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Message(#)(norammy) sky full of stars EmptyLun 27 Mai - 19:02


norah & tommy
sky full of stars

'Cause you're a sky, 'cause you're a sky full of stars, I'm gonna give you my heart 'Cause you're a sky, 'cause you're a sky full of stars, 'Cause you light up the path. I don't care, go on and tear me apart, I don't care if you 'Cause in a sky, 'cause in a sky full of stars I think I saw you. ☆☆☆



Bien que Tommy n’ait assurément pas attendu cette sortie scolaire pour le savoir, il en avait une nouvelle fois la certitude : il n’aurait jamais pu être instituteur. Pas uniquement parce qu’il n’avait pas le niveau – l’intelligence, vous dirait-il en démontrant à nouveau sa capacité à se rabaisser à la moindre occasion – suffisant pour avoir un jour envisagé de faire des études dans ce sens, mais également parce qu’il se sentait passablement épuisé après seulement deux heures à courir après des garnements prompts à chahuter et s’éloigner du groupe à la moindre occasion. La patience dont il disposait naturellement à l’égard de sa propre fille – qui avait assurément son petit caractère, elle aussi – ne faisait pas les mêmes miracles avec Moïra qu’avec le reste de ses camarades de classe, et bien qu’il se console en se rappelant des étoiles dans les yeux de sa blondinette lorsqu’il avait accepté de se porter volontaire pour accompagner la classe au Sir Thomas Planetarium de Mount Coo-Tha, c’est l’air un peu las qu’il avait répété pour ce qui lui semblait être la centième fois de la matinée « Mike, Adam, on ne grimpe pas sur les barrières. » le tout en y allant d’un soupir et d’un regard résigné en direction de Norah. Une chance pour lui, le second parent s’étant porté volontaire pour encadrer la sortie scolaire s’était révélé être l’une des rares avec qui il avait déjà eu l’occasion d’échanger, principalement du fait de l’amitié semblant s’être développée entre leurs filles respectives. Il soupçonnait d’ailleurs vaguement que toutes les deux aient préparé leur coup et décidé d’un commun accord de convaincre père et mère de se porter volontaire en tant qu’accompagnateurs, mais avait pris le parti de jouer les étonnés à ce sujet, malgré tout. La sortie au planétarium était un classique auquel tous les petits écoliers de Brisbane avaient eu droit au moins une fois – si ce n’est plus – avant leur passage dans le secondaire, et si Tommy devait bien admettre avoir fait partie des Mike et Adam en herbe, plus intéressés par le fait de jouer les acrobates sur les barrières que par celui de suivre attentivement la visite du parcours éducatif en complétant studieusement la feuille de texte à trous distribuée par l’institutrice à leur arrivée, de se retrouver désormais dans la peau du père qui accompagnait la génération suivante dans cette sortie scolaire lui donnait un petit goût de nostalgie. Et lui faisait prendre conscience du temps qui passait, bien plus vite qu’il ne le souhaiterait, et à un rythme qui semblait s’accélérer à mesure que Moïra grandissait.

Alors que l’institutrice ouvrait la marche en tête de classe en compagnie du guide réservé pour l’occasion, Norah et Tommy, eux, fermaient le cortège en veillant à ce qu’aucun retardataire ne soit perdu en route. Studieuses, leurs filles respectives semblaient se fasciner pour les explications du guide et trottinaient sagement leur feuille et leur crayon à la main, momentanément très loin de se soucier d’avoir papa-maman dans les parages. Bien que la visite soit adaptée pour un public d’enfants le brun se surprenait quant à lui à écouter à certains moments avec un brin d’attention les explications données, pourtant pas spécialement passionné par l’astronomie et tout ce qui s’y rapportait, mais néanmoins curieux. « Mike, Adam … » Faisant aussitôt l’air de rien, les deux garnements avaient retiré leur pied du rebord sur lequel ils s’apprêtaient à nouveau à monter, gloussant avant de faire mine d’écouter à nouveau le guide et dissuadant Tommy d’aller au bout de sa phrase. « J’en viens presque à regretter d’avoir été un gamin turbulent, maintenant que c’est mon tour de les dissuader de jouer les équilibristes. » qu’il avait néanmoins commenté d’un air songeur, les mains glissant à nouveau dans les poches de son jean et son regard allant chercher celui de Norah. « Tu étais déjà venue visiter ? » Soudainement d’humeur à faire un brin de conversation, le brun tentait de s’en tenir au mieux à l’accord qu’ils avaient passés lorsqu’ils s’étaient assis l’un à côté de l’autre dans le bus le matin même : se tutoyer une bonne fois pour toutes. Si elle était comme lui native de Brisbane la réponse serait sans doute évidente, mais le Warren n’en ayant en réalité aucune idée, la question méritait d’être posée.
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Message(#)(norammy) sky full of stars EmptyMar 28 Mai - 22:16

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"Allez, Maman, s'il te plaît, viens avec nous !" répétait Julie sans cesse depuis qu'elle avait présenté à sa mère la feuille sur laquelle était annoncée l'organisation de la sortie à venir. Une belle opportunité pour les enfants de son âge, s'était dit Norah. "En plus, j'ai vu sur ton planning, tu travailles pas le jour-là !" avait-elle ajouté d'un air particulièrement fier, laissant comprendre qu'elle ne comptait pas se laisser avoir avec l'excuse du travail. Pour être honnête, l'infirmière aurait volontiers passé à sa journée à faire autre chose qu'à garder une bande de gamins certainement moins disciplinés que sa propre fille. Mais celle-ci continuait d'insister jusqu'à ce que sa mère ne cède. Elle n'avait pas caché sa surprise en constatant que l'autre parent qui accompagnait était quelqu'un qu'elle connassait. Enfin, connaître était un grand mot. C'était surtout Moïra et Julie qui étaient particulièrement proches. Le jour où elles avaient pu se mettre l'une à côté de l'autre en classe, la fille de Norah en fut particulièrement enthousiaste. La jeune femme avait surtout croisé Tommy à la sortie de l'école. Devant le portail, typiquement là où tout autre parent attendait que leur progéniture ne sorte rapidement avant de les raccompagner jusqu'à la maison. Ils pouvaient remercier leur fille respective pour les avoir approché, et leur permettre de connaître au moins un autre parent d'élève. Tommy s'évertuait à remettre en place ce que Norah supposait être les principaux éléments perturbateurs de la classe. Les rappels à l'ordre étaient toujours les mêmes mais cela ne les empêchait pas de recommencer, encore et encore, histoire de tester les limites de l'autorité. Elle sourit en guise de soutien à Tommy, qui lui lâchait un souffle, lassé de devoir continuellement répéter les mêmes choses. Norah restait à ses côtés, et malgré ses airs distraits, elle gardait un oeil sur l'ensemble de la classe sans trop faire attention à ce que leur institutrice leur racontait. "Quelle autorité." lui souffla-t-elle d'un air amusé lorsqu'il n'avait plus à prononcer entièrement la phrase entière pour reprendre les deux trouble-fêtes. Le brun reconnaissait qu'il était de la même trempe que les enfants qu'il s'épuisait à recadrer continuellement. "Et on soupirait tout autant que tu ne le fais en les reprenant à chaque fois ?" lui demanda-t-elle, avec un sourire amusé. "Mes frères étaient de la même trempe cela dit. Moi... J'étais plus comme Julie, quand j'avais son âge." Quoique sa fille était encore plus calme qu'elle. Norah, elle, avait forgé son caractère en ayant trois frères aînés.  Mais en grandissant, ils venaient de plus en plus demander conseil à leur jeune soeur, comme si elle était source de sagesse. Elle était surtout très à l'écoute et de bon conseil. Depuis le décès de Frank, ils voulaient rendre la pareille, mais ressentaient toujours le besoin de partager leur tracas. Ils savaient que Norah n'auraient pas voulu qu'ils perdent cette habitude là sous prétexte que sa vie avait totalement basculé ce soir d'Halloween 2016. Ce n'était pas parce qu'elle ne prenait pas soin d'elle qu'elle ne voulait plus prendre soin des autres. "J'y suis déjà venu, oui. Mais ça doit remonter à... quand j'étais encore étudiante, je crois." Autant dire que ça faisait une éternité qu'elle n'y avait plus mis les pieds, et qu'elle n'en avait pas ressenti le besoin. "Et je doute que ce soit pour cette raison-là que Julie a insisté pour que je vienne. Je sais pas ce qui a pu lui passer par la tête pour que ce soit si important que je vienne, elle ne voulait pas lâcher l'affaire." racontait-elle en mettant les mains dans les poches de sa veste. Elle fit un léger sourire à Tommy. "Les garçons sont peut-être turbulents ou casse-cous, mais les filles sont incroyablement têtues." Et dans les deux cas, ce n'était pas tous les jours facile à gérer. Mais Norah ne pouvait pas blâmer sa fille, car elle n'était pas franchement mieux quand elle avait son âge. L'institutrice fit stopper la marche pour se lancer dans de plus amples explications, désireuse que tout le monde soit bien à l'écoute. Tommy et elle restaient encore un peu en retrait. Norah n'écoutait que d'une oreille distraire, vérifiant rapidement son téléphone portable qui était dans son sac à main, afin de s'assurer que tout allait bien pour Aidan. Elle avait demandé à son frère de passer du temps avec lui une fois qu'il sortait de l'école. Caelan se portait toujours volontaire pour ce genre de services, toujours bien heureux de passer du temps avec son neveu, ou sa nièce. Elle rangeait son téléphone à sa place initiale avant d'adresser un sourire à l'autre parent présent. "Elles s'adorent, toutes les deux." fit-elle remarquer en faisant un signe de tête en direction des filles, qui ne se détachaient décidément pas l'une de l'autre. "Julie adorerait l'inviter à faire une soirée pyjama. Je lui dirait que je vous... que je t'en parlerai. S'il y a un soir qui t'arrange plus qu'un autre, si tu as un impératif comme un autre, je peux les garder à la maison une nuit." Norah avait supposé qu'il était seul aussi. Du moins, elle n'avait jamais vu de Mme Warren chercher sa fille à l'école et elle savait combien être seul parent pouvait être compliqué à gérer au quotidien. "Elles ne sont pas trop turbulentes, ça va." dit-elle sur le ton de la plaisanterie, en reprenant le terme qu'il avait utilisé pour se décrire quand il était enfant. Ce ne serait pas la première fois que Moïra viendrait à la maison, ni la dernière, ça c'était quelque chose dont Norah était convaincue tant les deux enfants s'entendaient bien.
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Message(#)(norammy) sky full of stars EmptyVen 5 Juil - 17:00

