Forcément, l’endroit ne paye aucune mine alors qu’elle se retrouve à observer tous ces immeubles les uns à la suite des autres, qu’elle détaille les profils des gens qui marchent tranquillement et sans rien demander à personne dans la rue et surtout, alors qu’elle juge chaque petit jardin faisant office de cour d’entrée aux bâtiments. C’est sale et peu entretenu. Elle déplore le fait que la rue semble être un véritable débarras. Elle savait que Romy voulait prendre un nouveau départ mais à ce moment précis, elle a du mal à saisir le rapport avec le fait de se précariser dans un coin de la ville aussi modeste que celui-ci. C’est avec une hésitation qu’elle n’avouera mais elle tarde à laisser sa voiture derrière elle des fois que … Il lui faut se faire tout un discours encourageant et c’est une fois que, les bras chargés d’un carton qui contient tout ce qui parait essentiel à ses yeux pour faire de ce quelque chose que Romy a trouvé et appelé un lieu de vie, un espace plus cosy, elle finit par prendre la direction de la porte d’entrée. A vrai dire, c’est la réelle motivation dans la visite de Clara : l’opportunité de pouvoir décorer et faire de ces trucs de fille qu’elle adore faire et ne peut pas faire parce qu’elle vit encore chez son père. De penser à cela, là, elle devient fébrile et son visage alterne entre ses expressions de jugement et celle où elle se cheer-up en pensant à combien elle adore l’idée d’aider Romy à refaire son appart. Et ça, elle tente de le garder bien en tête alors qu’elle se rend compte du pire du pire, c’est que cet endroit n’est pas équipé d’un ascenseur et qu’elle va devoir, par conséquent monter les étages juchée sur ses haut-talons avec le carton d’affaire dans les mains. Cette situation relève de la discipline olympique, l’équilibre, le cardio, tout ça mais la vérité reste que pour Clara, ces tours d’équilibriste digne des plus grands circassiens sont une habitude. Jusqu’au moment où elle frappe à la porte, elle se prend à espérer que son amie se soit trompée ou qu’elle lui ait fait une blague mais tout se confirme au moment où la porte s’ouvre, où la joie d’avoir trouvé où vivre sembler habiter son visage alors que Clara reste très très sceptique. Faisant son premier pas dans l’appartement, elle se décharge de son carton dans les bras de la nouvelle locataire. « Tiens, j’ai mis tout ce qui est indispensable pour la déco. J’ai même trouvé des DIY, tu m’en dirais des nouvelles. » Et sans se faire prier et sans attendre qu’elle propose la visite, la blonde est déjà en train d’observer le cadre, de la vue sur les buildings d’en face à la déco cache-misère de cet appartement vieillissant. « Alors, c’est ici. C’est cosy ! Tu me montres ? » demande t-elle, ne pensant pas un mot du côté cosy mais n’ayant pas envie de le dire à haute voix de peur de paraître un petit peu trop elle.
Elle s'était débrouillée comme elle l'avait pu pour se dégoter un logement décent et décamper du canapé de sa cousine étudiante le plus rapidement possible. Primrose avait beau lui avoir assuré qu'elle ne dérangeait pas dans son petit studio de Fortitude valley, l'ego de la petite blonde lui interdisait de profiter de son hospitalité plus longtemps. Il était temps d'assumer ses réactions foireuses. Si elle s'était tiré de chez elle sans éclat de voix après avoir été témoin de la trahison de son compagnon, et ce alors qu'elle aurait été en droit de virer le goujat de chez eux dans un gigantesque mélodrame, Romy devait maintenant composer avec une nouvelle vie de célibataire qu'elle acceptait étonnamment bien. Elle s'était retrouvée à la rue du jour au lendemain sans se douter de la dizaine d'emmerdes administratives et matérielles que ce comportement impulsif aurait pu provoquer, et pourtant, à quelques jours post rupture, ces petits tracas étaient insignifiants face à la bouffée d'air frais que ce nouveau statut amenait avec lui ; où du moins, ils l'étaient car elle s'obstinait à voir le verre à moitié plein plus qu'à moitié vide.
Son nouveau logement se situait loin de son confort habituel. Une colocation de fortune proposée par une fille qu'elle adorait, mais dont elle n'avait fait la connaissance qu'il y a quelques semaines de là dans un bar. Son habitation près de Bayside avec une vue sur la côte avait été troquée par une chambre ridiculement petite dans un minuscule appartement d'un quartier bruyant et animé, et étonnamment, pour le moment elle s'y sentait parfaitement bien. Son ex compagnon avait toujours accordé de l'importance aux apparences. Il fallait qu'ils vivent dans un bel endroit, qu'ils sortent dans des restaurants à la mode. Romy avait toujours apprécié ce côté un peu superficiel chez lui tant elle pensait qu'il la tirait vers le haut, mais après la claque qu'elle venait de se prendre, renouer avec un peu de banalité lui faisait le plus grand bien. Aujourd'hui, elle avait demandé à Clara de venir lui apporter son aide pour aménager l'espace qui était désormais le sien. Si un lit avait été rapatrié et assemblé, l'intégralité de ses affaires se mourrait dans des cartons tandis que les murs demeuraient vidés de touches personnelles qui pourraient l'aider à s'approprier son nouveau chez elle. Isla lui avait donné carte blanche pour l'aménagement (et même si ça n'avait pas été le cas, un vent de fraîcheur n'aurait pas été de trop sur ces murs défraîchis, et Romy n'en aurait fait qu'à sa tête) alors saisissant l'opportunité de laisser parler l'âme de décoratrice d'intérieure qui sommeillait en elle, la petite blonde avait réquisitionné son amie pour l'après midi. « Tiens, j’ai mis tout ce qui est indispensable pour la déco. J’ai même trouvé des DIY, tu m’en diras des nouvelles. » L'interphone était en panne, l’ascenseur inexistant ; c'est perché sur une paire d'escarpins et après quelques étages de grimpés que la blonde débarquait dans le nouvel appartement de la petite Ashby. "Bonjour Clara. Je vais bien moi aussi, merci de t'inquiéter." Réceptionnant le carton dans ses bras frêles, la jeune femme observa du regard son amie pénétrer dans la pièce de vie de son nouveau cocon tandis qu'elle refermait la porte d'un vague coup de pied. L'endroit n'avait rien d'exceptionnel, il était même d'une banalité affligeante. Isla était pourtant une personne pétillante et pleine de vie, mais visiblement, son appartement ne reflétait pas sa personnalité. Des murs beiges, du mobilier commun, le seul charme de l'endroit résidait dans des larges fenêtres qui amenaient de la luminosité, et encore ; toutes donnaient sur des immeubles de la rue d'en face. « Alors, c’est ici. C’est cosy ! Tu me montres ? » Reposant le carton sur la table basse du salon, Romy se fendit d'un demi sourire, relevant l'index vers la petite blonde pour la prévenir d'un point : "J'espère très honnêtement que tu as refait ton stock de pirouettes pour ne pas briser mon petit cœur, Davis. La déco est entièrement à refaire, ma coloc est une catastrophe de bon goût. J'ai prévu de m'occuper de son cas plus tard. En attendant prend ton mal en patience." qu'elle soufflait avec amusement, s'approchant pour l'entraîner à sa suite dans une visite de l'endroit, ce qui serait rapidement accompli tant l'appartement était petit. "Ici tu as la cuisine. La porte la bas donne sur la salle de bain, mais tu n'es pas encore prête à voir ça tant elle est miniature." Même pour elle ce fût un choc. ".. et la c'est ma chambre. Met en route ton sens artistique." Après avoir vaguement désigné du doigt les espaces qui composaient l'appartement, Romy lui présenta celui qui était le plus important pour elle : son nouveau refuge. Pour le moment à peine occupé par un lit et un chevet, il ne payait pas de mine, et était impersonnel à souhait. Des murs blancs, deux fenêtres qui donnaient sur rue ... la banalité de cette pièce était affligeante, et pourtant, l'air apaisé qui flottait sur les traits de la jeune femme n'en demeurait pas moins révélateur du potentiel qu'il représentait à ses yeux. C'était une nouvelle page qu'elle écrivait.
