Ca le fait sourire d'entendre que Caleb avait à plusieurs reprises eu envie d'envoyer chier le chef. Sohan n'avait pas le même tempérament, il n'avait pas de problème à ce qu'on lui dise ce qu'il devait faire en revanche, quand il était plus jeune il aurait eu énormément de mal avec le ton sur lequel on lui aurait demandé de faire les choses. Il aurait très certainement pris les choses bien trop à coeur, bien trop personnellement et aurait probablement eu envie d'aller s'enfermer dans les toilettes pour pleurer, mais jamais il n'aurait osé répondre et l'idée ne lui aurait même pas traversé l'esprit. Il imagine que Caleb avait déjà une idée précise de ce qu'il voulait faire ou à minima, qu'il avait un rêve à réaliser dans le domaine de la cuisine et que d'un côté, il savait que cette étape était un passage obligé s'il voulait aller plus loin, ce qui permettait d'avancer. Tout du moins, c'était le raisonnement qu'avait Sohan quant à la situation. "J'ai énormément de mal à imaginer qu'à une époque t'avais pas confiance en toi en cuisine quand je te vois maintenant et puis surtout, quand je goûte tes plats !" Ca semblait impossible, il oubliait parfois que Caleb avait comme tout le monde commencé de zéro. Qu'il y avait une époque où il ne connaissait pas toutes les petites astuces permettant de remplacer un ingrédient par un autre ou encore permettant de sublimer tel ou tel plat. Quand il voyait Caleb cuisinait, il ne voyait que le chef, le professionnel qui était à la tête de son propre restaurant qu'il gérait d'une main de maître. A le regarder, la cuisine semblait facile et à la portée de tout le monde, on ne voyait pas tout le travail qu'il y avait derrière afin d'arriver à ce niveau-là. Comme pour tous les métiers finalement, mais ce n'était pas tout le monde qui reconnaissait ses faiblesses et qui reconnaissait qu'à une époque il n'avait pas confiance en eux. "C'est la passion pour le métier doit faire la différence non ? J'imagine que quelqu'un qui se retrouve là, plus ou moins par défaut, à moins d'avoir un moral d'acier aurait énormément de mal à tenir non ? Et dans ce cas-là, comme tu dis autant vite changer de métier." Lui répond-il. C'était peut-être réducteur, certains n'avaient pas forcément le loisir de choisir ce qu'ils voulaient faire de leur vie et avaient donc à se lancer dans la première branche leur ouvrant une porte. Cependant, ces gens-là ne se retrouve en général pas en école de cuisine, à faire des stages dans des grands restaurants et deviennent plutôt cuisinier dans des petits établissements où ils apprennent tout sur le tas. Par ailleurs c'était probablement ce qui faisait qu'il y avait des bons chefs et des mauvais.
"Ce serait avec plaisir, même si j'avoue que j'aurai peur de te décevoir ou de te servir des gâteaux qui ne seraient rien de plus que correct, mais laisse-moi le temps de perfectionner un peu les recettes et je te ferai un petit assortiment pour te faire découvrir." Lui répond-il en souriant. Sohan était fier de sa culture, fier de la gastronomie marocaine et maghrébine en général, il était un peu moins fan des traditions et des moeurs ancestrales, mais ça, c'était une autre histoire, une discussion pour un autre jour. Pour ce qui était de préparer des pâtisseries à Caleb, il aurait honte de servir quelque chose qui ne soit pas parfait et il faudrait qu'il réussisse à reproduire les recettes de sa mère à l'identique avant d'oser lui présenter quoi que ce soit. S'il fait gouter à Caleb, ça ne peut pas être seulement bon, il faut que ce soit remarquable et que ça le fasse voyager sans quitter Brisbane. "Ca m'étonne pas que t'aies jamais goûté, autant ici, ça court pas les rues et j'imagine que c'est pas le genre de pâtisseries qu'on apprend à préparer quand on se forme. C'est un peu trop gras pour ça j'crois." Ajoute t-il. Après tout, les pâtisseries orientales n'étaient pas connues pour être diététiques avec leurs quantités généreuses (parfois un