me taquinent souvent en disant que je suis un papa poule sur les bords. » Il haussa les épaules, comme s’il n’en faisait rien - c’était totalement vrai. Par la suite, Ezra vint reprendre sa place initiale auprès de la voiture, s’appuyant contre le montant, traçant des cercles rapidement avec le bout de son doigt sur la graisse laissée par la fermeture du capot. « Comment ça s’est passé, toi ? » C’était peut-être trop indiscret, peut-être aussi pas du tout le moment de poser ce genre de question. Mais il ressentait, là, à l’intérieur de son coeur l’effet que ça lui faisait de parler de son fils et de se remémorer ces moments. Ce qu’il avait lu racontait une histoire, et il se doutait bien qu’une partie de la vérité s’y cachait - mais rien ne serait plus parlant que les propres mots de Cora. « J’ai cru comprendre que ça a été un peu mouvementé… » Elle n’aurait qu’à couper court à la conversation s’il faisait un pas de trop. Il n’aurait qu’à retourner au boulot, c’était juste à portée de mains, là.

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Cora & Ezra

Elle commençait à avoir en horreur toutes ces personnes qui prenaient des gants avec elle sur certains sujets, comme si un mot déclencheur allait lui retourner le cerveau et lui faire perdre la boule. C’en était presque à croire qu’une bonne partie des gens qu’elle rencontrait lui souhaiter de faire une dépression nerveuse et de finir dans un asile. Mais Cora avait su garder une part d’autodérision et elle en faisait preuve auprès d’Ezra afin de lui faire comprendre qu’il n’y avait pas de mal à ce qu’il parle de son fils, ou même à ce qu’il ne l’ait pas mentionné. Elle a aujourd’hui plus aucune place pour les reproches que ce soit les siens ou ceux des autres. « C’était génial ? » Elle se sent un peu jalouse face à cette première réponse bien qu’elle ne lui souhaitait certainement pas l’inverse. Sa première réaction n’était que motivée par ce sentiment d’injustice qui l’habitait depuis quelques mois qui voulait que tout le monde ait tout et elle rien. « Les circonstances n’étaient pas les meilleures, mais je crois que je changerai cette rencontre pour rien au monde. » continue-t-il d’expliquer alors qu’elle ressent un léger tremblement de crainte à en écouter la suite parce qu’il avait l’air heureux et qu’elle aurait aimé connaitre la même chose. Elle se met finalement à sourire en s’disant que ça reste préférable d’entendre parfois aussi des histoires qui se terminent bien. « Attends, je te montre une photo. » Elle acquiesce, malgré ses émotions contradictoires, elle veut connaitre la suite de l’histoire, elle veut être attentive à la chance d’Ezra et elle le regarde lui aussi, fier comme un coq et très heureux de sa situation. C’est donc ainsi qu’elle découvre les traits d’un enfant totalement inconnu qui semble très heureux. « Tiens, la photo date de la semaine dernière. » dit-il en les faisant défiler, elle pouvait observer un petit garçon qui semblait bien proche de l’adolescent qu’était Arthur et plus les photos défilaient plus il semblait rajeunir. « Il a tellement grandi en vrai… » Elle n’ajoute rien et se contente de sourire doucement pour cacher la gêne qu’elle ressent face à la jalousie qu’elle éprouvait encore il y’a encore quelques minutes. « Il est pas dans la meilleure des situations là, et il bouderait s’il savait que je montre ces photos là… Mais c’est à ça qu’il ressemblait quand je l’ai vu pour la première fois. » La photo sur laquelle il s’attarde montre un enfant malade qui lui pince le cœur. Ezra aussi avait visiblement connu ses périodes difficiles et si elle en avait mal au cœur que sa situation avec Arthur n’ait pas tourné en sa faveur, elle sait qu’elle peut toujours rester optimiste en se disant que son petit garçon est en bonne santé. « Enfin, je vais pas te faire tout l’album, sinon on en a pour des heures ! » conclue-t-il alors qu’elle est restée silencieuse tout du long, se contentant de sourire, d’acquiescer et de prononcer un « hum-hum » tout du long du diaporama. « Mes frères me taquinent souvent en disant que je suis un papa poule sur les bords. » Ses frères n’ont peut-être pas connu l’absence d’un enfant pendant plusieurs années aussi, se retient-elle de penser très fort par besoin de défendre Ezra contre des railleries qui sont très certainement bon enfant et qui ne la regardant certainement