J’ai beau essayé de dormir, les deux dernières nuits à l’hôpital ont été difficile pour moi. Après avoir retrouvé Isaac, j’ai fini par lui avouer la vérité. Je lui ai avoué que si je suis parti, si j’ai coupé les ponts avec ma famille, c’était simplement par peur. Je n’ai jamais voulu faire du mal à ma famille, je voulais les protéger, et à cette époque-là, j’étais également aveuglement amoureuse de David. J’ai donc longuement discuté avec mon grand frère et j’ai fini par lui dire que je comptais porter plainte, que je voulais me sortir de cette situation, que je voulais retrouver ma famille. Il a appelé la police et le lendemain, les flics sont venus et ont pris ma déposition. Ça n’a pas été facile, bien au contraire, c’est surement l’une des choses les plus difficile que j’ai eu à faire de ma vie, mais je continuais de me répéter que c’est ce qu’il fallait que je fasse. Les policiers ont tout noté, ils ont pris des photos et sont reparti en m’informant qu’ils me tiendraient au courant. Hier, ils ont donc arrêté David. Apparemment, ils l’ont trouvé en train de faire un sac et près à quitté la ville. Je dois avouer que je ne sais pas vraiment quoi penser de tout cela. J’ai la trouille. Je sais de quoi il est capable et si jamais il est libéré, j’ai peur de ce qu’il pourrait faire pour me retrouver et me faire payer. Depuis mon arrivée à l’hôpital, j’ai donc été incapable de fermer les yeux sans que l’infirmière ne vienne me donner des comprimés. Isaac vient me voir tous les jours, ils passent quelques heures avec moi après son shift à l’hôpital et il tente toujours de me rassurer en disant qu’il ne laissera rien m’arriver. J’ai envie de le croire, vraiment, mais je ne peux m’empêcher de penser au pire. D’un autre côté, mes blessures guérissent doucement et le médecin dit que je n’aurais sûrement pas trop de cicatrices. Mes cotes et mon poignet cassé me font toujours mal. J’ai une tête horrible à voir avec un énorme bleu le long de ma mâchoire et un bel œil au beurre noir. Le médecin ne cesse de répéter que j’ai eu de la chance de survivre parce que les conséquences auraient pu être bien pires. Je sors de mes pensées lorsque quelqu’un frappe à la porte. Inconsciemment, je deviens nerveuse et mon cœur se met à battre plus fort dans ma poitrine. « En… Entrez… » Je me redresse en grimaçant légèrement dans le lit avant de voir la tête de Tad passer par la porte. J’ai rencontré Tad, il y a maintenant presque deux ans lorsque j’ai aménagé avec David. Il est notre voisin, ou je devrais plus dire, il l’était, parce que je ne compte pas vraiment retourner par là-bas. « Tad ? Qu’est-ce que tu fais la ? » Tad a toujours été un véritable amour avec moi, tous le contraire de David dans le fond. Il me fait rire, me fait sourire et a toujours des mots gentils envers moi, en plus d’être quelqu’un de très serviable. Il m’a rendu service bien plus d’une fois et je crois qu’il y a quelques jours, il a commencé à se douter de quelque chose, mais je n’en suis pas sûr. Je me dis que je devrais sûrement lui sortir une excuse sur la provenance de mes blessures, mais au fond, je n’ai pas envie. Je n’ai plus envie de mentir et surtout, je me doute qu’il a bien dû voir les policiers débarquer pour embarquer David. Il doit sûrement se poser des questions. Je lui adresse un léger sourire, il est exactement ce dont j’ai besoin à ce moment précis, un ami. « Ca me fait plaisir de te voir. Comment tu as su que j’étais ici ? »
Cela ne faisait pas si longtemps qu’il avait quitté l’hôpital, si bien qu’en arrivant sur les lieux, il en garde presque le même sentiment que s’il allait travailler alors que maintenant, c’est le nametag visiteur qui orne sa veste et n’ont plus celui d’assistant-légiste. Ce n’était pas une visite placée sous le signe de la bonne humeur (en même temps, rare sont les visites en ces lieu qui se font pour des bonnes raisons) qu’il rendait à ses collègues bien qu’un sourire honnête était affichée son visage en apprenant que Bianca à l’accueil allait entrer dans son cinquième de grossesse et se portait à merveille, que l’infirmière Judith avait enfin réussi à utiliser toutes ses heures supp pour un congé bien mérité lui permettant de faire le voyage qu’elle n’avait pas pu prévoir avec son mari il y’a des mois de cela et puis tout simplement parce que Tad pouvait observer que la vie avait continué dans le bon sens. Aucune tragédie n’avait frappé ses anciens collègues et ça, c’était tout ce qu’il voulait savoir. Bien sûr, il aurait voulu qu’il en arrive autant à la jeune demoiselle qu’il s’en vient visiter mais parfois la hasard a le chic pour placer de gros obstacle devant les gens de sorte à ce qu’ils ne peuvent pas l’éviter. Tout ce que Tad pouvait faire maintenant, c’est soutenir sa jeune voisine – et amie, à l’occasion – dans ses épreuves et lui souhaiter un prompt rétablissement, même si les blessures physiques ne sont dans ce cas précis que des petites choses par rapport à ce que le mental a à cicatriser. Discrètement, il toque, son oreille est bien tendue et prête à écouter le moindre son provenant de l’autre côté de la porte. « En… Entrez… » Ne sachant pas s’il dérange ou non, c’est une tête qu’il passe pour observer qui se trouve dans la pièce avant d’y faire entrer son corps entier. Il continue de sourire approchant le lit de la patiente. « Tad ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Il pense que ça se soit non ? Il lui rend visite. Riant doucement, il semble fouiller dans un sac en papier avant d’en extirper un pot de glace. « Je viens te livrer, les infirmières ici peuvent être assez radine en ce qui concerne les desserts. » assure-t-il tout en posant le pot devant ‘l’intéressée, une maigre attention qui, il l’espère, apportera sa dose de réconfort. Il aurait pu opter pour une peluche à la boutique, celles qui ont des messages sympa mais ça serait juste un attrape-poussière de plus. « Crois-moi, j’ai bossé ici j’te rappelle. Tu devrais même le manger avant qu’il ne soit trop tard. » Ajoute-t-il en acquiesçant avant de s’installer sur une chaise prévue pour les visiteurs. « Ça me fait plaisir de te voir. Comment tu as su que j’étais ici ? » Il devait bien se douter qu’elle poserait la question parce qu’après tout, aucun mémo n’a été laissé concernant son séjour, et elle et lui, ne connaissent pas assez pour qu’une personne en commun n’ait pu le lui dire. « Et bien, je dirais que la police a manqué de beaucoup de discrétion en interpellant David, je rentrais chez moi. C’était tout un sketch. » explique t-il, comprenant que son explication ne dit pas tout non plus, sur la façon dont il a tout découvert. « Tu sais que je bosse dans la police maintenant ? J’ai juste emmené l’enquête et passé des coups d’fil. Je voulais m’assurer que tu vas bien. » Bien que, aller bien, c’est tout un concept sujet à définition parce qu’il devine qu’elle ne va pas bien-bien, maus il voulait au moins s’assurer qu’elle tienne le coup. « Ah oui, j’oubliais. » dit-il, fouillant la poche de sa veste. « Tu vas avoir besoin d’une cuillère. » Et c’est ce qu’il extirpe de sa veste, la cuillère en plastique accompagnant la glace.
