| old scars, future hearts | freya |
| | (#)Mar 4 Juin - 20:26 | |
| we got scars on our future hearts but we never looked back no, we never looked back
Bayside, It's always so quiet. Particulièrement ce dimanche matin, dans les coins isolés de l'agitation du monde. Le soleil pour compagnon, et l'asphalte gris à perte de vue. D'un côté de la route, les maisons blanches aux volets fermés, et la végétation luxuriante pour lui faire face. Le bruit des roues de son skate sur le bitume, étouffé par la musique résonnant dans ses oreilles, Elle pourrait presque chanter. D'ailleurs... La vitesse l'emporte, la satisfaction de s'être levée de bonne heure pour profiter du soleil matinal, et échapper aux pluies qui ne manqueront pas de la confiner aux limites de son appartement dans l'après-midi. Et sa voix brute pour défier le vent, les fausses notes libres, presqu'un murmure, et quelques paroles qu'elle finit par fredonner, qui ne collent pas vraiment au rythme des guitares énervées dans son casque. Elle prend des routes sans connaître leur direction, se perd joyeusement dans le dédale des quartiers avec un mépris total pour son orientation. Le temps n'a pas d'emprise sur elle aujourd'hui et les perspectives de la journée s'étalent paresseusement devant elle ; alors elle peut bien prendre quelques heures pour skater dans le quartier côtier, et qui sait, se perdre sur des chemins de traverse, quitte à devoir marcher. C'est d'ailleurs ce qui attire son oeil, au détour d'une impasse dont elle traverse le jardin privé qui la clôt (est-ce une violation de propriété s'il y a un trou dans le grillage? question rhétorique, Ariel est déjà loin) pour déboucher quelques mètres plus tard dans un endroit plus sauvage, sur ce qui est, de toute évidence, une ancienne voie de chemin de fer, déserte. Uh. Elle ôte un instant ses lunettes de soleil pour examiner ses environs, le frisson délicieux de ne pas savoir exactement où elle est, comme une exploratrice des temps modernes: un coin de son monde qui est vierge à ses yeux, et ces rails rouillés qui serpentent paresseusement entre les pierres et les herbes. Elle ne doit pas être loin de l'eau, puisqu'elle suivait la côte. Fair enough. Elle réajuste ses lunettes pour regarder le soleil, décide de suivre sa direction. Elle ne sait pas vraiment ce que ça signifie, Ariel, mais elle imagine que c'est comme ça qu'ils faisaient, avant: suivre le soleil, ou les étoiles? Ou était-ce la lune? Whatever. Il faudra qu'elle se renseigne sur le sujet, ou qu'elle creuse dans ce qu'elle aime appeler sa cinémathèque, cette grande étagère qui s'impose dans son salon, remplie de DVDs triés avec soin, témoin de la passion de sa vie. Peut-être devrait-elle payer davantage d'attention à cet aspect des films d'aventure. Peut-être en regardera-t-elle un ce soir. Planche sous le bras, elle avance le long de la voie, curieuse, le son des graviers s'entrechoquant sous ses semelles. Ariel marche simplement, - le but est d'apaiser ses pensées, de fatiguer son corps ; elle n'a pas d'impératif, pas de contraintes. Juste elle, et le soleil.
Elle marche depuis au moins un bon quart d'heure (selon sa propre estimation) lorsqu'un son en arrière plan finit par la déranger, et après un débat intérieure, elle pause sa musique, incertaine. Mais le bruit ne cesse pas ; le dysfonctionnement ne vient pas d'elle. Ôtant son casque, les sourcils froncés, elle réalise qu'il s'agit du bruit connu et pourtant peu familier d'un train. Uh. Vu l'état de la voie, elle s'était imaginé que plus rien ne fonctionnait ici, simplement des rails à l'abandon, menant vers une décharge ou d'autres lieux obscurs. Impression faussée, de toute évidence. Par prudence, elle s'écarte du chemin - elle n'a pas croisé de train jusqu'à présent, elle imagine qu'il roule dans sa direction ; et se retrouve à piétiner une pauvre bande d'herbe verte qui a dû voir des jours meilleurs, et sans se poser davantage de questions, suit la courbe de la voie dans un virage.
C'est là qu'elle l'aperçoit. Au détour des arbres, légère, gracieuse, comme une... une fée des bois. Une putain de fée des bois, au milieu des rails rouillés, à plusieurs mètres d'elle. Ariel s'arrête, fronce les sourcils, et ôte ses lunettes. Il y a quelque chose d'étonnement familier dans cette silhouette.
Le signal du résonne encore dans ses oreilles, et son corps se glace. Oh, no. Dents serrées, elle observe la fille aux longs cheveux continuer son manège sans prêter attention aux signes annonciateurs de la tragédie (mais elle va bouger, pas vrai?). La machine est encore loin (elle va bouger), mais se rapproche indéniablement (elle va bouger?) et rien dans l'attitude de la fée ne semblent indiquer un quelconque souci (elle doit bouger). Même si le train est lent à arriver il ne s'arrêtera pas, Ariel l'imagine trop vieux, trop lourd, mené par un conducteur apathique pareillement vieux et lourd en fin de carrière, aux réflexes aussi affûtés qu'une lame émoussée. Et l'autre ne bouge toujours pas, imperturbable. Un éclair secoue son corps à elle, et comme mûes d'une volonté propre, ses jambes se mettent à courir. À courir vite. "What the fuck?!", grogne-t-elle entre ses dents, en voyant que la fille l'a aperçue, mais ne bouge toujours pas. Et puis, elle lui adresse un signe de la main - auquel l'australienne est évidemment dans l'incapacité de répondre. Et puis, "Freya??". L'exclamation franchit à peine ses lèvres, la distance entre elles se resserre mais le train arrive, et la tête d'Ariel tourne, ses poumons brûlent et elle voit devant ses yeux défiler l'inévitable, la machine de fer atteindre l'autre avant elle. Arriver trop tard. Freya Doherty va se faire écraser par un train parce-qu'Ariel n'est pas foutue de taper un sprint. Mais qu'est-ce que Freya fabrique dans ce coin paumé, seule, prête à se faire rouler dessus? La suite de questions est trop douloureuse pour ses pensées qui sont fixées sur un seul objectif: courir. Run, Forrest, run... Shut ! The ! Fuck ! Up ! And run ! La gorge en feu, elle crie son nom (Freya!), elle hurle un avertissement (le train, le train bordel!), et tente de gesticuler mais son bras droit qui porte son skate la cisaille, l'en empêche, et semble peser des tonnes; mais la moindre seconde de perdue donne l'avantage à son adversaire mécanique dans cette course contre la montre. Alors elle serre les dents, Jette sa planche, Grimpe en deux enjambées le petit monticule (le train se dessine déjà dans son champ de vision), Agrippe avec force le bras de Freya et la tire sur le bas côté, dans l'herbe verte à la triste mine.
Ce n'est pas un ange qui passe, mais bien ce maudit vieux train de marchandises, presqu'aussi délabré que le couloir qu'il emploie.
Pas exactement le genre de matin calme, propice à un sport de détente et à une innocente exploration, qu'Ariel envisageait. Mille jurons dans son esprit et elle sort fébrilement la bouteille d'eau de son sac à dos, en avale la moitié et peu importe si le liquide dégouline de tous les côtés, sur son menton, sur son tshirt. Elle reprend ses esprits et dévisage celle qu'elle vient de toute évidence de sauver.