Tommy avait beau n’avoir jamais vu les deux énergumènes à l’œuvre avant ce jour-là – bien qu’il ait déjà entendu parler d’Adam de la bouche de sa fille – nul doute quant au fait qu’il ne risquait pas d’en oublier les prénoms de sitôt après les avoir autant prononcés, et ce sur tout un tas de tons différents. « Quelle autorité. » s’en était d’ailleurs vaguement amusée Norah après l’une de ses énièmes tentatives pour obtenir des deux enfants qu’ils se tiennent tranquilles et cessent de faire les pitres. Peine perdue, mais sans que Tommy ne s’en étonne ou ne s’en désole réellement ; Il avait eu dix ans et la bougeotte, lui aussi. « Et on soupirait tout autant que tu ne le fais en les reprenant à chaque fois ? Mes frères étaient de la même trempe cela dit. Moi ... J'étais plus comme Julie, quand j'avais son âge. » S’il s’était donné la peine de le faire remarquer, le barbu aurait dû admettre qu’il n’en était pas le moins du monde étonné – Norah avait cette aura de calme qu’on devinait bien trop ancré pour n’être que le résultat d’un assagissement arrivé avec les années. « Oh, mes parents étaient beaucoup moins patients que je ne le suis avec eux, crois-moi … Ce qui ne m’empêchait pas de n’en faire qu’à ma tête avec la même volonté, malgré tout. » Et en cela les parents Warren manquaient rarement une occasion de rappeler à leur fils quel enfant turbulent et difficile il avait pu être, sa mère avec le ton pincé qu’elle réservait aux reproches qu’elle avait usé jusqu’à la corde, l’un et l’autre se félicitant que Moïra n’ait pas suivi le même chemin « et tienne probablement de sa mère à ce sujet » – une preuve parmi tant d’autres que ses parents n’avaient aucune idée de qui avait été Alice. Mais de cela ils n’étaient pas entièrement responsables, au fond. Conscient de n’avoir jamais côtoyé Norah autrement qu’en coup de vent à la sortie de l’école, ou lorsque leur progéniture respective arrangeait d’une après-midi chez l’une ou chez l’autre, Tommy avait décidé de changer de sujet en questionnant la mère de famille sur sa connaissance du lieu : une manière détourner de savoir si elle et sa petite famille habitaient Brisbane depuis un moment. « J'y suis déjà venu, oui. Mais ça doit remonter à... quand j'étais encore étudiante, je crois. » Soit, elle était donc en ville depuis un moment – elle n’était pas si vieille, loin de là, mais on pouvait néanmoins supposer qu’elle avait terminé ses études il y avait déjà un moment. Ça en fait aussi quelqu’un de plus instruit et donc de plus intelligent que toi, que n’avait pas manqué de susurrer le mauvais génie à son oreille, jamais le dernier pour enfoncer le clou. « Et je doute que ce soit pour cette raison-là que Julie a insisté pour que je vienne. Je sais pas ce qui a pu lui passer par la tête pour que ce soit si important que je vienne, elle ne voulait pas lâcher l'affaire. Les garçons sont peut-être turbulents ou casse-cous, mais les filles sont incroyablement têtues. » Répondant d’abord par un sourire, Tommy avait haussé les épaules, pas beaucoup plus avancé qu’elle sur la question, mais presque certain que les deux petites avaient savamment comploté pour que leur parent respectif soit de la partie. « Ça, je crois qu’elles se sont toutes les deux bien trouvées là-dessus. J’arrive encore à m’étonner que l’on puisse avoir une telle force de persuasion à un si jeune âge. » A moins que Tommy ne soit simplement trop soft avec elle ? Il essayait de convaincre que non, mais au fond il ne pourrait pas le jurer non plus. Il faisait au mieux, en tout cas. « Mais si ça leur fait plaisir d’avoir réussi à nous traîner ici, après tout. » Malgré les deux ou trois garnements turbulents qu’il fallait canaliser le brun voyait cela comme une occasion de passer un peu de temps avec sa fille, aussi lointaine se montrait-elle sans doute pour ne pas passer pour le bébé de service auprès de ses camarades de classe. « Attends qu’elles rentrent dans cet âge où on commence à avoir honte de ses parents. » Un âge qui, dans le cas de Moïra, arriverait sans doute plus tôt que Tommy ne l’aurait souhaité bien qu’il ne se fasse aucune illusion à ce sujet : s’il y avait bien quelque chose qu’elle tenait de lui c’était ce caractère diablement indépendant.

Le groupe avait effectué un nouvel arrêt dans la pièce suivante, l’institutrice réclamant le silence et attendant de l’avoir obtenu pour dispenser de plus amples informations concernant la naissance et la vie des étoiles. Enfonçant les mains dans les poches de son jean avec nonchalance, Tommy avait malgré tout fait preuve d’une attention qui l’étonnait lui-même tant il aurait été incapable, à l’âge des élèves, de tenir en place en silence sans que sa concentration ne finisse par lui faire défaut. À sa gauche, Norah avait profité de cette pause dans la visite pour consulter son téléphone, et s’adossant finalement contre le mur derrière eux le Warren lui avait adressé un nouveau sourire discret lorsqu’elle avait repris à voix basse « Elles s'adorent, toutes les deux. » et que leurs regards étaient allés se poser sur le duo de têtes blondes leur appartenant. « Julie adorerait l'inviter à faire une soirée pyjama. Je lui ai dit que je vous ... que je t'en parlerai. S'il y a un soir qui t'arrange plus qu'un autre, si tu as un impératif comme un autre, je peux les garder à la maison une nuit. Elles ne sont pas trop turbulentes, ça va. » Fut un temps où la proposition aurait eu des allures de bénédictions pour un Tommy dont la garde de sa fille en soirs de semaine avait longtemps été un casse-tête compte tenu des horaires de son travail au McTavish. Mais bien que l’obligeant à être levé bien avant l’aube et à compter sur l’obligeance d’une de ses vieilles voisines du dessous pour accompagner Moïra à l’école – elle aurait le droit de faire l’aller-retour seule à partir de la rentrée suivante, il lui avait promis – son boulot sur les docks avait au moins l’avantage de lui permettre d’être désormais présent tous les soirs après l’école. Pas de quoi l’empêcher cela dit de répondre à Norah par l’affirmative « Pourquoi pas oui, si ça leur fait plaisir. Mais j’ai pas vraiment d’impératif, alors c’est surtout en fonction de toi … Moïra m’a dit que vous aviez déménagé récemment, tu es sûre que ça ne va pas t’embêter d’avoir une enfant supplémentaire dans les pattes toute une soirée ? » Du moins c’était ce qu’en avait vaguement compris Tommy quelques temps plus tôt, lorsqu’au retour d’une après-midi passée chez ses grands-parents à Logan City sa fille lui avait raconté avec enthousiasme comme Warren mère et elle étaient tombées par hasard sur Julie et le reste de sa famille dans le parc du quartier.
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Message(#)(norammy) sky full of stars EmptyLun 8 Juil - 18:11