Je n’ai pas eu énormément de visites depuis mon admission aux urgences, mais à vrai dire, je ne m’en plains pas vraiment. Le moindre coup frapper contre la porte de ma chambre me provoque un coup de stress que mon cœur n’apprécier pas vraiment. Bien sûr, je suis contente de recevoir la visite d’Isaac, et de quelques-unes de mes amis, mais je suis bien trop stressé, même si je sais que David n’est sûrement pas prêt de sortir de prison. Je tente souvent, tant bien que mal, de me rappeller de cela, mais je ne peux m’empêcher de penser et d’imaginer le pire. Alors lorsque Tad frappe à la porte de ma chambre, je ne peux m’empêcher d’être nerveuse. Ce n’est qu’en voyant sa tête passer dans l’ouverture de la porte que je sens mon corps se détendre. Un petit sourire s’affiche sur mon visage alors qu’il pénètre dans la chambre. « Je viens te livrer, les infirmières ici peuvent être assez radine en ce qui concerne les desserts. » Mon sourire s’agrandit légèrement plus lorsque mon ami dépose un pot de glace sur la tablette devant moi. Je ne sais pas comment il a deviné, mais c’est exactement ce dont j’ai besoin. J’ai besoin d’un ami pour discuter de tout et n’importe et d’une bonne glace. Je jette un regard au pot et remarque que Tad s’est souvenu que ma saveur préférée est ‘cookie dough’. « Merci Tad. » Je me tourne vers lui pour lui adresser un sourire. J’ai toujours aimé la présence de Tad, il a ce côté rassurant qui fait que lorsqu’il est avec moi je me sens en sécurité. « Crois-moi, j’ai bossé ici j’te rappelle. Tu devrais même le manger avant qu’il ne soit trop tard. » « Oui, je vais faire ca. »
Sans vraiment réfléchir, je lui demande comment il a su que je suis à l’hôpital. Je me doute un peu de la réponse et je me doute également qu’il sait maintenant parfaitement ce que j’ai vécu. Au fond, je sais que j’aurais sûrement dû lui en parler plus tôt, il aurait même sûrement pu m’aider, mais je n’y ai jamais vraiment pensé. « Et bien, je dirais que la police a manqué de beaucoup de discrétion en interpellant David, je rentrais chez moi. C’était tout un sketch. » Je me doute que David n’a sûrement pas dû se laissé faire si facilement. Je le connais assez pour savoir qu’il a surement dû tenter de dire que je mentais, que j’ai tout invité et qu’il a sûrement du essayer de négocier pour s’en sortir. « Ouais… Ca je n’en doute même pas. Ils… Enfin il s’est vraiment fait embarquer alors ? » Les policiers qui sont venus prendre ma plainte m’ont raconté comment l’arrestation s'est passé, mais je ne peux m’empêcher de douter parce que je ne l’ai pas vu de mes propres yeux. Mais je fais confiance à Tad, et si il me confirme qu’il s’est bien fait arrêter, alors je serais un peu soulagée. « Tu sais que je bosse dans la police maintenant ? J’ai juste emmené l’enquête et passé des coups d’fil. Je voulais m’assurer que tu vas bien. » Avec tout ce qui s’est passé ces derniers temps, j’ai un peu oublié que Tad fait maintenant parti de la police. Je lui adresse un sourire qui se veut un peu rassurant avant de poser ma main de valide sur la sienne. Je n’ai jamais aimé inquiéter mes proches, que ce soit mes amis ou ma famille. « J’avais oublié que tu es flic, c’est vrai. Et ca va aller promis, j’ai juste… Besoin d’un peu de temps pour me remettre de tout ca. » Je n’ai jamais été très doué pour mentir et j’ai décidé d’arrêter de le faire. Je sais que ma guérison physique va prendre du temps, mais je sais également que celle mentale en prendras encore plus. « Ah oui, j’oubliais. Tu vas avoir besoin d’une cuillère.» « Merci » J’ouvre le pot de glace avant d’y planter la cuillère que Tad me tend. Je prends une première bouchée de glace avant de lui tendre une cuillère à son tour pour l’inviter à en manger avec moi. Je le regarde quelques secondes, hésitant un peu avant de reprendre la parole. « Est-ce que… Enfin, il ne va pas sortir de prison bientôt, pas vrai ? » En tant que policier Tad devait sûrement en savoir plus que ce que l’on m’a dit jusque ici. J’ai juste besoin de savoir qu’il ne sortira pas, j’ai besoin de savoir que pour le moment, je suis en sécurité. Au fond, j’ai peur de le voir débarqué un jour et peur de ce qu’il pourrait me faire pour avoir porté plainte contre lui. Il m’a déjà menacé plusieurs fois pour justement éviter que j’aille à la police. « Enfin… Comment tu vas toi ? »