pas. « Comment ça s’est passé, toi ? » finit-il par demander alors qu’elle n’avait osé prononcer le moindre mot. Elle reste silencieuse un instant parce qu’elle ne veut pas qu’il la plaigne, parce qu’elle est gênée de lui étaler ses malheurs alors qu’il semble si bien. Pourtant s’il y’a quelqu’un qui saurait la comprendre, dont elle sent qu’elle n’aurait pas de question trop personnelle, ça semble être lui. « J’ai cru comprendre que ça a été un peu mouvementé… » Elle penche la tête sur le côté en cherchant ses mots avant d’avouer, de cracher plutôt comme si l’aveu avait eu du mal à sortir. Elle se rend compte qu’elle n’en avait pas parlé depuis son retour en Australie. « Ça c’est très mal passé, si je veux être honnête. » Elle a cet air de la personne qui cherche à rire d’un malheur pas drôle du tout. C’est sa manière maladroite d’éviter à tout prix d’alourdir la situation. Elle laisse un blanc, le temps de chercher la suite de sa phrase qui peine à venir. C’est tout sauf facile que de parler de ce moment. « Je n’existais pas pour lui avant d’arriver sur mes grands chevaux. Il ne savait même pas qu’il avait été adopté et même si j’avais mes chances de faire reconnaitre l’adoption comme un rapt, ça fait tellement d’année, je lui aurais fait du mal. » Elle n’ose pas le dire à haute voix mais même en venant, elle lui avait fait du mal. Ça, elle ne le dira pas. Elle avait été égoïste mais elle ne se mettra jamais dans une position où ce reproche pourrait lui être fait. Elle pense toujours que personne ne comprendrait. « Je l’ai laissé avec ses parents. Je ne le reverrais probablement jamais. » poursuit-elle, le cœur gros parce que si elle y pensait tout le temps, c’était un exercice bien moins douloureux que d’en parler à autre voix.

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Cora & Ezra

Il espérait fortement ne pas être allé trop loin dans ses mots. De ne pas trop s’être laissé allé, emporté par ses propres émotions. Noah était désormais toute sa vie. Leur rencontre avait, certes, pas était des plus faciles et des plus ordinaires, mais ça avait marqué un point d’un nouveau commencement dans sa vie. Il savait que Cora devait avoir au fond d’elle quelque-chose de similaire. Ce qu’il avait lu à travers les magazines lui avait reporté des faits, des émotions, des actions. Comme si les journalistes étaient les mieux placés… Il s’osa à relever un regard vers la jeune femme, à trouver l’endroit juste où se mettre après lui avoir posé un question de la sorte. C’était idiot. Il était idiot. Les émotions n’étaient pas son fort, et il s’était laissé porté par ces dernières pour rien. Le silence qui avait poursuivi la dit-question en témoignait. Il était allé trop loin. Et, alors qu’il allait dire à Cora que ce n’était pas la peine de répondre, qu’il s’excusait et qu’il retournait à ses occupations - qui n’étaient clairement pas l’histoire de Cora et de son fils -, la jeune femme prit la parole. « Ça c’est très mal passé, si je veux être honnête. » Cora n’avait pas terminé sa phrase qu’il regrettait toujours davantage de s’être lancé là-dedans. Pensait-il vraiment que remuer le couteau dans la plaie allait être une solution ? Il laissa son regard s’arrêter un instant sur la jeune femmes, son expression faciale en désaccord avec ses mots. Il laissa le silence s’installer, cependant. Si Cora voulait passer à autre chose, à un autre sujet, elle le ferait seule. Si Ezra tentait d’ajouter quelque-chose maintenant, ça risquerait d’alourdir encore plus la situation - ce n’était pas nécessaire ni attendu. « Je n’existais pas pour lui avant d’arriver sur mes grands chevaux. Il ne savait même pas qu’il avait été adopté et même si j’avais mes chances de faire reconnaitre l’adoption comme un rapt, ça fait tellement d’année, je lui aurais fait du mal. » Ses propres souvenirs venaient se confondre dans les paroles de Cora, dans un sens, un petit peu. Ezra avait toujours existé pour Noah, Ginny n’avait jamais caché l’existence de ce père qui ne faisait pas partie de sa vie. Mais, avant de le voir là allongé dans son lit d’hôpital trop grand pour lui, aucun des deux ne connaissait l’autre. Noah ne connaissait pas Ezra. Il avait débarqué dans sa vie, un peu sans lui demander ce qu’il en pensait. Et il bénissait n’importe qui que ça se passe si bien désormais; si ça avait été le contraire et que Noah avait