| joarhett + find out a way what we're made of |
| | (#)Dim 19 Mai 2019 - 16:57 | |
| FIND OUT A WAY WHAT WE'RE MADE OF when we are called to help our friends in need | |
Rester allongée un peu plus longtemps au lit le matin, même si Daniel était là à gigoter dans tous les sens entre les draps, était un véritable bonheur pour Joanne. Le terme de sa grossesse approchait à grand pas et elle se devait de reconnaître qu'elle s'attendait à ce que la petite ne décide de prendre un peu d'avance, comme son grand frère. Pour le moment, tout allait bien, pas de signaux annonçant son arrivée imminente. Depuis qu'elle avait arrêté de travailler à condition de sa condition, elle avait pu enfin prendre le temps de se reposer. Son fils restait avec elle à la maison, pour son plus grand bonheur (parce que quoi de mieux de n'avoir Maman que pour soi toute la journée durant ?). Il n'était d'ailleurs pas rare de la voir faire la sieste avec lui l'après-midi. Après l'une d'entre elle, la petite blonde se sentait suffisamment en forme pour faire une longue promenade au parc. Daniel désirait plus que tout prendre son vélo. Dans ces cas-là, la condition principale était qu'il pédale jusqu'au bout. Hors de question que Joanne soit menée à porter son vélo parce qu'il en avait assez en bout de course. Elle ne comptait pas emmener avec elle les chiens dans la mesure où elle n'était plus vraiment en capacité de le faire. Etant de nature particulièrement frileuse, il n'était pas surprenant de voir la jeune femme enfiler un gilet en laine, même si le mercure dépassait un peu la vingtaine de degrés. Il suffisait d'une brise un peu plus fraîche pour un qu'un frisson parcoure sa peau bien pâle. Après avoir fait un court trajet en voiture afin de se rapprocher du parc dans lequel Joanne voulait se rendre, elle sortait du coffre le petit vélo de son garçon. Il savait qu'il devait enfiler un casque avant de monter sur son engin, ou toute autre du même style. La jeune maman n'était pas non plus trop maniaque en matière de sécurité, même si elle avait toujours une frayeur quand elle le voyait s'étaler par terre, mais à ses yeux il y avait un minimum de sécurité à imposer. Un accident était vite arrivé, souvent quand on s'y attendait le moins. "Maman, regarde, il y a de la glace !" s'était écrié le garçon après avoir vivement user les freins de son vélo une fois qu'il avait aperçu le stand de glaces qu'il pointait du doigt, des étoiles plein les yeux. Bien sûr, derrière cette exclamation, il y avait un message subliminal qui passait et que Joanne avait compris sans trop de problèmes. "Oui, en effet. Et ?" lui demanda-t-elle, faisant mine de ne pas comprendre où il voulait en venir. "Mais ! C'est l'heure de goûter, non ? Et on peut aller manger une glace, alors !" Joanne ne put s'empêcher d'échapper un rire, en voyant sa bouille adorable. Il savait faire les puppy eyes comme sa mère, c'était certain. "Toi aussi, tu veux une glace, je suis sûr." s'exclama-t-il vivement. "Et comment est-ce qu'on demande gentiment ?" souligna-t-elle, avec un léger haussement de sourcils. "S'il te plaît..." commença-t-il. Puis, il ajouta rapidement après une seconde de réflexion. "...Maman d'amour que j'aime!" "Là, tu en fais un petit peu trop." lui répondit-elle en riant. "Mais c'est d'accord." Fou de joie, il lâcha un grand cri enthousiaste avant de pédaler à toute vitesse vers le stand en question. La petite blonde, quant à elle, ne se pressait pas plus que ça pour marcher. Les mains dans les poches de son gilet, elle regardait parfois autour, sans jamais perdre de vue sa progéniture. Il n'y avait que peu de promeneurs en ce milieu de semaine, ce qui rendait la balade d'autant plus agréables. Alors qu'elle regardait les autres silhouettes qui animaient le parc, une en particulier attirait son attention. L'une de celles que Joanne était capable de reconnaître entre mille, tant ils étaient proches à une époque. Son coeur ne fit qu'un bond à l'idée de le revoir, mêlé à un léger pincement rappelant tous les regrets qui entouraient sa relation avec lui. Joanne avait eu bien tort de couper les ponts avec Rhett à l'époque et elle faisait son possible pour retrouver leur amitié. Ils étaient repartis sur de bonnes bases, l'un et l'autre s'expliquant sur cette période particulière, en 2014, où chacun vivait ses propres drames. Où tout semblait glisser entre leurs doigts sans qu'ils ne puissent faire quoi que ce soit. Toujours en gardant un oeil sur son fils, elle s'approcha doucement de son ami de longue date, le sourire aux lèvres. Quel heureux hasard de se croiser, alors qu'ils avaient justement prévu de se revoir avant qu'elle n'accouche. Après quoi, elle aurait un peu moins de temps pour elle et pour les autres, si ce n'est pour sa famille. "Tu voulais faire une comparaison du gazon du parc, comparé à celui du campus ?" dit-elle en guise d'introduction, amusée. Parce que tous les quatre, à l'époque, connaissait le campus par coeur. Certes, ils aimaient en sortir de temps en temps, mais ils n'avaient pas vraiment trouvé meilleur endroit que les spots qu'ils avaient repéré et où ils préféraient se prélasser entre deux cours. Elle attendit qu'il se retourne pour lui offrir le plus adorables des sourires. Qu'est-ce qu'elle était heureuse de le voir. "A moins que tu ne veuilles échapper aux regards envieux des étudiantes." dit-elle en guise de plaisanterie Il ne fallait pas se mentir : Rhett était un bel homme. Pas seulement physiquement, mais aussi humainement. C'est avec ce tout qu'il avait réussi à charmer Sophia (non sans mal). Joanne se permit de l'enlacer, d'autant qu'elle le pouvait avec son ventre bien arrondi. Celui-ci était bien moins en relief la dernière fois qu'ils s'étaient vus. "Comment vas-tu ?" lui demanda-t-elle enfin, dans l'espoir d'avoir de ses nouvelles. "Je m'en veux de ne pas t'avoir appelé avant. Depuis que j'ai arrêté le boulot, je passe le plus clair de mon temps à me reposer, quand je ne suis pas sollicitée par l'énergumène qui se trouve là-bas." dit-elle en indiquant un peu plus loin son fils, attendant sur son petit vélo. Soudain, Joanne réalisait. "Mais tu n'as jamais fait sa connaissance. Je vais te le présenter." s'exclama-t-elle, les yeux ronds. "Daniel, viens dire bonjour, trésor." Sans trop ronchonner (parce qu'il savait qu'il allait avoir de la glace de toute façon), il pédalait pour se rapprocher des grands. Du haut de ses trois ans, il était avant tout le portrait de son père, hormis cette paire d'yeux bleus qui ne pouvaient que venir de Joanne. Il copiait aussi certaines de ses mimiques, et sa douceur venait aussi d'elle, d'ailleurs. Bien que d'habitude social, il était quelque peu intimidé par ce grand blond qu'il n'avait jamais vu auparavant. Il descendait alors de son vélo pour se coller à la jambe de Joanne, serrant entre ses petits doigts le tissu de la robe qu'elle portait. "Daniel, je te présente Rhett. C'est un très bon ami à Maman." dit-elle en lui caressant doucement ses cheveux bruns. Son regard se releva vers l'entraîneur de rugby. Elle lui sourit, et conclut enfin ces présentations. "Rhett, je te présente mon fils, Daniel." dit-elle de sa voix naturellement douce.
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| | | | (#)Lun 20 Mai 2019 - 15:14 | |
| Hj : J'espère que ça t'ira, je trouve ça nul mais je me suis dépêchée d'écrire pour finir aujourd'hui, tant que j'avais le temps. Rhett savourait le contact de l’eau fraîche qui glissait contre sa peau, comme une caresse sur ses muscles endoloris. Son corps puissant fendait les flots avec une rigueur d’athlète, où la vitesse rivalisait avec la technique. Après son accident, ses séances de rééducation comprenaient d’innombrables heures de natation, pour lui apprendre à se réapproprier ses jambes sans les contraintes de la gravité. Et le sportif y avait tant pris goût qu’aujourd’hui encore, il s’efforçait de nager une heure par jour, en dépit des circonstances. Il n’y avait que dans l’eau que Rhett se sentait entier, enfin complètement lui-même. Arrivé à l’extrémité de la piscine, il sortit la tête de l’eau pour reprendre son souffle, retira ses lunettes de natation d’une main puis, d’un bond, se hissa sur le rebord. Une tempête noire surgissant de nulle part l’assaillit et il sombra en riant sous les débordements d’enthousiasme de son chien qui lui faisait la fête, la queue battant les airs. « Je te manquais déjà ? » lui demanda-t-il, même en sachant qu’il n’obtiendrait jamais de réponse. Mais il avait pris la – mauvaise ? – habitude de parler à son chien comme à un égal. Rhett jeta un rapide coup d’œil à son montre, puis acquiesça auprès de l’animal comme pour répondre à sa requête muette. « Ok, laisse-moi juste me doucher, et on va aller te dégourdir les pattes. » Et les miennes, par la même occasion, songea-t-il, soudainement plus morose. Il se leva et se dirigea, de son boitement familier, vers la villa acquise pour son retour en Australie, réminiscence d’un passé de joueur professionnel, où l’argent n’était plus une préoccupation. Au moins n’avait-il pas tout perdu …
Une demi-heure plus tard, il se baladait dans le parc, surveillant de loin son chien qui voguait en liberté, au gré de ses envies ; il était suffisamment bien éduqué pour se passer de laisse. Un sifflement, et il rappliquait sans demander son reste. En ce milieu de semaine, le parc était relativement vide, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Rhett aimait profiter de ces moments de calme, non pas qu’il menait une vie surchargée, mais il aimait se retrouver avec lui-même, pour faire le point, parfois le vide. Il avait un peu de temps devant lui avant de retourner à l’université en fin d’après-midi pour entrainer son équipe. Ce job, songea-t-il en aspirant une bouffée d’air frais, ce job lui avait sauvé la vie. Qui sait où il en serait, sans ça ? Probablement mort, lui souffla sa conscience. Oui, probablement. Son accident avait été le drame de sa vie, et il n’était pas certain qu’il aurait pu s’en relever si l’université ne lui avait pas proposé ce poste. L’arrêt du rugby l’avait plongé dans une sévère dépression, qui ne s’était améliorée qu’au contact de ces jeunes. Grâce à eux, à leur enthousiasme débordant pour la vie, à leur confiance aveugle en l’avenir, il avait compris que la vie continuait. Oui, Rhett avait eu de la chance ; il avait vécu les plus belles choses qu’il puisse espérer, et il en était extrêmement reconnaissant. Ce qui était arrivé était arrivé, il ne pourrait rien y changer, et, même si c’était difficile, vivre avec des regrets n’était pas la solution. Il en avait suffisamment fait l’amère expérience. Bon sang, il n’avait pas encore quarante ans, il lui restait tant de belles choses à vivre. Il l’espérait, du moins. Car quelque part, au fond de lui, il craignait d’avoir sacrifié sa vie personnelle au profit de sa carrière. Tout ça pour quoi ? Il ne lui restait plus rien. Trente-six ans, toujours pas marié, et pas d’enfant. Rien à quoi se raccrocher…
Il en était là dans son introspection personnelle quand une voix familière le tira de ses pensées. « Tu voulais faire une comparaison du gazon du parc, comparé à celui du campus ? ». Une voix douce, chaleureuse et avenante. Une voix qu’il aurait reconnu entre mille. Il se retourna, prêt à saluer Joanne, quand un détail lui sauta aux yeux. Son ventre. Elle était enceinte jusqu’aux yeux ; l’idée lui vint que si elle venait à tomber, elle se mettrait probablement à rouler sans s’arrêter. Rhett était content pour elle, bien sûr, elle qui avait toujours voulu fonder une famille, mais ressentait également un petit pincement au cœur. Cette grossesse brisait ses espoirs de la revoir un jour avec Hassan. Le jeune homme en était convaincu, persuadé, et rien ni personne ne lui ferait changer d’avis, Hassan et Joanne étaient fait l’un pour l’autre.