Il avait une légère appréhension que d’arriver comme un cheveu sur la soupe parce qu’après tout, il n’était qu’un voisin et pour le commun des mortels, sa démarche pourrait être jugée comme très audacieuse. Mais Tad est du genre à prendre soin des siens et même si les siens ne sont que de vagues connaissances croisées au détour d’un couloir ou bien à travers un paquet de pâte prêté pour dépanner. Oakley avait toujours été très mignonne et lui avait toujours semblé très gentille. Ce qui lui était arrivée, elle ne le méritait pas même s’il était difficile pour lui d’imaginer une personne dont un évènement du genre serait le juste châtiment. Parce qu’il se sentait concerné, il est naturel pour lui que de venir lui rendre visite. Ils habitaient le même immeuble, il n’avait pas parlé du sujet avec leurs autres voisins qui n’étaient probablement pas autant au courant de l’histoire que lui mais depuis qu’il avait appris les raisons qui avaient conduits à l’arrestation de David, il ne pouvait s’empêcher de se demander comment avait-il rien vu ni entendu. C’est dans l’espoir d’alléger un peu les choses et de changer les idées de la jeune femme qu’il débarque dans sa chambre. S’il avait eu un numéro où la joindre, il l’aurait prévenu malheureusement, ce n’était pas le cas. Sans surprise, sa première question est de savoir comment Tad a su et rapidement, un peu fier de ses talents d’inspecteur – ce qu’il n’est pas – il lui raconte tout son périple à enquêter auprès des collègues des affaires familiales pour savoir ce qu’il s’est passé. « Ouais… Ca je n’en doute même pas. Ils… Enfin il s’est vraiment fait embarquer alors ? » Tad acquiesce bien qu’il sache que dans ce genre de cas, c’est une simple garde à vue en attendant qu’une première audience ait lieu, malheureusement, la justice n’avait pas peur de relâcher des gens si ceux-ci pouvait payer la caution. Quelque chose qui pouvait rendre Tad malade à l’idée qu’un type comme ça soit dehors. « Oui, il sera en garde à vue jusqu’à l’audience. Les collègues ont fait en sorte de le garder longtemps en prétextant qu’il pourrait être violent encore et donc faire en sorte que le juge interdise toute caution. Disons que son arrestation et le cinéma qu’il a fait n’a pas joué en sa faveur mais malheureusement, on ne décide pas. » explique t-il avant d’expliquer la façon dont il l’avait retrouvé « J’avais oublié que tu es flic, c’est vrai. Et ça va aller promis, j’ai juste… Besoin d’un peu de temps pour me remettre de tout ça. » Il n’est pas tout à fait flic mais quelle importance de souligner la différence à ce moment précis ? Oakley a clairement d’autres problèmes que de recevoir un cours sur les différents métiers de la justice et de la police. Il reprend un peu plus sérieux parce qu’il avait peur pour elle et que les collègues lui avaient parler de ce sujet, des compagnes qui ne voulaient pas porter plainte. « Tu as bien fait en tout cas de porter plainte. » lâche Tad sur un ton neutre, espérant de tout cœur qu’elle ne laisse pas cette affaire sans conséquence pour son petit ami. Il se doute bien que ce n’est pas le sujet dont elle voudrait parler mais le temps joue contre eux et il n’aimerait pas apprendre que ce gars a été relâché dans la nature. « J’imagine que ça n’a pas été facile » commente t-il avant de changer de sujet, de revenir à la glace qui lui aura ramené pour le réconfort et parce qu’il voulait un vrai cadeau qui remonte le moral. Au détour d’une conversation dans l’ascenseur, elle lui avait mentionné sa gourmandise et son parfum favoris. « Merci » dit-elle alors qu’il lui répond d’un sourire, c’est trois fois rien et à défaut de ne pas avoir su voir qui était son mec, il pouvait au moins faire ça. « Est-ce que… Enfin, il ne va pas sortir de prison bientôt, pas vrai ? » Il devrait se maudire d’avoir amené le sujet de l’audience sur la table parce que maintenant, elle risque de s’inquiéter et c’était pas du tout ce qu’il voulait. « Disons que les gars feront de leur mieux pour faire traîner les choses. On est très bon tu sais en ce qui concerne les procédures administratives lentes. » explique t-il, un peu fier même si c’était le genre de chose qui était capable de rendre les gens malades. Dans le cas présent, ça rendait service. « Enfin… Comment tu vas toi ? » enchaine t-elle, une diversion qu’il peut comprendre. Il ne voulait pas non plus l’amener à ne parler que de son ex. « Tu sais, la routine. J’ai pas grand-chose à raconter entre mon groupe et mon changement de travail. Le fils de ma meilleure amie a été pris en train de fumer au lycée, elle était verte de rage et lui rouge de honte. C’était très drôle ! » raconte t-il en se marrant. Il n’oublierait pas la tête de Jean aussitôt. « Je crois que tu l’as déjà croisé, Charles. Il devient un vrai ado maintenant. » Il avait encore du mal à y croire que ce petit qu’il avait vu grandir allait bientôt être adulte. Tad devient vieux.
