Il y’a quelques semaines avait eu lieu un gros incendie, qui en plus d’avoir des morts à son actif, a pas mal traumatisé toute l’équipe qui s’était rendue sur place pour aider à vaincre les flammes. C’était fort. Nul de besoin de préciser que Lene n’en dormait parfois plus de la nuit dès qu’elle se prenait à y penser et revisiter les évènements. Elle n’avait pas été dans l’équipe en intervention dans la maison, ni même auprès des flammes. Elle avait juste fait de son mieux pour apporter le matériel où il devait être et porter assistance à quiconque avait pris un gros coup de chaud à l’intérieur de la maison en flamme. Une affectation simple qui pourtant l’avait marqué assez. Il faut avouer que le côté apocalyptique de la maison en flamme lui avait fortement rappelé un épisode traumatisant de sa vie : le tempête d’octobre 2016, où elle avait fini prisonnière d’une grande roue et totalement à la merci de la première âme bienveillante qui n’aurait pas cédé à la panique pour aider d’autres êtres humains à s’en sortir. Elle avait ressenti la même inquiétude, le même effet le soir de l’incendie que celui de ce fameux soir d’octobre. Elle s’était rappelée pourquoi elle avait voulu faire ce métier là, dans les situations impossible, elle voulait rendre au monde cette petite poussée qui avait fait qu’un soir d’octobre, quelqu’un a cherché à la sortir d’un amas de fer pour lui permettre de vivre. Elle voulait elle aussi, donner cette chance à quelqu’un de pouvoir vivre assez pour aider à son tour, et ainsi de suite. Même si elle n’a pas le profil qu’on prêterait à la générosité (Lene ne l’est pas) elle veut ce qu’elle a eu. Toutefois, ces évènements ne se sont pas produits sans conséquence. Un choc post-traumatique a été la conséquence du premier et parce qu’elle s’évertue à dire qu’elle va très bien depuis le second évènement alors que tout le monde a le moral dans les chaussettes et que la cellule psychologique est venue prendre en charge les pompiers ayant intervenu, elle a été invitée par le capitaine à prendre rendez-vous afin de vérifier si son état psychologique va bien de pair avec la mission de soldat du feu. Pour Lene, c’est une décision stupide. Mais c’est aussi une décision qui l’amène à éviter d’être de corvée. De plus, elle sait que si elle ripostait ou râlait, il y’a des chances qu’elle ait plus de rendez-vous à prendre donc contrairement à l’attente public, elle se fait docile et obéit. Une fois dans la salle d’attente, elle regrette juste la manie des médecins à n’être jamais capable de suivre des rendez-vous correctement. Elle n’a clairement pas la patiente et ça se voit à sa jambe qui bouge en dévoilant tout du fait que Lene n’aime pas être là. Dans la pièce se tient un autre gars, silencieux, qu’elle ne connait pas, puis elle. En espérant qu’il n’ait pas grand-chose à dire, elle peut espérer voir le doc dans l’heure. Heure qui ne tourne pas d’ailleurs. Son regard fixée à la pendule se stoppe quand elle entend la porte s’ouvrir et qu’ils sont rejoint par une troisième personne. Un visgae plutôt familiers bien qu’elle ne l’ait pas aperçu depuis qu’elle a pris la décision d’arrêter de boire. Lene est toujours un peu mal à l’aise de croiser des gens de se passé là, bien qu’elle soit capable de sauter à la gorge de n’importe qui qui aurait du jugement dans le regard. Malgré tout, elle n’agit pas en chienne et ne prétend pas de ne pas reconnaitre la personne. « Leah ? » Leah avait bossé au McTavish, comme Tommy, elle avait régulièrement dû supporter Lene affalée sur le bar après un trop-plein de bière. Reste qu’ici, ce n’est pas le McTavish mais le cabinet d’un psy. Loin d’elle l’idée d’être un peu trop curieuse mais la coincidence l’interpelle. « Tu peux t’asseoir à côté de moi si tu veux. J’espère que tu n’es pas pressée. Le type là dedans a du commencer à raconter sa vie dès sa naissance et comme il a bien cinquante balai, ça va être long. » Ouais, si y’avait besoin de pisser, c’est maintenant.
Enfin, la période de tests avait commencé, permettant à Leah d’entrevoir l’espoir d’être acceptée dans la caserne des pompiers de Brisbane. La brune était consciente qu’elle n’aurait pas de réponse avant un certain laps de temps, mais le simple fait de pouvoir entamer ces démarches la mettait en joie. Depuis début janvier, Leah était sans emploi et tournait en rond comme un lion en cage. La jeune femme n’avait jamais été habituée à ne rien faire de sa vie, et la perspective d’embrasser une nouvelle carrière était la chose la plus excitante qui lui était arrivé depuis des semaines. Enfin, si l’on mettait de côté certains évènements tout aussi gros, mais qui ne tenaient pas forcément de l’ordre de l’excitation. Apprendre qu’elle était enceinte était, au mieux, une expérience traumatisante. Et flippante. Mais pas du tout excitante, ça non. La brune tergiversait encore sur la meilleure façon d’annoncer cette nouvelle à Stephen, allongeant de manière significative le délai raisonnable pour lui dévoiler sa condition. Non pas qu’elle n’ait jamais essayé de lui en parler, mais il fallait croire que des forces invisibles mettaient tout en œuvre pour l’empêcher de lâcher le morceau. Le temps avançait, rendant les choses de plus en plus difficiles à assumer pour elle. Elle ignorait quoi faire avec cette petite chose qui grandissait en elle, mais plus le temps avançait, et plus l’idée de le garder s’installait dans son esprit. Mais encore faudrait-il pouvoir débattre du sujet avec le principal intéressé. Soupirant, la brunette prit la direction du cabinet dont l’adresse était indiquée sur sa convocation. Un test psychologique. Elle savait qu’elle devrait y passer tôt ou tard, mais elle n’imaginait pas que ça serait si rapide. Non pas qu’elle s’inquiète outre mesure, mais allez savoir avec ces psys. C’était son avenir qui dépendait de cette personne après tout, il y avait de quoi stresser. Leah n’appréciait pas vraiment dépendre de quelqu’un d’autre. Elle ne pouvait pas vraiment avoir de prise sur ce qui allait se passer lors de cette entrevue, pas comme pour un test sportif où elle était seule maître de son échec ou de sa réussite. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait affaire à ce genre de médecin, ça avait déjà été le cas lorsqu’elle était sortie de son coma l’an dernier. Apparemment c’était un passage obligé quand on manquait de se faire tuer par un ex-copain violent. La brunette gara sa voiture et observa le bâtiment qui se dressait devant elle, vérifiant l’adresse de la convocation. La plaque dorée qui reflétait le soleil hivernal indiquait le nom du médecin supposé la prendre en charge, et elle se dirigea obligeamment vers le lieu de rendez-vous. Elle était légèrement en avance, espérant que les psychologues étaient plus au taquet sur les horaires que les médecins généralistes. Un rapide coup d’œil dans la salle d’attente lui indiqua qu’elle s’était mis le doigt dans l’œil. Deux personnes devant elle, à dix minutes du rendez-vous. Autant dire qu’elle était partie pour la gloire. La brune se dirigea vers une chaise, regrettant de n’avoir rien apporté avec elle pour tuer le temps. « Leah ? » La jeune femme tourna la tête en direction de celle qui l’avait appelée par son prénom. Si elle s’était attendue à croiser une connaissance ici. Elle observa son interlocutrice quelques secondes, réalisant que la brune incendiaire qui l’avait interpellée n’était autre que Lene. Lene, qui avait fait bon nombre de fermetures avec eux au MacTavish. Lene qui avait toujours eu un rapport tout particulier avec l’alcool. Lene avec qui elle s’était déjà pris la tête à l’époque, alors qu’elle essayait simplement de l’aider. Elle n’avait pas revu la jeune femme depuis un certain temps, et n’aurait jamais pensé la revoir dans des circonstances pareilles. Elle était d’ailleurs étonnée qu’elle lui adresse la parole, au vu de leur dernière altercation.« Tu peux t’asseoir à côté de moi si tu veux. J’espère que tu n’es pas pressée. Le type là dedans a du commencer à raconter sa vie dès sa naissance et comme il a bien cinquante balai, ça va être long. » Hésitante, Leah opta finalement pour l’option de s’assoir à ses côtés puisqu’elle avait proposé. « Salut Lene. » Commença-t-elle avec un petit sourire, sans trop savoir sur quel pied danser. Elle s’installa, posant ses affaires à côté d’elle avant d’observer son interlocutrice avec un lueur amusée dans les yeux face à sa remarque. Elle n’avait pas l’air hostile, ce qui détendit un peu la brunette. « Super… Non je suis pas pressée, mais j’ai clairement pas envie de passer ma journée ici. » Grimaça-t-elle avant d’observer le type qui leur faisait face. Lui aussi avait l’air ravi d’être là. Décidément. Leah ignorait si ce psychologue s’occupait uniquement des pompiers ou s’il prenait également des clients qui n’avaient rien à voir avec la profession. « Comment tu vas Lene ? Depuis le temps. » Demanda-t-elle avec un sourire, essayant de ne pas sous entendre un "depuis la dernière fois où tu t’es échouée sur mon bar." dans sa voix. Elle n’avait jamais jugé Lene, mais s’était énormément inquiété pour la jeune femme. Déjà à l’époque elle avait essayé d’intervenir, de lui venir en aide, mais la brune était braquée et particulièrement susceptible. Leah ne voulait pas provoquer un esclandre dans le cabinet, pas alors qu’elle était en période de tests. Alors, elle empruntait un ton qu’elle espérait amical et qui ne risquerait pas de froisser la brunette. Elle connaissait son caractère explosif.