"Bonjour Clara. Je vais bien moi aussi, merci de t'inquiéter." Souffle Romy alors que la tornade Davis est actuellement en train d’envahir son salon ce qui semble être un salon. Elle ne perd pas son temps avec des banalités telle que celle de dire bonjour ou de lui demander des nouvelles, si Romy ne lui ouvre pas la porte les yeux pleins de larmes avec un maquillage qui lui donne tout du panda, c’est qu’elle va bien et que Clara n’a pas à s’inquiéter ou à poser plus de question. Jamais elle ne s’encombre de ce genre de chichi. Et rien ne sert de le lui faire remarquer. Clara va droit au but et dans la mesure où elle est venue pour faire rayonner son esprit créatif, elle s’empresse d’analyser les lieux sans avoir poser la moindre question sur ce que Romy peut attendre d’elle. Sa priorité, c’est d’évaluer chaque possibilité qu’offre cet endroit. A voir juste après si elles s’alignent avec les souhaits de la blonde. Pour le moment, la chose s’engage mal. Clara n’est pas honnête à cent pour cent mais l’espace est très peu impersonnel alors que vu le glamour de l’extérieur, cela aurait été essentiel d’apporter une touche derrière les murs. "J'espère très honnêtement que tu as refait ton stock de pirouettes pour ne pas briser mon petit cœur, Davis. La déco est entièrement à refaire, ma coloc est une catastrophe de bon goût. J'ai prévu de m'occuper de son cas plus tard. En attendant prend ton mal en patience." Romy fait bien de la prévenir parce que Clara peut être partie dans des inspirations avant même qu’on ne le lui dise et la pauvre colocataire aurait pu en prendre pour son grade niveau goût si elle n’avait pas été stoppée avant de prendre son élan. Romy semble s’amuser de la situation mais en toute honnêteté, Clara s’en inquiète surtout. "Ici tu as la cuisine. La porte la bas donne sur la salle de bain, mais tu n'es pas encore prête à voir ça tant elle est miniature." Elle fronce les sourcils, ne sachant pas si elle doit réellement demander ce qu’elle entend par « miniature » et espérant que le fait de mesurer dix centimètres de moins que son amie peut éventuellement signifier que leur appréciation des proportions ne sont pas les mêmes et que la dite salle de bain soit en vérité « vivable » et non le placard à balai qu’elle imagine être. La question ne se pose cependant pas, puisque Romy trouve très vite autre chose à mettre sous ses yeux. ".. et la c'est ma chambre. Met en route ton sens artistique." Clara s’avance dans la pièce sans dire un mot. Nul besoin d’observer son visage pour se douter qu’elle jauge et juge de tout. La pièce est au moins équipée de fenêtres, même si la vue est désagréable, elle essaie de retenir la chose comme un point positif. Les murs sont blancs, ce qui peut potentiellement signifier que personne n’a été tué dans cette pièce, autre point positif. Et enfin, les meubles rentrent, Romy allait juste avoir à se passer de dressing mais était-elle aussi équipée que Clara de ce point de vue-là ? Elle a le sentiment que tout ira très bien. Après une longue minute de silence, elle finit par se retourner vers son amie. Sourire aux lèvres. Prêtes à en démordre. « Bon, faut voir le bon côté des choses, vu la surface, on ne sera pas occupée très longtemps. » dit-elle avant de s’avancer et de découvrir la vue en elle-même par la fenêtre tout en s’disant que si personne n’a été tué ici, le suicide reste encore quelque chose qui a pu se produire. « Juste pour savoir comment je dose mes efforts, tu comptes rester là un an, 6 mois, une semaine ? » C’est juste pour lui permettre de doser les efforts qu’elle doit placer dans ce ravalement de façade. Une pensée qu’elle trouve très vite égoïste et s’empresse d’effacer de sa tête. Elle le fera le mieux qu’elle peut pour sa Romy, c’est décidé. « Bon, commence déjà par me dire ce que tu as imaginé. J’espère que tu as fait une sacré coupe dans ta garde-robe. »
Comme à son habitude, Clara avait fait une entrée remarquable dans son début de journée d'une affligeante banalité, et la petite blonde appréciait que son amie n'agisse pas comme l'exigeait la norme : en la plaignant quant à cette rupture qu'elle avait déjà placé derrière elle. Dire que Romy ne ressentait rien était faux. Son ego avait été blessé, son petit cœur meurtri, mais elle avait aussi pris conscience que cette page de sa vie s'était tournée, qu'elle était désormais seule et que ce n'était pas si dramatique qu'elle l'avait envisagé, même si son nouveau cocon était d'un confort et d'un esthétisme douteux. Clara avançait dans cet appartement sans prononcer le moindre mot, et elle n'avait pas besoin de le faire pour que Romy ne la comprenne. Le côté défraîchi de l'endroit rendait l'espace lugubre et presque vieillot. Si à ses yeux tout serait réglé en un coup de peinture et en disposant quelques plantes ça et là, mini Davis n'était pas de cet avis, et ce constat faisait davantage sourire son amie qu'autre chose. « Bon, faut voir le bon côté des choses, vu la surface, on ne sera pas occupée très longtemps. » Ne pas s'attarder plus que de raison dans la pièce de vie avait été une sage décision. Isla n'étant pas présente pour se prendre une volée de reproches quant à son sens artistique fait de papier mâché, les deux jeunes femmes arrivaient dans la chambre de Romy qu'elle n'avait encore pas aménagé ; et il était grand temps qu'elle le fasse. Ses vêtements s'entassaient dangereusement dans des valises, se froissaient et s'abîmaient. Un fait qui lui brisait le cœur ou presque, sans mauvais jeu de mot. « Juste pour savoir comment je dose mes efforts, tu comptes rester là un an, 6 mois, une semaine ? » Clara s'était avancée jusqu'à la fenêtre. Côté rue, située pile en face de l'appartement d'un type douteux ; son premier achat serait fait de rideaux ultra occultant, mais il n'était pas question de se débiner maintenant. Elle s'était promis de changer de vie, et même si cet appartement n'était pas parfait, il était le premier qu'elle avait trouvé et serait amplement suffisant pour prendre son nouveau départ. "Aucune