"Putain, Doherty, on t'as jamais dit de pas jouer près des rails?!"
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| | | | (#)Dim 9 Juin - 10:27 | |
| C’était une journée banale, ensoleillée et ordinaire. Freya avait décrété vouloir sortir de l’appartement alors que son jumeau avait eu la brillante idée d’y organiser une petite fête – oui, en plein milieu de la journée, ne posez pas de question, il est con. Saloperie de fumée, odeur nauséabonde, bruit infernal, la jeune Doherty avait prit ses clics et ses claques, non sans mauvaise grâce. Elle était mal, elle voulait dormir, s’enfermer dans le noir de sa chambre, rideau fermé et sous sa couette. Mais non, son abruti de frère n’en faisait qu’à sa tête et elle le détestait, elle le haïssait de ne pas prendre en compte ses propres sentiments, son état d’esprit. Petit con. Comme leur père. Sa jumelle errait alors comme une âme en peine dans les rues de Brisbane, ne sachant pas vraiment quoi faire. Ses yeux étaient plissés, le soleil lui faisait mal au crâne – il ne pouvait pas pleuvoir, bordel ? On arrivait bientôt en hiver, après tout, il était temps qu’il fasse moche. Mais non, c’était trop demandé, ça aussi. Freya avait alors passé la capuche de son sweat sur ses boucles qui redevenaient largement brunes avant de foutre ses mains dans les poches de sa veste. Ses pieds la traînèrent tout d’abord près de la plage mais, trop de monde, trop de vent, trop d’enfants qui crient. Des gens faisaient du roller, d’autres en profitaient pour des derniers matchs de volley. Il y avait de l’animation, beaucoup trop pour l’humeur maussade et solitaire de Freya à ce moment là. Elle se détourna du sable fin et de l’eau qui se perdait au loin – qui n’avait pas même pas le mérite d’attirer son attention aujourd’hui. D’habitude, la mer la fascinait. C’était l’élément naturel contre le feu, c’était une sécurité. Freya aimait l’eau, contrairement à ses frères, fascinés par la même chose que leur pyromane de père. (Ca te terrifie, mieux vaut pas y penser, pauvre petite chose fragile que tu es. Même pas fichue de contrôler ton stress, tes émotions, ton propre frère, ta famille. A quoi tu sers, dans tout ça, tu le sais ? - La ferme !) Elle aurait dû prendre ses écouteurs, fais chier. Elle était seule avec son cerveau qui allait à cent à l’heure, tourbillonnant de pensées aussi négatives que néfastes. (T’arriveras jamais à rien avec ton frère et Wren, il te déteste. Ton meilleur ami t’ignore et ta mère, c’est une étrangère. Il te reste quoi ? Une coquille vide, dépendante d’une putain de maladie que tu tentes de maîtriser à l’aide de petites pilules qui te coûtent une blinde. Sérieusement, à quoi bon?) Freya accéléra le pas, la tête baissée, ne faisait plus attention où elle allait. Alors oui, elle se trouvait à bousculer des gens, à faire pleurer un enfant car sa glace était tombée, même un chien lui a grogné car elle avait marché sur une de ses pattes. Elle était culottée, cette gamine, à se montrer aussi impolie et si peu bienveillante ! Son visage était celui d’un poupon, mais son attitude était à vomir. Doherty n’avait pas une personnalité douce ou lumineuse – malgré un sourire qui était radiant comme le soleil quand il était sincère. Elle avait un mécanisme de défense naturel et sa première réaction quand on l’aborde était toujours d’aboyer. Ce n’était pas une mauvaise personne ni une garce mais elle était dure, envers elle-même et envers les autres. Injuste aussi et égoïste, à penser que seuls ses sentiments comptaient, que seuls ses états d’âme étaient importants. Freya détestait entendre « Pardon, ça existe ! » alors qu’eux, est-ce qu’ils la pardonneraient de la voir dans cet état là ?
Enfin la jeune femme avait atterri dans un coin plus tranquille de Bayside, loin du tumulte de la plage et de la population. Son cœur débordait et elle voulait crier mais elle se retient – pour une fois. (Sage fille.) Elle voulait crier à l’aide car elle se sentait mal, pas à sa place et qu’elle voulait en finir. Freya releva ses yeux chocolats vers la forêt étendue devant elle. Elle resta planté là, les yeux fermés, un moment. Juste le temps d’apprécier le calme, les oiseaux, la nature. (Là où tout avait commencé, tout devait se finir.) Doherty savait pourquoi ses pieds l’avaient amené ici. Il y avait un endroit plus sauvage qu’elle avait découvert il n’y a pas si longtemps que ça, alors qu’elle était partie en randonnée à travers la forêt pendant des heures. La jeune femme se mit donc en route… « Freya?? » L’interpellée ne l’entendait pas, cette exclamation. Elle avait trop occupé à tenir en équilibre sur le rail, les bras relevés de chaque côté. Freya attendait. Le dos tourné au train qui déboulait lourdement mais sûrement, elle l’ignorait. Elle l’entendait mais n’y prenait pas attention. (La mort n’est que le commencement d’une nouvelle vie.) Elle continuait à marcher sur le rail, le museau en l’air, riant presque de ses mèches de cheveux qui lui chatouillaient le visage. C’était une belle journée pour partir, c’est sûr. Elle était prête (tu l’es à chaque fois). Mais est-ce que l’autre côté était prêt pour toi ? « Putain, Doherty, on t'as jamais dit de pas jouer près des rails?! » La réponse était clairement non. Et ce fut dans un juron que Freya se releva, son sourire et son air apaisé partis de son beau visage maintenant contrarié. « Mais merde, putain, tu fais chier, James ! Tu peux pas te mêler de ton cul ? » Décidément, il fallait toujours quelqu’un ou quelque chose pour l’interrompre. A croire que la mort elle-même lui répétait « not today » avec un air narquois. (Même ça, t’es pas fichue de le réussir.) Doherty regarda le train passé devant elle, cet air défaitiste au visage. Le prochain n’est pas prévu avant deux heures au moins, c’était foutu. Elle reporta son attention de furie sur Ariel. « La prochaine fois, tu passes ta route, okay ? » Elle était énervée et pour bien le prouver, elle poussa son interlocutrice – sa sauveuse ? - violemment du bras pour lui passer devant et reprendre sa route. For god fucking sake!