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C'était en regardant Tommy recadrer les deux enfants turbulents de la classe que Norah put faire plus ample connaissance avec lui. Elle était partagée entre le fait d'être à la fois surprise et pas surprise d'apprendre que le brun avait tout aussi hyperactif que les deux élèves qu'il venait de recadrer. "Il devait y avoir une sacrée animation, chez toi, alors." s'amusa-t-elle à dire. Avec Julie et Aidan, il y avait de quoi faire. Le cadet était effectivement très gauche et un peu casse-cou, mais ça ne faisait pas de lui un enfant turbulent ou difficile à contrôler. Mais elle n'avait pas à se plaindre. "Tu t'attendais à vivre la même chose avec Moïra ?" lui demanda-t-elle alors afin de le taquiner. "Ou est-ce que tu aurais aimé qu'elle soit un peu plus comme ses deux camarades de classe ?" Si ses enfants étaient comme ces vilains petits garnements, Norah passerait ses journées à les recadrer. Et personne ne tient vraiment à la voir énervée. Ca n'arrive pas souvent, mais quand c'est le cas, c'est plutôt explosif. A côté, les disputes avec Frank n'étaient pas grand chose. Ca montait un petit peu dans les tours, certes, mais ils n'étaient jamais véritablement furax l'un envers l'autre. Il était rare que Norah perde totalement contenance. Curieux, Tommy continuait la conversation en se demandant si c'était la première fois qu'elle venait ici. Elle était perplexe qu'il ne dise pas lui-même s'il connaissait cet endroit, préférant rester particulièrement silencieux à ce sujet. Sans insister, l'infirmière poursuivait la conversation, amusée que leur fille respective ait convenu de convaincre leur parent célibataire de venir accompagner cette sortie là. Tommy était étonnée de la force de caractère des deux fillettes, à un âge si précoce. "Je doute que ce soit un trait de caractère qui s'atténue au fil du temps. Et Julie avait un père très têtu et mes trois frères pour forger son caractère." C'était aux parents d'arrondir un petit peu les angles. Tommy n'était guère enthousiaste de voir arriver l'adolescence chez sa fille. Il était vrai que c'était une période compliquée pour tout parent, il fallait lâcher prise tout en maintenant un cadre et il n'était pas évident de trouver ce juste milieu. "Soirée pyjama à gogo, les premières soirées à l'extérieur, tout ce drama qu'on sera incapables de comprendre." Son ton exagéré laissait comprendre qu'elle plaisantait. "Julie est déjà en train de baliser, à espérer qu'elles soient dans la même école et la même classe pour les années à venir." rajouta-t-elle en croisant les bras, avec un sourire qui venait arquer des lèvres bien trop souvent tristes ces derniers temps. "Elle tient beaucoup à elle." Elle sous-entendait par là que Julie ne s'attachait pas facilement, bien qu'elle était très sociable. C'est juste qu'avec Moïra, les atomes étaient particulièrement crochus et depuis, elles ne se détachaient plus l'une de l'autre. Si le Destin les forçait à se séparer un jour, la fillette s'en remettre difficilement sûrement. "Laissons-les donc avoir honte de nous le moment venu. On leur rappellera à ce moment-là combien elles avaient insisté pour qu'on vienne à cette sortie pour les accompagner." Quoi que ça ne serait pas facile de clouer le bec de Julie, car elle a aussi hérité du sens de la réparti de ses parents (pas que Norah, Frank, en tenait une bonne de côté-là, aussi). L'infirmière avait ensuite proposé une première soirée pyjama chez elle. Tommy fut inquiet de la laisser devoir se charger d'une enfant en plus sous son toit. "Ca me gêne pas, je t'assure." Sinon, elle ne l'aurait pas proposé. "Au contraire, ça me fait plaisir qu'il y ait une petite en plus, ça... égaie la  maison." dit-elle avec plus d'incertitudes. "Et puis Moïra est franchement facile à vivre." Elles étaient toujours ensemble quelque part à faire ce dont elles avaient envie. Ca la rendrait un petit peu moins vide l'espace d'une nuitée. "Il faudra juste que tu me dises si elle a des allergies alimentaires ou des plats qu'elle déteste par-dessus tout." Le groupe d'élèves se déplaçait une nouvelle fois dans la pièce et les deux parents ne faisaient que suivre machinalement la foule. Norah avait totalement perdu le fil de ce qui était enseigné aux petits. "Si tu n'as pas d'impératifs, tu peux venir manger en l'y amenant, si tu veux." Bien que c'était typiquement le genre de propositions qui laissait derrière elles de gros sous-entendus, ce n'était pas le cas. Deux parents célibataires qui dînent ensemble, c'était sûrement trop suggestif pour certains. Norah avait promis à Caelan de s'ouvrir un peu plus aux autres, maintenant que le déménagement était entièrement achevé. Alors, toutes les opportunités étaient la bienvenue. C'était amical, pour faire connaissance. "Je n'ai pas souvenir de t'avoir déjà demandé dans quelle domaine tu travailles." dit finalement Norah après quelques minutes de réflexion. Tommy avait déjà du remarqué que la Lindley n'était pas toujours là pour amener les petits à l'école, ou pour les chercher. Les horaires décalés. Heureusement, la nounou qu'elle avait était des plus conciliantes à ce sujet et si elle avait un imprévu, elle savait qu'elle toujours compter sur Caelan ou Anwar. Ils répondaient toujours présents, de jour comme de nuit. Et bien qu'elle appréciait qu'ils soient si présents, elle n'aimait pas vraiment faire appel à eux.D'un côté, elle avait toujours peur des les déranger et de l'autre, une partie d'elle s'était mise en tête de devoir réussir à tout gérer seule. "Julie m'avait vaguement dit l'année dernière que tu avais changé d'emploi et que ton nouveau rythme plaisait plus à Moïra." Norah était plutôt contente d'avoir la chance d'obtenir quelques informations au sujet de Tommy via les filles car il était quelqu'un de très mystérieux pour elle. Elle avait des difficultés à le cerner et manquait cruellement d'éléments. Bien sûr, Norah ne se permettrait pas de demander de but en blanc pourquoi elle ne le voyait que lui chercher la petite, se demandant bien où se trouvait l'éventuelle Mrs. Warren. Les personnes ayant perdu leur moitié trop jeunes étaient un peu trop courant au goût de Norah. Mais peut-être que Tommy n'était que séparé, ou divorcé. Difficile de dire, le brun était plutôt discret. "Ce nouveau boulot te plaît ?"
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Message(#)(norammy) sky full of stars EmptyMar 6 Aoû - 11:40