L’idée de savoir que David puisse revenir à n’importe quel moment, qu’il puisse me retrouver et sûrement me faire encore du mal m’effraie grandement. Cependant, de savoir que j’ai Isaac, Cade et Tad pas loin me rassure quelque peu. Depuis que je connais Tad, j’ai toujours eu cette impression de sécurité avec lui que je n’ai qu’avec très peu de personne. Il a toujours été doux, calme et attentif et avec moi et le voir débarquer à l’hôpital avec ma glace préférée ne fait que confirmer se ressentit que je peux lui entièrement confiance. Je me redresse légèrement dans mon lit afin de mieux regarder mon ami avant de finir par lui demander la confirmation que David ne reviendra pas. Le sourire qu’il m’adresse se veut un peu rassurant et je sens mon corps se détendre un peu. « Oui, il sera en garde à vue jusqu’à l’audience. Les collègues ont fait en sorte de le garder longtemps en prétextant qu’il pourrait être violent encore et donc faire en sorte que le juge interdise toute caution. Disons que son arrestation et le cinéma qu’il a fait n’a pas joué en sa faveur mais malheureusement, on ne décide pas.» Mes premières pensées à ces mots, c’est que rien n’est sûr, qu’il pourrait être libéré, mais je tente de ne pas penser au pire. Je lui adresse un léger sourire, essayant un peu de me changer les idées et de ne pas trop penser à lui suite des événements, que ce soit au procès ou au reste. « Merci en tout cas… » « Tu as bien fait en tout cas de porter plainte. J’imagine que ça n’a pas été facile. » Sur ce coup là, Tad a bien deviné. La décision de partir, de porter plainte et de finir par m’avouer et accepter la vérité n’a pas été simple. Cela a même sûrement été l’une des décisions les plus difficile que j’ai prise de ma vie. J’ai réalisé à quel point cette relation m’a fait perdre. David m’a pourri la santé, m’a fait changer qui je suis, mais m’a également fait perdre ma famille. Ma famille a toujours été ma vie et le jour où j’ai commencé à prendre mes distances, je l’ai beaucoup regretté et j’en ai énormément souffert. « Ca a été dur oui… Mais je… Je ne pouvais plus vivre comme ca… Même si j’ai peur, je… Enfin c’est ce qu’il fallait que je fasse, j’aurais même dû le faire il y a longtemps… » Je m’en veux. Je m’en veux depuis des années de me sentir aussi faible et d’avoir fait mal à certains de mes proches. Mais je me dis aussi bien souvent que si cela m’est arrivé, c’est sûrement que je le méritais, bien que mes proches me disent sans cesse le contraire. Je commence doucement à essayé de réaliser que c’est David le problème de toute cette situation.
Je demande une dernière fois confirmation que David ne sortira pas de prison avant de finir par changer de sujet en demandant des nouvelles de Tad. Je n’ai jamais vraiment aimé parler de moi et de parler de mon ami me change les idées et cela me fait du bien dans le fond. Je lui adresse un léger sourire avant de prendre une cuillère de glace. « Tu sais, la routine. J’ai pas grand-chose à raconter entre mon groupe et mon changement de travail. Le fils de ma meilleure amie a été pris en train de fumer au lycée, elle était verte de rage et lui rouge de honte. C’était très drôle ! Je crois que tu l’as déjà croisé, Charles. Il devient un vrai ado maintenant.» Je suis contente qu’au moins lui les choses bien dans sa vie. Je lui adresse un nouveau sourire et lui tend le pot de glace avant de prendre la parole à mon tour. « Oui, je crois que ca me fait quelque chose. L’adolescence c’est les années ou on expérience un peu tout en même temps. » Je n’ai jamais été trop wild durant mon adolescence, c’est plutôt mon frère jumeau qui avait fait quelques connerie, mais c’est une période importante de découverte et je crois que cela n’est jamais très facile pour les parents. « Comment ca se passe avec ton groupe ? Ca fait trop longtemps que je t’ai pas entendu jouer, il faudra qu’on refasse ca à l’occasion. » J’ai toujours adoré écouter Tad jouer de la guitare. Il a un talent fou et je pouvais l’écouter jouer jouer pendant des heures et des heures juste en le regardant.
[HJ: je m'excuse du temps de réponse, j'étais en vacance Et je m'excuse également de la réponse, je me remet doucement dedans ]
Il ignore si c’est une bonne chose pour elle de parler de qui attend David. Si d’un côté, elle pose les questions et que le fait qu’il soit derrière les barreaux peut la rassurer et lui permettre de dormir sur ses deux oreilles, il craint d’un autre qu’elle s’inquiète, qu’elle culpabilise et retire sa plainte si jamais le lien qui les unissait était trop fort. C’est compliqué de briser une relation abusive et parce qu’il le sait, il tente de donner le moins d’information possible et surtout de ne pas attirer la sympathie d’Oakley sur le sort de son – ancien – copain. Ce serait terrible en plus d’être la dernière chose qu’il souhaiterait faire. « Ça a été dur oui… Mais je… Je ne pouvais plus vivre comme ça… Même si j’ai peur, je… Enfin c’est ce qu’il fallait que je fasse, j’aurais même dû le faire il y a longtemps… » Dit-elle alors qu’il devient tout silencieux. Il est gêné et s’en veut d’avoir lancé le sujet car il se perçoit comme la dernière personne avec qui elle devrait en parler. Il n’avait rien vu après tout et ça, il sait qu’il peut s’en vouloir. Cela le rassure néanmoins de l’entendre avoir conscience du trop longtemps que la situation a duré. Cela était déjà arrivée que des corps de femmes battus arrivent jusqu’au bureau, il n’aurait pas supporté d’y voir une personne connue. Le sujet David finit malgré tout par s’épuiser et il préfère ça. S’il comprend qu’elle ait besoin d’en parler et d’évacuer ses émotions, il se dit qu’elle a surtout besoin de se changer les idées et que ça passe par parler d’autres choses. Malheureusement, il doute que