| | | (#)Lun 27 Mai 2019 - 13:35 | |
| Ca doit faire un an à quelques jours près que j’étais plus revenue ici. Faut dire que ça m’en lasse pas de bons souvenir. La dernière fois que j’avais mis les pieds sur le port, j’étais avec Angelina et Abel et j’avais offert aux passants le plus beau spéctacle qu’il puisse y avoir : une arrestation en bonne et due forme. Merci inspecteur Zehri pour la belle humiliation, surtout devant le fils d’Arthur, ca avait assez compliqué à assumer après ça. Angelina m’avait pris pour la plus grosse psychopathe de tous les temps et avait passé un sacré savon à Arthur après ça. Comment ça il laisse approcher des criminels d’Abel… tous les prétextes étaient bon finalement pour qu’à la moindre occasion, elle puisse avoir la garde d’Abel et éloigner Arthur visiblement… Enfin, j’dis ça mais à sa place, j’ignore totalement comment j’aurai réagi… sans doute de la même manière… à flipper pour un oui ou pour un non pour mon gamin… si j’en avais un, ouais, j’aurai sans doute réagi comme elle. J’étais venue ici pour un rendez-vous avec le responsable des événements et spectacle qui se déroulaient chaque mois sur le port. C’est lui qui était en relation avec les intermittents du spectacle et qui faisait la programmation, il gérait aussi bien la logistique que la communication, avec ses équipes bien entendu. On s’était rencontré pour voir s’il était possible d’avoir des entrées ou des accès gratuits pour les patients de l’association Beauregard. Mettre en place un partenariat de ce genre permettrait un accès à la culture important et à moindre coût surtout, ce serait génial. Le rendez vous avait duré une heure, tout juste et s’était conclu sur un marché intéressant. 8 entrées pour chaque spectacle payant, j’avais maintenant intérêt à faire venir des groupes pour chaque manifestation, si non, j’aurai l’air un peu bête. Il n’y avait plus qu’à motiver les troupes, ce qui je pense, ne serait pas compliqué à faire. Lors j’eu fini, j’étais moins stressée qu’en arrivant et donc, je prenais plus le temps de regarder les bateaux sur le port de plaisance, le temps de retourner au parking à l’autre bout du port. Je flane sans trop faire attention à ce qu’il se passe autour de moi et j’entends alors crier un « Attention ! » à quelques centimètres de moi, je me retourne alors et vois un mec sur une trottinette électrique qui me foncerait presque dessus. Ayant que peu de place pour me pousser, me voilà contrainte de sauter sur le bateau qui est juste à quai. « Enfoiré ! » je hurle pour qu’il m’entende bien et la seule réponse est de levé son bras en l’air ainsi qu’un index bien pointé vers le ciel. « super… connard… » ca aurait pu finir plus mal, j'aurai pu être obligée de sauter à l'eau aussi... je me redresse et m’apprête à quitter le navire avant quelqu’un ne me voit. Alors j’entends la porte de la cabine s’ouvrir… je me retourne, désolée de l’intrusion et me voilà en face à face avec Anwar Zehri, manquait plus que ça. « J’me casse, pas la peine de venir m’arrêter pour intrusion sur domaine privé. » |
| | | | (#)Ven 5 Juil 2019 - 11:07 | |