finalement décidé de ne pas désirer Ezra dans sa vie, il aurait été le plus malheureux des hommes. Mais jamais, au grand jamais, il aurait forcé la chose à arriver. Les liens maternels et paternels se mettaient en place presque inévitablement - à condition d’avoir été là quand il le fallait. Quand les rencontres se passaient après, plus tard, alors que la vie s’était déjà écoulée, c’était toujours plus compliqué, plus risqué. « Je l’ai laissé avec ses parents. Je ne le reverrais probablement jamais. » Et le coeur d’Ezra se serrait aux paroles de la jeune femme, un peu en miroir de ce qu’elle devait surement ressentir. Il n’aurait su la lâcher du regard, à l’instant. Parce-que ce qu’elle venait de lui dire, même s’il regrettait toujours d’avoir lancé la conversation, était quelque-chose de tant personnel qu’il n’aurait jamais été capable d’une telle prouesse de son côté sûrement. « C’est courageux, ce que t’as fait. » Il se racla la gorge un instant, rapidement, se rendant compte qu’elle était devenue sèche par l’émotion. Ses premiers mots n’avaient pas été de s’excuse auprès de Cora, pour les épreuves qu’elle avait vécu, qu’elle venait de traverser. Ce n’était pas la peine - il en était le premier au courant. Ezra n’avait rien eu à voir dans cette histoire et il n’avait rien à s’excuser à ce propos. Et ça avait déjà dû être assez compliqué à vivre pour qu’il ne remet pas - davantage, soyons d’accord - le couteau dans la plaie. « Rencontrer son enfant et admettre qu’il est mieux là où il se trouve déjà… » Il inspira légèrement, tentant tant bien que mal de tirer un petit sourire compatissant. « Et au moins il sait que, quelque part ailleurs que chez lui, y’a quelqu’un qui pense à lui. » Maigre consolation, il était d’accord, mais trouver les mots justes dans ce genre de situation n’était d’une, pas son fort et surtout, toujours un exercice compliqué.

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Elle était sincèrement ravie pour lui tout le long de son récit qu’il ait pu avoir une issue aussi heureuse avec son fils et qu’il soit maintenant en train de vivre sa paternité comme il le veut. Elle est même sincèrement heureuse pour lui parce qu’Ezra est un homme en or qui ne mérite pas le malheur. Mais à force de l’écouter, elle ne parvient plus à taire cette petite voix qui vient à lui faire se demander pourquoi elle n’a pas eu le droit à tout ça ? Pourquoi après toutes ces années, c’est encore à elle de se tenir à l’écart ? Elle prend le temps de répondre à sa question parce qu’elle ne sait pas où elle doit commencer ni même ce qu’elle doit vraiment répondre pour ne pas avoir le sentiment de gâcher l’ambiance. Elle avait un discours tout prêt dans sa tête, une explication qu’elle avait mémorisée et qu’elle avait construite de sorte à répondre aux questions d’une manière simple et informative, sans lui donner le sentiment de se plaindre. Elle refuse qu’on la plaigne. Seulement, face à Ezra, elle n’arrive pas à réciter son texte et à lui partager une réponse qui à force est devenue banale. Si quelqu’un peut avoir une idée de son ressenti, c’est lui et chose absurde, elle se sent inapte à jouer la comédie. Elle explique la situation avec d’autres mots, comment Arthur ignorait son existence, pourquoi a-t-elle décidé de ne pas forcer les choses. A peine avait-elle su où se trouvait son petit garçon qu’elle avait voulu accourir et l’emmener avec elle. Mais douze années étaient passées et si elle n’avait pas cessé de penser à lui, Arthur n’avait jamais eu idée de son existence. C’est là le drame qui a conduit à sa décision : celle de ne pas forcer. Cela lui fait mal d’y repenser mais elle n’est pas sa mère. Pas par choix, mais les circonstances l’ont voulu. Elle doit encore l’accepter. Sa voix tremble au moment où elle lui explique qu’elle ne reverra jamais ce petit garçon. Sa gorge se serre. Elle se répète intérieurement qu’elle ne doit pas flancher là. Que ce n’est pas permis et surtout qu’elle n’est pas venue pour ça. Elle a honte parce qu’elle ne se sentirait pas aussi mal si elle avait su ne rien dire. Elle pose son regards sur Ezra qui ne sait probablement pas quoi répondre, qu’elle semble avoir emprisonné entre quatre murs le temps de son récit et qui se retrouve maintenant moralement obligé à dire quelque chose. Elle se déteste pour cette impression d’être en train de le mettre au pied