cela ne passe par sa vie à lui qui s’avère n’être pas des plus palpitantes. Bien sûr le dernier évènement en date avec Chuck qui s’est essayé à la cigarette est drôle mais Oakley n’a peut-être pas envie que Tad raconte ses histoires de famille ou se mette à déprimer parce que celui qu’il considère comme son fils fait des bêtises de grand. Elle lui tend son pot de glace pour partager et d’un geste, il refuse. C’est à elle, uniquement. « Oui, je crois que ça me fait quelque chose. L’adolescence c’est les années ou on expérience un peu tout en même temps. » dit-elle, le plongeant par la même occasion dans sa propre adolescence à lui. De son côté, il n’avait pas expériencé grand-chose. Pas avec sa mère en tous les cas. Il avait toujours été un gentil garçon. « Disons qu’avec sa mère, on espérait qu’il s’en tienne aux mêmes expériences que nous, genre mélanger glace et mayonnaise ou bien mettre le doigts de quelqu’un dans l’eau quand il dort pour voir s’il fait pipi au lit, pas la cigarette. » Tad & Jean avaient été des gentils – enfin jusqu’à ce que cette dernière tombe enceinte à quinze ans – et ils avaient espéré que le petit suive leur exemple. Peine perdu. « Comment ça se passe avec ton groupe ? Ça fait trop longtemps que je t’ai pas entendu jouer, il faudra qu’on refasse ça à l’occasion. » Il esquisse un sourire avant d’ajouter. « Dès que tu sors, la première chose que je fais, c’est t’envoyer notre prochaine date. On se sort pas des petits bars mais on a eu un bel été chargé, c’était cool »
Il m’arrive souvent de me dire que je ne mérite pas d’avoir de si bons amis et une famille aussi géniale dans ma vie. Je sais que si je dis cela à mon frère ainé ou bien même à mes amis proches il me trouverait sûrement idiot de penser cela et me dirait le contraire, mais au fond je ne pouvais m’empêcher d’y penser. David a beaucoup à jouer dans cette façon de penser qui fais à présent parti de moi. Avant toute cette histoire jamais je n’aurais pensé cela. Bien sûr, je me suis toujours senti chanceuse, j’ai toujours été merveilleusement bien entouré, mais jamais je n’aurais pensé que je ne le mérite pas. C’est dans ces moments, que je me rends compte à quel point mon estime de moi-même a baisser depuis que je suis allée vivre avec David. Au départ cela avait été simplement quelques doutes à cause de certaines choses qu’ils me disaient ou qu’ils me reprochaient, puis au fur et à mesure c’était devenu de véritable doute de moi, de jour où je ne me pensais pas assez bien pour quoi que ce soit. Il m’était d’ailleurs arrivé une ou deux fois de presque mon quitté mon boulot à cause de lui, mais j’avais réussi à ne pas lâcher et au final mon travail était devenu une échappe, une roue de secours. Aujourd’hui, les choses ne sont pas simplement dans ma tête, je ne peux pas redevenir comme je l’étais avant en un claquement de doigts, bien que j’aimerais que cela soit possible. Je sais qu’il me faudra du temps pour ‘guérir’ mentalement et que je n’y arriverais pas seule. D’aborder le sujet de David et ma crainte semble mettre Tad légèrement mal à l’aise et je décide alors de changer de sujet et il se met à me parler du fils de sa meilleure amie. Ah l’adolescence… Je n’ai jamais été trop une rebelle, mais l’adolescence est souvent le moment de test, de découverte et des fois cela ne pouvait pas vraiment plaire aux parents comme cela semble être le cas avec la meilleure amie de Tad. « Disons qu’avec sa mère, on espérait qu’il s’en tienne aux mêmes expériences que nous, genre mélanger glace et mayonnaise ou bien mettre le doigt de quelqu’un dans l’eau quand il dort pour voir s’il fait pipi au lit, pas la cigarette.» « Oui ca je comprends bien, mais il vaut mieux que ce soit la cigarette que la drogue. Et puis autrement c’est un gentil garçon non ? Des fois l’effet de groupe peut y faire aussi. » Adolescente, Zeppelin, mon frère jumeau, avait toujours été celui à expérimenté, à faire les conneries, mais il était également toujours à m’emporter avec lui dans ces expériences. C’est avec lui que j’avais essayé ma première cigarette, mon premier verre d’alcool avant l’âge. « Tu sais, j’ai aussi testé la cigarette quand j’étais jeune, puis regarde aujourd’hui je ne fume pas. Il faut qu’il fasse ses erreurs. » Je ne suis pas une experte, bien loin de là, mais je crois que l’on apprend en faisant des erreurs.
Je prends une cuillère de glace et l’enfourne dans ma bouche en fermant quelques secondes les yeux. Ce gout me rappel sans cesse des souvenirs d’enfance, c’est notre parfum préféré à Zeppelin et à moi et à chaque fois que j’en mange cela me rappel de bons souvenirs. En rouvrant les yeux, j’écoute Tad me parler de son groupe de musique. J’ai toujours adoré la musique, que ca aille du vieux rock, à la musique classique en passant par de l’électronique, je passe mon temps avec de la musique allumé. Lorsque j’ai rencontré Tad, il n’avait d’ailleurs pas fallu longtemps pour que je découvre l’existence de son groupe et que je le supplie de me laisser assister à quelques répétions. A mes yeux Tad a un talent fou, mais je ne suis pas non plus une grande experte en la matière. « Dès que tu sors, la première chose que je fais, c’est t’envoyer notre prochaine date. On se sort pas des petits bars mais on a eu un bel été chargé, c’était cool. » Je lui adresse un grand sourire. Il peut être sûr que j’allais débarquer à l’instant où je sors de l’hopital pour venir les écouter. « Ah oui ? C’est génial Tad ! Vous devez bien vous amuser. Vous avez de nouvelles chansons ? » Je dois dire que je suis une fan et je n’ai pas honte de le dire et de le montrer. « J’aimerais trop apprendre à jouer de la guitare un jour, mais je crois que je serais très nulle. » Je ris légèrement avant de lui adresser un nouveau sourire.