« A moins que tu ne veuilles échapper aux regards envieux des étudiantes. » Sa boutade fut accueillie par un rire surpris. Où allait-elle chercher des idées pareilles ? Rhett n’était pas un tombeur, ne l’avait jamais été. Au contraire, il était plutôt maladroit avec les filles. « Tu parles, je suis probablement un vieux débris pour elles. » la contredit-elle alors qu’elle le prenait dans ses bras. Un contact qui, malgré leurs différends et leur séparation, lui sembla aussi évident qu’autrefois. Oui, Joanne avait été une bonne amie. La meilleure d’entre toutes. Ils avaient un jour partagé une belle amitié fille/garçon, sans la moindre ambiguïté entre deux. Cette période de sa vie, tout était si simple alors, lui manquait beaucoup. « Comment vas-tu ? » s’enquit-elle auprès de lui. « En forme, mais visiblement, pas autant que toi. », fit-il allusion aux formes arrondies de son ventre. « Je m’en veux de ne pas t’avoir appelé avant. » « Ne t’en fais pas, j’étais très occupé ces derniers temps. », mentit-il pour la rassurer. « Depuis que j’ai arrêté le boulot, je passe le plus clair de mon temps à me reposer, quand je ne suis pas sollicitée par l’énergumène qui se trouve là-bas. »Rhett suivit des yeux l’enfant que désignait Joanne, et qui se tenait fièrement sur son petit vélo. « Mais tu n’as jamais fait sa connaissance. Je vais te le présenter. Daniel, viens dire bonjour, trésor. Daniel, je te présente Rhett. C’est un très bon ami à maman. » Curieusement, l’entendre le présenter de cette façon lui réchauffa le cœur. « Rhett, je te présente mon fils, Daniel. »
Rhett se pencha vers le petit garçon qui, sans doute intimidé par l’inconnu qu’il était pour lui, s’était réfugié derrière la jambe de sa mère. « Enchanté d’enfin te rencontrer, Daniel.», lui adressa-t-il la parole en lui tendant la main. L’enfant, d’abord hésitant, lui serra finalement la main, sans doute heureux d’être traité comme un grand. « Ta maman m’a déjà parlé de toi. Mais elle ne m’avait pas dit que tu étais aussi costaud ! Et tu fais déjà du vélo comme un grand ! », s’exclama-t-il, faussement impressionné. Ok, avouons-le, Rhett ne savait pas trop s’y prendre avec les enfants, mais flatter son petit égo lui sembla être une bonne idée. Il se redressa, reportant son attention sur Joanne. « Il a tes yeux. » constata-il, même si elle devait déjà le savoir. « Je ne suis pas venu seul non plus. » Il ne lui présenta non pas une fille – sa vie sentimentale était un échec – mais un labrador noir, qui accouru à son sifflement. « Daniel, je te présente Vador, mon chien. » Un peu geek sur les bords, Rhett ? Forcé de reconnaitre que oui. « Tu te promènes encore dans cet état ? Je veux dire, tu n’as pas peur d’accoucher sur place ? », s’inquiéta-t-il, réellement concerné par sa santé. « Je ne saurais pas m’y prendre, si ça arrivait. Ce serait peut-être plus prudent de t’asseoir ? » Rhett n’y connaissait absolument rien en matière de grossesse, et avait la nerveuse impression qu’elle allait accoucher devant lui, dans la seconde à venir. |
| | | | (#)Jeu 23 Mai 2019 - 16:23 | |
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Une surprise discrète se lisait dans les yeux de Rhett lorsqu'il avait rapidement constaté la condition physique de son amie. Il était vrai qu'ils ne s'étaient pas vus depuis des mois. Ils communiquaient encore par messages, mais chacun ayant des emplois du temps chargés et bien différents, ils leur avaient été difficile de trouver un jour et un horaire qui puissent convenir à eux deux. Bien qu'elle ne croyait pas au hasard, elle se devait de reconnaître qu'il avait bien fait les choses. La jeune femme était véritablement heureuse de le revoir. Même si elle avait coupé les ponts, ils étaient parvenus à s'expliquer et à se comprendre rapidement. Rhett avait toujours d'une bonne oreille, comme elle l'avait toujours été pour lui. C'était vers lui qu'elle se tournait dès qu'elle avait besoin de conseils par rapport à Hassan, qu'elle se confiait à lui. Ils adoraient passer du temps ensemble, pour les fois où ils n'étaient que tous les deux (ne serait-ce que pour aller nager dans l'océan parce qu'Hassan n'y allait pas). Et même si la situation était plus que bancale et incertaine, elle gardait en elle la certitude qu'elle pouvait compter sur lui et qu'il savait que c'était toujours bien réciproque. Mariée ou pas, enceinte ou pas. Il n'était pas habituel que Joanne sorte des plaisanteries comme elle venait de le faire. Rhett l'avait connu timide, réservée, extrêmement naïve, à quasiment tout prendre au premier degré et qui rougissait dès qu'Hassan levait les yeux vers elle. "Foutaises." lui répondit-elle avec douceur. "Tu fais partie de ceux qui se bonifient avec le temps." lui assura-t-elle avec plus de sérieux. C'était indéniable, Rhett était un bel homme. Joanne l'admettait sans peine et elle le lui répéterait si nécessaire. Jamie l'était aussi, Hassan l'était aussi. Elle lâchait un rire nerveux lorsqu'il fit allusion à sa grossesse. "Elle sera bientôt là, oui." souffla-t-elle d'un air songeur, en passant une main délicate sur son ventre. Beaucoup lui demandaient si elle n'avait pas hâte, si elle n'en avait pas assez d'être ainsi encombrée et limitée. Et même si elle avait particulièrement hâte de faire enfin la rencontre de son second enfant, Joanne adorait ses grossesses. Il y avait des inconvénients, oui. Mais elle faisait avec, elle ne s'en plaignait pas. Cela faisait partie du lot, et elle savait mieux que quiconque quelle chance c'était, de pouvoir porter son propre enfant. "Mais ça va, je t'assure. Un peu fatiguée, j'avoue, mais sinon, tout va bien." dit-elle afin de le rassurer, avec un sourire sincère. Rhett lui assura qu'il était aussi particulièrement occupé de son côté, mensonge que Joanne crut sans problème. Elle se sentait rassurée, elle culpabilisait un peu moins. L'occasion était parfaite pour que le blond fasse enfin la connaissance du fils de son amie, qui se tenait un petit peu plus loin. Intimidé, Daniel restait collé à sa mère, mais acceptait volontiers de déposer sa main dans celle que lui tendait Rhett. Ce simple geste fit sourire Joanne, touchée qu'ils fassent enfin connaissance. Le garçon laissa échapper un rire timide face au compliment de Rhett, avant qu'il ne vienne se dissimuler derrière les jambes de sa mère. "Daniel, n'exagère pas." lui dit-elle doucement, en voyant sa timidité (et son côté charmeur), théâtralisé. Car elle savait que son fils était d'habitude de nature très sociale. "Il fallait bien qu'il hérite de quelque chose venant de moi." répondit-elle sur un ton plaisantin. Car oui, physiquement, il n'y avait que les yeux, et certaines de ses mimiques. Niveau caractère, là oui, il en tenait beaucoup plus de sa mère. "Monsieur vit avec quatre chiens, mais il n'est jamais mécontent de faire la connaissance de nouveau." Le petit n'osait d'abord pas vraiment le caresser, mais dès qu'il comprit que le canidé était amical, il lui caressait son pelage avec une main encore un peu hésitante. Juste le temps de faire connaissance. De son côté, Rhett s'inquiétait sur l'état de son amie. "Je t'assure, je pense que ce sera l'une des dernières grandes promenades avant le grand jour. Je suis même un petit peu surprise qu'elle ne soit pas encore là, parce que son grand frère avait décidé de naître avec trois semaines d'avance." dit-elle avec un rire léger, tout en aidant son garçon à se débarrasser de son casque. "Mais je ne suis pas contre l'idée de m'asseoir." reconnut-elle avec un regard touché par l'attention de son ami. "Je lui ai juste promis une glace. Tu en veux aussi une ? C'est moi qui offre." lui proposa-t-elle tout en fouillant dans son sac à main afin de récupérer son porte-monnaie. D'un signe de tête, elle l'invita à le suivre jusqu'au stand en question. "Et si ça peut te rassurer, je serai vraiment dans un tout autre état si j'étais sur le point d'accoucher." lui assura-t-elle avec un rire léger. "Les contractions sont loin d'être agréables." Et la perte des eaux aussi, cela dit. Une fois que tout le monde était servi – même Joanne avait fini par céder et se permettre deux boules de glace, la petite compagnie se dirigeait vers un banc de libre sur lequel tout le monde pouvait s'asseoir. "Je suis contente de te voir." dit-elle finalement, avec un sourire sincère. C'était aussi simple que ça, à dire. Peut-être un peu niais, mais qu'elle estimait important de partager à haute voix. Rhett savait qu'elle n'était vraiment pas le genre de personnes à compter de très nombreux amis. Joanne avait du mal à accorder sa confiance et les personnes avec qui elle se sentait véritablement à l'aise étaient très limitées. "Je pense qu'on sera mené à se croiser plus souvent bientôt." s'enthousiasma-t-elle finalement. "Depuis février, je fais partie de l'équipe d'enseignants en histoire de l'art. Je ne fais quelques cours jusque là, mais mon supérieur voit déjà à plus grande échelle, une fois que je serai de retour." Parce qu'il était évident que Joanne se permettrait quelques mois de repos pour s'occuper de ses deux petits bouts de chou. "Je continue toujours de travailler au musée, ça restera mon premier amour. Mais pouvoir partager avec des étudiants est tout aussi intéressant. J'avoue me reconnaître en certains d'entre eux." Des petits passionnés qu'elle. "J'avais un peu la tête dans le guidon ces derniers mois, à construire tous les cours tout en continuant de travailler à côté et en gérant mes hommes. Mais j'ai bon espoir que ça pourrait se décanter ensuite. Je me suis dit que nous pourrions peut-être prévoir de déjeuner ensemble, les jours où je serai sur le campus ?" lui proposa-t-elle, avec un regard timide qui lui disait combien cela lui ferait énormément plaisir. L'idée lui trottait dans la tête depuis un moment déjà, là était l'occasion parfaite pour lui en faire part. "Ca ne rattrapera pas tout le temps perdu, mais... je m'en voudrais de passer à côté de cette opportunité là."
