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 (Gab) Let's talk about making money

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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyLun 20 Mai 2019 - 5:55


Let's talk about making money
@Gabriel López & Abel


Cela fait trois ans que je suis suivi par Loanne au sein de A.K Agency, et si au départ je n’ai jamais eu à trop me plaindre de son efficacité, ce n’est plus vraiment le cas désormais. Entre les contrats résiliés au dernier moment, les mannequins qui ne se pointent pas aux séances de shoot, les erreurs d’horaires ou d’endroits, je n’en peux plus. Je sais qu’elle a beaucoup de travail et beaucoup de monde à gérer, mais même si elle m’a été chaudement recommandée par ma mère, ce n’est pas cette dernière qui perd son temps à courir dans tout Brisbane pour du vent. Et comme j’estime qu’à presque 30ans je suis capable de prendre moi-même des décisions pour ma carrière, j’ai décidé de changer d’agent.

Je ne suis pas réellement sûr de moi et à vrai dire, je suis même légèrement nerveux à l’idée de rencontrer Gabriel Lopez. Les bruits de couloir laissent à penser qu’il a des tendances homosexuelles, et même si ce trait-là ne me gêne pas (j’ai des tas de potes homo et je me suis même déjà laissé tenter par une ou deux expériences en soirée, non réitérées depuis) j’ai peur qu’il soit intéressé par plus que mon physique. Et c’est bien la première fois que j’ai cette impression, voilà pourquoi j’ai longtemps hésité avant de le contacter. J’ai pris la peine de me renseigner sur ses activités, et il est de loin le meilleur agent d’A.K, ayant négocié des contrats pour Channel et toute autre grande marque très sélective.

Je n’ai plus l’envie de raccrocher les défilés, car c’est bien trop contraignant et ennuyant, ni l’envie de voyager aux quatre coins du globe car c’est épuisant ; alors j’ignore ce qu’il va bien pouvoir me proposer. Dans le milieu, tout le monde sait que je suis ici pour être proche de ma fille et que j’ai repris des études à côté sérieusement. C’est clairement mes dernières années dans le mannequinat, et j’ai bien l’intention de négocier un nouveau contrat de la façon la plus avantageuse possible. Et puis, s’il veut m’avoir au final, c’est à lui de sortir l’artillerie lourde. Je peux me contenter de Loanne et de ces contrats de merde qui me cassent les couilles la plupart du temps s’il le faut. Tant que je suis payé suffisamment pour gâter Morgane ainsi que Mouse & Curly, tout va bien.

Je pénètre dans l’immeuble familier, avec cette nonchalance particulière qui me caractérise et je monte aux étages de l’agence, affichant un air blasé et serein. Je ne le suis pas vraiment, ma bouche est encore pâteuse suite à toutes les clopes que j’ai fumé sur le parcours, et j’ai les mains moites que je ne cesse d’essuyer sur mon jean qui me donne trop chaud. Ce putain de climat australien aura ma peau ! L’autre jour, je me suis brûlé le nez en allant à la plage, résultat j’ai de la peau sur le visage qui s’enlève à moitié comme un serpent et alors que je fixe mon reflet dans le miroir de l’ascenseur, le résultat me semble totalement horrible. En vérité, je n’ai jamais saisi pourquoi les gens trouvaient que j’avais une belle gueule. Les yeux sûrement, à part ça j’vois pas. D’autant plus qu’on me demande toujours de tirer la tronche sur les photos. J’ai un style vachement plus cool quand je fais la gueule apparemment. Boarf, tant que ça rapporte après tout.

Sorti de l’ascenseur, je me dirige vers le bureau de Monsieur Lopez et je croise la secrétaire qui me demande ce que je fais là et si je me suis perdu. Elle va aller tout rapporter à Loanne celle-là je paris. Je l’envoie sur les roses, esquivant la réponse avec habileté avant que la porte de Gabriel ne s’ouvre. Raté pour la discrétion. Je lève les yeux au ciel, soupire et salue rapidement l’agent en pénétrant dans son bureau. – Salut, merci pour le rendez-vous, c’est cool.

Avant de m’assoir, je fais le tour de l’endroit. Autant qu’il le sache de suite, je ne tiens pas en place. Être assis, écouter sagement, c’est bon pour les autres mais pas pour moi. Mains dans les poches, je fixe les cadres accrochés au mur avec fierté, représentant des grosses campagnes de promo avec des effigies magnifiques. S’il est leur agent, alors c’est du lourd clairement. – Tu voulais me voir alors ? T’as un truc à me proposer ? Je n’y vais pas par quatre chemins et ce n’est peut-être pas la meilleure tactique à adopter mais je ne sais pas faire les ronds de jambe et je considère que c’est une perte de temps considérable. Si je suis là, c’est pour une raison précise, alors autant en venir aux faits directement.


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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyLun 27 Mai 2019 - 23:21


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Gabriel & BabyBel


Installé derrière mon bureau, je bois mon café en fixant d'un air contemplatif le vide. Même si j’ai l’air de ne rien foutre, je suis en fait en train de me préparer mentalement à ma rencontre de ce matin. Pour moi, ce genre de négociations n’est rien d’autre qu’une partie d’échecs où il est aussi important de choisir soigneusement ses premiers coups que de s’adapter au style de l’autre. J’évalue donc silencieusement les différentes approches que je pourrais utiliser, pesant soigneusement les avantages et les désavantages de chacune. Au final, je conclus en avalant ma dernière gorgée de café tiédi que le mieux est encore de me fier à mon intuition qui, du reste, m’a rarement trompé en affaires.

Abel White… Je n’ai pas besoin de parcourir son dossier, je connais par cœur tous les renseignements qui me seront pertinents. Ça fait suffisamment longtemps que j’attends ce moment, j’ai forcément eu le temps de me pencher sur son cas. Je ne sais pas exactement ce qui m’a donné envie de le prendre en chasse comme ça. Ce n’est pas comme si je manquais de travail avec les carrières que je gère déjà. Celle de Zelda occupe à elle seule une bonne partie de mon horaire, sans compter que, si je cherchais simplement de quoi m’occuper, j’aurais pu jeter mon dévolu sur l’un des candidats recrutés par A.K., de nouvelles embauches qui paraissent pleines de potentiel aux patrons (et qui le sont sûrement). Et pourtant, aucun d’entre eux ne m’intéresse autant qu’Abel. Je crois que c’est le défi qu’il représente qui m’allume.

À son arrivée, il était déjà précédé par la réputation d’enfant gâté qu’il traînait depuis Londres. En apprenant que c’était Loanne qui avait hérité de son cas, je n’avais pas pu m’empêcher d’éclater de rire au visage de mon interlocuteur. C’était une association de merde pour tout le monde. Pour Abel, déjà, qui se retrouvait avec la personne la moins compétente de la boîte, mais pour Loanne aussi qui aurait à gérer son caractère de merde en plus de sa carrière. Autant jeter une souris et un python dans un enclos et espérer que la souris réussisse à garder le dessus sur le serpent. J’avais donc décidé de suivre de loin la situation, amusé à l’idée d’être témoin du carnage. À ma grande surprise, Abel s’était montré nettement plus professionnel et conciliant que ce que les histoires d’horreur racontées à son sujet laissaient présager. J’avais fini par entendre entre les branches qu’il était nouvellement papa d’une petite fille, ce qui expliquait sûrement son changement d’attitude. C’est à peu près à ce moment-là que l’idée de l’arracher du giron de Loanne avait germé dans mon esprit. Je m’attendais à ce qu’il accepte rapidement, mais je m’étais plutôt heurté à une série de refus qui, loin de me décourager, n’avaient fait qu’augmenter mon envie de réussir. Je n’ai jamais aimé qu’on me dise non.

Je jette un coup d’œil à ma montre et constate que l’heure de mon rendez-vous est arrivée. Je me lève, replace mon veston pour éviter les plis et vais ouvrir la porte pour accueillir mon potentiel futur protégé. Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi ponctuel, mais il est arrivé. « Salut, merci pour le rendez-vous, c’est cool. » Je le salue à mon tour d’un signe de tête et lui offre un sourire poli. « Pas de problème, » que je réponds en refermant la porte après avoir jeté un regard moqueur à la secrétaire qui s’est lancée sur son téléphone dès qu’elle m'a vu. Pas la peine de se demander qui elle peut bien appeler en toute hâte comme ça… Ça m’amuse plus qu’autre chose. Au fond, je m’en balance qu’elle aille cafter à Loanne. Si j’avais voulu garder notre rendez-vous secret, j’aurais proposé à Abel de nous rencontrer ailleurs que dans les locaux d’A.K. Je vais m’installer à mon bureau et observe le mannequin sans rien dire tandis qu’il déambule dans la pièce en contemplant le décor. Il s’arrête un instant devant un portrait de Zelda, tiré de l’un de ses premiers shoots avec Chanel. C’est l’une de mes photos préférées d’elle, ce qui explique qu’elle se soit mérité la place d’honneur sur ce mur.