Il est difficile pour lui de se positionner comme personne légitime à parler avec du sujet de son – ex – petit-ami pour la simple et bonne raison qu’il ne connait pas le garçon et que malgré toute l’entente qu’il a avec Oakley, elle serait mieux aidée à traiter de ce sujet avec un professionnel. Tad est capable d'écouter mais ce qu’il sent, c’est que la demoiselle a besoin d’être rassurée et lui aurait bien trop peur de mettre les pieds dans le plat en disant une connerie comme à son habitude. Tout doucement le sujet de la conversation change et fidèle à son image de parrain fière comme un paon – même si le gamin en question est devenu un ado boutonneux et râleur et n’a plus rien du bout d’choux qu’il était – il ne peut s’empêcher de raconter la dernière bêtise du garçon. Que Charles ait été surpris en train de fumer ne l’inquiète pas outre mesure. Vu que Jean n’est pas là, il se risquerait même à dire que ça le fait beaucoup rire que ce soit ça son premier acte de rébellion. Tad est d’un naturel chill, il a juste hâte de voir cette crise d’adolescence se dérouler pour pouvoir railler Chuck avec quand il sera plus grand. « Oui ça je comprends bien, mais il vaut mieux que ce soit la cigarette que la drogue. Et puis autrement c’est un gentil garçon non ? Des fois l’effet de groupe peut y faire aussi. » Il se met néanmoins à rire nerveusement dès qu’elle prononce le mot drogue. Tad se moque mais les choses seraient toute autres si le garçon venait à passer cette frontière qui serait la seule imposée par ses parents – enfin, sa mère et lui, son parrain – mais Tad reste confiant dans l’éducation donné. Le garçon teste ses limites, rien d’autre. « Tu sais, j’ai aussi testé la cigarette quand j’étais jeune, puis regarde aujourd’hui je ne fume pas. Il faut qu’il fasse ses erreurs. » Tad hausse les épaules, il ne balise pas lui. « Oh tu sais, moi, je suis pour qu’il les fasse ces conneries. » Il éclate de rire avant d’ajouter. « Sa mère est moins d’accord, mais c’est normal ça. Après, je me fais pas de soucis outre mesure sur son comportement. Il cherche mais il a pas été mal élevé. Je crois qu’il est comme moi, il s’amuse beaucoup à voir sa mère hors de ses gonds. » Parce que c’était aussi ça qui amusait Tad, Jean en pétard, c’est un vrai spectacle. Parlant spectacle, elle aborde le sujet du Street Cat et de leurs spectacles qui se font rares avec la saison. « Ah oui ? C’est génial Tad ! Vous devez bien vous amuser. Vous avez de nouvelles chansons ? » Quel sujet à controverse qu’elle vient d’aborder. Tad aurait voulu dire oui. Il aurait été très fier de parler des accords qu’il a manipulé et des mélodies qui dorment chez lui à attendre qu’on vienne y poser des mots. Seulement, les mots, c’est pas son fort et dans la bande, personne ne semble s’inquiéter du répertoire vieillissant. « Non, j’ai personne pour les écrire. » dit-il, cachant sa déception d’avoir pour le moment travaillé pour rien parce qu’il prend trop à cœur la chose. Il rajoute un sourire à l’adresse d’Oakley, le sujet étant un peu tabou pour l’instant et il ne tient pas à l’embêter avec un si petit problème. « J’aimerais trop apprendre à jouer de la guitare un jour, mais je crois que je serais très nulle. » Ah làà, il ne sait pas. Il aimerait lui dire l’inverse mais Jean avait certifié la même chose, Tad l’avait contredit avant de devoir reconnaitre qu’effectivement, elle n’avait pas l’oreille musicale. « T’as déjà essayé ? Un instrument. » précise t-il, un peu curieux. « Après, faut pas avoir peur, faut juste se lancer et puis si ça marche pas, je suis certain que tu as d’autres talents. » assure t-il, bien qu’en vérité, il ne le sache pas vraiment. A se creuser la tête, il se dit que la musique, ça doit être son seul domaine et encore, il n’est pas né avec. Il a du travailler pour savoir jouer.
« Oh tu sais, moi, je suis pour qu’il les fasse ces conneries. Sa mère est moins d’accord, mais c’est normal ça. Après, je me fais pas de soucis outre mesure sur son comportement. Il cherche mais il a pas été mal élevé. Je crois qu’il est comme moi, il s’amuse beaucoup à voir sa mère hors de ses gonds. » Je crois que n’importe qui à ce genre de période dans sa vie, en particulier à l’adolescence. Cette période où rendre nos parents dingues, tester leur limite nous amuse et on le fait des fois jusqu’à aller trop loin. Zeppelin avait toujours été très doué pour rendre ma mère dingue en grandissant, même si les dernières fois que je l’avais vu, il c’était bien calmé. Penser à mon frère me rend triste alors je secoue légèrement la tête pour ne pas y penser et je souris légèrement à Tad avant de prendre la parole. « Oui, rendre sa mère dingue, je me doute que ca doit bien l’amuser. » Je sais que la meilleure amie de Tad a eu son fils jeune, il m’en a un peu parler et je dois avouer que je la trouve forte d’avoir élevé un fils alors qu’elle avait quinze ans. Je n’imagine même pas la panique dans laquelle j’aurais été si j’avais appris être enceinte en pleine adolescence. À quinze ans, je savais à peine m’occuper de moi-même, alors devoir s’occuper de quelqu’un d’autre m’aurait semblé inimaginable. « Tu sais j’admire ta meilleure amie. Avoir un enfant à l’âge ou elle a eu son fils ca a dû être vraiment dur des fois. » Mais au moins elle est entourée, elle a des amis pour l’aider, peut être de la famille et je ne doute pas seul instant que Tad a du être un ‘tonton’ en or.
