| Some secrets are not meant to be kept forever ㄨ Jamie |
| | (#)Sam 30 Mai 2015 - 4:18 | |
| L'adolescence c'est une période dans laquelle on vit de manière insouciante, l'on veut s'amuser, expérimenter un tas de choses sans forcément se préoccuper des conséquences ou même sans les avoir imaginés, l'on a qu'une seule jeunesse et l'on se sert de ce prétexte pour faire tout et n'importe quoi, les deux chiffres représentant notre âge ont bon dos. Les parents de Madison n'avaient jamais vraiment eu de soucis à se faire, leur unique enfant était relativement sage la plupart du temps, elle ne découchait que rarement, ne touchait pas à la drogue et pratiquement pas à l'alcool, elle ne fumait pas, était sérieuse au niveau scolaire, on pouvait dire qu'elle s'approchait pas mal de leur définition de la fille parfaite. Ils n'étaient pas tous les jours faciles à vivre, elle n'était pas toujours d'accord avec leurs manières de voir les choses, pas du tout parfois, mais elle cherchait malgré tout à les rendre fière, peut-être parce qu'elle ressentait une pression plus grande que ceux qui avaient des frères et sœurs, il n'y avait personne derrière pour rattraper le coup. Au départ elle était réfractaire à leur envie de la scolariser dans un groupe privé, elle avait fini par s'y faire pour leur prouver qu'elle était capable de s'adapter, qu'elle n'avait pas peur du changement, qu'elle survivrait à cet environnement hostile et impitoyable rempli de fils et filles à papa. Les premiers mois furent difficiles, elle avait du mal à s'entendre avec ses camarades de classe, elle voyait bien qu'elle dénotait et on ne se gênait pas pour le lui faire remarquer, elle ne se l'avouait pas mais cela la motivait, cela lui donnait envie de montrer qu'elle avait sa place, elle essaya donc de leur tenir tête. Malheureusement la jeune fille n'était pas de taille, seule contre tous elle finit par s'isoler, ne plus chercher à être en contact avec qui que ce soit, ça c'était jusqu'au jour où elle croisa la route d'un certain Jamie Keynes. Personne ne semblait s'intéresser à elle et pourtant il débarqua dans sa vie tel un chevalier blanc, il remballa les petites pestes qui s'en prenaient à elle lorsqu'elles étaient en groupe et la prit sous son aile. Septique, elle ne savait pas pourquoi il avait choisi de lui venir en aide, mais sa compagnie était aussi appréciable qu'inattendue, elle n'arrivait plus à se passer de lui, dès qu'elle avait besoin de conseils elle allait le voir lui et elle ne le regrettait jamais. La demoiselle aurait très bien pu se confier à ses parents, mais elle ne le faisait jamais, elle préférait les laisser penser qu'elle se gérait très bien toute seule et puis elle était certaine qu'ils ne pourraient pas comprendre sa situation, ils n'avaient jamais baigné dans un univers semblable à celui dans lequel elle était alors que lui si et ce depuis des années. Madison n'aurait pas pu mieux tombé, Jamie était comme un don du ciel à ce moment crucial de son existence, il lui avait certainement éviter de tomber en dépression et de rester victime de harcèlement scolaire.
La présence de cette espèce d'ange gardien lui était bénéfique, mais elle ne pouvait pas la préserver de tout et ça elle l'apprendra plus tôt que prévu, lorsque son regard rencontra pour la première fois celui d'un garçon ayant pour initiales C.W. Ce jeune homme était toujours accompagné de trois autres personnes, il lui paraissait inaccessible, réservé aux filles les plus belles et populaires du bahut, le fait que ses amis essayent de la draguer et non lui ne faisait que de la renforcer dans ses idées, elle ne l'intéressera jamais. Elle le croisait régulièrement, un peu trop pour qu'elle puisse arrêter de penser à lui, elle n'arrivait pas à se souvenir que d'autres mecs existaient, elle esquivait toujours ceux qui lui couraient après, elle ne voulait que son attention à lui mais il restait impassible, il s'en foutait que ses potes soient après elle, il la regardait à peine. Alors qu'elle pensait que tout était foutu, elle fut invitée à une fête se déroulant dans la demeure des Wildworth, famille de son fameux coup de cœur. Madison n'avait jamais autant passé de temps devant une glace que ce jour-là, elle avait envie de mettre toutes ses chances de son côté alors elle n'avait pas fait les choses à moitié, elle était impeccable, tirée à quatre épingles, prête à essayer de faire sensation. Une fois arrivée à la soirée elle ne sera pas trop déçue puisque Castiel s'attarda sur elle plus longtemps que d'habitude, mais il ne lui adressera que quelques mots et la laissa en compagnie d'un de ses amis. L'adolescente fera bonne figure, elle ne voulait pas jouer à la rabat-joie alors elle resta avec lui, elle essaya de se convaincre qu'il pouvait être plus intéressant qu'il n'en avait l'air. Accepter de rester avec lui fut une grossière erreur puisqu'il la drogua à son insu, chose qui n'échappera pas au jeune Wildworth qui ne tolérait pas ce genre d'acte, encore moins sous son propre toit, il intervint afin de la mettre à l’abri dans sa chambre et renvoya son ami. Le lendemain elle se réveilla dans un lit qu'elle ne connaissait pas, elle était angoissée à l'idée qu'on ait pu profiter d'elle, elle ira jusqu'à s'imaginer que c'était Castiel le coupable puisqu'il fut la seule personne qu'elle verra à son réveil. Au final il la rassurera, lui dira que rien ne lui était arrivé, tout finissait bien. L'ironie de l'histoire c'est que c'était grâce à cet événement qu'elle commencera à réellement à se lier avec lui, le mauvais avait une part de bon des plus inespérées. Le rêve de Madison devint réalité, le jeune homme s’attacha énormément à elle, lui offrit ses premiers émois amoureux. La petite fille de classe moyenne qui passait inaperçue n'était plus, elle avait laissé place à une fille amoureuse qui avait de plus en plus confiance en elle, pour le meilleur et pour le pire.