idée. C'était ce qu'il y avait de plus loin de chez Josh et de plus proche du boulot. Je lui ai laissé l'appartement et le canapé. Mais tu sais il a beaucoup de potentiel cet appartement. Abstraction faite de l'extérieur. Je suis sûre que Pinterest saura en faire un truc hyper instagrammable." Enfin, elle l'espérait. Romy avait besoin de se sentir chez elle ; comme tout le monde sûrement, mais plus encore après une rupture compliquée, après une claque en plein visage. Elle ne se serait pas vue vivre seule, alors cette colocation bancale était une bonne chose, elle l'avait décidé. « Bon, commence déjà par me dire ce que tu as imaginé. J’espère que tu as fait une sacré coupe dans ta garde-robe. » Un sourire étirait les lèvres de la petite Ashby qui remontait ses mains contre ses hanches pour se donner une allure de bricoleuse du dimanche. "Immense dressing sur ce mur. Hors de question de virer une seule de mes fringues." Immense étant tout relatif tant le pan de mur en question ne mesurait pas plus de deux mètres, mais soit. "Je voulais aussi pousser mon lit dans un coin pour ne pas avoir la vue voisin d'en face en premier plan au réveil. On sait jamais. Je suis pas d'humeur à voir quoi que ce soit de susceptible de me filer la nausée si rapidement sortie des bras de morphée." Non, vraiment pas. La trentaine comme elle, le type en question semblait avoir une vie assez mouvementée depuis plus d'une semaine qu'elle avait le loisir de l'observer tant la proximité entre leurs deux immeubles était remarquable, et tant qu'elle n'achèterait pas de rideaux dignes de ce nom, la petite blonde savait qu'elle était bien trop curieuse pour arrêter de lorgner de temps à autre. "Et je voulais aussi faire un énorme pèle mêle avec des polaroids sur la porte. Tu sais un truc hyper graphique qui fasse pas chambre d'ado. J'ai choisi les photos déjà. Y'a des trucs dans ton carton pour ça ? Genre Masking Tape ?" elle demandait en rebroussant chemin, laissant son amie seule dans la petite chambre pour rapatrier le-dit carton du salon. "Puis faut aussi que tu me changes les idées, ça fait près d'un mois que tout le monde me saoule. J'ai besoin d'une vraie conversation avec quelqu'un, qu'on arrête de me demander comment je vais." Sitôt revenue, Romy déposait son butin sur son lit pour commencer à en observer le contenu. Elle n'avait pas honte de livrer le fond de sa pensée à Clara. Elle était touchée de la sympathie que les autres lui montraient, mais si elle pouvait éviter de se traduire par des : tu mérites mieux, elle s'en porterait, effectivement, mieux.
Rien à voir avec l’appartement de rêve que les deux jeunes femmes s’imaginaient avoir lorsqu’elles étaient adolescentes. Le nouveau logement de Romy est aux antipodes de tout ce qu’elles avaient attendu - enfin, surtout Clara- et allait demander un sacré nombre de travaux s’il fallait le rendre décent. L’esprit créatif de Clara avait commencé à s’emballer quand Romy avait tout de suite mis les points sur les i au sujet de la décoration entière : celle-ci attendrait, parce qu’il fallait le temps à Romy de travailler sa colocataire au corps pour que les choses se fassent le simplement. Clara n’allait pas à l’encontre de cette décision et aussitôt qu’elle eut visité la pièce à refaire de toute urgence aka la chambre, elle avait posé une question qui allait déterminer les efforts à suivre. Est-ce que cette pièce est un point de passage, ou non. Parce qu’on ne décore pas de la même façon un endroit où l’on va rester six mois ou dix ans. "Aucune idée. C'était ce qu'il y avait de plus loin de chez Josh et de plus proche du boulot. Je lui ai laissé l'appartement et le canapé. Mais tu sais il a beaucoup de potentiel cet appartement. Abstraction faite de l'extérieur. Je suis sûre que Pinterest saura en faire un truc hyper instagrammable." Elle soupire, imaginant ce qu’il pourrait être et partant du principe que si des gens arrivent à habiter dans des maisons de 15m² à deux et à trouver ça tendance, il n’y a pas de raison que ça ne le devienne pas. Du moins, elle essaie de s’en persuader et à force de s’habituer à l’espace autour d’elle, les questions commencent à venir. "Immense dressing sur ce mur. Hors de question de virer une seule de mes fringues." Ajoute Romy. Evidemment que cette tâche aurait été plus simple si elles avaient pu couper de moitié la garde-robe de la jeune femme. Romy ajoute ainsi une difficulté supplémentaire parce que la pièce va vite présenter des limites. « Tu sais que, si on garde toutes tes fripes, ça va être difficile de te faire tenir toi, ton dressing et de l’oxygène dans cette pièce ? » pointe Clara, à moitié sérieuse parce que si elle avait juste saisi le moment pour faire une vanne, il allait falloir faire en sorte que l’espace ne soit pas surchargé. "Je voulais aussi pousser mon lit dans un coin pour ne pas avoir la vue voisin d'en face en premier plan au réveil. On sait jamais. Je suis pas d'humeur à voir quoi que ce soit de susceptible de me filer la nausée si rapidement sortie des bras de morphée." Sans surprise, le premier réflexe de Clara est de pencher la tête en espérant pour observer le dit-voisin (avec ou sans vêtement) afin de juger des propos de Romy. C’est peine perdu parce qu’il n’apparait pas mais la blonde ne se laisse pas défaire pour autant. « Il est hot au moins ? Parce que tu sais, quand tu en seras à des mois de célibat, ce pénis sera le seul moyen pour toi de te rappeler à quoi ça ressemble et tu y trouveras un grand réconfort. » explique avant d’ajouter le point central de son argumentation. « Enfin, si il est hot. » Oui parce que s’il s’agissait d’un mec loin des dieux du stade, elle peut comprendre que Romy décide d’éloigner ses yeux. "Et je voulais aussi faire un énorme pèle mêle avec des polaroids sur la porte. Tu sais un truc hyper graphique qui fasse pas chambre d'ado. J'ai choisi les photos déjà. Y'a des trucs dans ton carton pour ça ? Genre Masking Tape ?" Dernier projet de Romy, qui rejoint ce que Clara disait, entre un mur pris par la fenêtre, le