Elle commence à vivement s’impatienter. Elle aurait pourtant juré que lors de son dernier rendez-vous, elle avait bien précisé que la patience n’était pas l’une de ses vertus et qu’il n’y avait rien à attendre d’elle de ce côté-là. Semblerait que madame la psy a encore des choses à apprendre. Doit-on pour autant dire que cela justifie le fait qu’elle soit ? Elle dirait que non mais c’est de toute façon trop tard maintenant pour y penser. Assise sur sa chaise, elle continue de ronchonner toutes les deux minutes en observant que la pendule n’avance pas, même la fenêtre de la salle d’attente donnant sur l’extérieur n’offre pas de distraction suffisante. Leah a des airs de messie en apparaissant sous son nez, bien que sa présence soulève beaucoup de questionnement et de surprise. Oui, les deux jeunes femmes ne se sont pas vues depuis des mois. Oui, elles ignorent si leur relation peut être jugée d’amicale en raison du caractère de Lene et du fait qu’aucune des deux n’aient pensé à l’autre avant cette exacte seconde qui vient de s’écouler. Et oui, Lene va malgré tout l’accueillir comme elle l’aurait avec une amie parce que de un, elle s’ennui, de deux, la curiosité tout simplement. « Salut Lene. » Qu’elle répond simplement après reçu une invitation à prendre place à ses côtés. Jusque-là, rien de trop effrayant bien qu’elle devine sa surprise. D’ordinaire, à ce niveau de connaissance, les gens font juste semblant. Pas Lene. Malgré ce que Leah sait d’elle. Elle a bien trop de fierté pour avoir honte même si clairement, il est hors de question qu’un certain sujet tombe sur la table. « Super… Non je suis pas pressée, mais j’ai clairement pas envie de passer ma journée ici. » Une rire nerveux s’échappe d’entre ses lèvres, plus pour l’effet comique de la chose que parce que Lene est agacée (quoique) et c’est en levant les yeux à la pendule toujours qu’elle réalise qu’elle est là depuis plus d’une heure. « Disons que j’espère que tu as pris un bouquin, tu vas pas y passer la journée mais tu en auras au moins l’impression. » Parce que c’est quoi une heure à ses yeux en temps normal ? Que dalle. Là, c’est énorme. L’occasion rêvée de parler de la perception du temps par tout un chacun, ou pas. . « Comment tu vas Lene ? Depuis le temps. » demande Leah d’une façon étrangement amicale, un peu comme si elle marchait sur des œufs. Lene ne dirait pas tout de suite que ça la pince parce qu’elle ne voudrait pas donner raison à une telle façon de s’adapter à elle mais, ça la pince. Et par-dessus tout, elle n’aime pas cette façon de communiquer avec elle tout comme l’idée que Leah déduise immédiatement que parce qu’elles se croisent chez un psy, alors elle a forcément un problème. « Si tu prends ce ton là pour ne pas me demander d’emblée ce que je peux bien foutre dans la salle d’attente d’un psychologue, je te prierais d’arrêter sur le champ. J’ai l’impression d’être une enfant prête à se rouler par terre à la moindre contrariété. » Bon, à sa décharge, il est déjà arrivé une ou deux fois (voir plus) que Lene pète juste un câble pour trois fois rien à l’époque où elle s’échouait sur le bar devant Leah, justifiant ainsi l’attitude de la jeune femme. Elle le sait, ça la pique de le reconnaitre mais elle le sait, elle tente de faire bonne figure. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de percer un abcès avant que celui-ci ne suinte. « Je viens juste faire ma visite de routine pour le boulot, paraitrait que j’en ai besoin. » lâche t-elle, de mauvaise foi, bien qu’elle sache aussi pertinemment que c’est le cas, elle en a besoin parce que même siles terreurs nocturnes sont terminés depuis un moment, elles arrivent toujours. « Enfin, et toi ?Tu as l’air en forme. » ajoute Lene, observant un peu plus le visage de la jeune femme qui semble en santé et en pleine forme. « Tu n’as pas l’air d’avoir besoin d’un psy. » fait-elle observer, le visage qui marque bien l’interrogation. Puisqu’elles se rencontrent ici, autant essayer de ne pas trop jouer les fières.
L’idée de passer ce test la stressait plus que de raison, tout simplement parce qu’elle allait clairement jouer son avenir dans cette pièce, avec une personne qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Son expérience avec les médecins n’avait jamais été très concluante, et s’ils se targuaient de ne jamais juger personne, elle avait pu lire dans leur regard que c’était tout l’inverse. Elle s’était retrouvé dans le rôle de ces femmes battues n’ayant jamais osé claquer la porte, et on l’avait presque traitée comme si c’était sa faute. Peut-être un effet de son imagination, déjà qu’elle avait elle-même ressenti une culpabilité qui l’avait tenaillée chaque jour depuis sa sortie de coma. Elle avait fait peur à ses proches, elle avait menti à tous le monde pendant des années, et surtout elle s’était renfermée sur elle tout en rejetant ceux qui essayaient de créer tout lien avec elle. Sa façon de se protéger elle, et de les protéger eux. Avec le recul, ce comportement avait été complètement stupide, mais on ne pouvait pas revenir sur son passé. Par contre, on pouvait reprendre en main son avenir, et c’est exactement ce qu’elle prévoyait de faire. Quitter le MacTavish avait tourné une page, voire tout un chapitre du livre qu’était sa vie, mais cette décision l’avait soulagée. Quant au fait d’intégrer les pompiers, cela avait finir par lui apparaître comme une évidence tant son besoin d’aider son prochain et de se rendre utile était devenu important. Elle aurait aimé débarquer à ce rendez-vous avec une bonne humeur débordante, parée à toute possibilité, mais la réalité était toute autre ; elle était enceinte, nerveuse et en proie à une culpabilité fulgurante qui ne la lâchait plus à mesure que les jours passaient et qu’elle gardait ses secrets pour elle au lieu d’en parler à Stephen. Autant dire qu’elle n’était pas franchement armée pour cette entrevue, mais elle s’efforcerait de donner le change du mieux qu’elle le pouvait, parce que soyons clair, il était hors de question qu’elle se merde. Poussant la porte du cabinet d’un geste mal-assuré, la brunette se fit presque tout de suite interpeller par une voix qui ne lui était pas inconnue. Lene Adams, ici. Interloquée, Leah se laissa tomber aux côtés de la brune qu’elle avait souvent aperçue par le passé, mais dont elle n’avait plus eu de nouvelle depuis bien longtemps. Ses souvenirs de la jeune femme n’étaient pas des plus positifs, mais elle l’avait toujours bien appréciée malgré tout. Cette dernière souligna avec son ironie habituelle que le psychologue avait décidé de prendre son temps aujourd’hui, et Leah laissa un sourire amusé étirer ses lèvres, constatant l’impatience à peine déguisée de Lene. « Disons que j’espère que tu as pris un bouquin, tu vas pas y passer la journée mais tu en auras au moins l’impression. » La brunette se laissa aller contre le dossier de sa chaise – inconfortable de surcroît – en soupirant un peu avant de jeter un regard en biais à la jeune femme. « Et sinon t’avais pas envie de me laisser croire naïvement que je serais sortie d’ici pour déjeuner ? » Lâcha-t-elle dans un petit rire, habituée au franc-parler de Lene depuis bien longtemps. Déjà en étant sobre, la brune n’était pas la personne la plus diplomate du monde. Mais alors quand elle avait bu… Leah se rappelait parfaitement de certaines soirées où elle avait été trop loin, et où la conversation avait légèrement mal tourné. Elle ne lui en tenait pas forcément rigueur, car elle était consciente que Lene avait un problème. Et puis… Elle avait fini par disparaître de la circulation, ne remettant plus un seul pied au bar. La brune s’était demandée si elle avait choisi un autre lieu pour se mettre la tête à l’envers, ou si elle avait décidé de se reprendre. Dans un cas comme dans l’autre, ses pensées ne s’étaient plus tournées vers Lene depuis bien longtemps. Elles n’avaient jamais été amies, conservant une bonne entente qui s’était avérée nécessaire entre une barmaid et sa cliente. Mais ça s’arrêtait là. Ravie d’être tombée sur quelqu’un ici, la brunette décida de mettre ces retrouvailles à profit pour faire passer le temps et pour savoir ce qu’était devenu la jeune femme. « Si tu prends ce ton là pour ne pas me demander d’emblée ce que je peux bien foutre dans la salle d’attente d’un psychologue, je te prierais d’arrêter sur le champ. J’ai l’impression d’être une enfant prête à se rouler par terre à la moindre contrariété. » Bon. Une chose était sure, Lene n’avait pas changé d’un pouce. C’était rafraîchissant de discuter avec quelqu’un qui n’avait pas de filtres pour une fois, la brune détestait les faux semblants. Réalisant qu’elle avait sans doute adopté un ton bien trop amical qui pouvait sonné faux, elle laissa un moue se poser sur ses lèvres. « Désolée, je savais pas trop à quoi m’attendre depuis… la dernière fois. » Oui cette fameuse dernière altercation qu’elles avaient eues, où Leah avait été l’éternelle Leah, à vouloir aider ceux qui ne lui avaient rien demandé, et où Lene était restée égale à elle-même en l’envoyant chier en beauté. Autant dire que son malaise était justifié. « Je viens juste faire ma visite de routine pour le boulot, paraitrait que j’en ai besoin. » Pour le boulot. Voilà une information qui piqua la curiosité de la brunette qui haussa un sourcil en direction de son interlocutrice. « Tu es pompier ? » Lui demanda-t-elle de but en blanc, à la fois surprise et intéressée d’en apprendre plus. Car si c’était le cas, cela voudrait dire que dans l’optique où elle réussirait ses tests, les deux jeunes femmes seraient… collègues. Intéressant. « Enfin, et toi ? Tu as l’air en forme. » Leah haussa les épaules avec un petit sourire. « Merci. Moi ça va, tout baigne… » Son ton se voulait détendu, mais c’était loin d’être le cas. Elle était loin d’aller bien, sa vie était entrain de foutre le camp et elle ne pouvait plus rien faire pour l’arrêter. A ce stade, elle pouvait seulement se décider d’enfin avouer à Stephen ce qu’elle lui cachait, mais il y avait de fortes chances que ça ne fasse qu’empirer les choses au final. « Tu n’as pas l’air d’avoir besoin d’un psy. » La brunette éclata de rire, ce qui trahissait probablement sa nervosité et fit sursauter le type qui leur faisait face qui observait un point vide depuis son arrivée. « Euh… merci ? » Lança-t-elle, décidée à prendre cette remarque pour un compliment sortant de l’ordinaire. « On ne me l’avait encore jamais dis, mais ça me rassure. » Ajouta-t-elle en fronçant le nez, désireuse de détendre une atmosphère légèrement pesante. Elle avait toujours apprécié Lene en dépit des circonstances, et elle n’arrivait pas à garder une attitude froide. Surtout ici, elle avait plutôt besoin de se changer les idées. « Je débute les tests pour intégrer les pompiers… Et apparemment ils ont décidé de m’envoyer ici pour commencer. » Elle fit un petit geste vers la porte close qui abritait le psy qui allait s’occuper d’elles pour appuyer ses paroles avant de se retourner vers Lene. « J’ai quitté le MacTavish au mois de janvier. Ca faisait un moment que j’en avais marre… il aura suffit d’un petit con aux mains baladeuses pour me décider à passer le pas. » Ajouta-t-elle afin de lui fournir une explication, un sourire au coin des lèvres.