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| | | | (#)Ven 5 Juil 2019 - 9:51 | |
| Le sourire chaleureux, bienveillant et si plein de vie que Joanne lui adressa – ce sourire, en somme, que Joanne avait toujours eu pour lui – le transporta bien des années en arrière ; à une époque qui lui semblait si lointaine, si différente, si éloignée de sa vie d’aujourd’hui, qu’il en avait presque l’amère impression de l’avoir seulement rêvé. Si seulement… Si seulement il suffisait de fermer les yeux pour y retourner, pour retrouver le bonheur insouciant de ces années d’inconscience, où leurs seules préoccupations étaient de réussir leurs examens, de remporter leur prochain match ou de ne pas rater une seule soirée. Tout était si facile, alors. Si facile. Personne ne l’avait prévenu que grandir était aussi compliqué, aussi douloureux. L’aurait-il souhaité, sinon ? En les voyant tous les quatre ensembles, inséparables comme les doigts de la main, personne n’aurait pu croire, ni même prévoir que leur bande d’amis allait pourtant finir par se déliter, se désagréger, se disperser aux quatre vents. Quel gâchis, tout ça parce que trois imbéciles avaient systématiquement pris les mauvaises décisions. Et c’était presque toujours Joanne, la douce Joanne, qui en avait subi les conséquences, et payé les pots cassés. Rhett pouvait au moins se féliciter d’être le seul à ne lui avoir jamais causé le moindre tort. C’était même plutôt le contraire ; c’était elle qui avait arrêté de répondre à ces messages, au moment de son divorce. Mais il ne lui en voulait pas, pas vraiment. Il comprenait à quel point cela pouvait être douloureux de garder contact avec le meilleur ami de votre ex, celui-là même qui vous avait brisé le cœur en mille morceaux.
Sa voix teintée d’amusement le ramena au temps présent. Cruelles désillusions. « Foutaises, le contredit-elle, tu fais partie de ceux qui se bonifient avec le temps. » Il secoua la tête, peu convaincu. Il n’était plus dans sa prime jeunesse, l’âge commençait à imprimer des rides au coin de ses yeux, et surtout, surtout, ses jambes ne le portaient plus comme avant, ne lui conféraient plus cette assurance qui le caractérisait si bien. Il n’était aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même. Un homme brisé. Pouvait-elle s’en apercevoir, Joanne, ou conservait-elle de lui les souvenirs du passé ? A bientôt 37 ans, Rhett n’avait rien, ou si peu. Une grande maison vide, personne avec qui partager sa vie, pas de femme, pas d’enfant : tout ça pour quoi ? Pour une carrière avortée. Certes, il n’aurait pas pu encore jouer des années durant et aurait bien été forcé de prendre sa retraite, mais il aurait souhaité que cela se passe autrement. Pas dans ces conditions qui lui laissaient un goût d’inachevé. Quand Joanne lui présenta Daniel, Rhett se surprit à se demander ce que cela ferait, d’avoir un fils. Se sentait-il vraiment prêt à fonder une famille ? Et surtout avec qui ? Toutes ces questions sans réponse… Mais oui, conclut-il silencieusement, oui, il aimerait sans doute avoir un fils et lui apprendre tout ce qu’il savait, et notamment le rugby. Le regarder grandir et s’épanouir sous son regard fier de père. En aurait-il un jour l’opportunité, ou allait-il finir sa vie seul comme il le pressentait ? Il avait déjà 36 ans… et aucune femme n’avait réussi à lui donner envie de rester. La faute à de mauvais choix, il le reconnaissait volontiers. Mais les petites amies qu’il s’était choisi avaient toujours été plus intéressées par son argent que par lui. La dernière en date, une mannequin Française, l’avait même abandonné à son sort en apprenant qu’il ne pourrait plus marcher, et par conséquent, jouer au rugby. Et surtout, qu’importe les femmes qu’il côtoyait, aucune n’arrivait à la cheville de Sophia. Pourquoi n’arrivait-il donc pas à se défaire de l’emprise du passé ? C’était il y a si longtemps, et il avait tourné la page, depuis. Enfin, il l’avait longtemps cru.
« Mais je ne suis pas contre l’idée de m’asseoir. » lui avoua-t-elle alors qu’il lui faisait part de ses inquiétudes au sujet de son état de santé. « Je lui ai juste promis une glace. Tu en veux aussi une ? C’est moi qui offre. » « Tu en as de la chance, Dan, d’avoir une maman aussi gentille. » Rhett se retint de proposer de régler la note. Il ne voulait pas passer pour un macho auprès de son amie, et savait pertinemment que Joanne ne les laisserait jamais les inviter. C’est donc sans protester qu’il la suivit jusqu’au stand de glace, où il s’autorisa un écart dans son régime de sportif.
« Je suis contente de te voir. », lui confessa-t-elle dans un sourire, et cet aveu lui réchauffa le cœur. C’était une sensation agréable de savoir que malgré tout, certaines personnes se souciaient encore un tant soit peu de vous. Rien d’étonnant, Joanne avait toujours eu un grand cœur, et c’était une des nombreuses raisons pour lesquelles ses amis l’aimaient. La jolie blonde lui expliqua alors, à sa grande surprise – il n’en avait pas entendu parler, mais il vivait un peu dans son monde, à l’écart de la vie du campus – qu’elle avait rejoint l’équipe enseignante de l’université, et qu’elle s’apprêtait, après la naissance de la petite dernière, à donner davantage de cours. « Et le musée, alors ? » lui demanda-t-il, sachant très bien que ce travail avait été le but d’une vie. Mais elle le conforta dans son idée en lui expliquant qu’elle ne quittait pas son poste au musée, que ses cours auprès des étudiants viendraient s’y greffer en plus. L’espace d’un instant, Rhett eu soudain honte de son désintérêt pour son boulot, lui qui n’était pas sensible à l’art pour un sou, alors qu’elle était venue tant de fois le soutenir sur les bancs du stade. Il se promit alors de réparer ses torts et d’assister à l’un de ses futurs cours. « Joanne, c’est génial ! », s’exclama-t-il, sincèrement ravi pour son amie. Elle avait la vie dont elle avait toujours rêvé. Un mari, bientôt deux enfants, et un travail passionnant qui lui tenait vraiment à cœur. Des quatre, c’était elle qui s’en était le mieux sorti. « Je me suis dit que nous pourrions peut-être prévoir de déjeuner ensemble, les jours où je serai sur le campus ?, lui proposa-t-elle. Ça ne rattrapera pas tout le temps perdu, mais… je m’en voudrais de passer à côté de cette opportunité-là. » Oui. Que de temps perdu pour des bêtises. « Ce serait vraiment super. Je pense qu’on a plein de choses à se raconter. » Ce qu’il s’était passé dans leur vie depuis leur séparation, notamment. « J’avais oublié à quel point tu m’avais manqué. », lui avoua-t-il tout de go. Et c’était vrai. La revoir après tout ce temps lui avait fait prendre conscience du fait qu’il l’avait tout naturellement considéré comme une meilleure amie. Sa meilleure amie. Mais ce n’était pas des choses auxquelles on pensait, ni même qu’on avouait, quand on était un jeune gars d’une vingtaine d’années.