second par la dressing, il n’en restait que deux et l’espace venait d’être pris. « J’ai des guirlandes mais on ne collera rien sur ce mur tant qu’il aura pas pris un coups de peinture. A moins que tu veuilles du papiers peints ? » Grosse question. Ajoutons que si Romy reste ici six mois, Clara préfèrerait éviter de s’embêter avec des papiers peints. « Et il te faut définitivement un tapis pour le sol. » Parce que le linoléum est la plus erreur commises depuis l’invention du plat surgelés et elle n’est jamais surprise de voir que les gens choisissent l’un, choisissent l’autre aussi. "Puis faut aussi que tu me changes les idées, ça fait près d'un mois que tout le monde me saoule. J'ai besoin d'une vraie conversation avec quelqu'un, qu'on arrête de me demander comment je vais." Conclut Romy, amenant presque une moue trop fière sur le visage de Clara qui aime à savoir que son non-intérêt dans les problèmes des autres (enfin, surtout pour ce qui est de les entendre ressasser) est apprécié. Rapidement, elle se dirige vers son amie, annonçant le regard réjoui. « T’en fais pas, j’ai aucun problème à ce que l’on ne parle uniquement de moi. » Elle se met à rire, ne cherchant pas non plus à être égocentrique mais plus drôle en jouant sur le fait que son égo soit malgré une très part d’elle-même. « De toute, je crois qu’il n’y a pas plus à dire sur ce qu’il s’est passé. Autant se concentrer sur cette chambre. On va commencer par le coup de peinture et tu pourras en profiter pour me dire quoi dire et ne pas dire pour quand je croiserais ta coloc, parce que si tu me poses pas de limite, je saurais pas faire semblant. » Semblant de ne pas trouver cet appartement horrible et de ne pas juger le moindre de ses propos.
Elle avait beau savoir que cet appartement n'était pas des plus reluisants, Romy n'en démordait pas : il avait du potentiel. Ou du moins, l'ébauche d'une brèche d'une mince chance de réussite d'un hypothétique homestaging réussi. Après tout, il y avait pire qu'une colocation précaire dans un quartier animé et populaire ; vivre avec un type volage aux allures de Ken qui prenait son honneur pour un paillasson, par exemple. La petite blonde se moquait bien des soupirs de Clara, de son air renfrogné à chaque fois que son regard accrochait quelque chose qui ne lui plaisait pas (c'est à dire souvent) elle voulait voir le verre à moitié plein, elle voulait croire au potentiel de cette nouvelle chance, et quand bien même son amie râlait, elle était là avec un carton bourré de masking tape pour arranger les choses. Dans la chambre de Romy, les deux trouvaient déjà de quoi attirer leur attention (ou du moins la détourner du salon duquel elles ne sauraient pas encore en refaire la décoration) : le mur dédié au dressing. Cette partie de la pièce était ô combien importante pour la petite Ashby qui avait certainement assez de vêtements en sa possession pour vêtir la population du Togo. « Tu sais que, si on garde toutes tes fripes, ça va être difficile de te faire tenir toi, ton dressing et de l’oxygène dans cette pièce ? » relevait Clara face à une Romy qui levait les yeux au ciel pour la forme. S'il y avait bien une chose qu'elle n'était pas prête à sacrifier, c'était bien ses fringues. "Je sacrifie l'oxygène" répondit elle d'ailleurs avec simplicité, se disant qu'elle ouvrirait la fenêtre quelques fois que respirer serait vital, et ce même si elle devrait potentiellement faire face au fameux voisin dont il était désormais question. « Il est hot au moins ? Parce que tu sais, quand tu en seras à des mois de célibat, ce pénis sera le seul moyen pour toi de te rappeler à quoi ça ressemble et tu y trouveras un grand réconfort. » Oh seigneur. Romy s'arrêtait net, à mi chemin entre l'envie d'éclater de rire et celle de pleurer sur le triste sort de ce constat. Elle n'avait pas songé à la longue abstinence qui pourrait suivre sa rupture. Josh était un énorme connard, mais il avait au moins le mérite d'avoir le statut de partenaire régulier, d'antidépresseur grandeur nature, et alors qu'elle s'imaginait combler ce manque par du vin et de la pizza, Clara reprécisait la condition du fameux voisin : « Enfin, si il est hot. » L'était il ? Et sans doute que le simple fait de se poser la question était une réponse en elle même. "Pas mal, mais pas mon genre. Trop nerd. D'ailleurs je suis pas certaine qu'il sache se servir de la tuyauterie." et je n'irais pas vérifier. La petite blonde tirait doucement sur le coude de son amie pour éloigner son attention de la fenêtre et la recentrer sur les deux derniers murs de libre, lui livrant son projet de pèle mêle graphique qui aurait pour but d'habiller l'espace libre et de le rendre cosy. « J’ai des guirlandes mais on ne collera rien sur ce mur tant qu’il aura pas pris un coups de peinture. A moins que tu veuilles du papiers peints ? » Efficace, Davis. Romy hochait la tête, lançant un : "T'es perf. Et de la peinture, je suis trop petite pour poser du papier peint et toi ... disons que tu ne m'aideras pas, même sur un escabeau, thumbelina.", un sourire au coin des lèvres. Romy appréciait l'organisation drastique dont faisait preuve Clara, même perchée sur des talons aiguilles. Et alors que la jeune femme terminait ses projets d'agencement de la pièce par le sol, Romy ne put s'empêcher d'arborer cette expression assez stupide de la fille ravie de savoir qu'elle avait des amies sur qui compter. A défaut d'avoir un mec. « Et il te faut définitivement un tapis pour le sol. » Elle hochait la tête avec vigueur, se rappelant au passage qu'elle avait délesté son compte en banque de quasi cent vingt dollars pour s'offrir de quoi protéger ses mirettes de cette vision d'horreur grisonnante et plus à la mode depuis les années quatre vingt dix. "Il est commandé. Beige, simple, six centimètres d'épaisseur, un petit nuage fluffy. Je le reçois jeudi." La petite blonde avait presque une pointe d'impatience dans la voix, ce qui était bon signe car elle allait bien, mais sans doute assez pitoyable ; ce n'était qu'un tapis après tout.
