Tut-Tut-Tuuuuuut-Tuuuuuut – Tu n’aimes pas passer inaperçu, c’est tellement pas ton genre. C’est pour ça que tu klaxonnes comme un demeuré avant de te garer de travers à côté de la caisse d’un de tes coéquipiers. C’est jour de match et tu te sens frais comme jamais. C’est totalement faux, hier t’avais une soirée, tu t’es défoncé la gueule jusqu’à voir des éléphants roses devant tes yeux, tu ne sais même pas comment t’as regagné ton loft et le réveil a été méga-violent, mais t’as l’habitude de faire bonne figure alors t’affiche un sourire un peu trop grand quand tes yeux, eux, sont cachés par une paire de lunettes de soleil qui recouvre la moitié de ton visage pale. Faire croire à tout le monde que tu gères alors que t’es à deux doigts de dégueuler, c’est un art chez toi et ceux qui t’entourent sont toujours étonnés de te voir flancher quand tu n’assures plus, car rien n’indique que t’as la gerbe. Tu masques tellement bien la réalité, t’es doué il n’y a pas à dire. Là encore, tu claques la portière de ta Holden avec une assurance folle et tu t’avances vers tes camarades pour les checker à tour de rôle. – T’as retrouvé ton chemin hier babybel ? Te demande l’un d’entre eux, et ton sourire s’agrandit. Il sait. Il sait que t’étais défoncé et qu’il y a peu de chances pour que tu assures aujourd’hui. Et t’en as strictement rien à foutre par ailleurs. Tu t’approches d’Archie, parce que ça fait bien une semaine que tu l’as pas vu et tu glisses ton bras autour de ses épaules en demandant – Il est où Wall-E ? C’est ton colloc qui le garde ? T’aime bien le chien, il est vif et joueur. Quand il assiste aux entrainements, parfois, tu te roules dans l’herbe avec lui et tu t’éclates à lui lancer les frisbees. Il les rattrape bien, il a un bon maître pour ça.
Le coach vous appelle, il faut arrêter de se ‘branler’ comme il dit et aller se changer. C’est parti pour les vestiaires et le sermon d’avant-match. T’es pas nerveux, t’es que remplaçant après tout mais il faudra sûrement assurer à un moment ou à un autre. Tu te changes, te mets en tenue tranquillement, en déconnant avec les mecs qui se foutent de tes yeux explosés. – J’ai les yeux clairs, c’est pour ça. Ce n’est pas que pour ça, tu le sais. Mais tu te gardes bien d’afficher devant le coach que t’as la gueule de bois. Assis sur le banc, tu vides ta bouteille d’eau dans ta gorge avec l’impression d’être à sec. La migraine se répercute dans chaque coin de ton crâne, c’est affreux. Et pourtant, t’affiche un air décontracté. T’as quand même envie de dormir, alors pendant le discours du coach, tu poses ton menton sur l’épaule d’Archie et t’écoutes pas vraiment. C’est un peu toujours la même rengaine, faut s’économiser, travailler en équipe, penser aux autres matchs et pas qu’au premier. C’est une histoire d’endurance en fait, ça tu le sais bien. Tes poumons explosés par la clope te rappellent souvent tes limites à ce niveau d’ailleurs. Tu murmures près de l’oreille de ton pote – J’ai la gerbe, putain.
Spoiler:
Hiiiiiiiii, je suis TROP enthousiaste pour ce CHALLENGE ! Bon, j’espère que le poste ça va, que j’ai pas écrit trop de conneries, faut pas que t’hésite car même si j’ai lu, lu et relu les règles de l’ultimate, je ne gère pas tant que ça hein ;) Bisous
Phase aller du championnat. Accompagné de Ben et Nate – que j’avais récupéré sur la route –, j’avais finalement garé ma voiture sur le parking gravillonné du stade de Toowong – la compétition était organisée par notre club, et je ne savais absolument pas par quel miracle le bureau avait réussi à obtenir un tel stade. J’ai retrouvé le reste de l’équipe, déposant mes affaires dans un coin avant de saluer les autres. Quelques minutes plus tard, des coups de klaxon me feraient presque sursauter, alors que je me tourne pour apercevoir la caisse d’Abel, un petit nouveau qui avait réussi à tenir le coup, à tel point qu’il se retrouvait à jouer avec nous les championnats. Une paire de lunettes couvre son visage, et voilà qu’il se fait charrier par un mec de l’équipe. Mon regard s’attarde un instant sur l’absence de réponse verbale et le sourire du brun qui s’élargit. Visiblement, il y avait quelques confidences dont je n’étais pas réellement au courant – mais c’était facile de les deviner : le tatoué s’était probablement mis la misère la veille. « Il est où Wall-E ? C’est ton coloc qui le garde ? » me demande-t-il, alors qu’il glisse un bras autour de mes épaules. Je souris, secouant négativement la tête. « J’avais peur que tu quittes le terrain pour aller jouer avec lui au milieu d’un point. » répliquais-je, pour le taquiner un peu. « Mais du coup, oui, il est resté embêter Douglas à la maison. » ajoutais-je. L’animal allait probablement m’en vouloir un peu, préférant mâchouiller des disques sur un terrain que de rester à la maison.
Je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir plus longtemps à la question que déjà le coach nous appelle, nous invitant à tous nous rassembler. J’attrape mon sac, troquant enfin mon jean contre la tenue blanche et bleue des joueurs d’Extinction. Petit discours d’avant nos séries de matchs – trois aujourd’hui, deux demain – de la part du coach, que j’écoute avec attention, installé sur le banc du vestiaire, jambes croisées. Le menton d’Abel est venu se poser sur mon épaule, alors qu’une – assez peu – charmante odeur d’alcool venait me titiller les narines. Je grimace, peu enchanté : il avait intérêt d’assurer sur chacune de ses passes, ou le reste de l’équipe risquait, malgré tout, de lui en vouloir un peu – surtout dans la défaite. « J’ai la gerbe, putain. » lâche-t-il, alors que j’émets un léger son avec mes lèvres. « En même temps, mec, tu pues la liche. » répondis-je, avec un léger sourire. S’il s’était arrangé pour le cacher au mieux avec une bonne douche, c’était difficile de masquer les relents d’alcool qui s’échappaient d’entre ses lèvres lorsqu’il me murmurait quelques mots doux à l’oreille. Le discours s’achève, et le coach nous propose d’aller nous échauffer en douceur, pas comme des débiles sur le terrain. Je me suis levé, emportant mon sac et quelques disques avec moi. « T’es sûr que tu vas réussir à chopper des disques ? » demandais-je au brun, le charriant volontairement. Un sourire éclaire mon visage, alors que je lui lance le frisbee que j’avais dans les mains. Mon sac se retrouve sur le sol, alors que mes crampons foulent déjà le terrain synthétique – chaud et doux, mais en même temps affreux. J’imaginais déjà les petites billes de caoutchouc se désintégrer dans mes chaussettes – j’en avais pour six mois à essayer de les faire partir – et venir brûler ma peau dès le premier layout pour rattraper une passe mal ajustée. La vraie herbe, même brûlée par le soleil australien, restait mon type de terrain préféré – si on oubliait que le terrain synthétique n’obligeait pas à nettoyer les crampons après quasiment chaque match, même quand celui-ci était mouillé. « On s’fait les articulations, puis on se met en ligne pour éveiller les muscles, ok ? » propose le coach, tandis que nous nous exécutions. Un peu de monté de genoux, de talons-fesses, puis quelques pas chassés, avant de conclure sur des fentes avant. « J’vais au captain meeting. » lâchais-je, entre deux exos, à l’attention des autres – mission essentielle, ne serait-ce que pour récupérer les feuilles de fair-play et de notation des terrains. Mission dont j’héritais, ayant été élu capitaine pour ce week-end. Je suis revenu une dizaine de minutes plus tard, notant précieusement les informations dans un coin de ma tête. L’échauffement se termine par un Z une deux sur la moitié du terrain : deux colonnes croisées, un disque. Le lanceur récupère le disque, fait une première passe au joueur de la colonne, qui la lui renvoie, avant de partir pour une longue, une grande passe sur quelques dizaines de mètres. Après réception du disque, le joueur effectue exactement la même série de passe, mais avec le joueur de la colonne d’à côté. L’exercice fait rapidement monter nos cardio, et je ne tarde pas à me retrouver à moitié en sueur, m’épongeant le front avec le bas de mon maillot. « Bon, du coup, c’est match en treize points ou cap plus un. Possibilité de demander un temps mort par mi-temps, d’une minute. Pas de cap à la mi-temps, c’est le premier à sept points ou trente minutes. » expliquais-je, alors que nous nous étions rassemblés pour boire un peu d’eau. « Le cap, ça va, Abel ? » ajoutais-je, à l’intention de la plus récente recrue dans notre équipe – celui qui était, malgré tout, le moins à même d’avoir capté, pour le moment, toutes les subtilités du sport, chose que personne ne pouvait lui reprocher, puisque tout le monde avait plus ou moins galéré à ses débuts. « Chauds, les mecs ? » enchaînais-je, en tendant ma paume au milieu du cercle, pour lancer le cri de guerre, et ainsi motiver les troupes.