« Tu voulais me voir alors? T’as un truc à me proposer? » Sa franchise me plaît aussitôt. Dans ce monde rempli de flatteries, de minauderies et d’hypocrisie, ceux qui n’hésitent pas à dire le fond de leur pensée me plaisent immensément. Comme je n’ai pas l’intention de passer par quatre chemins moi non plus, je ne me fais pas prier pour lui répondre. « Je pense que ta carrière va bien… » (ce qui est quand même un miracle avec Loanne aux commandes) « …mais qu’elle pourrait aller mieux et j’ai quelques idées pour l’améliorer. » J’ai déjà en tête deux ou trois maisons de mode australiennes qui cherchent à renouveler les visages dans leurs campagnes et qui seraient certainement intéressées par le look d’Abel. Je me garde bien d’apporter des précisions, cependant. J’ai beau vouloir me montrer direct, ça ne veut pas dire que j’ai envie de dévoiler mes cartes avant d’avoir tâté un peu plus le terrain. De toute façon, c’est toujours une bonne idée d’entretenir un peu le mystère, de piquer la curiosité de son interlocuteur. Devinant qu’il n’a pas vraiment l’intention de se poser sur la chaise, je m’adapte et me lève à nouveau. Je contourne le gros bureau en bois et viens m’asseoir dessus. Les jambes étendues devant moi, je croise les chevilles et les bras et observe le mannequin d’un œil intéressé. « Qu’est-ce qui t’a poussé à finalement accepter de me rencontrer? Depuis le temps… »


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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyMer 29 Mai 2019 - 15:20


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@Gabriel López & Abel


→ L’atmosphère du bureau de Gabriel Lopez se révèle tout en contraste. Il y a une réelle passion pour le métier qui s’exprime à travers les trophées et portraits accrochés aux murs, sans aucune prétention toutefois. L’espace reste clairsemé et ordonné, témoignant de l’organisation certaine et de la rigueur du maître des lieux. Gabriel Lopez ne semble pas être un agent réputé pour aucune raison et alors que je fixe le portrait de la belle asiatique posant pour Channel, je me concentre davantage sur les raisons qui m’ont poussé finalement à accepter ce rendez-vous et sur l’importance de ce dernier.

Jouant sur la franchise (ce qui est ma marque de fabrique en quelque sorte et tant pis si ça déplaît), je ne m’embête pas avec les salutations d’usage et décide d’engager directement la conversation sur le but du rendez-vous. J’espère ressortir de là avec un contrat bien plus avantageux que celui que je détiens actuellement. Gagner plus d’argent en galérant moins me semble être une opportunité à saisir. Je n’ai pas de problème d’argent en soi, je rechigne seulement d’en demander à ma mère, préférant m’émanciper lentement et sûrement. Cela fait trois ans que je ne lui ai rien demandé par ailleurs et que je paie la pension alimentaire de Morgane sans problème, ses loisirs et les miens. Affranchi de loyer, les traites du loft assurées par l’héritage généreux des White, je n’ai pas à réellement me soucier d’argent. C’est sûrement pour cela que je me permets d’être aussi arrogant, et d’exiger mes propres conditions en général. N’est pas gosse de riche qui veut, on est bien d’accord. J’ai des facilités à ce niveau-là et je ne m’en plains pas. Je n’ai jamais eu à me soucier de mes finances, ce qui m’enlève un poids considérable des épaules mais ne m’aide pas vraiment à me responsabiliser.

- Je pense que ta carrière va bien… mais qu’elle pourrait aller mieux et j’ai quelques idées pour l’améliorer. Un léger sourire confiant se dessine sur mes lèvres alors que je me détourne du portait, les mains toujours enfoncées dans les poches. Je contourne le bureau jusqu’aux fenêtres pour observer l’extérieur. Gabriel s’est levé et est assis à moitié sur son bureau tandis que je me montre un peu nerveux en bougeant sans cesse et en occupant tout l’espace possible, allant et venant avec curiosité, tentant d’analyser tout ce que je peux voir et qui pourrait me donner des indications intéressantes sur mon vis-à-vis. Il a l’air à l’aise, ce qui me rassure et m’angoisse en même temps. Il m’observe, et c’est sûrement la raison pour laquelle je me montre aussi actif. Autant qu’il sache dès le début que je suis du genre nerveux.

– Qu’est-ce qui t’a poussé à finalement accepter de me rencontrer ? Depuis le temps … Sa question me fait brusquement relever la tête et mon regard si particulier plonge sans aucune hésitation dans le sien. Si je suis nerveux, je suis aussi très franc et brut. Je n’ai pas l’intention de jouer à un jeu malsain et bizarre, alors je réponds directement – Le photoshoot au parc, la semaine dernière. T’en as entendu parler de ce foirage complet avec la mannequin qui ne s’est jamais pointé… Parce qu’elle n’avait jamais eu le rendez-vous en vérité. Loanne ne le lui a jamais transmis. Il n’y a pas rupture de contrat après ça d’ailleurs ? Je souffle, détourne le regard et hausse les épaules avant de poursuivre – Enfin je m’en fous, ce ne sont pas mes affaires. Moi j’ai juste cuit pendant trois heures en plein soleil et assuré le photoshoot avec la nana du marketing qui a bien voulu se prêter au jeu. J’devrais avoir une augmentation d’ailleurs pour avoir sorti l’agence de la merde. Agacé de reparler de cet incident, je pousse un peu l’une des chaises du bout du pied, avant de m’y laisser choir brutalement, m’y enfonçant complètement. Je sors mon paquet de clopes de la poche arrière de mon jean et joue avec le briquet, avant de relever les yeux vers Gabriel Lopez. – Du coup, je me dis que tu peux pas faire pire que ça, et que y’a moyen de négocier un truc mieux. Et ta réputation te précède, même si je suis du genre méfiant. Mais ça, je ne lui dis pas, je le garde pour moi. Je n’aime pas flatter les gens, j’ai trop l’impression de faire de la lèche et c’est pas mon genre. Mon regard se pose dans le sien, fixe. Je devrais peut-être attendre qu’il me propose quelque chose. Il est dit que dans les négociations celui qui fait les propositions en premier est souvent désavantagé par la suite, mais peu importe, je garde la main ainsi. Mon impulsivité m'a souvent joué des tours, mais j'ai du mal à apprendre de mes erreurs parfois. – Par contre, les défilés et les shoots aux quatre coins du globe, faut oublier. Quoique pour la Fashion Week… Non, c’est mort je vais faire le con si  je me retrouve en France ou en Angleterre. Il y a trop de tentations néfastes pour moi là-bas, je le sais. Je glisse ma langue sur mes lèvres, les humidifie en attendant de voir ce qu’il va bien pouvoir me dire à présent.

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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyMar 4 Juin 2019 - 23:47


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Gabriel & BabyBel


Abel darde ses yeux de glace sur moi. La réponse à ma question ne se fait pas attendre. « Le photoshoot au parc, la semaine dernière. T’en as entendu parler de ce foirage complet avec la mannequin qui ne s’est jamais pointé… Parce qu’elle n’avait jamais eu le rendez-vous en vérité. Loanne ne le lui a jamais transmis. Il n’y a pas rupture de contrat après ça d’ailleurs? » Évidemment que j’en ai entendu parler! La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans l’agence et au moins dix personnes différentes m’ont relaté plus ou moins fidèlement l’histoire. Je plains d’ailleurs la pauvre fille qui aurait dû travailler ce jour-là. Comme Loanne n’a assumé qu’à moitié, comme d’habitude, beaucoup de gens ignorent que, si elle ne s’est pas présentée au shoot, c’est parce qu’elle ne savait même pas qu’il avait lieu. J’ai bien peur que sa réputation soit bousillée pour quelques temps. « Enfin je m’en fous, ce ne sont pas mes affaires. Moi j’ai juste cuit pendant trois heures en plein soleil et assuré le photoshoot avec la nana du marketing qui a bien voulu se prêter au jeu. J’devrais avoir une augmentation d’ailleurs pour avoir sorti l’agence de la merde. » Je m’abstiens de commenter, mais en mon for intérieur, je me dis qu’à défaut d’avoir sorti l’agence de la merde, il a certainement sauvé le cul de son agente en convainquant la « nana du marketing » de se prêter au jeu pour la caméra. Je me dis qu’il n’a pas l’air d’avoir particulièrement besoin d’un boost de confiance. Son égo est déjà bien assez développé comme ça, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. Beaucoup des défauts qui sont gênants dans la vie de tous les jours deviennent un atout dans le monde particulier de la mode. Comme l’arrogance. Dans les coulisses d’un défilé, mieux vaut avoir une personnalité trop forte que l’inverse pour survivre. Il faut simplement savoir quand et comment l’utiliser, ce qui n’est pas toujours facile.