Elle se félicitait presque d'avoir réussi à attirer Clara à l'appartement aujourd'hui, bien qu'elle n'ait pas eu à insister longuement tant le challenge était grand. Sa présence serait de quoi lui changer les idées sur le désastre qu'était devenu sa vie provisoirement, et elle pouvait compter sur son amie pour ne pas remuer le couteau dans la plaie béante de son honneur meurtri en choisissant la couleur des murs. « T’en fais pas, j’ai aucun problème à ce que l’on ne parle uniquement de moi. » qu'elle répondait d'ailleurs dans un rire auquel se joignit presque immédiatement celui d'une Romy plus habituée qu'offusquée. C'était aussi pour ce trait de caractère qu'elle adorait la petite blonde ; même au bord de la mort elle trouverait de quoi ne pas s’apitoyer sur votre sort. « De toute, je crois qu’il n’y a pas plus à dire sur ce qu’il s’est passé. Autant se concentrer sur cette chambre. On va commencer par le coup de peinture et tu pourras en profiter pour me dire quoi dire et ne pas dire pour quand je croiserais ta coloc, parce que si tu me poses pas de limite, je saurais pas faire semblant. » Plus rien à dire. Y avait il déjà eu quelque chose à dire de cette idylle bancale ? Rien qui ne sache prendre le dessus sur la couleur de la peinture, c'était lamentable, alors Romy se contentait de hocher la tête. "T'avais pensé à quoi ? Du vert anglais ? ou du bleu ..." faisant quelques pas pour attraper son portable resté sur l'appui de fenêtre, la jeune femme entreprit de chercher un nuancier sur google au moins histoire d'y voir plus clair, et se faisant, elle détaillait un peu sa nouvelle colocataire : "Isla. La trentaine. Rousse, encore plus maladroite que moi. Elle bosse dans le social, mais elle est chouette. Elle a un pote bricoleur qui vient réparer tout ce qui tombe en ruine ici donc par pitié ne critique rien à ce sujet. Mais je l'aime bien." et je sens qu'elle peut devenir une amie. "Je sais pas si vous réussirez à vous apprécier par contre. Elle est adepte du speed dating et les plats préparés ne sont pas une abomination pour elle, mais tu feras un effort pour moi pas vrai ?" Un large sourire pour la forme plaqué sur le visage, Romy relevait le menton vers Clara après avoir trouvé une teinte qui lui plaisait : un vert irlandais soutenu qu'elle avait dégoté sur pinterest et dont elle en plaquait l'image sur le mur à l'aide de son portable pour s'en faire une idée en direct.
C’est un défi que lui pose Romy mais c’est sans aucun doute que c’est comme ça que l’on obtient le meilleur de Clara. La jeune femme ne s’épanouit jamais autant que lorsque l’on l’a met au pied du mur devant quelque chose qu’elle considèrerait comme une catastrophe et même s’il est certain que dans le fond, Romy n’a pas réellement besoin d’elle parce que sa zone de confort est bien moins étendue que celle de Clara, la blonde s’auto satisfait déjà d’être la femme de la situation, l’amie à la rescousse, la designeuse privé et surtout, elle se saisit de l’opportunité de pouvoir critiquer la première chose qui lui tombe sous la main même s’il s’agit de beaucoup de mauvaise foi. Sacrée opportunité que lui offre Romy que de jouer les petits chefs. "Je sacrifie l'oxygène" annonce la locataire alors que Clara vient de lui faire un état des lieux peu encourageant de la situation. Le mur n’est pas grand. Rien n’est grand dans cette pièce et hormis l’intention démesurée de Romy que de faire entrer toutes ses fringues à l'intérieur Clara n’argumente pas plus. Elle sait très bien que le dressing ne fera pas l’objet de compromis (parce qu’en même temps, si les rôles étaient inversés, elle n’en ferait pas non plus) et qu’il va falloir trouver une solution. « Je peux demander à papa de t’installer un système. Il faut qu’on prenne sur la hauteur si on veut que tout rentre, il te faudra une échelle pour prendre tes fringues mais, ça peut le faire. » dit-elle en prenant une photo avec son téléphone dudit mur afin de le montrer à son père. Après tout, ce sera l’occasion de l’occuper et de mettre à profit tout le temps qu’il a à sa disposition maintenant qu’il est à la retraite. Son téléphone reste par ailleurs bien en main au moment où Romy commence à lui parler du voisin qui a tendance à avoir un p’tit peu trop chaud dans son appartement. Fidèle à elle-même, c’est le moment que Clara s’accorde pour un peu de voyeurisme même si personne n’apparait finalement à la fenêtre. Elle se saisit tout de même de l’occasion pour pointer à Romy que le gars d’en face à ses chances d’être sa seule source de distraction masculine pour un moment. Non pas qu’elle veuille remuer le couteau dans la plaie. C’est juste la vérité vraie. "Pas mal, mais pas mon genre. Trop nerd. D'ailleurs je suis pas certaine qu'il sache se servir de la tuyauterie." Est-ce qu’elle parle du fantasme du plombier ou de la capacité de son voisin à faire des étincelles au pieu ? Elle ne pose pas la question, les deux idées se rejoignant. Comprenant qu’il ne sera pas une occasion, Clara finit par ne plus insister. « On te trouvera des gars sur tinder pour t’envoyer des dickpick alors. » Ou au pire, elle lui partagera celle qu’elle reçoit, même si ça parait vachement privée et que seules celles de Nicolas restent sur son téléphone. Elles finissent malgré tout par aborder le sujet qui les réunit ici : la décoration. Nul doute que chacune de leur côté, elles ont épluché pinterest à la recherche d’idée. Devant la surface exploitable, inutile de préciser que beaucoup des choses que Clara avait vu ne sont pas possible mais elle pouvait toujours espérer y voir plus clair dès qu’elle saura de quelle couleur seront les murs. "T'es perf. Et de la peinture, je suis trop petite pour poser du papier peint et toi ... disons que tu ne m'aideras pas, même sur un escabeau, thumbelina."Là, il fallait s’y attendre à une réflexion sur sa taille et parce que Romy marque un point, et que de toute façon, Clara n’avait aucune envie de poser du papier peint, elle ne répond rien et se contente de lui faire un grand sourire, sous entendue qu’elle a compris la vanne. De toute façon, ça valait mieux pour Romy que Clara soit petite, si cette dernière avait dix centimètre de plus, elle aurait douté de sa capacité à rentrer à deux dans cette chambre, et alors que son regard continue de sonder les problèmes, un inconvénient majeur se présente à son tour. "Il est commandé. Beige, simple, six centimètres d'épaisseur, un petit nuage fluffy. Je le reçois jeudi." C’est un souffle de soulagement qui s’échappe d’entre les lèvres de la liliputienne. Il faut dire que là, y’avait urgence et que Romy a bien fait de ne pas l’attendre. « Parfait, je vais faire comme s’il était déjà là, sinon il me faudra une aspirine avant qu’on ait commencé. » commente Clara, s’imaginant parfaitement debout sur le dit tapis qui pourraient très vite avoir des airs de moquettes vu le peu de surface qu’il aura à couvrir.