| « Zehri, vous passerez dans mon bureau à votre retour au poste. » Le visage visiblement entrainé à ne rien laisser transparaitre jurait avec le brin de froideur avec lequel le chef de service avait alpagué Anwar, au moment où Patton et lui s’apprêtaient à quitter leur bureau pour sortir. Ayant laissé passer quelques secondes, le lieutenant avait attendu qu’ils soient au bout du couloir pour lancer une œillade dans la direction de son équipier, questionnant « Tu sais ce qu’il te veut ? » en désignant du menton le bureau du boss à l’autre bout du couloir, mais lui répondant par un haussement d’épaules le brun avait préféré jouer celui qui ne savait pas. Et c’était pourtant bien une pointe d’angoisse que l’inspecteur avait senti lui pincer l’estomac tandis qu’ils rejoignaient le parking, reléguant à plus tard une confrontation hiérarchique dont il savait qu’elle lui pendait au nez depuis un moment. A son retour, et sans surprise, la voiture de son ancien chef d’équipe avait attiré son attention à la seconde où il s’était garé sur le parking, et lorsqu’il avait frappé à la porte du bureau dans lequel il était convoqué c’était bien deux paires deux et non pas une seule qui l’avaient accueilli. « SP Warrington. Chef. » Les mains jointes dans son dos et les épaules droites, Anwar tentait de ne rien vendre de l’impatience et du stress qui l’animaient, et s’était exécuté sans broncher lorsqu’on lui avait demandé « Fermez la porte. Si je comprends bien nous risquons d’en avoir pour un moment. » Et en effet, ils en avaient eu pour un moment. Un long moment. ***Il n’était pas patient, Anwar. Pas patient du tout, et plus encore qu’à l’accoutumé ces deux jours de repos lui avaient fait l’effet d’être comme un lion en cage ; Un lion qui savait que sa pitance tomberait sous peu, mais qui n’avait aucune idée de quand. Il étouffait dans son appartement, comme si l’enfermement l’empêchait de réfléchir, et finalement malgré la grisaille et le bulletin météo peu engageant émis par la capitainerie en début de journée, le policier avait rejoint le havre de paix que représentait son voilier. Le Borealis était comme un petit bout de mer sur lequel ses tracas – ceux de la terre ferme – n’avaient plus court, un espace neutre de réflexion où tout semblait plus clair, et où rien ni personne ne parasitait plus ses pensées. Voilà pour la théorie, du moins, soumise aux aléas presque comme la navigation l’était au climat, et ce jour-là mise à mal par l’irruption d’un florilège allant du « Enfoiré ! » au « Super … Connard … » et auxquels se rattachaient une voix qu’Anwar aurait classé dans les grincements de craie bien plus que dans les voix mélodieuses. La tête passée hors de la cabine pour s’ôter le doute quant à l’identité de l’intruse, le policier lui avait lancé un regard accusateur et aboyé aussitôt « Non mais vous vous croyez où ? » tant Noa Jacobs lui semblait faire preuve d’un toupet incroyable, à la fois par les insultes et par sa manière de s’inviter à bord sans sembler se soucier du fait qu’il s’agissait d’une propriété privée. Avant qu’il n’ait eu le loisir de lui en faire la remarque, néanmoins, la jeune femme l’avait gratifié de son ton le plus malaimable pour lui assurer « J’me casse, pas la peine de venir m’arrêter pour intrusion sur domaine privé. » et l’espace d’une fraction de seconde l’inspecteur s’en était presque questionné sur le niveau de stupidité de son interlocutrice. « Et qu’est-ce que vous dites d’insultes envers personne dépositaire de l’autorité publique, histoire de faire d’une pierre deux coups ? » A croire que l’hôtel de police, son room service et ses cellules de garde à vue tout confort avaient fini par lui manquer. Mais Anwar n’avait ni le temps ni l’énergie pour les revendications que pouvaient avoir Jacobs aujourd’hui, en vérité, et s’il avait fini par demander « Qu’est-ce que vous foutez là ? » ce n’était que pour mieux prévoir de la congédier la seconde suivante, les griefs qu’elle avait contre lui ne lui donnant pas pour autant le droit de venir l’alpaguer comme une poissonnière en dehors de ses heures de service.