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| | | | (#)Jeu 27 Juin - 14:39 | |
| "Voir rouge", c'est intéressant, comme expression. Parce-que là, ce qu'Ariel voit, c'est du bleu, rien que du bleu, dans le ciel de Brisbane, et quelques nuages paresseux qui se défont dans le ciel. Pourtant la colère, la peur, l'adrénaline ne redescendent pas, et son souffle reste haché, incertain - même si un coup d'oeil à Doherty a suffi à comprendre qu'elle n'était pas blessée. Ariel a alors permis à ses jambes de se dérober sous elle, s'allongeant sur l'herbe juste quelques secondes, tentant de calmer sa respiration... peine perdue. Ariel se relève aussi vite qu'elle s'est laissée tomber, les yeux écarquillés face à la colère de Freya. De nouveau debout, elle essuie ses paumes sur son jean et tente de maîtriser le sentiment qui bout en elle, un rictus serré sur ses lèvres. "Je vois que c'est pas la gratitude qui t'étouffe," lâche-t-elle sèchement. Les traits de Freya, habituellement doux et habités par l'étincelle de la fête, par les lumières de l'alcool, se sont tordus, et ses yeux reflètent une rage qui semble folle, et horriblement déplacée dans ce décor si paisible. What the actual fuck. Ça ne s'arrange pas avec la phrase que lui crache Freya au visage, la bousculant au passage. Une exclamation de surprise plus tard, et: "Passer ma route?" Ariel répète, incrédule, les derniers mots de la blonde qui est en train de se barrer sans demander son reste, mais eh! Elle lui attrape violemment le bras, plus brusquement qu'elle ne le voulait, et la force à se retourner, ignorant le cri de douleur de l'autre. Oeil pour oeil... "Hé, attends deux minutes là, tu te fous de ma gueule? T'as failli te faire réduire en compote par un train devant mes yeux, et tu me dis de me mêler de mon cul et de passer ma route? Ses mots coulent naturellement, et elle ne peut pas s'arrêter, comme si la frayeur encore imprimée dans son esprit et dans son coeur prenait les commandes, parlait à sa place. Mais je rêve! Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, Doherty?" La question n'est qu'à moitié rhétorique. Sans se connaître beaucoup, elle sait que quelque chose cloche chez la jeune femme. Mais quoi, et à quel point, c'est une autre question.
"Si tu veux te foutre en l'air, très bien, c'est ton choix, tu fais ce que tu veux de ton dimanche, mais j'aurai pas la vision de ton p'tit corps écrasé sur les rails imprimée sur ma rétine, j'aurai pas ta mort sur ma conscience. L'image de Sky s'impose brièvement dans son esprit. C'est pas qu'il lui pèse lourd sur la conscience, son frère, mais les récits qu'on lui a fait de son corps disloqué sur le lieu de l'accident l'ont toujours mise mal à l'aise, hantant ses cauchemars pendant de nombreuses années après ça. J'ai déjà assez de trucs à devoir supporter sans en plus me taper ton suicide minable." L'emprise de sa main sur l'avant bras de Doherty se desserre, mais la colère d'Ariel n'est toujours pas retombée. Elle dévisage Freya - tu parles d'une putain de fée des bois - de bas en haut, et ajoute, pour faire bonne mesure, le commentaire le plus cynique qu'elle puisse inventer. "En plus ça craint comme lieu pour crever. Personne va te trouver ici, les chiens errants vont bouffer tes entrailles et les oiseaux vont venir picorer tes yeux et tu s'ras méconnaissable d'ici à ce que la prochaine pauvre âme infortunée qui passe par là tombe sur tes restes." Bon, certes, c'est un peu exagéré. Si elle-même a bien réussi à trouver ce petit coin reculé, et Freya avant elle, la fréquentation doit être au moins régulière, même si les visiteurs ne se pressent pas en masse. Mais quand même. Point still stands.
Enfin, Ariel se détache complètement de l'autre, et croise les bras. "J'suppose que c'est pas la peine que j'attende un merci, donc à moins que t'aies encore prévu de me hurler dessus j'vais tracer ma route, et on n'a qu'à faire comme si on s'était jamais croisées, ok?"
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| | | | (#)Mer 3 Juil - 17:10 | |
| « Je vois que c'est pas la gratitude qui t'étouffe. » Freya eut un mouvement de recul alors qu’elle se relève rapidement. De la gratitude ? Il faut se lever de bonne heure pour entendre ou voir Freya Doherty fait état de reconnaissance. Elle n’est qu’une petite humaine sans manière ni respect, de toute façon. Les règles, c’est elle qui les dictent pour elle-même. Personne n’a son mot à dire, et ce n’est pas Ariel qui va changer ce schéma aujourd’hui. Mais visiblement, son interlocutrice ne semble pas disposer à voir la blonde lui échapper des mains. Non, elle a des questions, mille interrogations sur ce qu’il vient de se passer. Et pour ça, elle n’hésite pas à arrêter la blonde d’une poigne de fer sur son bras. « Passer ma route? Hé, attends deux minutes là, tu te fous de ma gueule? T'as failli te faire réduire en compote par un train devant mes yeux, et tu me dis de me mêler de mon cul et de passer ma route? Mais je rêve! Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, Doherty? » Et voilà, elle l’a dit. D’habitude, leurs lieux de rencontre n’étaient pas aussi singulier, reculer. Dans ce genre d’endroit, à l’abri des regards, coupé d’une ville qui bat pourtant son plein à quelques pas, vous pouvez être ce que vous voulez. Vous pouvez vous s’exprimer comme vous le souhaitez. Certes, ce n’est pas le Sahara, mais la forêt, les arbres, les plantes absorbent tout aussi bien et efficacement vos cris et vos pleurs, vos excès de rage et vos crises de panique. Freya est une habituée de ces lieux, surtout de cet endroit qu’elle a découvert il y a quelques mois maintenant. Elle est venue plusieurs fois, jusqu’au premier léger cri de joie en voyant un vieux train débouler lourdement sur les rails. Puis après est venu les pensées noires, les idées sombres et un plan s’est formé dans sa tête sans qu’elle y prenne forcément garde. Elle est habituée, Doherty, à se laisser guider par son instinct. Un instinct destructeur par moment, qui peut la pousser vers les précipices, vers les abîmes de l’enfer plus tôt qu’elle le voudrait.
Tu n’es qu’une petite fille fragile et manipulable. Petite chose qu’un simple esprit peut amener à manipuler à sa guise, pour peu qu’on sache sur quel point touché, sur quel pied te faire danser. Tu ne comprends, mais tu ne cherches plus à comprendre. Cet être en toi te bouffe un peu plus et la seule échappatoire, c’est de l’écouter, de lui obéir.
Pourquoi il faut qu’Ariel lui ait dit ça ? Elle a horreur qu’on lui rappelle que quelque chose cloche chez elle, qu’elle est sur un fil tel un funambule et qu’elle risque de se casser la gueule à tout moment. En même temps, Doherty ne fait jamais rien pour cacher ce qui la hante – à quoi bon ? C’est en elle, elle ne le contrôle pas, elle vit avec. Mais ce n’est pas pour autant que la jeune femme apprécie qu’on le lui rappelle, qu’elle a un problème. Surtout sur le ton qu’Ariel est en train de continuer à employer actuellement. « Si tu veux te foutre en l'air, très bien, c'est ton choix, tu fais ce que tu veux de ton dimanche, mais j'aurai pas la vision de ton p'tit corps écrasé sur les rails imprimée sur ma rétine, j'aurai pas ta mort sur ma conscience. J'ai déjà assez de trucs à devoir supporter sans en plus me taper ton suicide minable. » Freya sent la main se desserrer de son emprise (elle l’avait zappé) et elle la lui tape mais rien n’y fait. Ariel semble furibonde, hors de ses gongs et rien ne peut l’arrêter de déverser sa colère, visiblement. Pas même le regard noir que lui lançait la jeune femme à son encontre. Frêle et menue, c’est peine perdu. Ariel s’étendit sur le fait qu’il n’y a personne dans les environs et qu’en clair, son corps n’aurait jamais été retrouvé et qu’elle aurait été en décomposition totale avant même d’être aspirée par la terre. Puis enfin (pour elle), la pixie dust au cheveux courts ôte sa main de sa petite personne avant de croiser les bras, façon peut-être pour l’intimider. Ou pour la remettre à sa place. Ou pour l’enfoncer encore plus. Apparemment, Ariel a opté pour la troisième option. « C’qui va pas chez moi te regarde pas l’cul, James ! J’ai pas d’gratitude à te donner donc désolé mais tu vas devoir attendre longtemps si tu veux en voir la couleur un jour. » Une Doherty, ça ne lâche pas le morceau. Et même s’il n’y a aucune fierté à avoir quand on est pourri comme eux, c’est pas une raison pour se laisser salir de la sorte. Doherty n’est pas profondément munie d’un égo démesurée (elle n’a rien pour se vanter de toute façon, à part une attitude nonchalante complètement révoltante) mais il ne faut pas croire qu’elle restera là, les bras ballants et la bouche scellée alors qu’elle se fait incendier comme du poisson pourrie.