Ne restait qu’une décision à prendre pour décider du gros œuvre : la couleur des murs. Clara sait exactement ce qu’elle choisirait mais comme elle n’est pas celle qui va dormir dans cette chambre (et heureusement) elle se retient furieusement d’émettre la moindre opinion tant qu’elle n’a pas idée des teintes que Romy souhaiterait. Notons qu’il est très difficile pour elle de n’être que de conseil et de ne pas jouer au p’tit chef mais détournant le sujet sur la possibilité de bitcher sur la coloc de Romy, elle s’en sort au final pas si mal. "T'avais pensé à quoi ? Du vert anglais ? ou du bleu ..." L’idée du vert lui plait, elle irait dans le sens à ce qu’il soit le plus clair possible afin d’agrandir la pièce au maximum. Silencieuse, elle jette un coup d’œil par-dessus l’épaule de Romy afin de surveiller ce qu’elle décide. Inutile de préciser que son visage passe par beaucoup de grimace quand elle voit certain couleur défiler sur l’écran. "Isla. La trentaine. Rousse, encore plus maladroite que moi. Elle bosse dans le social, mais elle est chouette. Elle a un pote bricoleur qui vient réparer tout ce qui tombe en ruine ici donc par pitié ne critique rien à ce sujet. Mais je l'aime bien." Clairement, Romy n’avait pas choisi les meilleurs détails pour guider l’imagination de Clara dans le bon sens. Sa description, plus son appartement, n’amène pas un portrait flatteur mais après tout, ne faut-il pas rencontrer quelqu’un pour être fixé ? "Je sais pas si vous réussirez à vous apprécier par contre. Elle est adepte du speed dating et les plats préparés ne sont pas une abomination pour elle, mais tu feras un effort pour moi pas vrai ?" annonce t-elle dans un grand sourire après arrêter son choix sur un vert irlandais totalement agressif aux yeux de la blonde. Alors que Romy essaie probablement déjà de l’imaginer sur ses mots, Clara réplique. « Ça dépend, tu entends quoi par « effort » ? » Parce que Clara sait faire semblant et cacher cette expression de dégout qui habite régulièrement son visage dès qu’elle croise une hippie (ce que semble être la colocataire de Romy) mais c’est difficile si elle se retrouve à respirer le même air trop longtemps qu’une personne qu’elle juge. « Et tu comptes vraiment mettre ça ? Tu cherches à faire quoi ? Reproduire l’intérieur d’une boite de lucky charms dans ta chambre ? »
En ce qui était question de ses fringues, Romy ne faisait preuve d’aucune concession. Elle n’aurait jamais su se résoudre à faire un tri dans ce qui s’apparentait presque à un stock Mango des dix dernières saisons, et ce même si quelques-unes de ses frippes portaient encore l’étiquette de ce magasin dans lequel y passait chaque mois 1/3 de son salaire. Si l’on ne pouvait pas à proprement parler d’une addiction, la petite Ashby n’en restait pas moins une grande collectionneuse dont le dressing lui permettait d’acquérir un peu plus de confiance en elle, et ce même si quatre-vingt pour cent du temps elle traînait en baskets et en jean. Quelque part, elle savait que dans sa garde-robe se trouvait une pièce de modeuse qu’elle pourrait éventuellement dégainer si toutefois une sortie digne de ce nom se présentait à elle, et pour le moment ce sentiment de sécurité lui allait. Elle savait qu’elle faisait appel à la bonne personne en réquisitionnant Clara pour redessiner l’espace désormais offert par sa nouvelle chambre. Lorsque cette dernière était apparue dans l’appartement, la blondinette y avait certes vu un espace ridiculement petit et un potentiel proche du néant, mais pas question pour elle de s’avouer vaincue. Romy était persuadée que l’esprit de compétition de son amie serait plus à même que le sien pour aménager l’endroit avec goût, alors sitôt après lui avoir indiqué vaguement ses intentions, elle se mettait à l’œuvre, faisant fonctionner ses méninges avec un sens pointu du détail. « Je peux demander à papa de t’installer un système. Il faut qu’on prenne sur la hauteur si on veut que tout rentre, il te faudra une échelle pour prendre tes fringues mais, ça peut le faire. » et sur ce, elle sortait son téléphone pour prendre en photo le futur mur dressing qui avait tout intérêt à être d’une solidité parfaite pour en contenir tout le poids d’une décennie de shopping. Romy hochait la tête, ne trouvant pas si dérangeant le fait d’utiliser une échelle au quotidien si cela pouvait lui permettre de garder toutes ses fringues. « Il a carte blanche s’il arrive à trouver quelque chose » qu’elle répondait dans un demi sourire, s’imaginant vaguement papa Davis se creuser la tête pour tenter de trouver un système ingénieux pour habiller ce mur. Elle se disait qu’elle lui ramènerait quelque chose s’il y parvenait, mais alors qu’elle se faisait l’inventaire mental des présents masculins acceptables pour quelqu’un ayant littéralement sauvé son espace de vie, la conversation déviait sur ce voisin d’en face dont elle ignorait encore tout si ce n’est ses allées et venues quotidiennes et son programme télé. Romy indiquait à son amie qu’il ne figurait pas dans les tops des types à dater, mais si la situation prêtait à sourire, les deux arrivaient à garder un air somme toute assez sérieux, l’âme de designeuse de Clara fusant ci et là. « On te trouvera des gars sur tinder pour t’envoyer des dickpick alors. » Quelle brillante idée. Un air amusé lui naissant au coin des lèvres, la petite blonde se mordait l’intérieur de la joue. Il y avait certaines choses qu’elle s’autorisait à confier à Clara, comme par exemple : « J’en ai jamais reçue. » qui contrastait presque avec son apparente facilité à évoquer le sujet d’ordinaire. Si Romy n’était pas à ranger dans la catégorie des effarouchées de service, elle n’en demeurait pas moins une sorte d’éternelle bonne copine qui n’avait rien de piquant, rien de séduisant si ce n’était ses yeux d’un bleu pâle et son esprit vif. « Je dois être trop mignonne pour ça » qu’elle concluait en levant les yeux au ciel avant de partir d’un petit rire. Loin d’elle l’idée de recevoir des photos de ce genre de la part du type d’en face, mais elle devait avouer que l’idée d’être bousculée la ferait sortir de cette case confort qui la caractérisait si bien. Revenues sur la décoration, le duo mettait en commun leurs idées en ce qui concernait l’aménagement de l’espace, et comme souvent elles tombaient plutôt d’accord. De la peinture dont restait encore à en déterminer la couleur, un énorme tapis fluffy et quelques