« Et avec Hassan, se décida-t-il à soulever la question fâcheuse, comment ça va se passer ? Tu te sens prête à le croiser régulièrement ? »
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| | | | (#)Sam 6 Juil 2019 - 20:23 | |
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Il n'étais surprenant, en les voyant, qu'Hassan et Rhett formaient un sacré duo de tombeurs du temps de leurs années universitaires. Ils avaient tous les deux un charme certain, ils faisaient partie d'une équipe de rugby, sport plus qu'apprécié par les citoyens australiens, peut-être même encore plus par des étudiants qui vivaient les plus belles années de leur vie. La jeunesse et la sensation de liberté donnaient des ailes. Hassan était un coureur de jupons avant qu'il ne s'intéresse à la petite blonde. Rhett en avait été un des principaux témoins et jamais ne s'était-il lassé de les voir ou de les soutenir pour les fois où leur couple frôlait la crise. Joanne serait toujours l'une des premières à admettre le charme de ces deux individus, toujours chers à son coeur. Le blond n'en était pas vraiment convaincu. "Je t'assure que si." se plut-elle à ajouter, avec un large sourire satisfait. Il avait une partie de lui qui était romantique. Il le dissimulait bien que ça lui chantait, mais c'était toujours bien présent. Joanne s'était demandée plus d'une fois s'il envisageait un jour de fonder une famille, à côté de sa carrière sportive. C'était un mélange compliqué, mais pas impossible. Même si son projet professionnel était avorté, il avait toujours la possibilité de fixer ses rêves ailleurs, d'autant plus réalisable que la brillante carrière qui lui avait tendu les bras avant son accident. Avec son dos endolori, Joanne avait plutôt hâte de pouvoir s'asseoir. Mais avant, elle avait une promesse à tenir à son fils. Elle élargit la proposition à son ami, qui semblait tout aussi partant. Une fois les gourmandises offertes aux deux hommes, ils s'installèrent tous à un banc disponible qui était plutôt proche du stand de glace. Il ne fallait pas plus de dix pas pour Daniel ait de la glace au chocolat autour de ses lèvres, certaines traces migrant même jusqu'aux joues. Le ravalement de façades se ferait une fois la glace terminée. Pendant ce temps, la petite blonde discutait avec son ami de longue date. Avec le nouveau poste de Joanne, Rhett se questionnait sur le lieu de travail de prédilection de son amie. "J'y trvaille toujours." lui assura-t-elle avec un sourire. Elle ne se voyait pas quitter les musées pour plus que passer ses journées dans des amphithéâtres. "Je ne suis plus au Museum of Brisbane par contre." Le musée où on lui avait offert un poste dès l'obtention de son diplôme. "Je suis au QAGOMA. Je sais, il y a principalement de l'art contemporain là-bas. Mais il y a aussi une galerie sur des oeuvres plus anciennes, et c'est celle-là dont j'ai la charge." dit-elle non sans fierté. "Ils laissent plus d'opportunités et plus de responsabilités. C'est très prenant, mais très intéressant, j'adore y travaille." lui dit-elle, des étoiles plein les yeux. Et le blond semblait tout aussi enthousiaste de la réussite professionnelle de son amie. Elle lui offrit un sourire sincère. Travailler sur le campus laissait effectivement plus d'opportunités pour Joanne de voir Hassan. Et pourquoi pas Rhett ? L'idée lui était venue immédiatement, comme une évidence. Qu'il soit partant la réjouit vivement. Voyant son ami touché par leurs retrouvailles, elle passa une main délicate et amicale sur son dos. "On en a vécu, des aventures, ensemble." Car les années universitaires étaient loin d'être tout repos, surtout pour ce quatuor qui ne manquait pas d'être particulier, s'organisait régulièrement des sorties, passant la majorité de leur temps ensemble. "On en a manqué, certes. Des importantes, même. Mais je me dis qu'il va y avoir de quoi rattraper tout ça." Peut-être pas des soirées aussi inédites que celles qu'ils organisaient sur le campus. Peut-être avec plus de sagesse, pour les prochaines fois. Joanne se permit de mettre la main sur la sienne, comme toutes ces fois où elle faisait pareil à l'époque et qui ne générait jamais d'ambiguïté. Ni pour elle, ni pour elle, ni pour Hassan, ni pour Sophia. C'était une amitié sincère. Tellement sincère que lorsqu'il posait une question qui pouvait potentiellement créer des tensions, Joanne devait faire preuve d'honnêteté. De toute façon, elle avait toujours été incapable de mentir. Mais de blessesr, ça, en revanche, elle était plutôt douée. "Nous nous sommes déjà croisés, à vrai dire." lui dit-elle en cherchant dans son regard ce qu'il pouvait bien ressentir face à cette situation. "Ca s'est mieux passé que je n'aurais jamais su l'espérer." avoua-t-elle, avec un certain soulagement. "On ne s'était pas parlé ni vu pendant des mois... Je pense que ça lui a fait une sorte de choc, de me voir enceinte." Certainement beaucoup de tristesse, en pensant que cela aurait pu s'agir de enfant, s'ils étaient nés sous une meilleure étoile. "Mais nous avions pu discuter... normalement. Et rien que ça..." Rien que ça comptait énormément pour elle. Malgré tout ce qu'il s'était passé, elle tenait encore beaucoup à Hassan et se faisait donc naturellement du souci pour lui sachant que son quotidien n'était pas ce qu'il y avait de plus évident. Elle désirait être là pour lui. Alors que la jeune maman s’apprêtait à reprendre sa phrase, Daniel l'interrompit en l'interpellant, bien fier de montrer sa frimousse recouverte de chocolat. La manière dont il avait de sourire et certaines de ses mimiques venaient directement de sa mère. "Regarde-toi, petit filou." dit-elle en chatouillant son ventre du bout des doigts. "Il va falloir nettoyer tout ça." Elle fouillait dans son sac afin de tomber sur un paquet de lingettes qu'elle gardait toujours sur elle. Daniel pouvait adorable qu'il le voulait, ça ne l'empêchait d'être un petit de trois ans qui découvrait le monde tout en se salissant. Joanne recouvrait son doigt de la lingette humide et commençait à le toucher du bout de son index à différents endroits de son visage. "C'est une une petite poule qui va venir picorer sur ton visage ?" lui dit-elle avec un sourire amusé, avec une envie de jouer brièvement avec lui. "Cot-cot-cot..." commença-t-elle à imiter en continuant les gestes avec son doigt. "Non, je veux un canard." s'exclama le petit garçon, faisant semblant d'être contrarié, avant de pouffer de rire à nouveau. "Mais non, il n'y a qu'une petite poule pour venir manger tout ce chocolat. Cot-cot-cot..." reprit-elle avant de rire à son tour et de retrouver de son sérieux en lui nettoyant cette fois-ci correctement le visage. "Tu auras droit à un bain ce soir." lui assura-t-elle avant que le petit ne vienne se blottir contre sa mère. Elle échangea un sourire avec Rhett avant de reprendre la conversation là où elle s'était arrêtée. "Oui. Je disais que rien que ça, ça compte énormément pour moi. Avant ça, nous nous n'étions pas parlés pendant des mois. Je l'avais blessé, et il était en colère, et déçu et..." Joanne soupira. "Il préférait ne plus me voir. Ce que je respectais. Je ne m'attendais pas à ce que nous retrouvailles se passent avec... Une sorte de simplicité dans ce qu'on se disait. Enfin, dans le sens... ça paraissait bien plus naturel que ça aurait pu être." La petite blonde peinait à exprimer clairement son ressenti face à cet échange, tant cela l'avait touché. Les mots n'étaient pas assez. "Il m'a manquée." dit-elle après un long moment de silence. Joanne soupira, hésitant à dire ce qui allait suivre. "Tu sais..." Elle fuyait son regard, presque honteuse. "Depuis que nous nous sommes retrouvés, je me suis toujours un peu dit qu'il attendait forcément de moi que nous reprenions notre relation là où elle s'était arrêtée. Je... Je n'arrivais pas à me dire que nous pourrions être amis." Pas qu'elle ne le voulait pas, loin de là. "Je veux dire... C'était vraiment love at first sight avec lui, dès la première fois où je l'ai vu sur le campus. Et, à chaque fois que je le voyais, je tombais de plus en plus sous la charme. Il est devenu mon meilleur ami au fut et à mesure que nous nous rapprochions... amoureusement, disons." Aussi stupide cela pouvait-il sembler être, Joanne avait longuement peiné à se dire qu'ils pouvaient juste être amis. C'était si simple. Et pourtant. "Ca paraît vraiment bête, dit comme ça, mais je n'arrivais pas à me mettre en tête que nous pouvions retrouver notre complicité, sans le côté couple. J'étais amoureuse de Jamie – et je le suis toujours –, et tous les sentiments que j'avais pour Hassan étaient toujours là et... ça m'a perdue. Je ne peux que m'en prendre à moi-même et si tu cherches une personne à blâmer pour tout ça, elle se trouve juste à côté de toi. Je ne t'en voudrais pas." lui assura-t-elle avec un sourire triste. "Alors je ne sais pas comment ça va se passer avec Hassan dans les prochains temps, mais je veux faire en sorte que tout se passe au mieux et qu'il... tolère au moins ma présence sur le campus." conclut-elle avec un rire nerveux.
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| | | | (#)Ven 6 Sep 2019 - 13:46 | |
| Lorsque Joanne, les yeux pétillants de fierté, évoqua son nouveau poste, dans un autre musée – où Rhett, fidèle à ses habitudes, n’avait jamais mis les pieds non plus – il sentit sans peine que son amie était aujourd’hui plus épanouie que jamais. Et ce constat lui fit énormément plaisir, car Joanne, plus que quiconque, méritait enfin d’être heureuse, de vivre cette vie à laquelle elle avait toujours aspirée. Un travail qui la comblait, un mari aimant –il l’espérait – et, bientôt, deux beaux enfants qui lui apportaient tout le bonheur dont elle avait besoin. Elle n’avait rien à regretter des années d’université. Elle avait évolué pour le meilleur quand lui était toujours bloqué dans le passé, prisonnier de cette nostalgie dont il ne parvenait pas à se défaire. Joanne était ravie de son existence actuelle, quand lui aurait tout donné pour retourner dans le passé, revivre les années les plus heureuses de sa vie, et réparer ses fautes. Eviter l’accident qui avait brisé sa vie. Et surtout, surtout … ne pas commettre une seconde fois l’erreur de sa vie : celle d’avoir laissé partir Sophia. Sa Sophia. Pourquoi son souvenir revenait-il subitement le hanter, après toutes ces années à tenter de l’enfouir au plus profond de lui, de sa tête, de son cœur ? La présence de Joanne à ses côtés ravivait des souvenirs d’université, et lorsqu’il repensait à ce qui fut pour lui la meilleure période de sa vie, c’était toujours le visage de Sophia qu’il visualisait en premier. Sa Sophia. Où se trouvait-elle, à présent ? Dans les bras de qui ? Etait-elle heureuse, épanouie comme son amie de toujours ? Mariée, avec des enfants ? Pensait-elle encore à lui ? Rhett secoua lentement la tête pour chasser toutes ces questions, auxquelles il préférait ne pas connaitre les réponses…
Tout le monde prospérait, quand lui stagnait. Il n’était pas jaloux de ses amis ; bien au contraire, il était sincèrement heureux pour eux. Il aurait juste aimé se hisser au même niveau, et non pas végéter loin derrière eux. Il aimait son boulot, là n’était pas la question. Il aimait s’occuper de ces jeunes ; s’efforcer, jour après jour, de les rendre meilleurs, sur le terrain comme dans la vie. Mais quand il songeait à sa retraite sportive, ce n’était pas comme cela qu’il se l’imaginait, ça n’avait jamais été ce à quoi il aspirait. Il s’imaginait… plus grand, plus haut. S’était-il fourvoyé, laissé gagner par l’orgueil, la prétention ? S’était-il cru meilleur que ce qu’il n’était en réalité ?
