J’ai tourné dans ma tête 14 fois entre l’appartement d’Ahren et la caserne la conversation qu’on allait avoir. J’y suis allée d’un sens, de l’autre, j’ai ajouté des questions, multiplié des interrogations, soustrais des accusations. Mon discours est passé d’agressif à larmoyant, de désespéré à strict, trop. Je pense qu’en plus de 20 ans à le connaître, j’avais jamais eu autant de mal à concevoir ce qui sortirait de ma bouche lorsque Kane grimperait dans ma voiture, et qu’on filerait acheter des macarons vegan, du p’tit-déj pour tout le monde, et qu’on aurait the talk. Parce que d’habitude, il savait tout de moi. Il savait tout, il prévoyait même pas, pas besoin, parce que je lui disais avant même qu’il ait besoin d’anticiper. Mais là, l’autre, il avait parlé, il avait brûlé des étapes, il avait joué dans mon dos, et Kane n’était pas venu me le dire à sa suite, il avait pris la décision exécutive de garder ça mort jusqu’à ce que je lui mentionne. Mauvais plan, dude. Très mauvais.

Pourtant, quand sa tête un brin perdue, a tad fatiguée, surtout alarmée passe par l’embrasure de la porte de la caserne et finit par aboutir à la hauteur de ma bagnole, je lui saute pas à la gorge. Je lui crie pas dessus, j’explose pas comme dans 75% des scénarios que je me suis imaginés sur l’allée. Nah, à la place, je sors de la voiture le plus calmement du monde, contourne l’habitacle pour aboutir à sa hauteur, le prends dans mes bras aussitôt. Parce que j’en ai besoin. Parce que c’est là la plus longue période qu’on a eue à ne pas se parler qui vient de s’écouler, à rager chacun dans son coin – t’étais la seule à rager Ari, lui, il attendait que tu te calmes avant de faire un move dans ta direction. I know that. Still, I need that.

Une seconde passe, quinze, des minutes aussi, je sais pas, j’en ai à foutre. Puis je me dégage de l’étreinte, pense à filer dans la voiture, à aller l'y attendre là, mais j'y arrive pas, j'arrive même pas à bouger et encore, faudrait que j'en ai envie. « I wanted to tell you first. » ça, il le sait. Tu te serais pas mise dans cet état-là autrement, Ariane. « But I was also making excuses not to. » d’attendre qu’il se soit remis de toute l’histoire avec Wendy avait pas de sens, pourtant ça m’arrangeait à mort de surfer là-dessus pour retarder la mention d’une bague à mon doigt, d’un mariage à la clé. « Seems like he did not want to wait for my bullshit cowardice to end before he made you aware of it. » oh la pure ruse de merde. Parce que c’est ça qui fait mal au final ; de penser qu’ils sont les deux ensembles dans l’histoire, que Kane fait partie du team de Joel, et non du mien.

Je suis vraiment pas bien. Elle m’en veut. J’ai pas fait les bons choix. Je pensais vraiment faire ce qu’il fallait mais non. La vérité, comme je lui ai dit par SMS, c’est que quoi que j’aurai fait, ça aurait été pas bon pour elle. Pour lui. Pour tout le monde. Juste parce qu’elle a pas eu le contrôle de la situation. The usual Ari stuff. Mais quand bien même elle n’a pas raison sur ce point, je sais que je ne pourrais pas lui faire changer sa façon de voir les choses et je déteste qu’elle m’en veuille. Je me sens vraiment mal là. Mal parce qu’au fond je sais qu’elle a somewhat raison. J’aurai dû être de son côté mais j’ai trop réfléchit et je voulais qu’elle vienne me parler de tout ça d’elle même. Parce que c’est beaucoup trop énorme cette histoire de mariage pour que je lui mette ça en pleine face. Elle est au courant. Bien sûr. C’est d’elle qu’il s’agit. Mais je suis sûr que ça lui aurait mis une claque comme si c’était la première fois qu’on l’a mettait au courant. Parce que Ari se marier ? C’est genre, un miracle si vous voulez mon avis. Elle a beaucoup trop d’issues pour réussir à aller jusque là. Mais tout porte à croire qu’elle a bossé dessus et qu’elle est prête. Non je crois pas. Ouais. Sinon je serai pas là en train de craindre la conversation qui va suivre avec elle. Juste parce que son boyfriend, soon to be husband m’a avoué qu’il l’a demandé en mariage. Ou plutôt, il m’a demandé si j’étais ok avec ça. Il m’a demandé la permission le gars. J’en reviens pas.