Leah a des airs de messie de la façon dont elle arrive dans la salle d’attente. C’est comme si le destin l’avait placé là, sur la route de Lene, afin de la sauver d’un ennui qui allait fatalement avoir sa peau. Elle déteste attendre et encore plus quand c’est pour quelque chose de forcé et non d’institué par sa volonté propre. Elle pourrait jouer les timides, saluer la jeune femme d’un signe de main léger le temps de se rappeler à ses bons souvenirs et voir même la laisser aller vers elle parce que vu leur dernier entretien, ce serait ça la logique mais Lene se fout de tout et propose directement à la serveuse de s’installer à ses côtés, presque comme si elles ne s‘étaient jamais quittées alors que c’est tout l’inverse, des mois séparent leur dernier entrevue et l’amitié n’a jamais été au rendez-vous de façon significative. « Et sinon t’avais pas envie de me laisser croire naïvement que je serais sortie d’ici pour déjeuner ? » Propose Leah alors que Lene n’a pas tourné autour du pot concernant la suite des évènements. Elles vont rester là à attendre et Leah encore plus vu que Lene devra passer. Elle se note mentalement d’expédier le rendez-vous si leur rencontre ne se passe pas trop mal. « Je crois que tu me connais, je ne laisse jamais personne se bercer d’illusion. » Pointe Lene d’un ton neutre, purement factuel. Elle aborde là son trait de caractère principal, celui de ne jamais laisser personne se voiler la face quand bien même que c’est tout ce qu’il réclame. Lene, elle aime la franchise. « Après, si tu as faim, on a toujours l’option de commander à manger. » Et elle avouerait que maintenant qu’elle pointe l’idée du doigt, elle irait bien mater la liste des restaurants thaïs qui livre dans le secteur. Au moins pour s’assurer qu’elle ne crèvera pas de faim. Mais avant qu’elle le propose l’idée, Leah lui demande des nouvelles sur un ton qui pousse Lene à remettre tout de suite quelques points sur les « i » d’une façon qu’elle espère pas trop agressive. C’est juste qu’arrivée à trente-et-un, il devient difficile pour elle de supporter que l’on s’adresse à elle comme si elle était une enfant. Certes, elle reste impulsive mais merci de ne pas anticiper qu’elle prend plaisir à sauter aux gorges des autres toutes les deux minutes. « Désolée, je savais pas trop à quoi m’attendre depuis… la dernière fois. » Précise Leah, ce qui passe comme excuse parce qu’en effet, il s’avère que la Adams n’ait pas été très très sympathique la dernière fois qu’elles sont entretenues. « Tu as raison. C’est moi, excuse-moi. » dit-elle, rattrapant le coup et acceptant qu’elle puisse avoir des torts dans sa façon de gérer ses relations à autrui. Sans trop tarder, Lene explique rapidement les raisons de sa présence. Raisons qui ne tombent pas dans l’oreille d’une sourde. « Tu es pompier ? » Elle acquiesce rapidement, ne relançant pas sur le sujet vu qu’elle ignore à ce moment-là les raisons de la venue de Leah et le fait que sa vie professionnelle puisse l’intéresser. Au lieu de ça, elle lui retourne sa question. « Merci. Moi ça va, tout baigne… » A cela, elle ne trouve rien à redire. La conversation pourrait très bien s’arrêter là, mais Lene finit finalement par faire une remarque qui la taraudait parce qu’après tout, de se retrouver dans le cabinet d’un psy, ça soulève forcément des questions et autant Leah peuvent avoir des indices sur ce qui pourrait pousser Lene à se rendre ici, autant l’inverse n’est pas vrai. « Euh… merci ? » Loin d’elle l’idée de l’insulter, elle ne fait qu’une observation simple, celle que Leah n’a rien du profil que l’on trouverait ici. Suffit juste de voir le gars en face qui attend sans bouger comme si le captain Cold s’en était pris à lui avec son pistolet réfrigérant. Rapidement, Lene se retrouve à s’imaginer à la place de son vilain préféré à transformer en statue de glace quiconque lui taperait sur les nerfs. Une bonne façon de faire baisser la température quand quelqu’un lui échaufferait trop les idées et puis c’est une option qui l’empêche d’aller jusqu’au meurtre, on dit merci à l’abnégation certaine du captain qui n’a de vilain que le nom, un point commun avec Lene. « On ne me l’avait encore jamais dis, mais ça me rassure. » Ajoute Leah, la sortant au passage de ses pensées. Elle hausse les épaules, n’enchérit pas en disant que de toute façon, les gens ne semblent pas être ce qu’ils sont. Elle hésite à l’interroger plus en approfondie sur les raisons de sa venue mais la jeune femme le fait d’elle-même, évitant à Lene de se mettre dans une position indélicate. « Je débute les tests pour intégrer les pompiers… Et apparemment ils ont décidé de m’envoyer ici pour commencer. » Elle fronce les sourcils, montrant une surprise qui n’en est qu’à moitié parce que y’aurait de toute façon pas eu trente-six milles raisons pour expliquer la présence de la jeune femme ici. C’est juste drôle la façon dont le monde arrive à être petit, et surtout, légèrement inquiétant qu’une personne de son passé intègre la caserne avec le potentiel pouvoir de révéler bien des choses à des collègues qui ne l’apprécient pas forcément. « J’ai quitté le MacTavish au mois de janvier. Ca faisait un moment que j’en avais marre… il aura suffit d’un petit con aux mains baladeuses pour me décider à passer le pas. » Explique Leah, anticipant la question de Lene parce qu’aux dernières nouvelles, le McTavish n’était pas si mal. Bien sûr, maintenant qu’elle n’y met plus les pieds elle ne peut plus savoir. « Je vois, tu as réussi à garder ton calme ? » demande t-elle, parce qu’elle sait qu’à sa place, le mec aurait passé un sale quart d’heure. Elle sait aussi que par conséquent, elle aurait été virée. Mais poser la question de cette façon là semble très peu diplomatique ? « Je crois que je l’aurais défoncé. » Ajoute Lene, parfaitement honnête et sans aucun mal à le faire croire, elle pense. Pas qu’elle soit pudique mais elle a une sainte horreur des hommes qui se croient tout permis dès qu’un cul se balade dans les environs. « Tommy aussi est parti, j’imagine que j’ai vraiment plus de raison de passer. » dit-elle, en se rappelant que si le bar avait perdu Tommy & Leah, il avait gagné John et ça, c’était un argument pour ne pas y mettre les pieds. « Une raison particulière pour ce changement de voie ? » ajoute t-elle, toute curieuse, même s’il peut y en avoir aucun, comme ce fût son cas.
Dernière édition par Lene Adams le Mer 3 Juil 2019 - 15:56, édité 1 fois
Maintenant qu’elle réalisait le temps qu’elle allait passer ici, Leah était plutôt contente d’être tombée sur une tête connue pour que celui-ci passe plus rapidement. Elle n’avait jamais été une grande fan des salles d’attente, n’étant pas vraiment la personne la plus patiente du monde. Lene semblait être elle aussi dans le même cas, comme l’indiquait son ton blasé alors qu’elle affirmait à Leah qu’elle était coincée pour un moment. Laissant un mince sourire se poser sur ses lèvres, la jeune femme lui demanda avec amusement pourquoi elle ne l’avait pas laissée naïvement croire qu’elle aurait l’opportunité de sortir à temps pour manger un morceau. Ses nausées commençaient à la laisser un peu tranquille, et la brunette retrouvait peu à peu l’appétit. Elle retrouvait d’ailleurs des couleurs, laissant son teint pâle au placard, une nouvelle qui ne manquerait pas de ravir @Alfie Maslow , lui qui s’inquiétait tant pour son état la dernière fois qu’ils s’étaient vu, à l’anniversaire d’Anabel. Même @Juliana Rhodes n’avait pas pu s’empêcher de lui faire remarquer qu’elle avait une tête à faire peur, et Leah était plutôt contente d’arriver doucement au deuxième trimestre, laissant les premiers symptômes désagréables derrière elle. Elle repensa un instant à @Romy Ashby , qui était l’une des seules à être au courant de sa condition. Lui en parler s’était révélé plutôt salvateur finalement, mais la culpabilité de conserver le secret depuis si longtemps la tiraillait. La peur d’annoncer cette nouvelle à @Stephen Holloway et de compromettre la complicité et l’équilibre de leur couple était la seule chose qui l’empêchait de passer à l’acte. « Je crois que tu me connais, je ne laisse jamais personne se bercer d’illusion. » Lui répondit simplement Lene, éternelle à elle-même. La brunette appréciait ce trait de caractère, même si le tempérament de la jeune femme était explosif à souhait. « C’est pas plus mal. » Lâcha Leah en haussant les épaules dans un petit sourire. Elle préférait cent fois ça à l’hypocrisie habituelle des gens. « Après, si tu as faim, on a toujours l’option de commander à manger. » La brune releva les yeux vers son interlocutrice, relativement étonnée – agréablement – par la proposition. Elle ne se serait jamais imaginé refaire la rencontre de Lene Adams dans un cabinet de psy, et encore moins d’aller manger avec elle sur le tas. Comme quoi, la vie vous réservait parfois bien des surprises. « On peut faire ça, oui. T’as une idée d’où ? » Demanda la jeune femme, ravie à l’idée de remplir son estomac. Elle avait constamment faim en ce moment, une avancée spectaculaire si on considérait qu’elle avait passé les dernières semaines à être dégoûtée par à peu près toute forme de nourriture. Leah ne savait pas trop comment se comporter avec Lene, à la fois étonnée de l’apparente sympathie de la jeune femme à son égard au vu de leur dernière altercation, et surprise de la croiser ici. La brune incendiaire ne sembla pas apprécier, et lui demanda d’arrêter de lui parler sur ce ton, ce à quoi la Baumann répliqua qu’elle n’avait pas voulu la vexer, simplement qu’elle était un peu dans le flou à cause de leur relation en dent de scie. Amies, pas amie… Difficile à dire. « Tu as raison. C’est moi, excuse-moi. » La brunette balaya ses excuses d’un petit geste signifiant que ça n’était pas grave, avant de rebondir sur l’information que Lene venait de lui confesser ; elle était pompier. Une lueur d’intérêt supplémentaire s’alluma dans son regard, réalisant que cette fille avait déjà vécu le parcours dans lequel elle s’engageait. Expliquant à son tour que tout allait bien dans sa vie, Leah ne put s’empêcher de sourire face à la remarque que lui avait lancé la brune ; t’as pas l’air d’avoir besoin d’un psy. A vrai dire, elle avait vécu pas mal de trucs qui auraient pu nécessiter l’assistance d’un professionnel, mais elle ne s’y était jamais résolue. A commencer par l’horrible tragédie à laquelle elle avait assisté sept ans plus tôt, dans l’appartement de @Raelyn Blackwell . Perdre son presque-petit-ami d’une overdose, ça pouvait secouer. Et puis il y avait eu cette relation avec Camden dont la finalité lui avait fait frôlé la mort, passant par un coma d’une semaine. Non, vraiment, elle avait sa place ici. Elle expliqua finalement sa présence dans ce