Parfois – à de très rares occasions – Tommy en venait à comprendre une infime partie de la patience que perdaient ses parents avec lui lorsqu’il était enfant. Un enfant turbulent, débordant d’énergie mais aussi en constante demande d’attention de la part d’un père et d’une mère souvent bien trop occupés à n’avoir d’yeux que pour Marius, l’aîné. Alors une infime partie, c’était tout ce que le brun s’autorisait à regretter vis-à-vis de l’enfant qu’il avait été à gérer – car le reste aurait pu être évité, au moins atténué. « Il devait y avoir une sacrée animation, chez toi, alors. » Arquant la nuque l’air d’admettre que ça, c’était le moins que l’on puisse dire, le brun avait néanmoins secoué négativement la tête lorsque Norah avait questionné « Tu t'attendais à vivre la même chose avec Moïra ? Ou est-ce que tu aurais aimé qu'elle soit un peu plus comme ses deux camarades de classe ? » et posé un regard pensif sur Moïra une seconde ou deux avant de répondre « Disons que je ne suis pas mécontent qu’elle ait plutôt hérité du caractère de sa mère, de ce point de vue. » Parce qu’il se satisfaisait de lui savoir la tête sur les épaules, parce qu’il estimait s’être suffisamment fait de frayeur à son sujet à l’époque où il avait cru la perdre en même temps qu’Alice … et sans doute un peu parce qu’il avait ce petit sursaut dans la poitrine chaque fois qu’au détour d’une phrase ou d’un geste la fillette se révélait être la digne fille de sa mère, elle qui n’en avait pourtant que quelques bribes de souvenirs. « Je doute que ce soit un trait de caractère qui s'atténue au fil du temps. Et Julie avait un père très têtu et mes trois frères pour forger son caractère. » Avait de son côté affirmé Norah d’un ton certain, et laissant échapper un léger rire Tommy avait commenté « Trois frères ? Quelque chose me dit que ce n’était pas moins animé chez toi que chez moi. » Aucune maison dans laquelle vivaient quatre frères et sœurs en âge de s’entendre mais surtout en âge de se chamailler ne pouvait prétendre le contraire sans qu’il s’agisse d’un mensonge éhonté, et deux fois plus lorsque la crise d’adolescence des uns et des autres venait se joindre à la partie. Et en parlant de crise d’adolescence, celle de leurs filles respectives arriverait sans doute plus vite qu’ils ne s’y seraient préparés. « Soirée pyjama à gogo, les premières soirées à l'extérieur, tout ce drama qu'on sera incapables de comprendre. » Résumant la chose en ne semblant pas la prendre totalement au sérieux, quand Tommy lui au contraire avait l’infinie certitude que les choses se dérouleraient exactement de cette manière, et même peut-être pire encore, Norah avait repris d’un ton plus doux « Julie est déjà en train de baliser, à espérer qu'elles soient dans la même école et la même classe pour les années à venir. Elle tient beaucoup à elle. » La réciproque semblait toute aussi vraie, particulièrement depuis que Moïra avait eu la désagréable expérience d’être mise de côté par les deux garçons avec lesquels elle passait jusqu’alors énormément de temps également. Moïra n’était qu’une fille, avaient-ils argué comme justification, et d’avoir retenu sa colère et sa frustration toute la journée la petite avait pleuré à chaudes larmes à peine son père s’était-il étonné de ne pas la voir se jeter avec appétit sur son goûter. Autres déconvenues classiques de l’enfance, sans doute. Mais devenue méfiante, il n’y avait dès lors plus eu qu’auprès de Julie que la fillette avait semblé agir en pleine confiance. « Laissons-les donc avoir honte de nous le moment venu. » avait en tout cas repris la mère de famille « On leur rappellera à ce moment-là combien elles avaient insisté pour qu'on vienne à cette sortie pour les accompagner. » Semblant à la fois s’amuser et se satisfaire de cette dernière suggestion, Tommy avait acquiescé d’un signe de tête et enfoncé à nouveau les mains dans ses poches tandis que son regard allait chercher les deux silhouettes attentives de leurs filles respectives.

Étudiant mentalement la proposition faite ensuite par Norah d’accueillir Moïra pour dormir à l’occasion, Tommy n’était pas contre l’idée mais craignait en revanche que cela soit pour l’infirmière une source de désagrément supplémentaire – prendre la responsabilité d’un enfant qui n’était pas le sien pouvait en effet en être un. « Ça me gêne pas, je t'assure. » lui avait pourtant assuré la jeune femme. « Au contraire, ça me fait plaisir qu'il y ait une petite en plus, ça ... égaie la  maison. Et puis Moïra est franchement facile à vivre. » La petite avait ses bons et ses mauvais jours, mais comme tous les enfants en réalité, et Tommy n’avait pas jugé utile de le faire remarquer. « Il faudra juste que tu me dises si elle a des allergies alimentaires ou des plats qu'elle déteste par-dessus tout. » Secouant la tête, il avait commenté « Pas aux dernières nouvelles en tout cas. Elle mange de tout, j’ai hérité de la seule enfant de dix ans qui voue une passion pour les légumes verts. » Autre trait qu’elle n’avait assurément pas hérité de son père et de son goût pour les burgers. « Si tu n'as pas d'impératifs, tu peux venir manger en l'y amenant, si tu veux. » Regrettant maintenant presque d’avoir mentionné les légumes verts, il s’était contenté d’arguer à nouveau « Je ne voudrais pas te déranger … » mais tout en sachant très bien que si elle insistait il n’aurait d’autre choix que celui d’accepter pour ne pas paraitre impoli, tout en priant ne pas avoir à se forcer à avaler des brocolis. « Je n'ai pas souvenir de t'avoir déjà demandé dans quelle domaine tu travailles. » était-elle ensuite passée, un peu du coq à l’âne, mais Tommy se pliant sans en être dérangé au jeu des questions-réponses. Sa mère sans doute aurait attendu de lui qu’il admette honteusement son nouveau métier, tout aussi honteusement qu’il aurait dû considérer le précédent selon elle, mais Tommy avait cessé de se sentir désolé de ne pouvoir prétendre qu’à des métiers manuels. « Je travaille sur les docks à Redcliffe, pour une des sociétés de transport implantées là-bas. » Il chargeait et déchargeait des cargos, en somme. Rien de transcendant, rien de passionnant, mais Tommy avait passé l’âge de croire que tout le monde pouvait accéder au job de ses rêves … D’ailleurs, il ne savait même pas quel serait le job de ses rêves si on le lui demandait. « Julie m'avait vaguement dit l'année dernière que tu avais changé d'emploi et que ton nouveau rythme plaisait plus à Moïra. Ce nouveau boulot te plaît ? » Affichant un brin de surprise, principalement lié au fait d’apprendre que sa fille s’était épanchée à quelqu’un sur ce sujet, il avait agité la tête d’un air prudent. « C’est pas passionnant, mais ça paie les factures et c’est tout ce que je demande. » Pragmatique, il avait ajouté presque aussitôt « Mon boulot précédent n’était pas déplaisant, mais les horaires étaient compliqués. Je bossais dans un bar, autrement dit pas de week-ends, des shifts qui finissent au milieu de la nuit … Je croisais Moïra presque uniquement le matin avant de l’emmener à l’école. Et même si une de nos voisines du dessous a vraiment été adorable et s’en occupait presque comme si c’était sa propre petite-fille, j’avais vraiment l’impression d’abuser de sa gentillesse. » D’autant plus que, ayant probablement conscience des fins de mois difficiles auxquelles était confronté Tommy, elle avait toujours refusé le moindre centime de sa part en échange de ce service – et le brun, lui avait totalement conscience qu’il n’aurait de toute façon pas pu la payer si elle l’avait finalement réclamé. « Tu es infirmière toi, c’est ça ? » C’était du moins ce qu’il pensait avoir compris des explications un peu brouillonnes de sa fille à ce sujet. «  Je suppose que question organisation c’est toute une aventure de ton côté aussi. » Mais tout était aussi question d’entourage au fond, et peut-être l’était-elle un peu plus – ou un peu mieux – que lui.
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Message(#)(norammy) sky full of stars EmptySam 10 Aoû - 0:33