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| | | | (#)Dim 7 Juil 2019 - 15:51 | |
| Il suffisait d’un bateau, un seul bateau, celui de l’inspecteur Zehri et je tombais dessus. J’aurai du partir aussitôt cette réunion fini, au lieu de flâner sur ces quais. Ce port ne m’avait pas porté chance la dernière fois que j’y étais venu et il ne me rappelait aucun bon souvenir en particulier et ça continuait. Je pourrais sans doute encore raconter une anecdote négative à propos celui-ci : la fois où on me poussa sur le bateau de celui à cause de qui j’avais finis en taule et qui plus est, voulait encore me causer des soucis. « Et qu’est-ce que vous dites d’insultes envers personne dépositaire de l’autorité publique, histoire de faire d’une pierre deux coups ? » je comprends pas, de quoi il parle ? « quoi ? » je réponds presque offusquée, puis, je me souviens d’avoir insulter ce mec qui m’avait bousculé à deux reprises et là, c’est trop, je ris nerveusement. « Vous êtes sérieux ? » Je le savais incompétent et au flair imparable… mais là… « A quel moment vous vous êtes dis que je savais que vous aviez un bateau ici ? A quel moment vous vous êtes dis que j’allais débarquer ici sur votre bateau pour vous insulter ? Oui Monsieur l’inspecteur Zehri, j’ai que ça à faire de vous suivre à la trace, que ça à faire de débarquer ici et venir prendre le risque que votre melon m’emmène à nouveau derrière les barreaux. » ou du moins, me fasse passer une petite nuit en garde à vue. Cet homme se sentait si important pour croire que j’étais capable de ça ? « Décidément, réfléchir c’est pas votre fort… » j’étais pas tendre avec lui, car même à l’heure qu’il était, même un an après mon arrestation je le portais toujours coupable de ce qu’il m’était arrivé, coupable de m’avoir envoyé en prison pendant plus d’un mois, coupable d’avoir voulu ranger cette affaire au placard sans creuser… Est-ce que je devais vraiment lui dire ce que je foutais sur ce bateau ? Ca allait attendre un peu, j’étais surtout curieuse de voir si l’égo de l’inspecteur était tel qu’il allait m’écouter ou s’il continuerait à penser que j’étais ici pour ses beaux yeux. Je fis un pas en arrière quand une goutte d’eau mon tomba sur l’épaule, puis une deuxième et à n’en plus compter. En moins deux dix secondes, voilà qu’une averse sans précédant nous tomba dessus, recouvrant le pont du bateau de pluie et les marches retourner sur le quai complètement glissantes. Ce retournement métérologiques aurait pu écourter notre échanges si j’avais pris le risque de remonter plus haut mais il était hors de question que je termine ma course dans l’océan. Je fis alors demi tour et sans même en demander l’autorisation à l’inspecteur, j’entrai dans sa cabine. « ca vaut au moins ça ! » et je restais à l’abris sans lui adresser un regard. S’il pouvait quelques chose pour moi, c’était au moins me laisser ici en attendant que la tempête ne se calme.
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| | | | (#)Sam 13 Juil 2019 - 14:04 | |
| Il y avait une première fois à tout, et ce jour-là pour la toute première fois depuis qu’il en était devenu le propriétaire il y avait de cela quelques années – s’endettant au passage probablement jusqu’à ce que sonne l’heure de la retraite, en y ajoutant son appartement – Anwar regrettait d’avoir mis les pieds sur le Borealis. L’esprit déjà plein de la multitude de tracas qui semblaient s’être donnés le mot pour lui tomber dessus simultanément, il avait cru trouver un peu de calme intérieur en briquant le pont de son rafiot comme d’autres trouvaient leur tranquillité d’esprit dans le fait de soulever de la fonte ou de trier leurs affaires personnelles … Et il avait fallu que Jacobs débarque avec ses gros sabots et ne vienne encore jouer les pleureuses, à grands renforts de noms d’oiseaux cette fois-ci. « Quoi ? » avait-elle-même eu le culot de questionner, y ajoutant même « Vous êtes sérieux ? » en jouant les grandes offusquées lorsqu’il avait répliqué. Mais à quoi s’attendait-elle au juste, en débarquant sur SON bateau toutes insultes dehors, si ce n’était à être accueillie de la manière dont Anwar venait de le faire ? « Vous voulez parier ? » Il n’était pas en service, autrement dit rien ne l’empêchait de la virer de son bateau à coup de pieds au cul si elle ne s’y attelait pas elle-même. Mais au lieu de ça la voilà qui s’était lancée dans une tirade furibonde, se complaisant à l’évidence bien plus qu’elle ne le disait dans le rôle de victime qu’elle tentait de cultiver à son égard « À quel moment vous vous êtes dit que je savais que vous aviez un bateau ici ? À quel moment vous vous êtes dit que j’allais débarquer ici sur