La plupart des histoires d'amour commençaient bien, celle de la brunette ne faisait pas exception puisque tout était rose, tous les jours elle vagabondait dans les couloirs de son école en étant aux bras de son chéri, ils ne se disputaient pas, leur relation était digne d'un vrai conte de fées, rien ne semblait pouvoir l'assombrir. Cependant plus elle apprenait à le connaître et plus elle se rendait compte qu'il avait une certaine carapace, il ne lui parlait jamais de sa famille, de ses tracas du quotidien, il se contentait d'écouter les siens. Cela ne la dérangeait pas, du moins lors des premiers mois avant qu'il ne commence à devenir de plus en plus distant. Au bout d'un certain temps les signes d'affectations se faisaient quasiment inexistants de sa part, ce qui la fit considérablement douter de ses sentiments envers elle. C'est lors de cette époque emplie de doutes qu'elle apprit que l'ancien groupe de Castiel s'était lancé un pari, celui d'être le premier à coucher avec elle. Elle cogita elle n'avait pas envie de croire qu'il aurait pu participer à une chose aussi puérile, à force de ne pas avoir de réponses elle se dira que cela pouvait tout expliquer, qu'elle n'avait été qu'un jouet dont il se lassait. Malgré tout elle ne cherchera pas à avoir des explications de manière immédiate, quelque chose la préoccupera plus : son état de santé. Elle se sentait de plus en plus fatiguée et surtout ses règles n'arrivaient pas. Sachant que la pilule les coupait occasionnellement, elle minimisa les choses, elle se dit que tout rentrerait à la normale d'ici quelques semaines, mais cela n'arrivera pas. C'est au bout de deux mois sans menstruation qu'elle s'acheta un test de grossesse en cachette, un test qui se révélera positif. Madison tomba des nues, cela ne pouvait pas arriver, pas à elle, ce n'était pas possible c'était le genre de choses qui n'arrivait qu'aux autres. L'angoisse était à son paroxysme, si ses parents l'apprenaient ils seraient effondrés, elle serait morte, quant au père… elle ne voulait même pas imaginer sa réaction. Elle prit le choix de ne rien faire, d'avoir un temps de réflexion, elle ne voulait pas agir à la légère. Une semaine après cette découverte elle aura la dispute de trop avec Castiel, celle qui mettra fin à leur histoire pour de bon, elle ne savait pas comment elle avait fait mais elle avait tenu sa langue concernant la grossesse, elle était donc toujours l'unique détentrice de ce secret. Le corps de l'adolescente n'avait presque pas changé, cela la rassurait, lui donnait du répit, elle savait pertinemment que cela ne durerait pas, que tôt ou tard elle devrait faire un choix: donner vie ou faire disparaître à jamais ce qui grandissait en elle avant que cela ne devienne problématique. Madison fit de son mieux pour le camoufler, elle se maquillait plus qu'à son habitude pour cacher au maximum sa mauvaise mine, lorsqu'elle sortait elle mettait uniquement des vêtements qui l'amincissaient...
Aujourd'hui avait l'air d'être un jour des plus communs, ce n'était absolument pas le cas puisqu'elle avait décidé que ce jour là serait la veille du jour où elle prendrait sa décision. Malgré cela elle avait décidé de se rendre en cours, être absente trop souvent ne ferait qu'éveiller les soupçons alors elle se forçait à y aller, qu'elle ait eu trois heures de sommeil ou huit. Elle avait tout prévu : si elle décidait de ne rien interrompre elle l'annoncerait à ses parents le soir du lendemain, si elle décidait de mettre fin à sa grossesse elle n'assistera pas aux cours afin de pouvoir avorter à une heure où sa famille ne remarquera pas son absence, si jamais ils le remarquaient elle inventera qu'elle avait séché pour une virée shopping avec ses copines. Madison avait réussi à suivre tous les cours de la matinée sans s'endormir, mais lorsque la sonnerie annonça la fin elle se sentit soudainement mal, son ventre lui causait des douleurs atroces. Elle s'empressa de quitter l'école, sans dire un mot à ses amis sachant elle ne pouvait pas garder un visage neutre très longtemps. La demoiselle s'arrêta environ quinze minutes plus tard, elle s'adossa contre une cabine téléphonique. La puissance de ces maux ne cessait d'augmenter au point de réussir à la faire pleurer. Elle se réfugia à l'intérieur de la cabine et composa un numéro qu'elle connaissait par cœur, celui de Jamie. Il ne répondait pas, elle lui laissa un message vocal : « Jamie s'il-te-plaît viens c'est une situation d'extrême urgence, je ne sais pas quoi faire, je me trouve près de la cabine téléphonique, à côté de notre cafétéria, rejoins moi... » Elle raccrocha. L'adolescente n'aura pas la force de sortir de la cabine, elle sentait que quelque chose coulait le long de ses jambes, c'est en y touchant qu'elle se rendra compte que c'était du sang. Madison se colla contre une paroi et se laissa glisser avant de s’asseoir au sol. Ses larmes coulaient à grand flot, son mascara avait totalement dégouliné ravageant totalement son petit minois. La MacAllister comprit enfin ce qu'il lui arrivait : son corps avait fait son choix… à sa place. Elle n'arrivait presque plus à se mouvoir, elle ressemblait à une poupée inanimée. Si son ami ne venait pas à son secours elle ne savait pas qui le ferait, si quelqu'un qu'elle connaissait se pointait avant qu'elle n'arrive cela serait une véritable catastrophe. Elle leva son regard et se mit à prier de tout son cœur, peut-être que cela changera quelque chose… ou non, cela ne lui coûtait rien même si elle n'était pas très religieuse. |
| | | | (#)Mar 2 Juin 2015 - 17:01 | |
| Sept ans ont passé depuis la mort d'Olivier. Sept années dans la peau d'un fantôme. La transition s'est faite si aisément. Il le fallut pas longtemps à Jamie pour comprendre que disparaître faisait partie des conditions pour sa survie. Prendre les habitudes de son frère, agir comme lui, penser comme lui, s'est vite imposé au jeune homme. Et enfiler ce costume, endosser ce masque, s'est avéré bien plus simple qu'il n'aurait pu le penser. Quoi qu'il n'aurait jamais pu imaginer devoir un jour tirer un trait sur lui-même pour avoir le droit de vivre à travers un mort. On pouvait difficilement faire plus malsain que toutes ces nouvelles connexions dans son cerveau qui le liaient à ce revenant en permanence, lui permettant de savoir exactement quoi dire et quoi faire de manière à n'être absolument jamais lui-même. Vous voyez Jamie, mais vous parlez à un mort. Pourtant, aujourd'hui, ce rôle est devenu quotidien, ce masque a fusionné avec son propre visage, le fantôme s'est cousu sur sa peau. Comme une veste qu'on enfile le matin avant de sortir de chez soi, il se glisse dans les chaussures de son défunt frère jour après jour. Son esprit détraqué n'est plus tant que ça la torture permanente qu'il a pu être pendant les premières années où le garçon cherchait encore à se débattre contre ses démons. Tous ces mécanismes sont devenus parfaitement naturels. Il reste de lui un prénom, le reste est un navire fantôme. Cela faisait un an que sa relation avec Kelya, sa psychologue, avait débuté. Un an qu'elle s'était déclarée et offerte à lui. Une relation étrange, tantôt intellectuelle durant les séances de psychanalyse hebdomadaires, tantôt