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 tonight we are victorious ▲ gabriel

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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptyJeu 23 Mai 2019 - 22:15


tonight we are victorious
Du haut de sa chambre d'hôtel, Zelda regarde les lumières éblouissantes de la capitale japonaise qui s'offrait à elle. Tout lui semblait si paisible et calme au pays du soleil levant avec ses cerisiers encore en fleur à leur arrivée, de quoi la faire ravir pour quelques arbres. C'est la deuxième fois que la trentenaire vient au Japon, et même si c'est pour cause le boulot, Zelda a toujours trouvé une certaine excitation en sachant qu'elle mettra les pieds dans cet archipel. La seule déception est de ne jamais réellement profiter du pays à faire des visites, se promener dans des quartiers réputés, manger aux meilleurs restaurants du pays, goûter aux traditions et les voir dans des temples. En y repensant, cela a toujours été la même chose ; une fois arrivé la direction de l'hôtel a constamment été le premier choix avant de commencer l'emploi du temps de sa visite ici. C'est la deuxième fois que la trentenaire vient au Japon, et même si c'est pour cause le boulot, Zelda a toujours trouvé une certaine excitation en sachant qu'elle mettra les pieds dans cet archipel. Si à Brisbane elle a en permanence cette sensation de n'être qu'une étrangère parmi tant d'autres, ici, tout lui était différent. Oui, elle ne connaissait rien de la langue japonaise, ni même des coutumes à respecter, mais les regards sont toujours plus rassurant qu'en Australie. Son travail lui donne la chance de pouvoir voyager un peu partout dans le globe et c'est bien une opportunité dont elle a toujours adoré et chéri. Retrouver une capitale que l'on connaît déjà ou découvrir de nouveaux horizons, voyager est bien son activité préféré. Ce soir est le dernier soir avant qu'ils ne rentrent tous à Brisbane, dans leur ville océanique et ainsi dire au revoir aux majestueux cerisiers pour retrouver la saison mélancolique. C'est en admirant la beauté de Shibuya que Zelda repensa à l'interview qu'elle venait de passer pour un magazine japonais dont elle figure sur la couverture et si au début tout se passait parfaitement bien au fil des questions, soudainement, tout s'est accéléré. Il faut dire qu'il est toujours question de la vie intime des interlocuteurs et à croire que même les Japonais, du moins de cette agence, savaient pour son procès. Zelda n'a préféré ne rien répondre à ce sujet quand bien même l'intervieweuse insistait sur ses questions, c'est avec l'aide de Gabriel que l'entretien a pris fin sur un goût amer dans la gorge de sa protégée. Zelda revoit encore l'air inquiet de son agent, mais n'a guère voulu en parler, préférant se réfugier directement dans sa chambre. Se réfugier de quoi ? À quoi bon vouloir être seule dans son coin si c'est pour qu'au final l'ennui la rattrape à attendre les heures qui défilent.

La Vietnamienne laisse tout le poids de son corps à se balancer en arrière, atterrissant sur le doux matelas de son lit. C'est au moment où son dos est tombé contre celui-ci qu'un long soupir sortit de sa bouche. Les yeux rivés vers le plafond à attendre que quelque chose arrive subitement, que quelque chose se passe pour qu'elle puisse enfin enlever ses chaînes de l'ennui. Rien, même pas le moindre bruit, le vide régnait tragiquement dans sa chambre. Alors, Zelda repensa une nouvelle fois à son entretien et à ses lourdes interrogations sur son procès. Il n'y avait pas encore de date précise ni même de lieu pour que celui-ci arrive, mais l'angoisse l'emmêlait déjà son estomac. Ce n'est pas tant préparé son témoignage, puisqu'elle sait pertinemment ce qu'elle va dire, ni même recueillir les souvenirs des autres victimes qui l'angoissait, mais seulement l'idée de le revoir en face d'elle qui la tétanisait de peur. Et quand bien même, Zelda savait qu'elle ne sera pas seule à surmonter cette épreuve ni qu'il ne pourra jamais s'approcher d'elle, rien n'y faisait, la crainte de le revoir, d'entendre le son de sa voix l'effrayait. Plus elle y pense et plus son souffle se saccader de plus en plus. La Vietnamienne se leva, s'asseyant sur le bord de son lit afin de reprendre son souffle quand soudain un bruit sourd la réveilla de ses pensées. Son regard se jeta directement sur son téléphone qui affichait un message de Gabriel, lui demandant de venir le rejoindre en dehors de l'hôtel. Ne comprenant pas trop où il voulait en venir, Zelda ne s'est pas laissé le temps avant de se convaincre de sortir le rejoindre, après tout, elle n'avait pas grand à faire.

C'est une fois dehors, que le trentenaire vit son agent, toujours aussi bien vêtu même à une heure pareille en plein Tokyo alors qu'elle préféra un simple jean, d'un t-shirt caché par la légère veste à capuche et c'est en le voyant qu'un grand sourire se dessina sur ses lèvres. «  Tu veux me parler ? » Débuta-t-elle la conversation avant qu'il répondît d'un simple "suis-moi" et naïvement, c'est ce qu'elle fit. Ils n'avaient même pas fait de longs mètres avant d'être déjà à destination et c'est en remarquant le bâtiment devant eux qu'elle dit sur le ton de l'humour ; «  Et moi qui pensais que tu m'emmenais dans un love hotel. » Ils s'échangèrent un simple regard avant de rigoler sur un même rythme. Un karaoke typique japonais était donc l'idée derrière la tête de Gabriel et en y pensant, c'est bien la première fois qu'elle fera quelque chose de ses voyages professionnels. C'est une fois à l'intérieur, entre ces quatre murs seulement pour eux que les choses sérieuses pouvaient enfin commencer. Dans ses souvenirs, Gabriel lui a toujours parlé de cette passion qu'il a pour la musique, une passion commune qui plus est, mais jamais elle n'avait eu l'occasion de l'entendre chanter en live. «  Un karaoké.. Pour une fois, tu n'as pas de mauvaises idées Gabriel et surtout au Japon ! » S'exclama-t-elle accompagné d'un sourire moqueur. Zelda laissa tomber sa veste sur le long canapé, elle attacha ses longs cheveux dorés d'une simple queue de cheval, micro à la main, elle questionna son bel agent avec celui-ci. «  Par quoi veux-tu commencer ? » Lança-t-elle, le sourire sur les lèvres avec des airs de pop star un peu trop exagéré tout en se doutant que la soirée n'était pas prête de se terminer de si tôt.

   
 
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Dernière édition par Zelda Trần le Sam 22 Juin 2019 - 10:36, édité 1 fois
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptyDim 2 Juin 2019 - 3:47


tonight we are victorious
It doesn't matter if your days are long, it doesn't matter if your night's gone wrong, just grab your hands and stomp your feet and sing it. It doesn't matter if he let you go, it doesn't matter if she hurt you so, get up and dance, just feel that beat and sing it. I don't know what you've been told, but music makes you lose control. Sing, sing, sing, sing, sing it out as hard as you can, make 'em hear from L.A. to Japan. ► Sing, Pentatonix

Debout dans un coin de la pièce, appuyé contre le mur et les yeux rivés sur l’écran de mon téléphone, je compose un courriel important en écoutant d’une oreille distraite l’entrevue que donne Zelda à la journaliste. C’est le genre de questions guimauve qui reviennent un peu partout et pour lesquelles je n’ai pas de patience du tout. Heureusement que ma jolie protégée est beaucoup plus douée que moi de ce côté-là. Elle répond gracieusement, trouvant le moyen de rajouter un renseignement intéressant par-ci, par-là pour que la journaliste ne produise pas exactement le même papier réchauffé que tous ceux qui lui ont posé les mêmes questions avant. Tout se déroulait comme prévu jusqu’à ce que la journaliste, passant du coq à l’âne, demande des précisions sur le procès de son agresseur. Je relève aussitôt la tête, observant prudemment l’interaction entre les deux femmes. Zelda est mal à l’aise, je le vois tout de suite à la façon dont elle s’est repliée sur elle-même. Elle répond tout de même du bout des lèvres, confirmant que oui, un procès s’organise lentement mais sûrement. Comme un requin attiré par l’odeur du sang, la journaliste bondit sur cette piste qui n’a encore été que très peu explorée par la presse. (Pour une bonne raison d’ailleurs : Zelda refuse systématiquement les demandes d’entrevue à ce sujet. Considérant qu’elle a même du mal à en parler, même à moi, ne révélant que de minuscules bribes d’information ici et là et généralement par inadvertance, elle ne va certainement pas aller étaler ses états d’âme dans les pages luisantes d’un magazine.) Figée devant le feu roulant de questions, elle ne répond pas mais n’ose pas non plus rembarrer la journaliste, probablement par crainte de paraître déplacée ou désagréable. Moi, je n’ai pas ces scrupules. Je me fiche bien de ce que cette petite journaliste peut penser, elle a dépassé les bornes il y au moins dix questions. Insensible au malaise évident de son invitée, elle poursuit sur sa lancée, même alors que je m’approche de la table. D’un ton qui ne laisse place à aucune réplique, je m’immisce dans la conversation : « Ça suffit pour aujourd’hui. » Sans plus me préoccuper de la journaliste, je me tourne vers ma mannequin préférée. « Viens, on retourne à l’hôtel. »

Installés l’un à côté de l’autre dans la voiture qui nous ramène, nous restons silencieux. Je ne peux m’empêcher de jeter des coups d’œil inquiets dans la direction de Zelda, essayant de deviner si je devrais m’en mêler ou non. Son air morose et renfermé me convainc de ne rien dire. Alors j’alterne entre regarder le quartier éclairé de centaines de panneaux et son profil aux traits fins jusqu’à ce que la voiture s’arrête enfin à l’hôtel. Elle se dirige aussitôt vers sa chambre et je fais la même chose, déambulant plus lentement dans le lobby de l’hôtel jusqu’à ma porte. Elle m’inquiète, je préfèrerais qu’elle ne passe pas la soirée seule dans cet état d’esprit mais je ne veux pas non plus envahir son espace en débarquant dans sa chambre. J’essaie très fort de garder une certaine distance entre nous, une barrière de sûreté professionnelle qui a beaucoup moins à voir avec son histoire à elle qu’avec mes propres sentiments troubles. J’entre dans ma chambre et me rend sans but précis à la fenêtre, qui donne sur l’avant de l’hôtel et le quartier de Shibuya tout illuminé. C’est la première fois que je mets les pieds à Tokyo et je regrette que nous n’ayons pas vraiment eu le temps de visiter. Trop pris par notre horaire, nous n’avons que très peu de temps libres. J’aurais pourtant bien aimé déambuler dans les beaux quartiers de la ville avec Zelda pour profiter un peu de la culture.