cabinet, avouant à Lene qu’elle se lançait elle aussi dans les tests qui lui permettraient d’intégrer -éventuellement – la caserne des pompiers de Brisbane. Un choix loin d’être anodin, qui avait nécessité plusieurs semaines de réflexion sur ce qu’elle voulait faire de sa vie. Elle se rappella de la jeune femme russe qu’elle avait croisé à une journée de formation, @Lubya Abramova , alors qu’elle ignorait encore quelle direction prendre pour se réorienter professionnellement. Sans jamais en parler à Stephen, appréhendant une nouvelle fois sa réaction, elle en avait brièvement discuté avec son amie de longue date fraîchement retrouvée, @Alex Clarke . Sa réaction avait été teintée de surprise, mais elle l’avait finalement encouragée à poursuivre cette voie si c’était ce qui pouvait lui permettre de s’épanouir. @Harvey Hartwell avait lui aussi été relativement étonné, sans doute au vu de son petit gabarit, mais il avait fini par trouver ça plutôt classe comme job. La brunette avait simplement voulu trouver une voie qui avait une signification, qui lui permettrait de se sentir bien en rentrant chez elle après sa journée. L’idée d’intégrer les forces de police lui avait également effleuré l’esprit, mais Stephen aurait clairement fait une crise cardiaque à cette idée, c’était certain. A noter que d’avoir @Lonnie Hartwell comme collègue aurait vraiment pu être cool, même si elle n’aurait jamais voulu travailler sur les affaires dont il était en charge ; celles-ci étaient bien trop proches de ce qu’elle avait elle-même vécu, et elle n’aurait jamais su faire preuve de retenue face à ces dossiers. Elle admirait d’ailleurs le brun, qui parvenait à gérer ses émotions même en traitant des cas similaires à ce qu’il avait lui-même traversé étant enfant. Apparemment, Lene aussi fut surprise d’apprendre son envie de rejoindre les pompiers, et Leah continua sur sa petite histoire, lui expliquant qu’elle avait quitté le bar suite à une énième altercation avec un client trop tactile à son goût. « Je vois, tu as réussi à garder ton calme ?... Je crois que je l’aurais défoncé. » Répond vivement la brune, laissant sa franchise habituelle prendre le pas sur le reste, décrochant un autre sourire à Leah qui n’était pas franchement étonnée de la réaction de son interlocutrice. Evidemment qu’elle lui aurait refait le portrait si ça avait été elle. « Bien entendu. Je lui ai balancé son verre au visage, pour lui rafraichir les idées tu sais. J’avais pas de douche froide à portée de main donc… » Plaisanta-t-elle, repensant avec amusement à la drôle de tête que ce type avait tiré en se faisant remettre à sa place. « Le patron voulait que je m’excuse, alors je suis partie… Ca faisait un moment que j’y songeais, c’était l’occasion. » Ajouta-t-elle pour compléter son récit, haussant les épaules avec fatalité. Ce job au bar ne lui convenait plus, et elle avait accueilli ce changement avec sérénité. « Tommy aussi est parti, j’imagine que j’ai vraiment plus de raison de passer. » Leah pencha la tête sur le côté, une lueur amusée dans le regard. « Donc tu avoues enfin qu’on était tes deux barmaids préférés ? » Lui demanda-t-elle en pouffant légèrement, sans trop savoir qui avait prit la relève à leur place. Elle n’avait plus remis les pieds là bas depuis son départ. Par contre, elle continuait de côtoyer @Tommy Warren à l’occasion, elle l’avait toujours apprécié et refusait que leurs changements de boulots respectifs ne viennent à les séparer avec le temps. « Une raison particulière pour ce changement de voie ? » La jeune femme se laissa légèrement retomber sur le dossier de sa chaise, tournant la tête vers la brunette. « D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours servi dans des bars… Ca faisait quelques mois que je voulais faire autre chose, aider et me sentir utile. A force de me renseigner, ça a fini par devenir une sorte d’évidence… Même si je n’ai pas encore été prise hein, on verra. » Ajouta-t-elle en grimaçant, sans vouloir se porter la poisse en agissant comme si les dés étaient jetés. « Et toi alors ? Sérieusement je suis trop contente de tomber sur quelqu’un que je connais qui soit déjà passé par là, ça me rassure un peu. » Lança-t-elle avec un sourire en coin, avide d’en apprendre plus sur le parcours de Lene Adams depuis la dernière fois qu’elles s’étaient vues.
Ces retrouvailles pourraient paraître d’extérieur assez glacial, compte tenu du quotient sympathie de Lene qui est bien connu de Leah. La jeune femme ne se prive même pas d’être cash et un peu brute quant à la façon dont elles finiront leurs journées et même si l’information partagée est purement factuelle et n’est en rien une atteinte à l’intégrité personnelle de Leah, il n’en reste que Lene ne lui aura pas laissée le temps de se bercer d’illusion. On aime ou on n’aime pas. Elle sait qu’elle préfère toujours savoir dans quoi elle s’engage. « C’est pas plus mal. » répond Leah au moment où Lene lui rappelle sa manie à avoir toujours été directe même quand cela n’était pas attendu. « Ça a ses failles. » précise-t-elle avant de passer à autre chose. Fatalement, très peu de personne appréciait de se voir dire des choses peu plaisantes quand bien même qu’elles étaient fondées. La société tournait grâce à l’hypocrisie des autres et de n’avoir jamais pu se faire à cette idée faisait de Lene l’outsider qu’elle est aujourd’hui. « On peut faire ça, oui. T’as une idée d’où ? » Alors que Leah avait souligné le fait qu’elles n’iraient pas manger de sitôt, Lene avait trouvé une solution en proposant de se faire livrer directement ici. Après tout, elles en avaient bien pour plus d’une heure et l’idée même que la salle d’attente sente le graillon par leurs fautes ne serait qu’une bonne façon d’expliquer à la psy qu’elle va devoir mieux travailler son planning de rendez-vous car perdre une journée pour obtenir une petite gommette sur son dossier, elle n’est pas pour. « Ah ! Euh … non… » Elle n’en a aucune idée. A vrai dire, elle n’a fait que récemment l’acquisition d’un téléphone et peine encore à s’en servir bien qu’elle trouvait génial l’idée de pouvoir commander à manger sans même avoir à passer un coup d’fil. Merci le monde 2.0 qui fera de nous des asociaux. « Je ne pensais pas que tu marcherais mais on peut regarder » dit-elle en fouillant un peu son téléphone. Niveau bouffe, Lene n’était jamais difficile même si elle choisira toujours le fromage avant ‘importe quelle autre forme de nourriture.
Les jeunes femmes en étaient venues à s’expliquer sur les raisons de leurs présences ici. Lene s’était étonnée de celle de Leah, elle ne la connaissait pas dans tous les détails et d’apparence, elle lui était toujours parue saine d’esprit. Elle sait bien qu’il faut toujours se méfier des gens qui ont l’air toujours trop bien mais la Baumann n’avait jamais attirée l’attention de Lene outre mesure. C’est ainsi que Leah en vient à expliquer les raisons l’ayant poussé à quitter son ancien poste. Des raisons qui ne manquent pas de faire réagir Lene et de lui faire à nouveau adopter son ton cash. S’il y’a bien une chose qu’elle n’a jamais toléré, c’est bien la prise de liberté avec autrui et les mains baladeuses en font bien partis. Seulement, elle pouvait concevoir que Leah soit du genre à ne pas réagir avec autant d’impulsivité. « Bien entendu. Je lui ai balancé son verre au visage, pour lui rafraichir les idées tu sais. J’avais pas de douche froide à portée de main donc… » Oh, elle dirait bien qu’un point dans la gueule fait tout autant le même effet qu’une douche mais askip, c’est moins légal - et moins commerçant -. « Le patron voulait que je m’excuse, alors je suis partie… Ca faisait un moment que j’y songeais, c’était l’occasion. » Elle affiche une mine surprise. Parce qu’en plus, fallait qu’elle s’excuse ? Mais d’où ? « Oui, je vois. Le patron qui préfère avoir des crado qui détruisent la réputation de son établissement plutôt qu’un bon staff qui s’sent en sécurité. » résume Lene avant d’ajouter en haussant les épaules. « Je donnerais bien mon avis mais on m’a dit que c’était pas bien de critiquer les priorités des autres, même quand c’est de la merde. » Et pour être de la merde. A ses yeux, le bar qu’elle fréquentait tant allait lentement et sûrement devenir une vieille place pour gros lourdaux. Elle avait déjà fait expérience de la chose quelques jours auparavant en intervenant sur une bagarre dans ce bar là. Ça promettait pour l’avenir. « Donc tu avoues enfin qu’on était tes deux barmaids préférés ? » demande Leah, changeant totalement de sujet après que Lene eut mentionné le départ de Tommy. « Disons que la liste est vite faite. » ajoute Lene en riant, ne sachant pas trop si dire oui ne serait pas un peu too much. « D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours servi dans des bars… Ca faisait quelques mois que je voulais faire autre chose, aider et me sentir utile. A force de me renseigner, ça a fini par devenir une sorte d’évidence… Même si je n’ai pas encore été prise hein, on verra. » Lene hausse les épaules. Elle ne veut pas donner entièrement son avis mais les casernes manquent de nana et comme Leah fait partie de celle qui en ont plus dans le pantalon que beaucoup, il y’a très peu de raison pour que cela ne marche pas. Cependant, elle ne voudrait pas lui dire que c’est du tout cuit pour que ça ne soit pas le cas finalement. Elles verront bien. « Et toi alors ? Sérieusement je suis trop contente de tomber sur quelqu’un que je connais qui soit déjà passé par là, ça me rassure un peu. » affirme t-elle, rendant Lene un peu fière d’aider même si dans les faits, elle ne saurait pas trop la conseiller. Tout est une question de formation et d’endurance. « Et bien, ravie de t’aider si jamais. » répond Lene avant de préciser « Mais tu sais, je pense que tu auras déjà un bon visuel en passant les visites médicales parce que les gens se font surtout recal là-dessus. Après, je saurais pas trop t’en dire, j’avais déjà fait pas mal de formation en secourisme à l’époque où je surveillais les baignades donc ça a joué en ma faveur. » Parce que Lene savait traiter rapidement à peu près toute piqûre de méduse ou insecte, elle savait faire les massages cardiaques et quelques autres premiers gestes. Ce qui avait été dur à apprendre, c’était de prendre sur elle et de ne pas coller son poing dans la face de n’importe qui justement. Et alors qu’elle réagit que Leah lui avait retourné la question sur ses motivations, elle avait simplement répondu « Mon taxi a finit à la casse et j’ai voulu tenté quelque chose de nouveau. » Sans forcément ajouter que d’avoir été secourue sous la grande roue de Dreamworld le soir de la tempête et d’avoir ainsi échappée à une morte certaine l’avait poussé à vouloir rendre la pareille au destin.