sexuelle lors de ce qui s'en suivait. Il n'y a sûrement pas encore de mot pour définir un lien pareil. Bien sûr, Jamie avait parfaitement conscience qu'il était moralement parlant très douteux de coucher sa thérapeute de douze ans son aînée. D'autant plus sans avoir le moindre sentiment pour elle. Il dirait bien qu'elle était comme une seconde mère pour lui, mais cette vision quasi-incestueuse le dégoûtait. Alors il ne cherchait pas à comprendre ce qu'il se passait entre eux. C'était simplement Kelya. L'unique personne avec qui Jamie avait encore le droit d'exister. Celle qui lui permettait de garder la tête hors de l'eau, d'avoir l'espoir de quitter cette existence malsaine un jour. Jamie ne vivait qu'une fois par semaine, avec elle. Il se ressourçait auprès d'elle, comme un plongeur à la recherche d'oxygène avant de retourner en eaux troubles. Puis il retournait à Cambridge, là où faisait des études depuis quatre ans maintenant. Il y passait la semaine, rentrait à Londres le vendredi dans l'après-midi, et quittait la capitale anglaise tôt dans la matinée du lundi. Un emploi du temps qui le tenait à distance de ses parents, de l'environnement qui l'étouffait. Même si l'université est un univers avec sa propre part de cruauté, y entrer lui avait permis de souffler. Là-bas, et comme toujours depuis le décès d'Oliver, son cercle d'amis est particulièrement réduit -en réalité, il a un goût prononcé pour la solitude. En revanche, le nombre de personnes prétendant être ses amis était beaucoup plus grand. De fait, il n'était jamais seul. Populaire malgré lui, il jouait le jeu du bon garçon avec brio et acceptait les étudiantes les plus prisées à son bras. Ses qualités d'acteur n'étaient plus à prouver quand il s'agissait de faire croire aux autres qu'il avaient la moindre importance à ses yeux. Au fond, tout ceci n'était qu'une immense comédie. Là-bas, une personne lui manquait. Madison était arrivé dans sa vie comme une main tendue du destin pour l'aider à garder la tête hors de l'eau. Petite demoiselle sans repères dans un monde qui la dépassait complètement, fragile petit oiseau tombé du nid. Simple londonienne entre les fils et les filles de vautours, élevés pour écraser tout ce qui se trouve sur leur passage -en faisant autant de dommages collatéraux que possible. Tout simplement indigne d'arpenter les mêmes couloirs qu'eux, qu'importe qu'elle soit mignonne. Sa détresse a rapidement trouvé un écho en Jamie. En Oliver. Tout en elle lui rappelait son frère. Lui aussi était le mouton noir au milieu du troupeau. Intégré à ce monde parce qu'il le devait, chaque pas aux côtés des reines des abeilles et des meutes de loups étaient une torture pour cet esprit libre et bohème, trop intelligent pour leurs bassesses, trop bon pour accepter d'être assimilé à ces êtres répugnants qui ponctuaient la route de sa courte vie. Il rejetait cet univers, et l'univers le lui rendait bien. Jamie avait rencontré Madison au détour d'un couloir. En réalité, il avait d'abord remarqué l'attroupement de ce genre de bande de filles qui, non, n'existent pas que dans les films pour adolescents. Et, comme un animal apeuré, au centre de l'attention, la jolie jeune fille aux grands yeux bleus bordés de larmes d'exaspération. On pourrait attendre de filles provenant d'un environnement bourgeois un peu plus de subtilité dans leur manière d'harceler leurs victimes, et pourtant, le grand jour ne leur faisait pas peur. Qui pourrait les empêcher de quoi que ce soit ? Ce genre de scènes de lapidations par la parole deviennent de plus en plus monnaie courante, trouvait le jeune homme. Quand la curiosité le poussa à regarder par dessus les épaules pour avoir une idée du visage de la victime, son indifférence habituelle le quittèrent. Sans comprendre pourquoi, il avait saisi la demoiselle par le bras et l'avait attiré loin des hyènes. Depuis cet instant, plus aucune de ces créatures n'approchèrent sa protégée. Quand sa scolarité dans l'établissement prit fin, deux ans plus tard, et que vint l'heure de partir pour l'université, Madison fut la seule personne dont Jamie se souciait réellement. Ils s'appelaient et se voyaient régulièrement, le garçon n'étant pas tranquille à l'idée d'être loin toute la semaine. Il ne se serait jamais douté avoir autant raison de s'inquiéter. L'appel manqué sur son téléphone laissa place à un message. Il rentrait de Cambridge et venait d'arriver à Londres. Jamie gara sa voiture sur le bas côté afin de l'écouter. Immédiatement, il reconnut la voix de Madison. Il devinait facilement les larmes à sa voix tremblante, il devinait la peur, la panique. Sans hésiter, quitte à créer un accident, il effectua un demi-tour au milieu du boulevard au feu rouge suivant, et prit la direction de son ancien établissement. « Maddy, tout va bien ? » demande-t-il en ouvrant la porte de la cabine téléphonique. Surpris de ne voir personne devant lui, son regard se baisse par automatisme et tombe sur la jeune fille assise au sol. Ses yeux et ses joues sont noircies par le maquillage qui, transporté par ses larmes, s'est écoulé sur son joli visage. Jamie s'accroupit pour se mettre à son niveau, prends le visage de Madison entre ses mains et dépose un baiser sur son front pour la rassurer. Elle n'est plus toute seule. Analysant la scène, le jeune homme chercha à comprendre la raison de son état, et aperçut rapidement la coulée de sang de long des jambes de la demoiselle. Son coeur se serra, rata un battement, créant en lui un léger vertige qui le fit doucement tomber vers l'arrière, le forçant à s'asseoir sur l'asphalte. Une main passa sur son visage encore juvénile alors qu'il murmurait. « Non, pas toi... » Des jeunes filles comme Madison sont monnaie courante, malheureusement. Les jolis minois qui se laissent séduire puis engrosser, comme disent leurs aînés. Les erreurs d'un soir, les accidents, mènent la majorité des filles de la haute dans ce genre de situation où la pression de la terre tombe sur leurs frêles épaules. Il n'a pas qu'elles ; il y a leurs familles, le père de l'enfant, et sa propre famille. Il y a l'honneur de chacun, et l'avenir des heureux parents. Un casse-tête dont elles se sortent quasiment toutes avec de belles cicatrices et autant de traumatismes qui s'ancrent dans leurs esprits déjà dérangés. Et il y a les cas comme Maddy. Sauf que sa position était loin d'être la plus simple à gérer. Restant assis, silencieux, observant malgré lui le sang qui s'écoule au sol, Jamie tentait se trouver le moyen de se sortir de là. Rapidement. Personne ne devant les voir, ou se douter de quoi que ce soit. Le parking étant de l'autre côté de l'établissement. Pièce après pièce, les idées s'imbriquent. Le garçon se remet sur ses jambes et referme la porte de la cabine. « Je reviens tout de suite. Je te promets, je reviens. » Et Jamie ne manque jamais à sa parole. Jamais. Aussi vite qu'il le put, essayant de créer le moins de soupçons possibles, il traversa la cour une première fois pour rejoindre sa voiture. Il ouvrit le coffre dans lequel se trouvait sa valise, et récupéra un jogging noir. De retour auprès de Madison, il lui tendit le vêtement. Son regard planté dans ses iris bleus demandaient toute l'attention