Je laisse mon regard errer de panneau en panneau quand une idée me traverse l’esprit. La dame au comptoir m’avait vanté dans un anglais approximatif le salon de karaoké de son frère, qui a pignon sur rue pas très loin de notre hôtel. Le regard brillant d’excitation, je me redresse et sort mon téléphone de la poche de mon veston. Ignorant les messages et les emails non lus, je ressors de la chambre, m’arrêtant seulement de taper sur le clavier le temps de verrouiller la porte, puis reprends ma composition. Viens me rejoindre à l’avant de l’hôtel. Je m’arrête brièvement au comptoir pour redemander les directions à la dame, qui me les donne avec bonheur, puis je sors dans l’air frais de la ville. Zelda n’est pas loin derrière moi. Quelques minutes plus tard, elle sort, vêtue toute simplement. Je détonne dans mon habit bien pressé, mais je n’ai même pas pensé à me changer. Elle me demande timidement si je veux lui parler et je hoche la tête. Avec un sourire en coin, je dis simplement : « Suis-moi ». Nous avançons d’un bon pas – c’est plus fort que moi, je ne suis pas le genre de personne à me balader nonchalamment – dans la rue et en quelques minutes à peine, nous avons rejoint l’adresse que m’a donnée la dame. « Et moi qui pensais que tu m’emmenais dans un love hotel. » Je laisse échapper un petit rire amusé avant de répondre du tac au tac : « Si c’est ce qui te tente, ma belle, ça peut s’arranger. » Ignorant soigneusement l’intérêt marqué que je ressens à cette idée, j’ouvre la porte du salon de karaoké et fais signe à la mannequin d’entrer la première tandis qu’elle s’exclame d’un ton faussement étonné que j’ai eu une bonne idée pour une fois. Je ne relève pas, même si j’ai très envie de rétorquer que je suis incapable d’avoir autre chose que de bonnes idées. Dans la petite salle aux murs dorés, Zelda prend ses aises et me demande par quoi j’ai envie de commencer. Je retire d’abord mon veston et roule les manches de ma chemise pour être plus confortable, moi aussi, et m’approche de la tablette sur laquelle on peut sélectionner les chansons. Je parcours rapidement le répertoire du regard, indécis devant les centaines de possibilités qui s’offrent à nous. « Ça ne serait pas du karaoké sans au moins une chanson pop niaise, n’est-ce pas? » Je fais défiler l’écran et nomme des titres au hasard, me disant que la jeune femme m’arrêtera certainement lorsque l’un d’entre eux lui plaira. « My Heart Will Go On? Call Me Maybe? Like a Virgin? I Want It That Way? »


Dernière édition par Gabriel López le Mar 4 Juin 2019 - 5:01, édité 1 fois
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptyDim 2 Juin 2019 - 22:09


tonight we are victorious
La musique, une grande passion pour Zelda. Depuis, dès son plus jeune âge, son paternel a toujours voulu lui transmettre son admiration pour la musique de tous genres. Passant par des chants traditionnels vietnamiens par des chansons plus contemporaine. De là, est venu le chant et cette forte adulation pour cet art, tellement que la trentenaire a toujours mis sur un piédestal ce simple sur ce qui deviendra plus qu'un simple hobby pour Zelda. Toutes les personnes qui ont entendu sa voix diront de celle-ci qu'elle est belle, mélodieuse, la poussant presque à faire carrière là-dedans plutôt que dans des photos. Mais voilà, c'est plus facile de faire de son travail ce qu'on connaît déjà la pratique et comment ça marche plutôt que de se lancer directement dans une voie inconnue. Zelda sera éternellement défaitiste, trouillarde pour les nouvelles choses et le manque de confiance en soi n'aide en rien. Alors, le chant ce n'est plus que pour elle, pour son chien, pour des âmes égarées dans un bar miteux et pour Gabriel ce soir. La néo-zélandaise sait à peu près jouer du piano grâce à son père, du moins, se souvient encore des morceaux dont elle a appris petite sans jamais pouvoir les refaire chez elle. Ce ne sont que des partitions pour enfant, mais ça lui suffit pour elle, si ça peut encore la faire sentir près de ses parents, c'est ce qui lui importe le plus. Pour son précieux agent, lui, Zelda connaît trop bien sa voix de part son album sous anonymat dont il a partagé l'existence avec son mannequin. Une voix bien plus qu'en or, oui, pour elle Gabriel a un grand potentiel là-dedans et a continuellement rêvé de ce moment où elle l'entendra en direct, à ses côtés. La trentenaire ne lui a pas encore demandé sur leur venue soudaine dans ce karaoké, car la réponse, elle la sait déjà. Son précieux agent s'inquiète pour elle, peut-être un peu trop, mais jamais cette affection lui a gêné surtout quand le sentiment est partagé. En y pensant, un sourire timide se dresse sur ses lèvres rosées avant de disparaître aussi vite qu'il est apparu quand Gabriel se tourne vers elle, télécommande à la main, lui faisant part de son idée de chansons. Elle lui répond d'un simple hochement de tête et il pouvait commencer à défiler la liste. Zelda pouvait sentir son cœur battre à vive allure et priait pour que ça cesse avant qu'il ne remarque quelque chose.

Il défile plusieurs chansons, dit les titres à voix haute et en les voyant de ses propres yeux, Zelda se souvient d'innombrables souvenirs parmi eux. Elle a un air étonné pour quelques musiques, se rappelant qu'aujourd'hui de leur existence, la renvoyant des années en arrière. Puis un en particulier lui fait de l’œil ; « I Want It That Way ! » Sous cette soudaine exclamation, Gabriel se retourne une nouvelle fois vers elle comme pour en être sûr de ce qu'elle venait de dire. « Tu ne veux pas faire honneur à ton pays natal avec l'un de ses boysband ? » Dit-elle en se moquant avant qu'il n'enclenche la musique. Sur l'écran de télévision, ils aperçoivent le clip vidéo datant de 1999, de quoi mettre un beau coup de vieux pour les deux trentenaires. « Mon dieu et dire que j'avais un crush sur eux plus jeune, son regard s'arrête sur celui de son agent, ne te moque pas ! » Puis la mélodie commence lentement, renvoyant Zelda dans ce qu'elle pourrait appeler la meilleure époque pour sa petite vie. Pas besoin de lire le texte, connaissant par cœur la chanson, Zelda préféra jouer sur son piètre jeu d'acteur en essayant d'imiter les jeunes chanteurs sur l'écran. Les karaokés japonais étaient bien plus pratique que les occidentaux. Ils chantèrent en même temps, sur un même rythme, s'échangèrent plusieurs regards complices jusqu'à, presque, la rendre quelque peu gênée. Mais Zelda essaya de ranger ce sentiment d'un côté, préférant se laisser emporter dans le moment présent, inventant un nouveau souvenir qu'elle n'oubliera sûrement jamais. Ils dansèrent, du moins, ils essayèrent, faisant tourner l'autre sous le bras de celui-ci, les rapprochant un peu plus. La chanson ne durait pas plus de cinq minutes, mais ce moment, lui, avait l'air de ne jamais vouloir s'arrêter. Zelda pouvait enfin entendre la voix de son précieux agent que par son téléphone et celle-ci était bien plus magnifique qu'elle ne le savait déjà. Les karaokés japonais étaient bien plus pratique que les occidentaux. Plutôt que de devoir chanter devant un public dont on ne connaît personne, être enfermé dans une salle avec ses amis, en l’occurrence ici avec une personne spéciale, rendait la soirée encore plus magique avec aucune timidité de devoir se livrer à des inconnus.