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Le léger haussement de sourcils et le rire qui sortait de la bouche de Tommy lorsque son interlocutrice avait dit qu'elle avait grandi avec trois frères, laissait deviner qu'il avait une idée de comment l'ambiance pouvait être sous le toit des Leckie. Animé, en effet, parfois un petit peu turbulent. Mais rien d'insurmontable pour la jeune femme. Elle échangeait un sourire honnête avec le brun avant de lui répondre. "Disons que... Mon frère jumeau prend beaucoup à coeur le fait d'être arrivé avant moi. Ca fait de moi la petite soeur, encore et toujours. Et pour les deux grands, je ne te raconte même pas." Il y avait cet instinct naturellement protecteur, bien que les frères avaient un profond respect pour leur benjamine. "Enfin... Disons qu'ils aimaient bien me coacher pour avoir un peu de caractère, ne pas me laisser faire par les garçons à l'école, mais ils ont pigé que j'avais mes... propres armes disons. Ils ont just aiguisé le tout." Norah s'amusait de ses termes, mais c'était plutôt vrai. Ils avaient pris Norah telle qu'elle était, ils avaient remarqué que la crevette qu'elle était parvenait à se défendre avec son franc-parler et ses airs blasés. "Ils se chamaillaient beaucoup, et en grandissant, j'étais devenue l'arbitre des matchs de catch sur le matelas, si ça peut te donner une idée." s'amusa-t-elle à dire en croisant ses bras, le regard jamais bien loin des filles, bien qu'elle appréciait le plonger dans celui de Tommy durant leur conversation qu'elle n'aurait jamais pensé si riche qu'elle ne l'était véritablement. "Et avec le temps, ils ne sont jamais mécontents d'avoir l'avis de leur soeur." Ils étaient fiers, chez les Leckie, mais Norah étant la seule figure féminine de la fratrie, il semblerait qu'elle soit celle vers qui on se tourne quand on a besoin d'un avis réfléchi et sensé. "Et les chamailleries finissent toujours par revenir durant les repas de famille. De manière plus sage. On va dire ça comme ça." Avoir des enfants était apparemment une bonne excuse pour faire le pitre. Rien à avoir avec Julie et Moïra, qui étaient de vrais anges en comparaison. Quoi que Norah se doutait bien qu'elles pouvaient être assez filoutes. Elles étaient malicieuses, un peu trop intelligentes pour leur âge. Et à n'en pas douter, elles n'allaient pas laisser les garçons indifférents plus tard. L'adolescence, cette période parfois très difficile pour les parents autant que pour les enfants. Quoiqu'il arrive, il semblerait que leur amitié soit solide, si bien que Julie appréhendait déjà la suite. Quoi de mieux que de renforocer leur lien en suggérant une soirée pyjama ? L'infirmière avait juste besoin de quelques informations supplémentaires sur l'alimentation de la petite Warren, afin de ne pas avoir à l'emmener aux urgences pour un choc anaphylactique qui aurait pu être facilement évité. "Si il n'y a que ça pour lui faire plaisir, je lui ferai un gratin de courgettes." répondait Norah sur le ton de la plaisanterie. Effectivement curieux qu'une petite de son âge. Aidan et Julie étaient plus amateurs de sucreries – et les gâteaux de Maman, qu'on se le dise. Le brun ne semblait pas parvenir à valoriser son métier mais il parvenait à s'en contenter. Le plus important, c'était que la fiche de paie arrivait dans la boîte aux lettre à chaque fin de mois. "L'essentiel c'est que ça te convienne, et que ça corresponde à ton rythme de vie." lui répondit-elle avec un sourire franc. Tommy lui révélait qu'avant cela, il avait des horaires nocturnes en travaillant dans un bar, un rythme de vie qui ne collait pas vraiment avec celle d'un parent. "Ca ne te manque pas ?" se permit-elle de lui demander, non sans une petite hésitation préalable. Peut-être qu'il avait rapidement fait son choix entre son travail et sa fille, dans tous les cas, comme le faisait Norah. Elle acquiesça d'un signe de tête afin de répondre à sa question. "Comme pour toi, j'ai la chance d'avoir une nounou extrêmement conciliante et compréhensive par rapport à mes horaires, elle me sauve la mise. Et les parrains des enfants ne disent jamais pour les garder, et je sais que ça leur fait plaisir, autant aux petits qu'aux grands, mais... Je ne veux pas les surcharger. Le petit frère de Julie est un tantinet hyperactif, il faut arriver à le suivre." Et surtout, Norah se devait d'admettre qu'elle était très indépendante et était toujours dérangée lorsqu'il fallait demander de l'aide. "Je leur dois énormément. Ils m'ont énormément soutenu, et me soutiennent encore, après ce qu'il s'est passé." Norah ne criait pas sous les toits qu'elle était veuve. Souvent, on lui demandait comment ça s'était passé, et elle ne voulait pas s'épancher, peu friante de la pitié des autres. Assez têtue dans son genre, elle s'était mise en tête qu'elle devait désormais gérer les choses seules. Anwar et Caelan devaient parfois lui forcer la main pour qu'elle cède et accepte un peu de répit, même si ce n'était que pour une heure ou deux. "Je fais quelques remplacements et heures supp' pour arrondir les fins de mois." Le salaire de Norah n'était pas non plus des plus bas, mais pour tenir le cap avec deux enfants à éduquer tout en étant désireuse de leur faire parfois quelques beaux cadeaux, la prime qu'elle touchait suite au décès de Frank était à peine suffisante. Surtout qu'elle gardait une grande partie de la somme là sur un compte en banque, afin de pouvoir financer les études des petits une fois le moment venu. Pour Norah, cet argent là leur revenait à eux avant tout. "En somme, une aventure, comme tu dis." finit-elle par résumer en réutilisant les mots de Tommy, avec un rire nerveux. Ce n'était pas évident, c'était même dur. Mais elle ne s'en plaignait pas, elle tenait le cap comme elle le pouvait, à s'en épuiser. "Et la voisine qui s'occupait de Moïra, tu la vois encore ?" Il s'était peut-être attaché à cette dame qui bichonnait sa chair et son sang. Du moins, il lui en était profondément reconnaissant, cela se ressentait facilement dans sa voix. "C'est rassurant de savoir qu'il existe ce genre de personnes. Comme la nounou, ou ta voisine, par exemple. Des personnes qui ne demandent pas grand chose et qui nous apporte beaucoup." Depuis qu'elle s'était remise à pâtisser, Norah ne pouvait d'ailleurs pas s'empêcher à lui amener quelques gourmandises, bien trop reconnaissante pour qu'un simple versement mensuel d'argent soit suffisant à ses yeux. Le groupe de classe changeait à nouveau de salle et Norah avait du mal à se décoller du mur pour suivre le mouvement. "Pour revenir au dîner que je t'ai proposé tout à l'heure, quand tu amèneras Moïra pour leur fameuse soirée, je ne veux pas t'y obliger non plus, hein." rebondit-elle, se souvenant qu'elle n'était pas revenue sur le sujet. Norah échangeait avec lui un sourire amical. "Je veux pas te mettre mal à l'aise. Mais sache que tu ne dérangeras, tout autant que je ne suis absolument pas ennuyée que Moïra passe une nuit à la maison." Norah avait de toute façon tendance à en faire un peu plus que prévu en matière de nourriture, l'appétit des enfants étant parfois fluctuants et qu'elle ait des restes pour les jours où elle n'a pas véritablement le temps de se mettre aux fourneaux. Pour on ne sait quelle raison, le regard de l'infirmière avait glissé jusqu'au cou de Tommy, où une chaînette permettait au brun de garder son alliance près de loin. A cette vision, Norah avait l'impression d'avoir un véritable coup de massue sur la tête. Elle doutait qu'il l'ait gardé suite à un divorce, la raison n'en était alors plus qu'évidente. Norah voulait alors s'assurer (sans raison), qu'elle avait bien toujours ses deux bagues à son annulaire. Donc, Moïra n'avait sûrement pas de Maman. Il n'y avait pas besoin de grand chose pour que Norah ait un coup de mou, ces petits riens qui lui rappelaient Frank. "Désolée." s'excusa-t-elle, un tant soit peu mal à l'aise. Le groupe s'était arrêté et les élèves écoutaient plutôt attentivement ce qu'on leur racontait. Quoi que le temps passait, et il y avait plus d'élèves distraits qu'il n'y en avait initialement. Quoi de plus normal, pour des enfants de même pas dix ans. "J'ai juste vu l'alliance autour de ton cou. Ca m'a rappelée... des souvenirs." Car il ne s'agissait peut-être plus que de ça. Des souvenirs.
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Message(#)(norammy) sky full of stars EmptySam 14 Sep - 22:31