qu'elle pouvait réunir. « Maddy ? Écoute moi, ma belle. Tu vas devoir enfiler ça, parce que tu ne peux pas te balader comme ça. Et après il faudra te lever, et que tu marches aussi naturellement que possible hors du campus. Je serais avec toi, tout ira bien. Ma voiture n'est pas loin, je t'emmènerai aux urgences. Ils prendront soin de toi. » Restant toujours près d'elle, il la laissa passer ses jambes dans le pantalon tant bien que mal, l'aidant au besoin. Puis il prit ses mains pour la soutenir alors qu'elle se levait, gémissant et restant courbée de douleur. D'un geste aussi doux que possible, le jeune homme la redressa un peu plus. Il ne pouvait pas imaginer la douleur qu'elle ressentait et le mal qu'elle pouvait avoir à se tenir ainsi, mais la compassion ne l'aidera pas à aller à l'hôpital. Elle n'avait aucun autre choix que de prendre sur elle. Gardant un bras autour de sa taille, ils traversèrent la cour menant au portail principal. Se dressa devant eux l'une des professeurs, tout sourire. « Monsieur Keynes, que nous vaut le plaisi… Tout va bien Miss MacAllister ? » Ne laissant pas à Madison la possibilité d'ouvrir la bouche, Jamie prit rapidement la parole ; « Non, pas vraiment. Je suis venu pour la voir, lui apprendre un décès dans sa famille. Elle est sous le choc. Je la raccompagne chez elle. » Le regard de la femme se pose sur son élève, triste et désolé. « Oh, je vois. Toutes mes condoléan- » « Je ne voudrais pas paraître impoli, mais je pense qu'elle sera plus attentive à vos bonnes intentions quand elle sera remise de ses émotions. J'aimerais la reconduire rapidement afin qu'elle puisse retrouver ses parents. » Elle acquiesça d'un signe de tête et se dégagea de leur passage. Au rythme de Madison, ils atteignirent la voiture. Le jeune homme lui ouvrit la portière et l'aida à l'installer sur le siège passager, plaquant une main sur sa bouche lorsqu'elle fut tenter d'hurler sa douleur. « Respire. Calme-toi. » lui répétait-il régulièrement en passant un pouce sur les joues trempées de son amie. Il s'installa de l'autre côté et démarra le moteur au plus vite. Londres ne manque pas d'hôpitaux, ils se tarderont pas à en trouver un pour accueillir la demoiselle. Au premier feu rouge qui les stoppa, Jamie demanda ; « C'est Wildworth, c'est ça ? » Quand Madison avait jeté son dévolu sur Castiel, il lui avait dit de se méfier. Qu'il ne sentait pas le garçon. Vraiment pas. Wildworth et Keynes senior s'entendent trop bien pour être de bonnes personnes. Leurs rejetons sont à leur image, ou finiront par l'être, à n'en pas douter. Mais la jeune fille était à nouveau seule à ce moment là, l'ange gardien étant à des kilomètres d'elle. Il n'avait rien pu faire pour empêcher leur rapprochement. Aurait-il seulement le faire ? En avait-il le droit ? Sûrement pas. Il y a une part de destin là-dedans. Puis, quand elle commença à côtoyer le garçon Wildworth, un vent de jalousie s'était emparé de Jamie. Il n'avait plus voulu entendre parler de cette relation. Et maintenant, la voilà dans cet état... |
| | | | (#)Lun 8 Juin 2015 - 16:17 | |
| Cela semblait être les minutes les plus longues de sa vie, l'attente était insupportable en plus d'être atroce, mais Madison était intimement persuadée que Jamie viendrait à son secours, il l'avait toujours fait. Elle savait qu'il n'apparaîtrait pas en un éclair, qu'il devait très certainement être à Cambridge à cette heure-ci et donc qu'elle n'avait pas d'autre choix que de patienter. S'il n'était pas là d'ici une vingtaine de minutes elle allait très certainement s'en aller, plus longtemps elle restait et plus elle risquait de se faire découvrir, il était déjà étonnant que personne ne l'ait vu à croire que tout le monde était trop pressé de manger pour traîner dehors. Malgré son piteux état, elle ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil vers l'extérieur, il fallait qu'elle se tienne prête à jouer la comédie si jamais un ou plusieurs passants s'aventuraient un peu trop près de la cabine téléphonique. Alors que sa main était toujours ensanglantée, elle passa sa main sur son uniforme afin de se toucher le ventre, elle avait l'impression qu'il ne s'était pas dégonflé, comme si rien n'avait quitté son corps. C'est à cet instant précis que la porte s'ouvrit, son ami était enfin là, son premier réflexe fut de demander si elle allait bien alors que la réponse était évidente. La brunette resta figée, elle ne lui répondra pas. Son regard était vide, comme si son esprit l'avait quitté. Le baiser qu'il déposa sur son front ne fera pas plus d'effet que cela, les sanglots avaient laissé place au silence. La réaction de son ange gardien laissait présager qu'il avait facilement compris ce qu'il lui était arrivé, il devait probablement penser qu'elle avait été imprudente ou ignorante pour en arriver à là. Pourtant, il n'était pas rare que des personnes fassent des interventions à l'école pour prévenir les jeunes qu'ils devaient se protéger, aussi bien des maladies sexuellement transmissibles que des risques de grossesses.
Les discours qu'elle avait entendu n'étaient pas rentrés par une oreille pour en ressortir par l'autre, mais la contraception qu'elle avait prise n'était pas fiable à 100 %, elle avait donc eu la malchance de faire partie du petit pourcentage de personnes tombant enceintes en étant sous la pilule. Ce genre de situation n'arrivait même pas à 5% des personnes, à ce niveau-là c'était soit de la fatalisé ou soit la preuve que la MacAllister était particulièrement fertile. À présent savoir si c'était l'un ou l'autre n'avait plus d'importance, la seule chose qui comptait c'était qu'on la sorte de là. Jamie quitta la cabine après lui avoir fait la promesse de revenir. Elle ne savait pas ce qu'il allait faire, s'il allait essayer de mettre sa voiture au plus près ou s'il allait chercher autre chose, quoiqu'il en soit elle était sûre qu'il prendrait la bonne décision, chose qu'elle était à l'évidence incapable de faire. Il revenu avec ce qui lui semblait être un jogging noir, il la regarda fixement et lui dit tout ce qu'elle avait à faire. Elle acquiesça de la tête. Madison se leva avec l'aide de ses mains, s'empara du vêtement sans attendre, retira sa jupe et la mettra en boule avant de l'enfoncer au fin fond de son sac en bandoulière. N'ayant pas oublié qu'elle avait touché son haut, elle pensa à renfermer tous les boutons de son gilet afin de cacher la dernière tâche de sang qu'il lui restait. Se tenir droite relevait de l'impossible, mais en essayant de s'appuyer un maximum sur lui elle finira par réussir à enfiler le jogging sans trop tarder. Le plus dur restait à venir, ils devaient traverser le campus sans éveiller le moindre soupçon, ce qui la stressait d'avantage. Jamie ne la ménagera pas, il la poussa à sortir de la cabine et à avancer le plus vite possible tout en l'encouragent à jouer la comédie. L'adolescente n'arrivait pas à tout faire, elle n'arrivait pas à garder son visage neutre, il restait marqué par la douleur et la détresse, mais elle prenait sur elle. Elle cru frôler la crise cardiaque lorsqu'ils croisèrent la route d'une professeur. Heureusement son ami improvisa à la seconde, il inventa un prétexte qui tenait la route.