Il finit par se poser dans la chaise. Moi, je reste exactement là où je me trouvais déjà. « Du coup, je me dis que tu peux pas faire pire que ça, et que y’a moyen de négocier un truc mieux. » Les bras toujours croisés, je pose la main droite sur mon cœur, l’air faussement ému, et me penche légèrement vers Abel. « Merci du vote de confiance, vraiment, c’est touchant, » que je lui réponds d’un ton légèrement moqueur avant de me redresser. Il a raison, néanmoins. Non seulement je ne ferai jamais pire que Loanne – le jour où ça arrivera, c’est que je serai un vieux gâteux de 92 ans –, j’ai l’intention de faire bien mieux. Je le regarde manipuler fébrilement son briquet, intrigué de constater qu’il est nerveux sous son air nonchalant. Peut-être qu’il a un intérêt plus marqué pour notre partenariat que je le croyais de prime abord. Il doit vraiment en avoir marre des frasques de Loanne, ce qui est excellent pour moi. « Par contre, les défilés et les shoots aux quatre coins du globe, faut oublier. » Je m’y attendais et la précision ne me déroute pas le moins du monde. « Ça tombe bien, ce n’est pas ce que j’avais en tête pour toi. » Je décroise les bras, appuie mes paumes sur mon bureau de chaque côté de moi. Comme je ne veux pas qu’il croit que je le destine d’office à des contrats sans envergure, je m’explique : « Pas que ça aurait été impossible, mais je me suis dit que vu ta situation familiale, tu préférais sûrement rester en Australie autant que possible. » Je prends un risque calculé en dévoilant que je me suis renseigné sur sa personne. L’intérêt que je lui porte est un secret plus ou moins bien gardé vu le nombre de fois où je lui ai proposé qu’on se rencontre dans les dernières années. J’espère lui démontrer que je ne prends pas notre potentielle association à la légère et que j’aurais autant à cœur sa carrière que celle de mes autres mannequins. Ce n’est pas parce que c’est la chasse qui me passionnait que je me désintéresserai de lui une fois mon but atteint, ce n’est pas mon genre.

« Mais avant que je t’en parle, il faut que tu saches que je ne travaille pas avec n’importe qui et qu’il y a des règles à suivre. » Je plonge mon regard dans le sien, à l’affût de la moindre réaction négative. Vu sa réputation, c’est en quelque sorte un test que je lui fais passer. S’il n’arrive pas à se plier à certaines de mes exigences, notre partenariat est voué à l’échec dès le début. « Règle no 1, » que je commence en dressant l’index. « La communication est essentielle. Je n’ai jamais eu de patience pour l’hypocrisie et les faux-semblants. Si je fais quelque chose qui te déplaît, tu me le dis à moi, pas aux autres. Et tu peux t’attendre à la même chose de ma part. » À en juger par son entrée à la matière, j’ai l’impression que, des trois règles, ce n’est pas celle-là qui lui posera problème. La franchise, ça le connaît visiblement. Le majeur s’ajoute à l’index tandis que je poursuis : « Règle no 2 : je suis au courant de tout. Je me présente la plupart du temps aux shoots, j’assiste aux entrevues quand il y en a et j’ai généralement le nez fourré partout. Ce n’est pas pour vous surveiller, mais pour m’assurer que tout se déroule comme prévu. Comme ça, si quelque chose tourne mal, je ne suis jamais très loin pour gérer la situation. » Je hausse un sourcil, l’air de dire Bref, tu n’aurais jamais cuit au soleil pendant trois heures si ça avait été moi ton agent. L’annulaire se dresse à son tour et vient rejoindre ses deux compères. « Règle no 3, la plus importante : mes mannequins doivent avoir une excellent éthique de travail. Il est hors de question que mon nom soit associé à quelqu’un qui ne sait pas se tenir correctement ou qui fout le trouble partout où il passe. » Je soutiens son regard, l’air sérieux. Des trois règles, je crois que c’est celle qu’il risque le plus de briser s’il décide de renouer avec le caractère de chien qui a fait sa renommée à Londres. Pourtant, c’est un risque que j’ai envie de prendre. « Des questions? »

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Dernière édition par Gabriel López le Mer 5 Juin 2019 - 20:13, édité 1 fois
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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyMer 5 Juin 2019 - 16:50


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@Gabriel López & Abel


→ Gabriel Lopez a l’air d’un homme sûr de lui, c’est une facette que je découvre aujourd’hui et qui me plait. Je fais néanmoins attention à ce que je lui montre de moi, renforçant comme toujours mon côté sale gosse impertinent. C’est ma façon de me protéger dans ce monde de requins, seuls les plus téméraires veulent travailler avec moi et donc par conséquent, les meilleurs (ou ceux qui n’ont pas le choix comme Loanne, une erreur de parcours). J’ai toujours pensé qu’en me dévoilant sous mon plus mauvais jour, j’éloignerai ceux qui n’ont pas les épaules pour me supporter. Pas que je sois énormément chiant, mais je suis plutôt direct et franc, ce qui déplait bien souvent. Cela dit, j’ai rarement mis en péril des contrats – surtout depuis que je suis en Australie, à Londres tout est différent. Jouant avec mon zippo, mes lèvres s’étirent en un sourire lorsqu’il place la main sur son cœur et s’amuse de ma répartie. La façon dont il prend les choses et réagit à mon tempérament de merde me plait, il n’a pas l’air d’être impressionné et tant mieux car ce n’est pas mon but. J’en profite pour glisser mes conditions, un peu abruptement mais je ne crois pas que ça le gênera. Et sa réaction me le prouve. – ça tombe bien, ce n’est pas ce que j’avais en tête pour toi. Pas que ça aurait été impossible, mais je me suis dit que vu ta situation familiale, tu préférais sûrement rester en Australie autant que possible. Je sonde du regard l’agent et esquisse un très léger sourire, rassuré à l’idée qu’il soit au courant de ma vie de famille et de l’importance de Morgane dans ma vie. Clairement, si je ne veux pas trop m’éloigner de l’Australie, c’est pour continuer à la voir chaque semaine et profiter d’elle aussi souvent que possible. – On est d’accord, donc. J’suis ici pour voir Mo’ aussi souvent que possible et ce ne sera pas le cas si je dois passer mon temps à courir à travers le monde pour des contrats. Je parle de Morgane sans aucune difficulté, elle fait totalement partie de ma vie et est présente dans toutes mes décisions dorénavant. Je suis content qu’il l’ait pris en compte, c’est un bon point pour lui et ça me met en confiance.

- Mais avant que je t’en parle, il faut que tu saches que je ne travaille pas avec n’importe qui et qu’il y a des règles à suivre. A nouveau, j’esquisse un sourire et m’affale un peu plus sur le fauteuil, l’arrière de mon crâne reposant sur le dossier alors que je le fixe sans bouger.  J’attends qu’il énumère ses règles avec impatience, en tout cas j’apprécie sa franchise. Elle est bienvenue dans ce monde de faux-semblants. – Règle n°1. En voyant son index se lever, je pouffe légèrement, amusé par son attitude. J’ai l’impression d’être à l’école en train de me faire gronder par le maître (ce qui m’est arrivé un nombre incalculable de fois) et je ne peux pas m’empêcher d’avoir l’attitude d’un enfant rebelle du coup. Gabriel poursuit, impassible. Les gens qui savent garder leur sang-froid ainsi m’impressionnent toujours, je reste totalement admiratif de leur self-control, car j'en serais incapable à leur place. – La communication est essentielle. Je n’ai jamais eu de patience pour l’hypocrisie et les faux-semblants ; Si je fais quelque chose qui te déplaît, tu me le dis à moi, pas aux autres. Et tu peux t’attendre à la même chose de ma part. Mon sourire goguenard s’efface, et j’accueille ses paroles avec bien plus de sérieux que je ne l’aurai cru. Mais c’est le genre de règle qui me convient parfaitement. Toutefois, je le laisse continuer son speech et son majeur se lève alors qu’il énonce la règle n°2 – Je suis au courant de tout. Je me présente la plupart du temps aux shoots, j’assiste aux entrevues quand il y en a et j’ai généralement le nez fourré partout. Ce n’est pas pour vous surveiller, mais pour m’assurer que tout se déroule comme prévu. Comme ça, si quelque chose tourne mal, je ne suis jamais très loin pour gérer la situation. Un vrai control-freak donc. Je hausse les épaules, témoignant avec nonchalance que cela ne me dérange pas. Un agent qui fait son travail et qui gère ses modèles, ça ne peut qu’être bien. Le problème avec Loanne, c’est qu’elle ne gère rien alors, ça me changera. – Règle n° 3, la plus importante : mes mannequins doivent une excellente éthique de travail. Il est hors de question que mon nom soit associé à quelqu’un qui ne sait pas se tenir correctement ou qui fout le trouble partout où il passe. Je ne bouge pas vraiment à l’énonciation de cette dernière règle. Je me contente de le fixer en me mordillant l’intérieur des joues. Le fait est que je ne sais pas trop me tenir correctement, et que si on me cherche en général on me trouve. Je ne peux pas vraiment lui promettre d’avoir un comportement exemplaire à l’avenir, car cela ne dépend pas que de moi. – Des questions ?