Il me reste un peu moins de deux heures de travail sur cette garde de nuit et Ari est en chemin pour me rejoindre. On a besoin de parler. Ca me fait un peu flipper. Je sais pas du tout où on s’en va avec ça. J’ai très besoin d’un hug et je pense qu’elle aussi. Je veux surtout qu’elle aille bien. Elle m’a parlé de problème pour dormir ces derniers temps et j’aime pas ça du tout. Y’a beaucoup trop de points négatif à ce mariage. Elle est déjà en train de s’en rendre malade alors qu’il a juste demandé et que rien n’est fait. Elle a dit oui. Tout est fait dans sa tête.

La voilà qui arrive à la caserne et je prie vraiment pour qu’on ait pas d’autre intervention cette nuit. C’était une garde calme, faut que ça continue. Je risque de très mal le vivre si je dois la laisser là tout de suite alors qu’elle vient juste d’arriver. On a besoin de parler. Mais pour l’instant, juste on se serre dans les bras l’un de l’autre et ça fait un bien fou. J’espère que ça l’aide aussi. Je la serre si fort. J’ai tellement peur de la perdre. La perdre sur une connerie pareille ce serait ma mort assuré. Je sais que je la perdrais jamais mais… Si elle n’a plus confiance en moi, ça va me tuer…

Elle est la première à se détacher. Elle sait que je l’aurai jamais fait en premier. Je peux rester dans ses bras pendant des heures. Been there. Done that. Je la regarde, attendant les premiers mots qui sortiront de sa bouche. Parce que c’est sûr que c’est elle qui va parler en premier. Je ne sais pas quoi lui dire qu’elle ne sait pas déjà. I’m sorry.

« I wanted to tell you first. But I was also making excuses not to. » Je fronce légèrement les sourcils parce que j’avais pas réalisé ça comme ça. Je comprends de plus en plus qu’elle est terrifié par tout ça. Je comprends pourquoi. Je comprends que trop bien vu leur historique à tous les deux. Leur histoire en dent de scie. Leurs adieux. Leurs retrouvailles. Toute leur vie quasi. « Seems like he did not want to wait for my bullshit cowardice to end before he made you aware of it. »

« You can’t control the guy. »

Je sais que utiliser ce mot, c’est pas anodin. J’ai surtout envie de dire Tu peux pas contrôler tout. Mais j’y vais doucement. Pour l’instant.

« When did you say yes ? »

How long did he wait? La question détournée pour qu’elle fasse moins mal dans les propos. Ca sert à rien de pointer qu’elle a attendu longtemps avant de m’en parler. I would still be waiting.

« And what happened during the Bring me tour ? »

Elle dort mal depuis. So many questions. I want all the answers. I should ask them one by one. But at the same time, at least, she can pick which fight she wants to start with. Because we all know I’ll get all the answers at some points. Maybe not today. But she’ll remember. She’ll tell me. When she’s ready. On est plus dans une étreinte, mais mes bras sont toujours autour d’elle, son corps contre le mien. Je fais pas ça pour qu’elle se sente mieux. C’est complètement égoïste. C’est moi qui ait besoin de sa proximité. Mais je sais qu’elle en a besoin elle aussi. I won’t let you drown.