Madison fut soulagée d'atteindre la voiture, mais cela ne calmait pas ses douleurs. Une fois qu'elle se retrouva sur le siège arrière, elle se serra les dents, si elle ne se retenait pas elle hurlerait tellement fort qu'elle alerterait tout le campus. « J'vais crever putain... je vais crever... » Elle le regarda l'air de dire ne te préoccupe plus de moi, prends le volant, s'il attendait qu'elle soit calmée ils n'étaient pas prêts de partir. Lorsqu'elle entendit le bruit du moteur, elle poussa un soupir de soulagement, aucun de ses camarades ni le corps professoral ne pourrait savoir quoique ce soit maintenant. La tension était quelque peu retombé, Jamie semblait vouloir en profiter pour savoir qui était le responsable de la situation. Bien évidemment il y alla franco en balançant le nom de famille de Castiel. « Oui il n'y a eu que lui... mais que ça soit lui ou un autre ça aurait été pareil tu sais. » Elle savait que c'était un mensonge, que cela ne se serait pas inévitablement passé comme cela avec n'importe qui, mais l'amour a ses raisons que la raison ignore. Il lui avait dit de ne pas tomber dans ses bras, il lui avait dit qu'il la ferait souffrir, elle n'en fera qu'à sa tête ou plutôt ne fera que suivre son cœur, si elle avait suivi son cerveau elle ne serait pas lancée là-dedans, sachant pertinemment qu'il n'était pas un garçon pour elle. Le désir foudroyant qu'il avait suscité avait été bien trop fort, l'avait fait craqué, l'occasion de l'avoir que pour elle était trop belle pour la laisser filer, maintenant elle en payait le prix puisqu'elle n'était plus avec. Petite fille bercée par les contes de Disney, elle avait trop rêvé, Castiel n'était pas un prince charmant et elle n'était pas une princesse secourue malgré qu'il l'ait sauvé des griffes d'un violeur.
« Je ne sais pas où tu comptes m'amener mais si tu connais un hôpital dont le personnel est digne de confiance, discret, fonce. Si jamais mes parents étaient amenés à l'apprendre ça serait... ça serait la catastrophe absolue. Jusque là j'avais réussi à garder tout cela secret... je ne pensais même pas que cela aurait été possible de tenir deux mois. » Elle qui était habituellement une mauvaise menteuse, elle s'était surpassée, elle était surprise de se voir capable de dissimuler autant de choses. Ne pas avoir craché morceau à ses amis proches relevait aussi de l'exploit, ils savaient généralement tout ce qu'il se passait dans sa vie, du moins tout ce qui était important. Madison n'avait jamais su s'ils étaient capables tenir leurs langues, elle ne voulait pas le tester en leur révélant un truc d'aussi énorme, ça aurait été trop risqué de leur dire quoique ce soit, à vrai dire elle s'était imaginée qu'ils auraient sûrement tout dit à ses parents en pensant que c'était la meilleure chose à faire. Jamie n'avait jamais été en contact avec sa famille, mis à part sa peste de cousine dont il se fichait bien, il ne risquait donc pas les mettre au courant même par inadvertance. « J'espère que tu... tu ne m'en veux pas de ne t'avoir rien dit. » Dit-elle avec la plus frêle des voix. « Je... je ne savais pas ce que j'allais faire de.. ça... enfin de lui. » Elle parlait comme si elle savait qu'elle aurait donné naissance à un garçon, un pressentiment qu'elle ne saurait expliqué. « C'était la première fois que je ne t'écoutais pas, je suivais toujours tes conseils jusque là, mais c'était aussi la première fois que je tombais amoureuse... j'ai enfin compris pourquoi l'on dit tomber, ça prend tout son sens maintenant. » Une partie de son sac était déballé, le reste sortirait lorsqu'elle arriverait à l'hôpital ou peut-être un peu plus tard.
Dernière édition par Madison MacAllister le Mer 17 Juin 2015 - 11:06, édité 2 fois |
| | | | (#)Lun 15 Juin 2015 - 7:03 | |
| La question était inutile. Bien sûr que la jeune fille se retrouvait dans cette situation à cause de ce bon Castiel. Les mains se Jamie se serraient un peu plus autour du volant alors qu'il prenait une grande inspiration afin de retenir un beau « je te l'avais dit ». Après tout, Madison devait largement se rendre compte par elle-même à cet instant qu'elle avait eu tort à son sujet. Aux yeux du garçon, le plus frustrant restait cette espèce de volonté de défendre son ancien petit ami qu'avait son amie malgré tout. Lui ou un autre, cela aurait été pareil, disait-elle. Contenant ses pensées, Jamie se contentait d'hausser les épaules, soufflant un ; « Tu sais ce que j'en pense. ». Il ne s'était jamais gardé de dire à Madison que le petit ami lui déplaisait. Mais ce n'était pas des paroles qu'elle aurait pu prendre au sérieux de toute manière ; la volonté de Jamie à protéger la jeune fille aurait fait de n'importe quel autre garçon une menace potentielle qu'il aurait été incapable d'accepter dans le secteur. La preuve en est qu'il a fallu attendre qu'il parte pour l'université avant que la belle puisse commencer une relation avec qui que ce soit. Étouffant, il pouvait l'être. Mais il ne pensait qu'à son bien, connaissant tous les dessous du monde dans lequel baignait Madison malgré elle. Et puis, il y avait la possessivité, la jalousie. Le pincement au coeur lorsqu'elle avait commencé à s'intéresser sérieusement aux garçons. Quelque part, il souhaitait être le seul homme dans la vie de Maddy. Le seul en mesure de la comprendre. Mais ce que ce genre de pensées implique, il ne l'apprendra que beaucoup plus tard. Le feu repassant au vert, la voiture reprennait sa route vers l'hôpital. Un endroit que connaissait trop bien Jamie qui aurait préféré s'en tenir éloigné encore quelques années. Mais il n'avait pas le choix. L'établissement où Oliver avait été admis plusieurs fois était le seul dont il ne doutait pas de la discrétion. Selon les jours, glisser un billet suffisait à gagner l'anonymat. Les autres fois, il suffisait de le demander. Ils semblaient accueillir tous les chiens battus de Londres, tous ceux qui ont trop à perdre avec un simple hospitalisation. Une sorte de sanctuaire. Là, les parents de Madison ne sauront rien de ce que leur fille aura traversé. Au fond, le jeune homme se demandait s'il était sage que son secret perdure ainsi. Après ce traumatisme, elle aura besoin du soutien de ses proches plus que jamais. Ce n'était pas à ses camarades qu'elle pourrait dire quoi que ce soit. Elle ne pourra pas non plus en parler à Castiel, sait-on jamais ce qu'il ferait de ce genre d'information. Ses parents sont les seuls vers qui elle pourrait se tourner, et elle préférait les mettre de côté. Sans approuver, Jamie ne pouvait que respecter son choix. « Deux mois... » soupirait-il en