votre bateau pour vous insulter ? Oui Monsieur l’inspecteur Zehri, j’ai que ça à faire de vous suivre à la trace, que ça à faire de débarquer ici et venir prendre le risque que votre melon m’emmène à nouveau derrière les barreaux. » Elle ne manquait décidément pas de culot, pour quelqu’un qui, la dernière fois qu’ils s’étaient croisés, ne demandait qu’à se faire oublier de l’inspecteur. Et dans les faits elle y était parvenue, tous les deux n’ayant pas croisé la même route depuis la fin du procès de l’homme ayant réellement commis les faits un temps reprochés à la jeune femme – Anwar ne l’avait pas oubliée pour autant, pas plus que la culpabilité que son enfermement injustifié avait provoqué chez lui. Mais plutôt avaler sa langue que de l’admettre face à cette furie et sa mauvaise foi « Je ne sais pas, au hasard je dirais : entre le enfoiré et le connard ? » Mais peut-être allait-elle avoir l’audace de lui assurer qu’elle parlait toute seule, et qu’elle n’avait mis les pieds sur ce pont plutôt qu’un autre que par pur hasard ou pour profiter au mieux de l’air marin. « Décidément, réfléchir c’est pas votre fort … » Les narines pincées par l’agacement, Anwar avait pointé un doigt furieux vers l’embarcadère, intimant ainsi à la jeune femme d’y retourner avant qu’il ne se charge de l’y trainer de force – là au moins aurait-elle une bonne raison de l’injurier. « Je vous laisse dix secondes pour dégager de mon bateau. » Jusque-là trop occupé à gérer le cirque provoqué par son ancienne suspecte, Anwar n’avait entendu le mât principal du voilier grincer qu’à la seconde où les premières gouttes de pluie étaient venues s’écraser contre le bois ciré du pont. Levant le nez vers le ciel, le brun y avait vu les prémices de l’orage qui menaçait depuis le début de la journée, chargeant l’air d’électricité et d’une moiteur désagréable. « Génial. » Le regard glissant à toute vitesse de l’amarre dénouée juste avant l’intervention de Noa jusqu’à la voile secondaire qu’un coup de vent venait de faire claquer, il avait à peine accordé un regard à la jeune femme lorsqu’elle s’était exclamée « Ça vaut au moins ça ! » et si l’espace d’une seconde il s’était vu protester lorsqu’elle était descendue jusqu’à la cabine en faisant – littéralement – comme chez elle, la pluie qui tombait désormais à verse l’avait persuadé de s’en tenir d’abord au plus urgent. En quelques minutes passées à resserrer les amarres, vérifier les fixations des voiles et débarrasser le pont du matériel initialement sorti pour le nettoyer, Anwar s’était retrouvé trempé des pieds à la tête, la pluie traversant ses vêtements et manquant de le faire glisser à deux reprises sur la surface lisse comme une boule de billard du bateau. S’agrippant au bastingage pour s’éviter toute chute supplémentaire, il avait presque été poussé vers l’intérieur de sa cabine lorsqu’une bourrasque de vent était venue s’abattre dans son dos, et avait dû s’aider d’un grand coup d’épaule pour refermer la porte derrière lui. Y restant appuyé quelques secondes pour reprendre sa respiration, il avait passé une main dans ses cheveux pour les débarrasser du trop-plein d’eau puis avait secoué la tête d’un air excédé. Depuis l’intérieur de la cabine le bruit de l’orage au-dehors paraissait un peu plus lointain, et pour Anwar qui y était habitué les grincements du bateau avaient des airs de berceuse. Installée sur la banquette du minuscule coin repas, Noa n’avait pas pris la peine de replier ses jambes lorsque le policier avait entrepris de traverser les quelques mètres carrés dans lesquels ils avaient trouvé refuge, et se contentant de les enjamber en silence il avait ouvert l’un des compartiments au plafond pour en sortir une serviette avec laquelle il pourrait se sécher – ou au moins essayer. « La pluie se sera calmée d’ici dix minutes, après ça vous aurez suffisamment abusé de mon hospitalité. » Lui tournant ostensiblement le dos, il avait retiré son tee-shirt et l’avait essoré dans le minuscule évier de la cabine puis l’avait remis aussi vite en frissonnant. Entourant la serviette autour de ses épaules, il s’était installé dans le hamac dressé au milieu du passage – une solution qu’il estimait plus pratique que celle visant à déplier la banquette pour la transformer en lit – et avait entrepris de retirer ses converses et ses chaussettes, toutes détrempées, gratifiant sa passagère clandestine d’un « Si vous avez le mal de mer, soyez gentille, et faites en sorte de viser l’évier. » pour lequel il n’avait pas jugé utile de jeter un autre regard dans sa direction. Il ne tenait pas à nettoyer des restes de vomi sur le plancher de sa cabine sous prétexte qu’elle avait l’estomac fragile.