C’est le moment où je reprends la main. Je grimace un peu, passe ma main dans mes cheveux que j’ébouriffe au passage, les mettant en bordel et je fais une petite moue avant de demander – Ouais, t’entends quoi par se tenir correctement en fait ? Parce que si on m’soule, j’vais pas jouer au bon petit chien docile qui attend sa récompense hein. Haussant les épaules dans un geste désinvolte qui signifie que je ne changerai pas mon caractère, et que je ne jouerais pas au faux-cul si on me fait chier, même pour un contrat juteux, je me replace tranquillement dans le canapé. Il m’est déjà arrivé d’envoyer paître du beau monde parce qu’ils ne respectaient pas les conditions de travail pour lesquelles j’avais signé. L’appât du gain n’est jamais passé avant ma dignité et c’est un principe sur lequel je ne dérogerais pas, même si on m’offrait des milliards. Je veux pouvoir me regarder dans une glace. – Sinon ça m’va tes règles. J’suis pas du genre à fermer ma gueule en général et j’aime bien qu’on fasse pareil avec moi. Si mon attitude ne convient pas, je peux faire un effort, mais faut pas trop pousser non plus. J’reste qui je suis et jusqu’à présent, c’est cette authenticité qu’a plu. Qui m’a aussi fermé la porte à d’autres contrats, j’en ai conscience. Mais je suis au clair avec l’image que je représente : celle de la jeunesse un peu folle, excentrique et libre de toute responsabilité, inconsciente, insouciante. Le seul hic dans tout ça c’est que je vieillis et je n’ai plus vraiment la petite gueule d’ange qui m’a fait connaître.

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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyVen 21 Juin 2019 - 17:08


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Gabriel & BabyBel


« On est d’accord, donc. J’suis ici pour voir Mo’ aussi souvent que possible et ce ne sera pas le cas si je dois passer mon temps à courir à travers le monde pour des contrats. » Je hoche la tête. Oui, on est d’accord. D’abord, parce que je trouve adorable qu’il soit aussi visiblement attaché à sa fille. Elle est de toute évidence la prunelle de ses yeux et je comprends qu’il n’a pas envie que sa carrière vienne nuire à leur relation. (D’autant plus que, d’après les rumeurs qui circulent, sa relation avec la mère de la petite n’est pas toujours facile.) Ensuite, parce que je sais très bien que ça complique inutilement les choses de forcer quelqu’un à agir contre son gré. Je me doute qu’Abel doit être particulièrement difficile à gérer lorsqu’on l’entraîne dans quelque chose qui ne lui plaît pas du tout. Et c’est précisément pour éviter ce genre de problème que je m’assure de demander l’avis de mes mannequins avant de prendre des décisions pour leur carrière. Ce dossier réglé, je me lance dans l’énumération de mes règles. Tout en parlant, je détaille avec attention les réactions d’Abel. S’il paraît d’abord blasé et presque amusé, il se redresse rapidement et m’accorde toute son attention. Je ne sais pas si mes règles sont plus raisonnables que ce à quoi il s’attendait ou s’il a compris que c’était du sérieux, mais ça me plaît bien de sentir qu’il m’écoute à fond.

Comme je m’y attendais, le premier soupçon de contrariété apparaît sur son visage lorsque je termine d’énoncer ma troisième règle. Ce n’est pas grand-chose, un froncement de sourcil et un muscle qui tressaille dans sa mâchoire, ce n’est même pas ouvertement contestataire, mais c’est suffisant pour piquer ma curiosité. Je soutiens donc son regard et lui demande s’il a des questions, convaincu qu’il aura quelque chose à dire. Je ne me trompe pas d’ailleurs : « Ouais, t’entends quoi par se tenir correctement en fait? Parce que si on m’soule, j’vais pas jouer au bon petit chien docile qui attend sa récompense hein. » Je dois me mordre la joue pour m’empêcher d’éclater de rire. La franchise d’Abel est rafraîchissante et même si je sais qu’elle ne doit pas plaire à tout le monde, moi, c’est totalement mon style. « Sinon ça m’va tes règles. J’suis pas du genre à fermer ma gueule en général et j’aime bien qu’on fasse pareil avec moi. Si mon attitude ne convient pas, je peux faire un effort, mais faut pas trop pousser non plus. J’reste qui je suis et jusqu’à présent, c’est cette authenticité qu’a plu. » Je balaie l’air devant moi d’un air nonchalant, comme pour chasser ses préoccupations du revers de la main. « Je te rassure, je ne m’attends pas du tout à ce que tu changes. Si j’avais voulu d’un petit chien docile, comme tu dis, j’aurais cherché ailleurs. » Je me retiens d’ajouter que personne qui s’intéresse un peu à lui ne le prendrait pour un caniche obéissant. « Du moment où tu te présentes à tes photoshoots et tu fais ton travail, moi ça me convient. Et puis je me dis que tu n’es pas idiot, si tu t’engueules avec quelqu’un, c’est qu’il y a probablement une bonne raison. » J’esquisse un sourire léger. « Si tu pouvais juste éviter de te battre, ça serait bien, » que je conclus d’un ton pince-sans-rire. Je ne blague qu’à moitié, mais j’ai confiance qu’il arrivera à dompter son caractère avant d’en arriver là.

Je me lève et replie un bras derrière moi. L’échine bien droite, l’index dressé vers le plafond, je prophétise : « Je crois qu’on va bien s’entendre, toi et moi. » Oui, c’est présomptueux de ma part de faire comme s’il a déjà accepté de changer d’équipe, mais j’ai un bon feeling et j’ai toujours été un brin arrogant en affaires. Je m’approche de la Keurig dernier cri qui trône sur la petite table près de mon bureau. Je ne l’utilise que lorsque je reçois des gens, jugeant que la quantité de liquide produite par les capsules est ridiculement minime. Café trop cher pour café trop cher, je préfère encore aller chercher ma dose au Starbucks au bas de l’immeuble et ramener une tasse suffisamment grande pour réveiller un éléphant léthargique. Je me tourne vers Abel et lui propose quelque chose à boire. « Café, thé? » Fidèle à ses origines, il choisit le thé. Je glisse donc une capsule d’Earl Grey dans la machine et une tasse sur la petite plateforme pour recueillir l’infusion, puis j’appuie sur le bouton. Pendant que la machine chuinte et siffle derrière moi, j’enfonce mes mains dans les poches de mon pantalon. « Elle a quel âge ta fille? » À la façon dont il l’a mentionnée tantôt, j’ai bien compris qu’il adore parler d’elle. Je me dis que c’est un bon sujet pour meubler la conversation avant de revenir aux choses sérieuses.

Quand la machine s’est tue, j’échange la tasse et la capsule, et je verse une bonne quantité de sucre dans le thé d’Abel. Une fois mon cappuccino prêt, je retourne derrière mon bureau, tasses en mains. Je les pose toutes les deux sur mon bureau et fais glisser celle du mannequin dans sa direction. Maintenant qu’il s’est assis, je me permets de reprendre place dans ma chaise, mais dans une position plus décontractée qu’à son arrivée. Je trempe les lèvres dans le liquide amer, savourant quelques secondes en silence le goût crémeux de la mousse de lait. Ce n’est pas la même chose qu’un café préparé par un vrai barista habile, mais pour un truc qui vient en capsule, ce n’est vraiment pas si mal. Je me recule ensuite dans mon fauteuil, me remettant ainsi en mode « affaires » après ce petit interlude « famille ». « J’ai déjà pensé à quelques marques qui aimeraient certainement travailler avec toi. Tu as un look particulier, il suffit de trouver ceux à qui ça plaira. Je pense que d’ici quelques mois, tu pourrais facilement t’associer officiellement à une maison de mode ou à une marque. Ça te donnerait des contrats réguliers, de la stabilité, mais ça ne serait pas exclusif non plus. Si tu as envie d’essayer autre chose, tu aurais la liberté de le faire. » Je m’avance pour poser les coudes sur mon bureau et porter mon café à mes lèvres. « C’est quelque chose qui peut t’intéresser? » que je lui demande en l’observant d’un air rusé par-dessus le rebord de ma tasse.