secouant négativement la tête. Il avait été aveugle tout ce temps. Certes, la distance entre lui et Madison n'aidait en rien, mais il parvenait tout de même à se blâmer pour n'avoir remarqué aucun changement dans l'attitude de son amie lorsqu'ils arrivaient à se voir, dans sa voix au téléphone lorsqu'ils s'appelaient. Cette impuissance était un sentiment qui lui laissait une désagréable impression de déjà-vu. Tournant à un croisement, il assura simplement à la jeune fille ; « Je sais exactement où t'amener, t'en fais pas. » Bien sûr, il ne comprenait pas le silence de Maddy vis-à-vis de lui. La raison pour laquelle elle l'avait mis à l'écart de ce qui se passait dans sa vie, surtout pour un événement aussi grave. Jamie pensait qu'il aurait été la première personne que sa protégée aurait appelé en découvrant le résultat de son test de grossesse. Et finalement, elle l'avait mis dans le même panier que le reste de son entourage. Il ne pouvait pas prétendre ne pas être vexé par cette décision. Néanmoins, il n'avait pas de rancoeur. Elle l'avait appelé quand elle en avait eu besoin, c'était le plus important. « Je ne t'en veux pas, mais tu aurais dû m'en parler bien avant. Tu sais que j'aurais été là pour t'aider à gérer ça. » dit-il en la regardant du coin de l'oeil, gardant tout de même son attention sur la route. Le garçon se demandait ce qui avait bien pu passer par la tête de Madison. Les délais pour avoir accès à un avortement ne sont pas indéterminés, et sont au contraire relativement courts. Et elle n'allait quand même pas avoir la charge d'un enfant à seize ans, ce serait ridicule. Elle était plus maline que tout ça. Mais il mettait son absence de réactivité sur le compte de la peur et de la panique, remerciant le corps de la jeune fille d'avoir eu la présence d'esprit, si on peut dire, d'avoir réagi à sa place. « Enfin, t'es pas la première et encore moins la dernière à qui ça arrivera. » ajouta-t-il pour relativiser. Madison, elle, monologuait sur la nullité de l'amour, sa bêtise, et d'autres complaintes d'adolescente. Non, Jamie ne se voyait pas la blâmer, elle y parvenait très bien toute seule. Au contraire, il tenta un trait d'humour, adressant un clin d'oeil à son amie ; « Dis-toi que t'as appris une leçon qui n'a pas de prix : Jamie a toujours raison. » Elle ne risque pas de l'oublier d'ailleurs. Il ne fallut pas plus de dix minutes avant d'atteindre l'hôpital. Jamie emprunta la route menant à l'entrée des urgences, et se gara devant les portes, se fichant bien de bloquer le passage. Il coupa le moteur, sortit et ouvrit la portière côté passager. « On y est. Je vais chercher quelqu'un. » lança-t-il à la demoiselle dont le visage ne cessait de se crisper de douleur. Il ne voulait même pas imaginer l'état du siège. De toute manière, il n'en avait pas le temps. Il se permit de se passer de faire la queue jusqu'au secrétariat, essuyant les plaintes d'un revers de la main. Penché sur le comptoir, la voix basse mais ferme, il exposa à la jeune femme face à lui ; « J'ai une fille de 16 ans qui fait une fausse couche dans ma voiture, elle est juste là. Elle s'appelle Madison. Pas de nom de famille. » Sans un mot, elle fait signe à deux hommes dans le fond de la salle de se rendre à l'extérieur afin de voir de quoi il retourne et s'occuper de la Madison en question. Lorsque son attention se retourne vers Jamie, elle demande ; « Et vous êtes ? » Pas besoin de grosse réflexion, il répondit sans hésitation ; « Son frère. James. » Personne ne l'appelait ainsi, jamais. A vrai dire, personne ne se souvient de la raison qui ont poussé ses parents à le nommer James dans un premier temps, pas même eux, puisque quelques minutes après avoir eu l'acte de naissance en main, ils avaient commencé à l'appeler Jamie. C'était plus joli, moins classique, moins répandu. L'habitude s'était rapidement ancrée pour tout le monde, sans exception. Jamais le garçon ne se présentait à qui que ce soit en tant que James. Si bien que le nombre de personnes connaissant son réel nom ne se comptent que sur les doigts d'une main. Et James est devenu comme un pseudonyme laissé au placard. « Pas de nom non plus, je suppose ? » « Pas de nom. » |
| | | | (#)Mer 17 Juin 2015 - 11:09 | |
| La question de Jamie n'avait pas d'utilité puisque qu'à ses yeux personne n'était jamais assez bien pour elle, elle ne l'avait jamais entendu dire " ce type-là il est bien, fonce ", il n'avait jamais envisagé qu'elle se mette en couple tout court, il aurait pu être capable de la mettre dans un couvent pour s'assurer qu'aucun garçon ne la toucherait. C'était à la fois mignon et exaspérant, mignon parce qu'il veillait sur elle et exaspérant parce qu'il avait pris la sale habitude de lui dire ce qu'elle devait faire ou ne pas faire, il était plus avisé qu'elle puisqu'il était plus âgé mais tout de même, elle avait encore le droit de choisir si elle allait sortir avec quelqu'un ou non ou ses fréquentations, enfin il n'avait jamais trop critiqué sa bande d'amis, ce qui lui laissait pensé qu'il l'avait en quelque sorte validée. Les premiers mois de la première année scolaire passés sans lui dans les parages avait été étranges et stressants, mais grâce à de bonnes rencontres cela c'était plutôt bien passé, même si c'était un peu à cause de ses nouvelles connaissances qu'elle avait été à la fameuse fête des Wildworth, des tris et des analyses elle en avait fait, mais il était impossible d'avoir un entourage parfait qui ne lui apportera jamais le moindre soucis. Cependant, elle ne voulait pas dire qu'elle regrettait tout, elle avait tout de même passé de merveilleux moments en compagnie de Castiel, ressentit des émotions qu'elle n'avait jamais eues auparavant, les fameux petits papillons dans le ventre, la fierté d'avoir été choisie par celui qu'elle voulait... Toutes ces choses- là elle n'aurait pas pu les avoir avec Jamie, même si il avait beaucoup de qualités et qu'il n'était pas désagréable à regarder, il était inenvisageable pour elle de développer des sentiments amoureux pour lui. « Je sais, c'est un connard mais avec toi personne n'est assez bien de toute façon alors si j'avais dit un autre nom... tu aurais pensé la même chose. » Elle roula des yeux. Son protecteur semblait parfaitement savoir où il allait, il n'hésitait pas une seule seconde, mais c'était normal ce trajet il le connaissait par cœur, lorsqu'elle lui avait dit de choisir l'endroit où il l'emmènerait elle avait totalement oublié l'histoire d'Oliver, retourner dans ce lieu allait très certainement lui rappeler de mauvais souvenirs, à cette idée elle se pinça la lèvre inférieure.