du mur. « C’est courageux, ce que t’as fait. » Elle ne dit rien. Sa décision n’avait rien de courageux. Elle avait réalisé qu’en forçant, elle n’obtiendrait rien de lui et qu’il ne serait jamais le fils qu’elle avait rêvé avoir pendant tant de temps. Au lieu de ça, elle aurait eu auprès d’elle quelqu’un qui la déteste. C’est déjà ce qu’elle a avec son frère jumeau, elle n’a pas voulu se faire plus que nécessaire. Ce n’était pas du courage mais de l’auto-préservation. « Rencontrer son enfant et admettre qu’il est mieux là où il se trouve déjà… » Et ça avait été difficile. Milena avait dû chercher les mots pendant très longtemps pour lui faire comprendre que c’était irraisonnable ce qu’elle voulait. Elle l’avait admis qu’il devait rester en Floride mais ce n’était pas venu d’elle-même et elle était restée longtemps butée. Ça, elle n’ose pas le dire à Ezra. D’aborder ce sujet est difficile mais d’expliquer combien elle a merdé, c’est encore pire. « Et au moins il sait que, quelque part ailleurs que chez lui, y’a quelqu’un qui pense à lui. » Elle retient un rire nerveux alors qu’elle tente de gérer les larmes qui s’apprêtent à couler le long de ses joues. Elle a la voix cassées par cette boule au fond de sa gorge. « C’est tout ce que j’ai : l’espoir qu’un jour, il ait envie de me connaitre. » dit-elle, visiblement pas très bien. « Mais bon, tu sais, c’est un adolescent maintenant. Il va avoir quatorze ans, je pense que je finirais bien par avoir des nouvelles de lui quand il fera sa crise. Il faudra bien que quelqu’un soit responsable de ses malheurs. » C’est une façon maladroite que de blaguer qu’elle adopte avant de se rendre compte que ce n’est pas drôle du tout. Que fatalement, ce garçon aura des problèmes d’identité par sa faute, parce qu’elle a débarqué dans sa vie en lui disant qu’elle était sa mère alors que personne n’avait rien demandé. « C’est bête mais j’ai très envie qu’il le fasse, même si c’est pour me prendre des reproches. » explique t-elle en essuyant quelques larmes qui avaient réussi à se faire la malle. Maintenant, elle avait honte et espérait qu’aucun des employés d’Ezra ne tournent la tête dans leur direction. « Excuse-moi, je ne voulais pas t’embêter avec mes malheurs. »

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Cora & Ezra

Les mots d’Ezra devaient sûrement être maladroits, peut-être pas les mieux choisis pour cet instant. Mais c’était ce qu’il ressentait en entendant l’histoire de la jeune femme, c’était l’écho qui se faisait naturellement dans sa tête, dans son ressenti. Si les rôles avaient été inversés, s’il s’était retrouvé à courir après son fils… Un instant, il réalisa quelque-chose, là, alors que Cora tentait de trouver les mots de son côté. Il réalisa que, malgré tout ce qu’il avait pu dire, pu faire, pu subir - la situation n’avait pas été tant différente, en réalité. Son fils lui avait été arraché, contre son gré - comme Cora. Il avait été élevé dans une autre famille que la sienne, sans qu’on lui demande son avis - comme Cora. Excepté que la famille en question, Ezra l’avait plus que bien connu puisqu’il s’agissait des McGrath. Qu’ils aient juxtaposé quelques Fitzgerald dans l’équation ne changeait rien. Ezra aurait pu être littéralement à la place de Cora, à courir à l’autre bout du monde pour connaître son sang, sa chair. Il aurait pu faire partie de ceux qui tambourinent aux portes à trois heures du matin pour qu’on les laisse entrer, en suppliant de ne pas appeler la police. Damn. Il venait d’en prendre un coup. Il gardait tout ça en lui, à l’intérieur, parce-qu’il n’était ni au bon endroit ni au bon moment pour parler de tout ça, mais une nouvelle ombre venait de parer son coeur, et il n’aimait pas ça. « C’est tout ce que j’ai : l’espoir qu’un jour, il ait envie de me connaitre. » L’attention d’Ezra se reporta sur la jeune femme à l’instant où elle prononça de nouveau son premier mot. Il pouvait ressentir à travers ses paroles la difficulté avec laquelle elle s’exprimait, et de nouveau il s’en voulait d’avoir lancé le fameux et toi. Il ne se doutait pas que ça ferait autant de vagues d’un coup. « Mais bon, tu sais, c’est un adolescent maintenant. Il va avoir quatorze ans, je pense que je finirais bien par avoir des nouvelles de lui quand il fera sa crise. Il faudra bien que quelqu’un soit responsable de ses malheurs. » Un instant, le