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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyDim 23 Juin 2019 - 7:28


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@Gabriel López & Abel


→  L’énumération des règles de Gabriel Lopez ne m’a pas étonné plus que ça. Je n’avais, jusqu’alors, qu’uniquement perçu son côté extravagant, et c’était précisément cela qui m’avait empêché de venir vers lui avant aujourd’hui. Je le voyais réellement comme un drôle d’énergumène dont il valait mieux se tenir loin, et c’est exactement ce que j’ai fait jusqu’à ce que l’incompétence de Loanne me pousse à bout.  Je n’ai pas la réputation d’être un mannequin ‘facile à vivre’, mais je ne me considère pas non plus comme un cas désespéré. En général, les professionnels sont contents de travailler avec moi et satisfaits de ce que je leur donne. Je rentre dans une catégorie bien spécifique après tout et j’ai une fan-base assez conséquente, ce qui m’octroie le droit d’être exigeant. Dix ans que je fais ce métier, j’en connais les tenants et aboutissants. La franchise est d’ailleurs une qualité rare dans notre milieu, aussi j’apprécie celle dont peut faire preuve Gabriel avec moi. L’hypocrisie et la flatterie ne m’ont jamais plu. A l’inverse, je suis bien plus méfiant lorsqu’on me flatte, car c’est une façon grossière d’essayer d’obtenir quelque chose de moi. Ceux qui ne prennent pas de gants pour me dire mes quatre vérités ont tout de suite droit à ma sympathie. – Je te rassure, je ne m’attends pas du tout à ce que tu changes. Si j’avais voulu d’un petit chien docile, comme tu dis, j’aurai cherché ailleurs. Tant mieux, je ne remue pas la queue quand on me flatte alors ça m’va. – Du moment où tu te présentes à tes photoshoots et tu fais ton travail, moi ça me convient. Et puis je me dis que tu n’es pas idiot, si tu t’engueules avec quelqu’un c’est qu’il y a probablement une bonne raison. Pas toujours, en réalité. Ça dépend réellement de mon humeur du moment, et je me connais. Je ne peux pas lui promettre d’être sage, au risque de grandement le décevoir. Il m’arrive parfois d’être vraiment dissipé, si bien que tout l’monde s’arrache les cheveux sur le plateau.  - Si tu pouvais juste éviter de te battre, ça serait bien.J’essaierai, que je réponds nonchalamment en haussant les épaules. Je fais craquer mes phalanges, et adopte un air faussement blasé en laissant traîner mon regard sur les détails du bureau. Je suis conscient que cette réponse n’est pas satisfaisante, conscient que je me vends très mal et que je peux faire peur avec une attitude pareille. Je suis venu à bout de tellement d’agents que j’ai arrêté de les compter. Gabriel Lopez doit aimer les défis. Celui de me manager en est un gros.

- Je crois qu’on va bien s’entendre, toi et moi. Mes lèvres s’étirent en un large sourire alors que je suis son index levé vers le plafond. Je ne retiens pas un léger rire moqueur et amusé à la fois, le trouvant tout de même assez spécial par moment. Il a une personnalité intrigante faut dire, capable de passer du sérieux professionnel au patron un peu loufoque. Ça ne me déplait pas en fait. J’ai l’impression que c’est la première fois que je ne m’ennuie pas lors d’un rendez-vous pro’, ce qui est assez exceptionnel pour le coup ! – Café, thé ? Thé. Evidemment, et sans réfléchir. Je reste fidèle à mes origines, toujours, et mon regard se perd dans la contemplation de la machine qui se met en action sous le commandement de Gabriel. Ce n’est rien un thé, et pourtant c’est un peu de chez moi, un peu de ce qui me manque cruellement. Nostalgie, quand tu nous tiens. Je me mets à me ronger les ongles pour dissiper mon malaise et contenir l’émoi qui s’empare de moi sans que je ne l’ait vu venir. Je ne sais pas trop quoi lui raconter à cet agent, moi. J’attends de savoir quels sont ses plans et s’il va finir par me proposer un contrat. Ce petit interlude a sûrement pour but de tester ma patience et je n’en ai guère. Je déteste ces moments de latence, un peu étrange, où la gêne s’installe et devient étouffante. Vu son attitude, ça ne semble pas le gêner lui. – Elle a quel âge ta fille ? Je relève mes yeux pales vers lui brusquement et saute sur l’occasion de faire diversion. Parler de Morgane m’est tellement facile… Je suis amoureux de ma fille, alors c’est avec un sourire tendre que je lui réponds – Quatre ans et elle gouverne déjà son petit monde comme une reine. Elle exige, je m’exécute. Et si je ne le fais pas, je cours droit vers les ennuis. Ma fille me mène par le bout du nez, il faut le savoir je suis incapable de lui résister pour quoi que ce soit. Peut-être que je cherche à combler mon absence durant ses premiers mois de vie. Peut-être que n’ayant pas d’exemple paternel sur lequel me reposer, je suis un peu trop laxiste. Je n’en sais rien, peu m’importe dans l’fond. Je suis là pour elle et c’est tout ce qui compte. – T’as des enfants toi ? Je lui demande, un peu brusquement, curieux de savoir si Gabriel Lopez est papa ou non.

Les boissons prêtes, Gabriel s’installe à nouveau derrière son bureau. Il fait glisser le thé à la bergamote vers moi et je me saisis de deux sachets de sucre que je verse rapidement dans la tasse avant de me mettre à touiller. L’interlude familial étant terminé, il reprend la conversation comme si de rien était et je fixe le liquide brun de ma tasse tout en l’écoutant attentivement. – J’ai déjà pensé à quelques marques qui aimeraient certainement travailler avec toi. Tu as un look particulier, il suffit de trouver ceux à qui ça plaira. Je pense que d’ici quelques mois, tu pourras facilement t’associer officiellement à une maison de mode ou à une marque. Ça te donnerait des contrats réguliers, de la stabilité, mais ça ne serait pas exclusif non plus. Si tu as envie d’essayer autre chose, tu aurais la liberté de le faire. Je continue de touiller mon sucre, ne trouvant absolument rien à redire sur ce qu’il me propose. Toutefois, rien n’est trop beau pour être vrai alors je me méfie et reste concentré sur mon thé, excellente diversion fournie par Gabriel lui-même. – C’est quelque chose qui peut t’intéresser ? Je fronce un peu les sourcils, me mordille la lèvre et hoche la tête. – Ouais, bien sûr. Par contre, j’suis inscrit à la fac à côté et je suis un cursus de droit. J’vais avoir des stages à faire, avec des horaires de bureaux relou pour la plupart donc, faudra prendre ça en compte. J’ai une vie à 200 à l’heure en réalité, je déteste par-dessus tout me poser. Quand je n’ai rien à faire, c’est l’angoisse. Si ma vie n’est pas remplie, je me sens au bord du précipice et c’est infernal. – Puis, j’ai Morgane une fois par mois les weekends, j’peux rien faire durant ces jours-là. Il s’peut aussi que j’doive dépanner Jess par moment alors bon, Mo elle passe avant tout tu comprends ? Je n’ai toujours pas bu une seule gorgée de ma tasse fumante mais je continue de touiller pour me concentrer sur une chose. Je suis un grand nerveux, incapable de tenir en place. Ça commence à faire trop long ce rendez-vous, l’impatience me guette et l’une de mes jambes tressaute sur place. J’enchaîne cependant – Et les autres weekends, j’fais de l’Ultimate avec mes potes, j’ai intégré l’Extinction Ultimate Club il y a un an environ. J’loupe déjà un weekend par mois, plus ça craint. En gros, je ne vais pas être un mannequin à la disposition des professionnels capricieux, c’est à prendre en compte. Je suis une véritable plaie, il devait aisément s’en rendre compte avec tous les arguments que j’avance. Tu es bien sûr de vouloir travailler avec moi, Gabriel Lopez ?