Spoiler:
J'AI SI PEUR. Mais c'est fun. J'espère que mon post est pas trop chiant, quand même, mais je relève le défi. Et vu que je suis nulle pour expliquer un Z une deux, j'ai fait un dessin - qui n'apporte peut-être aucune clarté, mais ... Voilà, j'aurais essayé. J'fais un gif s'il faut.
Dernière édition par Archie Allen le Jeu 1 Aoû 2019 - 22:54, édité 1 fois
→ T’es pas frais, ça non, mais tu sais aussi que tu ne dois pas lâcher tes coéquipiers. Alors, avant d’aller sur le terrain, tu vas vomir tes tripes pour que la sensation gênante passe et que tu puisses te concentrer sur autre chose. Le match par exemple, ce serait bien de rentrer dedans. Enfin, avant t’as l’échauffement et t’es consciencieux mine de rien. – T’es sûr que tu vas réussir à choper des disques ? Tu lèves les bras avec un air assuré – Mec, tu m’prends pour qui ? Et tu souris comme un benêt avant de rattraper – de justesse – le disque qu’il te lance en riant. Tu l’aimes bien Archie, c’est un chouette type. Capitaine de l’équipe, il sait vous gérer alors que parfois vous déconnez tous grave. C’est pas le dernier pour la déconne remarque, il aime bien aussi. Mais il sait être sérieux et vous rappelez à l’ordre. Y’a un profond respect entre vous de toute façon, jouer dans une équipe ça t’apporte un truc particulier, essentiel. Tu ne peux pas compter que sur toi-même, t’es obligé de collaborer, de communiquer. Pas de non-dits entre vous. Pas d’embrouilles, ou alors elles sont réglées dans la foulée. Et ça fait du bien de pouvoir se reposer sur d’autres mine de rien, de se sentir unis par amour du jeu, de la compétition, du sport. Avant de jouer avec les Extinctions, tu ne t’intéressais pas vraiment au sport en général, encore moins au sport co’. Ça te demandait trop d’implications. A Londres, t’aurais pas pu, tu passais trop ton temps à faire la fête et l’engagement c’était trop compliqué pour toi. Mais depuis que t’es arrivé à Brisbane, beaucoup de choses ont changé. T’essaye de te poser, de trouver des activités qui ne vont pas nuire à ta vie, à ta carrière ou à ta fille. Tu te calmes peu à peu en approchant de la trentaine, et le concept de l’engagement ne te fait plus aussi peur. Tu captes que c’est nécessaire, et l’ultimate t’aide à comprendre cette notion. Ce n’est pas si terrible que ça en fin de compte, de terminer ce qu’on commence.
L’échauffement se poursuis, tu t’appliques à faire les séries comme il faut pour bien chauffer tes muscles, tu sais que c’est essentiel pour la récupération. La dernière fois, t’as mal géré et t’as dû subir les courbatures durant presque une semaine – y’avait même des endroits de ton corps douloureux là où tu ignorais avoir des muscles – et l’expérience ne t’a pas plu. C’était franchement désagréable. Aussi, t’as intégré que l’échauffement et les étirements, ce sont deux moments très sérieux. Ça s’intensifie, et tu craches déjà tes poumons. Ton cardio n’est pas excellent, la faute à toutes ces clopes que tu fumes à longueur de journée. T’es bien à plus d’un paquet par jour et il n’y a qu’en te mettant à l’Ultimate que tu t’es rendu compte de ce que ça faisait sur ton corps. Ça ne te donne pas non plus envie d’arrêter. Fumer c’est devenu un automatisme chez toi, tu ignores si un jour tu seras capable d’arrêter. Tes poumons sont déjà cramés de toute façon, pourquoi t’emmerder avec ce genre de conneries ? Le Z une deux t’achève, clairement. T’es mort à la fin de l’exercice, en nage et tu coules à grosse gouttes. Ton t-shirt est trempé, t’as pris des couleurs toi qui d’ordinaire est si pale. Là, t’es rouge et ça te va pas si mal au teint. – Bon, du coup, c’est match en treize points ou cap plus un. Possibilité de demander un temps mort par mi-temps, d’une minute. Pas de cap à la mi-temps, c’est le premier à sept points ou trente minutes. Le cap ça va Abel ? Tu tournes ta tête vers Archie et tu le regardes un peu hagard. T’as l’air pommé, mais tu sais ce qu’est le cap ouais. C’est l’écart obligatoire entre les points à la fin du temps réglementaire. – Ouaip, ça va. Tu réponds, sûr de toi, avant de cracher sur le sol. T’es essoufflé, t’en peux déjà plus mais ça n’a pas encore commencé. Le stress monte, l’adrénaline termine de réchauffer ton corps. – Chaud les mecs ? A nouveau, tu hoches la tête. Ouais, t’es chaud, c’est bon. T’es concentré, t’as la tête dedans et tu occultes tout le reste autour. Il n’y a plus que le match en cours qui compte maintenant.
Tu joins ta main à celle des autres, et ainsi tous pressés les uns contre les autres, vous vous motivez mutuellement. Les paumes les unes contre les autres, vous criez à l’unisson « EXTINCTION », parce que vous allez tout défoncer ouais. Vous êtes au taquet, tous unis et sur la même longueur d’onde. Et c’est ça qui te plait, dans l’fond. C’est cette communion entre tous tes coéquipiers, cette envie de gagner, cette rage qui vous mettrait presque en transe. Archie fait le toas et par chance, vous gagnez. Ça commence bien. Il décide de recevoir le disque pour le premier point, vous êtes donc en mode attaque, prêt à foutre un gros coup de pression à l’équipe adverse qui choisit de commencer dos au vent. Ça rajoute un challenge supplémentaire, mais ça vous va. Rien ne peut venir entacher votre détermination. Fairplay oblige, tu vas serrer les mains des mecs d’en face, avec un petit sourire taquin car t’aime bien la provoc’ quand même. Après ça, vous vous mettez en place et une fois que vous êtes prêt, Archie lève le bras pour avertir l’équipe adverse et recevoir le disque. Que le match commence !