Et je la prolonge, l’étreinte. Un peu plus que j’en ai besoin, juste assez, j’étire, j’ai pas envie mais je me détache aussi. Parce que pour la suite, j’ai besoin de voir ses yeux, j’ai aussi besoin qu’il voit les miens. Kane pense pas pareil par contre, ses bras qui n’en finissent plus d’enserrer ma taille. Mes mains qui finissent leur trajet inverse en se posant sur ses épaules, j’occupe même mes pouces à jouer avec les rebords de ses manches, comme si ça changeait quoi que ce soit de multiplier les contacts, de m’assurer qu’il est là, qu’il bouge pas, et que je me tirerai pas non plus à la première attaque.

« You can’t control the guy. » qu’il trouve à répondre, à ma mise en situation. Je le retiens avec violence mon soupir, mon roulement d’yeux également, mais c’est de Kane dont on parle, of course qu’il voit d’emblée que sa remarque ne prend pas, et qu’encore une fois je rage qu’il soit du côté de Joel depuis le début de toute cette histoire. I need my man, I need him, but I need you more. « The guy, or everything? » j’insiste, parce que je sais quel sens caché il met derrière tout ça, c’est pas très compliqué de savoir que la première chose qu’on me reproche restera toujours d’être une control freak dans l’abus. « I don’t want to control him. Not anymore. » je m’entends dire, une seconde de plus, pour moi d’abord, pour lui ensuite. « But I asked him not to tell you. He did. That’s not a control issue, that’s a distrust problem. » just a quick reminder.

Le round two est lancé, son « When did you say yes ? » qui pique, et dans ses mots et dans ma gorge. Parce que je déteste que ça fasse aussi longtemps que ça, parce que ça me répugne d’avoir gardé l’info pour moi pendant autant de temps sans l’avoir partagée avec lui à la seconde où c’est arrivé. Kane avait toujours été là dans tous les moments importants de ma vie (dans tous les moments de ma vie, really), et ça, ça me manque. D’où le pourquoi ça m’enrage qu’il l’ait su par lui, entre autres. « In Los Angeles. Before I knew about Wendy and you. » before you told me but still, I knew something was wrong.

Vient la dernière interrogation, et là, c’est impossible que je détourne les yeux quand il y plonge les siens. « And what happened during the Bring me tour ? » on sait tous les deux que quand l’un ou l’autre n’arrive pas à dormir, c’est que quelque chose de bad goes wrong. Le signal silencieux, la confirmation testée et éprouvée au fil des années. L’insomnie pour nous deux c’était le début de la fin. « You were happy. You forgot about her for a few moments. » je me doute qu’il ne sait pas, ou alors je n’ose pas même penser que Joel a osé lui faire part de toute l’entente. Alors j’explique, traînant pas trop non plus. « That was the deal. We waited until you were good, and then I was supposed to tell you. » et ça, ça voulait dire que le compte à rebours pour lui dire était officiellement enclenché.

Je sais bien que j’ai besoin de rien dire elle comprend tout ce que je sous entends. Faut juste qu’elle fasse face toute seule à ce qu’elle doit faire ou non. Ce qu’elle doit changer. Ce qu’elle doit arrêter. Arrêter de se trouver des excuses serait un bon début. Arrêter de me cacher des choses aussi. J’aime pas ça du tout. What is going on Ariane ? Parce que depuis toujours c’est elle et moi contre le reste du monde. Et elle parle de confiance. J’aime pas ça. Même si c’est pas moi, je suis dans le colimateur. Je sais. J’aime pas. Mes bras se serrent plus autour d’elle. I’m sorry.

« In Los Angeles. Before I knew about Wendy and you. » Hmm… Ca remonte grave. J’aime pas ça du tout.  « You were happy. You forgot about her for a few moments. » Et ? Je comprends pas. « That was the deal. We waited until you were good, and then I was supposed to tell you. » Hmmm… Ok. Mes bras se détachent un peu d’elle là. Mais je suis toujours en contact avec son corps. Une main va sur mon front que je gratte un instant.

« I know you’re the one mad at me but… I’m kinda… » read here A LOT « … hurt that you didn’t tell me. »

Je soupire. Je reprends vite la parole. J’aurai pas du dire ça mais en même temps si ? C’est ce que je ressens. J’ai moins peur de dire les trucs sans filtre à Levi, sûrement parce que je sais qu’il m’en veut jamais pour rien, mais Ari… C’est autre chose.