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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyVen 28 Juin 2019 - 16:44


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Gabriel & BabyBel


Ma technique fonctionne à merveille : Abel se détend d’un coup et ne se fait pas prier pour répondre à ma question. C’est ainsi que j’apprends que sa fille s’appelle Morgane et que, du haut de ses quatre ans, elle mène déjà son entourage par le bout du nez. De ce que je comprends, elle a déjà son petite caractère (ce qui n’est pas si étonnant quand on sait qui sont ses parents). Je me dis qu’elle sera sûrement le genre de personne à réaliser tout ce dont elle a envie en grandissant, surtout si son père continue à l’appuyer comme ça. Il l’aime énormément, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. « T’as des enfants toi? » La question vient effacer d’un coup le sourire attendri qui s’était posé sur mes lèvres. Elle fait remonter tout un tas de souvenirs dans lesquels je ne me suis pas plongé depuis très longtemps. Je ne suis pas beaucoup plus doué pour penser à Grace maintenant qu’elle est morte que lorsqu’elle était vivante. J’ignore la culpabilité, comme toujours, et m’éclaircis la gorge. « Non, je n’ai pas encore eu ce bonheur. » Et je ne l’aurai probablement jamais, en fait... Peu après notre mariage, Grace et moi en avions parlé. L’idée me terrifiait, mais je n’ai rien dit parce que ça me semblait la prochaine étape logique dans notre histoire. Au final, j’étais devenu de moins en moins présent et elle n’était jamais tombée enceinte. C’est une bonne chose. Notre divorce a déjà suffisamment difficile, si on avait dû se disputer la garde de l’enfant en plus, ça aurait été un vrai carnage. Vu sa santé mentale défaillante, je ne sais pas si elle aurait pu prendre l’enfant avec elle. Notre séparation l’a tuée à petit feu, mais perdre son bébé l’aurait achevée d’un seul coup aussi efficacement qu’une balle dans la tête. Et moi… moi qui n’étais déjà pas doué pour aimer Grace, je ne sais pas si j’aurais été mieux outillé pour aimer un enfant qui m’aurait rappelé à chaque instant mon échec. Notre mariage m’a appris que la vie de couple et de famille bien rangée, ce n’est pas pour moi. J’ai fini par l’accepter, même si ça ne fait pas vraiment disparaître la douleur lancinante de l’envie qui me prend parfois aux tripes.

Refusant d’accorder une seconde d’attention de plus à ces constats déprimants, je reviens m’installer à mon bureau. Pendant qu’Abel se met à touiller son thé comme s’il essayait de préparer une potion magique, je lui expose mes idées pour sa carrière. Dans le silence qui suit la fin de mon explication, je l’observe pour essayer de jauger sa réaction. Je dois avouer que je m’attendais à ce que la description de mon plan de maître provoque un peu plus d’enthousiasme débordant et un peu moins de froncements de sourcils. « Ouais, bien sûr. Par contre, j’suis inscrit à la fac à côté et je suis un cursus de droit. J’vais avoir des stages à faire, avec des horaires de bureaux relou pour la plupart donc, faudra prendre ça en compte. » Depuis le début de notre entretien, c’est le premier renseignement à son sujet qui me surprend. Je ne le croyais pas du type studieux et je dois avouer que ça m’impressionne de voir qu’il a déjà pensé à entreprendre une autre carrière (et plutôt complexe, en plus!) alors qu’il aurait très bien pu décider de ne rien faire une fois ses années de mannequinat terminées. « Puis j’ai Morgane une fois par mois les weekends, j’peux rien faire durant ces jours-là. Il s’peut aussi que j’doive dépanner Jess par moment alors bon, Mo elle passe avant tout tu comprends? » Ça, par contre, ce n’est pas surprenant du tout. C’est même carrément évident. Il ne m’apprend rien en me disant que Morgane est sa priorité, je m’en doutais déjà quand il a passé le seuil de la porte de mon bureau et il me l’a confirmé dans les deux premières minutes de la rencontre. « Et les autres weekends, j’fais de l’Ultimate avec mes potes, j’a intégré l’Extinction Ultimate Club il y a un an environ. J’loupe déjà un weekend par mois, plus ça craint. » Ça aussi, ça me paraît intéressant. Je range ce détail dans un coin de mon esprit pour ne pas me laisser distraire et partir sur une tangente, mais je prévois lui demander plus d’info. Je pense que ça pourrait être mon genre de sport et comme je suis toujours à la recherche de nouvelles activités pour dépenser mon trop-plein d’énergie, je me dis que je pourrais peut-être m’y essayer une fois.

Une fois qu’il a fini de parler, j’avale une bonne gorgée de mon café pour me donner le temps de réfléchir. Je ne sais pas trop quoi penser. Il a l’air intéressé par ce que je lui propose, mais j’ai presque l’impression qu’il me teste. Pour voir si je suis du genre à lui passer ses caprices? Ou pour me faire changer d’idée? Je repose ma tasse, presque vide maintenant, sur le bureau et la repousse suffisamment pour pouvoir m’avancer légèrement vers lui et m’appuyer sur mes bras croisés. « Il faut plus qu’un horaire complexe pour me faire peur. Ce n’est pas sorcier à gérer. La preuve, c’est que Loanne arrive à te faire travailler malgré tout ça. Si elle se débrouille, je devrais m’en tirer aussi. » À retardement, je me dis que je devrais faire attention à ce que je dis au sujet de mes collègues, mais au fond ça ne m’inquiète pas trop. Abel ne semble pas la porter dans son cœur. Je hausse un sourcil, mon regard toujours ancré sur le mannequin. « La vraie question, c’est est-ce que tu as envie de travailler avec moi ou non? Parce que depuis tantôt, tu ne fais que souligner les problèmes potentiels. Ça me dit que soit tu ne sais vraiment pas te vendre... » Je marque une courte pause, esquisse un sourire légèrement ironique. Je ne pense pas que ça soit vraiment le cas. Et pourtant, j’ai déjà eu des gamins de seize ans devant moi qui se débrouillaient mieux. « Soit tu essaies de me décourager de te faire signer un contrat. » Je me recule à nouveau dans ma chaise jusqu’à ce que je sois bien appuyé contre le dossier et croise les jambes. « Je sais que je me suis montré insistant au fil des années, mais je ne suis pas un gros lourdaud pour autant. Si tu me dis que tu n’es vraiment pas intéressé, je vais respecter ton choix. Sans rancune. » Je hausse les épaules. « Ce n’est pas parce que tu penses à changer d’agent que tu dois absolument venir travailler avec moi. » Bon, ça serait un peu bête de te priver du meilleur agent d’A.K., mais au fond, c’est ton affaire… « Mais sache que, moi, je suis prêt à te prendre dans mon équipe. » Je n’ai plus envie de finasser, c’est le moment de mettre cartes sur table. Il ne reste plus qu’à voir si j’aurai réussi à convaincre Abel ou non.
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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyDim 30 Juin 2019 - 8:42


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@Gabriel López & Abel


→ Il y a quelque chose dans son regard, quelque chose d’infiniment triste, quelque chose qui s’apparente à des regrets, à de la douleur et de la peine. Il y a quelque chose qui me parle en silence et m’avoue tout ce qu’il ne dira jamais. Pourquoi ai-je toujours l’impression que les gens parlent plus lorsqu’ils ne disent rien ? Pourquoi est-ce que la souffrance n’est jamais qu’à demi avouée alors qu’il va de soi qu’on souffre tous ? Est-ce ça fait de nous des faibles comme la société semble l’exiger ? Ou au contraire, est-ce que la souffrance est à l’origine de notre force ? Je puise dans mes erreurs l’envie de me battre et de me dépasser. La réussite est surfaite. L’échec est bien plus puissant, il me pousse à aller de l’avant constamment. C’est ma façon de penser et d’avancer. La tête haute, les plaies à vifs, la chair sanguinolente mais le regard porté vers l’avenir. - Non je n’ai pas encore eu ce bonheur… J’hoche la tête et rétorque, comme pour l’avertir – ça arrive sans prévenir bien souvent. C’est ce qui s’est passé pour Jess et moi. En même temps, faut être suffisamment cons pour faire l’amour sans se protéger et penser que ça n’arrivera jamais. On était cons de fait, et jeunes. Mais je ne regrette rien, évidemment. La vie est trop courte pour la passer à regretter ses choix ou ses erreurs. L’envie de fumer me rend nerveux, je recommence à me ronger les ongles tout en observant Gabriel, délaissant la cuillère de mon thé que je lèche rapidement avant de la poser sur son bureau.