Lene avait toujours fait preuve d'un franc parlé à l'épreuve de tout et Leah ne s'en formalisait même plus désormais. Leurs premières rencontres au bar ne s'étaient pas vraiment révélées des plus sympathiques puisque la jeune Adams avait une très nette tendance à abuser de la bouteille, devenant parfois encore plus désagréable qu'elle pouvait l'être lorsqu'elle faisait preuve de sobriété; un exploit. Pourtant, la jeune femme qu'elle avait aujourd'hui en face d'elle semblait un peu plus radoucie même si elle avait conservé son tempérament honnête et tranchant, mais ça plaisait à Leah. Elle avait passé la majeure partie de sa vie à faire face à l'hypocrisie des autres, et un peu de franchise était toujours rafraîchissant, même quand celle ci était brute de décoffrage. « Ça a ses failles. » La brune hocha la tête d'un air entendu, se doutant que Lene n'avait pas toujours du faire face à la même compréhension qu'elle. Les gens avaient beaucoup de mal à gérer la vérité nue, préférant s'enrober de faux semblants. Leah ne faisait pas partie de cette catégorie là, bien trop terre à terre que pour se laisser bercer d'illusions. Même si le fait de savoir qu'elle allait perdre des heures ici la rendait chèvre. Mais au moins, elle n'était pas en mauvaise compagnie. Et puis la brune lui proposa de commander à manger, histoire de ne pas mourir de faim dans cette salle d'attente. Un éclair de génie. La jeune femme hocha la tête avec enthousiasme, ravie de ne pas passer son entretien le ventre vide. Tournant la tête vers elle, elle lui demanda si elle avait une idée précise de l'endroit où elles pourraient commander, récoltant un air surpris de la part de Lene. « Ah ! Euh … non… Je ne pensais pas que tu marcherais mais on peut regarder » Leah haussa un sourcil étonné avant de laisser d'échapper un rire de ses lèvres. "Tu me le proposes en partant du principe que j'allais dire non?" La brunette secoua ses boucles brunes en souriant. "Alors déjà; je dis jamais non à la bouffe. Et puis je suis plutôt contente d'être retombée sur toi depuis tout ce temps." Lança la jeune femme avec sincérité. Son attitude borderline mis à part, Lene l'avait toujours bien fait rire durant les longs shifts au MacTavish et Leah appréciait la brune, abstraction faite de leur dernière altercation. La brunette se laissa aller contre le dossier de sa chaise, penchant légèrement la tête en direction du téléphone de Lene. "Rien de chinois, j'ai du mal avec ça en ce moment." En vérité c'était le bébé qui avait décidé de rejeter en bloc toute nourriture asiatique, mais la jeune femme s'abstint de développer plus loin son argumentation. Elle ne l'avait dit à pratiquement personne, et encore moins au principal intéressé. Lene et elle se connaissaient depuis quelque temps, certes, mais elles n'avaient jamais développé une amitié dans les règles de l'art. La conversation glissa sur leur présence à chacune dans cette salle d'attente - le nom était plus qu'approprié pour le coup - et Leah en vint à lui expliquer qu'elle était là pour intégrer la caserne des pompiers de Brisbane, sans savoir que la jeune Adams allait se révéler être une future collègue si ses projets se concrétisaient. Elle rebondit ensuite en lui expliquant pourquoi elle ne bossait plus au MacTavish, et son histoire fit froncer les sourcils de la brune incendiaire dont le caractère direct refit son apparition en quelques secondes. « Oui, je vois. Le patron qui préfère avoir des crado qui détruisent la réputation de son établissement plutôt qu’un bon staff qui s’sent en sécurité... Je donnerais bien mon avis mais on m’a dit que c’était pas bien de critiquer les priorités des autres, même quand c’est de la merde. » Leah éclata de rire en voyant Lene tenter de réfréner ses pulsions en évitant de critiquer à voix haute ce qu'elle pensait tout bas. "C'est pas moi qui t'en voudrai de donner ton avis sur la question, j'étais dégoutée quand il m'a demandé ça. Mais en vrai ça m'a servi d'excuse pour faire ce que j'aurais du faire bien plus tôt... Un mal pour un bien comme on dit." Affirma la brunette en haussant les épaules à son tour. Pas une seconde elle n'avait regretté ce bar, son deuil était fait. Elle était prête pour l'étape suivante de sa vie. Alors que la jeune femme mentionnait Tommy, la brune ne put s'empêcher de faire un trait d'humour, s'avançant en disant qu'elle et le jeune homme étaient les deux barmaids favoris de Lene. « Disons que la liste est vite faite. » Lui répondit-elle dans un rire, ce qui fit à son tour sourire Leah, ravie de la voir se détendre un peu et quitter son air froid qu'elle portait habituellement, comme un masque destiné à cacher son vrai visage. Non pas que l'ex-barmaid puisse se targuer de connaître parfaitement son interlocutrice, mais en général elle jugeait plutôt bien les gens. En général, il y avait effectivement eu une exception désagréable à la règle. La brune l'interrogea sur son soudain changement de voie, et Leah ne l'en blâma pas; passer de barmaid à pompier était relativement peu commun. La jeune femme lui expliqua donc son besoin presque viscéral de se sentir utile, avant de retourner la question à Lene, ravie de connaître une femme qui avait vécu ce qu'elle s'apprêtait elle-même à vivre. « Et bien, ravie de t’aider si jamais. Mais tu sais, je pense que tu auras déjà un bon visuel en passant les visites médicales parce que les gens se font surtout recal là-dessus. Après, je saurais pas trop t’en dire, j’avais déjà fait pas mal de formation en secourisme à l’époque où je surveillais les baignades donc ça a joué en ma faveur. » La brunette hocha la tête, reprenant un air plus sérieux alors que le sujet glissait sur ce qui l'attendait. "les gens se font surtout recal là-dessus." Leah savait très bien qu'une longue conversation l'attendrait avec le médecin, car elle ne pourrait pas cacher sa grossesse éternellement. Et la prise de sang ne mentirait pas, elle. Du coup, la brune avait décidé qu'elle en parlerait ouvertement, déclarant qu'elle désirait poursuivre au maximum la formation tant que son état le lui permettrait. Et encore, dans l'optique où ils décideraient de garder ce bébé... Et rien n'était moins sûr. La réaction de Stephen serait sans doute explosive, et rien n'indiquait qu'il soit prêt à devenir père, pas plus qu'elle à devenir mère. "Merci. On verra bien alors... J'appréhende mais j'essaie de pas trop y penser. Si ça doit se faire, ça se fera." Lança la jeune femme, un brin fataliste. "Et j'imagine que ta formation a bien dû t'aider, je suis ravie pour toi que ce changement de carrière ait fonctionné pour toi. Et qui sait, on finira peut-être par être collègue." Ajouta Leah dans un petit rire. « Mon taxi a finit à la casse et j’ai voulu tenté quelque chose de nouveau. » A nouveau, la brune haussa un sourcil étonné en direction de son interlocutrice. "A la casse? Mais qu'est-ce qu'il s'est passé?" Lui demanda-t-elle, tout en espérant ne pas mettre les pieds dans le plat; sa spécialité en temps normal. La porte s'ouvrit d'un coup, faisant reporter l'attention de la brune en direction du cabinet du psy. Celui-ci invita l'homme étrange - qui les fixait depuis son arrivée - à entrer sans même leur jeter un regard, ce qui provoqua un léger énervement chez Leah. "Un psy c'est pas supposé être cool et compatissant, quelque chose comme ça?" Lâcha-t-elle, étonnée de la froideur apparente du médecin. Elle ne l'avait entr'aperçu que quelques secondes, mais il ne lui avait pas plu. Du tout.
"Tu me le proposes en partant du principe que j'allais dire non?" fait remarquer Leah, ce qui cloue Lene sur place de surprise parce qu’effectivement, elle partait du principe que la jeune femme allait refuser en prétextant que ce n’était pas sage de manger ici ou bien que ça ne serait pas l’heure, comme si un interdit planait au-dessus d’elles. Et ça, c’est étrange parce que pour Lene des rares fois de sa vie, Lene a le sentiment d’être celle qui ne sait pas prendre des risques. Ça, elle ne s’y attendait pas. . "Alors déjà; je dis jamais non à la bouffe. Et puis je suis plutôt contente d'être retombée sur toi depuis tout ce temps." Et bien, si c’était une valeur de Leah à retenir, Lene allait l’afficher en grand dans sa mémoire parce qu’une amie bouffe-tout, ça peut toujours servir. Elle esquisse un sourire devant la confession de la jeune femme, elle ne saurait pas dire à cent pour cent si elle serait aussi contente de la revoir dans une autre situation mais autant penser à l’instant et l’endroit présent. Leah l’a sauvé de l’ennui et au final, ce n’est pas si mal que de retrouver une personne d’antan qui n’agit pas auprès d’elle avec rancune. Ce qui est – disons le honnêtement – très courant dans la vie de Lene, la faute à sa méchanceté. "Rien de chinois, j'ai du mal avec ça en ce moment." Précise-t-elle, lui faisant hausser les épaules. Adieu ravioli, elle trouvera bien autre chose. Sans attendre, elle se presse à poser la question avec la fierté d’une nana qui fait une blague aussi pourrie que drôle « Donc, pas de thaï (pad thaï) ? » avant de sourire en coin, fière d’avoir fait une blague qui pour une fois, ne porte atteinte à l’honneur de personne. (Enfin, sauf des petits thaïlandais comparés à des chinois.) « Le mieux, c’est que je te laisse choisir. » Poursuit Lene en haussant les épaules et en se remettant sur sa chaise. En soi, il n’y avait rien que Lene n’était pas capable de manger donc tout ce que proposerait Leah irait dans son sens. Quoique, les trucs végans serait à éviter par principe qu’un plat sans fromage n’en est pas un.