Elle n’est plus cette gamine qui rasait les murs durant l’adolescence.
« Mais p’tain, ça t’regarde pas, de toute façon ! T’as qu’à aller te perdre ailleurs ! C’est pas comme si j’allais manquer à qui que ce soit, toute manière. Alors me les brises pas, c’est pas l’moment. » On peut croire qu’elle dit ça pour la forme, qu’elle le dit sous le coup de la colère mais non, c’est sérieux. Freya pense chaque mot qu’elle dit. Manipulation interne de son fort intérieur qui s’amuse d’elle, qui joue d’elle, qui l’amène là où elle veut. Doherty is blind, elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez et les médocs ne font rien pour remédier à ça. Ils retardent l’échéance, c’est tout. La blonde se mit alors à arracher des plantes, de l’herbe, des fleurs, ce qu’il y a à porter de mains pour les jeter à Ariel. Elle est prise dans une spirale interminable et il faut espérer qu’Ariel puisse un jour lui pardonner cet excès de rage qui la vient la prendre et la bercer, alimentant un peu plus la braise de ses tripes. « Je veux juste en finir, qu’on me foute la paix, qu’on me laisse partir ! » Epuisée par les deux nuits d’insomnies consécutives passées, des larmes de fatigue perlent au coin de ses yeux.
Pourquoi même la mort est si compliquée à atteindre ?
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| | | | (#)Jeu 25 Juil - 18:27 | |
| Ça la soule, d'être là. Elle est presque à se dire qu'elle aurait mieux fait de passer sa route, de faire demi-tour, de prendre la fée des bois pour une illusion. De partir dans l'autre sens et d'apprendre le décès infortuné de Freya quelques semaines plus tard à la radio locale, ou par bouche à oreille dans une soirée quelconque. Elle ne sait même pas si elle se serait sentie triste, Ariel. Après tout, elles ne se connaissent pas tant que ça, avec Doherty. Leurs pas les ont mené au skatepark au même moment, plus d'une fois, pour une histoire de planches. L'une, montée dessus. L'autre, assise en face. Skate, dessin, même combat: le but, c'est d'apprivoiser le support. Ariel ne se souvient pas si elle a mis longtemps à repérer que Freya la dessinait ; elle se souvient juste de ne pas avoir aimé cette impression d'être épiée.
Peut-être leur relation est-elle entièrement basée sur une histoire de confrontation? Après tout, c'est comme ça que ça a commencé. Et c'est comme ça que ça continue, là, au milieu de nulle part. Dans la tête d'Ariel, Freya est comme un orage - ou plutôt, un ciel perpétuellement menaçant. On ne sait jamais si ça va craquer, combien de temps les cieux vont rester bleus avant de s'ouvrir en deux, avant de laisser le déluge et la tempête s'abattre sur les pauvres mortels impuissants. Peut-être est-ce comme ça que ça devrait se finir. Parce-que ce que la blonde répète - ça ne te regarde pas, ça ne te regarde pas, Ariel, ça ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu de sa colère. Elle se fout bien de savoir si sa réaction est démesurée, mais y'a quelque chose qui s'est réveillé en elle. Quelque chose qui en demande, qui en exige une autre sans que l'australienne ne sache ou ne veuille le définir. Si elle s'asseyait en tailleur et entreprenait de méditer, elle pourrait discerner dans sa colère les contours de la culpabilité, la silhouette de la peur et une trace de regret. Y apercevoir une raison, un nom, un visage. Mais elle s'obstine à dire qu'elle va bien et qu'elle n'a pas eu besoin d'aide, elle s'obstine à ne pas en parler et à vivre avec.
Attendre longtemps, ça ne lui fait pas peur. Même si elle vit du côté des impatients, Ariel est mue par une obstination parfois dangereuse. Elle ne veut pas mille mercis, ni une pluie de roses, ni des pleurs suintant de reconnaissance. La seule gratitude qu'elle veut, qu'elle voudrait, c'est la certitude de savoir que Freya ne va pas recommencer. Qu'elle non plus, elle va pas aller s'écraser contre un poteau en bas de la route, terminer dans le fossé comme une poupée de chiffons parce-que son cerveau lui souffle que c'est la bonne chose à faire, que c'est drôle de perdre le contrôle. Elle veut sa vie, c'est pas compliqué? Ce n'est même pas parce-que c'est Freya en particulier. Certes, ça changerait si la personne n'était qu'une inconnue - et Ariel préfère encore l'ire brûlante à une banalité maladroite qui vous laisse penser, well that was awkward, quand vous rentrez chez vous. Elle préfère affronter l'orage que de se barricader, elle préfère mourir foudroyée que d'en ressortir avec un sourire gêné, ouf, on a eu chaud.
Ça fait longtemps, aussi, qu'elle n'a pas été en colère. Elle n'y a pas réfléchi, pas volontairement, mais c'est vrai qu'elle se bat moins souvent. Ni avec ses poings, ni avec ses mots. Y'a comme une certaine quiétude qui l'avait enveloppée, elle et son quotidien. Mais les répits ne durent jamais longtemps, pas chez elle. Pas quand elle a encore tout ça, toutes ses émotions tant bien que mal tassées dans son corps, enterrées sous les vagues, la musique, les concerts, l'alcool, les clopes, le sexe, le cinéma. Pas quand les plaques bougent et réveillent le monstre de magma qui bouillonne en elle, qui éclate la couche de sérénité qui s'était peu à peu formée, et déverse sa lave incandescente dans ses veines. Elle aime aussi qu'on résiste, Ariel. Elle aime qu'on lui renvoie ses coups, qu'on la surpasse de violence, que ses poings rencontrent un mur et non du sable. Elle aime aime se faire engloutir sous une marée de rage pour en sortir purifiée. Les ecchymoses couleur cosmos qui fleurissent sur sa peau, le sang qui se cristallise sur sa peau ; les cicatrices et les marques de guerre, elle les aime bien, au fond. Ça fait toujours putain de mal mais ça veut dire qu'elle est vivante. Qu'elle a gagné. Même si elle a pas gagné le combat elle s'en fout: ça veut dire qu'elle a gagné contre elle, contre son tourbillon de sentiments qui bouffent tout sur leur passage. Elle les a mis K.O., elle a mis ses passions au tapis.