Il a l’air perdu, mon petit protégé. Il a l’air paumé, quand j’explique les règles des matchs qui vont s’enchaîner. Pourtant, il me balance un « Ouaip, ça va. » lâche-t-il pourtant, d’un air presque assuré. Il est rouge pivoine, essoufflé, et j’ai presque l’impression qu’il va agoniser. Mais si ça va. Si ça va, alors tout va, n’est-ce pas ? J’ose croiser les doigts, alors que ma main vient rejoindre celle des autres. Cercle rapproché, alors que nous sommes collés les uns aux autres. Et il y a ce cri. Ce cri qui vient du fond du cœur, alors que nous scandons le nom de notre équipe. Extinction. Extinction, et le crâne de dinosaure qui se dessine sur nos maillots. C’est quelque chose. C’est quelque chose, d’être là, à savourer cet instant. Cette excitation de début de match, alors que nous reculons tous de quelques pas (que ce soit pour boire une gorgée d’eau ou pour se conditionner pour ce début de match). Il y a le capitaine des Townsville, l’équipe adverse, qui vient, pour faire le toas. « Tu parles. » Je hausse les épaules, un sourire sur les lèvres. « Okay, différent. » Pari risqué ? Aucune idée – j’avais l’impression que c’était plutôt aléatoire, et j’avoue ne pas avoir mené mille expériences de Bernoulli qui correspondent à un tirage avec remise, ni vérifié que les deux disques blancs étaient parfaitement équilibrés. En même temps, qu’est-ce qu’on s’en fout. J’osais y croire, cela dit, alors que je balançais mon disque en l’air, en même temps que le sien. Les deux frisbees en plastique tournoient un instant dans le ciel, alors que je les suis du regard, pour les voir finalement retrouver le contact de l’herbe synthétique. Le mien tourne un peu sur la tranche, et vient finalement s’échouer sur l’envers, alors que l’autre est arrêté, face visible. Gagné. « On prend l’attaque. » proposais-je. Est-ce que c’était la meilleure idée du monde ? Peut-être pas. Pourquoi ? Parce qu’on était en outdoor, et que le vent joue beaucoup plus qu’en indoor. Peut-être que j’aurais mieux fait de prendre la défense – ne serait-ce que pour avoir l’attaque à la mi-temps – mais les autres s’attachent plutôt au fait que j’ai gagné le toas. Il n’y a pas énormément de vent, mais un peu quand même. Je le laisse mon adversaire d’un match choisir son côté de départ : dos au vent. L’attaque serait difficile, surtout pour un premier point, mais j’osais espérer qu’on allait s’en tirer. J’ai hoché la tête, avant de lui proposer de prendre un des disques du toas pour jouer. Il l’analyse rapidement, au moins pour vérifier qu’il est encore à peu près droit, et voilà que nous nous retrouvons à venir frapper les mains des mecs d’en face. Je lance quelques « Bon match ! » avant de venir me placer sur la ligne d’en-but, avec mes coéquipiers.
« Handlers ? » demandais-je, alors trois d’entre nous tendaient la main vers le bas. Ben, que j'avais emmené, ainsi que deux autres. J’ai hoché la tête. Ils se chargeraient à merveille de faire circuler le disque entre eux, pour amener les cinq middles – dont Abel et moi faisions partie – à attraper un disque dans la end zone, ou zone d’en-but, située de l’autre côté du terrain. « Stack verticale, comme on sait faire. Si on perd le disque, on force away, là où y’a pas les sacs, ok ? » Avec un peu de chance, le vent nous aiderait suffisamment pour les coincer sur un bord de terrain si nous perdions le disque. « On part pas dans tous les sens, y’a du vent. Ok, Abel ? » Parce que ça aurait été dommage de perdre le disque pour une bêtise – lancer face au vent avait souvent tendance à faire monter le frisbee, et c’était compliqué d’avancer. Les petites passes restaient ce qui fonctionnait le mieux. J’ai levé la main, pour signaler à l’équipe d’en face que nous étions prêts. Le disque s’est envolé dans les airs, alors que nous nous sommes élancés sur le terrain. Je me suis placé juste derrière le tatoué, alors que Nate plaçait le début de la stack – un alignement légèrement en diagonale, pour nous permettre que faire des appels et contre-appels, afin de semer notre défense et d’attraper le disque. Je m’élance, enchaînant quelques pas vers l’arrière, avant de brutalement partir sur le côté, pour finalement récupérer le disque entre mes mains – bien à plat, l’une par-dessus l’autre. Le catch crocodile, préconisé pour éviter les boulettes, et surtout pour éviter de perdre le disque sur un drop. Les passes s’enchaînent, mais nous remontons doucement. Doucement, jusqu’à ce qu’une passe un peu mal ajustée ne nous fasse perdre le disque. « Allez, c’est pas grave, la défense, de suite ! » lâchais-je, avant de presque coller mon attaquant – suffisamment, cela dit, pour ne pas le gêner dans ses mouvements. J’essaie de ne pas me laisser distancer, pour éviter qu’il puisse attraper le disque et lancer dans le côté fermé : ce serait se prendre un point dans la figure, assurément.
Dernière édition par Archie Allen le Jeu 1 Aoû 2019 - 22:54, édité 4 fois
→ Tu observes ton capitaine d’équipe et t’attends sa décision. Tu ne sais pas s’il va choisir l’attaque ou la défense, mais le connaissant il va sûrement préférer prendre la main dès le début. Ce serait vous accordez l’avantage et si vous marquez, vous faire prendre de l’avance. C’est pas négligeable en début de match, au contraire, c’est stratégique. Aussi tu n’es pas vraiment surpris quand il annonce que vous prenez l’attaque. Tu écoutes les directives d’Archie, en te concentrant malgré l’alcool qui circule encore dans tes veines, malgré la migraine qui fait exploser ton crâne à chaque instant, malgré la chaleur qui t’étouffe, ton ventre qui se serre. Adrénaline ou maux de ventres ? Tu ne sais plus vraiment, et tu décides de t’en foutre d’ailleurs. Tu t’en fous car faut que tu te concentres sur le match à jouer. Ça et uniquement ça. – On part pas dans tous les sens, y’a du vent. Ok Abel ? Tu hoches la tête, gravement. Ne pas partir dans tous les sens, ne pas se laisser gagner par l’euphorie et en oublier la tactique, se maîtriser et faire attention à ses coéquipiers. Tout ça, c’est pas facile pour toi qui joue pour la première fois en équipe. Le sport collectif, tu ne connaissais pas avant de te lancer dans l’Ultimate. T’as les capacités, c’est pas ça le problème. Le souci c’est que t’es trop habitué à vivre en solitaire. T’es pas le genre à avoir eu des colocataires, en dépit du fait que t’es toujours entouré de monde. T’es le genre à être solo chez toi avec tes chats, à écouter la musique à donf et à te foutre la tête en vrac. T’es le genre à bosser durant des heures sur tes cours de droit pour toucher l’excellence. T’es le genre à vider dix canettes de Red Bull par jour pour éviter de sombrer. Et quand t’es épuisé, tu dors sans rêver. T’es le genre à fuir un peu la vie tout en disant en profiter à fond. Tu te mens un peu à toi-même dans le fond mais tu l’ignores. Car t’es bien comme ça, ça colle avec qui tu es, avec tes envies de liberté, d’insouciance, tes rêves de gosses. T’es toujours un gosse en vérité et t’as pas tant envie que ça de te responsabiliser. Pourtant c’est ce vers quoi tu te diriges, lentement mais sûrement. Car y’a ta fille dans tout ça, et elle mérite mieux de ta part. Elle mérite que tu sois stable, que tu sois responsable, que tu puisses la protéger du monde et assurer pour elle. Alors tu vis chaque jour un peu comme si c’était le dernier. Comme si ta liberté allait t’être arrachée à tout moment. Et tu t’élances sur le terrain avec entrain. T’y vas, tu cours, tu chopes le disque, tu fais des passes. T’es explosé, vraiment. T’as tes pensées qui volètent dans tous les sens autour de toi. L’image de Primrose qui te souris s’impose à toi et tu loupes totalement ta passe, la tête ailleurs, le cœur en vrac. – Allez c’est pas grave ! La défense, de suite ! Motivant, Archie te secoue. T’essaie de te ressaisir, car tu peux pas foirer le match à cause d’une nana quand même, non ? Pourtant elle est là. Tu la vois clairement, toute mouillée dans ta voiture avec ses yeux de biches, son mascara qu’a coulé et ses cheveux habituellement bouclés, collés sur son visage. Tu te souviens de son haut transparent qui laissait clairement voir son soutif. Tu te souviens de la chaleur et t’oublies de marquer correctement ta défense. T’as la tête ailleurs, surtout pas à ce que tu fais. Et ta défense est minable. Archie va t’en passer une, et tu l’auras mérité. Tout essoufflé, t’observe avec déception le mec dans la zone d’en-but. Le premier point c’est pour l’équipe d’en face. Et c’est ta faute.