Bien qu’animée, la famille de Norah ressemblait – du moins à la manière dont elle la dépeignait – à ce genre de famille un peu enchantée que Tommy avait toujours regardé avec envie, et sans doute un brin de jalousie. Le genre de famille où les parents s’efforçaient d’accorder une place à chaque enfant sans que leurs préférences ne viennent faire monter le vinaigre … Et les parents Warren avaient toujours préféré leur aîné, fin de l’histoire. Bien qu’ayant conscience qu’il ne s’agissait que d’une impression et que la famille de Norah avait assurément ses propres travers et ses propres inconvénients, Tommy avait dès lors préféré ne pas rebondir davantage à ce sujet, la famille n’étant pas une notion dans laquelle il se sentait entièrement à l’aise. Fut un temps où il avait fuit sur un autre continent sans réel regrets, et si la vie n’en avait pas décidé autrement sans doute Moïra, lui et bien sûr Alice couleraient-ils toujours une existence paisible dans leur exil canadien – loin des autres Warren, et sans qu’il ne les regrette à outrance. À part Scarlett, sans doute ; Mais il se serait fait à son absence et elle se serait faite à la sienne. La discussion dérivant La discussion dérivant à nouveau naturellement vers leur progéniture respective, Tommy avait accueilli avec son naturel toujours un peu gêné la proposition de Norah d’inviter Moïra le temps d’un week-end, et surtout d’en profiter pour l’accueillir lui aussi le temps du dîner – Tommy avait toujours peur de déranger, la chose semblait être inscrite dans son ADN au même titre que le brun de ses cheveux. Et il était à table aussi difficile que certains enfants, plutôt du genre à espérer des frites à chaque dîner et à s’en empêcher pour le bien de sa fille uniquement. Laquelle se serait sans doute bien plus réjouie que lui en entendant « Si il n'y a que ça pour lui faire plaisir, je lui ferai un gratin de courgettes. » … Mais soit, Tommy ne ferait pas l’enfant, et échapperait au moins aux infâmes brocolis. Il n'y avait pas de petite victoire. Curieuse concernant le métier du brun – qu’elle imaginait peut-être à tort être passionnant – ce dernier était passé dessus rapidement, admettant lui-même sans détour s’en satisfaire d’un point de vue purement économique et ne pas aspirer à plus. Tommy avait appris à se contenter de ce qu’il pouvait avoir et à ne pas regarder plus loin – manque d’ambition diraient certains, réalisme diraient les autres. « L'essentiel c'est que ça te convienne, et que ça corresponde à ton rythme de vie. » avait de son côté assuré Norah avec un sourire que le Warren imaginait être pure politesse. « Ça ne te manque pas ? » qu’elle avait malgré tout demandé avec un brin de curiosité, lui faisant secouer la tête avec certitude « Pas vraiment. J’étais pas mal là-bas, mais j’avais un peu fait le tour … J’étais un des plus anciens parmi les employés. » Hormis Callum, le patron, mais la restauration accusait un turnover parmi ses employés et rares étaient ceux qui faisaient toute leur carrière au même endroit ; Particulièrement quand, comme Tommy, on ne possédait pas les capacités nécessaires pour monter en grade et toucher à la gestion. Renvoyant la balle à l’infirmière et s’interrogeant sur la manière dont elle parvenait à concilier ses propres contraintes professionnelles avec la garde de ses deux enfants, il avait acquiescé lorsqu’elle lui avait avoué « Comme pour toi, j'ai la chance d'avoir une nounou extrêmement conciliante et compréhensive par rapport à mes horaires, elle me sauve la mise. » la soupçonnant néanmoins d’attendre avec autant d’impatience que lui le moment où ses enfants seraient suffisamment grands pour se garder tous seuls. Moïra et lui avaient convenu qu’elle pourrait aller et revenir seule de l’école dès son entrée dans le secondaire à la rentrée suivante. « Et les parrains des enfants ne disent jamais non pour les garder, et je sais que ça leur fait plaisir, autant aux petits qu'aux grands, mais ... Je ne veux pas les surcharger. Le petit frère de Julie est un tantinet hyperactif, il faut arriver à le suivre. Je leur dois énormément. Ils m'ont énormément soutenu, et me soutiennent encore, après ce qu'il s'est passé. » Sentant venir un terrain glissant, Tommy n’avait pas émis de commentaire – s’il n’ignorait pas le veuvage plus ou moins récent de la mère de famille, il n’en connaissait pas les aboutissants et ne cherchait pas à le faire. « Je fais quelques remplacements et heures supp' pour arrondir les fins de mois. En somme, une aventure, comme tu dis. » avait-elle finalement repris, sur un ton qu’elle tentait de rendre plus léger. « Et la voisine qui s'occupait de Moïra, tu la vois encore ? » Non seulement il la voyait toujours, mais bien que délestée de son rôle officieux de nounou la vieille dame ne manquait jamais une occasion de pouvoir échanger quelques mots avec le père ou passer un peu de temps avec la fille. « C’est toujours notre voisine, oui. Elle vit seule et son fils habite Canberra, alors j’essaye de lui donner un coup de main si elle a besoin de quelque chose, et on discute autour d’un café de temps en temps. Ça lui fait un peu de compagnie. » Tommy lui-même y voyait presque l’occasion de voir à quoi ressemblait le fait d’avoir une grand-mère, n'ayant que de très vagues souvenir des grands-parents Warren. « C'est rassurant de savoir qu'il existe ce genre de personnes. Comme la nounou, ou ta voisine, par exemple. Des personnes qui ne demandent pas grand chose et qui nous apporte beaucoup. » Rassurant, peut-être … Le brun avait lui plutôt tendance à culpabiliser de ne pas être doté de la même gentillesse ; Mais culpabiliser pour tout et rien était l’un de ses talents principaux. « Pour revenir au dîner que je t'ai proposé tout à l'heure, quand tu amèneras Moïra pour leur fameuse soirée, je ne veux pas t'y obliger non plus, hein. » avait finalement repris Norah, revenant au sujet initial. « Je veux pas te mettre mal à l'aise. Mais sache que tu ne dérangeras pas, tout autant que je ne suis absolument pas ennuyée que Moïra passe une nuit à la maison. » Avait-il à ce point semblé mal à l’aise face à la proposition ? Il aurait aimé penser que non, mais n’était visiblement pas aussi impassible qu’il aimait le faire croire. « Oh, non je … ça me ferait plaisir. Pardon, c’est juste que j’ai toujours peur de déranger. » Il se sentait soudainement bête ; Elle devait le trouver bête. Ravalant son sentiment comme une cuillère de brocolis qui avait du mal à passer, il avait lancé un regard vers le groupe d’enfants en faisant mine de vérifier Dieu sait quoi. Les plus dissipés commençaient à s’impatienter et l’on devinait que les estomacs se manifestaient peu à peu eux aussi. Son attention revenant ensuite à Norah, il avait surpris le regard de cette dernière attiré par la chaîne attachée à son cou et surtout par l’anneau qui s’y balançait, et fait disparaître  d’un geste un peu brusque l’alliance sous le col de son tee-shirt comme s’il craignait que le regard de quiconque ne la fasse fondre. « Désolée. » s’en était aussitôt excusée l’infirmière, les yeux changeant de point d'ancrage avec un brin de confusion alors qu’elle avouait « J'ai juste vu l'alliance autour de ton cou. Ça m'a rappelé ... des souvenirs. » Douloureux, à en juger par le voile venu assombrir légèrement son regard, et si Tommy se basait sur le peu que les discussions avec sa fille lui avaient permis de déduire concernant la situation familiale de Julie. « Ce n'est rien. Moïra a laissé entendre que Julie avait perdu son père il y a quelques temps … je comprends. » Il avait épargné à Norah l'habituel Désolé qui suivant habituellement dans ce genre de cas, l'ayant lui-même trop entendu et n’y ayant jamais trouvé aucun réconfort. Croisant les bras en se sentant subitement parcouru d’un frisson désagréable, il avait observé sa fille à la dérobée à la recherche de ces petits détails qui lui rappelaient tellement Alice et lui serraient le cœur autant qu’ils le remplissaient de fierté. « J’ai l’impression que d’avoir des enfants aide à avancer après ce genre de choses … Je ne sais pas si j’en aurai eu la force si ce n’avait pas été pour Moïra. » Il songeait à voix haute, partageant là un sentiment qu’il gardait généralement mais que le point de vue si particulier de Norah face à la situation rendait plus légitime à entendre – et à comprendre, peut-être – que ceux qui n’y avaient jamais été confrontés. Mais craignant subitement de s’être trop épancher, il avait rentré son cou dans ses épaules d’un air gauche et murmuré « Enfin, je suppose que c’est propre à chacun. » avec l’air de celui qui avait levé la main en classe pour dire ce qu’il sait d’avance être une bêtise.