J’expose mes conditions.  Elles sont nombreuses et non négociables. Je fais exactement tout ce qu’il  ne faudrait pas faire lors d’un entretien d’embauche, j’en ai parfaitement conscience.  Ce n’est pas moi qui ai couru après cette entrevue, alors j’aligne mes cartes comme j’en ai envie, joueur comme je suis. Eternel enfant en quête de limite. Adulte irresponsable en manque de repère. Perdu et affreusement seul. J’attends de connaître le moment où, poussé dans ses retranchements, Gabriel Lopèz me dévoilera ses limites. Mon petit doigt levé alors que je porte la tasse de thé à mes lèvres me signale que le manager ne va pas tarder à craquer. Un sourire ravi s’étire sur mes lèvres alors que le goût du thé à la bergamote infiltre ma bouche. – Il faut plus qu’un horaire complexe pour me faire peur. Ce n’est pas sorcier à gérer. La preuve, c’est que Loanne arrive à te faire travailler malgré tout ça. Si elle se débrouille, je devrais m’en tirer aussi. J’arque un simple sourcil en reposant doucement la tasse dans sa soucoupe.  Personnellement, je suis très désorganisé. Je vis au jour le jour, comptant sur les autres pour me rappeler mes obligations – ce qui me fait carrément défaut avec Jess, ainsi que pour la Fac ; aussi mon manager doit avoir la patience de connaître mon agenda mieux que moi-même, sinon il risque d’y avoir quelques erreurs de commises. – La vraie question, c’est est-ce que tu as envie de travailler avec moi ou non ? Parce que depuis tantôt, tu ne fais que souligner les problèmes potentiels. Ça me dit que soit tu ne sais pas vraiment te vendre… soit tu  essaies de me décourager de te faire signer un contrat. Et voici venu le moment où Gabriel perd patience et m’accule contre le mur, soulevant ses derniers arguments pour ne me laisser plus que le choix final à faire. Je fixe ma tasse de thé, de légers tics nerveux viennent contracter ma mâchoire carrée alors que je réfléchis une dernière fois. – Mais sache que, moi, je suis prêt à te prendre dans mon équipe.

Je connais mon choix depuis que j’ai décidé d’accepter ce rendez-vous. Je sais que Gabriel Lopez va être mon agent et qu’il fera un meilleur travail que Loanne. Je n’ai absolument aucun doute là-dessus, mais je suis obligé de le tester, de le pousser un peu et d’essayer de le sortir de sa zone de confort. Je ne suis pas un mannequin lambda en début de carrière prêt à lui lécher les pieds – ça où autre chose d’ailleurs – pour obtenir ses faveurs. Ses faveurs je m’en contre-fiche par ailleurs, seul le profit que je peux tirer de ce nouveau contrat m’intéresse. Et il me semble que j’ai obtenu tout ce que je voulais pour le moment. Je n’ai pas tout dit de moi, pas encore car je garde un peu de réserve mais j’ai étalé une bonne base et Gabriel ne semble pas plus impressionné que ça. Rien d’insurmontable apparemment. – Ok, voyons où cette collaboration peut nous amener alors. Petit sourire espiègle sur les lèvres, je termine ma tasse de thé et me lève en déclarant abruptement – Je signe où ? J’ai grave envie de fumer, y’a un fumoir à cet étage ? J’suis en train de crever d’asphyxie là. Et alors que je sillonne le bureau du regard, j’aperçois une chose qui bouge derrière Gabriel et ne retiens pas un cri d’exclamation – Oh bordel ! L’animal se déploie avec une lenteur extrême, hypnotique pour les yeux, il m’éblouit de toute sa magnificence à travers la vitre luisante de son vivarium énorme que j’avais pris pour une table en verre de loin. Fasciné, je me penche par-dessus le bureau pour observer la splendide créature noire et blanche. – Wow, il est carrément magnifique ! C’est le tien ? C’est un python c’est ça ? J’ignorais qu’il y en avait des noirs et blancs, il doit être rare… Il est énorme bordel. Mes yeux ne quittent pas l’énorme serpent qui longe désormais la vitre, imposant et majestueux. – Il fait des photoshoots ? J’peux le prendre en photo ? Faut trop que je le montre à Mo’ elle va kiffer !  Oubliés le contrat et l’envie de fumer, le splendide serpent qui trône dans le bureau de mon nouveau manager a requis toute mon attention.





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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyMer 3 Juil 2019 - 19:49


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Gabriel & BabyBel


Abel réfléchit et je ne le brusque pas même si j’ai très envie de connaître sa réponse. Au bout d’un moment, le sourire qui s’étire sur ses lèvres me confirme que j’ai gagné mon pari. « Ok, voyons où cette collaboration peut nous amener alors. » Je souris à mon tour, sincèrement content. Penché sur le tiroir de mon bureau que je viens d’ouvrir, je fouille parmi les dossiers qui s’y trouvent à la recherche de celui dans lequel j’ai placé l’ébauche de contrat que j’ai préparée. Le mannequin se lève et se dégourdit les jambes avant d’annoncer qu’il cherche un endroit où fumer. Je suis sur le point de lui proposer de sortir sur le balcon de mon bureau quand son exclamation de surprise me fait relever la tête. La bouche grande ouverte, il observe quelque chose derrière moi. Je n’ai même pas besoin de me retourner, je sais qu’il vient de remarquer Dalí. Pendant une seconde je m’inquiète qu’il ait peur des serpents (ça m’est déjà arrivé d’avoir de vrais ophiophobes dans mon bureau), mais je remarque bien vite qu’il a les yeux brillants et qu’il ne quitte pas le vivarium du regard. Je comprends qu’il est probablement fan de serpents lui aussi, ce qui me le rend forcément encore plus sympathique. « Wow, il est carrément magnifique! C’est le tien? C’est un python c’est ça? J’ignorais qu’il y en avait des noirs et blancs, il doit être rare... Il est énorme bordel. » J’ai enfin mis la main sur mon dossier et je le pose sur mon bureau, l’oubliant vite fait pour me lever et m’approcher du gros vivarium en verre encastré dans l’énorme bibliothèque qui trône derrière mon bureau.

« Il fait des photoshoots? J’peux le prendre en photo? Faut trop que je le montre à Mo’ elle va kiffer! » L’enthousiasme d’Abel me fait rire, il ressemble à un gamin qui vient d’apercevoir ses cadeaux de Noël en avance. « Oh oui, il adore se faire prendre en photo. » En fait, il a un caractère plutôt placide et il n’y a pas grand-chose qui le dérange. Sans difficulté, je fais pivoter le loquet du vivarium, puis coulisser la porte, et j’agite la main pour indiquer à Abel, qui est toujours penché au-dessus de mon bureau comme s’il essayait de grimper dessus, de venir me rejoindre derrière. Je tends lentement les mains dans le vivarium et attrape le serpent, m’assurant de soutenir la tête d’une main et son long corps sinueux de l’autre. Il a l’habitude et il vient aussitôt s’enrouler autour de mon bras.

Lorsque je le sens bien accroché, je me tourne vers Abel. « Je te présente Dalí. Il est très social, il aime bien les gens. » C’est la raison principale pourquoi c’est lui que j’ai choisi d’installer dans mon bureau. Ça et le fait que c’est le premier serpent que j’ai acheté, alors qu’il n’était encore qu’un bébé. Le motif blanc et noir de ses écailles, hyper visible à travers la vitre du présentoir, m’avait séduit et je m’étais décidé à l’acheter un peu sur un coup de tête. J’ai d’ailleurs appris à m’occuper de lui sur le tas, avec l’aide d’Internet et des pros de l’animalerie. Heureusement, il n’a pas l’air de s’en être trop mal tiré. Et moi, j’ai réalisé un rêve d’enfance. Avec leur air à la fois dangereux et tentateur, les serpents m’ont toujours fasciné, et encore plus quand j’ai découvert l’aura maléfique, pour ne pas dire satanique, que certaines histoires leur ont conféré. Vu l’éducation religieuse très stricte que mes parents m’ont dispensée, j’avais l’impression de m’intéresser à quelque chose de particulièrement subversif en m’intéressant aux serpents. Ma mère avait d’ailleurs crié au scandale lorsque je lui avais demandé d’en adopter un. Devant le «non» retentissant que j’avais reçu, je m’étais promis qu’une fois adulte, j’en aurait enfin un.