silence s’installa. Ezra se serait bien osé à un petit sourire, mais malgré le ton blagueur que Cora avait tenté de donner à la phrase, il comprenait que ce n’était pas ce qui traduisait le mieux ce qu’elle ressentait. Il n’y avait qu’à voir les quelques larmes qui avaient réussi, enfin, à se frayer un chemin jusque ses joues. Le coeur d’Ezra se pinça à cette vision. « C’est bête mais j’ai très envie qu’il le fasse, même si c’est pour me prendre des reproches. » Oh, il ne pouvait que comprendre. Tout prétexte était bon lorsque l’on pouvait revoir ceux qui nous tenaient à coeur. « Excuse-moi, je ne voulais pas t’embêter avec mes malheurs. » Cora s’était aperçue que quelques larmes avaient échappé à sa vigilance, et elle vint les essuyer d’un revers de la main. « Ne t’en fais pas. » Frottant ses mains sur sa combinaison de boulot pour retirer le maximum des saletés, Ezra ouvrit à la suite un des tiroirs de sa caisse à outils. Le tiroir propre comme il le nommait dans sa tête. A l’intérieur s’y trouvait notamment un petit paquet de mouchoirs, qu’il gardait à portée de main pour si un jour il avait besoin de s’essuyer les yeux avec quelque-chose de propre, et non ses mains noircies trois quarts du temps. « Si tu veux, je vais éviter d’y toucher moi… » Sa voix s’était parée du ton le plus doux qu’il pouvait exprimer, alors qu’à la suite le silence s’installait. Il n’en voulait pas à Cora d’avoir vidé une partie de son sac, d’avoir répondu à sa question avec toute l’honnêteté qu’elle possédait. Simplement, il n’était jamais le plus à l’aise dans les situations qui impliquaient des larmes. « C’est compréhensible que n’importe quelle excuse puisse être la bonne, tu sais. » Parce-que plus le temps s’écoulait, plus il se rendait comptes que les paroles de Cora étaient le parfait miroir des situations qu’il avait vécu, ou de celles qu’il aurait pu vivre. Parce-que si Noah n’avait pas été malade à ce point là, s’il n’avait pas eu besoin de cette greffe de rein et de vérifier si son vrai père était compatible, surement que Ginny ne serait jamais revenue avec lui sur le sol australien. Puisque, dans leurs histoires respectives, ils avaient tous les deux abandonné le navire alors qu’il sombrait. Un frisson vint lui électrifier l’échine à cette pensée. « J’espère pour toi qu’il sera un pré-adulte rebelle alors. » Il vint lui tirer un petit sourire, en coins, mais présent. Petit sourire compatissant, s’essayant à être rassurant, mais toujours bienveillant. « Et comment les journalistes ont fini par avoir vent de tout ça ? » Parce-que cette histoire était, indiscutablement, on ne peut plus privée. Et pourtant, c’était à travers les tabloïds qu’Ezra avait entendu parler de l’histoire de Cora la première fois. C’était forcément qu’une taupe leur avait donné une information, une bride de quelque-chose, pour qu’ils en viennent à suivre de nouveau Cora comme s’ils étaient son ombre. Les articles dans les magazines étaient parfois assez détaillés, tellement que ça fallait la chair de poule à Ezra rien que d’y repenser.

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L’émotion de son récit avait finalement réussi à lui arracher des larmes. C’était parce qu’elle savait qu’ « en parler » permettrait ce genre de résultat qu’elle s’était permis de rester évasive jusque ici et d’arrêter la conversation dès que celle-ci devenait trop douloureuse pour être maintenue sans qu’elle n’ait trop mal au cœur. C’était stupide un peu parce qu’avec un tel comportement elle éloignait beaucoup de monde d’elle mais Cora faisait partie de ces personnes pour qui montrer des faiblesses était devenue la chose à ne surtout pas faire. La conversation avec Ezra avait filé doucement et l’oreille attentive du jeune homme n’avait pas manqué à la placer en confiance suffisante pour partager un peu son ressenti actuel, celui d’une maman désespérée qui pourrait entendre n’importe quoi venant de son fils tant qu’il lui parle. En s’écoutant le dire, elle réalise que c’est l’attitude qu’elle avait toujours eu avec Finnley, celle de se dire que même si c’est pour lui cracher du venin, tant qu’il lui parle elle peut rester. Pas sûr que ce soit une solution à ses problèmes. C’est toxique, mais Cora ne le voit pas. Ce qu’elle voit c’est surtout qu’elle a réussi à raconter sa vie, s’accaparer l’attention et c’est la dernière chose à lui faire envie