« You talk to me Ari. I don’t understand why you didn’t want to tell me. You always tell me everything. Even when it’s the worst ideas. I won’t be the one stopping you from doing anything you know that. »

I have no idea if I’m saying the good things. I’m just saying what I feel. And I feel hurt. (Background music: Hurt by Trophy Eyes). But at the same time, I want to make her feel better. Because she can talk to me. She knows it. I thought she knew. I guess was wrong. All I am is wrong these days. (Background music : Boston Square by Deaf Havana)

Alors c’est comme ça qu’on se sent, quand on est pas totalement sur la même longueur d’ondes que son meilleur ami. C’est à ça que ça ressemble, c’est sur ça qu’elles se basent les conneries qu’ils nous disent, quand on affirme que c’est impossible d’être si fusionnel avec quelqu’un, d’être si calé sur une personne depuis assez longtemps dans sa vie qu’on arrive à anticiper tout ce qu’elle dira, tout ce qu’elle fera, parce qu’on la connaît par cœur et que l’inverse est toute aussi vraie. Je nous reconnais pas du tout Kane et moi, et même si c’est pas le premier accrochage qu’on a, celui-là, c’est probablement le plus important, le plus gros auquel on a été confrontés.

« I know you’re the one mad at me but… I’m kinda… » il insiste, j’entends juste à quel point son kinda a pas du tout rapport, comment il voudrait dire a lot plutôt. « … hurt that you didn’t tell me. » et j’expire, mes yeux qui ont pas décroché des siens depuis que je suis arrivée. « Oh believe me man, I’m hurt too. » au cas où il ait pas capté, au cas où mon silence bloqué des derniers jours ait pas suffit comme preuve, comme la dispute de malade qu’on s’est tapée avec Joel et qui a sans doute dû lui venir aux oreilles vu que lui et Jo sont des meilleurs potes là maintenant. Qu’il joue la carte du gars blessé me pique, parce que ce serait bien mal me connaître de penser que tout ça, ça me faisait pas autant chier que mal.

« You talk to me Ari. I don’t understand why you didn’t want to tell me. You always tell me everything. Even when it’s the worst ideas. I won’t be the one stopping you from doing anything you know that. » à son tour de soupirer, mais surtout de pas me laisser en placer une. Probablement parce qu’il veut être sûr que je l’entende avant que j’avance quoi que ce soit d’autre. Mais là par contre, je retiens pas mes sourcils de se froncer, mon visage tout entier qui montre à quel point ce qu’il dit là à aucun sens, comment il a si mal perçu la situation que j’en veux encore plus à Joel pour le coup. « Are you for real? » comme si je lui avais pas dit pour l’exclure. Comme si je voulais le lui cacher parce que je me mettais un filtre avec lui, parce que certains sujets étaient tabous. À d’autres. « Kane, you were the first I wanted to tell. All of it, everything, every fucking detail. » j’insiste sur chaque mot, je tape dessus, je m’assure qu’il les entende tous.

But he was so sad all the time. She broke his heart worst than anyone before her did. You didn’t stop me from doing anything. She did – as I did too. « You were supposed to be happy when I would have told you. » I wanted you to. J’ai pas remarqué que mes mains se sont resserrées autour de ses épaules, j’ai pas capté que ma silhouette s’est rapprochée un peu plus de la sienne, comme si, finalement, la proximité qu’il avait maintenue depuis le début était suffisante comme argument pour que j’en ai plus que besoin que quoi que ce soit d'autre. « I wanted it to be a good memory for both of us. » parce qu’on est un team Kane et moi, et parce que cette nouvelle-là, ce Oui là, il voulait tellement dire que je pouvais pas l’assimiler toute seule, sans lui. J’y arriverais pas – j'en étais persuadée. « But I cannot be happy if you’re not, fully. I never could, never can. » I wanted it to be a happy memory for both of us. And he ruined it.