touches de déco ci et là, Romy faisait une confiance aveugle en Clara en ce qui était question d’aménager cette petite pièce, même si pour poser du papier peint … elle ne risquait pas de mettre à profit l’immensité de sa personne. « Parfait, je vais faire comme s’il était déjà là, sinon il me faudra une aspirine avant qu’on ait commencé. » Rien que ça Romy levait les yeux au ciel pour la forme, car loin d’elle l’idée de trouver son nouvel appartement si miteux. Peut être un peu petit et pas encore tout à fait au top, mais avec un peu d’huile de coude elles arriveraient à faire de cette colocation l’antre du cocooning à pas grand-chose de figurer dans un magazine spécialisé. « Vois ça comme un potentiel en friche » qu’elle soufflait en guise de réponse, optimiste comme elle l’était, et de l’optimisme elle en aurait besoin. Isla avait beau être une jeune femme bourrée d’énergie et de joie de vivre, quelque part Romy sentait que le courant pourrait ne pas passer avec mini Davis. « Ça dépend, tu entends quoi par « effort » ? » Et on ne la lui faisait pas, à Clara. La petite blonde n’avait pas choisi ses mots au hasard, et « effort » était sans doute le terme exact pour désigner le côté Bridget Jones d’Isla dont la maladresse pouvait parfois être épuisante. Si cela faisait rire Romy, il n’en serait peut être pas de même pour son amie et elle le comprendrait parfaitement. « C’est pas une paumée » la rassurait elle, insistant sur la négation. « Mon for intérieur me dit que son côté assistante sociale manquant de confiance en elle pourrait te chagriner » et aussi qu’elle était à découvert dès le dix de chaque mois. En emménageant, Romy s’était presque crue dans un remake des confessions d’une accro au shopping tant sa nouvelle colocataire s’y ruinait littéralement chaque mois, ce qui lui permettait de relativiser quant à ses propres addictions. « Et tu comptes vraiment mettre ça ? Tu cherches à faire quoi ? Reproduire l’intérieur d’une boite de lucky charms dans ta chambre ? » Ahahah. Lui glissant un regard faussement blasé, Romy campait sur ses positions. Elle hochait la tête comme pour réaffirmer sa position, se targuant d’un : « Hé, j’en ai vu une blinde sur Pinterest … bon ok peut être pas toute une pièce mais un pan de mur ça peut être chouette » affirmait-elle dans un large sourire.
Romy n’allait pas lui rendre la tâche facile et en même temps, Clara n’aurait pas pris la peine de se déplacer si son amie était du genre à lui faciliter les choses et n’aurait certainement pas autant pris le défi à cœur parce que ce qu’elle aime dans ce genre d’entreprise, c’est bel et bien le défi imposé et là, à voir la chambre que Romy s’était dégotée, le défi serait de taille. Cette dernière ne voulait pas se séparer d’une partie de ses affaires, très bien, Clara allait faire en sorte de lui faire construire le dressing le plus ergonomique possible et qui pourrait même avoir encore un peu de place pour ses futurs achats (parce que soyons honnête, ce tas de fripe ne va faire que s’agrandir). Un placard à en faire pâlir Marie Kondo et balancer aux vestiaires ses techniques de rangement qui consistent à simplement tout foutre à la poubelle. « Il a carte blanche s’il arrive à trouver quelque chose » indique Romy dès que la blonde annonce qu’elle mettra son père au travail, parce qu’elle est certain que personne d’autre que ce dernier ne pourra accomplir une telle prouesse. « T’inquiète, papa est le meilleur. Je lui dirais de passer dans la semaine pour qu’il prenne les mesures dont il a besoin. » Assure Clara avant que le sujet de la conversation ne vire ailleurs, à la façon dont elles vont remplir un autre mur plus précisément. La fenêtre est assez grande pour laisser entrer de la lumière, bien que la vue n’ait apparemment rien d’autre à offrir qu’une vue sur le service trois pièces du voisin. Une information qui ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde bien que dans les faits, elle le soit totalement inutile. « J’en ai jamais reçue. » Au sujet des photos de membre masculin que Clara finit par aborder en relation avec le voisin d’en face. Face à cet aveu, elle ne peut s’empêcher de regarder Romy avec de grands yeux parce qu’elle n’arrive pas à y croire. Sûr et certain que les photos coquines sont à la base de son couple avec Nicolas et que s’ils n’en échangeaient pas, ils auraient pour sûr rompu depuis bien longtemps à cause de la distance qu’impose le métier de monsieur. « Tu veux dire que Josh ne t’en a jamais envoyé ? » Parce que même sans distance, c’est toujours très agréable d’avoir un p’tit message lui indiquant que son cher et tendre pense à elle de temps en temps. Enfin, chacun ses histoires. Elle ne gaspille passa salive en demandant à Romy si elle en a déjà prise d’elle, des photos coquines. « Je dois être trop mignonne pour ça » Justifie t-elle et parce que l’honnêteté n’est pas souvent bonne conseillère, Clara se retient de répondre que ça doit aussi être pour ça que le gugusse est allé voir ailleurs. Un commentaire qu’elle ne se permet pas puisque le contenu de son propre téléphone ne l’amène pas à rester fidèle. « Ouais, peut-être. » Elle n’ajoute rien de plus, le sujet étant beaucoup trop instable pour qu’elle se lance véritablement dedans et dans le fond, Romy fait bien ce qu’elle veut avec sa sexualité. La conversation revient au thème principal de la journée, qui est la décoration de la chambre et les aménagements à faire. Sans surprise, Clara ne se prive de lâcher les remarques qu’elle a encore en magasin et Romy, de son côté, essaie de nuancer les propos de son amie. « Vois ça comme un potentiel en friche » L’optimisme de Romy peine à l’atteindre mais Clara essaie de mettre de l’eau dans son vin, au moins parce qu’elle ne veut pas non plus trop froisser son amie. Après tout, ce placard, c’est la première étape de son indépendance. Tant que Clara n’aura pas la sienne, elle ne pourra pas vraiment critiquer. « Je te promet, j’ai l’imagination qui turbine à fond. » Et ça, c’est vrai en revanche, parce que s’il y’a une chose qui fonctionne bien actuellement, c’est la façon dont le côté désespérant de cet endroit arrive à l’inspirer à créer quelque chose de plus moderne et aussi de plus ressemblant à la personnalité de Romy. Pour l’instant, on se croirait juste que la demoiselle a décidé de jouer à Harry Potter. Et c’est cet instant que choisit Romy, celui où elle aura réussi à susciter un minimum de