L'air de la musique devenant un peu plus lente, informant bientôt la fin de la chanson, Zelda ne quitte plus du regard son Gabriel, se dirigeant un peu plus vers lui qui se trouve être extrêmement sexy sous ses lumières aveuglantes. « Cause I want it thay way.. » Chanta-t-elle les dernières paroles avant que l'écran n'affiche une nouvelle fois une liste de chansons, mais les yeux de l'asiatique ne quittèrent guère ceux de son bel agent devant elle. Pourtant, la réalité la rattrape et c'est avec un sourire gêné qu'elle mit fin à cette étrange atmosphère. « Je crois qu'on a fait bien plus qu'honneur aux Backstreet Boys. C'était génial ! » Une soudaine chaleur envahissante prit le dessus, l'obligeant à aérer la pièce avant qu'ils ne meurent tous les deux de chaud. C'est vrai, ici au Japon, ils sont bientôt en été tandis que chez eux, c'est bientôt l'hiver. Deux climats totalement différents dont Zelda en oublie presque que ce n'est jamais pareil qu'en Australie. « Tu peux choisir ce qu'on va chanter pendant que je commande de quoi nous hydrater avant qu'on crève. » Elle se dirige vers l'appareil téléphonique contre l'un des murs et tenta de se faire comprendre à travers celui-ci pour leur commande. Zelda demande à Gabriel ce qu'il voudrait et c'est une fois l'information partagé à travers le téléphone qu'elle mit fin à l'appel, patientant ainsi qu'un ou une serveuse apportant leurs boissons fraîches. La trentenaire prit place sur le sofa, aux côtés de son agent, encore un peu suffocante de ses mouvements exagérés en dansant, la respiration qui essayait de reprendre un rythme normal avant de lui dire, les yeux toujours sur l'écran ; « Merci. » Elle fit volte-face vers Gabriel, un grand sourire sur les lèvres. « Tu n'étais pas obligé de faire ça pour moi, mais tu l'as fait et je suis heureuse et je passe l'une de mes meilleures soirées grâce à toi. » Gabriel n'eut pas le temps de répondre quand ils entendirent quelqu'un toquer contre la porte. La serveuse japonaise leur posa délicatement leurs verres sur une petite table avant de repartir aussitôt. « Alors, ses lèvres tempèrent dans son thé glacé, qu'est-ce que tu nous as choisi comme chanson ? »

   
 
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Dernière édition par Zelda Trần le Sam 22 Juin 2019 - 10:36, édité 1 fois
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptyMar 18 Juin 2019 - 4:07


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À ma grande surprise, c’est le succès des Backstreet Boys qui retient l’attention de Zelda. Amusé, je me tourne vers elle comme pour confirmer que j’ai bien entendu. L’œil moqueur, elle me demande si j’ai envie de faire honneur à l’un des boys band de mon pays natal. Je hausse les épaules : j’habite en Australie depuis tellement longtemps que j’en suis venu à considérer ce pays comme le mien. J’en oublie même parfois que je ne suis pas né sous le soleil de la Gold Coast. J’appuie sur le bouton de la télécommande pour sélectionner la chanson. J’observe, fasciné, la vidéo qui apparaît sur l’écran et, surtout, le look complètement dépassé des cinq chanteurs. J’ai comme un coup de vieux en me rappelant que c’est à ça qu’on rêvait tous de ressembler dans les années 90. Zelda doit se faire les mêmes réflexions que moi car elle soupire, légèrement embarrassée, qu’elle avait un crush sur eux à l’époque. Je laisse échapper un petit rire amusé et m’empresse de la rassurer : « T’en fais pas, moi aussi. » Honnêtement, je crois que c’était le monde entier qui était sous leur charme. Tandis que le bruit des moteurs d’avion s’éclipse et laisse place aux premières notes, je me mets à chanter. D’abord, Zelda et moi n’y allons pas tout à fait à l’unisson, mais au bout de quelques mesures, nous trouvons notre rythme et je m’abandonne au plaisir de chanter avec elle. Même si je savais qu’elle a une très jolie voix – je l’ai souvent surprise à chantonner – c’est la première fois qu’elle chante aussi franchement devant moi et je suis sous le charme de sa voix cristalline. Pour éviter de me laisser distraire, je reproduis plus ou moins adroitement la chorégraphie des chanteurs, avec forcément quelques secondes de retard à chaque changement de mouvements. Je me laisse entraîner par la musique, ne remarque même pas la tension étrange qui vibre dans la pièce lorsque nos regards s’accrochent et ne se lâchent plus. Je ne m’en rends compte qu’une fois que les dernières notes de la chanson ont retenti et que le silence est retombé dans la pièce. Heureusement, Zelda vient briser l’atmosphère d’un commentaire léger. Je hoche la tête pour renchérir et confirmer que, oui, nous avons fait honneur aux Backstreet Boys. Nos mouvements de danse étaient peut-être un peu maladroits, mais nous avons certainement égalé leurs prouesses vocales.

« Tu peux choisir ce qu'on va chanter pendant que je commande de quoi nous hydrater avant qu'on crève. » Je prends soudainement conscience de la chaleur qui règne dans la petite pièce. Je regrette d’ailleurs de ne pas avoir pris la peine d’échanger au moins ma chemise pour un t-shirt. Pas particulièrement difficile – surtout que je n’ai pas vraiment envie d’essayer de décoder le menu – je décide de prendre la même chose à boire que Zelda et la laisse se débrouiller avec la commande pendant que je replonge dans la tablette. J’ai une très bonne idée de ce que je veux chanter et je fouille dans le catalogue en espérant trouver la chanson en question. Je pousse un sifflement de victoire juste au moment où Zelda se laisse tomber sur le canapé à côté de moi. Je relève les yeux vers elle lorsqu’elle me remercie avec un grand sourire. Le regard hanté qu’elle avait en sortant de l’entrevue a complètement disparu et je suis terriblement heureux que mon petit stratagème ait fonctionné. Dans le fond, je voulais surtout lui donner l’occasion de passer du bon temps et d’oublier ses sombres pensées et ça semble avoir réussi.

On cogne à la porte et la serveuse entre, transportant sur un petit plateau deux verres recouverts de condensation. Elle est à peine ressortie que Zelda se tourne vers moi et me demande, l’air mutin, quelle chanson j’ai choisie. Avant de révéler mon choix, je prends mon verre et avale deux ou trois gorgés de thé pour me désaltérer. Je lui souris. « Ça me fait plaisir de t’avoir amenée ici, tu sais. Je suis là pour toi, quoiqu’il arrive, tu le sais. » Je n’ai jamais été aussi sincère de ma vie et je souris un peu plus grand en repensant aux débuts difficiles de notre relation. Je crois bien que ni elle ni moi n’aurions imaginé à ce moment-là que nous nous retrouverions ensemble dans une salle de karaoké… ou ailleurs qu’au bureau en général. « Quant à la chanson… j’ai choisi un classique, l’une de mes chansons préférées. » Une pièce qui me fait vibrer depuis toujours et que j’ai même incluse sur mon EP anonyme pour le simple plaisir de l’interpréter au piano et à la voix. Ici, il n’y a évidemment pas de piano, mais j’ai bien l’intention de m’éclater à la chanter quand même. « Je pense que tu vas la reconnaître. » Je repose mon verre sur la petite table avant d’appuyer sur la tablette pour lancer la musique. Cette fois, j’ai choisi une version instrumentale, bien décidé à laisser toute la place à nos voix. Je me lève et me place au milieu de la petite pièce. Debout, immobile et la tête penchée vers le sol, je me lance dès que les premières notes de piano retentissent : « Is this the real life, is this just fantasy? Caught in a landslide, no escape from reality, open your eyes, look up to the skies and see… » Je relève la tête, croise le regard de Zelda et poursuis : « I’m just a poor boy, I need no sympathy because I'm easy come, easy go, a little high, little low. Any way the wind blows, doesn't really matter to me, to me… » Je connais les paroles par cœur, je n’ai donc pas besoin de regarder l’écran, ce qui me permet de me plonger complètement dans la chanson. Je me prends au jeu et multiplie les mimiques pour faire vivre l’histoire. Ce n’est que lorsque je pousse enfin la dernière note et que je me tais, en nage et à bout de souffle, que je me rends compte que Zelda n’a pas vraiment participé et m’a plutôt regardé me donner en spectacle, un petit sourire au coin des lèvres. Je me rassois à côté d’elle sur le divan et avale d’une traite le reste de mon thé glacé. En renversant la tête sur le dossier du canapé, je déboutonne sans trop réfléchir les deux prochains boutons de ma chemise pour essayer de me rafraîchir, dévoilant une clavicule saillante. Je tourne la tête vers ma top-modèle préférée. « C’est à ton tour de choisir, » que je lui dis avec un grand sourire.
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptySam 22 Juin 2019 - 1:33


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Ce qu'elle était bien ici, dans cette pièce, dans ce karaoké japonais. Et tout ça grâce à une seule personne. Zelda n'aurait jamais imaginé avoir une telle complicité pour Gabriel, pourtant les voici aujourd'hui à chanter ensemble pour tout oublier. Elle a toujours eu une certaine attirance envers son agent, un petit je-ne-sais-quoi qui lui fait perdre tous sens lorsqu'il pose les yeux sur elle. Zelda n'a jamais su mettre un mot sur cette étrange attraction, mais n'y a jamais réellement chercher à comprendre non plus. Se disant simplement que c'est l'effet de son incroyable charme qui envoûte plus d'un.e dans l'agence. Mais voilà, elle sent bien avec lui, protégée et heureuse, elle sait qu'elle peut rester elle-même en toutes circonstances. L'ancienne Zelda lui aurait dit. L'ancienne Tran lui aurait avoué de son attirance sans aucune pudeur, mais la peur lui barre toutes routes possibles. Cette même crainte de se voir rejeter. Alors, elle regarde, lui dévoilant son idée de chanson avant de reprendre son micro à la main tout en se demandant, au fond d'elle, si ce n'est pas mieux de garder ce petit secret pour elle et elle seule. Il ne lui en fallut pas plus d'une seconde avant de reconnaître la dite chanson dont Gabriel chantait avec fierté les paroles. Intriguée de voir comment son agent allait rendre hommage à Freddie, Zelda ne le rejoignit guère sur celle-ci. Les yeux fixés sur lui, impossible de les décoller, elle le contemplait avec ce sourire sur les lèvres qui ne voulaient point disparaître. Puis ils échangèrent un regard complice lorsqu'il fit volte-face et ce sourire devint plus grand. Secrètement, elle l'accompagnait sans y émettre un seul bruit, car c'est pratiquement impossible de ne pas chanter sur cette musique. Sans y émettre un bruit, jouant au play-back sur la voix extraordinaire de son agent. Les derniers mots de Gabriel firent écho dans sa boîte crânienne pendant qu'il se donnait en spectacle pour sa protégée. Celles qui affirment qu'il sera toujours là pour elle. Ce n'est pas que Zelda ne le croyait pas, à vrai dire, Gabriel est la seule personne digne de confiance à ses yeux, mais le même cauchemar de le perdre du jour au lendemain se répète en boucle dans son imagination. Il faut dire qu'après avoir connu plusieurs trahisons dans sa vie, Zelda avait de quoi se rendre presque paranoïaque. Cependant, la trentenaire essaie tant bien que mal de se réconforter en vivant le moment présent.