Se concentrer. Se concentrer, pour essayer de marquer le premier point. La tâche est compliquée. Le vent ne nous aide clairement pas. Le vent ne nous aide pas, et Abel semble être dans un autre monde. Un monde où l’ultimate frisbee et le match peinent à trouver une place. Mais il s’en sort. Il s’en sort relativement bien, jusqu’à ce qu’il envoie le disque au sol. Turn over. Turn over, mais la partie est loin d’être terminée. J’essaie de motiver mon équipe, braillant de se placer en défense. L’idée est de faire tomber à nouveau le disque, pour finalement marquer ce satané point. Les passes s’enchaînent chez les adversaires. J’essaie de marquer ma défense, et il y a cette passe qui part. Cette passe en direction de la zone d’en-but. « Uuuuuup ! » braillais-je, alors que j’observais le disque atterrir directement dans les mains d’un joueur démarqué. Le joueur d’Abel. Abel qui le regarde d’un air dépité. Un soupir s’est échappé d’entre mes lèvres, alors que je venais donner un coup sur l’épaule du tatoué. « Eh, mec. C’est que le premier point, te laisse pas abattre, ok ? » tentais-je de le rassurer. Il ne pouvait pas se laisser sombrer, alors qu’il ne s’agissait que du premier point. « L’coach va gueuler si tu restes dans ta soirée d’hier, t’sais bien. Mais genre … v’là, quoi. » lançais-je, avec un sourire qui se voulait encourageant. « Tu le lâches plus, tu l’colles à la culotte, et il mettra plus un point. » proposais-je, tâchant de sembler convaincu par mes propos. S’il ne se battait pas, c’était foutu. Si nous ne nous battions pas, nous n’aurions aucune chance d’aligner les points menants à la victoire.
« Mec. Tu fais l’premier appel, tu récupères le disque, et j’pars en longue. » lançais-je doucement à Abel, alors que nous remettions les pieds dans notre zone d’en-but. J’avais confiance en lui : il était largement capable de se démarquer lorsqu’un des handlers, probablement Ben, aurait récupéré le disque après le pull. Le tatoué était également capable de balancer un disque couvrant les trois quarts du terrain. A nouveau, je levais la main, indiquant que notre équipe était prête. Le disque s’envole, pour être rapidement récupéré par Ben, alors que nous nous placions. Très vite, je m’élance légèrement vers l’avant, sur quelques pas, avant de pivoter et de repartir à toute vitesse vers l’arrière. J’ai couru tel un chien fou, essayant d’ignorer les pas de mon adversaire, sur mes talons. Je jette un coup d’œil en arrière, ne serait-ce que pour vérifier que le jeu en vaille la chandelle : la passe est partie, et quelqu’un, que ce soit Abel ou un autre, avait remarqué que je m’étais élancé. Avec le vent, le disque se fait légèrement flottant. Légèrement, mais juste assez pour que mon défenseur devienne dangereux, lui offrant une occasion de me rattraper. J’ai bondi, m’étirant de tout mon long pour récupérer le précieux en plastique, et retomber dans la end-zone ennemie. Mes bras se lèvent vers le haut, de même que ceux de mon adversaire, indiquant que le point est marqué. J’ai souri, avant de taper dans la main du mec qui me poursuivait, ne serait-ce que pour le féliciter de sa course. Ce n’était qu’un point, cela dit, et je risquais de difficilement pouvoir renouveler l’exploit : les autres ne se feront pas avoir deux fois, et je souffle déjà autant qu’un asthmatique tentant de gravir des escaliers en plein pic de pollution. Quel con. Il faut croire que la jeunesse n’est plus qu’un souvenir lointain. Je suis sorti, officiellement pour laisser les autres jouer, officieusement pour récupérer mon cœur et mes poumons qui avaient dû se dissoudre au milieu du terrain.
Le match s’est enchaîné, m’offrant l’opportunité de jouer d’autres points. Nous offrant l’opportunité d’en marquer d’autres, surtout. Si nos erreurs individuelles nous coûtent parfois le disque, nous parvenons à nous en sortir. Ce n’est pas l’envol, mais nous finissons tout de même par aligner 13 points, alors que les Townsville ne sont pas si loin derrière, avec 10 points marqués en fin de match. C’est beaucoup, au fond. L’écart est faible, mais le coach risquait de nous rappeler que quelques petites folies qui avaient été commises n’avaient pas lieu d’être. Tant pis, la victoire était plus importante – tout autant que l’esprit du jeu. Nous nous sommes rassemblés, pour faire un petit debriefing, ou pré-huddle, avant de faire le huddle final, bras dessus bras dessous avec les membres de l’autre équipe. « Merci pour ce match, les gars. » lançais-je, un sourire sur les lèvres. « On fait la feuille de spirit juste après, si vous voulez. Vous avez un truc à dire sur le match ? En termes d’esprit de jeu, les règles, les contacts … ? » demandais-je. « Perso, je trouve que l’état d’esprit était nickel. Genre .. Chacun félicitait l’autre quand y’avait des points, y’a quelques contacts, mais j’imagine que c’est dans l’intensité du jeu … »
→ T’as la tête ailleurs. T’as la tête ailleurs, mec, mais ça arrive aux meilleurs, non ? Heureusement qu’Archie est là pour te ramener à l’instant. Et sans t’accabler de reproches qui plus est, tout en restant soutenant et rassurant, il te pousse à donner le meilleur de toi. Tu l’respectes pour ça, Archie et il est à la place de capitaine pour toutes ses qualités de leader. Il fait attention à son équipe, n’ira jamais t’incendier si tu fais foirer le point, te demandera simplement de te reprendre, d’être là, présent, pour l’équipe. Et ça te remet les idées en place de l’entendre, tu l’écoutes et tu chasses tes pensées. Elles ne sont jamais bien loin pourtant, jamais bien loin. Tes problèmes, ta vie, les meufs qui y gravitent, tous ceux que t’as perdu en débarquant ici. Ta fille. Morgane t’aide à te concentrer, peu importe ce que tu es en train de faire. Si t’as envie d’être un meilleur être humain, c’est principalement grâce à elle. Elle te motive à toujours donner le meilleur de toi, et c’est aussi vrai à cet instant. Tu te concentres sur le match, sur les adversaires. Tu galères, bien sûr. Tu galères car ta condition physique n’est pas optimale. Quelle idée aussi d’aller taper soirée avant le match ! Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même ceci dit, tu le savais bien hier soir mais l’appel de la nuit a été plus fort que la raison. Pourtant, t’es capable d’y résister désormais. Tu t’es sevré en quelque sorte en comparaison au mec que tu étais à Londres. T’es devenu un brin plus sage, un peu plus réfléchi, un peu plus posé. Tu ne prends plus de drogue comme avant, tu te limites à un peu de weed de temps en temps, quelques bières. On pourrait presque dire que t’es devenu sage en fin de compte. La vérité est toute autre, car tu le sens au fond de toi que ça peut repartir d’un moment à l’autre. Tu n’as besoin de rien, d’une simple étincelle pour mettre le feu aux poudres, pour que tout explose. Triste réalité, finalement.