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| | | | (#)Lun 15 Juil 2019 - 6:19 | |
| La pluie battante commence même à recouvrir le pont d’une couche épaisse d’eau qui s’évacue difficilement par-dessus bord. J’espère qu’on ne finira pas par être inondé dans la cabine aussi, ce serait bien con pour un bateau resté à quai qu’il finisse par couler lui aussi. Ce n’était pas vraiment le moment de jouer un remake de Titanic et se la jouer Jake et Rose, car on était loin d’être parfait dans ces rôles-là. J’attends dans la cabine alors qu’Anwar prend quand même des risques à aller dehors pour je ne sais quelle raison. Je jetais de temps en temps des coups d’œil dehors histoire de m’assurer qu’il ne passe pas par-dessus bord. Même si l’envie de l’y pousser pourrait me prendre, j’avais suffisamment passé de jours en prison par sa faute pour y retourner pour non-assistance en personne en danger, qui plus est la personne étant l’inspecteur. Non merci. Le revoilà trempé de la tête aux pieds mais au moins, il était en vie. Je restais assise sur cette banquette peu confortable mais c’était mieux que rien. Il passa devant moi, n’ayant pris la peine de replier mes jambes, ce que je pouvais être con parfois. « La pluie se sera calmée d’ici dix minutes, après ça vous aurez suffisamment abusé de mon hospitalité. » Je comptais pas rester une seconde de plus une fois que l’orage sera passé. J’irai rejoindre ma voiture et m’éloigner à tout jamais de ce port de malheur. « Si vous avez le mal de mer, soyez gentille, et faites en sorte de viser l’évier. » ou ses pieds, qui sait. Dommage pour moi, le mouvement du bateau sur les vagues ne me donnait en aucun cas l’envie de rendre mon déjeuner. Mais je devais réellement revenir sur les raisons qui m’avaient foutu sur le pont de son bateau. « Si j’ai bien tout saisi, vous êtes persuadé que je suis venue ici en personne pour vous insulter devant la porte de votre cabine ? J’étais donc censée savoir où et quand vous trouver ou me tenter petit bonheur la chance ? » je le regarde, air suspicieux… « Pour être serieuse et sans vouloir vous blesser inspecteur… » voilà un bien grand mot pour lui. Une sinécure pour lui. Une taf bien trop payé pour quelqu’un qui semblerait être aussi incompétent que lui. « Sans vouloir vous blesser… plus loin de vous je suis, mieux j’me porte. Vous me renvoyez bien trop de chose pour venir vous courir après. Et sachez que ces noms d’oiseaux que j’ai pu employé n’étaient qu’en destination du petit merdeux qui m’a poussé à sauter sur le pont au lieu de me prendre une trottinette électronique de plein fouet. » histoire de remettre l’Eglise au milieu du village. « Alors, si on pouvait cesser de se victimiser… »
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| | | | (#)Mer 7 Aoû 2019 - 14:48 | |
| D’avoir échangé son tee-shirt détrempé contre un autre sec ne changeait rien à la sensation de froid qui s’emparait doucement du policier. Pour ça il détestait l’hiver, l’instabilité de sa météo et une température à faire mentir tous les clichés qui assuraient qu’on jouissait en terres australiennes d’un éternel été. Parvenant néanmoins tant bien que mal à s’empêcher de claquer des dents, il avait enroulé autour de ses épaules la serviette utilisée juste avant pour sécher – un peu – ses cheveux et avait contemplé avec un brin de dépit la silhouette agacée de Noa dans sa vision périphérique. De toutes les épines profondément enfoncées dans son pied actuellement, elle n’était ni la plus grosse ni la plus inquiétante : mais à cet instant précis, elle était de loin la plus agaçante, et en toute mauvaise foi Anwar était presque prêt à y voir une raison supplémentaire de détester l’hiver et son temps de chien. Prostrés chacun dans un coin de la cabine comme deux mômes qui refusaient de faire la paix après une dispute, elle