Là, il n'est pas questions de coups, de poings, de bleus. Mais les mots de Freya sont presque aussi violents, coupent presque autant. Y'a qu'elles et les arbres pour être témoins de la tristesse et de la douleur qui émanent de la jeune femme, et Ariel gardera cette image de Freya au visage tordu qui semble vouloir s'arracher le coeur. Ça t'regarde pas, c'est pas comme si j’allais manquer à qui que ce soit, toute manière. Et la furie qui s'abat sur elle: les cieux se sont ouverts et la foudre frappe, les océans s'ouvrent. Freya est un maelstrom à elle toute seule, un tourbillon qui arrache tout sur son passage et déverse son butin sur Ariel. Elle lève les bras pour se protéger, vaguement, (était-ce un putain de caillou ??) mais s'avance et encore une fois, cède. À ses impulsions. À sa putain de culpabilité, qui menace de l'engloutir.
Elle bloque les bras de Freya, lui agrippe les avants-bras, la force à l'immobilité. Ça sert, aussi, de se mettre sur la gueule. On dirait pas, mais ça fait les muscles, à force. "Shut up for fuck's sake! Just, shut the fuck up!" qu'elle hurle, alors que les yeux de Freya se mettent à briller, à se remplir de larmes, et qu'elle crache enfin sa confession. Elle n'est pas douée avec ça, pourtant on pourrait penser qu'elle en a eu sa dose, Ariel, de troubles. Elle, ou les autres: son entourage, sa famille, ses amis, elle-même. Tous issus des zones d'ombres de leur coeur et de leur cerveau, tous rongeant sans pitié les cordes de la raison auxquelles ils se rattachent. Mais elle n'en a retiré ni sagesse ni douceur, seulement de la peur. La peur de perdre, encore, d'être impuissante, encore. D'être effacée, oubliée, de ne pouvoir fermer les yeux la nuit sans tourmente. La peur de la maladie, la peur de ne pas être assez.
Mais elle se dit, aussi - enfin c'est une pensée fugace qui ne l'atteint même pas, qui passe sans pénétrer les couches de sa conscience - que si elle n'est pas la meilleure personne avec qui Freya puisse se trouver en ce moment (et qui appeler de toute façon? les flics? l'hosto? sa famille? bordel, non.) elle n'est pas non plus la pire. Certes, elle ne sait pas quoi dire. Elle enfonce surement le clou, sale la plaie, remue le couteau - rayer la mention inutile. Mais au fond elle l'aime bien Freya, même si elle aurait peut-être pas pleuré en apprenant sa mort, p't'être bien qu'elle serait allée mettre des fleurs sur sa tombe, qu'elle l'aurait cherché du coin de l'oeil au skatepark ou en soirée. Qu'elle se serait remise un peu au dessin pour faire son portrait de mémoire. Pour pas l'oublier. Pour pas oublier que si elle avait été au bon endroit au bon moment, qu'elle aurait pu l'aider.
Qu'elle peut toujours le faire.
Elle entreprend de calmer la jeune femme, physiquement, en tous cas - et quand elle ne se débat plus, c'est comme si elle avait appuyé sur un interrupteur. La colère bouillonnante se retrouve soudain à l'état d'eau frémissante. Ce n'est pas tout à fait terminé, mais elle n'a plus envie de lui hurler dessus, ou de la gifler pour l'empêcher de dire des conneries. Elle aime bien qu'on réponde à sa violence, Ariel. Et elle aime répondre à celle qu'on lui envoie. Mais cette fois, elle essaie de répondre à la détresse, même si sa voix est encore marquée par la fureur.
"J'te foutrais pas la paix putain! Moi j'veux pas que tu meures d'accord? Moi j'veux pas que tu meures alors tu arrêtes, Doherty, merde !" Comme si crier et ponctuer ses phrases d'injures allait soudain créer un environnement propices aux troubles psychologiques. Mais elle ne saurait pas faire autrement. "En plus c'est pas vrai, tu dis n'importe quoi! Tu vas manquer à des gens, à des tas de gens, et elle se rend compte qu'elle ne devrait pas promettre ce qu'elle ne peut pas tenir car elle ne sait rien de la vie de Doherty. Rien. Les gens qui meurent manquent toujours à des gens, c'est des conneries le reste, juste un gros tas de conneries. Et elle essaie de la regarder dans les yeux, ce qui n'est pas facile car l'autre semble éviter son regard, ou alors peut-être est-ce le trouble qui le voile. Et tu me manqueras sûrement à moi malgré tes putains de saute d'humeur, tu me manqueras même si t'es parfois bizarre. Alors du coup, si, ça me regarde si tu veux te foutre en l'air."
Subtil, délicat. Y'a pas à dire, elle a vraiment les mots, Ariel. Mais elle ne fait que dire ce qui lui passe par l'esprit parce-que réagir à chaud c'est safe, c'est quelque chose qu'elle connaît. Réfléchir, se poser, mesurer ses mots, c'est déjà trop responsable pour quelqu'un comme elle. Même si y'a une certaine angoisse dans le ton de sa voix, même si sans le savoir elle y met toute la conviction qu'elle possède, elle sent que les mers comme les cieux se sont calmés.
"J'veux pas que tu meures, et même si tu le fais finalement, demain ou ce soir ou dans un mois, j'veux pas me dire que j'ai rien essayé, que j'ai rien fait quand j'en avais l'occasion, que je t'ai laissée crever comme ça. Toute seule."
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| | | | (#)Sam 27 Juil - 8:36 | |
| Elle devrait voir Ariel comme une apparition divine. Violente, énervée, soûlée, regrettant sûrement d’avoir croisée sa route en ce dimanche sans accrochage, mais une apparition divine tout de même. Avec ses cheveux presque blanc, elle paraissait presque angélique si elle ne portait pas cette expression qui déformait ses traits si beaux usually. Parce qu’Ariel, elle a été dessiné mille et une fois dans le carnet de Doherty. Cette dernière ne s’en est jamais vraiment cachée, squattant le parc où James fait son skate, l’observant de ses deux yeux chocolats, notant sa gestuelle et les courbes de sa personne. Il n’y a rien de sexuel dans tout ça, juste un œil artistique curieux et l’envie de reproduire au mieux l’Homme sur son papier froissé.
Si Freya n’avait aucun scrupule à l’épier de la sorte, Ariel avait eu encore moins de scrupule à l’aborder pour lui faire part de son mécontentement. Non, elle n’approuve pas que tu la regardes comme ça, que tu griffonnes sa face sur ton carnet et que tu restes planter là. Ça la fout peut-être mal à l’aise mais il n’y a pas de quoi fouetter un chat non plus.
Mais Ariel est un personnage intéressant, avec un aura inaccessible, une présence qui peut intimider. Freya est presque fascinée par cette jeune femme que finalement, elle ne connaît que très peu. Et peut-être que c’est pour cela qu’elle revient sans cesse à ce fichu parc, dans ce lieu où se côtoient et s’affrontent les skateurs. Elle ne cherche pas à foutre la gêne à qui que ce soit, mais les paroles d’Ariel n’ont jamais eu de réels impacts. Et d’ailleurs, cette dernière a visiblement fini par s’en accommoder.