Les jeunes femmes finissent malgré tout par changer de sujet, celui de la bouffe est donc en stand by puisque ce qui finit par intéresser Lene est, les raisons de la présence de Leah ici. La hasard fait le reste du travail en leur faisant découvrir cet intérêt commun pour le monde du feu et de fil en aiguille, de plus en plus de chose comment à s’apprendre sur l’autre. Leah avait donc l’intention de rejoindre la caserne et elle avait, de ce fait, quitté le Mctavish qui était rendu à être aux yeux de Lene, l’endroit le moins fréquentable de Brisbane. Notamment parce que son ex y travaille, point de suspension. Ce qu’elle pourrait mettre dans ses phylactères, dans l’espoir où elle aille à la messe, ce serait de ne plus jamais le croiser mais ça ne dépend pas vraiment d’elle parti comme c’est. Et de toute façon, l’histoire de Leah balaye sa pensée. "C'est pas moi qui t'en voudrai de donner ton avis sur la question, j'étais dégoutée quand il m'a demandé ça. Mais en vrai ça m'a servi d'excuse pour faire ce que j'aurais du faire bien plus tôt... Un mal pour un bien comme on dit." Mouais … Elle n’est pas convaincue parce que même s’il y’avait l’envie de partir, elle ne se serait pas dérangée pour faire partir en fumée le bar. Une pensée bien contradictoire vu son corps de métier. On malgré tout sentir l’ambiance qui s’apaise doucement et Lene se prend à garder le sourire face à une Leah plutôt calme, moins moralisatrice que ce dont Lene se rappelait vu qu’à y penser, sa mémoire avait du falsifier quelques faits. Tout ça pour en finir par faire le récit de son histoire, de la façon dont elle avait finit par faire le métier que personne ne l’aurait vu faire. Evidemment, ce n’est pas parce qu’elle sourit qu’elle dit tout et qu’elle parle de la violente claque qu’a été le fait d’être presque laissée pour morte sous cette grande roue jusqu’à ce qu’on vienne la sauver. « Merci. On verra bien alors... J'appréhende mais j'essaie de pas trop y penser. Si ça doit se faire, ça se fera. » répond Leah alors que Lene avait – chose rare – tenté d’être positive quant à la suite des examens. Dans les faits, elle ne les avait pas trouvé si difficile mais c’était sans compter sur le fait qu’elle avait déjà des années de pratiques dans le domaine. "Et j'imagine que ta formation a bien dû t'aider, je suis ravie pour toi que ce changement de carrière ait fonctionné pour toi. Et qui sait, on finira peut-être par être collègue." Elle hausse les épaules avant d’ajouter un « Peut-être bien. » avant de se prendre à imaginer la situation. Au moins, elle aurait une alliée face aux autres collègues un brin trop sexiste qu’elle se retient d’assommer dès qu’elle prend une réflexion. Ce serait une femme de plus, portant l’effectif à pas beaucoup de monde mais soit. C’est là que Lene en vient à poursuivre son récit. "A la casse? Mais qu'est-ce qu'il s'est passé?" Le souvenir de son beau tacot jaune mis en pièce reste vivace. Lene avait adoré conduire son taxi pendant des années. Elle avait toujours eu la conduite folle – un plus pour entrer chez les pompiers si on veut son avis – mais n’avait jamais eu le moindre accident jusqu’au jour où « Téléphone au volant. Erreur de priorité. Il n’a pas survécu. » Et c’était sûrement pour son bien car la planète n’a du s’en porter que de mieux une fois le taxi à la casse. Seule chose inconsolable, le petit cœur de Lene qui avait réussi à trouver une autre voie. « Après, je pense que c’était un mal pour un bien aussi. Je me rend compte que ma vie était différente et qu’elle avait besoin d’évoluer vers ce qu’elle est maintenant. » C’est-à-dire vers un emploi sérieux et stable et non dans une activité où elle définissait ses propres horaires si bien qu’elle avait absolument zéro rythme à vivre à tout heure du jour et de la nuit derrière un volant. La conversation est interrompu par la porte du psy qui laisse sortir un patient pour prendre le cas social qui attendant avant elle. L’entretien promet d’être charmant, comme d’hab. "Un psy c'est pas supposé être cool et compatissant, quelque chose comme ça?" demande Leah, là où Lene se contente de répondre. « C’est un homme qui sait qu’il peut priver des êtres humains de leur revenus si ceux-ci ne sont pas à son goût ou si on ne fait pas ce qu’il veut. Bien sûr que c’est un connard. Le pouvoir monte à la tête. » ajoute Lene en croisant les bras, se rappelant de facto pourquoi elle n’aime pas être là. « La technique avec lui, c’est d’être plus conne qu’on ne parait. Comme on est des femmes, ça ne le choque pas. »
La réponse de Leah sembla surprendre Lene, ce qui déclencha un sourire amusé chez la brunette. Sans doute que la pompier avait une certaine vision d’elle avant, mais l’ex-barmaid n’était plus tout à fait la même. A vrai dire, depuis leur dernière rencontre, les deux jeunes femmes semblaient l’une et l’autre avoir énormément changé. Lene avait l’air plus posée, moins agressive. C’est pourquoi Leah éprouvait plus de facilité que prévu à continuer cet échange. Nul doute que si elle avait eu affaire à la Lene volcanique qu’elle connaissait comme cliente du MacTavish, les choses auraient été différentes ; l’une et l’autre de chaque côté de la salle d’attente, probablement. La brune était plutôt contente de ce retournement de situation, d’autant qu’elles allaient être coincées ici un moment si elle avait bien compris. Elle choisi d’ailleurs d’évoquer cette pensée à voix haute, ce qui fit sourire Lene. Ca devait être un bon début, compte tenu du fait que la pompier ne devait pas verser dans les effusions de sentiments en règle générale. Alors qu’elles regardaient défiler les différents restaurants du coin sur l’écran du téléphone de la brune, Leah annonça qu’elle ferait l’impasse sur le chinois, sans développer davantage les raisons qui la poussaient à refuser cette nourriture pourtant divine. « Donc, pas de thaï (pad thaï) ? » La brunette plongea sa tête dans ses mains, prétendant par ce geste que la blague de Lene frôlait la nullité ultime, alors qu’en fait elle rigolait toute seule dans sa barbe. « Le mieux, c’est que je te laisse choisir. » Les larmes aux yeux à force de retenir son rire – non mais la fatigue des fois ça fait vraiment des ravages – la brune hocha simplement la tête ; son choix était déjà fait. « Je te propose l’italien là, il n’est pas très loin d’ici. Et si mes souvenirs sont bons, leurs pâtes sont divines ! » Lâcha-t-elle avec un petit sourire, ravie à l’idée de pouvoir se sustenter durant la longue attente qui s’annonçait. On avait quand même pas idée de faire autant attendre quelqu’un chez un psy, à moins que ça ne fasse déjà partie du test en lui-même ? Le regard de la brune se perdit sur l’homme étrange qui leur faisait face et qui lui n’avait pas du tout l’air d’être là pour les pompiers. Il avait pris place sur sa chaise tel un prêtre sur sa chaire à l’église et les observait avec une lueur étrange dans les yeux. Mal à l’aise, Leah reporta son attention sur Lene, lui expliquant les circonstances de son départ du MacTavish, déclenchant une réaction forte chez la brunette qui s’abstint cependant de trop en dire. Leah la rassura en lui expliquant que tout ça avait sans doute eu sa raison d’être, l’amenant à quitter enfin ce bar pour se dédier à une toute nouvelle vocation. Effectivement, elle aurait préféré partir différemment ; le pot de départ et tout ça. Parce qu’elle avait donné quatre années de sa vie à l’établissement, et que c’est là qu’elle avait croisé la route de Camden, par conséquence ils lui en devaient bien une pas vrai ? Lene tenta ensuite de la rassurer sur l’issue des tests, mais la brunette préférait ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Après tout, la pompier avait déjà une formation de secouriste à son actif qui avait bien dû l’aider. Leah n’avait pas cet avantage, elle. Elle ajouta que peut-être le destin les amènerait à être collègues, ce à quoi Lene répondit un : « Peut-être bien. » qui donna l’impression qu’elle réfléchissait à cette perspective. Elles avaient eu la relation barmaid-cliente, si elles évoluaient comme collègues, qui sait ce que ça pourrait bien donner ? « C’est pas trop compliqué d’être une femme dans ce milieu ? » Elle essayait elle-même de se convaincre que tout irait bien, mais cette question avait été soulevée à de nombreuses reprises par le peu de personnes à qui elle avait avoué son envie de changement de carrière. Puisque Lene et elle faisaient à peu près le même gabarit, elle était plutôt bien placée pour lui donner son avis sur la question. A son tour, la brunette l’interrogea sur ce qui l’avait poussée à intégrer la caserne des pompiers, apprenant par la même occasion que son taxi avait « fini à la casse » pour reprendre les termes de la jeune femme. Interloquée, Leah lui demanda ce qui était arrivé, espérant que la question ne susciterait pas de malaise. « Téléphone au volant. Erreur de priorité. Il n’a pas survécu. » Il n’a pas survécu. Leah bugua l’espace d’une demi-seconde avant de réaliser qu’elle parlait effectivement de son taxi. Un soupir de soulagement à peine perceptible s’échappa de ses lèvres alors qu’elle tournait la tête vers Lene. « Et toi, ça a été ? Si ton taxi a été bousillé donc je suppose que c’était pas rien comme accident… » Elle se posait sincèrement la question, après tout Lene n’était pas une inconnue. « Après, je pense que c’était un mal pour un bien aussi. Je me rend compte que ma vie était différente et qu’elle avait besoin d’évoluer vers ce qu’elle est maintenant. » Ah. Au moins elles avaient le même point de vue à ce sujet, leurs précédentes activités professionnelles n’étaient pas vraiment le must au niveau du rythme de vie, et Leah avait bien vu que Lene vivait sur un rythme presque aussi décalé que le sien. « Du coup tu regrettes pas du tout ton ancienne vie ? Être pompier ça te procure la même satisfaction ? » La brunette avait tout un tas de questions à ce sujet, étant elle-même en proie aux doutes tant cette nouvelle vie allait impacter sa routine actuelle. La porte s’ouvrit à la volée, laissant entrevoir le psy et sa tête de charlatan, déclenchant une moue et un froncement de sourcils chez la brune. "Il est bizarre ce sol, il est pas palpable" Lança l’homme en faisant son entrée dans le cabinet, s’arrêtant net face au psy qui leva les yeux au ciel. S’il avait gardé le silence jusqu’ici, il semblait maintenant bien décidé à se faire entendre. "Arthour, j’apprécie les fruits au sirop !" Ajouta-t-il en posant sa main sur l’épaule du médecin, avant de se tourner vers les deux jeunes femmes qui retenaient difficilement un petit rire. "Avant de partir sale espion, fais-moi l'amour !" Furent ses dernières paroles avant que le psy ne l’entraîne à sa suite, refermant la porte avec force. « Bienvenue chez les fous. » aurait dû figurer au dessus de sa porte, et la brunette se tourna à nouveau vers Lene sans pouvoir contenir son sourire. « Alors me dit pas que lui aussi est là pour les pompiers ? » Elle éclata de rire, avant de faire une remarque sur le visage fermé du psy qui ne leur avait pas adressé le moindre mot d’excuses quant à son retard. « C’est un homme qui sait qu’il peut priver des êtres humains de leur revenus si ceux-ci ne sont pas à son goût ou si on ne fait pas ce qu’il veut. Bien sûr que c’est un connard. Le pouvoir monte à la tête… La technique avec lui, c’est d’être plus conne qu’on ne parait. Comme on est des femmes, ça ne le choque pas. » Leah haussa un sourcil étonné avant de jeter un énième regard vers la porte close du cabinet. « D’accord. J’aurai plus aucun remord à imprégner la pièce d’une odeur de bouffe, c’est décidé. » Elle leva les yeux au ciel. « T’as souvent eu affaire à lui ? Perso ma seule expérience avec un psy a été plutôt délicate, j’me suis toujours dis que j’éviterais à l’avenir. Mais bon, c’est pas comme si j’avais trop le choix ici… » Lança-t-elle en haussant les épaules.
Lene avait saisi l’occasion d’une blague ridicule pour détendre un peu l’atmosphère. Leah pouvait avoir encore l’impression de marcher sur des œufs et si elle ne voulait pas qu’elle s’adresse à nouveau à elle comme à une enfant, cela devait être à elle de montrer qu’elle avait grandi depuis leur dernière rencontre qui date de presque trois ans. C’est donc pourquoi elle se permet une blague ridicule qui, même si Leah s’en cache, semble avoir fait mouche vu les petites larmes qui perlent au creux de ses yeux (ou alors, ce sont des larmes de pitié, à méditer). Dans tous les cas, Lene se sera fait rire elle-même parce que c’est un ricanement qui s’enchaine dans sa gorge. « Je te propose l’italien là, il n’est pas très loin d’ici. Et si mes souvenirs sont bons, leurs pâtes sont divines ! » Elle penche la tête sur le côté, pensant le pour et le contre. Lene aime de toute mais aller dans un restaurant italien pour autre chose qu’une pizza, c’est à ses yeux un sacrilège. Cependant, vu qu’elle a laissé le choix à Leah, il faut qu’elle assume. « Des pâtes ce sera alors, dis elle en tendant son téléphone à Leah pour ce que celle-ci choisisse la première ce qu’elle souhaite prendre pour le repas. Après tout, c’est Lene qui avait lancé l’idée, ce qui avait fait de la seconde arrivée, l’invitée.