Penché sur la petite tête triangulaire de Dalí, Abel s’amuse à le photographier sous tous les angles. « Si tu veux, je te laisse le prendre. Je peux faire des photos de toi avec lui pour que tu montres à Morgane. » Si elle risquait déjà d’aimer les photos du serpent, je peux juste imaginer sa réaction en le voyant accroché à son père. Je déroule prudemment le reptile, qui a commencé à remonter le long de mon bras comme s’il s’agissait d’un tronc d’arbre, et le tends à Abel. « Fais juste attention, il aime bien la chaleur et il va sans doute vouloir s’enrouler autour de ton cou. C’est pas l’idée du siècle, » que je termine avec une pointe d’humour dans la voix. Le risque d’être étouffé est minime, mais techniquement réel, et je préfèrerais certainement éviter de perdre ma nouvelle recrue si tôt.


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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyMer 10 Juil 2019 - 8:59


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@Gabriel López & Abel


→  Fascination. Les yeux grands ouverts, je ne peux me détacher du spectacle qui m’est offert de voir. Le magnifique python se déploie lentement à l’intérieur de l’immense vivarium à moitié caché par le bureau imposant de Gabriel Lopez et je contemple, bouche bée, la divine créature. Blanc et noir, long de plus de deux mètres pour sûr, j’en suis époustouflé. Littéralement. Et j’en oublie le contrat, j’en oublie mon envie de fumer, j’en oublie que je fais face à mon agent avec lequel je suis sur le point de signer. Toute mon attention est portée sur cet animal superbe qui fait tellement peur à un certain nombre de gens. Moi, je suis fasciné. Et lorsque Gabriel fait coulisser la porte du vivarium, je retiens mon souffle, en admiration devant son aisance avec l’animal. – Je te présente Dali. Il  est très social, il aime bien les gens. Voici donc Dali. Subjugué, je caresse du regard le serpent à la pupille vive et au corps malléable qui s’enroule autour du bras de son propriétaire. Je laisse échapper, dans un murmure – Il est splendide. Et je le pense sincèrement. Les serpents font partie des animaux pour lesquels je voue presque un culte. Déjà, pour ce qu’ils représentent métaphoriquement parlant. La tentation. Le serpent tente Eve dans le paradis d’Eden et toute l’humanité en prend un coup.  Car elle ne résiste pas et se saisit de la pomme, brisant les espoirs du dieu créateur. Et je la comprends tellement Eve à cet instant ! Car comment résister à une créature aussi séduisante ? J’ai sorti mon téléphone et j’ai commencé à flashouiller l’animal et son propriétaire. Comme ça en même temps que je lui montrerai Dali, je lui ferai voir la tête du nouvel agent de Papa. Morgane sera enchantée de donner son avis sur la personne.  – Si tu veux, je te laisse le prendre. Je peux faire des photos de toi avec lui  pour  que tu  montres à Morgane. Brusquement, mon regard vient heurter celui de l’agent, comme si j’avais mal compris. – Je peux le prendre ? Que je redemande, timidement. Ce n’est pas mon genre mais je suis totalement abasourdi par la créature que je me montre hésitant. – Fais juste attention, il  aime bien la chaleur et il va sans doute vouloir s’enrouler autour de ton cou.  C’est pas l’idée du siècle. Je hoche la tête, très attentif et délicatement j’attrape la tête du serpent tandis que son corps s’enroule autour de mon bras, copiant la posture qu’avait précédemment Gabriel. L’animal est curieusement doux au toucher et pas aussi lourd que je me l’imaginais bien qu’il pèse son poids. Sa peau luisante glisse sur moi et je souris, tout fier de pouvoir porter Dali. – Tu prends des photos ? Que je demande en désignant mon téléphone avec un petit air enfantin, comme un gamin à qui on vient de faire un joli cadeau et qui a plaisait à se montrer heureux. Et je prends la pause, à plusieurs reprises, les yeux brillants en prenant soin de pas le laisser s’enrouler autour de mon cou. Cela dit, il arrive tout de même à glisser son corps sinueux sur ma nuque et je ris un peu, chatouilleux. Gabriel vient à ma rescousse alors que Dali finit par me dominer complètement et il le replace dans son vivarium. L’élégant animal, docile, longe un instant la surface en verre lisse avant de s’installer dans un coin pour s’enrouler sur lui-même et ne plus bouger. Je siffle d’admiration et tourne mon visage émerveillé vers Gabriel. – J’ai adoré ! Merci c’était carrément trop cool ! Fais voir les photos ? Et je récupère mon téléphone pour visionner les clichés pris par mon agent.

Ce faisant, souriant devant mon air d’idiot heureux, je me réinstalle dans le fauteuil face au bureau, tellement plus à l’aise à présent. Je pose mes coudes sur le meuble imposant sans quitter mon téléphone des yeux, et puis je demande brusquement – Tu as insta ? J’vais te follow ! Mes yeux glissent sur le document en attente et je le pointe du doigt – C’est le contrat c’est ça ? T’as ajouté mes clauses ? Je fronce les sourcils, peu conciliant. S’il y a bien une chose que j’ai retenu de ces trois dernières année auprès de Léanne, c’est qu’il faut que je lise mes contrats avant de signer – erreur que j’ai bien trop souvent commise et qui m’a amené à vivre des moments assez spéciaux.

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Message(#)(Gab) Let's talk about making money  EmptyDim 14 Juil 2019 - 22:44


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Gabriel & BabyBel


Abel tend timidement la main vers Dalí. Au début, il n’a pas l’air trop à l’aise, mais il se détend rapidement quand le serpent vient s’enrouler autour de son bras. Appuyé sur le dossier de ma chaise, j’observe d’un œil amusé la scène. « Tu prends des photos? » J’attrape le téléphone dernier cri qu’il a posé sur mon bureau avant de prendre le reptile. Je lance l’appareil photo et m’amuse à croquer sur le vif les poses de plus en plus loufoques d’Abel, multipliant les clichés pour être bien certain de ne rien manquer. Je sais bien qu’ils ne seront pas tous bons, mais je me dis qu’il devrait y en avoir au moins quelques-uns qui seront réussis. Je me laisse tellement prendre au jeu que j’en oublie de surveiller Dalí jusqu’à ce que je me rende compte à travers l’objectif qu’il s’est mis à grimper dangereusement haut sur le bras d’Abel, tellement qu’il en presque rendu aux épaules. Le mannequin essaie de l’en empêcher, mais le serpent est bien déterminé à n’en faire qu’à sa tête. J’éteins donc l’écran et glisse par habitude le téléphone dans mon veston pour m’approcher et soulever l’animal, qui se laisse faire. Je le remets habilement dans sa maison, où il s’empresse de retourner s’installer sous le faisceau lumineux de la lampe chauffante installée au-dessus du vivarium. «J’ai adoré! Merci c’était carrément trop cool! Fais voir les photos?» J’enfonce la main dans la poche de mon veston pour en sortir le téléphone et le tends à Abel. « Voilà. Le résultat devrait être potable, vous êtes photogéniques tous les deux, » que je lance à la blague en reprenant place dans mon fauteuil.

Ma nouvelle recrue lève le nez de son écran juste assez longtemps pour me demander si j’ai Instagram. Je fais la moue comme si c’était une évidence : bien sûr que j’ai Instagram, c’est carrément devenu une nécessité dans notre domaine. « Mon pseudo, c’est ‘el famoso gabriel’. » Je fais la moue, faussement attristé. « J’suis déçu que tu ne me follow pas déjà. » Le regard d’Abel se pose alors sur la liasse de papier que j’ai sortie de mon tiroir. « C’est le contrat c’est ça? T’as ajouté mes clauses? » Son ton est redevenu sérieux, comme s’il voulait me faire comprendre une fois de plus que ses demandes ne sont absolument pas négociables. Je me penche au-dessus de mon bureau pour repousser de l’index les papiers vers Abel. « Pas encore, c’est une ébauche que j’avais préparée avant notre rencontre. C’est ta copie, prends le temps de la lire. On pourra se rencontre la semaine prochaine pour que tu signes. Si t’as des questions ou des modifications à faire, on pourra s’en occuper à ce moment-là. » Je pique un stylo dans le porte-crayon et me recule dans mon fauteuil. En faisant tourner le capuchon du stylo entre mes doigts, je précise : « Entre-temps, je vais préparer une version modifiée pour rajouter tes clauses et je vais te l’envoyer. Ça sera la même chose que l’ébauche, mais avec tes conditions en plus. Ça te va? » Je m’assure toujours de laisser à mes mannequins le temps de lire leur contrat et même de le faire vérifier par quelqu’un d’autre s’ils le désirent. Ça me paraît juste logique que tous les gens impliqués dans une entente passent en revue le contrat qui devrait, en théorie, servir à protéger les deux partis d’une entente en cas de litige. On évite beaucoup de mauvaises surprises comme ça.
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