Les dernières notes résonnent dans la pièce, annonçant ainsi la fin de son tour. Zelda lui sourit avant de l'applaudir comme pour le donner encore plus en spectacle qui ne l'a déjà fait. La trentenaire en a presque fini bouche-bée devant cette grandiose performance. Cette chanson est loin d'être la plus facile à chanter et pourtant, Gabriel avait réussi sans aucune difficulté cet exploit. À croire que pour lui, c'en est presque un jeu d'enfant. « C'était génial ! J'ai même cru durant un instant que Freddie avait ressuscité » Lui dit-elle sous une ironie et un léger rire. Ses lèvres trempèrent une nouvelle fois dans son breuvage glacé, détournant ainsi son regard de celui de Gabriel pendant quelques faibles secondes à peine avant de le retrouver chemise à peine déboutonnée, mais assez pour y entrevoir un début de torse. Elle avala très vite son thé comme si l'heure était à tout prix d'éteindre le feu qui se produisait en elle actuellement. Ce n'est pas la première fois que Gabriel a ce don de la rendre quelque peu folle et ce ne sera pas non plus la dernière fois à vrai dire. Néanmoins, Zelda était d'humeur joueuse ce soir. « Je ne te savais pas si pudique avec moi, fais tomber la chemise, je ne vais pas m'en plaindre.. » (ah, j'ai peut-être trop dit.) « Je vais seulement rendre jaloux un tas de personnes dans l'agence quand j'aurais pris des photos. » Avait-elle fini en jouant sur la popularité de Gabriel dans toute l'agence avant de revenir sur l'écran de télévision, défilant plusieurs chansons sous ses yeux. Zelda n'avait pas pensé à une musique en particulier, trop occupée à regarder son petit concert personnel de Queens, mais c'est un titre qui la fit arrêter d'appuyer sur le bouton de la télécommande. « Bah ça alors... Ils ont cette chanson. » La trentenaire en est presque tombée des nues en voyant cette musique sur cet écran, elle qui avait presque oublié son existence tellement cela fait longtemps qu'elle ne l'a plus entendu. « J'avais l'habitude de la chanter avec mon père, c'est une très belle mélodie. Bon ! À ses premiers mots, son doigt fit une pression sur l'un des boutons pour mettre en route le karaoké. A moi de jouer "la chanteuse". »

Une ballade vietnamienne, une chanson plus triste, mélancolique que la précédente, mais qui renferme d'énormes souvenirs pour Zelda. Pas besoin d'expliquer les paroles à son agent puisqu'une traduction pouvait se lire sur l'écran et nullement besoin pour elle de lire les paroles, elle les connaît encore par cœur. Elle reste assise, le dos droit et, continuellement, cette manie de fermer les yeux lorsqu'elle chante une ballade. Une façon de se plonger pleinement dans la mélodie, l'air et les paroles. Une manière de s'enfuir de la réalité pour quelques minutes. C'est une chanson d'amour et étrangement les paroles l'emmenèrent chez elle, autour de ses parents qu'elle aimerait les revoir. Oui, elle est encore rancunière qu'ils n'ont pas su être là pour elle après son rendez-vous chez le gynécologue. Oui, ils n'ont jamais eu les mots justes pour son idée de carrière. Oui, ils sont des parents avec une vision encore différente de la sienne. Mais ils restent ses parents. Zelda aimerait tant les revoir, mais elle sait éperdument que cela se passera mal, comme à chaque fois. Cette fois-ci, Gabriel ne pouvait guère la suivre dans les paroles, et ce n'était pas faute d'essayer. Une mine nostalgique se dessine sur ses traits de son visage dont elle essaya vite de la faire disparaître. Durant les indénombrable la la la, ses paupières s'ouvrirent pour jeter un regard vers Gabriel. « Alors, Freddie, qu'est-ce tu en penses du Viêtnam ? » Dit-elle à la fin de la chanson, toujours à travers le micro sur un ton d'humour. Il fallait dire que l'atmosphère venait de changer rapidement de bord entre leurs deux musiques et Zelda se sentait étrangement mal à l'aise. « Nous aussi quand on veut, on peut être très romantique. J'suis sûre que tu viens de tomber amoureux de moi en m'entendant chanter. » Elle battait des cils de façon si dramatique qu'elle se fit rire elle-même en s’imaginant sa tête. « Tu sais quoi ? Que serait un karaoké sans un classique Disney ?  »
  
 
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptySam 29 Juin 2019 - 1:54


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It doesn't matter if your days are long, it doesn't matter if your night's gone wrong, just grab your hands and stomp your feet and sing it. It doesn't matter if he let you go, it doesn't matter if she hurt you so, get up and dance, just feel that beat and sing it. I don't know what you've been told, but music makes you lose control. Sing, sing, sing, sing, sing it out as hard as you can, make 'em hear from L.A. to Japan. ► Sing, Pentatonix

Zelda a applaudi ma performance avec enthousiasme. Je sais bien qu’elle rigolait quand elle a dit qu’elle m’a pris pour Freddie ressuscité pendant un moment, mais ça me fait quand même trop plaisir. Ce mec, c’est l’une de mes idoles. Il avait un talent incroyable et une prestance sur scène enviable, et si j’ai vraiment rappelé à Zelda le grand Mercury ne serait-ce qu’une fraction de seconde, c’est le plus beau compliment qu’elle pouvait me faire. Elle me regard d’un drôle d’air et je me demande pourquoi jusqu’à ce qu’un grand sourire espiègle s’étire sur ses lèvres rosées. « Je ne te savais pas si pudique avec moi, fais tomber la chemise, je ne vais pas m'en plaindre… Je vais seulement rendre jaloux un tas de personnes dans l'agence quand j'aurais pris des photos. » J’éclate de rire, franchement amusé. D’abord, j’ai sérieusement envie de me prêter au jeu et de déboutonner un ou deux boutons de plus, puis je me ravise. Je ne veux pas pousser la provocation trop loin. Je me connais trop bien pour ignorer à quel point ce peut être un jeu dangereux. Je risque de ne pas savoir m’arrêter. Alors je me contente de lui jeter un regard moqueur. « J’espère au moins que tu vendras les photos, histoire de te faire un peu d’argent de poche. »

Tout en buvant mon thé glacé, je regarde Zelda qui fait défiler les titres un peu au hasard, jusqu’à ce que l’un d’entre eux attire son attention. Je jette un coup d’œil à l’écran, mais ça ne me dit rien, ce qui n’a rien d’étonnant vu le titre en vietnamien. Quelque chose dans l’expression de ma protégée m’interpelle. Ce n’est pas exactement de la tristesse, plutôt comme une nostalgie profonde. Je devine que cette chanson a une signification particulière pour elle, ce qu’elle me confirme en me soufflant qu’elle avait l’habitude de la chanter avec son père. Cependant le moment passe et elle reprend rapidement son air enjoué pour s’annoncer chanteuse. Les premières notes retentissent dans la pièce et, presque automatiquement, les paupières de Zelda se ferment. Je trouve ça terriblement mignon, cette petite manie qu’elle a de se plonger dans le noir pour mieux ressentir la musique. Au début, j’essaie de suivre la traduction des paroles en même temps que je la regarde chanter, mais j’abandonne rapidement l’écran une fois que j’ai compris l’idée générale de la chanson, préférant me concentrer pleinement sur Zelda. Sans même m’en rendre compte, je me penche vers elle, fasciné et comme attiré par l’énergie qu’elle dégage. On dirait qu’elle vibre au rythme de la musique. Je n’essaie même pas de chanter, trop absorbé par le spectacle. Je me redresse brusquement lorsqu’elle ouvre les yeux et croise mon regard, avec l’impression bizarre d’avoir été pris en faute. « Alors, Freddie, qu'est-ce tu en penses du Viêtnam? Nous aussi quand on veut, on peut être très romantique. J'suis sûre que tu viens de tomber amoureux de moi en m'entendant chanter. » Heureusement que je n’étais pas en train de boire, je me serais sûrement étouffé. Elle rigole, je le sais, mais vu l’atmosphère étrange qui régnait dans la pièce à la fin de la chanson, j’ai l’impression que c’est un peu trop vrai. Pour camoufler mon malaise, je me lance dans l’humour à mon tour. Je me laisse glisser du canapé et m’agenouille devant elle, une main sur le cœur et l’autre tendue devant moi dans sa direction. « Voilà, je ne peux pas cacher la vérité plus longtemps. Zelda, me ferais-tu l’honneur… » Je marque une pause volontairement dramatique avant de terminer dans un grand éclat de rire. « …de me laisser choisir la prochaine chanson? » Tandis que son rire cristallin se joint au mien, je me relève et me réinstalle à ma place.