Dernière édition par Tommy Warren le Mar 24 Sep - 13:32, édité 1 fois
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Message(#)(norammy) sky full of stars EmptyLun 16 Sep - 19:06

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Il n'y avait pas eu un moment depuis le début de la carrière de Norah où elle avait songé à changer. Elle ne voulait pas changer de services, ni de métier. Elle en voyait pourtant, des collègues qui préféraient faire une reconversion professionnelle pour exercer un métier radicalement différent. Mais pas elle. Il y avait des jours où elle était plus lasse que d'autres, mais c'était plus par rapport à l'humeur et l'attitude des personnes qu'elle y rencontrait au quotidien que la profession elle-même. Tommy, lui, avait aussi radicalement changé. L'exercice lui-même, et les horaires aussi. Elle n'osait pas imaginer son horloge biologique quand il avait du reprendre un rythme de jour après avoir passé tout ce temps avec des heures nocturnes. Mais désormais, il semblait bien s'en porter et ce quotidien ne semblait pas lui déplaire. Son job ne permettait pas à un épanouissement personnel, mais il lui donnait un salaire à chaque fin de mois pour subvenir aux besoins de Moïra et aux siens. Au fond, c'était le plus important. Cela ne l'empêchait pas de rendre la pareille à la nounou en lui proposant des services. Une petite dame qui semblait être isolée. "Je suppose qu'elle ne doit pas être mécontente de voir arriver de temps en temps chez elle un bel homme pour un peu de bricolage." dit-elle d'un air amusé. Elle sourit, s'imaginant parfaitement la scène dans sa tête. "Je plaisante." se permit-elle d'ajouter, une part d'elle-même se disant que ça pourrait le mettre mal à l'aise. Mais on n'allait pas se mentir, Tommy était un bel homme, il devait en faire chavirer plus d'une sur son passage. La voix plus posée, Norah tenait à lui assurer qu'elle ne le forçait en rien, concernant la proposition de venir dîner chez elle. Son sourire s'élargit lorsqu'elle apprenait que ça lui ferait même plaisir de venir. "Tu ne me déranges pas. Au contraire, je serais contente de passer un peu de temps avec toi en dehors du cadre scolaire des filles." lui assura-t-elle en tournant son regard bleu en sa direction. Norah aimait cuisiner (mais pas autant que pâtisser), et il fut un temps où elle adorait recevoir. Si Frank s'occupait du barbecue, c'était bien son épouse qui excellait en matière d'accompagnement, quand Anwar, ou des membres de la famille, venaient manger chez eux. Elle serait ravie d'accueillir quelqu'un de nouveau sous son toit, l'espoir d'une soirée. "Vous avez souvent peur de déranger ?" finit-elle par lui demander, avec un peu plus sérieux. Tommy semblait être quelqu'un de réservé, qui ne cherchait pas à trop faire de vagues. Norah avait un petit peu de mal à le cerner, à dire vrai. Ils se connaissaient à peine, après tout. "De mon côté, en général, je n'ose pas demander de l'aide à mes proches." Alors que Norah ne faisait pas appel à eux bien souvent. Au contraire, ils aimeraient justement qu'elle leur écrive un message plus régulièrement. Pour garder les enfants, pour récupérer un colis, pour réparer une canalisation qui fuitait. Qu'importe. Mais qu'elle ne laisse pas tout reposer sur ses épaules. "Je suppose qu'au final, ça revient un peu au même. Je n'aime pas trop déranger non plus. Je me dis toujours, si je leur demande un service, eh ben, ce sera le service de trop, ils en auront assez." Et Norah, aussi indépendante pouvait-elle être, ne voulait pas voir les personnes qu'elle aimait s'éloigner d'elle. On lui avait déjà retiré son mari. D'ailleurs, en pensant à lui, la jeune femme avait remarqué l'alliance que Tommy portait autour de son coeur. Un élément discret, mais qui l'avait interpellée, voire même bouleversée. Elle ne clignait des yeux que lorsqu'il prit soin de dissimuler le bijou d'un geste vif. Comme si elle redescendait sur Terre, Norah restait muette une fraction de secondes, avant de s'excuser platement. "Ca va faire... trois ans, bientôt." dit-elle à voix basse, après avoir poussé un long soupir. Pour elle, c'était comme si c'était la veillée. Et parfois, c'était comme si cela s'était passé il y a des dizaines d'années. Dans tous les cas, le temps lui semblait tout aussi interminable qu'il ne défilait trop vite. Norah avait pleinement conscience qu'elle passait à côté de beaucoup de choses, de beaucoup d'opportunités. Elle n'en avait tout simplement pas la force. Si elle arrivait déjà à gérer son quotidien (ce qu'elle faisait), c'était déjà beaucoup. "Julie sait ce qu'il s'est passé. Dans les grandes lignes, du moins. Mais elle n'aime pas trop en parler. Elle ne voulait même pas le dire à la maîtresse, à chaque rentrée. Tu sais, les papiers qu'ils reçoivent où ils doivent écrire le métier des parents, les noms, ce genre de choses. Elle est plutôt discrète à ce sujet." Norah esquissait un sourire triste. "Je pense que le jour où elle voudra en discuter à une amie, elle se tournera vers Moïra en premier lieu. Julie ne veut pas être prise de pitié, ou qu'on s'apitoie sur son sort malgré les événements." Un point commun tiré tout droit de sa mère. Norah forçait un sourire pour Tommy. Elle ne pouvait qu'être d'accord avec ce qu'il disait. "C'est vrai qu'ils sont une sacrée source de motivation." Aidan et Julie exerçaient un rôle primordial dont ils n'avaient même pas conscience. "Une raison de vivre." souffla-t-elle, bien plus bas. "Je ne dirai pas que moi, j'arrive à avancer, par contre." dit-elle, avec un sourire amusé, alors que sa phrase résumait assez bien sa situation. "Mais les enfants continuent de grandir, de s'épanouir. Ca me suffit amplement." Son bonheur à elle lui semblait tellement superflu, depuis la disparition de Frank. "Je vais certainement sonner un peu bizarre en disant ça, mais je suis un peu rassurée de savoir que je ne suis pas la seule à ne pas arriver à se séparer de l'alliance." Ni même de la bague de fiançailles d'ailleurs. Les deux bijoux siégeaient toujours sur son annulaire droit, sauf quand elle était au travail. Ses yeux tombaient d'ailleurs sur sa main tendue, avant qu'elle ne la remette dans sa poche en lâchant un long soupir. Alors que la visite se poursuivait, leur fille respective avait décidé de les rejoindre, bien loin de la maîtresse. Moïra logeait sa main dans celle de sa mère, lui esquissant un large sourire. Elle était heureuse de passer un moment avec elle, même si c'était dans le contexte d'une sortie organisée par l'école. "J'ai pu voir avec Tommy, et il est d'accord pour la soirée pyjama. Et il viendra manger à la maison." Le regard des deux fillettes s'illuminèrent, elles peinaient toutes les deux à contenir leur joie. Des petits bonheurs simples qui faisaient toujours sourire Norah. Avant de ne trop attirer l'attention, elle leur conseillait de contenir leur enthousiasme pour plus tard. "Ca commence à devenir long." confessa Julie. Elle s'y intéressait, mais ce genre de sorties était souvent un peu trop long pour garder l'attention d'enfants de leur âge, surtout que les éléments perturbateurs semblaient se multiplier au fur et à mesure que le temps passait. Moïra semblait également être de cette avis. Si deux des élèves les plus studieuses le disait, c'est que ça devait vraiment commencer à être barbant. "Restez un peu avec nous, alors. Je ne pense pas que ça va durer encore bien longtemps." Elle échangeait un sourire complice avec Tommy.
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Message(#)(norammy) sky full of stars EmptyLun 11 Nov - 16:28