« Oh believe me man, I’m hurt too. » Yeah. That I know. Et je sais vraiment pas quoi faire pour que ça change parce que j’ai vraiment l’impression que toute cette merde m’est tombé dessus sans que je demande rien du tout. « Are you for real? » Et j’ai peur de ce qu’elle va me sortir. J’ai peur de ce que j’ai dit. Je déteste plus que tout au monde être mal avec Ariane et là on est très mal. Très très mal. « Kane, you were the first I wanted to tell. All of it, everything, every fucking detail. »  Then why you didn’t??????? Je comprends juste pas. J’oublie combien j’étais mal avec ma rupture. Ariane passe avant Wendy. Toujours. Toujours. Toujours. Wendy qui ?   « You were supposed to be happy when I would have told you. » Je fais « non » de la tête, les sourcils froncés parce que ça c’est du gros bullshit. Supposed de quoi ? Qui a décidé ça ? She did. Et maintenant ça me retombe dessus cette merde. Tout me retombe dessus. Tout est de ma faute parce que moi aussi ma propre règle que je me suis imposé tout seul, elle est pas d’accord avec. J’étais sensé être heureux pour qu’elle me le dise ? Elle était sensé être prête à me le dire d’elle même. Prête à affronter la réalité en son temps. Pas quand j’aurai décidé de lui dire que j’étais au courant. Pas la bousculer dans son timing. Pas ça. Jamais ça. Mon regard sur elle est fuyant, mais il revient toujours à elle malgré tout. Un bras autour d’elle, mon autre main qui est libre qui fait des allés retours sur mon visage. Un coup dans mes cheveux, un coup sur mon front que je gratte encore. Ou ma nuque. Mes sourcils toujours froncés parce que j’essaie de comprendre mais j’arrive pas. Tout ce qu’elle me dit. On est tellement pas sur la même longueur d’onde là ça me fait mal. I love you Ariane. But still, that’s what my eyes are saying in the end. Cos it’s true. Doesn’t matter if we’re in sync or not. I love her. « I wanted it to be a good memory for both of us. » Yeah on va l’avoir notre souvenir ça c’est sûr. Je sais pas quoi dire. Et elle a encore des trucs à dire. Moi j’ai encore à me gratter le front parce que je suis pas à l’aise dans tout ça. « But I cannot be happy if you’re not, fully. I never could, never can. »

« Didn’t occur to you that this news would make me happy ? » I’m rooting for you since day 1.

Je soupire. Me frotte les paupières après avoir fermés les yeux un moment. Mon bras toujours autour d’elle. Ma main qui se serre d’ailleurs. Mon bras qui l’a rapproché de moi. Pourquoi j’ai peur qu’elle s’en aille ? Elle partira jamais. Ou du moins j’espère. Je soupire. Je laisse retomber mon bras. Je la regarde. Je suis paumé. Je suis triste qu’elle m’en veuille. Je suis triste qu’il y ait rien que je puisse faire pour arranger les choses. Elle voit ça d'une façon. Moi d’une autre. On est pas en phrase. Ca me tue. Ca se voit sur mon visage. I’m sorry. Je sais pas quoi dire d’autre.

« I don’t know what to say. »

And that triggers me one Bring Me The Horizon song. Ca m’arrache un mini sourire parce que je sais qu’elle va l’avoir aussi. And there. Right now. I’m going one way. I know she is gonna follow. I know it will make us feel better. I hope.

« It don’t make much sens right now but it will all come together when the lights go out. »

Je sais pas pourquoi c’est cette chanson qui me vient en premier. Sûrement parce que ça fait clairement zéro sens qu’on soit pas en phase. Mais ça en prendra plus tard. J’espère. I love you Ari. Et mes lèvres vont sur sa joue, doucement. I’m so sorry.