Elle propose un classique Disney et j’opine : « Bonne idée! » Je sais tout de suite laquelle serait parfaite pour nous. Il ne me faut d’ailleurs pas très longtemps pour trouver le titre que je cherche sur la tablette. J’appuie sur l’écran et lance le clip. Pendant qu’Aladdin invite Jasmine à grimper sur le tapis magique, je me prépare à chanter les première notes. « I can show you the world, shining, shimmering, splendid… » Les yeux plongés dans ceux de Zelda, je me prête au jeu, m’abandonnant aux paroles. Je me dis bien que j’aurais pu choisir quelque chose d’un peu moins mignon, mais au fond, l’occasion était trop belle de nous lancer dans ce duo. Et puis, ma partenaire n’a pas l’air de s’en plaindre, elle se laisse happer par la musique elle aussi. Nos voix s’harmonisent étonnamment bien. Même si je savais qu’elle était douée, je ne m’attendais pas à ce que nous soyons aussi complémentaires. Une fois la chanson terminée, je me propose pour recommander d’autres breuvages, car la chaleur ne fait qu’augmenter dans la petite pièce après chaque nouvelle interprétation endiablée. J’ai moins de mal que je l’aurais cru à me faire comprendre par la dame à l’autre bout du fil et, notre commande passée, je reprends place. « Tu sais que tu as vraiment une jolie voix? Tu as déjà pensé à enregistrer un CD? » Comme elle me regarde d’un air étonné, je hausse les épaules. « Tu ferais un carton je crois. Si ça te dit de tenter l’expérience, je suis en train de planifier un autre album. On pourrait remanier quelques-unes des chansons pour les transformer en duo. » Comme j’utilise un pseudonyme sur mes albums, peu de gens savent qui je suis, ce qui veut dire que son identité à elle aussi serait protégée. Ça serait un excellent moyen de tester si c’est quelque chose qui peut l’intéresser sans trop s’exposer.
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptyMer 3 Juil 2019 - 0:11


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C'était comme si Zelda avait quitté la pièce pour se réfugier dans son petit monde dans sa tête. Ce même monde dont elle a bâtit de son imagination pour s'enfuir lorsque les idées noires intervenaient. Le temps a passé, Zelda a mûri, préférant faire face à ses peurs plutôt que de s'y cacher sous une couette, mais ce petit instant qu'elle a eut dans son monde à elle lui a fait du bien. Retrouver cette chaleur de bien-être, de ne plus être seule. Puis elle ouvre les yeux, un peu désorientés par ce qu'il venait de se passer, ne comprenant pas tout de suite où elle se trouve pour ensuite poser son regard dans celui de Gabriel. Dans ses yeux, elle y retrouve cette même chaleur qu'elle a continuellement recherché et sous un sourire elle ne se douta pas une seule seconde que le visage de Gabriel n'a jamais été aussi proche du sien. La trentenaire la taquine dans ses propos, ne pensant pas à une seule seconde de ce qu'elle venait de lui dire. Pourtant Gabriel se prête beaucoup trop au jeu et au fil des années Zelda devrait bien en avoir l'habitude, mais voilà lorsqu'il s'agenouille devant une main sur le cœur et l'autre vers elle, ce sont ses yeux bridés qui viennent petit à petit s'écarquiller de stupeur avant de comprendre son petit jeu. Elle rit aux éclats et il en fallut pas longtemps pour que son agent la rejoigne avant de s'asseoir de nouveau à ses côtés. Son idée de chanter du Disney plut à Gabriel et c'est aux premières notes de musique que Zelda reconnut directement, sans y jeter un œil sur l'écran, beaucoup trop concentrée à finir son thé glacé, laquelle l'hispanique venait de mettre.  

«I can show you the world, shining, shimmering, splendid… » Elle accompagna en play-back ses premières paroles presque aussi mythiques que du Queen tout en observant Gabriel prendre goût à la chanson. C'est bien la première fois que Zelda le voit chantonner une musique de chez Disney, pensant toujours que cela n'a jamais été sa tasse de thé et pourtant le voilà ignoré les paroles qui défilent devant lui. Cette mélodie la néo-zélandaise la connaît beaucoup trop bien. Sa passion pour les films Disney elle le cache trop facilement pour que personnes ne se doutent de rien, mais combien de fois a-t-elle visionné Aladdin chez elle seule avec son chien ? Elle a arrêté de compter depuis longtemps maintenant. À vrai dire, lorsque Gabriel accepta sans contester son idée, Zelda n'imaginait en aucun cas y entendre celle-ci, songeant bêtement à une musique moins... romantique ? Mais elle en était loin d'être déçue. La douce et aussi puissante voix de Gabriel collait parfaitement avec la musique. La trentenaire en est presque convaincue qu'il pouvait chanter toutes les chansons du monde, aucune n'en serait ratée. « A whole new world.. A dazzling place I never knew... » Sa voix prit aussitôt sa place dans cet étonnant duo, jouant au jeu de la princesse Jasmine et ne quittant plus jamais le regard de son compagnon. Les instruments s'accélèrent, la mélodie changeait au fil des paroles et leurs voix s'harmonisaient parfaitement comme s'ils avaient toujours chanté cette chanson ensemble. Leur complicité leur sautait aux yeux et c'est grâce à elle qu'ils arrivaient si facilement à devenir complémentaires sur cette musique. En un rien de temps, Zelda eut cette bizarre sensation de ne plus savoir pourquoi ils sont venus ici. Comme si le cauchemar de l'interview lui avait passé outre et elle ne cherchait pas plus loin ; c'était grâce à Gabriel. Ils finissent la chanson ensemble, comme le veut le film et la trentenaire essayait de reprendre le peu de souffle qui lui restait. D'un simple hochement de tête, Zelda répondit à son agent qui, cette fois-ci, s'est proposé pour passer la commande. Une petite pause s'imposa. Ils ne savaient pas s'ils allaient finir vivant de ce karaoké ou la chaleur écrasante du Japon n'allait faire qu'une bouchée d'eux. « Tu sais que tu as vraiment une jolie voix ? Tu as déjà pensé à enregistrer un CD ? » Zelda se retourne vers lui, l'air un peu hébété par ce qu'il lui dit, mais il continue dans sa lancée en lui proposant de faire partir de son prochain album. Elle ne savait pas si Gabriel était sérieux ou non, mais l'idée lui paraît beaucoup trop bonne pour ne pas accepter. « Toi aussi, tu as une jolie voix Gab et avec plaisir pour t'accompagner dans ton prochain album ! » Les yeux de Gabriel scintillèrent à sa réponse, une bonne preuve qu'elle venait de faire le bon choix.

On toqua de nouveau à la porte et la même serveuse s'y cacha derrière apportant une deuxième fois leurs breuvages de secours. Cette fois-ci Zelda opta pour une bière japonaise, de quoi rester éveiller encore un peu plus. Elle y trempa ses lèvres sans y attendre une seule seconde avant de s'exalter sur la fraîcheur du nectar alcoolisé. Sa souple veste en jean glissa de ses bras avant de finir sur le canapé, exposant ainsi un simple débardeur et une musculature saillante. Zelda jeta un œil vers son agent qui, le regard un peu trop perdu vers le mur en face de lui, commença à peine à boire dans ce qu'il choisit comme breuvage. Tandis qu'une main entoura son verre, l'autre s'éternisa contre le sofa, la paume vers le plafond. Alors, pensant qu'il manquait quelque chose, voilà que la main de Zelda se perdit dans celle de Gabriel. Il la regarde pendant que les yeux de la trentenaire regardaient leurs doigts s'entremêler peu à peu comme si la place de sa main a toujours été dans la sienne. Zelda ne comprenait pas trop pourquoi elle l'avait fait, mais ce qu'elle savait pertinemment est qu'elle s'y sentait bien. Puis ses yeux se perdirent dans ceux de Gabriel et d'un sourire aussi doux que du miel elle ramena sur la table un sujet dont les deux aimeraient oublier ; « Je veux que tu sois là... Le jour de mon procès. » Bien évidemment, c'en était devenu une évidence qu'il soit là, mais la première fois qu'elle lui demande de vive voix. « Ce que tu entendras ne sera pas joyeux, tu me verras sûrement terrifier, morte de trouille, chialer comme une madeleine. Elle lâcha un rire comme pour cacher son embarras. Tu voudras sûrement lui casser la gueule lorsque tu le verras et crois-moi, j'aimerais que tu en fasses de même... » Puis elle parle et plus elle serra sa main contre celle de Gabriel. Un automatisme dont elle n'avait pas le dessus, seulement la peur prit le dessus. « Mais je veux que tu sois là. Je sais que ce n'est pas le moment d'en parler, surtout après avoir chanté comme des fous, mais je me devais te le demander tôt ou tard. » Alors elle regarde leurs mains formaient une étreinte intime et se demande si c'était la première fois qu'ils se tenaient la main. « Si tu veux que je te lâche, la main, demande-moi, ce sera aussi vite fait. » Mais le voulait-elle après vraiment ?