« On en a vécu, des aventures, ensemble. ». La voix de Joanne chassa momentanément ses idées noires pour venir déposer un sourire sur ses lèvres, aux souvenirs communs de leurs années d’université. Oui, ils en avaient bien profité. Moins que certains, sans doute, mais bien plus que beaucoup d’autres. Quand il repensait à ces innombrables soirées passées au bar… c’était un miracle qu’aucun d’entre eux n’ait encore succombé à une cirrhose ! « On en a manqué, certes. Des importantes, même. Mais je me dis qu’il va y avoir de quoi rattraper tout ça. » Ça aussi, c’était vrai. Rhett avait manqué le mariage de son amie, la naissance de son premier enfant, et la nomination à son nouveau poste. Tant d’évènements auxquels il aurait aimé assister, ou, au moins, participer de près ou de loin. Sauf le mariage, peut-être… lui qui avait été le témoin d’Hassan pour le leur, le seul qui comptait réellement à ses yeux. Même si Rhett ne pouvait que souhaiter tout le bonheur du monde à Joanne, il avait malgré tout ses propres limites. Comme celle de sympathiser avec son nouveau mari. Il y avait clairement deux camps dans cette histoire, et Rhett prenait incontestablement parti pour celui d’Hassan. En parlant d’Hassan… Rhett interrogea Joanne pour connaitre ses ressentis à l’idée de croiser régulièrement son ex-mari au travail. Ça ne devait pas être une situation facile à gérer. Que ressentirait-il, lui, s’il devait coexister avec Sophia ? Et bon sang, pourquoi surgissait-elle à nouveau dans ses pensées sans crier gare ? « Nous nous sommes déjà croisés, à vrai dire. Ça s’est mieux passé que je n’aurai su l’espérer. On ne s’était pas parlé ni vu pendant des mois… Je pense que ça lui a fait une sorte de choc, de me voir enceinte. » « Comme à moi. », lança-t-il pour dérider l’atmosphère. Mais il savait mieux que personne le flot d’émotions qu’Hassan avait pu éprouver devant cette vision, et son cœur se serra à l’idée de savoir son ami triste. Car il l’était, même s’il s’efforçait de le cacher sous des sourires de complaisance, et des traits d’esprit lancés à la ronde. « Mais nous avions pu discuter… normalement. Et rien que ça… » Rhett approuva d’un mouvement de la tête, alors que Joanne focalisait à présent toute son attention sur la bouille de Daniel, couverte de chocolat. « Oui. Je disais que rien que ça, ça compte énormément pour moi. […] Alors je ne sais pas comment ça va se passer avec Hassan dans les prochains temps, mais je veux faire en sorte que tout se passe au mieux, et qu’il… tolère au moins ma présence sur le campus. » , se confia-t-elle pleinement, et Rhett fut ravi d’avoir retrouvé aussi rapidement son rôle de confident, flatté qu’elle se sente suffisamment en sécurité en sa présence pour s’ouvrir complètement, malgré les années passées loin l’un de l’autre. « Il faut juste lui laisser du temps. Je n’ai pas la prétention de savoir comment il va réagir par la suite, mais ce n’est pas facile pour lui non plus, tu sais. Tu as toujours été son grand amour. Tu l’es encore. » Le savait-elle ? Joanne étant une femme intelligente, elle devait bien s’en douter. « Même s’il souhaite le meilleur pour toi, ce ne doit pas être évident pour lui de voir que tu es heureuse avec un autre, que tu as fondé la famille qu’il aurait voulu avec toi. Mais surtout, tu n’as pas à te culpabiliser pour ça. C’est comme ça… et il finira bien par l’accepter. Quelque part, c’est déjà le cas. Je pense vraiment qu’avec le temps, tout ira bien, tu verras. » Il ne disait pas cela pour la rassurer, mais bien parce qu’il en était persuadé. Hassan n’était pas un mauvais bougre, et puis, il finirait bien par refaire sa vie, lui-aussi. Il méritait d’être heureux à son tour, après tous les malheurs qui avaient jonchés sa vie jusqu’ici. A bien y réfléchir, il s’aperçut qu’aucun d’entre eux n’avait été épargné par les coups du sort. Chacun avait souffert, à sa manière.
Rhett termina son cornet de glace, en massant machinalement sa jambe droite, celle qui le faisait le plus souffrir. La météo était agréable aujourd’hui, propice à dénuder bras et jambes, et pourtant, il persistait à porter des jeans même en plein été, complexé par les multiples cicatrices qui serpentaient sur ses jambes. Il ne pouvait pas les voir sans repenser à ce jour fatal où cette voiture l’avait renversé, ainsi qu’à toutes les souffrances et les efforts qu’il avait enduré par la suite. Il n’avait plus jamais été le même, après ça. La chute avait été brutale, et il avait eu du mal à s’en relever. Peut-être n’y était-il pas parvenu complètement.
« Daniel va entrer à l’école en Septembre, j’imagine ? Tu es prête pour ce grand jour ? » Même sans avoir d’enfant, Rhett savait que la séparation était souvent plus pénible pour les parents que pour les enfants…
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| | | | (#)Mer 11 Sep 2019 - 21:42 | |
| FIND OUT A WAY WHAT WE'RE MADE OF when we are called to help our friends in need | |
La nostalgie était plus que présente au sein de cette amitié vieille de près de quinze ans désormais. A l'époque, tout leur semblait et était plus facile. La jeunesse, la naïveté, l'envie de savourer chaque journée sur le campus ou autour d'un barbecue à la plage. Le temps avait causé de nombreux dommages. Il fallait beaucoup reconstruire sur un champ de ruines ravagé par des événements difficiles à surmonter. Il était évident aux yeux de Joanne que Rhett en voudrait à jamais à sa blessure de lui avoir ôté tout espoir d'évoluer dans le monde sportif professionnel et international. Il refusait de l'admettre à voix haute, mais ça sautait aux yeux de la jeune femme. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au cœur, mélangé à une sorte de frustration du fait de savoir qu'elle ne pouvait assurément rien faire pour réparer ça. Au lieu de s'éterniser sur ces pensées difficiles, le blond se permettait de demander où en était la relation entre ses deux amis les plus proches. Rhett était bien le premier à les avoir soutenu dès lors qu'il avait compris que Joanne avait le béguin pour le brun (c'est-à-dire très peu de temps après avoir s'être rencontrés), et qu'il avait remarqué que ça commençait à être réciproque. Bien avant que Sophia n'accepte leur proximité, et que la rousse accepte ses propres sentiments pour Rhett. Joanne tentait depuis plusieurs mois désormais de rétablir une lien entre son ex-mari et elle. Une amitié, une connaissance, on ne savait pas trop. Mais Joanne ne supportait pas être en conflit avec lui, tout comme elle avait très mal toléré le manque d'échanges avec Rhett pendant des années, ou la disparition soudaine de la belle rousse. La vie ne les avait pas vraiment pardonné, pour tout le monde. A se demander d'où venait un tel acharnement, ce qu'ils avaient pu faire à l'époque pour avoir eu à vivre tant d'épreuves. Rhett semblait en vivre une en voyant son amie enceinte. Il reconnaissait avoir ressenti un choc en voyant ses formes si différentees qu'à l'accoutumée. Elle lui sourit, gênée. Le coeur serré, elle ne savait pas vraiment quoi lui répondre, ignorant si elle devait bien le prendre ou non. Mais le blond avait rapidement changé de sujet de conversation, centré sur une personne qu'ils adoraient tous les deux. Rhett ne serait pas content d'apprendre tout ce qu'il a pu se passer, mais il semblait passer outre, préférant aller de l'avant et savoir où ils en étaient plutôt que de s'attarder sur des faits passés. Il semblait vouloir aller de l'avant, du moins, concernant son amitié avec la jeune femme. Ses yeux s'arrondirent lorsque Rhett révélait être fermement convaincu qu'elle était, encore et toujours, le grand amour du beau brun. "Permets-moi d'émettre un doute là-dessus." dit-elle avec un sourire triste, en baissant ensuite honteusement les yeux. "Je ne pense plus l'être depuis un moment." Et si ça avait été le cas, Joanne se sentirait encore plus mal, car, désormais mariée, et ayant toujours été fidèle, elle n'aurait jamais pu lui rendre la pareille. Elle lui aurait de toute façon brisé le coeur, encore une fois, même si elle gardait très précieusement ses souvenirs de couple avec lui. Il en restait une profonde affection, et cette détermination à vouloir faire le plus possible pour qu'il puisse également approcher du bonheur. Elle le désirait plus que tout car elle était la mieux placée pour savoir combien il le méritait. Après toutes ses épreuves, et tout simplement pour l'homme qu'il était. Il avait beau avoir eu des années difficiles, il serait un père parfait, il serait quelqu'un d'aimant s'il voulait à nouveau se mettre en couple un jour. Il était un ami loyal, avait été un mari des plus attentionnés. Joanne ne lui avait toujours trouvé que peu de défauts. "Il y aura toujours cette partie qui voudra faire tout son possible, tout ce que je peux, pour qu'il puisse être heureux." Même s'ils n'étaient plus en couple, même s'il était encore délicat de les qualifier d'amis. "Je pense que je chercherai éternellement son pardon, que rien ne sera jamais assez pour réparer les torts que j'ai pu faire." C'était un poids avec lequel Joanne était prête à vivre avec. Le plus difficile, c'était de se pardonner elle-même. Ce n'était vraiment pas gagné. "Tu sais mieux que personne qu'il mérite d'être enfin heureux, d'avoir ce dont il a envie. S'il y a bien des personnes qui méritent de beaux jours et un peu de clémence de ce fichu Destin, c'est bien lui et toi." Car Joanne ne se pardonnait pas non plus vis-à-vis de son ami. Elle n'aurait jamais du couper les ponts, même si à l'époque du divorce, cela lui semblait quasi vital. Emue par cette injustice et une montagne de regrets, des larmes discrètes vinrent longer ses paupières inférieures. Joanne esquissait un de ces sourires qui tentaient de faire croire qu'elle allait bien. Or (et Rhett le savait depuis longtemps), elle n'avait jamais réussi à duper personne, incapable de dissimuler ses émotions. On lisait en elle comme dans un livre ouvert. Elle forçait un sourire quand il lui assurait que tout irait bien, avec le temps. Après que le bel homme ait terminé sa glace, Joanne le vit masser son genou. "Ca te fait toujours mal ?" lui demanda-t-elle, l'air véritablement inquiet. Et dire qu'elle ne pouvait pas faire grand chose pour ça non plus. Son ami se concentrait ensuite sur le petit garçon savourant toujours silencieusement sa glace au chocolat. "Il y est déjà, à vrai dire." lui répondit-elle, souriante. "Il a eu sa première rentrée fin janvier dernier, en preschool." Joanne n'était pas peu fière. Son petit garçon qui commençait déjà l'école. Certes, l'éducation y était adapté pour son âge, mais Joanne était déjà impressionnée par l'évolution de Daniel en terme d'éloquence et d'enrichissement au vocabulaire. "J'avoue que j'ai été bien plus nerveuse que lui le jour de la rentrée. Très émue, aussi. Je le reconnais, il y a eu quelques larmes de ma part." Et Daniel, pas une seule. Lui était bien trop fier de faire partie des grands, avec son sac à dos. Il était fier comme tout, lui aussi. "Je vais sortir la phrase bateau que tous les parents sortent à un moment donné, mais il grandit vite. J'ai peur que demain, en me levant, je réalise soudainement que je dois l'emmener à la fac." dit-elle d'un rire nerveux. "Et s'il a envie de se lancer dans un cursus universitaire, j'espère qu'il trouvera des amis aussi précieux que ceux que j'ai eu." dit-elle avec un large sourire. Celle de Joanne et Rhett semblaient résistantes à de sacrés chocs, sinon ils ne seraient pas ensemble à discuter sur ce banc. "Tu sais..." finit-elle par dire après un moment de silence. "Pour toi aussi, tout ira bien." Joanne avait beau avoir comme trait de caractère une naïveté parfois extrême, elle devinait plutôt facilement quand ses proches n'étaient pas au meilleur de leur forme. Parfois elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus, mais là, il était évident que Rhett n'avait pas le deuil de nombreuses choses. "Je me doute bien que ta jambe te fait souffrir bien plus que sur le plan physique. Et ce qu'il y a eu avec Sophia aussi." Leur relation tumultueuse avait aussi été surveillé de près, Rhett le savait très bien. "Où qu'elle soit, je ne pense pas qu'elle ait réussi à t'oublier non plus." Parler d'elle lui faisait toujours du mal. Joanne ne se doutait absolument pas qu'elle allait réapparaître dans sa vie d'ici peu. Malgré les années d'absence, elle était fermement convaincue de ce qu'elle venait de lui dire. "Et ce qui me fait croire que c'est aussi ton cas, c'est bien le fait que tu n'aies pas une femme à ton bras. Un aussi bel homme que toi, aussi gentil, ne reste pas seul sans raison." Ils étaient faits l'un pour l'autre, même à ce jour, c'était évident. "Et si je savais où elle se trouvait, je te dirais de foncer aller la retrouver." C'était ce qui lui mettrait du baume au coeur, ce qui pourrait nourrir un bonheur vraisemblablement terni. "Tu mérites aussi d'être heureux, Rhett. Tout autant qu'Hassan."