autant que lui laissaient s’installer un silence aussi pesant que désagréable, seulement troublé par les grincements du voilier à mesure que le vent le faisait tanguer. Contre toute attente, ce fut finalement elle qui reprit la parole la première : « Si j’ai bien tout saisi, vous êtes persuadé que je suis venue ici en personne pour vous insulter devant la porte de votre cabine ? J’étais donc censée savoir où et quand vous trouver ou me tenter petit bonheur la chance ? » Jetant un regard noir dans sa direction, il avait haussé les épaules et répondu non sans un certain sarcasme « Oh, donc vous allez me faire croire que c’est un passe-temps parmi tant d’autres, venir emmerder les plaisanciers ? Vous faites ça souvent ? » A se demander comment personne n’avait encore eu l’idée ingénieuse de la noyer et de lester ses chevilles avec des briques histoire d’être définitivement tranquilles. Une idée qui, même si d’y songer l’aidait présentement à passer ses nerfs, ne sortirait jamais de sa bouche au risque qu’elle en profite pour l’accuser de menaces de mort ; Au fond elle n’attendait peut-être que cela, une excuse pour lui rendre la monnaie de sa pièce. « Pour être sérieuse et sans vouloir vous blesser inspecteur … » Marquant une pause, elle l’avait observé avec plus d’attention tandis qu’il ne devait qu’au fait de vouloir savoir la fin de sa phrase pour ne pas avoir déjà rétorqué qu’elle en faisait sans doute un peu trop. « Sans vouloir vous blesser … plus loin de vous je suis, mieux j’me porte. Vous me renvoyez bien trop de chose pour venir vous courir après. » Là aussi, elle en faisait clairement un peu trop. Et il aurait presque pu ne pas lui en tenir rigueur si, aussitôt après avoir justifié « Et sachez que ces noms d’oiseaux que j’ai pu employer n’étaient qu’en destination du petit merdeux qui m’a poussé à sauter sur le pont au lieu de me prendre une trottinette électronique de plein fouet. » en donnant l’impression de vouloir calmer le jeu, elle n’avait pas terminé ses simagrées en ajoutant « Alors, si on pouvait cesser de se victimiser … » avec la plus pure des mauvaises fois. Un rire aussi bref que cynique lui échappant, le policier avait questionné de façon totalement rhétorique « C’est vous qui parlez de victimisation ? » Elle ne manquait vraiment pas de culot, pour quelqu’un qui ne perdait pas une occasion de chouiner sur son sort et sur l’idée que le vilain inspecteur Zehri en avait après elle depuis le début et avait tout fait pour lui gâcher la vie. « Si vous passiez un peu moins de temps à vous regarder le nombril vous vous rendriez compte que la vraie victime dans toute histoire, c’est celui qui croupit dans un caveau commun parce que sa mère n’a pas voulu mettre un rond dans des funérailles dignes de ce nom. Pas vous. Vous, vous n’êtes qu’un dommage collatéral, un dommage qui n’a été réparé que parce que mon équipe et moi nous avons fait le travail que vous nous accusez d’avoir sabordé. » Ce même travail dont elle avait pourtant eu un aperçu durant le procès au cours duquel ils avaient tous les deux témoigné. « Si vraiment j’avais voulu bâcler cette enquête, vous seriez toujours au fond d’une cellule à l’heure qu’il est. Alors croyez bien que je suis désolé de ce qui vous est arrivé, et que s’il y avait eu un seul moyen d’empêcher les choses de se passer de cette manière, elles se seraient déroulées autrement … Mais me considérer comme le grand méchant loup venu troubler votre tranquille petite existence à chaque fois que vous en avez l’occasion, c’est ça que j’appelle de la victimisation. » Dehors, la pluie tambourinait toujours contre la coque et le hublot de la cabine, et soupirant avec lassitude le brun avait resserré la serviette autour de ses épaules et croisé les bras. Maintenant il était véritablement à deux doigts de claquer des dents.