Il lui disait qu'il ne lui en voulait pas de n'avoir rien dit, mais elle avait du mal à le croire, elle lui avait quand même caché un gros secret, quelque chose qui était loin d'être futile, il s'était sûrement imaginé que dans une situation comme celle-ci elle aurait cherché à le contacter dès le jour du test de grossesse... mais elle en avait été incapable. Madison s'était plusieurs fois emparé du téléphone de la demeure familiale, elle composait le début de son numéro, mais s'était toujours arrêter avant d'appuyer sur les deux derniers chiffres, cela lui avait demandé un certain self-control mais elle avait tenu le coup pensant que cela serait mieux ainsi. « J'ai failli le faire mais à chaque fois je m'en empêchais. J'avais trop peur des conséquences... si je n'avais pas fait de fausse couche j'aurais pu avorter sans que personne ne soit au courant. » Elle continuait de se persuader que tout aurait pu se passer comme elle l'avait voulu, alors que la vie était toujours pleine d'imprévus mais elle était encore trop jeune pour le comprendre. « Mes parents auraient tellement honte de moi s'ils savaient. » Madison recommença à sangloter. « Je n'ai pas envie de devenir la honte de la famille, la seule idiote capable de tomber enceinte à 16 ans... même ma cousine n'a pas fait ce genre de conneries. » Enfin elle n'en savait rien, elle était loin d'être proche d'elle, qui sait elle avait peut-être déjà été dans sa situation surtout qu'elle était bien plus active sexuellement parlant. La tentative d'humour de Jamie stoppa son sanglotement, que ce qu'il pouvait être bête parfois. « T'en manque jamais une, t'es irrécupérable. »
Lorsqu'il arrêta le moteur elle regarda immédiatement à travers la fenêtre et observa l'hôpital, elle avait l'impression qu'il lui était totalement inconnu et donc que personne ne connaîtrait son nom, ce qui lui enlevait un sacré poids de ses frêles épaules. Elle n'avait plus qu'une hâte, celle qu'on vienne la chercher et cela n'allait pas tarder à arriver puisque Jamie partira sans attendre et n'allait certainement pas se gêner pour passer devant les autres. Madison essayait de ne pas trop gigoter, mais la banquette arrière était déjà dans une sale état alors qu'elle reste immobile ou non ne changeait rien, il allait avoir un sacré travail avant de retrouver une voiture impeccable. Deux hommes débarqueront et l'amèneront dans une salle dans laquelle se trouvait déjà un médecin, une fois qu'elle se retrouva en face de lui on dira à Jamie qu'il devait attendre, qu'il ne pouvait pas assister à son examination, dans un sens c'était mieux puisque les parties les plus intimes de son corps allaient être visibles, cela aurait été trop gênant qu'il voit ce genre de choses. Le docteur réussira à la mettre en confiance, l'adolescente laissa tombé toute forme de pudeur et s'épanchera sur ce qu'il lui était arrivé ainsi que comment elle était arrivée à là, une de ses premières questions se portera sur sa fécondité : « Est-ce que je serais encore capable de tomber enceinte ? » Il était très tôt pour s'en soucier, mais elle voulait le savoir tout de suite puisqu'elle n'arrivait pas à voir son futur sans enfants. Le médecin lui expliqua que les fausses couches tardives ou répétitives étaient bien plus graves que la sienne, qu'elle n'avait pas vraiment de soucis à se faire, mais qu'elle devrait quand même avoir un certain suivi médical avant de se mettre à la conception.« Je vous conseille sérieusement d'en parler à votre famille, ce n'est pas bon de garder tout ça pour vous. » C'était bien beau de dire ça alors qu'il ne pouvait pas comprendre sa situation, comme elle ne voulait pas qu'il insiste là-dessus elle lui mentit : « Mon frère est déjà au courant, d'ailleurs il m'attend. » « Vous pouvez le rejoindre maintenant si vous le souhaitez mais faites attention à vous, évitez les activités sportives pour le moment. » Elle acquiesça d'un signe de la tête et s'en alla. |
| | | | (#)Lun 22 Juin 2015 - 8:16 | |
| Ce n'était pas un sourire, mais au moins, Madison avait cessé de pleurer pendant un instant. C'était une petite victoire en soi pour Jamie, juste avant qu'ils n'arrivent devant les urgences de l'hôpital. La jeune fille fut rapidement prise en charge, et malgré le soulagement de la savoir entre de bonnes mains, il n'était pas tranquille. Le garçon prit place sur une des chaises de la salle d'attente. Ses pieds tapant sur le sol trahissant son anxiété. Son malaise. Se trouver dans un hôpital était particulièrement difficile pour lui. Les minutes passant, le jeune homme se sentait de plus en plus fébrile. Ses mains jouaient entre elles, mais cela était loin d'être un assez bon catalyseur pour toute la soupe d'émotions qui grimpaient petit à petit en lui. A chaque brancard passant à côté de lui, sa gorge se serrait. Ses éclairs derrière ses paupières perturbaient sa vision du présent afin de le projeter dans des souvenirs trop douloureux pour qu'il accepte de les laisser prendre le dessus. Cette lutte interne lui valut un superbe mal de crâne, l'impression d'être tiré d'un côté et de l'autre de son corps jusqu'à ce qu'il se déchire en deux. Se trouver dans ce lieu, accepter ces souvenirs, c'était admettre la mort d'Oliver. Sauf qu'il n'était pas mort. Le monde pensait l'avoir enterré, et le monde avait tort. Son frère était bien là. Juste à côté de lui. Tout le temps. Il n'était pas mort. Depuis sept ans maintenant qu'il avait assimilé cette idée, qu'il l'avait ancré comme la seule et unique vérité dans son esprit, toute remise en question était rejetée par son organisme, le rendant malade jusqu'à ce que sa mémoire cède et cesse d'essayer de le faire revenir à la dure réalité. « Vous vous sentez bien ? » Le regard de Jamie se relève sur la jeune femme de l'accueil, puis sur le miroir derrière elle où il se devine être assez pâle. D'où sa question. « Oui… Tout va bien. » mentait-il. Devenant nauséeux, le jeune homme se leva et sortit de l'hôpital pour patienter dehors. Son impatience, son besoin de partir au plus vite, se ressentait à plusieurs mètres autour de lui. Il faisait les cent pas, prenant assez d'oxygène pour se remettre les idées en place. Il savait qu'il n'irait bien qu'une fois éloigné de plusieurs kilomètres de cet endroit. Lorsqu'il