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| | | | (#)Lun 16 Déc 2019 - 11:19 | |
| « Permets-moi d’émettre un doute là-dessus, le contredit-elle, Je ne pense plus l’être depuis un moment. » Rhett secoua très légèrement la tête, une esquisse de sourire aux lèvres, amusé par cette faculté qu’avait Joanne, même inconsciemment, de toujours se dénigrer. Elle avait toujours été la plus timide des quatre, la moins sûre d’elle, toujours la première à se mettre en retrait, à observer plutôt que participer, comme si elle avait le sentiment de n’être pas à sa place. Or, et c’était bien là ce qui l’amusait, elle ne se rendait pas compte de l’effet qu’elle produisait sur autrui. Sur eux trois en particulier. Des bontés dont elle les avait gratifiés. Rien que par sa présence, par sa douceur, sa générosité et sa bienveillance, elle les avait rendus meilleurs de jour en jour. Jamais Rhett n’avait eu une amie plus chère à son cœur que Joanne. Tu es une adulte maintenant, ma belle, songea-t-il en son for intérieur, il est temps d’enfin croire en toi.Même si, malgré son manque de confiance en elle, c’était elle qui, en fin de compte, s’en était le mieux sortie dans la vie. Un job qu’elle adorait et dans lequel, il en était sûr, elle excellait, un mari et de beaux enfants. Et ce n’était qu’un juste retour des choses, parce que des quatre, c’était elle qui méritait le plus tout ce bonheur. Et Rhett se félicitait qu’elle soit si épanouie aujourd’hui.
« Oh, tu sais, les sentiments, surtout aussi forts que les vôtres, mettent toujours du temps à disparaître. S’ils disparaissent un jour. » Entre eux, Rhett n’abordait pas beaucoup le sujet qui fâche – à savoir, Joanne – de peur de blesser Hassan à la simple évocation de son nom. Et puis les hommes ne parlaient pas autant de sentiments que leurs homologues féminins. C’était, pour eux, quelque chose de plus tabou. Mais il était certain d’une chose : qu’Hassan n’était pas prêt d’oublier sa relation avec Joanne. Il aurait toujours des sentiments pour la jeune femme, même s’il essayait de tourner la page et de passer à autre chose avec Gwen. Et Rhett ne pouvait que l’encourager sur cette lancée, afin que lui aussi trouve enfin chaussure à son pied. « Il y aura toujours cette partie qui voudra faire tout son possible, tout ce que je peux, pour qu’il puisse être heureux. Je pense que je chercherai éternellement son pardon, que rien ne se jamais assez pour réparer les torts que j’ai pu faire. » Joanne était toujours si gentille, en toute circonstance, qu’il se demanda s’il existait réellement sur cette Terre des gens qu’elle puisse haïr. La connaissant, elle souhaiterait même à son pire ennemi le meilleur du monde. Cette idée lui arracha un sourire, certain qu’il ne devait pas être très loin de la vérité. Et surtout, de ça il en était fermement convaincu, il n’y avait sans doute personne au monde capable de détester la jolie blonde. « Hey, ne retourne pas les torts comme ça. Tu sais, Hassan n’est pas tout blanc non plus, et il t’a fait sans doute plus de mal que l’inverse. » remit-il les pendules à l’heure. Oui, Hassan était comme un frère pour lui, mais ce n’est pas pour autant qu’il devait le soutenir dans toutes ses décisions. Il était incapable de lui donner raison, si à ses yeux, il avait tort. Combien de fois lui avait-il dit que c’était une énorme erreur de laisser filer Joanne ? La pire erreur de sa vie, en vérité. Gwen était franchement sympathique, et il l’appréciait beaucoup, mais Rhett était convaincu que plus jamais Hassan ne trouverait une fille comme Joanne. Et pour cause : aucune ne lui arrivait à la cheville. « Tu sais mieux que personne qu’il mérite d’être enfin heureux, d’avoir ce dont il a envie., se justifia-t-elle. S’il y a bien des personnes qui méritent de beaux jours et un peu de clémence de ce fichu Destin, c’est bien lui et toi. », le prit-elle au dépourvu en l’incluant dans la liste. Oui… Les choses n’avaient pas été toutes roses ces dernières années pour les deux acolytes. Elles étaient même plutôt franchement noires, en ce qui le concernait. Certes, Hassan avait, sur l’échelle des priorités, vécu bien pire que lui, mais il était parvenu à surmonter ces épreuves, chose dont Rhett en était, encore à l’heure actuelle, toujours incapable. Il n’arrivait tout simplement pas à voir le bon côté de la situation. Oui, il n’était pas mort dans cet accident, comme on aimait le lui rappeler, mais au fond de lui, il aurait préféré ne pas y survivre… Car si c’était pour vivre dans ces conditions, à quoi bon ? Gêné que Joanne puisse deviner le fond de sa pensée, il chercha à orienter la conversation sur un autre sujet, avant de s’apercevoir que la jeune femme refoulait difficilement ses larmes, tandis qu’elle tentait – très mal – de faire bonne figure. Sa détresse le toucha profondément, et il s’empressa de passer son bras autour d’elle, et de la serrer quelques instants contre lui, en lui assurant qu’avec le temps, tout irait bien. C’était un geste naturel pour eux deux, qu’ils avaient partagé d’innombrables fois par le passé, mais il se dégagea maladroitement et la libéra de son étreinte, de peur qu’elle ne le prenne mal, cette fois-ci. Après toutes ces années sans se voir, sans même se parler, les choses avaient, fatalement, changées entre eux aussi. Et puis, il ne voulait pas que le petit Daniel répète à son papa que sa maman faisait des câlins à d’autres hommes que lui. S’il pouvait lui éviter ce genre d’histoire…
« Ça te fait toujours mal ? », s’inquiéta-t-elle de son état de santé, et il savait que sa compassion était vraiment sincère. Il haussa les épaules, résigné. « Certains jours plus que d’autres. », répondit-il honnêtement avant de détourner l’attention sur Daniel. Joanne retrouva aussitôt son sourire, et irradiait de bonheur et de fierté. « Il y est déjà, à vrai dire. Il a eu sa première rentrée fin Janvier dernier, en preschool. » Rhett haussa les sourcils, surpris par l’information. Il était loin de se douter qu’il y avait des classes préparatoires pour la maternelle, ce qui était en fin de compte amusant à imaginer. « J’avoue que j’ai été bien plus nerveuse que lui le jour de la rentrée. Très émue, aussi. Je le reconnais, il y a eu quelques larmes de ma part. » Exactement comme Rhett se l’était visualisé. « C’est étrange, mais je ne suis pas du tout surpris. », lui dit-il dans un sourire. « Je vais sortir la phrase bateau que tous les parents sortent à un moment donné, mais il grandit vite. J’ai peur que demain, en me levant, je réalise soudainement que je dois l’emmener à la fac. » Réflexion qui arracha à Rhett un éclat de rire. « Oui, ça arrivera plus vite que prévu. » « Et s’il a envie de se lancer dans un cursus universitaire, j’espère qu’il trouvera des amis aussi précieux que ceux que j’ai eu. » conclut-elle. Le jeune homme se tourna vers Daniel pour l’observer quelques instants ; le petit ne se rendait même pas compte qu’ils parlaient de lui et de son avenir. Jamais il n’avait vu Joanne aussi radieuse que lorsqu’elle parlait de ses enfants. Il se demanda soudainement ce que l’on pouvait bien ressentir quand on devenait père, et qu’on regardait grandir sa chair et son sang, des versions miniatures de soi-même. Puis, bien vite, il chassa cette pensée de son esprit, certain de ne jamais connaître ça un jour. Il avait déjà 36 ans, et aucunement l’intention de refaire sa vie pour le moment, trop occupé qu’il l’était à ruminer sur ses échecs passés et sa gloire perdue. Et puis, comme si Joanne avait lu dans ses pensées, elle lui dit : « Tu sais… Pour toi aussi, tout ira bien. » Une fois de plus, il haussa les épaules, ce qu’on pouvait traduire par non, c’est trop tard pour moi. « Je me doute bien que ta jambe te fait souffrir bien plus que sur le plan physique. Et ce qu’il y a eu avec Sophia aussi. » Rhett redressa vivement la tête en l’entendant évoquer leur amie commune. « Où qu’elle soit, je ne pense pas qu’elle ait réussi à t’oublier non plus. Et ce qui me fait croire que c’est aussi ton cas, c’est bien le fait que tu n’aies pas de femme à ton bras. Un aussi bel homme que toi, aussi gentil, ne reste pas seul sans raison. Et si je savais où elle se trouvait, je te dirais de foncer aller la retrouver. Tu mérites aussi d’être heureux, Rhett. Tout autant qu’Hassan. »
Il secoua lentement la tête, nostalgique. « Non, tu te trompes, Joanne. Il s’en est passé des choses, depuis. J’ai tourné la page. » Il aurait aimé le croire, du moins. Oui, il avait fait d’énormes efforts pour essayer de l’oublier, de la reléguer dans un petite coin de sa tête. Et ça n’avait pas si mal marché, jusqu’ici. Il avait eu d’autres relations, par la suite, dont certaines avaient fait les choux gras de la presse. « Et puis, Sophia a toutes les raisons du monde de me détester. Au fond, je crois que c’est elle qui avait raison, quand elle me disait que j’ai fait passer ma carrière avant elle. Et pour quel résultat, au final ? » Question purement rhétorique, car tous les deux connaissaient pertinemment la réponse. Il avait perdu Sophia ET sa carrière. Bel exploit. Et après, il se permettait de faire la morale à Hassan… alors qu’il avait agi exactement comme lui. « Et si je suis seul, c’est uniquement parce que personne ne veut d’un vieux boiteux comme moi. », plaisanta-t-il pour contredire Joanne sur les raisons de son célibat, même si c’était tout ce qu’il y avait de plus vrai. Les femmes ne le regardaient plus comme autrefois, ou alors, avec pitié, ce qu’il ne supportait pas par-dessus tout. « Les femmes s’intéressent à moi pour ce que je ne suis pas. Ce que je ne suis plus. » Certaines n’étaient intéressées que par son argent ou sa réputation, et il avait désormais le plus grand mal à accorder sa confiance. Sans parler de sa dernière petite-amie en date, une mannequin Française, qui l’avait laissé tomber en apprenant qu’il ne pourrait plus jamais jouer au rugby. Elle avait définitivement ébranlé le peu de confiance en lui qu’il lui restait à l’époque. « Pour moi, c’est trop tard. J’ai laissé filer ma vie entre mes doigts. J’espère que tu apprendras à Daniel à ne pas faire les mêmes erreurs que moi. », conclut-il, mi blagueur, mi sérieux.