récemment. « Ne t’en fais pas. » Elle lève les yeux vers lui, non sans ressentir moins de honte. Elle le regarde qui semble chercher quelque chose jusqu’à ce qu’il ouvre un tiroir vers lequel elle pousse assez de curiosité pour en observer l’intérieur où se tient un paquet de mouchoir. Elle suppose que maintenant c’est fini d’espérer que son désarroi n’est pas visible et que ses larmes ne se sont pas vues. « Si tu veux, je vais éviter d’y toucher moi… » Avec un sourire, elle se saisit du paquet et essuie finalement les larmes de son visage. Elle tente de masquer un peu la chose avec ses cheveux pas que ça la dérange qu’Ezra la voit pleurer, c’est trop tard, mais parce qu’elle ne veut pas que ses employés se questionnent trop sur ce qu’il se passe ici. Elle a encore de la pudeur. « C’est compréhensible que n’importe quelle excuse puisse être la bonne, tu sais. » C’est compréhensible, mais pas sain. C’est du moins ce qu’une toute petite voix semble dicter à Cora. Cette même petite voix qui l’a poussé à arrêter de se torture pour son frère et qui lui chuchote doucement de ne pas tomber dans ce même travers avec son fils. Peine perdue parce que Cora est encore trop sensible pour s’écouter vraiment. Ne reste qu’à prier le destin pour qu’Arthur n’ait rien en commun avec son oncle. « J’espère pour toi qu’il sera un pré-adulte rebelle alors. » conclue t-il, lui faisant échapper un rire malgré elle, quelque chose de nerveux. C’est triste d’en arriver à l’espérer mais elle sait qu’elle n’aura de toute manière pas de contact tant qu’il ne sera pas décidé à crever l’abcès. « On verra ça bientôt. » conclue t-elle à son tour en croisant les bras tandis qu’Ezra continue la révision de la voiture. Elle ignore comment mais elle parvient à se sentir un peu plus légère, son coup de larme avait échappé un peu de pression. « Et comment les journalistes ont fini par avoir vent de tout ça ? » finit-il par demander, ce qui est étrangement une question que peu de personne s’est jusque-là risquée à poser. Elle s’étonne même et ça se voit sur son visage. Maintenant qu’elle est allée loin dans l’histoire, elle se dit qu’elle n’a qu’à continuer avec la vérité même si celle-ci semble irréelle. « Mon avocate a rédigé le communiqué de presse. » déclare alors Cora simplement avant de poursuivre. « On y a beaucoup réfléchit elle et moi et on savait que même à l’étranger, cette histoire aurait été su et que si ça n’avait pas été le cas, ma mère aurait attaqué la première. Alors on a décidé de lui couper l’herbe sous le pied. » Est-ce que ça réduit son capital sympathie que de dire que c’était voulu, qu’elle avait exposé sa vie parce qu’elle voulait gagné ses procès, parce qu’elle voulait paralyser sa mère de sorte à ce qu’elle n’ait qu’à subir ce qui se dirait sur elle au lieu de manier la vérité à sa guise comme elle le faisait depuis toujours. « C’était un choix audacieux. J’ai un peu l’impression d’avoir pris ce genre de décision où tu te coupe un bras pour permettre au reste de ton corps de vivre, sauf que maintenant, il faut gérer le moignon. » explique t-elle avec une distance qu’elle a réussi à cultiver sur cette partie là de l’histoire. Tout dire à la presse avait été dur. Encore aujourd’hui, elle peine à sortir de chez elle suit au harcèlement des journalistes. Mais de le faire l’avait vidé d’un gros secret, la suite n’était que la guérison difficile de quelque chose qu’elle avait laissé lui pourrir la vie. « Au cas où tu te demandes, je n’avais pas plus glamour comme comparaison. »

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« On verra ça bientôt. » Même si le petit rire qui accompagnait cette phrase était clairement un rire nerveux, c’était toujours mieux que pas de rire du tout. Le rire avait toujours été une bonne thérapie pour Ezra, et il était persuadé qu’il pouvait l’être pour tout le monde - même si parfois, il tombait à des moments inappropriés, il faisait toujours du bien. Par la suite, bien qu’une partie de son attention soit de nouveau focalisée sur la voiture de Cora, il se permet de laisser échapper une question qui lui titillait l’esprit, en espérant qu’elle ne gêne pas trop Cora - il l’avait déjà mis dans une situation assez dérangeante comme ça depuis qu’elle avait mis les pieds au garage. « Mon avocate a rédigé le communiqué de presse. » Il jeta un oeil en arrière, vers Cora, haussant