Les soirées qu’elles peuvent passer ensemble ne restent que dans un brouillard que Freya n’a jamais cherché à dissiper. Elle a baissé les bras depuis longtemps, ne sachant que trop bien que c’est peine perdue de lutter contre l’ivresse des soirées trop arrosées. Elles ont dû en faire des conneries mais bizarrement, elles n’en parlent jamais. Est-ce qu’Ariel se rappelle, elle ? Impossible de le savoir. Elles ne sont pas du genre à avoir des discussions sur l’oreiller, après tout.
En pleine crise, Ariel finit par prendre l’initiative de lui bloquer les bras, l’immobilisant totalement. « Shut up for fuck's sake! Just, shut the fuck up! » A savoir si ce sont les paroles ou le geste qui la stoppent, le mystère reste entier. James aurait pu la gifler que le résultat aurait été le même. Freya ne se serait jamais attendu à ce que la skatteuse lui parle comme ça, lui hurle de la sorte. Comme si elle se sent personnellement concernée par son geste. Freya ne comprend pas. Pourquoi tu réagis comme ça ? On ne se connaît pas ? On se croise, on se parle, on se confronte, mais on reste des inconnues. Quelque chose lui échappe mais elle reste bloquée, comme si Ariel vient de lui couper la langue. Plus de parole à dire, juste les oreilles pour écouter.
Et visiblement, James a ouvert un robinet de paroles qui n’en finit plus. Doherty ne l’interromps pas. Elle est éberluée. Trop inerte, trop choquée pour le faire.
Freya a le cœur qui ne s’arrête plus de s’affoler. Qu’est-ce qu’elle est supposée dire ? Ou faire ? Promettre qu’elle ne recommencera pas ? Elle ne peut pas. Ce n’est pas dans ses cordes. Jurer qu’elle ferra attention ? Encore quelque chose qu’elle ne réussira pas à faire. Car les mauvais choix, les mauvaises actions la suivront et la berceront toujours plus fort que la lumière.
Alors la seule chose qu’elle fit, qui échappe à son contrôle une nouvelle fois, c’est de continuer à pleurer. Non, pas de tristesse parce que jamais Freya Doherty ne pleurera de tristesse. Les larmes sont le fruit d’un plein psychologique qui n’en finit jamais de déborder. L’œuf est rempli. La carapace commence à se briser.
« Mais tu peux pas comprendre que j’contrôle rien ?! » Essayer de faire comprendre son fonctionnement est une peine perdue. Elle la première n’y arrive pas. Des réactions inattendues, des propos qui peuvent dépasser sa pensée, des gestes imprévisibles. Doherty n’arrive pas à se justifier car dans le fond, il n’y a rien à justifier.
Juste la terrible réalité qu’elle a par moment ce besoin malsain de jouer avec la mort, à défaut de jouer avec le feu. Pour se sentir plus vivante ? Non, pas vraiment. Juste parce que les Doherty ont des pulsions morbides, étranges. Loin d’être des modèles de vertus, ils sont tous attirés par le bas, sans vraiment chercher à remonter la pente. Freya a beau avoir dit à son frère que tout va mieux pour elle en ce moment...
La preuve que non, tout ne va bien si bien que ça, au final.
« Putain, James, tu sais rien, okay ! J’comprends même pas ta réaction ! Pourquoi tu gueules comme ça ? On s’connait à peine ! Y a rien qui t’retient, là, alors pourquoi tu t’accroches ? » Pourquoi tu me retiens, pourquoi ça semble te tenir à cœur, pourquoi tu réagis comme ça ? « T’as quoi à y gagner ? Au moins, j’arrêterai de t’épier, c’est pas c’que tu veux ? » Le ton est monté à son tour parce que Freya Doherty ne se laissera pas démonter sans rien faire. Elle répliquera, même si elle a tord, même si elle est à côté de la plaque.
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| | | | (#)Sam 24 Aoû - 13:20 | |
| Elle n'a plus le contrôle, Ariel. Enfin, sur cette situation précise.
Dans sa vie, sinon, ça fait longtemps qu'elle l'a perdu, le contrôle. Mais là, elle pensait que ça irait - à peu près. Que même si le geste de Freya était terrifiant et choquant, la jeune femme réagirait avec plus de... enfin, moins de... enfin, une réaction autre qu'une tentative de lapidation. Et elle ne sait pas quoi faire, Ariel, démunie face à la douleur vive, à la violence crue qui s'échappe de la silhouette en face d'elle. Chairs à vif, sentiments brûlés sous le soleil australien - et deux témoins pas foutues de s'écouter. Presqu'inconnues, finalement, seulement deux âmes en peine qui se côtoient sous les roues du skate, sous la pointe du crayon, sous l'alcool dévergondé de leurs soirées devenues floues dans leurs esprits. Attirées par ce que l'on devine être une fascination mutuelle, un magnétisme émanant de leurs corps que l'on imagine sans peine marginaux au milieu de la foule ordinaire. Car elles sont toutes les deux blessées, sauvages, probablement en train de danser au bord du précipice - même si, en ce qui les concerne, elles sont bien loin d'oser imaginer l'ampleur des dégâts chez l'autre.
Mais là, Freya fait éclater le miroir sans tain, arrache le voile, hurle et jette ses tourments au visage d'Ariel, et puis, cesse.
Elle s'est égosillée, Ariel, les mots dévalant entre ses lèvres ; torrent de pensées désordonné, pagaille paniquée. Elle s'est égosillée car c'est ce qu'elle fait quand les choses glissent entre ses doigts, lorsqu'elle trébuche et voit défiler un scénario jamais anticipé. Elle crie, elle se débat; le physique prend le dessus sur la raison et elle se fait plus grande, plus forte, plus rude: un instinct animal réveillé, pour tenter d'y survivre. Jusqu'à présent, ça a toujours marché.
Et elle anticipe un retour de griffe, peut-être une insulte, un tourbillon sans fin de cris. Mais pas des larmes. Et pourtant... Freya, qui déclenche des orages par caprice, s'effondre dans ses bras. Terrible nymphe des enfers devenue poupée de chiffon, et les fissures apparaissent et cèdent, libèrent les flots bouillonnants d'émotions qui dévalent sur Ariel. Pas le temps de se protéger, encore une fois ; y'a pas de digues entre elles et les questions dont l'assaillent la blonde lui donnent l'impression qu'elle se noie.
Pourquoi, pourquoi? Pourquoi tu t'accroches? Qu'est-ce que ça peut te foutre? Pourquoi tu gueules? Hein? Pourquoi, putain?
"J'EN SAIS RIEN, D'ACCORD?" Et elle la repousse, de toutes ses forces, peu importe les larmes et peu importe qu'elle s'effondre au sol, la vérité c'est que... c'est que quoi, déjà?
"J'en sais rien, putain, j'en sais rien! J'étais là et je t'ai vue et j'sais pas j'ai cru que tu l'avais pas vu ce putain de train! J'laisse pas crever les gens, même si c'est des putains de délingués! Consumée par une flamme de rage, elle donne un coup de pied dans les graviers. T'as raison meuf, on se connaît à peine, alors comment j'suis censée savoir que t'as envie de te foutre en l'air? Que tu contrôles rien, hein? C'est pas marqué sur ton front bordel, si?" Une pause, le temps d'une respiration - et c'est clair, aucune d'elles ne cédera. Alors, c'est la défaite. Pire qu'un échec, pire qu'une maladresse, C'est un constat de fiasco, c'est la débâcle. Y'a plus qu'à se rendre, et à reprendre, un ton à peine plus calme.