@Joanne Keynes |
| | | | (#)Mer 18 Déc 2019 - 0:24 | |
| FIND OUT A WAY WHAT WE'RE MADE OF | |
S'il y avait un trait de Rhett que Joanne avait toujours beaucoup apprécié, c'était son honnêteté, mais surtout, la façon dont il partageait ses opinions et points de vue. Elle peinait à le descrire avec précision, mais il amenait toujours ses paroles avec une douceur et délicatesse qui empêchait qu'elle ne se sente mal à l'aise. Sophia était un peu plus abrupte, plus directe. Elle mesurait moins ses phrases que son ex-compagnon. Pas que Joanne aimait moins sa manière de faire, au contraire, c'était propre à la belle rousse et elle ne la reconnaîtrait pas si elle se décidait à faire les choses différemment. "Tu as à l'air bien sûr de toi en disant ça." lui répondit-elle gentiment avec un sourire triste. Elle doutait qu'Hassan ait encore un tant soit peu de cette affection là envers elle. Avec toutes ses erreurs, tous ses faux pas, il avait toutes les raisons du monde à couper les ponts s'il le voulait. Elle était surprise que Rhett se montre d'un très grand soutien pour elle aussi. Elle ne lui en aurait pas voulu s'il avait défendu Hassan bec et ongles pour faire entendre raison à la petite blonde et lui faire comprendre combien elle l'avait blessé. Mais rien de tout cela. Il parvenait à rester dans ce juste milieu, autant à l'écoute de l'un que de l'autre. Encore un peu et Joanne commencerait à croire qu'il essayait de faire en sorte de réparer leur relation ô combien endommagé par de multiples événements. "Quand a-t-il bien pu faire du mal ?" demandait Joanne au bord des larmes, afin de rebondir sur la conviction qu'avait Rhett, sur le fait qu'Hassan soit tout autant fautif. "Si tu penses au divorce, quand on connaît les véritables raisons, on ne peut que le comprendre." Joanne avait un don certain pour défendre coûte que coûte les personnes qui lui étaient chères, capable de porter le chapeau pour n'importe quelle raison, tant que ça dédouanait les personnes qu'elle aimait. "Bien sûr que ça m'a rendue triste, bien sûr que j'aurais voulu le retenir, essayer de comprendre pourquoi." Mais Joanne avait su décevoir son ex-mari à ce moment-là en ne montrant aucune résistance. Elle était persuadée qu'il n'était plus heureux avec elle et était même capable d'énumérer la liste fictive des raisons qui l'avait poussé à demander à se séparer. Elle s'était pensée être un frein à son bonheur, ce pourquoi elle préférait le laisser partir. "Il savait mieux que moi que je m'en serai plus facilement "remise" si je finissais divorcée plutôt que veuve. A choisir, j'aurais préféré être à ses côtés autant que possible." Alors qu'elle parlait, Joanne se questionnait beaucoup sur ce qu'Hassan avait pu faire de mal pour que son meilleur ami en parler aussi succinctement. C'était inconcevable aux yeux de la jeune femme qu'il ait pu faire quoi que ce soit qui puisse causer du tort à quelqu'un. Elle espérait que Rhett soit un peu plus précis à ce sujet, afin de savoir ce qu'il avait véritablement en tête. En attendant, Joanne espérait pour les deux hommes puisse désormais avoir droit à tout le bonheur qui leur avait été privé jusque là. Rhett semblait être dans un premier temps songeur et son amie l'observait avec une certaine inquiétude et bienveillance. Il ne semblait toujours pas être remis de son accident et ne se voyait pas trop de plan pour son avenir. Elle était naïve, mais savait percevoir ce genre de choses. Elle se pinçait les lèvres, ne sachant pas trop quoi dire. Le bras de Rhett vint entourer ses frêles épaules de la façon la plus amicale qui soit. Ce n'était pas grand chose, mais Joanne fut profondément touchée par ce geste et le fit amplement comprendre par un échange de regard avec son ami. Si elle n'avait jamais été franchement tactile jusqu'à la fin du lycée, elle avait appris à l'être avec Hassan, Rhett et Sophia. Et les gestes amicaux s'était multipliés avec le temps entre eux, sans qu'il ne puisse avoir de gestes mal interprétés ou qui sembleraient déplacé. Au fil du temps, Joanne avait même pris le pli en étant plus avenante avec eux et plus affectueuse. "Merci." lui souffla-t-elle avec une profonde reconnaissance, une fois qu'il lâchait peu à peu son étreinte. Merci pour quoi ? Elle-même l'ignorait à dire vrai, mais c'était le premier qui lui était venu à l'esprit, sur le moment. Suite à quoi la petite blonde s'inquiétait sur l'état de la jambe. Il reconnaissait qu'elle lui faisait parfois mal, sans pour autant s'attarder sur le sujet. Parler enfants était un excellent moyen de détourner une conversation et c'était une méthode particulièrement efficace quand Joanne était visée. Elle riait en entendant Rhett ne pas être surpris de son côté très émotif. Mais elle revenait assez rapidement sur un sujet qu'il amait beaucoup moins. "Je n'en suis pas si sûre." Elle ne croyait pas qu'il l'ait totalement oublié. "Qu'est-ce que tu me disais tout à l'heure ? Que c'est le genre de sentiments qui mettent du temps à disparaître, si ils disparaissent un jour ?" dit-elle en reprenant les mêmes que le blond avait employé lui-même un peu plus tôt. Rhett pensait être une cause perdue et le coeur de son amie se fendait en le voyant dans un tel état. Elle l'écoutait avec attention, sa main étant même venue se déposer sur son épaule avec délicatesse. Elle aurait tellement avoir une solution miracle à lui donner pour que tous ses tracas ne deviennent qu'un vague souvenir. Rhett se sentait condamné et sans avenir. "Non, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas trop tard." lui souffla-t-elle après quelques secondes silencieuses. "Je dois certainement manquer d'objectivité parce que tu as toujours été important pour moi. Mais à mes yeux, tu as encore toutes tes chances de ton côté." Il ne fallait pas oublier que la petite blonde était une très grande romantique. L'amour avec un grand A, elle y croyait énormément. "Les femmes qui s'arrêtent sur le fait que tu sois boiteux, comme tu le dis..." Joanne n'aimait pas le sens péjoratif de ce mot et le faisait comprendre par le ton qu'elle avait utilisé pour le prononcer. "...Elles ne te mériteraient pas." Rhett pouvait lister et répéter autant de fois qu'il le voulait la liste de tous les défauts qui lui faisaient croire qu'il ne plairait plus jamais à personne. "Tu restes Rhett. Un homme qui est doté de la plus grande gentillesse possible, qui ne manque pas d'humour, d'optimisme, avec le plus beau des sourires et un regard qui en ferait chavirer plus d'une." Joanne s'était équipée d'un sourire dont on ne parviendrait pas à lui défaire. "Tu es toujours à l'écoute, fidèle à toi-même, authentique, loyal, déterminé... Tu veux que je continue ? Car je le pourrais, pendant des heures." Elle lui lançait un regard complice et amusé, bien qu'elle était des plus sérieuses. "Tu es et seras toujours une belle personne, Rhett. Ca, ça ne changeras pas." Pas pour elle en tout cas. "Et tu n'es pas seul. Pour ce que ça vaut, je suis là. J'ai fait l'erreur de m'éloigner de toi après le divorce, ce que je regrette. Mais je ne compte plus te lâcher, désormais." dit-elle sur une note plus légère. "Et les conseils à donner à Daniel, tu les lui diras toi-même." Elle sous-entendait bien sûr par là qu'elle comptait bien le revoir autant que possible et selon leurs disponibilités respectives. Joanne se sentait déjà bien mieux d'avoir pu renouer avec lui, retrouvant peu à peu une complicité qui lui avait particulièrement manqué. Elle le réalisait seulement. Elle n'avait jamais eu beaucoup d'amis, mais ses amitiés étaient précieuses. Sa confiance était difficile à gagner et il semblerait que le blond l'ait regagné sans trop de peine.