  
 
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptyMar 9 Juil 2019 - 5:06


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It doesn't matter if your days are long, it doesn't matter if your night's gone wrong, just grab your hands and stomp your feet and sing it. It doesn't matter if he let you go, it doesn't matter if she hurt you so, get up and dance, just feel that beat and sing it. I don't know what you've been told, but music makes you lose control. Sing, sing, sing, sing, sing it out as hard as you can, make 'em hear from L.A. to Japan. ► Sing, Pentatonix

L’idée de participer à l’enregistrement de mon prochain CD semble bien lui plaire à en juger par le grand sourire qui orne ses lèvres rosées. Elle accepte d’ailleurs mon offre plutôt rapidement et avec un enthousiasme non feint qui me réjouit. Lorsqu’un léger coup retentit à la porte de notre salle pour indiquer l’arrivée de la serveuse, je suis déjà plongé dans mes pensées. Je repasse mentalement la liste des chansons que j’ai présélectionnées, éliminant certaines d’entre elles d’office pour les remplacer par des pièces qui se prêteraient mieux au mélange de nos voix. J’en oublie même mon verre de thé glacé (pour limiter la confusion et me simplifier la vie, j’ai repris la même boisson), qui penche légèrement et menace de renverser son contenu sur le côté. Une main délicate se pose sur la mienne et m’arrache à mes réflexions. Je tourne la tête vers Zelda. Elle ne me regarde pas, son attention est fixée sur nos doigts qui s’entremêlent, et moi j’en profite pour l’observer. Libérée de sa veste de jeans qui camouflait son cou gracile et ses épaules fines, elle ressemble encore plus à une poupée de porcelaine. Au bout d’un moment, elle me sourit, l’air un peu triste. « Je veux que tu sois là... Le jour de mon procès. » La demande me surprend. J’espérais très fort qu’elle allait me demander de l’accompagner. Je n’osais même pas imaginer devoir rester au bureau à me ronger les sangs en me demandant comment se déroulaient les choses au palais de justice. Je pense que ça m’aurait tué. Cependant, je n’osais pas lui imposer ma présence. On a beau s’être grandement rapprochés depuis toutes ces années que nous travaillons ensemble, je suis tout à fait conscient que ce qui lui est arrivé dans son ancienne agence est encore un sujet difficile pour elle. Sachant qu’elle arrive difficilement à l’évoquer pour m’en parler, je n’étais pas certain qu’elle voudrait que je sois dans la salle quand elle dévoilerait les détails sordides que la défense exigera certainement pour essayer de la prendre en faute et de disculper leur salopard de client. « Ce que tu entendras ne sera pas joyeux, tu me verras sûrement terrifier, morte de trouille, chialer comme une madeleine. Tu voudras sûrement lui casser la gueule lorsque tu le verras et crois-moi, j'aimerais que tu en fasses de même... » Elle a raison. Juste de penser à ce qu’elle a vécu, je sens mon sang se mettre à bouillir dans mes veines. Je ne comprendrai jamais qu’une personne puisse commettre un geste aussi abject envers une autre personne.

Sa main comprime la mienne et j’ai subitement envie de la soulever et de poser un baiser réconfortant sur sa paume pour l’apaiser, ce qui me perturbe un peu. Je mets cette étrange impulsion sur le compte de l’atmosphère particulière que nos duos ont instaurée dans la pièce, tout en sachant pertinemment au fond de moi-même que c’est plus que ça. Mais comme ce n’est vraiment pas le moment d’analyser mes sentiments ambivalents, je me concentre sur le présent. Comme si elle lisait dans mes pensées, Zelda m’offre une porte de sortie : « Si tu veux que je te lâche, la main, demande-moi, ce sera aussi vite fait. » Je resserre instinctivement mes doigts autour de sa main menue. Je n’ai pas envie qu’elle me lâche, non. C’est un peu intime, un peu étrange, mais loin d’être désagréable. En fait, c’est même étrangement confortable considérant que j’ai l’impression qu’on franchit une nouvelle frontière de notre relation. « Non, ça ne me dérange pas du tout que tu me tiennes la main, » que je confirme avec un petit sourire en coin. Et puis, je reprends mon sérieux. « Je vais être là, quoi qu’il arrive. Tu as été assez forte pour vivre tout ça, je dois au moins être capable de l’entendre pour toi. » J’ai l’intention de m’occuper de tout : de nos déplacements, des journalistes et des paparazzis qui voudront poster tout un tas de questions indiscrètes, mais aussi de l’après-procès, qui aura intérêt à être reposant et relaxant, qu’elle gagne ou qu’elle perde. Même si j’espère vraiment qu’elle gagnera, je sais très bien que ce genre de cas est difficile à prouver en cours et que la justice n’est pas toujours du côté des victimes. Ça me révolte de penser qu’elle pourrait monter dans le box et raconter tout ce qui lui est arrivé pour rien. À quoi bon se forcer à revivre un tel traumatisme si c’est pour que tout reste du pareil au même au final? « Je ne veux pas que tu te préoccupes de quoi que ce soit sauf de ton témoignage. Si tu as besoin de quelque chose, tu me le dis et c’est fait. Je vais être ton génie jusqu’à ce que tout ça soit terminé, sauf que toi tu as droit à autant de vœux que tu le désires, » que je termine avec un clin d’œil. Je n’ai pas non plus l’intention de me recouvrir de peinture bleue, j’espère qu’elle me pardonnera ce léger manque de motivation. « Je suis tellement fier de toi. » Incapable de m’en empêcher plus longtemps, j’obéis finalement à l’impulsion qui me tenaille depuis toute à l’heure. Je soulève sa main et la porte à mes lèvres pour y poser un baiser chaste et affectueux.
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptyJeu 11 Juil 2019 - 18:49


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La sensation de sa main contre la sienne est encore nouvelle pour elle. La première fois qu'ils franchissent un pas dans leur intimité sans pour autant aller de l'avant. Tout se chamboule dans sa tête, tout ça est encore un peu flou à vrai dire. Zelda a encore du mal à se faire à l'idée d'avoir pris cette initiative sans vraiment y ressentir un regret ou un embarras. Ses ont simplement pris les devants, recherchant un contact charnel pour se réconforter elle seule dans ses peurs. La blonde remarque une certaine pression que sa poigne empeigna contre celle de Gabriel, la relaxant un peu plus, elle se demanda bien ce qu'il lui a pris de serrer autant cette main. Zelda essaie de se raccrocher à lui comme pour survivre à ses pires démons. Un appel à l'aide encore sourd, jeté à une vaste mer sans détour possible. La trentenaire lui fait part de ses craintes, de ce qui a le don de la terrifier avec une aisance déconcertante. Gabriel lui a appris à s'ouvrir un peu plus sur ses sentiments, à lui faire confiance petit à petit sans jamais lui forcer la main une seule fois. La Zelda d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celle du passé et elle-même le sait trop bien. À se regarder tous les jours dans le miroir, à contempler les changements d'humeur avec un simple sourire sur les lèvres dès le matin. Gabriel l'écoute attentivement, sans y émettre un bruit pour ne pas l'interrompre, les yeux fixés sur les siens à ne pas en perdre le fil. La gêne l'emporte facilement et Zelda lui offre un moyen d'échapper à son emprise, pensant bêtement qu'il n'aimait pas ça, or, c'est sur une légère pression sur sa main que Zelda comprit l'inverse de sa pensée. Elle sourit bêtement, se mordant doucement la lèvre inférieure pour y cacher son embarras. Puis c'est à son agent de prendre la parole. La réconfortant sur ses dires, trouvant les mots justes pour ne pas la brusquer jusqu'à lui révéler qu'il serait son génie personnel. Zelda gloussa à sa blague, l'imaginant avec un teint bleuâtre, mais n'en déplaisait point le fait qu'il soit à sa merci (en quelque sorte). Il voulait bien faire et elle comprit très vite. Néanmoins, Zelda se voit mal de lui demander n'importe quels souhaits, elle qui a toujours la frayeur qu'il la trouve lourde. Cependant, elle le prit sur un air espiègle et sous son sourire malicieux elle répliqua directement ; « Autant de vœux que je le désire ? Attention à ce que tu dis López, tu pourrais très vite le regretter. »

Ses lèvres vinrent se poser délicatement sur le dos de sa main. Un geste prude et charnel. La sensation de ses lèvres fut douce, la même sensation d'une plume tellement Gabriel était doux. Son cœur chavire, bat la chamade, ses yeux s'étaient un peu plus ouvert devant la stupeur sans pour autant dire quelque chose, le laissant faire. La première fois qu'elle sentit ses lèvres pulpeuses. Il reprit la parole, lui dit qu'il est fier d'elle et sous un regard ému, Zelda lui dessine un sourire attendri. « Smooth. » Dit-elle encore une fois dans un jeu de provocation. Ses yeux s'attardent sur la fenêtre où ils pouvaient entendre le bruit sourd de la vie nocturne japonaise. « Allons dehors ! Je suis sûre que Tokyo doit être magnifique de nuit. » Et elle avait raison. Une fois dehors les lumières illuminaient la ville entière, des musiques à chaque coin de rue et des passants s'amusaient entre eux. L'agent et son mannequin marchèrent côte à côte, laissant tomber leurs mains pour que Zelda glisse un bras contre l'un de l'Américain. Ils découvraient une toute nouvelle ville, échappant aux habituelles ruelles de Brisbane, sans vraiment s'éloigner de leur hôtel. La chaleur est toujours aussi lourde, mais une légère brise vient s'écraser contre les cheveux d'or de l’Asiatique. Ses yeux ne s'arrêtèrent jamais sur quelque chose de précis, toujours aussi curieuse de ce qu'elle voyait jusqu'à ce qu'une certaine affiche lui fasse de l’œil. Celle d'une Japonaise aux cheveux atypiques d'un rose clair aux traits bien plus occidentaux qu'asiatique. Zelda s'approche petit à petit de l'affiche, entraînant ainsi son agent avec elle et une idée lui traverse alors l'esprit. « Génie, je souhaite que tu me teignes les cheveux en rose si je gagne le procès. » L'idée semblait folle, surprenante, mais Zelda a toujours voulu avoir des cheveux d'une autre couleur autre que naturelle. Et puis ce n'était pas dit qu'elle garde cette couleur à vie. « Si tu te rates le blond se rattrape très vite ! » Continua-t-elle comme pour le rassurer d'une défaite anticipée. Ils continuèrent leur petite balade nocturne sans savoir l'heure qu'il était avant de rentrer dans un petit parc rural. « On a manqué l'éclosion des fleurs de cerisier. À ce qu'il paraît, c'est un spectacle à ne pas rater. » L'Asiatique regarde les arbres perdant petit à petit leurs fleurs, leur lueur et leur beauté éclatante durant le printemps japonais. « Los Angeles te manque ? » La question a pris Gabriel au dépourvu. Remarquant sa réaction Zelda continua. « Je dis ça parce que moi la Nouvelle-Zélande me manque énormément. Wellington, la plage, les vagues, la nature, tout. Le Viêtnam aussi par moment me manque. C'est un pays tout différent, beaucoup plus pauvre, mais... c'est mon deuxième pays quoi. Je me sens toujours chez moi là-bas. Enfin, tu comprends ? Je pense que je finirai mes vieux jours là-bas. » Elle prit une pause, se remémorant ce qu'elle venait de dire en voulant ajouter une dernière chose ; « Je ne dis pas que je n'aime pas Brisbane, loin de moi cette idée, sinon je n'en serais pas là aujourd'hui avec toi au Japon. »