Face à l’apparente bienveillance de Norah, dont les rares occasions qu’ils avaient jusqu’à présent eu de se croiser à la sortie de l’école ne lui avaient sans doute pas permis de prendre la véritable mesure, Tommy ne pouvait s’empêcher de se questionner sur ce qu’elle savait – ou ne savait pas – à son sujet. Si cette année scolaire et la précédente s’étaient déroulées sans encombre, celle encore avant avait été entachée par des problèmes de discipline dont s’était rendue coupable Moïra, et plusieurs semaines s’étaient écoulées dans l’incompréhension avant que la fillette n’admette à son père que des rumeurs – fondées – à son sujet avaient fait le tour de la classe et des parents d’élèves. Certains, surtout des mères, jusque-là avenants et sympathiques s’étaient progressivement mis à le scruter avec jugement à la sortie de l’école, et la plupart avaient tout bonnement cessé de lui adresser la parole lorsqu’il s’était avéré que les rumeurs n’en étaient pas simplement : le père de Moïra avait bel et bien fait de la prison, et si l’on ignorait pour quel motif, la méfiance était automatiquement devenue de mise. Sans doute même que cela avait jasé lorsqu’il s’était proposé comme accompagnant sur cette sortie scolaire, mais ça, le père de famille n’en saurait jamais rien. Reste que confronté au sourire et à la douceur avec laquelle Norah lui avait assuré « Tu ne me déranges pas. Au contraire, je serais contente de passer un peu de temps avec toi en dehors du cadre scolaire des filles. » Tommy ne pouvait donc s’empêcher de se demander si l’infirmière avait décidé de passer outre le stade de la méfiance, ou bien si les ragots le concernant n’étaient simplement pas – encore – parvenus jusqu’à elle … Mais il penchait pour la seconde option. « Vous avez souvent peur de déranger ? » lui avait-elle finalement demandé, ne pouvant pas tomber plus juste mais sans se douter sans doute de l’immensité de la partie immergée de l’iceberg à ce sujet. « C’est un peu plus compliqué que ça. » avait alors répondu Tommy d’un ton incertain, pas suffisamment à l’aise avec les mots ni suffisamment en confiance pour développer au sujet de ses insécurités. Pour Norah l’exercice semblait en revanche moins ardu, la jeune femme admettant « De mon côté, en général, je n'ose pas demander de l'aide à mes proches. » comme on témoignait d’une fatalité. « Je suppose qu'au final, ça revient un peu au même. Je n'aime pas trop déranger non plus. Je me dis toujours, si je leur demande un service, eh ben, ce sera le service de trop, ils en auront assez. » Acquiesçant d’un air mesuré, le brun s’était contenté de répondre « Je vois ce que tu veux dire. » au cas où l’idée de ne pas être la seule à raisonner ainsi puisse être pour Norah une quelconque source de soulagement. Pour Tommy néanmoins les raisons étaient diverses, et bien avant la crainte de lasser ses proches – et ceux sur lesquels il pensait pouvoir compter étaient peu – il y avait surtout la peur qu’on lui reproche de ne pas être à la hauteur ; Et ça le brun l’avait déjà trop entendu au cours de sa vie, suffisamment pour que son ego se refuse à la moindre action de nature à creuser encore plus ce sentiment.

Laissés un brin pensifs par cet aveu respectif, les deux parents avaient retrouvé quelques instants le silence, écoutant d’une oreille distraite le monologue du guide de la visite et de l’institutrice qui complétait parfois ses dires avec des notions vues en classe avec ses élèves. Perturbé par le fait de sentir le regard de Norah posé sur lui, le barbu avait maladroitement fait disparaitre l’alliance d’Alice sous le col de son tee-shirt en comprenant que c’était elle qui avait attiré l’attention de l’infirmière, comme on cachait un trésor que l’on refusait de partager avant de réaliser à la réaction de la jeune femme qu’il avait dû sembler un peu brusque. « Ça va faire... trois ans, bientôt. » avait-elle alors admis dans un souffle lorsqu’il s’était permis un parallèle discret entre leurs situations. « Julie sait ce qu'il s'est passé. Dans les grandes lignes, du moins. Mais elle n'aime pas trop en parler. Elle ne voulait même pas le dire à la maîtresse, à chaque rentrée. Tu sais, les papiers qu'ils reçoivent où ils doivent écrire le métier des parents, les noms, ce genre de choses. Elle est plutôt discrète à ce sujet. » Bien qu’ignorant quant à lui tout ce qui avait pu se passer, et les circonstances dans lesquelles Norah avait perdu son époux, Tommy avait acquiescé d’un air compréhensif, « Je pense que le jour où elle voudra en discuter à une amie, elle se tournera vers Moïra en premier lieu. Julie ne veut pas être prise de pitié, ou qu'on s'apitoie sur son sort malgré les événements. » et bien que les deux situations diffèrent sur bien des points, il ne pensait pas se tromper en affirmant avec douceur « Ça ne sert à rien de les brusquer, de toute façon. C’est le genre de sujets dont ils parlent quand ils se sentent prêts … un peu comme nous, au fond. » Lui l’avait appris à ses dépens, à une époque où sa fille n’était pas encore dans les bonnes dispositions pour aborder le sujet. Avec le temps il lui avait également fallu faire la paix avec l’idée que Moïra n’avait pas suffisamment de souvenirs de sa mère pour qu’elle ne lui manque réellement – Alice manquerait toujours plus à Tommy qu’elle ne lui manquerait à elle, il avait fallu qu’il accepte cette idée, comme l’un des mille et un autres détails insoupçonnés du travail de deuil. « C'est vrai qu'ils sont une sacrée source de motivation. Une raison de vivre. » Un poids peut-être un peu lourd à porter pour leurs épaules d’enfants, au demeurant. « Je ne dirai pas que moi, j'arrive à avancer, par contre. Mais les enfants continuent de grandir, de s'épanouir. Ça me suffit amplement. » Et quoi de mal à cela ? Rien, contrairement à ce qu’en diraient les mauvaises langues qui pensaient bien faire en suggérer à tout bout de champ qu’il était temps de songer à « refaire sa vie » comme si regarder ses enfants grandir n’en était pas une en soi, de vie. « Je vais certainement sonner un peu bizarre en disant ça, mais je suis un peu rassurée de savoir que je ne suis pas la seule à ne pas arriver à se séparer de l'alliance. » Croisant les bras en s’adossant au mur derrière lui, tentant d’ignorer le frisson qui venait de lui remonter le long de la colonne vertébrale, il avait forcé un sourire teinté de bienveillance « Ça n’a rien de bizarre. » Du moins pas à ses yeux, pour ce que cela valait. « Un mariage ne cesse pas d’avoir du sens sous prétexte que … que l’un des deux n’est plus là. La mère de Moïra restera toujours la femme de ma vie … » Perdue dans un murmure, la fin de sa phrase avait été à peine audible et à nouveau le brun avait préféré détourner le regard, baissant les yeux vers le sol avec fatalisme.

Fort heureusement, leurs filles respectives étaient sans le savoir venues brouiller la pente douloureuse sur laquelle leurs parents s’étaient engagés, et sans doute parce que l’attitude de sa copine l’y avait encouragée, Moïra d’ordinaire si peu encline aux démonstrations d’affection en public était timidement venue passer son bras autour de celui de son père. Père et fille échangeant un regard et un bref sourire, tous les deux avaient reporté leur attention sur Norah lorsqu’elle avait annoncé « J'ai pu voir avec Tommy, et il est d'accord pour la soirée pyjama. Et il viendra manger à la maison. » et ce fut ensuite au tour des deux fillettes d’échanger un regard complice et un gloussement de satisfaction, avant que Tommy ne mette un index sur sa bouche pour leur rappeler de modérer le volume. Jetant un coup d’œil vers le reste de la classe après avoir laissé échapper un soupir, Julie avait maugréé à voix basse « Ça commence à devenir long. » les vieux restes d’attitude de cancre qui sommeillaient en Tommy ne pouvant qu’approuver cet état de fait. Et puis, il commençait à avoir faim. « Restez un peu avec nous, alors. Je ne pense pas que ça va durer encore bien longtemps. » Père et mère échangeant un sourire, le quatuor avait néanmoins fait en sorte de garder le silence et l’air faussement attentif jusqu’à ce que l’institutrice tape dans ses mains pour obtenir l’attention de tous et annonce la – tant désirée – pause déjeuner. Dans un brouhaha de satisfaction générale, élèves et adultes avaient donc rejoint en troupeau le hall principal du planétarium puis les espaces verts extérieurs où il était prévu que tout le monde s’installe pour pique-niquer. « Trop bien des chips au vinaigre ! » Farfouillant dans le sac à dos, Moïra découvrait les victuailles sélectionnées par Tommy la veille en rentrant du travail. « Servez-vous si vous en voulez. » avait d’ailleurs proposé le brun à Norah et Julie tandis qu’elles-mêmes sortaient leur repas. « Jus de pomme ou jus de raisin ? » Hésitant un quart de seconde entre les deux briques individuelles proposées par son père, Moïra tranché « Hmm, raisin ! » et son père avait donc gardé la pomme pour lui. Dans le meilleur des mondes il aurait tué pour un soda, mais parait-il que boire du soda et pire, en proposer à ses enfants, était pratiquement considéré comme de la maltraitance de nos jours. « La visite vous a quand même plu ? » Un peu longue sur la fin, certes. Mais probablement qu’une fois leur repas englouti elles n’en garderaient que ce que leur cerveau en avait trouvé d’agréable et d’intéressant – peu importe que cela concerne les étoiles et les planètes, ou simplement l’excitation d’une matinée d’école passée à l’air libre et avec un pique-nique en guise de point final.
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