Le math se déroule sans encombres, vous avez difficilement l’avantage malgré tout et il faut se battre pour obtenir la victoire. Vous l’arrachez à peu de points près, mais ça reste une victoire. Et t’es fier, malgré tout. Fier d’avoir tenu même si t’avais envie de t’écrouler à chaque instant sur la pelouse synthétique, fier même si tes poumons sont explosés et que tu ne sais pas si demain tu réussiras à sortir de ton lit vu toutes les courbatures que te promet l’effort d’aujourd’hui. Tu te traînes clairement pour le rassemblement, t’appuies sur l’un de tes coéquipiers, complètement cramé. T’as le visage rouge à cause de l’effort fourni. Tu penses malheureusement à la clope que tu vas te fumer après ça, à la canette de Red Bull que tu vas vider pour te redonner un coup de peps, à toutes ces merdes dont tu ne sais pas te passer et qui au final te pourrissent la vie. – Merci pour ce match, les gars, un truc à dire sur le match ? En termes d’esprit de jeu, les règles, les contacts … ? Perso je trouve que l’état d’esprit était nickel. Genre… Chacun félicitait l’autre quand y’avait des points, y’a quelques contacts mais j’imagine que c’est dans l’intensité du jeu… T’es plutôt satisfait du compte-rendu que te fais ton capitaine, t’as su maîtriser tes nerfs toi qui est d’ordinaire plutôt du genre bagarreur. Avec l’ultimate t’apprends des valeurs et ça fait du bien. Peut-être bien que t’es en train de changer Abel, en fait. Peut-être bien que tu finis par grandir, finalement. Putain, c’est tellement effrayant ! Si tu pouvais rester un sale gosse toute ta vie… Mais ta réalité a eu quatre ans il y a deux mois maintenant, et pour elle t’a bien été obligé de grandir. L’ultimate ça t’aide à te contrôler et ça prend une grande place dans ta vie finalement. – Merci à toi, mec. Si t’avais pas plongé dans leur end-zone pour nous donner un coup d’fouet ! Ce move mec ! T’as su nous motiver ! On s’rait rien sans toi nous ! Et tu ris, mais tu dis aussi la vérité. Archie, il ne se contente pas de parler, il agit aussi et parfois, une action comme celle-ci motive bien plus que des mots.
Mon regard s’arrête sur Abel, un instant. Juste un temps, alors que je demande aux autres ce qu’ils veulent dire pour le huddle de fin de match. Il semble fatigué. Epuisé par le match, par l’effort physique. Je ne suis pas vraiment mieux, en réalité. La sueur coule le long de mes tempes et vient mouiller mon maillot. Une pensée légère traverse mon esprit, quant aux bras qui s’appuient contre mon dos. Mais c’est la même pour moi. Le même contact humide sur mes avant-bras. J’ai souri un instant, avant d’entamer un petit speech pour l’équipe. Un léger compte rendu, qui me permet de faire le point sur l’état du match. Je souffle doucement, toujours fatigué du premier match. Nous en avions encore deux à enchaîner, et si le dernier s’annonçait compliqué, j’avais bon espoir pour celui qui arrivait. « Merci à toi, mec. Si t’avais pas plongé dans leur end-zone pour nous donner un coup d’fouet ! Ce move mec ! T’as su nous motiver ! On s’rait rien sans toi nous ! » J’ai ri l’espace d’un instant. Je préférais croire que ce n’était pas vrai, que l’équipe était portée par l’envie collective, plus que les capacités individuelles de chacun. C’était probablement ce qui me plaisait le plus dans le sport : l’esprit collectif. Parce que c’était différent des autres sports d’équipe : à aucun moment l’équipe ne devait sa réussite à une seule personne. A aucun moment l’un d’entre nous allait courir en solitaire avec le disque, pour marquer un point. Il y avait de belles actions, c’est vrai. Des plongeons offensifs ou défensifs, des duels aériens et des rattrapages in-extremis. Mais il fallait au moins être deux pour mettre un point. Quelqu’un qui lance, et un autre qui catche. Une mauvaise passe, un mauvais rattrapage, et c’est terminé. « Mais non. J’aurais pas eu l’occasion de faire des trucs stylés sans ta passe à moitié ratée, là. » le taquinais-je, en lui offrant un léger coup sur l’épaule. Je ne le pensais aucunement, en réalité. « Mais t’as bien joué, Abel. Genre .. T’as eu besoin d’un petit temps pour te mettre dedans, mais après, t’as fait des belles actions, t’as entraîné ta défense et libéré les espaces. J’suis content d’toi. » ajoutais-je, sans me départir de mon sourire.
Je me suis rendu vers les autres, et nous nous sommes mélangés : un Extinction bras dessus-bras dessous avec un Townsville. Ils ont commencé le discours de fin de match, puisqu’ils avaient perdu. Match agréable, engagé. Bon courage pour la suite du championnat. Il y a quelques-unes de ces phrases classiques qui sortent, mais je ne leur en veux pas : j’ai tendance, comme les autres, à en balancer pas mal aussi. Cela dit, certaines de leurs remarques restent très instructives : des points à retravailler pour préparer la phase retour, sans aucun doute. Je me suis ensuite lancé, pour les remercier pour ce match. « Blancs in ? » proposais-je, alors que je me glissais, comme mes coéquipiers, à l’intérieur du cercle pour frapper dans les mains de nos adversaires le temps d’un match. Puis, nous nous sommes séparés. Séparés pour faire le fair-play avec l’équipe des Extinctions : notre ressenti sur le match, en termes d’esprit du jeu. Il faut penser à parler des fautes, des contacts, de leur attitude. Différentes catégories, auxquelles nous attribuons une note entre 0 et 5, les deux extrêmes demandant une justification – autrement dit, les notes que presque personne ne mettait. L’addition des cinq catégories donne un total sur vingt, même si une bonne note en fair-play avoisine les alentours des onze ou douze. « Bon … Notre prochain match est dans à peu près deux heures. Ça laisse le temps de manger un peu, pas comme des tas non plus, mais voilà. On s’retrouve 40 minutes avant, en tenue pour se préparer. » proposais-je, avant de me lever pour attraper mes couverts en plastique, une assiette et un gobelet, quatre sous, puis me diriger vers la buvette. Je me servais une salade composée, une petite bière « pour récupérer », avant de me diriger vers Abel, tout en grignotant quelques bouts de jambon, piqués avec le bout de ma fourchette. « Ça allait, du coup ? » demandais-je, tout sourire. « T’es prêt pour les deux prochains ? » ajoutais-je, alors que je me posais sur un banc, savourant le contact de l’herbe synthétique sous mes pieds nus. « Ces trucs c’est genre … Brûlants quand il fait chaud, mais en vrai … C’est cancérigène de ouf. Genre … Quand tu plonges, et que ça te rappe toute la peau, là, ça met mille ans à cicatriser, c’est affreux. » commentais-je, en désignant les billes de caoutchouc noir qui s’étalaient à nos pieds.