  
 
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptyMer 24 Juil 2019 - 2:54


tonight we are victorious
It doesn't matter if your days are long, it doesn't matter if your night's gone wrong, just grab your hands and stomp your feet and sing it. It doesn't matter if he let you go, it doesn't matter if she hurt you so, get up and dance, just feel that beat and sing it. I don't know what you've been told, but music makes you lose control. Sing, sing, sing, sing, sing it out as hard as you can, make 'em hear from L.A. to Japan. ► Sing, Pentatonix

« Autant de vœux que je le désire? Attention à ce que tu dis López, tu pourrais très vite le regretter. » Je hausse un sourcil. C’est moi ou ça ressemble à de la provocation, comme si elle me lançait un défi? « Ça ne me fait pas peur. » Mes lèvres se posent sur sa main et je relève la tête. Les secondes semblent s’éterniser comme si le temps était figé tandis que nous nous observons, les yeux dans les yeux, et, juste au moment, où je commence à me demander ce que peut bien signifier ce courant qui semble passer étrangement bien entre nous, Zelda sourit et brise la solennité du moment. « Smooth, » laisse-t-elle échapper, le regard amusé. Je souris à mon tour et hausse à demi les épaules. Elle n’a pas tort, c’est vrai que je sais jouer de mon charme et que ça m’amuse énormément de le faire. Le monde est un terrain de jeu, il suffit juste de se laisser emporter. Elle propose de sortir et je me laisse entraîner vers la sortie, mon veston pendu à un bras et Zelda à l’autre. Nous déboulons dans la rue illuminée par les centaines de panneaux multicolores. Il fait aussi chaud dehors qu’à l’intérieur, mais au moins l’air circule et la brise me paraît incroyablement agréable. Je laisse Zelda choisir la direction que nous prenons et, tandis que nous déambulons sans but précis dans le quartier, j’observe avec curiosité les publicités colorées et la foule bigarrée. Nous croisons des touristes qui se promènent avec le même air émerveillé sur le visage que nous et des habitants de la ville qui se pressent d’un pas nerveux entre les visiteurs qui flânent. Une affiche pique en particulier l’attention de Zelda et elle me tire jusqu’à cette dernière. « Génie, je souhaite que tu me teignes les cheveux en rose si je gagne le procès. » Zelda a toujours aimé jouer avec la couleur de sa chevelure, mais elle ne s’est jamais aventurée dans les couleurs inhabituelles. Je ne peux m’empêcher de voir dans cette soudaine envie une façon de s’ouvrir au renouveau si elle gagne son procès. « En rose? » Elle opine de la tête, puis s’immobilise et précise : « Si tu te rates, le blond se rattrape très vite! » Elle ne parle pas vraiment d’une couleur ratée, et nous le savons tous les deux. Elle évoque la possibilité que tous ses efforts échouent et que, malgré toute sa préparation et sa bonne volonté, l’ordure qui a profité d’elle s’en tire sans conséquences. Alors je hoche la tête et, même si je n’ai aucun moyen de connaître l’avenir, je lui réponds, avec toute la confiance du monde : « Tu les auras, tes cheveux roses. »

Au hasard de notre promenade, nous quittons la rue principale où se pressent les touristes pour rejoindre une autre rue, plus étroite et plus tranquille, qui se termine sur un petit parc désert. Zelda me parle de la floraison des cerisiers, que nous avons manquée, et moi j’observe en silence les arbres qui longent l’allée. Ils sont encore jolis même s’ils ont visiblement perdu de leur splendeur. « On reviendra l’année prochaine, si tu veux. » Et peut-être que ce pourraient être de vraies vacances, cette fois. Même si je voyage beaucoup, c’est généralement pour le travail. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai pris de vraies vacances. Je ne peux m’empêcher de travailler au moins un peu, même quand j’essaie de décrocher. J’ai toujours été un véritable workaholic et ça ne s’améliore pas avec les années. « Los Angeles te manque? » La question me prend au dépourvu et la surprise doit se lire sur mon visage car Zelda précise sa réflexion. Je vois bien qu’elle est profondément sincère, il y a une lumière particulière qui s’allume dans ses yeux foncés lorsqu’elle évoque les lieux où elle a grandi. C’est un concept qui m’est étranger. « Plus ou moins. J’ai vécu de belles années à Los Angeles, mais c’est le royaume de la superficialité, surtout dans notre domaine. Je veux dire... c’est partout pareil, mais là-bas, c’est pire. » J’ai goûté à la liberté dans cette ville parce que c’était la première fois que je me retrouvais seul, loin de l’influence étouffante de mes parents, qui étaient restés à l’autre bout du monde. Cependant, pour tous les bons souvenirs que j’ai gardé de cette époque, j’ai aussi mon lot de mauvais. Les moments moins reluisants de mon mariage avec Grace, notamment, et puis ses funérailles catastrophiques d’où j’ai été viré comme un malpropre. « Je ne sais pas si c’est parce que je suis déménagé à l’autre bout du monde quand j’étais assez jeune, mais je n’ai pas l’impression d’appartenir à un endroit en particulier. » J’ai l’impression d’être un mélange d’influences qui m’ont modelées sans pour autant s’enraciner vraiment en moi. D’origine portoricaine par ma mère, je n’ai jamais mis le pied sur l’île qui l’a vue grandir et, de cet héritage, je n’ai reçu que sa langue, qu’elle m’a apprise avec beaucoup d’amour mais que j’ai si souvent refusé de parler pour la faire enrager. Quant à mon père, un Américain pur laine du Sud des États-Unis, il n’a ramené de sa culture qu’un amour pour les chapeaux de cowboy et l’accent nasillard typique de la région qui a fini par s’adoucir au contact de l’accent australien. Je me sentais comme un étranger à mon arrivée à Brisbane et, même si j’ai fini par me faire une place, je n’ai jamais vraiment eu l’impression de devenir Australien pour autant. « Brisbane est ma maison, je m’y sens bien, mais je n’ai pas vraiment de sentiment d’appartenance à l’endroit. » C’est plutôt aux gens qui y vivent que j’ai l’impression d’appartenir, à ces gens avec qui j’ai tissé des liens importants au fil des années. Ce sont eux qui me font sentir chez moi là-bas. « Je ne sais pas où je finirai mes vieux jours, » que je conclus en me tournant vers ma protégée, « mais je viendrai sûrement te rendre visite, où que tu sois. Même au Viêtnam. » Je ne sais pas exactement quelle heure il est, mais je devine qu’il se fait tard. Et même si je n’ai vraiment pas envie de jouer les rabat-joie, je sais qu’on a une autre entrevue et un photoshoot en fin de matinée demain. « Je crois qu’on devrait probablement rentrer à l’hôtel... » que je propose avec une pointe de regret, sans pour autant me mettre en marche.
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptySam 27 Juil 2019 - 17:57


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Si elle le pouvait, elle resterait ici le plus longtemps qu’elle peut. En vérité, Zelda essaie de trouver un moyen de s’échapper de son quotidien dans le pays qui se situe plus bas que celui-ci, de fuir le plus possible la dure réalité qu’elle devra y passer. Que quoiqu’il arrive, elle n’aura pas d’autres choix que de lui faire face. Elle se demande si Gabriel a vu clair dans son jeu et au fond, même si cela était grandement possible, elle s’en fichait pas mal. La connaissant depuis une dizaine d’années maintenant, Gabriel l’a connaît s’il l’avait fait. Le fait de se trouver dans un pays étranger au sien cela lui donne le goût de liberté. Il est clair, Zelda ne se permettra pas de faire du vol à l’étalage, mais cette impression de se sentir libre, libérer de ses chaînes, ça lui change la vision de la vie. Si elle le pouvait, la trentenaire n’arrêtait guère de voyager. Explorer des pays dont elle ne connaît que le nom, ou seulement ses coutumes, découvrir de nouvelles saveurs et rencontrer de nouvelles personnes. Pourtant, aussi bizarre que cela puisse paraître, son quotidien qu’elle tente de fuir lui manquera. Du moins, une personne précise lui manquera, mais ça, il n’en saura pas. Alors, elle déambule dans les rues de Tokyo au côté de son tendre agent, à planifier une certaine coloration pour ses cheveux dont elle n’est pas certaine de garder, où à être émerveillé à la moindre chose qui leur est nouveau. Puis ils arrivent au parc, où les fleurs ne montrent plus leur couleur éclatante, mais où la tranquillité est présente. Gabriel promet à sa protégée de revenir ici pour voir les fleurs ensemble, une sorte de promesse inavouable, sans un moment dire le verbe. Mais où Zelda le garde comme tel. Ils discutent de leur vie respective antérieure, celle où ils ne connaissaient pas, celle où ils vivaient une vie totalement différente d'aujourd'hui. Il lui parle de Los Angeles sans réelle attache, à croire que la ville de son enfance ne lui manque pas comme Wellington manque à Zelda.