légèrement un sourcil. Tous les articles des magasines étaient donc d’elle-même ? L’idée lui semblait bizarre, lui sonnait comme   étrange à l’oreille. « On y a beaucoup réfléchit elle et moi et on savait que même à l’étranger, cette histoire aurait été su et que si ça n’avait pas été le cas, ma mère aurait attaqué la première. Alors on a décidé de lui couper l’herbe sous le pied. » Il fronça un peu plus les sourcils une seconde ou deux, juste le temps d’analyser les paroles de la jeune femme - de les c-comprendre surtout. Tout cet univers, ce monde, lui était étrange et il était vrai qu’il n’en comprenait pas la moindre subtilité. « C’était un choix audacieux. J’ai un peu l’impression d’avoir pris ce genre de décision où tu te coupe un bras pour permettre au reste de ton corps de vivre, sauf que maintenant, il faut gérer le moignon. » Il y eut un petit silence. « Au cas où tu te demandes, je n’avais pas plus glamour comme comparaison. » Et après peut-être une demi-minute à remuer les paroles de la jeune femme dans sa tête, à analyser rapidement ce qu’elle voulait dire et surtout le sens qu’elle portait, lourd, un petit rire finit par s’échapper des lèvres d’Ezra. Surtout pour la comparaison que Cora venait d’utiliser. Loin d’être glamour, il était vrai, mais comparaison qui méritait d’être assez expressive pour faire comprendre la situation à Ezra en un clin d’oeil. Il vint ensuite lever les mains en l’air, comme s’il était innocent, se déchargeant de toute culpabilité d’un rire qui n’était pas tombé à pic. « Effectivement, c’est pas glamour comme comparaison. » Attrapant le chiffon posé sur le bord de la voiture, il vint tenter de retirer le maximum de la graisse qu’il avait sur les mains. « Mais ça a le mérite d’être clair. Tu as été le héro de to histoire, si on peut dire. » Et la douleur associée à cette comparaison semblait toute autant vraie pour la situation dans laquelle Cora se trouvait. Mais dans l’affaire, Ezra pouvait comprendre le point de vue de la jeune femme - ou tout du moins, autant qu’il lui était permis, étant donné qu’il n’avait jamais connu de situation similaire. Elle avait eu le contrôle de l’image publique qu’elle renvoyait, de l’histoire qui allait lui être associée. Toujours mieux ça que des mensonges colportés par un tiers, qui apparemment portait le nom de mère dans cette histoire. Il n’était pas au courant de toutes les tenants et aboutissants de l’histoire entre Cora et sa mère, mais apparement c’était assez pour qu’elle ne lui donne aucun grain à moudre. Et ce n’était pas le moment pour demander des détails, alors Ezra se contenta de finir par un petit sourire, aussi doux que possible. Il avait déjà assez dérangé pour aujourd’hui avec ses questions. Inspirant une petite bouffée d’air, le regard d’Ezra finit par faire la navette entre Cora et sa voiture, sur laquelle il était venu s’appuyer légèrement. « Pour ta voiture, en revanche, je pourrais pas être son héros aujourd’hui. » Son sourire tendre vint se transformer en petit sourire désolé. « Pas qu’il y ait quelque-chose de grave, hein. » Il ne voulait pas non plus inquiéter la jeune femme plus que de mesure, surtout pour le diagnostique qu’il venait de faire en parallèle de leur discussion. « Elle va bien, hein, elle a juste besoin qu’on la bichonne un peu. Et pour faire ça, il me faut certaines pièces… que je n’ai pas en stock aujourd’hui. » Il haussa légèrement les épaules. Pour avoir revu le stock de fonds en combles la veille, il savait qu’il lui manquait en particulier le filtre à air nécessaire pour la voiture de la demoiselle. « Je vais devoir la garder une journée ou deux, juste le temps de recevoir les pièces et de les changer. Tiens, attends. » Il alla chercher rapidement une paire de clefs sur un tableau, juste à l’entrée du premier bureau. « Une voiture de prêt. La meilleure qu’on ait ici, à vrai dire. » Il tira un petit sourire en coin, pas peu fier. Il était vrai que la plupart du temps, les voitures de prêt n’étaient pas des voitures de luxe, étant donné que leur fonction principale était de dépanner quelqu’un le temps de quelques jours. Mais ils avaient un ou deux modèles un peu plus récents, et Ezra était toujours fier de pouvoir en prêter un. « Je t’appelle dès qu’elle est prête ? Et on fera échange ? » Il aurait pu parler de cartes Pokémon que la phrase aurait eu tout autant du sens.