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| | | | (#)Sam 1 Fév 2020 - 0:17 | |
| « Quand a-t-il bien pu faire du mal ? », s’enquit Joanne, si aveuglée par sa propre culpabilité qu’elle était incapable de s’apercevoir que les torts étaient plus que partagés. D’accord, Hassan avait eu à vivre une terrible épreuve, et lui seul savait ce qui se passait dans sa tête à ce moment-là, mais Rhett était formel : il avait merdé de bout en bout. La douce Joanne n’aurait pas mieux demandé que de se battre à ses côtés, d’apaiser ses peurs, de consoler ses chagrins et de chasser ses cauchemars. Joanne était cette lueur d’espoir dans cet océan de ténèbres, la promesse de la vie, le phare dans la nuit, qui guide les bateaux égarés à bon port. Mais Hassan avait préféré faire naufrage seul, et s’était lentement laissé couler, abandonnant le combat, se couchant avant même d’encaisser les premiers coups. Une chance pour lui que Rhett ne se trouvait pas à Brisbane, ni même sur le continent, à ce moment-là, sinon le brun se serait bien fait secouer les puces par 1m89 de muscles. Il en fallait beaucoup – vraiment beaucoup – pour faire sortir le rugbyman de ses gonds, mais quand vous y parveniez finalement, mieux valait ne pas s’éterniser trop longtemps dans les parages. « Si tu penses au divorce, quand on connaît les véritables raisons, on ne peut que les comprendre. » « C’est des conneries, tout ça ! », s’indigna-t-il, levant les yeux au ciel devant tant de non-sens. Rhett ne s’en doutait pas, mais voilà bien un sujet sur lequel Sophia et lui semblaient tomber d’accord. « Bien sûr que ça m’a rendue triste, bien sûr que j’aurais voulu le retenir, essayer de comprendre pourquoi. Il savait mieux que moi que je m’en serai plus facilement ‘’remise’’ si je finissais divorcée plutôt que veuve. A choisir, j’aurais préféré être à ses côtés autant que possible. » « Ce n’était pas à lui de savoir ce qui était le mieux pour toi. La moindre des choses, c’était d’au moins te poser la question. Te demander ce que toi, tu voulais vraiment. » De toute évidence, la même chose que Rhett. Lui aussi aurait préféré que la jeune blonde ne soit pas aussi rapidement évincée de la vie de son meilleur ami. Si seulement il avait été moins bête, songea-t-il en secouant la tête, dépité. « Il a juste oublié une chose. Le serment que vous vous êtes prêtés, ce jour-là. Pour le meilleur, et pour le pire. C’est ce qu’il t’a juré, non ? » enfonça-t-il un peu plus le clou. Le mariage, ce n’était pas baisser les bras au premier obstacle, ni abandonner le navire au premier écueil. Enfin, c’était l’idée que cet éternel célibataire s’en faisait, lui qui n’avait jamais réussi à garder une femme assez longtemps pour lui passer la bague au doigt. Enfin, il y avait bien une fois où… Non, se refusa-t-il fermement le loisir d’y penser. Mais maintenant que le souvenir s’était perfidement insinué dans son esprit, difficile désormais d’en faire abstraction. Rhett avait bien acheté une bague à Sophia, sans jamais trouver le courage de poser la question, ces trois petits mots qui auraient indiciblement changé toute sa vie. Il n’avait même pas osé en parler Hassan, pas plus hier qu’aujourd’hui. Incapable, comme toujours, d’assumer ses sentiments. Et quand elle était partie, lui brisant le cœur en même temps que tous ses espoirs, l’idée de la revendre ne lui avait même pas effleuré l’esprit, quand bien même l’objet de la discorde avait coûté une petite fortune. De rage et de dépit, il s’était contenté de la jeter dans l’océan. Aussi loin qu’il l’avait pu. Et bon vent. Sans ciller, il avait regardé les vagues emporter son amour au loin, à des centaines de milliers de kilomètres de là, l’espérait-il, et ça avait peut-être été la meilleure des thérapies.
Quoi qu’avait tenté Rhett pour se détacher du souvenir de Sophia n’avait été qu’un lamentable échec. Il était sorti avec des femmes par la suite, beaucoup de femmes, mais il réalisait à présent qu’il n’avait jamais été vraiment heureux. Il s’était seulement forcé à l’être. Pour sauver les apparences, ou peut-être pour se convaincre lui-même qu’il avait tourné la page. Il n’y avait que le rugby (dans lequel il s’était jeté à corps perdu après sa rupture) qui lui faisait oublier ses tourments, et aujourd’hui, il n’avait même plus cela… Pathétique. Et il osait critiquer les choix d’Hassan ? Et Sophia, comme toujours, refusait de lui foutre la paix, puisque la-voilà qui réapparaissait dans la conversation. « Je n’en suis pas si sûre. Qu’est-ce que tu me disais tout à l’heure ? Que c’est le genre de sentiments qui mettent du temps à disparaître, si ils disparaissent un jour ? », lui renvoya-t-elle en pleine face ses propres paroles. Tricheuse. « Peut-être que les nôtres étaient moins forts que je ne l’avais cru. », se justifia-t-il, résigné. Pour ne pas perdre la face, il répétait à tout le monde depuis des années que sa rupture avec Sophia ne l’avait pas tant ébranlé que ça. Il avait fini par s’en convaincre lui-même. Mais il devait se rendre à l’évidence : depuis son départ, il n’était plus jamais parvenu à s’ouvrir comme il l’avait fait avec elle, ni à se dévoiler complètement. Il avait toujours plus ou moins saboté ses relations parce qu’il avait peur de souffrir une nouvelle fois. Sauf la dernière en date, qui avait porté le coup de grâce. Il n’y avait aucun honneur à frapper un homme déjà à terre. Cependant, si son départ avait ébranlé le peu de confiance en lui qu’il lui restait à l’époque, il devait bien reconnaitre qu’il avait été malgré tout moins affecté par sa trahison que par l’abandon définitif du rugby.
« Je dois certainement manquer d’objectivité parce que tu as toujours été important pour moi, le ramena sur terre la voix de Joanne. Mais à mes yeux, tu as encore toutes tes chances de ton côté. Les femmes qui s’arrêtent sur le fait que tu sois boiteux, comme tu le dis… Elles ne te mériteraient pas. » L’idée qu’aujourd’hui Sophia ne lui jetterait pas le moindre regard s’imposa naturellement à son esprit, et sans vraiment se l’expliquer, il sut au fond de lui qu’il avait raison. Cette pensée acheva de le décourager. « Tu restes Rhett. Un homme qui est doté de la plus grande gentillesse possible, qui ne manque pas d’humour, d’optimisme, avec le plus beau des sourires et un regard qui en ferait chavirer plus d’une. Tu es toujours à l’écoute, fidèle à toi-même, authentique, loyal, déterminé… Tu veux que je continue ? Car je le pourrais, pendant des heures. Tu es et seras toujours une belle personne, Rhett. Ça, ça ne changera pas. » Rhett se passa une main sur la nuque, subitement gêné d’être la cible de toutes ces attentions, et de tous ces compliments. « Je me rends compte que j’ai choisi la mauvaise fille, à la fac. C’est avec toi que j’aurais dû sortir. », plaisanta-t-il pour masquer son embarras. Puis il se surprit à imaginer ce qu’aurait pu être sa vie avec Joanne. Belle maison, belle voiture, beaux enfants, blonds aux yeux clairs, comme eux, ils auraient probablement mené une vie idyllique. Mais il chassa rapidement cette image de ses pensées, incapable d’y adhérer, ne serait-ce qu’une seule seconde. Pour une raison inexplicable (car Joanne était une très belle femme), les choses n’avaient jamais été ambiguës entre eux, et c’était ce qui faisait la force de leur relation, à l’époque. S’ils s’étaient retrouvés nus au lit tous les deux, il était intimement convaincu que ni Hassan ni Sophia ne s’en seraient inquiétés le moins du monde. L’idée le fit sourire. « Et tu n’es pas seul. Si, Joanne, plus que tu ne le crois, et rien ne pourra changer ça. Pour ce que ça vaut, je suis là. J’ai fait l’erreur de m’éloigner de toi après le divorce, ce que je regrette. Mais je ne compte plus te lâcher, désormais. Et les conseils à donner à Daniel, tu les lui diras toi-même. », conclut-elle de la plus belle des façons son éloge. Il se sentait vraiment honoré de cette proposition implicite qu’elle lui faisait : celle de compter dans la vie de son fils. Il avait du mal à comprendre comment ce petit bout de femme pouvait autant l’aimer, lui, l’incapable, mais ses attentions lui firent chaud au cœur, et il se sentit subitement revigoré. « Ok, mais avant toute chose : je veux lui apprendre à jouer au rugby. », marchanda-t-il, sur le ton de la rigolade. Vraiment ? Rien ne lui ferait plus plaisir en cet instant que d’initier ce bonhomme haut comme trois pommes à son sport de prédilection. « En parlant de rugby, annonça-t-il en regardant sa montre, il est temps que je retourne à l’université. Les cours ne vont pas tarder à se terminer, et c’est là que j’entre en scène. Chargé de m’occuper de jeunes adultes dont les doses de testostérones dépassent les plafonds réglementaires. » Comme Hassan et lui, autrefois. Le souvenir lui dessina un sourire aux coins des lèvres. Il se leva, poussant avec sa main sur le banc pour s’aider à se relever, ne pouvant pas compter sur sa jambe engourdie. « Merci pour la glace, Joanne. Et pour tout le reste. », énonça-t-il, pudiquement, avant de la prendre dans ses bras et de l’embrasser sur le cuir chevelu, comme il avait l’habitude de le faire. De toute façon, depuis sa hauteur, c’était la seule zone à laquelle il avait accès. « Et surtout, appelle-moi quand la petite aura décidé de pointer le bout de son nez. » Puis, il s’accroupit à hauteur de Daniel, et ils échangèrent un check avec le poing, agrémenté d’un « A plus tard, mon bonhomme. Occupe-toi bien de ta maman, d’accord ? » Elle le mérite.
Et puis, sifflant Vador qui s’extirpa aussitôt de sa sieste, il retourna vers l’université, le cœur plus léger.
- Spoiler:
@Joanne Keynes (je les aime trop, ces deux-là ) C'est fini pour moi ; tu peux clôturer le sujet, ou bien y répondre avant, si tu préfères. Et puis on s'en ouvrira un autre, plus d'actualité D'ailleurs, j'ai une petite idée, je viendrais te mpotter.
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