Parce-que ça la fait chier, aussi, de traîner et de perdre et de devoir se justifier. La plupart du temps elle ne cherche même pas à savoir pourquoi elle fait les choses, Ariel. L'instinct, et le plaisir. L'embrayage et l'accélérateur.
"J'fais pas les choses pour gagner quoique ce soit. J't'ai pas tirée de là pour avoir un bon point, tu captes, ça? Y'a rien à comprendre! Tu passes devant quelqu'un au bord d'une falaise, sur des rails, sur un pont, prêt à sauter ou à se faire réduire en bouillie bah j'sais pas, tu fais quelque chose, nan? Si ç'avait été moi là, à ta place, tu m'aurais laissée en plan?" Un rictus déforme son visage, et elle crache son trop plein de pensées.
Elle est fatiguée, Ariel.
"Démerdes-toi, ça me soûle. Tu me soûles, avec tes questions, y'a bien un train qui va repasser dans une heure, t'as qu'à l'attendre et te faire rouler dessus. Bon courage. Moi en attendant j'me casse." Elle passe un bras sur son visage, peut-être pour que sa peau nue fasse s'évanouir les quelques larmes qui ont jailli de ses yeux.
Et parce-que dans la frénésie de sa course pour empêcher le souhait de Freya de se réaliser, elle a jetée sa planche de skate quelques mètres plus loin, Ariel tourne les talons et s'en va la récupérer.
Ça lui apprendra à secourir les demoiselles en détresse, tiens. Et si l'autre ne la retient pas, qu'à cela ne tienne, malgré sa fatigue et sa frustration et sa confusion, elle restera à proximité pour rejouer la même scène dans une heure.
Elle en a marre de perdre des gens, de les donner à la mort ou à l'oubli.
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| | | | (#)Mer 28 Aoû - 11:08 | |
| C’est violent, c’est moche, ce n’est pas beau à voir. Il y a deux êtres qui sont en train de provoquer des échos, des vibrations étrangères à travers les arbres et la végétation qui absorbe tout ça dans un silence de plomb. La forêt est un lieu tellement magique, mystérieux et en même temps terrifiant quand on ne connaît pas les lieux. Freya a toujours aimé s’y perdre, même si elle ne l’est jamais vraiment puisqu’elle se vante de la connaître dans le moindre recoin de terre, chaque caillou et chaque embûche qui traîne. Elle ne sera jamais le petit poucet de l’histoire, elle retrouvera toujours sa route. Et pas besoin de gaspiller du pain pour ça. Même alcoolisée, Doherty a une boussole dans la tête, un plan bien établi. Peut-être qu’elle fait toujours le même trajet sans s’en rendre vraiment compte. Mais aujourd’hui, le chemin a dévié, il a changé et elle s’est retrouvée sur celui d’un ange en furie. Elle devrait lui être redevable, la remercier, peut être même la supplier de ne pas la laisser seule. S’il te plait, ne m’abandonne pas, j’ignore ce qu’il adviendra si jamais tu le fais, si tu tournes le dos. C’est presque pitoyable, voire même affligeant comme image. Mais Freya s’en fout parce que ça hurle, dans sa tête et dans ses oreilles.
Ariel n’est pas un ange, c’est un putain de démon en faites. Freya se tient la cabosse comme pour ne plus l’entendre alors que la skatteuse la repousse. Et elle continue à dégouliner de mots, à enchaîner les mots vulgaires qui s’accordent tellement bien avec son visage furibond. J'laisse pas crever les gens, même si c'est des putains de déglingués! Mais pourquoi, laisse moi être une putain de déglingués jusqu’au bout, laisse moi crever, laisse moi en finir ! Egoïstement, Doherty ne peut pas voir, ne pas comprendre ce qu’essaie de lui dire Ariel. Putain, même son prénom est plus doux, tout paraît tellement doux chez elle, pourquoi elle continue à crier, à donner des coups de pied sur le sol, à essayer de chercher de comprendre le pourquoi du comment. D’ailleurs, est-ce qu’il y a vraiment un sens à tout ça ? Non, il n’y en a pas.
Putain de bordel de merde.
Il y a juste une jeune femme qui se tient devant une pauvre chose recroquevillée sur elle même. T'as raison meuf, on se connaît à peine, alors comment j'suis censée savoir que t'as envie de te foutre en l'air? Freya pense toujours que si, c’est marqué sur son front, sur ses avants bras qu’elle persiste à cacher au monde entier, dans ses yeux, dans sa façon de marcher, dans ses appels de détresse masqués. Et pourtant, dans le fond, elle n’ignore pas que les gens, ils s’en fichent, ils ne voient pas les signes, ils ne voient que ce qu’ils voient de leurs yeux, même si c’est trop tard, même si le mal est déjà fait. Freya continue alors de sangloter à même le sol et elle se déteste, elle se hait pour ça. On dirait une chiffe molle qu’on vient d’abandonner, l’adrénaline qui retombe brutalement, c’est encore pire que la descente d’alcool. Une connerie, c’est ce qu’elle a failli faire, oui, elle le sait Freya. Elle en a conscience alors elle se tient elle même comme la stupide chose qu’elle est. Un jour, il faudra qu’elle arrête ces conneries mais pour ça, il faudrait qu’elle aille mieux. Et aller mieux dans ces conditions, ce n’est pas encore envisageable. Elle n’ira jamais mieux de toute façon. Pourquoi t’essaie de te convaincre du contraire ? Regarde ta mère, tu finiras comme elle. Pourquoi se casser le cul à continuer à marcher, à respirer, à avancer, si le résultat est le même dans tous les cas ?
J't'ai pas tirée de là pour avoir un bon point, tu captes, ça? Non, elle ne capte pas, Freya, elle est ailleurs. Perdue alors qu’elle connaît l’endroit sur le bout des ongles. Les signaux de communication sont en berne, elle a du mal et le silence autour d’elles ne l’apaise plus. Il n’y a qu’Ariel, Ariel et ses yeux clairs qui la dévisagent, Freya ne sachant pas vraiment si elle veut comprendre ce que l’ange argentée pense d’elle à cet instant précis. Ouais, ça doit être moche aussi, pas très glorieux et les adjectifs positifs ne doivent pas se bousculer dans sa tête. Si ç'avait été moi là, à ta place, tu m'aurais laissée en plan? Non. Si ? NON. Shit. Freya finit par lever sa tête larmoyante vers Ariel et le rictus qui l’accueille la fouette en plein coeur. Comme si Ariel sait qu’elle a trouvé le point sensible, le mot juste, la phrase à dire. Tel est prit qui croyait prendre, darling, c’est le serpent qui se bouffe la queue. Démerdes-toi, ça me soûle. Tu me soûles, avec tes questions, y'a bien un train qui va repasser dans une heure, t'as qu'à l'attendre et te faire rouler dessus. L’entendre dire son action passée à voix haute, Freya se sentirait presque honteuse. Elle ne voit pas les larmes qui ont écoulé des yeux d’Ariel, elle ne voit pas son air las – non, mais elle l’entend. Elle entend qu’on lui donne l’autorisation d’aller au bout de son geste. Et ça, ça fait flipper. Pourquoi on l’autorise ? Parce qu’elle est épuisée, Ariel. Il n’a fallu qu’un moment, qu’une seconde, qu’un croisement de chemin et les voilà toutes les deux aussi paumées et fatiguées l’une autre l’autre. Bordel, comment on en est arrivé là ? Bon courage. Moi en attendant j'me casse.