La conversation avait tournée et les jeunes femmes avaient parlé du McTavish, jusqu’à causer du métier, du parcours d’intégration, tous ces sujets sur lesquelles Leah devait en apprendre et auxquelles Lene se faisait un plaisir de répondre même si dans les faits, elle ne lui apprendre rien de très exceptionnel. Les examens font tout et pour le moment, elle décide de rien. « C’est pas trop compliqué d’être une femme dans ce milieu ? » finit par demander Leah, ce qui change du tout au tout l’expression de Lene qui adorerait lui dire que non, ce n’est pas compliqué. Mais des cons, y’en a pas partout et les casernes ne font pas exceptions. Elle dirait qu’elle est juste tombée dans un repère que ça n’a rien à voir avec le métier, juste son karma. « Je ne te dirais pas que c’est facile. » dit-elle, évasive pour ne pas la décevoir. « C’est un métier qui a longtemps été masculin donc forcément, ils ont leur idée sur le rôle qu’une femme peut jouer dans leurs rangs mais avec un peu de répartie le problème ne dure pas. » Bien sûr, elle n’allait pas mentionner le type qu’elle avait fait viré pour harcèlement sexuelle au bout de quelques blagues bien trop lourde à son sujet. « Je dirais que c’est pareil que partout, on en chie. » Elle en chiait déjà en tant que taxi. Leah en chiait en tant que serveuse. Bon bah, voilà, la belle affaire. « On regrette quand même parfois de pas avoir de fléchette de curare pour calmer les esprits. » Enfin, pour le reste, elle lui laissera la surprise de la découverte. C’est bien aussi ça. Le sujet des aspirations, Lene en vient à raconter ce qui l’a amené à intégrer la caserne. Elle ne raconte pas le moindre détail de sa vie mais fatalement son accident avec son taxi ne peut pas passer à la trappe. « Et toi, ça a été ? Si ton taxi a été bousillé donc je suppose que c’était pas rien comme accident… » Elle semble s’inquiéter. Le premier réflexe de Lene pour ne pas l’inquiéter plus est de hausser les épaules. « Non non, on s’est juste rentré dedans mais que de la ferraille. C’est juste que comme le taxi était vieux, l’assurance ne l’aurait pas réparé et j’avais pas l’argent. » Si elle avait su que deux ans plus tard, elle gagnerait une forte somme au loto. Les choses auraient sûrement été différentes. « Du coup tu regrettes pas du tout ton ancienne vie ? Être pompier ça te procure la même satisfaction ? » poursuit Leah, offrant à Lene un instant de silence où elle réflechit à la réponse avant d’acquiescer. « Je pense que je suis plus heureuse maintenant. » dit-elle simplement, sans penser au fait qu’elle n’est pas non plus au comble du bonheur depuis sa rupture mais bon, elle ne sera pas la première à être passée par là. C’est le moment que choisit le psy pour récupérer son patient. Son silence est rapidement expliqué puisque celui-ci n’ouvre la bouche que pour dire de la merde. Lene reste sceptique et cligne des yeux. « Alors me dit pas que lui aussi est là pour les pompiers ? » demande aussitôt Leah, faisant rire Lene qui s’imagine de suite ce gars dans la caserne. « Tu crois vraiment qu’on prendrait chez nous un mec qui dirait« "Arthour, j’apprécie les fruits au sirop !" » ou bien « "Avant de partir sale espion, fais-moi l'amour !" Je crois qu’on aurait des problèmes nan ? » demande Lene en se remettant dans le fond de son siège. « C’est sûrement un vrai patient. » dit-elle, ne sachant pas vraiment. Des fois que ce gars ait vécu une intervention réellement traumatique. C’est plausible. Mais au lieu de se moquer, la conversation vient au psy et à son amabilité flagrante. Lene ne l’aime pas. Elle n’aime jamais les hommes qui l’a font agir en femme stupide parce qu’ils ont le dessus. « D’accord. J’aurai plus aucun remord à imprégner la pièce d’une odeur de bouffe, c’est décidé. » avoue Leah, laissant Lene réflechir deux secondes à la possibilité de commander un plat bulgare juste pour empuanter la salle. « T’as souvent eu affaire à lui ? Perso ma seule expérience avec un psy a été plutôt délicate, j’me suis toujours dis que j’éviterais à l’avenir. Mais bon, c’est pas comme si j’avais trop le choix ici… » Elle hausse les épaules. Elle l’avait déjà vu oui. Quand elle est entrée chez les pompiers. Quand il a posé des tas de questions sur elle, ce qu’elle n’a pas aimé. « Oui. Répond juste aux questions. N’en dis pas trop et ça ira. » se contente t-elle de conseiller avant de pointer son téléphone du nez. « Tu as choisi ce qu’on mange ? Je prendrais bien des fruits de mer. » dit-elle avant de montrer du nez la grille du conduit d’aération. « Si je place mes restes là, le temps que tout empuante, on sera parties depuis des jours, il ne saurait pas que c’est nous, ni d’où ça vient. » Elle affiche un sourire. Elle avait grandi mais pas au point d’arrêter les crasses.
Une fois la magnifique blague de Lene lancée et la brune remise de ses émotions, cette dernière lui proposa de commander des pâtes chez un italien pas très éloigné de l'endroit où elle se trouvait. Les pâtes, c'est la vie. Si elle ne pouvait manger que ça, elle le ferait probablement. « Des pâtes ce sera alors » Lui répondit la brune en lui tendant son téléphone, histoire qu'elle décide de son plat en faisant défiler le menu sur l'écran. Et alors que Leah jetait un oeil à la longue listes de pâtes proposées par l'établissement, la conversation glissa sur un sujet qui passionnait la brune; le boulot de pompier. Lene était passée par toutes les étapes qu'elle s'apprêtait à franchir et maintenant que l'ambiance entre elles deux s'était apaisée, la jeune femme se sentait libre de la questionner à ce sujet sans craindre de se faire rembarrer par la pompier. Au delà de tout le mystère qui entourait encore cette profession, ce qui l'intéressait surtout c'était de savoir comment ça se passait lorsqu'on était une femme au milieu de tous ces hommes. « Je ne te dirais pas que c’est facile. » Hum. Le manque de détail de Lene frappa la brunette qui sentit qu'elle gardait des choses pour elle. Et ça n'augurait rien de bon. Leah avait toujours évolué dans des milieux plus ou moins masculins, et n'avait pas sa langue dans sa poche. Seule fille d'une fratrie de quatre enfants, elle avait été élevée à la dure et n'avait jamais été traitée comme une princesse par ses frères, puisqu'elle était à la limite aussi garçon manqué qu'eux. « C’est un métier qui a longtemps été masculin donc forcément, ils ont leur idée sur le rôle qu’une femme peut jouer dans leurs rangs mais avec un peu de répartie le problème ne dure pas. » La jeune femme hocha la tête. Elle voyait bien le genre. Ces types devaient être pas mal misogynes et sans doute qu'accueillir des filles telles que Lene ou encore Leah devait mettre à mal leur esprit étriqué. Avec un peu de chance, elle viendrait renforcer les rangs aux côtés de la brune. Dans l'optique où elle était prise, évidemment. « Je dirais que c’est pareil que partout, on en chie. On regrette quand même parfois de pas avoir de fléchette de curare pour calmer les esprits. » Leah éclata de rire à cette remarque. "De toute façon c'est vraiment ce que je veux faire, alors tant pis si c'est compliqué au début. C'est eux qui le regretteront." Lança-t-elle avec un sourire en coin, assez sûre d'elle quant à sa verve habituelle. Plusieurs années à servir des types bourrés dans un bar avait clairement forger son caractère déjà fort et aiguisé sa répartie déjà bien acérée. Lorsque Lene lui expliqua qu'elle avait changé de vocation car un accident avait détruit son taxi, la brune haussa un sourcil étonné avant de lui lancer un regard inquiet. La jeune femme aurait aussi bien pu ne pas en sortir tout à fait indemne, et Leah ne put s'empêcher de lui poser la question. Ayant vécu elle-même des trucs pas vraiment sympathiques, elle avait développé une espèce de compassion à l'égard des autres. « Non non, on s’est juste rentré dedans mais que de la ferraille. C’est juste que comme le taxi était vieux, l’assurance ne l’aurait pas réparé et j’avais pas l’argent. » Haussant les épaules, Lene la rassurait en lui expliquant que seule la tôle avait subit durant cet incident. Mais son ton sous entendait que perdre ce taxi l'avait touchée, bien plus qu'elle ne le laissait croire. La brunette fit un peu la moue, constatant que les problèmes financiers ne l'avait pas épargnée elle non plus. Finalement, ces deux là avaient peut-être bien plus de points en commun qu'elles ne le pensaient. "Bon, c'est déjà ça je suppose. Mais je suis désolée pour ton taxi. Même si je suis sûre que tu devais être une terreur au volant..." Lança-t-elle afin de faire à son tour un trait d'humour destiné à alléger la conversation qui pesait sur le passé de la pompier. « Je pense que je suis plus heureuse maintenant. » Leah pencha la tête sur le côté, se disant que tout devait forcément arriver pour une bonne raison. C'est en gardant ce leitmotiv en tête qu'elle avait apprit à accepter les différentes épreuves que la vie lui avait envoyé. "Tant mieux, je suis contente pour toi Lene. A croire qu'on a du passer par des trucs pas cool avant de trouver notre voie." Lança-t-elle avec un petit sourire, même si elle ne pouvait pas encore vraiment s'avancer pour elle. Dans la théorie, cette nouvelle vocation lui semblait être parfaite pour elle. Mais qu'est-ce que ça allait donner en pratique, ça c'était une autre histoire. Finalement, le psy fit enfin son entrée dans la salle d'attente pour accueillir le patient suivant, sortant ce dernier du mutisme dans lequel il semblait être plongé depuis que Leah avait fait son entrée dans la salle. Dans une nouvelle tentative d'humour, la brune demanda à voix haute si ce type étrange faisait ou non partie des pompiers, même si elle connaissait déjà la réponse. « Tu crois vraiment qu’on prendrait chez nous un mec qui dirait« "Arthour, j’apprécie les fruits au sirop !" ou bien « "Avant de partir sale espion, fais-moi l'amour !" Je crois qu’on aurait des problèmes nan ?... C’est sûrement un vrai patient. » Leah était d'accord avec elle et elle hocha la tête en voyant cet homme disparaître dans le cabinet du médecin qui leur jeta à peine un regard, déclenchant chez la brune une moue désabusée. Ce type allait probablement rester là dedans un bon bout de temps, et elles allaient rester coincée là à attendre comme deux débiles. Si cet entretien n'était pas un de ses examens de passage pour les pompiers, la brune aurait déjà prit la tangente depuis un bon moment. "J'espère bien, je me poserais de sérieuses questions quant à ma future santé mentale en bossant avec vous sinon." Répondit la jeune femme en éclatant de rire à son tour, imaginant l'espace de quelques secondes que ce type puisse réellement déambuler dans la caserne. Blasée par l'air fermé et hautain du psy qu'elle s'apprêtait à rencontrer, elle demanda à Lene si celle-ci avait déjà eu l'occasion de passer des entrevues avec lui. Au moins si c'était le cas, elle saurait à quoi s'en tenir. « Oui. Répond juste aux questions. N’en dis pas trop et ça ira. » Rassurant. « Tu as choisi ce qu’on mange ? Je prendrais bien des fruits de mer. » Lui demanda la brunette en reportant son attention sur son téléphone, amenant Leah à faire de même. La conversation lui avait complètement fait zappé qu'elles étaient supposées manger, et elle lança un regard désolé à Lene. « Si je place mes restes là, le temps que tout empuante, on sera parties depuis des jours, il ne saurait pas que c’est nous, ni d’où ça vient. » La brune secoua ses boucles brunes en riant. "A ce stade, je te suis totalement. Tu penses que si je prends des pâtes quatre fromage ça risque d'avoir aussi un effet dévastateur?" Demanda-t-elle avec un sourire en coin, avant de sélectionner ces pâtes-là en salivant d'avance. Son appétit ne cessait d'augmenter maintenant que les nausées commençaient à la laisser tranquille. Exception faite quand des odeurs de plats chinois arrivaient à ses narines, là c'était une toute autre histoire.