La blonde l'écoute attentivement dans ses dires, comprend ce qu'il veut dire tellement elle connaît son histoire sur le bout des doigts. Beaucoup présument son passé, inventent une vie qu'il n'a jamais eue avant l'agence et seulement sa protégée en sait long sur lui et son quotidien d'antan. « Je ne sais pas où je finirai mes vieux jours, mais je viendrai sûrement te rendre visite, où que tu sois. Même au Viêtnam. » Termina-t-il sur une note positive. Il est vrai que cette déclaration lui prit par surprise, mais il en fallut pas longtemps avant qu'un sourire se dessine sur les lèvres de l'Asiatique avant d'acquiescer. Ses yeux se perdent vers l'horizon que leur offre le parc avant que Gabriel ne suggère de rentrer à l'hôtel. Bien qu'elle ne veut pas l'admettre, il avait raison après tout. Demain est une journée assez chargée à peine leurs pieds posés sur le sol de Brisbane. Alors elle soupire, contemple une dernière fois le paysage de la capitale japonaise avant de s'y résoudre. « Tu as raison, mais avant prends moi en photo devant les arbres, en souvenir. Et n'oublie pas de me les envoyer ! » Il lâche un léger rire avant de sortir son téléphone et de prendre de nombreux clichés de son mannequin devant les cerisiers avant de finir sur un selfi quelque peu réussi. C'est en direction de leur hôtel qu'ils continuent de parler d'à peu près tout et rien sans réellement avoir un sujet de discussion. Tel un gentleman, Gabriel la ramène jusqu'à devant la porte de sa chambre et c'est après avoir entré la carte de sa chambre dans la poignée, sa porte entrouverte qu'elle se retourne vers lui. « Merci encore pour cette soirée. Comme je te l'ai déjà dit, tu n'étais pas obligé de le faire, mais tu l'as fait et... je trouve ça génial de ta part alors merci... Encore. » Une certaine gêne se faisait ressentir et pour enfouir l'embarras qu'elle le prit dans ses bras, enroulant ceux-ci autour de sa nuque et posant délicatement sa tête dans le creux. Ils ont l'habitude de s'enlacer, pourtant, elle y trouve toujours cette sensation étrange qui émane en elle. Se sentant directement en sécurité dans ses bras. Petit à petit, elle s'enlève de cette étreinte et son visage de porcelaine effleure le sien, entrant en contact le bout de son nez avec le sien. Elle plonge le regard dans le sien, ne disant rien, ne voulant pas briser l'ambiance étrange entre eux. Et c'est ainsi que ses lèvres se posèrent sur les siennes. C'est un baiser chaste, prude, où leurs lèvres s'effleurent comme pour ne pas les abîmer avant qu'il ne devienne plus fougueux. Mais Zelda y coupa court à l'instant où leurs mains respectives voulurent se balader un peu plus loin. « La prochaine fois, tu le feras ici » Faisant ainsi écho à sa baise-main au karaoké. Zelda lui chuchote un "bonne nuit" avant de se réfugier au plus vite dans sa chambre. Le dos contre la porte, les doigts sur sa bouche, elle peut encore goûter à la douce sensation des lèvres pulpeuses de Gabriel contre les siennes. Longtemps, elle en a rêvé les embrasser, mais un léger sentiment l'alerte que ce n'était pas le bon moment. Le voulait-elle ? Plus que tout. Pourquoi l'avait-elle fait ? Elle ne le savait pas. Sûrement, parce que l'ambiance y était, se rassurait-elle, mais elle savait pertinemment que cela allait lui hanter et que rien de bon n'allait en sortir.   
 
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Message(#)tonight we are victorious ▲ gabriel  EmptySam 3 Aoû 2019 - 5:46


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Zelda soupire. Je crois qu’elle n'a pas beaucoup plus envie que moi de retrouver notre hôtel cinq étoiles parfaitement aseptisé. Je n'ai jamais aimé les hôtels, et surtout ceux de luxe que l’agence aime tant. Ils me semblent partout pareils et très peu représentatifs de la culture et des gens qui peuplent les régions où ils poussent comme des champignons. Le contraste sera encore plus frappant ce soir après notre balade dans les rues du quartier. Ma mannequin préférée se rend toutefois à l'évidence elle aussi. Elle hoche la tête, puis tourne la tête vers moi. « Tu as raison, mais avant prends moi en photo devant les arbres, en souvenir. Et n'oublie pas de me les envoyer! » Sa demande me surprend et je rigole doucement en la voyant s'approcher des arbres pour prendre la pose. Je sors mon téléphone de la poche de mon veston et m'avance de quelques pas avant de braquer l'objectif sur elle. Je me laisse happer par le moment et je me concentre sur les photos pour m’assurer qu’elles soient parfaites. Lorsque la jeune femme en a assez de se pavaner devant les branches basses des arbres, je la rejoins et, en soulevant mon téléphone tout au bout de mon bras, je prends quelques selfies de nous, variant les airs sérieux et les expressions un peu ridicules.

Bras dessus, bras dessous, nous retraçons le chemin que nous avons parcouru, la poitrine encore secouée du fou rire causé par notre séance de selfies. Entre deux gloussements, nous échangeons sur tout et rien, laissant la conversation couler de source comme si elle sait si bien le faire entre deux êtres qui se connaissent depuis des années. Bien trop tôt à mon goût, l’affiche illuminée de notre hôtel se profile à l’horizon. Nous parcourons sans nous presser les derniers mètres qui nous séparent de la porte, puis nous traversons nonchalamment le hall jusqu’aux ascenseurs. Comme je le fais toujours, j’escorte Zelda jusqu’à sa chambre. C’est notre tradition depuis des années. Nous nous arrêtons devant la porte de sa chambre et elle pivote vers moi pour me faire face. De sa voix douce, elle me remercie pour la soirée et je la couvre d’un regard affectueux. Je suis content d’avoir réussi à chasser ses peurs et ses angoisses, même si ce n’est que pour quelques heures. Ses bras se glissent autour de mon cou et sa tête vient s’appuyer contre mon épaule. Moi, je serre son corps frêle contre le mien. C’est loin d’être notre première étreinte, mais elle me paraît plus intime que toutes les autres qui l’ont précédée, peut-être parce qu’elle dure plus longtemps ou à cause de l’énergie étrange qui a circulé entre nous toute la soirée. Quoi qu’il en soit, mon cœur se met à battre plus fort dans ma poitrine, comme s’il devinait que quelque chose d’important est sur le point de se produire.

Au bout d’un moment, Zelda finit par s’écarter. Je desserre ma prise, sans pour autant retirer complètement mes mains de sa taille. Nos visages sont tout près l’un de l’autre, si près que nos souffles se mélangent à chaque expiration. Les yeux plongés dans les siens, je n’ose plus bouger même si j’ai très envie de me pencher pour traverser la minuscule distance qui nous sépare. Elle devance mes pensées, toutefois, et ses lèvres viennent se poser sur les miennes. Au début, je perçois un peu d’hésitation dans ce contact chaste et prudent, mais il évolue rapidement en quelque chose de plus langoureux. Et, à mesure que le baiser s’approfondit, mes doigts se permettent de glisser sous le tissu fin de son t-shirt pour que mon pouce vienne effleurer la peau douce de son ventre. C’est à ce moment que Zelda a la bonne idée de mettre fin au baiser. Si nous avions continué sur notre lancée, je crois que les choses auraient bien vite dérapé. « La prochaine fois, tu le feras ici. » Sonné, j’essaie de prendre la mesure de ce qui vient de se produire, mais j’y arrive difficilement. Il me faut toute ma concentration et mon sang-froid pour hocher lentement de la tête et lui rendre son « bonne nuit » d’une voix faible. La porte de sa chambre se referme devant moi. Je tourne les talons et retourne à pas feutrés dans mes propres quartiers.

Ce n’est que lorsque j’ai retrouvé la sécurité relative de ma chambre que je me laisser aller à la panique qui s’est engouffrée dans ma poitrine. Visiblement, je ne suis pas le seul à ressentir ces sentiments troubles. Plutôt que de me réjouir, cette réalisation m’inquiète et je me demande comment j’ai fait pour ne pas m’en rendre compte avant ce soir. Depuis mon divorce et la mort de Grace, je ne me suis engagé dans aucune relation sérieuse. Je fuis comme la peste tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à de l’engagement, car je suis convaincu que ce n’est pas pour moi. Or, avec Zelda, impossible de suivre mon modus operandi habituel. Même sans qu’on en ait officiellement parlé, je sais qu’elle cherche plus qu’une relation sans lendemain. Elle rêve sûrement à l’amour avec un grand « A », à l’homme qui la rendra heureuse pour le reste de ses jours. Ce n’est pas moi. Je ne saurais que lui faire du mal. La fidélité, la loyauté, l’honnêteté… ce n’est pas moi. Je ne pourrai pas lui donner ce dont elle a besoin. Je me sens comme en chute libre, comme si j’avais sauté il y a longtemps de l’avion, mais que je venais seulement de me rendre compte que j’ai oublié le parachute. J’abandonne mon veston sur le dossier de la chaise de bureau et mes chaussures à côté avant de me laisser tomber, encore tout habillé, sur le lit. Je sais que je ne dormirai pas avant un bon moment et je me résigne à fixer le plafond pour ignorer mes pensées remplies d’inquiétude.
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