« Didn’t occur to you that this news would make me happy ? »  « Didn’t occur to you that I did not want to take the chance it wouldn't? » parce que contrairement à ce qu’il pointe là, j’en ai rien à foutre de l'hypothétique bague à mon doigt si ça avait le potentiel de le mettre à terre. Il aurait comparé il aurait pas voulu, il se serait fait du mal à tenter de se retenir, mais il aurait repensé à Wendy. Il aurait repensé à sa demande en mariage, à la bague qu’il lui a achetée. Il aurait repensé à tous les plans qu’il s’était fait de part et d’autres, il aurait eu juste ça en tête quand j’avais tenté pendant des semaines de lui faire remonter la pente et oublier tout ce qui pouvait toucher de près ou de loin à elle, à eux.

I’m sorry. I know. « I don’t know what to say. » « Then don’t say anything. » ça m’apparaît pas compliqué, mais autant lui que Joel ont que ça à la bouche. Ils savent pas quoi dire, quand cette fois-là ils savaient exactement quoi dire et ils l’ont dit l’un l’autre, ils se l’ont dit et ils se l’ont probablement répété et respire Ariane, ça sert à rien, tu vois bien qu’il est désolé, que Jo l’est aussi. Ressasse pas, ravale. Ça vaut pas la peine. T’es en stand by déjà avec Birch, pas besoin de l’être avec Kane aussi.

Y’a un sourire qui passe sur son visage, évidemment que je fronce les sourcils quand je le remarque. « It don’t make much sens right now but it will all come together when the lights go out. » et je laisse aller un éclat de rire, sec, un seul, mais un tout de même. Ses lèvres qui viennent se poser sur ma joue, ma tête que je secoue de la négative en exagérant un soupir, comme si ça m’énervait que lui autant que Levi finesse toujours par burst into songs. Of course not. I love you Ari. I love you too, kiddo. « Do you wanna go take a short walk to the corner store? » si les paroles fit, ça fonctionne encore mieux en voyant à quel point la caserne est en mode coma là, comment personne a l’air de rien foutre et qu’un tour de bloc autour ne risque pas de le faire se retrouver renvoyé dans la seconde.

Ce n’est que lorsqu’on a marché quelques minutes, que ma main a trouvé la sienne et que j’ai l’impression que prendre l’air à deux nous fait du bien que je renchéris, pensive, honnête. « I was angry cause I wanted it to be something between you and me. Now it’s something between you and him. »

 « Didn’t occur to you that I did not want to take the chance it wouldn't? » Hmmm… j’aime pas cette réponse. Elle s’inquiète beaucoup trop pour moi. Je sais que je suis pas quelqu’un de très stable émotionnellement parlant mais ça fait mal de voir à quel point elle prend des gants avec moi. Je suis vraiment fucked up. Je le sais. Rien de nouveau là. Sans elle je sais pas où je serai au jour d’aujourd’hui. Elle le sait autant que moi. Elle est beaucoup trop importante dans ma vie comme constante. « Then don’t say anything. » Ouais je vais plutôt arrêter de parler. De parler tout court parce que vraiment, je suis juste nul. Ca va pas en ce moment et ça se voit. J’ai dit des trucs, Joel a dit des trucs et je me retrouve à me prendre la tête avec Ariane. Je déteste tellement ça. Alors je vais chanter. Je parle plus mais je chante. Et elle suit mon flow et elle est vraiment la meilleure de la terre. Ca se voit dans mes yeux qui s’illuminent quand elle continue la chanson. « Do you wanna go take a short walk to the corner store? » Et je vais mieux. D’un coup. J’oublie tout. Parce que y’a tout ce que j’aime là. Ariane. Trophy Eyes. Parler en lyrics. Ma vie. J’hoche la tête pour lui répondre parce que je sais que tout autant que moi, c’est peut être les paroles, mais c’est aussi ce qu’on veut vraiment dire. La musique et nous ça ne fait qu’un. Alors on sort. On marche. On laisse le silence et l’air de dehors nous porter. On a pas besoin de parler. Elle est là. Je suis là. C’est tout ce qui compte. Mais ce n’est pas fini… « I was angry cause I wanted it to be something between you and me. Now it’s something between you and him. » Et c’est rare, mais je réfléchis pas, je réponds aussitôt.

« Truth is, it’s actually all between you and him. »

Drop. The. Mic.