La conversation se tourne alors vers la musique. J’ai toujours adoré la musique, en tout style et j’ai grandi en attendant mon père faire de la guitare puis mon frère jumeau prendre la relève. Alors que je me suis plus orienté vers la danse, Zep lui a toujours eu un talent fou pour la musique. Il a pris son premier cours de piano à quatre ans et son premier de guitare à huit ans, et depuis, je suis toujours impressionné par son niveau, un peu comme Tad. Je ne l’ai vu jouer quelques fois sur scène, devant un petit public, mais à chaque fois, j’ai été impressionné. On peut le voir se perdre dans sa musique lorsqu’il joue. Je me tourne vers Tad pour le questionner alors sur de nouvelles chansons, mais à voir son expression faciale, je me doute ne pas avoir abordé le bon sujet. Je m’apprête à m’excuser lorsqu’il prend la parole. « Non, j’ai personne pour les écrire.» Je lui adresse un sourire qui se veut un peu rassurant. « Je suis sûr que tu finiras par trouver quelqu’un qui peut t’en écrire. Tu n’en écris pas du tout toi ? » Je me dis que je pourrais demander à Zeppelin, il aurait sûrement été ravi, mais pour cela, il faudrait que je sois en contact avec lui, chose qui n’est pas le cas. Je n’ai pas parlé à Zeppelin depuis des mois, et je me mords tellement les doigts de ne pas le faire que plus le temps passe et moins j’ose me lancer pour l’appeler et lui dire à quel point il me manque. Je suis que je suis la seule fautive responsable de cette distance, mais au fond, j’ai vraiment peur. « T’as déjà essayé ? Un instrument. Après, faut pas avoir peur, faut juste se lancer et puis si ça marche pas, je suis certain que tu as d’autres talents.» « J’ai déjà essayé oui. Mais mon domaine c’est la danse plutôt. La musique c’est celui de mon frère. Je n’ai pas vraiment l’oreille musicale pour jouer un instrument. » Je lui adresse un sourire avant d’ajouter : « Mais qui sait, peut-être qu’un jour je réessayerais. » Cela se voit au bout de ses doigts que Tad est un musicien. Un vrai guitariste a toujours le bout de ses doigts un peu abîmé et également bien plus dur à cause de laisser glisser ses doigts sur les cordes. « Tu ne m’as jamais dit, mais tu as d’autre passions à part la musique ? »
Comme à son habitude, il se sent plutôt chill quant à l’entrée dans l’adolescence de Charles. Il ne sait pas s’il peut communiquer cette pensée à haute voix mais il dirait même que c’est l’instant qu’il attendait le plus depuis que le petit est né et que c’est là qu’ils – ou il plutôt – vont s’amuser et que c’est là qu’ils vont voir aussi si l’éducation donné a été la bonne. Toute cette perspective enchante Tad mais bien sûr, il n’en communique rien à Jean qui n’a pas l’air très enjoué à cette idée. Très probablement parce que contrairement à Tad, elle n’en est pas la spectatrice extérieure. « Oui, rendre sa mère dingue, je me doute que ça doit bien l’amuser. » En tous les cas, ça l’amuse lui et il dirait que c’est tout ce qui compte. Charles n’en est pas encore à trop faire tourner Jean en bourrique, il commence à peine. « Tu sais j’admire ta meilleure amie. Avoir un enfant à l’âge ou elle a eu son fils ça a dû être vraiment dur des fois. » Il avait déjà mentionné l’histoire de Jean, non pas qu’il se plaisait à raconter en détail la vie privée de la jeune femme mais quand la curiosité quant au faible écart d’âge entre les deux Maxwell était là, il ne pouvait pas prétendre que l’adolescent n’était que le petit frère de la jeune femme. Il se devait de dire une part de vérité sans pour autant tout dire. « Je crois que c’est elle la mieux placée pour t’en parler mais Jean a toujours eu beaucoup de responsabilité et de choses à gérer. » Depuis qu’elle était assez âgée pour que sa mère se repose sur elle à vrai dire mais Tad préfère ne pas en dire plus considérant qu’il en a dit assez et que la jeune femme a bien d’autres qualités ou de raisons d’être connue que sa grossesse précoce. La conversation dévie naturellement vers un sujet qui met moins Tad à l’aise : celui des Street Cats et du ralentissement qu’ils vivent actuellement. Si Tad aimerait au moins développer le portefeuille musical du groupe, il est bien vite bloqué par ses propres compétences. « Je suis sûr que tu finiras par trouver quelqu’un qui peut t’en écrire. Tu n’en écris pas du tout toi ? » Il hoche la tête. La musique avait toujours été un travail. Tad n’était pas né avec des facilités et devait sans cesse s’assurer de conserver son niveau parce qu’il en avait au moins la passion. L’écriture, en revanche, ça n’avait jamais éveillé un grand intérêt et s’il était capable d’être sensible aux paroles d’une belle chanson, il n’a pas ce qu’il faut pour accomplir cet exploit. A moins peut-être d’y travailler mais pour cela, il faudrait instituer des journées de quarante-huit heure. « Non, j’aimerais croire que j’ai le talent nécessaire mais non. Mes rares essais se sont soldés par des chansons moyennes. » Il a l’honnêteté de l’avouer parce qu’il ne cherche pas à l’impressionner avec des qualités qu’il n’a pas. Il avait espéré qu’Anwar serait inspiré à écrire sur les démo qu’il lui avait soumis mais cela faisait des mois et rien n’était venu. Tad a naturellement lâché l’affaire. « J’ai déjà essayé oui. Mais mon domaine c’est la danse plutôt. La musique c’est celui de mon frère. Je n’ai pas vraiment l’oreille musicale pour jouer un instrument. » explique t-elle, conscient que les talents diffèrent