Freya relève les yeux brutalement. Quoi ? Partir ? C’est ce qu’elle fait. Ariel s’éloigne. Non, elle ne doit pas. Pas maintenant. Pas en la laissant comme ça. Bordel, Doherty, réagis, arrête de t’éparpiller, fais quelque chose. Alors elle tente de se relever. Et elle réussit. Elle passe une main sur ses yeux, maudissant ses yeux et son nez et sa existence toute entière. Freya finit la course de sa main dans ses mèches blondes avant de se diriger – suivre – Ariel. Elle veut la rattraper alors elle presse le pas. Pourquoi, elle ne sait pas bordel, elle l’a déjà dit. Elle ne sait jamais rien, elle se laisse juste guider. Et elle finit par y arriver en prenant la main d’Ariel des deux siennes, sa main libre de tout contact avec sa planche. « Non, non, ste plait, Ariel me laisse pas toute seule, pas ici, pas maintenant, ste plait. » Purée, ça sort d’où, ça ? Une voix suppliante, une gamine qui demande à ce qu’on ne la néglige pas tout d’un coup. Les voix dans la tête, les monstres derrière les arbres, ils vont revenir, ils vont hanter et ils vont m’engloutir. Non non, ne tourne pas le dos, s’il te plait. « Ariel Ariel Ariel, je veux pas mourir, pas maintenant, s’il te plait… » Est-ce que ça suffirait à attendrir le cœur d’un ange déchu ? Les paris sont ouverts.
Une de ses mains vient enrouler ses doigts à ceux d’Ariel, bien décidée à ce qu’elle ne parte pas. Accrochée à sa main, accrochée à son bras, Freya prie, espère et attend alors que sa petite voix se fit de nouveau entendre. « T’as raison, c’est complètement taré, j’suis déglinguée mais tu pouvais pas savoir, j’suis désolée, pardon pardon. Mais ste plait, ne m’abandonne pas, Ariel, car j’pourrai y retourner et j’veux pas. » Qu’elle s’excuse, le ventre à plat, la bouche sur les pompes, c’est tellement improbable venant d’elle. Mais là, de toute façon, tout ce qu’elle peut avoir en contenance s’est fait la malle. Elle s’en fout, Freya, de paraître conne, nulle, idiote ou juste bonne à jeter.
Elle veut juste qu’on ne la laisse pas à la merci de ses démons.
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| | | | (#)Mer 11 Sep - 11:40 | |
| Symphonie de menaces creuses, malédiction qui jaillit de ses sentiments abattus. Va au diable, dit-elle, hargneuse, défaite. Drapeau blanc, retraite. Tout ça pour ça? Et ses pas se font lourds, son esprit lutte encore. S'éloigner, effacer ses traces, et après? Camper toute la journée entre deux buissons, comme un prédateur à l'affût, mais avec pour seule vocation de sauver sa proie? Y'a que ça, comme plan. Doherty a été on ne peut plus claire, qu'on me laisse partir, et pourtant Ariel souhaite faire obstacle à sa volonté. S'obstine. Toujours à mettre son nez où il ne faut pas, à contrarier les plans, à foutre en l'air même le droit des gens à disposer de leur vie. Elle a trop été bercée par les conneries relatives à la liberté individuelle, elle a trop vécu dans une famille d'Icares pour savoir que malgré les situations et toutes les exceptions, y'a d'autres choses qui comptent que ce qu'on veut pour soi. Est-ce légal, moral, éthique? Autant de questions qui ne s'aventurent même pas à la lisière des pensées de la blonde: ce que Freya veut, Ariel le lui interdira. Pas question d'avoir son suicide sur la conscience, pas question d'pas pouvoir fermer les yeux la nuit ou d'apaiser une conscience tourmentée en se disant que c'était inévitable. Elle se donne bien assez de tracas sans adopter ceux des autres.
La planche qui gît à quelques pas d'elle marque une autre étape: lorsqu'elle s'en saisira elle devra partir sans se retourner, une version tordue d'Orphée et Eurydice, où si Ariel fait semblant de partir sans un regard en arrière elle pourra sauver Freya de son funeste futur. Yes. Tout à fait son genre d'exploits. Elle s'approche de l'objet, et elle n'a plus qu'à tendre le bras ; ses doigts se referment autour de la surface rugueuse et au moment où elle va pour repartir, une main agrippe la sienne. Eurydice refuserait-elle de rester chez les morts?
C'est une supplique étrange dans la bouche de Freya, l'orage passé, il ne reste que la pluie. Son prénom devient un leitmotiv qu'elle répète comme une incantation, et Freya s'accroche à elle, une petite voix qui brise le coeur d'Ariel. Elle ne comprend pas, elle ne comprend plus rien. Freya pourrait s'être dédoublée que ça ne la surprendrait pas moins, tant le changement de ton est radical, tant les expressions qui se bousculent dans ses grands yeux sont différentes. Mais ça ne change pas les faits: Doherty a changé d'avis, et Ariel ne compte pas laisser passer sa chance. "Hey, euh... ça va, okay? Ça va aller. Je pars pas, d'accord? Je pars pas sans toi." La détresse qui la déboussole, les excuses qui lui crèvent le coeur. Elle voudrait lui dire, t'excuse pas, j'y suis pour rien, j'ai pas à te pardonner, c'est toi contre toi - mais une fois n'est pas coutume, elle n'y arrive pas, se contente de paroles aux intentions rassurantes pour calmer la panique. Les mots sont hésitants, Ariel a manqué le cours obligatoire d'empathie - elle est plus douée pour crier sur les gens que pour les réconforter. Mais puisque c'est littéralement une question de vie ou de mort, et que la fatigue ne quitte pas ses épaules, elle va faire un effort. Plus vite elles seront sorties d'ici, Freya en vie malgré les larmes, mieux ça ira. Qu'est-ce qu'ils font, dans les films, dans ce genre de situation? Y'a toujours des happy end débiles, après une situation délicate... c'est le moment où elle lui offre un chocolat chaud dans un café cosy? Ou une bière sur le port, le soleil couchant offrant ses derniers rayons aux héroïnes à jamais marquées par ce terrible drame et pourtant plus soudées que jamais? Nah. Not gonna happen.
"Allez, on va sortir d'ici d'abord. Et ensuite... Ensuite j'peux vraiment pas te laisser toute seule, vu ton état. Donc, on va le faire à ma manière. Ensuite on fera ce que tu veux. Boire une bière, regarder un film, j'peux même t'apprendre à faire du skate si tu veux. Ou on peut aller à la plage. Tu choisis. Mais j'te laisse pas toute seule. T'y retournes pas, c'est promis, ton heure est pas encore venue, d'ac?" Et lorsque Freya acquiesce, c'est comme un poids qui s'échappe de sa poitrine.
"Allez, viens." Un silence, et puis, machinalement, sa main trouve celle de Freya, et elle la serre, pour la guider sur le chemin de la sortie. Elles ne s'abandonnent pas.
- RP TERMINÉ - |
| | | | | | | | old scars, future hearts | freya |
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