→ Modeste, comme toujours, ou mal à l’aise avec les compliments, Archie rejette totalement la possibilité d’avoir été moteur de l’équipe à un moment. Pourtant, c’est son taf de capitaine et il le fait bien, alors lorsque tu le complimentes, tu ne fais que dire une vérité à laquelle tout le monde acquiesce. Si lui n’a pas envie de le voir, ça n’échappe à personne autour de vous et c’est peut-être ce qui en fait un aussi bon capitaine. Uniquement préoccupé par la coercition au sein de l’équipe, la bonne-entente et le fair-play. Car c’est un sport, mais on parle de jeu donc il est difficile de ne pas associer cela à du plaisir. C’est le but, même. Prendre du plaisir à jouer, à courir derrière des frisbees, à se lancer dans des actions de fou juste pour la beauté du sport. Et tu commences d’ailleurs à kiffer de plus en plus de faire partie d’une équipe, cette fierté qui s’empare de toi après une action déterminante c’est meilleur que de la dope, ça te pousse à te dépasser, à donner le meilleur de toi. Et c’est le nouveau but de ta vie par ailleurs, depuis que t’es devenu père – enfin depuis que t’as réalisé que t’étais devenu père du moins. En débarquant ici, t’as changé de vie, t’as décidé d’avancer et d’être meilleur. Ça te porte dans tous les aspects de ta vie, y compris le sport du coup. Archie te félicite, te dit que t’as été pas trop mauvais et que tu commences à te débrouiller sur un terrain. La sincérité de ses mots te touche, et tu n’en doutes pas un instant. Parce qu’il n’est pas du genre à te mentir, Archie. Et ça te fait du bien de t’entendre dire que tu ne fais pas que de la merde, comme d’habitude.
Tu suis le mouvement, tu te fonds dans le moule et c’est un peu ce que t’as toujours eu envie de faire sans y arriver alors, ça te convient. Pour une fois, t’es juste toi-même sans qu’on te pousse à jouer un autre rôle. Tu participes au huddle final dans une ambiance bon-enfant et tu débriefes avec les autres, totalement engagé dans ce que tu fais. Après ça, il est temps de se remplir le ventre et de reprendre des forces. Honnêtement, manger ne peut que te faire du bien au vu de ton état physique. Comme tes coéquipiers, tu te diriges vers la buvette et te sers une copieuse assiette avant qu’Archie ne vienne te voir. – ça allait du coup ? T’es prêt pour les deux prochains ? Tu hoches la tête, tu ne veux pas qu’il pense que t’es pas dedans ou que t’en as rien à foutre, car même si t’es pas aussi impliqué que lui, t’es quand même là et tu te donnes. – Ouais, ça va un peu mieux. Le grand air, ça aide à faire passer la gueule de bois. Tu pouffes et tu te dis que t’es bête. Eternel gamin en train de repousser les limites, refusant d’accepter qu’il prend de l’âge et que, de fait, il devrait se calmer un peu. Mais tu t’es calmé en vérité, et pas juste un peu. Est-ce que tu regrettes ? Parfois, oui. Tu regrettes ce temps où tu t’en foutais des lendemains, où ton avenir était des plus incertains et que tu t’en remettais simplement au destin, te fichant pas mal de ce qu’il te réservait. Il t’a bien eu celui-là, qu’en dis-tu ? Tu t’assois sur le banc à côté de ton capitaine qui parle de l’herbe synthétique qui arrache la peau à chaque fois que vous entrez en son contact. – T’as pas genre une meuf pour te soigner ? Que tu demandes, un peu brusquement et sans y mettre les formes. Parce que c’est ce qu’elles font les meufs, non ? Elles soignent, n’est-ce pas ? Pour ce que t’en sais, toi qui est incapable d’en garder une. Ton mariage fait partie des plus courts de l’histoire, y’a vraiment pas de quoi se vanter. Pourtant tu le fais, tu te vantes, tu passes pour le petit con dégénéré que tu détestes et ça t’arrange. Les gens glissent sur toi comme ça, ils ne s’intéressent pas. Ils ne voient pas la souffrance, ils ne voient pas le cœur écorché, ils ne voient pas la tristesse. – Au pire t’as Wall-E pour te lécher tes plaies. Ou ton colloc aussi. Pourquoi il vient jamais ? Ce serait cool d’le voir non ? Plus il y a de monde, plus on rit et plus tu te perds dans la masse. Philosophie de vie merdique.
C’est agréable, de le voir ainsi motivé. C’est agréable, de voir Abel se donner, pour notre équipe. De l’entendre discuter, participer, et finalement s’éclater dans ce sport qui peut sembler un peu loufoque au premier abord. Ça me fait sourire, et, même si je ne lui témoigne pas vraiment du fond de ma pensée, j’en profite pour le féliciter sur ses performances sur le terrain, avant d’aller prendre de quoi me servir à manger. Le jeune tatoué me suit, en profitant pour se servir une assiette. Je viens le voir, pour m’enquérir de son état après ce match relativement physique. « Ouais, ça va un peu mieux. Le grand air, ça aide à faire passer la gueule de bois. » dit-il en hochant la tête. Je hausse les épaules, un léger sourire sur les lèvres. « C’est déjà ça. » commentais-je, avant de me remettre à picorer dans mon assiette. C’était déjà ça s’il parvenait à voir un peu le bout de sa cuite de la veille : il n’en serait – je l’espérais – que plus performant sur le terrain. C’était déjà quelques erreurs individuelles stupides d’évitées, et beaucoup moins de problèmes avec notre coach, qui devait probablement se poser quelques questions quand au bon état de santé d’Abel – tant mental que physique. Mais pour l’instant, le coach n’en avait encore pipé mot, même si je devinais que voir Abel alcoolisé sur un terrain devait passablement le gonfler : nous avions eu de la chance sur ce match, ce ne serait pas le cas à chaque fois, et encore moins si d’autres de l’équipe choisissaient de l’accompagner dans ses idées.
Installé sur le banc, je considère un instant le sol cancérigène sous nos pieds. « T’as pas genre une meuf pour te soigner ? » demande Abel, alors que je laisse échapper un éclat de rire. Une meuf pour me soigner ? Une moitié pour s’occuper de moi à chaque fois que je suis blessé ? Neptune, assurément, même si notre relation était toujours aussi étrange et chaotique que lorsqu’elle avait commencé. (Et je n’étais pas tellement fan de cette situation, au fond.) « T’as une meuf qui te soigne, pour me demander ça ? » répliquais-je, avant de m’égarer un instant sur le visage de Neptune. Est-ce qu’elle m’avait déjà soigné après une session d’Ultimate un peu trop violente ? Assurément, mais seulement lorsque je lui demandais. « Mais … Ma meuf, Neptune, fait pas ça, non. Sauf si j’me suis rétamé tout le dos, là, j’t’avoue que je lui demande. » Ou Douglas, parfois, lorsque tu n’étais pas avec Neptune. Lorsque la zone était trop difficile à atteindre pour que je puisse me débrouiller tout seul. « Mais elle sait faire plein d’autres trucs tout aussi cools. » ajoutais-je, avec un léger haussement de sourcil, cherchant à être faussement beauf et subjectif. « Au pire t’as Wall-E pour te lécher tes plaies. Ou ton colloc aussi. Pourquoi il vient jamais ? » lâche-t-il encore, alors que je lève les yeux au ciel, la fourchette dans la bouche. « ALORS. J’adore mon chien, mais il est plus doué pour soigner les plaies de mon cœur que celles sur ma peau. » Peut-être que c’était un peu moins hygiénique, aussi, de le laisser me lécher les brûlures. J’avais beau lui devoir énormément, je ne savais pas où sa langue passait son temps à traîner. « Et pour Douglas … Il n’a pas trop le temps de se mettre là-dedans. T’sais, avec ses études, son taf, et tout. » Demi-mensonge. C’était un peu plus compliqué que ça, en réalité. Mon colocataire m’avait avoué, il y a quelque temps déjà, avoir adoré le sport, jusqu’à ce qu’on lui découvre une malformation cardiaque. Jusqu’à ce qu’on lui dise que ce n’était même pas la peine de tenter de continuer. Alors, un sport comme l’Ultimate, à courir d’un bout à l’autre du terrain, tout en mêlant explosivité et endurance, ce n’était peut-être pas la meilleure idée, à moins d’avoir l’envie féroce de me débarrasser de mon colocataire. Alors, tant pis. Je préférais ne pas le ramener, cherchant une façon un peu plus douce de lui trouver quelques amis. « J’t’ai jamais vu ramener tes compagnons de beuverie, cela dit, si ? » raillais-je encore, avant de plonger mes lèvres dans ma bière. « S’ils jouent aussi bien que toi bourré, tu pourrais, pourtant. » ajoutais-je avec un léger sourire, pour ensuite me reconcentrer sur mon repas.