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| | | | (#)Jeu 8 Aoû 2019 - 7:48 | |
| « C’est vous qui parlez de victimisation ? » Je relève les yeux bien curieuse de savoir ce qu’il allait me dire ensuite. J'esperais qu’il n’allait pas s'aventurer sur ce terrain glissant, je l’entendais déjà me dire que je faisais moi-même la victime. Démontrez moi que vous êtes plus intelligent que ça inspecteur… . « Si vous passiez un peu moins de temps à vous regarder le nombril vous vous rendriez compte que la vraie victime dans toute histoire, c’est celui qui croupit dans un caveau commun parce que sa mère n’a pas voulu mettre un rond dans des funérailles dignes de ce nom. Pas vous. Vous, vous n’êtes qu’un dommage collatéral, un dommage qui n’a été réparé que parce que mon équipe et moi nous avons fait le travail que vous nous accusez d’avoir sabordé. » un dommage collatéral ? J'y crois pas, c'est comme ça qu’on considère les personnes victimes d'erreur judiciaires ? Des dommages collatéraux ? « Si vraiment j’avais voulu bâcler cette enquête, vous seriez toujours au fond d’une cellule à l’heure qu’il est. Alors croyez bien que je suis désolé de ce qui vous est arrivé, et que s’il y avait eu un seul moyen d’empêcher les choses de se passer de cette manière, elles se seraient déroulées autrement … Mais me considérer comme le grand méchant loup venu troubler votre tranquille petite existence à chaque fois que vous en avez l’occasion, c’est ça que j’appelle de la victimisation. » je me leve, j'etais en colère, j'etais furieuse et aussi triste. « Fermez la ! » je passe mes mains devant mon visage. « J'ai été victime de vos erreurs, victime de je ne sais qui qui a estimé avoir trouvé le coupable parfait pour ce meurtre ! Et me dire que je suis un dommage collatéral c’est juste dégueulasse. » et le ton monte… « et me faire culpabiliser parce qu’il y a eut un jeune mort ça aussi c’est degeulasse ! Je sais qu’il est mort, je sais que c’était un pauvre jeune ! C'est le genre de jeune que j’ai côtoyé pendant plusieurs années et avec qui j'ai travaillé chaque jour ! Allez pas m'apprendre dans quelle misères ils sont et comme c’est impossible de se plaindre quand on sait que ce genre de drame arrive, pas à moi inspecteur ! » et je jete un œil dehors vers cette pluie battante. N’hésite reellement à sortir et n'en avoir rien à faire d’etre trempee finalement. « Merci inspecteur d'avoir fini par faire votre travail ! En attendant ça rattrapera pas les 40 jours que j’ai passé derrière les barreaux et vous pouvez dire ce que vous voulez, j’en ai chier Ok ?! J'en ai chier et vous y êtes pour quelques chose quoi que vous pensez ! Alors non je me victimise pas juste pour le plaisir de faire pleurer dans les chaumières ! » Et voilà que je me calmais enfin, laissant place aux larmes. Putain manquait plus que ça. « je me tire ! Merci pour l’hospitalité ! » et je me dirige vers la porte que je peine à ouvrir tellement le vent est fort dehors. Merde !