se décida à retourner à l'intérieur pour demander des nouvelles de Madison, la jeune fille était déjà sortie de sa consultation. Il souffla, soulagé de la voir aller bien, et lui adressa un léger sourire. Il lui prit de ses mains le pantalon qu'il lui avait prêté et qui était désormais couvert de sang pour le jeter dans une des poubelles du hall de l'hôpital. Il faudra sûrement faire la même chose pour la banquette de sa voiture : tout enlever, et tout refaire à neuf. Le sang est loin de s'enlever facilement. D'ailleurs, la texture n'est pas la seule chose qui persiste ; ils purent constater que l'odeur, elle aussi, était tenace, lorsqu'ils montèrent dans le véhicule. Jamie ouvrit rapidement toutes les fenêtres, préférant encore inspirer la pollution à pleins poumons. Madison s'installa à côté de lui. Il ne lui demanda pas comment elle allait, comment elle se sentait. Dans un moment pareil, ces questions sont inutiles. Elle ne peut pas aller bien, et doit se sentir aussi physiquement que émotionnellement épuisée. Connaissant le chemin par coeur, Jamie conduisit tranquillement jusqu'à la maison des MacAllister et se gara un peu plus bas dans sa rue. « Et voilà, princesse. Retour à la maison. » dis-il avec un sourire rassurant. Elle a certainement besoin d'être chez elle, en sécurité, dans son lit, pour se reposer et se remettre de ses émotions. « N'en parle jamais à Castiel, d'accord ? On ne peut pas être sûr qu'il tienne sa langue. Il suffirait que lui-même se confie à un ami pour déclencher la bombe. Tu ne peux pas prendre ce risque. Et dis toi que c'est un secret que tu gardes aussi pour lui. Si ça se savait, les retombées seraient très mauvaises pour lui aussi. » Jamie appuiya là-dessus, se disant que les demoiselles aveuglées par l'amour sont plus faciles à persuader lorsqu'on met en avant l'élu de leur coeur et des décisions dans leur intérêt. Mais de toute manière, il doutait que Madison ne parle à qui que ce soit. « Ca va aller, ou tu veux que je reste un peu avec toi ? » Jamie n'était pas tellement rassuré à l'idée de la laisser seule tout de suite. Elle peut être encore fragile, il serait plus raisonnable que quelqu'un garde encore un œil sur elle. Sa question lui laissait le choix, mais son regard insistant lui faisait comprendre le contraire : il préférerait rester un peu pour lui tenir compagnie quelques heures en attendant le retour de ses parents. Même si cela se résumait à faire office de présence pendant qu'elle dormirait, le garçon restait inquiet et désireux d'être là pour elle. Comme pour se rattraper de ces deux mois pendant lesquels il n'avait rien vu. Il ne pouvait s'empêcher de se blâmer. |
| | | | (#)Sam 27 Juin 2015 - 11:13 | |
| L'adolescente avait beau avoir 1001 questions sur ce qui allait se passer dans le futur, sur comment son corps réagirait la prochaine fois qu'elle tomberait enceinte, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir une pensée pour Jamie, le pauvre devoir l'attendre dans cet hôpital devait être un véritable calvaire, il devait se souvenir de tout ce qu'il avait dû chercher à refouler pour aller de l'avant. Si elle aurait pu éviter de lui faire subir cela elle l'aurait fait, hélas il était la seule personne digne de confiance, le seul capable à gérer une telle situation avec sang froid, elle ne regrettait donc son choix qu'à moitié. Elle avait écourté sa séance avec le médecin exprès pour qu'il puisse partir le plus tôt possible de cet endroit, alors que le docteur semblait prêt à la retenir trois quarts d'heure ou plus, mais si elle était restée elle aurait peut-être eu le droit à un véritable interrogatoire de la part d'autres personnes et elle n'avait pas besoin de ça, elle avait juste besoin de rentrer chez elle. Elle cru comprendre que Jamie était sortit pendant qu'elle se changeait puisqu'elle ne le voyait pas une fois sortie, mais elle n'attendra pas bien longtemps avant de le voir puisqu'il revenu et prit aussitôt le pantalon tâché pour s'en débarrasser, une bonne initiative à laquelle elle n'avait pas pensé. Madison lui sourit enfin, preuve que le pire était désormais passé. Retourner dans la voiture ne fut pas une partie de plaisir, l'odeur était tout simplement... insoutenable, elle préféra s'asseoir sur le siège avant plutôt que de retourner sur la banquette, elle n'avait plus besoin de s'allonger de toute façon.
Le trajet de retour fut bien plus silencieux que le trajet d'aller, la MacAllister n'avait pas envie de lui raconter tout ce qu'elle avait dit au docteur, elle n'était pas encore prête, peut-être qu'elle le ferait plus tard. Ils venaient à peine d'arriver devant chez elle qu'il recommença à lui parler de Castiel, cherchant à la conseiller. « Cela n'arrivera pas je ne lui adresse plus la parole et il ne me parle plus non plus... Personne ne peut deviner ce qu'il m'est arrivé dans son entourage ou dans le mien alors tu resteras l'unique détenteur de ce secret. » Il lui demanda si elle préférait rester seule ou qu'il reste encore un peu avec elle, ce n'était pas une vraie question puisqu'elle voyait bien qu'il ne voulait pas la laisser toute seule, elle le lisait dans son regard. « Reste avec moi. » Une fois qu'elle sortit de la voiture elle le pris par la main pour lui montrer qu'elle tenait vraiment à ce qu'il vienne et non qu'elle lui avait dit de rester pour lui faire plaisir. Elle le lâcha afin de prendre sa clé et d'ouvrir la porte. « Je vais me prendre une petite douche, tu peux t'allonger sur le canapé du salon si tu veux. » Il devait certainement être épuisé, cela lui ferait du bien. Madison restera une bonne vingtaine de minutes dans sa salle de bain avant d'en sortir, elle enfila une robe et rejoignit Jamie aussitôt. Son ami semblait assoupi, mais au lieu de le laisser seul elle préféra s'allonger sur lui, sachant que la chaleur de son corps la rassurerait suffisamment pour l'aider à trouver sommeil. Il ne bronchera pas, déposa une de ses mains sur la tête de la brunette pendant qu'elle déposait ses mains sur son torse. Apaisée, elle fermera les yeux et s'endormira sur lui. Fin du rp.
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| | | | | | | | Some secrets are not meant to be kept forever ㄨ Jamie |
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