→ - T’as une meuf qui te soigne toi pour me demander ça ? Vlan, dans les dents. Tu ne peux pas t’empêcher de pouffer comme un idiot en entendant cette réplique. – J’avoue, j’en ai pas. Non, t’as pas de meuf pour te soigner quand tu te blesses. Mais tu t’en fiches un peu, car ce n’est pas si important que ça pour toi finalement. T’as bien une nana dans la tête, Anderson est partout et elle t’obsède mais… tu l’imagines difficilement en train de te soigner. Pourtant, elle l’a déjà fait lorsqu’elle a collé ce pansement hello kitty sur ta tronche. Tu revoies son débardeur mouillé, ses boucles qui partent dans tous les sens et son air appliqué sur le visage tandis qu’elle appose le pansement sur ta plaie. Ça te fait divaguer un peu, alors tu piques ta fourchette dans ton assiette et demande, avant d’avaler une grosse bouchée de ton plat : – Mais c’est pas genre l’avantage d’en avoir une ? Faut bien que ça ait un avantage d’avoir une meuf, non ? – Mais… Ma meuf, Neptune, fait pas ça, non. Sauf si j’me suis rétamé tout le dos, là, j’t’avoue que je lui demande. Mais elle sait faire plein d’autres trucs tout aussi cools. Tu arques un sourcil, amusé et demande, taquin : - T’as envie de partager les détails ou tu restes énigmatique et mon imagination fait le reste ? Tu pouffes, bêtement et ton coude part dans ses cotes. Pourquoi faut-il que tu ramènes tout au cul hein ? Parce que c’est comme ça, tellement plus facile d’éviter les sujets sensibles en grossissant le trait. Tellement plus simple de passer pour un beauf que pour un mec sensible. T’assume pas d’être sensible dans l’fond, pourtant c’est bien toi qui t’es marié en grande pompe y’a quelques années. Tu rêvais des étoiles, t’as touché la lune et puis t’as dégringolé et tu t’es ramassé la gueule. Le cœur émietté, le corps brisé, l’âme éparpillée. T’as tout perdu parce que t’es trop con en fait. Mais ça, tu le gardes pour toi. Tes regrets, tes douleurs. Tu souris et tu joues au con parce que comme ça, on ne te parle pas des choses qui font mal.
- ALORS. J’adore mon chien, mais il est plus doué pour soigner les plaies de mon cœur que celles sur ma peau. Tu pouffes à nouveau. Tu craches un peu de bouffe d’ailleurs et t’essuies avec le revers de ta manche. Classe. – J’croyais qu’il y avait un truc anesthésiant ou cicatrisant dans leur salive là. J’sais plus où j’ai lu un truc aussi con remarque. Et tu hausses les épaules. Peut-être une mannequin qui t’avait parlé de ça. T’en sais rien. Toi, t’as des chats et t’es pas sûr qu’un chien pourrait avoir sa place dans votre famille. D’autant plus qu’avec ton emploi du temps hyper chargé, t’aurais pas l’temps de t’en occuper. Si t’es pas sûr de pouvoir gérer, tu t’abstiens, c’est le mieux. – Et pour Douglas… il n’a pas trop le temps de se mettre là-dedans. T’sais avec ses études, son taf et tout. Tu hausses les épaules. Chacun ses priorités après tout. Toi, t’as une vie à 200 à l’heure et tu la gères malgré tout. Alors quand on te dit qu’on manque de temps, tu penses fort : connerie. Parce que le temps en vrai, ça se trouve toujours, suffit juste de savoir s’organiser. Mais tu ne creuses pas sur le sujet, car tu l’aimes bien le colloc’ d’Archie, c’est un bon gars et il est cool – du moins les rares fois où tu l’as croisé tu l’as kiffé. Il t’en faut peu aussi pour kiffer les gens remarque. Suffit qu’ils soient cools et c’est bon, c’est dans la poche. – Ouais, j’vois. Tu réponds simplement du coup. Toute façon, si le mec ne se sent pas de faire partie d’une équipe, c’est pareil, il vaut mieux qu’il s’abstienne car c’est un vrai engagement. Et ça tu l’as compris récemment. – J’t’ai jamais vu ramener tes compagnons de beuverie, cela dit, si ? S’ils jouent aussi bien que toi bourré, tu pourrais, pourtant. Tu plisses les yeux, amusé et tu réfléchis un peu. Tes compagnons de beuverie ne sont pas de vrais compagnons, et ils changent constamment de tête. T’as pas de vrai pote ici, ils sont tous à Londres, à continuer leurs conneries sans toi. L’exilé, l’esseulé… - J’rêve ou tu m’as fait un compliment là ? Manière habile de détourner la conversation. Tu ris et reprends – Vaut mieux les laisser jouer dans une autre catégorie, tout l’monde ne peut pas gérer le bière-pong et l’ultimate comme je le fais. Tu continues de manger un peu, et puis tu décrètes, soudainement – Faudrait que tu viennes d’ailleurs, un de ces soirs. Si ta meuf l’veut bien, évidemment. Ouais, t’es conscient que certains mec ont besoin de l’autorisation de leur meuf pour s’autoriser des sorties parfois. Tu veux pas créer de conflits en vrai. Tu te tiens bien loin de tout ça.
Spoiler:
J'relance pas un max, donc n'hésite pas à m'dire si ça te va pas Bisouuus toi
« J’avoue, j’en ai pas. » me dit-il, alors qu’il me fait une remarque sur ma nana. Remarque un poil sexiste, tout de même. « Faudra peut-être que tu changes un peu pour en trouver une, alors. » répliquais-je en riant, dans l’unique but de le taquiner. Je ne le pensais pas totalement – peut-être un peu, ok – mais j’étais loin d’être parfait aussi, quelque part – surtout si on jugeait l’état un peu étrange de ma relation avec la blonde. « Mais c’est pas genre l’avantage d’en avoir une ? Faut bien que ça ait un avantage d’avoir une meuf, non ? » Mais non. Pas du tout. Je hausse un sourcil, cherchant à comprendre s’il était en train de me faire la plus grosse blague de sa vie, ou s’il était réellement sérieux. « Mais non, ‘fin … A part l’avantage de pas finir ta vie tout seul, peut-être … » avançais-je, prudent, avant d’enchaîner sur les autres qualités de Neptune. « T’as envie de partager les détails ou tu restes énigmatique et mon imagination fait le reste ? » lance-t-il, alors que je pouffe de rire avec lui. Son coude vient se loger dans mes côtes, alors que je lâche un léger glapissement de douleur. « J’vais pas ajouter de détails, mais reste respectueux avec son corps, s’il te plaît. » confessais-je, un poil taquin tout de même. Aller dans son sens était aisé, mais j’essayais tout de même de conserver l’image de ma copine – presque – intacte.