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Cora & Ezra

Elle n’est pas forcément fière quand elle lui dit la vérité. Cora n’avait jamais caché à quiconque lui avait posé la question que le communiqué de presse venait de Milena, mais beaucoup de personne avait de l’empathie pour elle parce qu’ils pensaient justement qu’elle avait vécu un acharnement médiatique. C’était le cas, que ce soit clair. Mais elle avait toujours peur qu’on lui réponde que c’était un juste retour des choses parce qu’elle l’avait cherché en balançant tout. L’histoire est bien évidemment plus profonde mais est-ce que Cora avait envie de s’ennuyer à devoir tout raconter à des personnes qui préfèrent tirer leur conclusion d’après quelques propos et pas l’entièreté de l’histoire ? Non, en aucune façon. Elle n’avait plus rien à prouver et ses secrets n’en étaient plus, à sa plus grande joie même si comme elle l’explique à Ezra, ce n’est pas simple de gérer les retombées d’une telle décision. « Effectivement, c’est pas glamour comme comparaison. » Elle esquisse une grimace. Contrairement à la belle image qu’elle avait toujours renvoyée, Cora n’avait pas que des mots de princesse et savait utiliser des comparaisons imagées qui avaient de quoi jurer avec l’idée que l’on se fait d’elle. « Mais ça a le mérite d’être clair. Tu as été le héros de ton histoire, si on peut dire. » Elle ne sait pas tellement si elle peut le tourner comme ça. On lui a un peu forcé la main et si ça avait été une possibilité, elle n’aurait pas pris une décision susceptible de blesser autant de monde autour d’elle. Elle avait du agir vite et aujourd’hui, elle vit avec ce choix. Il lui a permis, après tout, d’apporter un peu de calme dans sa vie même si elle ne le voit pas encore, Cora ne vit plus avec le poids d’avoir une vie secrète. « Pour ta voiture, en revanche, je pourrais pas être son héros aujourd’hui. » Il change totalement de sujet et automatiquement une autre expression gagne le visage de l’ancienne actrice, sa moue l’interroge immédiatement à savoir s’il y’a un problème, si c’est grave, si elle a merdé… Il semble le deviner puisqu’il répond sans qu’elle n’ait besoin de verbaliser ses inquiétudes. « Pas qu’il y ait quelque-chose de grave, hein. » Elle reste malgré tout silencieuse. En même temps, c’est le genre de chose à laquelle elle aurait pu s’attendre vu qu’elle est incapable d’entretenir sa voiture. Cora fait partie de ces personnes qui ont eu le permis par miracle et dont les véhicules ne connaissent qu’une vie réduite faute d’entretien. « Elle va bien, hein, elle a juste besoin qu’on la bichonne un peu. Et pour faire ça, il me faut certaines pièces… que je n’ai pas en stock aujourd’hui. » Qu’il explique, elle acquiesce bien gentiment. Ça la fâche un peu parce qu’elle n’avait pas prévu de revenir à pieds. Pas que l’exercice lui ferait du mal –comme dirait Vitto – mais parce que le chemin est long et qu’on l’importune toujours. « Je vais devoir la garder une journée ou deux, juste le temps de recevoir les pièces et de les changer. Tiens, attends. » Il se faufile un instant pour aller un peu plus loin et revenir dans la minute. Obéissante, elle ne bouge pas et se contente de le regarder faire. « Une voiture de prêt. La meilleure qu’on ait ici, à vrai dire. » Il lui redonne le sourire alors qu’elle se saisit de la clé, s’en voulant un peu de lui prendre sa meilleure voiture alors qu’elle pourrait n’en avoir que très peu besoin. « Je t’appelle dès qu’elle est prête ? Et on fera échange ? » propose t-il avant qu’elle n’ait l’idée de proposer de simplement prendre un taxi et attendre patiemment. « C’est d’accord. Mais appelle-moi si tu en as besoin plus tôt, je pourrais me débrouiller. » dit-elle avec un ton un peu plus sérieux supposé lui faire comprendre que l’offre est là, que ça ne dérange pas. « Je te remercie en tout cas. C’est laquelle ? » demande t-elle, avant de suivre son regard et de l’accompagner jusqu’au dit véhicule. C’est toujours un peu inquiétant pour elle que de conduire une voiture inconnue mais elle tente de ne pas en montrer la moindre faille. Alors qu’elle s’apprête à monter en voiture, elle arrive à se sentir un peu tenue, comme si elle n’avait pas envie de partir alors qu’il faut qu’Ezra travaille et alors qu’elle se résoud à s’écouter, elle ouvre la portière avant de pointer du nez sa propre voiture. « J’espère que tu t’rends compte que c’est un date que tu m’as proposé. » Qu’elle ajoute en riant, avant de filer chez elle.