bonne foi auprès de Clara, pour aborder le sujet de la colocataire, celle qu’elle rencontrera un jour et celle auprès de laquelle il faudra qu’elle soit gentille. Grosse requête que Clara n’est pas certaine de remplir et ça, elle ne s’en cache en demandant des précisions sur l’énergumène. « C’est pas une paumée » précise Romy, ce à quoi Clara répondrait c’est que si elle ressent le besoin de le préciser, c’est qu’elle doit en être justement une mais comme il est difficile de juger sans avoir eu l’expérience de la bête, Clara attendra patiemment pour le souligner. « Mon for intérieur me dit que son côté assistante sociale manquant de confiance en elle pourrait te chagriner » Comme toute personne manquant de confiance en eux mais Clara est capable de faire des exceptions parce qu’après tout, il n’y a rien qu’elle apprécie plus que de décoincer les gens. « Mweeh, j’en rencontre plein des assistantes sociales au boulot tu sais ? Ce sont des nanas qui ont en général plus de problème que les gens dont elles s’occupent. » intervient-elle parce qu’à l’instant où Romy avait prononcé le mot assistante sociale, l’opinion de Clara s’était arrêtée à ces pauvres filles qui tentent d’aider les autres en oubliant de s’aider elles-même. « Enfin, je voudrais pas faire des généralités. » Elle rattrape le coup comme elle veut. Dieu merci, le thème de la couleur des murs revient en force. De quoi sauver à nouveau la conversation, si seulement le vert choisi par Romy n’était pas simplement hideux. « Hé, j’en ai vu une blinde sur Pinterest … bon ok peut être pas toute une pièce mais un pan de mur ça peut être chouette » Bon, de par son opinion, elle vient déjà de limiter ce truc à ce qu’il ne tapisse qu’un mur de la pièce. Un peu plus, et l’idée disparaitra. « Oui, bien sûr. On fera ça sur le mur du dressing, comme ça, ce sera pas trop gênant quand tu regretteras la couleur. » assure Clara qui devine que ça, c’est juste la lubie d’un moment. « Bon, si je résume. On part sur un dressing de ce côté, un rideau bien occultant de celui-ci, un patchwork de photo de celui-ci. On camoufle le sol sous un gros tapis eeet ça ma paraitra parfaitement instagrammable. » résume t’elle en pointant du doigts les différents endroits qu’elles ont étudié. De toute façon, tant que les bases ne sont pas posées, il sera difficile de visualiser la suite de la décoration. « Ne reste qu’à aller chercher la peinture pour poser la première pierre. Prête ? » demande t-elle à Romy tout en cherchant ses clés de voiture.
Romy laissait carte blanche à Mr Davis pour l'aménagement de son dressing. Déjà car elle savait que ce dernier prendrait le challenge à cœur, et ensuite car elle l'avait déjà vu à l'oeuvre et qu'elle lui faisait une confiance aveugle. Si cet homme avait réussi à élever Clara, il ne cillerait pas devant trois tringles devant contenir l'équivalent du stock d'un magasin H&M. « T’inquiète, papa est le meilleur. Je lui dirais de passer dans la semaine pour qu’il prenne les mesures dont il a besoin. » La blonde hochait la tête, sans relever -c'était inutile- puis laissait son amie poursuivre ses analyses. La fenêtre y passait, tout comme la vue plongeante sur l'appartement du voisin, et sans que Romy ne sache exactement comment elles en étaient venues à en parler, le sujet des dickpicks et de l'innocence assez navrante de la jeune femme venait sur le tapis. Elle n'avait aucune honte à avouer à Clara que personne ne lui en avait jamais envoyé de son existence -quand bien même ce n'était pas quelque chose qu'elle considérait comme indispensable- mais peut être était-ce révélateur de son manque cuisant d'expérience. L'un dans l'autre, le : « Tu veux dire que Josh ne t’en a jamais envoyé ? » ne lui plaisait pas. Elle jetait un regard en direction du plancher, puis rien. Un vague constat, de l'autodérision sûrement, plus tard, et là voilà délestée de ce sujet que Clara concluait simplement d'un : « Ouais, peut-être. » qui se suffisait à lui même. Le sujet revenait ensuite à cette pièce que Romy tentait désespérément de vendre à l'esprit somme toute assez buté d'une Clara qui semblait être au maximum de ses capacités. « Je te promet, j’ai l’imagination qui turbine à fond. » lui assurait elle pourtant, mais dubitative, la petite blonde se contentait de la regarder en penchant la tête sur le côté. Mouais. Clara n'était pourtant pas rendue au bout de ses peines. Alors que Romy lui présentait le phénomène Isla dans les grandes lignes, la jeune femme l'interrompit rapidement à l'entente du mot "assistante sociale" « Mweeh, j’en rencontre plein des assistantes sociales au boulot tu sais ? Ce sont des nanas qui ont en général plus de problème que les gens dont elles s’occupent. Enfin, je voudrais pas faire des généralités. » La blonde levait les yeux au ciel. Enfin, sans le savoir, Davis n'était pas totalement éloignée de la réalité. Il est vrai que Isla était une catastrophe, une sorte d'accro du shopping totalement démesurée, mais Romy ne le lui avouerait jamais. Pour le reste la rousse était une perle, et c'est tout ce qui importait. "Tu fais bien. Je t'assure qu'elle est cool" soufflait elle dans un demi sourire, laissant ainsi le sujet s'évanouir de lui même. Heureusement, le vert irlandais et le bleu canard revenaient sur le tapis. Clara semblait être dubitative, mais la petite blonde n'en démordait pas. Le vert c'était chouette, non ? « Oui, bien sûr. On fera ça sur le mur du dressing, comme ça, ce sera pas trop gênant quand tu regretteras la couleur. » Tss. « Bon, si je résume. On part sur un dressing de ce côté, un rideau bien occultant de celui-ci, un patchwork de photo de celui-ci. On camoufle le sol sous un gros tapis eeet ça ma paraîtra parfaitement instagrammable. Ne reste qu’à aller chercher la peinture pour poser la première pierre. Prête ? » D'une redoutable efficacité, Thumbelina pointait de l'index, démontrait son plan d'attaque pour rendre cette pièce sexy face à une Romy qui se contentait d'hocher la tête ci et là. Sa seule volonté se manifestait en la couleur de ce pan de mur, quoique, elle était presque certaine de craquer ensuite face aux arguments que son amie démontrerait une fois dans le magasin. "Ouais ! J'attrape ma veste." Et sur ce, Romy rassemblait son sens artistique, son sac à main et son cuir avant de suivre son amie à l'extérieur, guidée par le tintement de ses clés de voiture sur lesquelles Clara avait fini par mettre la main.