peu trop) de miel, sucre et pâte de dattes. C'était donc bien moins raffiné que toutes les pâtisseries et desserts typiquement français que Caleb avait pour habitude de servir dans son restaurant. Sohan était persuadé que les pâtisseries orientales, aussi bonnes soient elles avaient pour seul et unique but de vous caler à la fin du repas ou à l'heure du thé et de faire grimper votre glycémie en flèche. A croire que c'était la recette du succès et qu'il n'en fallait pas plus. Comme il n'en fallait pas plus non plus pour passer du coq à l'âne ou tout du moins, de la cuisine à la technologie. "Ahhh tu vois que tu pars pas de zéro donc ! J'ai bon espoir ! Je pense pas faire de toi un hacker professionnel, mais t'es suffisamment intelligent pour réussir à maitriser de très bonnes bases." Il était du genre optimiste Sohan, surtout quand il s'agissait d'informatique et il avait tendance à penser que c'était à la portée de tout le monde à condition d'y mettre une pincée de bonne volonté. "Tu me donnes combien de temps pour atteindre cet objectif ? Que je sache si je dois te faire des cours intensifs ou pas." demande t-il en plaisantant. Il n'y avait pas grand intérêt pour Caleb de devenir un professionnel de l'informatique, Sohan serait pleinement satisfait ne serait-ce que de lui apprendre à gérer son site sans tout faire planter. Sohan propose ensuite de commencer à cuisiner. C'est bien beau de discuter, mais le plat ne va malheureusement pas se faire tout seul. Sohan dépose son verre vide dans le lavabo avant de se laver les mains. "Deux questions du coup, tu veux qu'on commence par quoi et tu veux que je fasse quoi ? J'suis ton commis aujourd'hui." Annonce t-il, préférant laisser Caleb prendre les rênes de l'opération.
Comme tout le monde, j’ai débuté moi aussi dans la cuisine. Et encore une fois, comme tout le monde il y avait des moments où je doutais, où j’en avais marre, où j’avais envie de tout arrêter parce que je ne me sentais pas à la hauteur. Et surtout, que ce soit quand j’étais en stage ou bien au début de ma carrière professionnelle, j’avais beaucoup de mal à être sous l’autorité du chef. Je suis ce genre de personne qui aime pouvoir tout diriger et tout contrôler. Je sais que ce n’est pas forcément la meilleure de mes qualités. "J'ai énormément de mal à imaginer qu'à une époque t'avais pas confiance en toi en cuisine quand je te vois maintenant et puis surtout, quand je goûte tes plats !" La confiance en soi ça se gagne avec le temps et avec l’expérience. Et au plus on reçoit des compliments du chef et des clients au plus vite elle arrive. « Si t’avais goûté à mes plats à ce moment-là, tu dirais pas la même chose crois-moi. » Je lui dis, en riant. Pas que c’était catastrophique, non pas du tout. Mais quelque fois je me plantais complètement comme tout le monde. Il suffit de demander à Prim et au reste de ma famille ; des plats loupés ils en ont mangé croyez-moi. Et le pire c’est que je refaisais le même plat plusieurs fois d’affiliées jusqu’à ce qu’il soit parfait. Moi, perfectionniste ? Non pas du tout… Bon bien sûr que si je le suis. Et pas qu’un peu d’ailleurs. Mais ça je le considère comme une qualité. Au moins je rends toujours quelque chose de parfait, et les assiettes qui sortent de ma cuisine pour atterrir doivent être parfaites. Par contre, je n’ai pas la prétention de dire qu’elles le sont toutes parce que c’est loin d’être le cas. Aujourd’hui encore j’ai des doutes. C’est pas parce que j’ai réussi à ouvrir mon propre restaurant que je suis immunisé contre tout ça. Ce serait bien pourtant. "C'est la passion pour le métier doit faire la différence non ? J'imagine que quelqu'un qui se retrouve là, plus ou moins par défaut, à moins d'avoir un moral d'acier aurait énormément de mal à tenir non ? Et dans ce cas-là, comme tu dis autant vite changer de métier." J’acquiesce d’un signe de tête. Il a tout compris. Et la passion pour le métier, on le voit tout de suite si les petits jeunes qui arrivent l’ont ou pas. Mais arriver en cuisine par défaut c’est pas le meilleur des choix. Parce que c’est un métier assez difficile en soit et surtout, avec des horaires horribles. Alors rien que pour accepter ça, son métier il faut l’aimer. Et c’est mon cas. « C’est ça ouais. Mais quelqu’un qui est là par défaut ça se voit tout de suite de toute façon. »