Et voilà qu’il me parle de Wall-e pour soigner mes plaies. Je ris doucement devant ses conneries, presque répugné, cela dit, à l’idée qu’il vienne glisser sa langue sur mes blessures pour me soigner. « J’croyais qu’il y avait un truc anesthésiant ou cicatrisant dans leur salive là. J’sais plus où j’ai lu un truc aussi con remarque. » Je hausse un sourcil, sceptique. Pour eux, peut-être, ok, mais pour nous ? « J’sais pas … Puis c’est pas plutôt les chats ? » demandais-je, absolument pas certain sur la question, en réalité. Mais au fond, est-ce que j’aurais suffisamment confiance en la propreté de Wall-e pour le laisser faire ? Pas tellement.
Abel me parle alors de Douglas, me demande pourquoi il n’est pas dans l’équipe, et je me contente de hausser les épaules, inventant une pseudo-excuse pour le garçon. Je tente plutôt de faire basculer la conversation vers les amis du jeune tatoué, essayant de le faire parler de ses potes plutôt que de mon colocataire. « J’rêve ou tu m’as fait un compliment là ? » dit-il, alors que je lui offre un sourire. « Prends ça comme tu veux, mec. » répondis-je, alors qu’il riait doucement. « Vaut mieux les laisser jouer dans une autre catégorie, tout l’monde ne peut pas gérer le bière-pong et l’ultimate comme je le fais. » explique-t-il, alors que je l’observe, grignotant dans mon assiette. « T’as pas peur qu’ils soient meilleurs que toi, plus tôt ? » lâchais-je, un sourire accroché aux lèvres. C’était si facile, de le chambrer un peu, de temps en temps. Si aisé de gentiment se moquer de lui, même si au fond, je ne le pensais pas vraiment : une horde de mecs bourrés en championnat aurait plutôt tendance à me gaver. « Faudrait que tu viennes d’ailleurs, un de ces soirs. Si ta meuf l’veut bien, évidemment. » proposa-t-il, alors que je le fixe un instant, haussant les sourcils, un sourire aux lèvres. « J’ai l’droit de sortir, ouais. » Même si elle ne me fait absolument pas confiance. Même s’il fallait que j’affronte quelques regards suspicieux, alors que non, je n’avais maté personne d’autre. Je souffle, un instant, avant de me reprendre, au moins un peu. « Mais si t’as envie de m’avoir pour un soir, tu m’dis. Ça peut être grave cool, j’suis chaud en vrai. » répondis-je finalement, avant de terminer mon assiette. Je m’adosse un instant contre le bord de la table, finissant de savourer ma bière, et observant mon camarade ingurgiter sa bouffe. « Sérieux mec, t’es un vrai sac. » Vérité que j’observe, sans vraiment que je ne le considère comme un problème. Tant qu’il arrivait à courir et attraper des disques, je m’en fichais un peu.
« Tu voudras aller lancer après ? Ou genre … Regarder les matchs des autres. » demandais-je finalement, en me relevant. « D’toute façon, d’ici trente minutes, on va retourner s’échauffer, j’pense. » ajoutais-je, alors que je cherchais un indice temporel quelque part. « T’as l’heure avec toi, là ? »
Spoiler:
T'inquiète va ! J'espère que ça ira aussi, si jamais, n'hésite pas !
→ - Faudra peut-être que tu changes un peu pour en trouver une, alors. Tu prends l’avertissement avec le sourire, même si dans l’fond, t’as pas trop envie de rire. Changer pour trouver une go’, était-ce réellement nécessaire ? Pourquoi aurait-on besoin de changer pour une autre personne ? Les âmes sœurs ne se reconnaissent-elles pas telles qu’elles sont ? T’es un grand rêveur toi, un brin romantique même si tu ne veux pas l’admettre, ou alors t’es juste trop con pour faire un réel travail sur toi et tu t’obstines à avancer dans une vie compliquée, enchaînant les histoires sans lendemain car tu n’as pas besoin de faire de promesses que tu ne tiendras pas de toute façon. Trop volage, trop à l’affût de liberté pour te poser ou pour envisager de le faire. Et pourtant, finir ta vie tout seul, comme te le rappelle Archie, tu n’en as pas très envie. Mais c’est le débat d’un autre jour, car pour le moment tu n’es pas très enclin à te poser même si tu as une fille en tête. – J’vais pas ajouter de détails, mais reste respectueux avec son corps, s’il te plait. Le petit sourire qui vient étirer tes lèvres en dit long, mais tu plaisantes évidemment. Ce n’est pas un fantasme que d’imaginer ton pote ou sa copine en train de s’envoyer en l’air, t’es juste un peu trop taquin et provocateur. Et puis, ça éloigne aussi les discussions plus sérieuses autour de l’amour, le véritable amour, celui derrière lequel on court toujours…
Tu ignores où tu as lu cette connerie sur la salive des chiens et leur pouvoir anesthésiant, sûrement lors d’une de tes errances nocturnes sur le net, et tu perçois bien le dégoût dans le regard de ton pote, ce qui te fait doucement marrer. - J’sais pas… Puis c’est pas plutôt les chats ? Tu hausses les épaules, sceptique à ton tour. – Peut-être, j’sais plus ! On f’ra le test un jour si tu veux. Ça semble un peu dégoûtant en réalité, mais ça ne te fait pas peur de tenter l’expérience. Car t’as déjà fait pire et ce, de nombreuses fois. T’es toujours partant pour de nouvelles expériences, aussi saugrenues puissent-elles être. Et même si ce n’est pas reluisant, t’en as rien à foutre au final, la seule personne que tu cherches à impressionner c’est toi. Peut-être pas que toi en réalité… Peut-être que tu aurais aimé qu’une personne qui manque à ta vie soit fière de toi. Et peut-être que ça n’arrivera tout simplement jamais.
- J’ai l’droit de sortir, ouais. Mais si t’as envie de m’avoir pour un soir tu m’dis. Ça peut être grave cool, j’suis chaud en vrai. Tu hoches la tête, emballé à l’idée de traîner Archie dans l’une de tes soirées. Te mettre la tête à l’envers, ça tu sais faire. Faire des trucs dingues aussi, et puis t’as besoin de ça, de t’évader et de ne penser à rien d’autre qu’à l’instant présent. Tu vis, c’est important. – Cool, bah dès que l’occas’ se présente, j’t’emmène en soirée avec moi alors ! Tu devras laisser Wall-E à la maison par contre. Comme si Archie l’ignorait, tu ne sais même pas pourquoi t’as besoin de lui préciser ça. Des fois, t’as des réactions étranges de toute façon. Tu ingurgites une tonne de bouffe, et ça l’fait marrer Archie. Toi, tu souris et tu t’empiffres, t’as l’estomac encore plein de vodka, faut éponger. – Tu voudrais aller lancer après ? Ou genre… Regarder les matchs des autres ? D’toute façon, d’ici trente minutes, on va retourner s’échauffer, j’pense. T’as l’heure sur toi, là ? Tu hoches la tête et tu lui donnes l’heure, le rassurant un peu sur le programme à venir. Traîner au bord du terrain, tu le fais rarement mais aujourd’hui ton planning s’est allégé alors tu vas en profiter. Passer du temps avec tes coéquipiers c’est important pour l’esprit d’équipe et ça fait du bien aussi. Toujours entouré, toujours guilleret. Les problèmes oubliés, effacés durant un temps. Ils reviendront. Ils reviennent toujours. Tu profites du laps de temps qui t’est imparti en attendant. Loin de tout, en bonne compagnie, tu oublies… Tu t’oublies aussi.