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| | | | (#)Mar 10 Sep 2019 - 4:31 | |
| La discussion houleuse à laquelle ils avaient tous les deux décidé de s’adonner couvait sans doute depuis trop longtemps pour qu’ils n’aient encore l’énergie suffisante de s’en priver. Les simagrées de Jacobs n’étaient assurément que le sommet de l’iceberg pour Anwar, mais à cet instant s’entendre à nouveau dire qu’il ne faisait pas son travail consciencieusement avait été la goutte d’eau – ironique, tant la pluie tombait dehors avec ardeur – et il n’avait pas su ronger son frein comme il le faisait en temps normal. Il n’en pouvait plus de l’entendre geindre et faire de son cas une généralité, et de l’entendre parler de victimisation quand elle n’avait eu cesse de se poser en victime face à lui lors de chacune de leurs entrevues était à ses yeux le comble de la mauvaise foi. Se comporter comme une victime ne suffisait pas à en être une, et si le policier avait un temps tenté de trouver des excuses à la jeune femme et de faire preuve d’empathie, désormais il ne lui trouvait plus qu’une agaçante tendance à chouiner et à remettre artificiellement sur le tapis les mêmes reproches dans le simple but de se faire plaindre. « Fermez-là ! » Bondissant pour se remettre debout, à l’évidence piquée au vif par les vérités dérangeantes énoncées par l’inspecteur, Noa entendait bien défendre le sacro-saint statut de victime qu’elle s’était octroyé. « J'ai été victime de vos erreurs, victime de je ne sais qui qui a estimé avoir trouvé le coupable parfait pour ce meurtre ! Et me dire que je suis un dommage collatéral c’est juste dégueulasse. » Pas autant que le fait de se prendre pour plus victime que celui qui avait perdu la vie dans cette affaire, selon lui. Et elle d’ajouter à ce sujet « Et me faire culpabiliser parce qu’il y a eu un jeune mort ça aussi c’est dégueulasse ! Je sais qu’il est mort, je sais que c’était un pauvre jeune ! C'est le genre de jeune que j’ai côtoyé pendant plusieurs années et avec qui j'ai travaillé chaque jour ! Allez pas m'apprendre dans quelle misères ils sont et comme c’est impossible de se plaindre quand on sait que ce genre de drame arrive, pas à moi inspecteur ! » comme si le fait de savoir très bien de quoi il retournait ne rendait pas ses simagrées encore plus indécentes. « La seule erreur aurait été d’estimer l’affaire bouclée une fois votre carcasse en taule. Est-ce que c’est ce qui s’est passé ? Non. Les personnes que vous accusez d’avoir bâclé leur travail, ce sont celles grâce à qui vous êtes dehors aujourd’hui, alors épargnez-moi votre numéro de grande offusquée. Si vous cherchez des enquêtes résolues sans accro et en une semaine, je vous conseille plutôt d’aller au cinéma. » Dire qu’il avait culpabilisé, dire qu’il avait remis sa carrière et sa légitimité en question à cause de son cinéma … Mais en définitive, Noa Jacobs n’était qu’une foutue chouineuse. Et la voilà qui reprenait de plus belle « Merci inspecteur d'avoir fini par faire votre travail ! En attendant ça rattrapera pas les quarante jours que j’ai passé derrière les barreaux et vous pouvez dire ce que vous voulez, j’en ai chié ok ?! J'en ai chié et vous y êtes pour quelque chose quoi que vous pensiez ! Alors non je me victimise pas juste pour le plaisir de faire pleurer dans les chaumières ! » avec en prime des larmes de crocodile qui, si elles n’apportaient aucune satisfaction particulière à Anwar, ne lui faisaient plus ni chaud ni froid. « Ça va, on ne vous a pas non plus envoyée à Guantanamo, n’exagérez pas. » Qu’elle n’ait pas passé quarante jours faciles ou agréables, il pouvait encore l’entendre. Mais qu’elle se comporte comme si elle avait été envoyée à l’abattoir et jetée en pâture aux autres détenues – quand Anwar était absolument certain que si l’intégrité de sa cliente avait été menacée ne serait-ce qu’une seconde son avocat se serait engouffré dans la brèche avec plaisir – c’était absolument ridicule. Essuyant les larmes sur ses joues d’un coup de manche furibond, la jeune femme semblait en avoir assez entendu, et pluie ou non elle avait fait volte-face « Je me tire ! Merci pour l’hospitalité ! » À peine la porte de la cabine ouverte, le bruit de la pluie avait résonné de plus belle. Qu’elle attrape la mort et termine comme un rat mouillé, ce n’était plus son problème, et se contentant de marmonner un « C’est ça, bon vent. » mauvais qu’elle n’entendrait probablement pas il l’avait laissée débarrasser le plancher sans faire le moindre geste pour la retenir. Qu’on ne l’y prenne plus à cultiver la moindre once de remord à l’égard de cette bonne femme. Terminé.
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