Je finis par dire à mon ami que je ne connaissais pas vraiment les pâtisseries marocaines. Tout ce que je sais c’est qu’elles ont bonne réputation, mais je n’en ai jamais mangé. Et à l’école tout ce qu’on nous apprend c’était les grandes lignes de la pâtisserie. "Ce serait avec plaisir, même si j'avoue que j'aurai peur de te décevoir ou de te servir des gâteaux qui ne seraient rien de plus que correct, mais laisse-moi le temps de perfectionner un peu les recettes et je te ferai un petit assortiment pour te faire découvrir." J’acquiesce d’un signe de tête. Je peux être patient quand on me parle de nourriture. Oui parce que j’aime autant les pâtisseries que la cuisine. Je suis simplement moins calé en pâtisserie. Je préfère largement les manger pour le coup. "Ca m'étonne pas que t'aies jamais goûté, autant ici, ça court pas les rues et j'imagine que c'est pas le genre de pâtisseries qu'on apprend à préparer quand on se forme. C'est un peu trop gras pour ça j'crois." Sa dernière phrase me faire sourire. Oh c’est pas parce que c’est gras que ce n’est pas bon. « C’est réputé pour être gras en tout cas. Mais aussi super bon. Alors j’ai hâte que tu me fasses découvrir ça. » Tout ce que je sais des pâtisseries orientales c’est qu’elles sont généralement assez bien garnies en miel et en sucre. J’aime le miel. J’aime le sucre. Alors ça ne peut qu’être bon, non ? Je suis sûr qu’il va me faire découvrir quelque chose de super bon. Et la conversation dévie sur mes talents sur les réseaux sociaux. Enfin talent…c’est un bien grand mot. Je pense qu’on peut plus facilement dire mon manque de talent sur les réseaux sociaux. "Ahhh tu vois que tu pars pas de zéro donc ! J'ai bon espoir ! Je pense pas faire de toi un hacker professionnel, mais t'es suffisamment intelligent pour réussir à maitriser de très bonnes bases. Tu me donnes combien de temps pour atteindre cet objectif ? Que je sache si je dois te faire des cours intensifs ou pas." De toute façon je n’ai pas vraiment comme ambition de devenir un hacker professionnel. « Euh je sais pas... deux mois ? » En vrai, je ne sais absolument pas si en deux mois c’est faisable. De toute façon même s’il arrive à m’apprendre à gérer des petites choses sur le site je suis sûr qu’à chaque fois qu’il y a quelques informations à changer je l’appellerais toujours. Parce que j’aurais bien trop peur de tout planter en faisant une fausse manip. Et ça ne renverrait pas forcément une super image du restaurant. Normalement si je suis chez Sohan c’est bel et bien pour cuisiner alors que depuis tout à l’heure on fait tout sauf cuisiner. "Deux questions du coup, tu veux qu'on commence par quoi et tu veux que je fasse quoi ? J'suis ton commis aujourd'hui." Je ne le considère pas franchement comme mon commis mais la comparaison me fait sourire. « On va commencer par laver et éplucher tous les légumes. » Je lui annonce, et nous nous y mettons, enfin. Comme toujours la confection de cette recette tout droit sortie de son imagination se fait dans la bonne humeur, on rit, on passe un bon moment et je lui donne quelques petites astuces de cuisine de temps en temps. J’ai déjà hâte de goûter ce mélange d’un bœuf bourguignon avec un tajine. Et je sais que je lui ai déjà dit, mais son idée est vraiment très bonne. Il a beaucoup de potentiel Sohan, si un jour il voudrait changer de métier, je le prendrais en stage dans ma cuisine avec plaisir. Et une fois le plat terminait, le verdict tomba ; c’était délicieux. Encore une nouvelle réussite.
FIN DU RP
nightgaunt
(#70) Cooking is an art form, a creative thing - Sohan