Lene aurait aimé avoir des nouvelles réjouissantes quant à la future carrière vers laquelle se destine Leah mais son naturel ne lui avait laissé aucune chance pour l’élaboration d’un quelconque mensonge pouvant lui donner l’espoir qu’elle n’allait pas galérer. Lene avait galéré. Elle avait morflé durant les premiers mois à la caserne et encore aujourd’hui, il arrive fréquemment qu’un petit plaisantin se permette une réflexion quant au fait qu’elle se soit génitalement appareillée différemment de lui, ce qui la rendrait « moins apte ». Une situation dont elle avait pris l’habitude en s’disant que les mœurs changeront un jour et ce, grâce à des renforts dans le genre de Leah. "De toute façon c'est vraiment ce que je veux faire, alors tant pis si c'est compliqué au début. C'est eux qui le regretteront." Annonce finalement l’ex serveuse qui ne se laisse pas pour autant démonter, ce qui laisse entrevoir une force de caractère que Lene apprécie parce que si de toute façon, la jeune femme avait fait marche arrière, cela aurait mieux valu d’arrêter de suite. Chez eux, il faut se blinder. Le métier n’est pas rose tous les jours et elle doit admettre qu’elle-même a réussi à être choquée par certains évènements. Ce sujet, en revanche, elle le garde un peu pour elle parce que même si elle avait envie d’en parler à Leah, elle ne voudrait pas répondre aux questions qui suivraient après. Au lieu de ça, elle préfèrait changer de sujet et de raconter l’histoire – enfin pas entière – de comment elle est arrivée jusqu’ici. Le mieux est d’aborder la fin tragique du taxi plutôt que sa presque fin sous une grande roue. "Bon, c'est déjà ça je suppose. Mais je suis désolée pour ton taxi. Même si je suis sûre que tu devais être une terreur au volant..." Lene ricane parce que Leah n’a pas idée du danger public qu’était Lene même si sa grande habilité au volant lui a toujours épargné l’accident. Grande habileté très appréciable d’ailleurs quand il s’agit d’intervenir. « Disons que j’offrais les sacs à vomi. » dit-elle pour tout réponse sans en dire plus. Même si en tant que taxi, on lui dirait de surtout faire tourner le compteur, Lene misait plus sur l’efficacité d’une course rapide mais si elle ne fidélisait pas autant qu’en théorie. Enfin, tout cela reste un passé lointain désormais révolue et en en parlant avec Leah, elle tire vite la conclusion qu’elle semble plus heureuse aujourd’hui, ou du moins, que sa vie semble plus structurée. "Tant mieux, je suis contente pour toi Lene. A croire qu'on a dû passer par des trucs pas cool avant de trouver notre voie." C’est ça, se contente t-elle de traduire en haussant les épaules. Elle se dire qu’elle devrait peut-être demander à Leah de quoi elle parle, et en même temps, ça la gêne aussi que de chercher à savoir ses épreuves. Sa réflexion est de toute façon interrompu par l’autre malade qui change de pièce et aussitôt parti, Lene ne peut s’empêcher de se moquer. « Il est bizarre ce sol, il est pas palpable » Ce qui n’est pas gentil mais elle n’aura pas pu s’en empêcher. « Quand même, il est louche. Je me demande ce qui lui est arrivé. » Un accident. Un trauma. Si ça s’trouve, c’est lui le gars en arrêt depuis dix ans ? « Il doit en avoir des trucs dans la tête. Il est pas net. C’est toujours interdit de pratiquer une autopsie sur quelqu’un de vivant ? Des fois qu’on trouve son problème comme ça ? » demande t-elle mais le regarde de Leah suffit à lui répondre que, non. "J'espère bien, je me poserais de sérieuses questions quant à ma future santé mentale en bossant avec vous sinon." Dit-elle alors que Lene confirme que tout l’monde est sain d’esprit. « Je crois que la ville serait à feu et à sang si c’était le cas. » termine t-elle avant de proposer de mettre en exécution un plan de pourrissage de vie pour le psychologue qui mériterait une leçon d’amabilité en vue de son comportement plus que désagréable. L’idée est simple : mettre des restes de nourritures puantes dans l’évacuation. "A ce stade, je te suis totalement. Tu penses que si je prends des pâtes quatre fromage ça risque d'avoir aussi un effet dévastateur?" propose Leah, amenant Lene à répondre solennellement. « Je pense que si on a donné naissance au gorgonzola, c’est bien pour cette unique plan que nous nous apprêtons à mettre en exécution. » Et c’est tout aussi sérieuse qu’elle tapote sur son téléphone tout juste récupérer pour passer la commande. Suite à venir.
Lene ne lui avait finalement rien appris de plus que ce que Leah savait - ou se doutait - déjà, mais ça ne serait sans doute pas la dernière fois que leurs chemins se croiseraient désormais. Si la brune était effectivement prise, elles deviendraient collègues et pourraient faire front ensemble contre les misogynes dont la pompier semblait être entourée. Cette perspective la rassurait un peu, l'idée d'avoir une alliée dans cette caserne dès son arrivée était un avantage à ses yeux. Même si elle était capable de se débrouiller seule, le caractère de Lene ne serait pas de trop pour lutter contre les remarques désobligeantes dont elles risquaient d'être la cible. La jeune Adams avait été égale à elle-même en n'exagérant pas les côtés positifs du métier, au contraire. Elle lui dépeignait la réalité, et c'est tout ce qui importait à Leah. Elle préférait largement ça à l'idée de débarquer sur place avec des étoiles plein les yeux sans se douter une seconde de ce qui l'attendait. En dépit de ça, Leah n'était absolument pas prête à faire machine arrière. Sa décision était prise et elle comptait bien aller jusqu'au bout. Du moins, si la suite des évènements qui se jouaient dans son couple le lui permettait. Lorsqu'elle en apprit davantage sur la fin tragique de son taxi, Leah lança une petite boutade à Lene afin de rendre la conversation un peu plus légère car elle voyait bien que la brune était tout de même encore affectée par ce qu'il s'était passé. « Disons que j’offrais les sacs à vomi. » Leah secoua ses boucles brunes en riant, imaginant sans le moindre problème la jeune femme au volant de son taxi, rendant ses clients malades par sa conduite à la Dom dans Fast&Furious. "Au moins ils arrivaient pas en retard grâce à toi." Lança-t-elle dans un petit rire. Il fallait toujours voir le côté positif des choses. La conversation allait bon train, jusqu'à ce qu'elles soient interrompues par la scène provoquée par le patient suivant qui était rentré avec fracas dans le cabinet du psy qui ne cachait en rien son exaspération. « Il est bizarre ce sol, il est pas palpable... Quand même, il est louche. Je me demande ce qui lui est arrivé. Il doit en avoir des trucs dans la tête. Il est pas net. C’est toujours interdit de pratiquer une autopsie sur quelqu’un de vivant ? Des fois qu’on trouve son problème comme ça ? » Leah ouvrit de grands yeux avant d'éclater à nouveau de rire. Ce n'était pas bien de se moquer, mais vraiment ce type leur avait vendu du rêve en l'espace de quelques secondes à peine. D'autant que Lene venait de lui sortir une réplique qu'elle avait elle-même utilisé il y a peu de temps; les grands esprits se rencontrent, pas vrai? "J'pense pas et en plus je suis pas certaine que ce psy puisse quelque chose pour lui. Il doit juste lui pomper son argent à ce stade." Lança-t-elle en levant les yeux au ciel. « Je crois que la ville serait à feu et à sang si c’était le cas. » Lança ensuite la pompier tout en lui confirmant que toute la caserne était saine d'esprit, ce qui s'avérait rassurant. Leah hocha la tête avant de se ranger à son plan machiavélique et sans doute un brin puéril de laisser leurs restes de pâtes dans le système de ventilation. « Je pense que si on a donné naissance au gorgonzola, c’est bien pour cette unique plan que nous nous apprêtons à mettre en exécution. » Répliqua Lene lorsque la brunette lui demanda si la sauce quatre fromage serait suffisante pour empuanter la pièce au même niveau que les fruits de mer. Une fois les plats décidés et commandés, les deux jeunes femmes continuèrent à papoter de tout et de rien. Le sujet des pompiers ayant été balayé, elles rattrapèrent simplement le temps perdu tout en partageant quelques anecdotes vécues au MacTavish, cet établissement qui avait été le lieu de leur rencontre à l'époque. Dix minutes plus tard - quel service rapide - un livreur leur apporta leurs plats et les brunettes se régalèrent tout en se réjouissant à l'avance du mauvais coup qu'elles préparaient à l'encontre de ce psy à l'air peu sympathique. Une heure et demie plus tard et leurs restes planqués dans la ventilation, le patient sortit enfin du cabinet tout en les observant avec l'air de dire "Vous vous êtes moquées de moi?" Leah lui adressa un large sourire avant de faire la moue en comprenant que c'était maintenant au tour de Lene d'avoir affaire à ce type. "Courage." Lui souffla-t-elle dans un clin d'oeil, se disant qu'au moins, c'était elle la suivante. Se calant dans son siège, elle croisa les bras en observant son amie disparaître dans le cabinet, non sans une myriade de gestes équivoques quant à la mauvaise blague qu'elles avaient mis au point. Morte de rire, Leah lui fit un petit geste avant de fermer les yeux lorsque la porte se referma sur la pompier. Une petite sieste ne serait pas de refus, elle avait le temps.