vraiment des gens. « Mais qui sait, peut-être qu’un jour je réessayerais. » ajoute t-elle par la suite, il reprend. « Si jamais tu veux tenter, je peux te donner des cours. Pour ma part, je danse comme un pied donc, un échange de procédé ne me parait pas impossible. » Même s’il a une petite passion pour la reproduction de clip dansé parfaitement connu – hello, beyoncé & Crazy in love – il faut avouer que sans exemple à recopier, les pas de danse de Tad n’ont jamais été très très excellent. « Tu ne m’as jamais dit, mais tu as d’autre passions à part la musique ? » Manger, boire, dormir ? Ce sont des passions ça ? Probablement pas du point de vue général. « J’aime mon métier. » dit-il en cherchant ce qu’il pourrait ajouter à sa liste. « J’aime beaucoup de chose je crois. Ou plutôt, j’arrive à m’intéresser à plein de truc. Je vais paraitre fade à mort mais je crois que tout peut me plaire. Du moment que je peux bien rigoler en fait. » Il n’y avait jamais vraiment réfléchi en vérité mais à prendre un peu de recul, il arrive à se dire qu’il peut s’intéresser à tout. « Et toi ? Je sais que t’aime beaucoup le sport mais j’y suis totalement insensible. »
« Je crois que c’est elle la mieux placée pour t’en parler mais Jean a toujours eu beaucoup de responsabilité et de choses à gérer. » Je n’en doute pas un seul instant, mais je dois avouer que je me serais jamais vu devenir maman à son âge. Bien sûr que j’aimerais devenir maman un jour, mais je ne me serais jamais vu le devenir avant mes vingt ans, alors j’admire vraiment énormément Jean et tout ce qu’elle a toujours fait pour son fils. Je lui adresse un sourire avant que le sujet ne se tourne vers la musique. Dans la famille, c’est toujours Zeppelin qui a été le musicien, toujours lui qui a montré un talent particulier pour la guitare, pour le chant. J’ai passé mon enfance à l’écouter jouer et chanter et maintenant, je prends toujours un plaisir à faire pareil avec Tad. Je l’ai déjà vu se produire plus d’une fois et je l’ai toujours trouvé particulièrement doué, même si je ne suis sûrement pas la mieux placer pour savoir cela. « Non, j’aimerais croire que j’ai le talent nécessaire, mais non. Mes rares essais se sont soldés par des chansons moyennes. » Je lui adresse un nouveau sourire tendre et pose sa main quelques secondes sur la sienne. « On ne peut pas être doué pour tout malheureusement. Mais je suis sur que vous finirez par en faire de nouvelles. En tout cas, j’aime déjà beaucoup celle que vous avez. » Les chansons commencent peut-être à dater, mais je les ai toujours beaucoup aimé. Je me mets doucement à bailler, commençant un peu à fatiguer. Depuis mon arrivée à l’hôpital, les nuits sont un peu courtes et j’ai encore pas mal à repos à rattraper. Je fini par poser le pot de glace que m’a amené avant de me remettre en position un peu plus allongé dans mon lit. « Si jamais tu veux tenter, je peux te donner des cours. Pour ma part, je danse comme un pied donc, un échange de procédé ne me parait pas impossible. » « C’est une bonne idée, ca me plait bien. On pourra essayer, peut être que je finirais par apprendre à jouer quelques accords, et toi à faire quelques pas de danse. » Je laisse échapper un petit rire. Je n’ai jamais vu Tad danser, mais je sais bien que certaines personnes ne sont vraiment pas douées pour ce genre de choses. J’ai toujours trouvé cela fascinant de voir que certaines personnes peuvent être doué pour certaines choses, mais d’autres pas. « J’aime beaucoup de choses, je crois. Ou plutôt, j’arrive à m’intéresser à plein de trucs. Je vais paraître fade à mort mais je crois que tout peut me plaire. Du moment que je peux bien rigoler en fait. Et toi ? Je sais que t’aime beaucoup le sport, mais j’y suis totalement insensible.» Je dois avouer que je suis un peu pareil que Tad, j’aime découvrir de nouvelles choses, tenter de nouvelles expériences, j’ai toujours été comme cela. Je suis fan de sport et j’en ai fait toute ma vie, comme la danse mais je ne me suis jamais fermé à de nouvelles idées. « J’aime beaucoup lire, c’est probablement l’une des seules activités que j’aime bien faire pour me poser. J’ai toujours été un peu hyperactive tu sais. Quand j’étais petite mon frère et moi rendions mes parents un peu fous des fois. » Je ne peux m’empêcher de sourire à ce souvenir plaisant. « Mais j’aime bien le cinéma aussi, les films et les séries. » Je lâche un nouveau bâillement, mettant ma main devant ma bouche. « Je suis désolée, je commence à être fatiguée. » Je lui adresse un petit sourire désolée.
Il n’a pas trop de mal à dire la vérité. Il aurait bien voulu épater Oakley en balançant deux-trois paroles de chansons en trois secondes pour se faire passer pour un génie. C’est certain qu’il aurait beaucoup plus de succès de cette façon mais Tad et la littérature, ce n’est pas trop ça et mieux vaut pour lui qu’il ne s’aventure pas dans un mensonge qu’il ne tiendrait pas. La tête lyrique de la bande, c’est Anwar et même s’il est en panne, ça ne risque pas de changer vu les difficultés que le groupe a à recruter. « On ne peut pas être doué pour tout malheureusement. Mais je suis sûre que vous finirez par en faire de nouvelles. En tout cas, j’aime déjà beaucoup celle que vous avez. » Il sourit doucement devant ses encouragements. Oakley a toujours été très gentille, très encourageante et il apprécie qu’elle le fasse. Le Street Cat, ça n’avait jamais eu prétention à devenir plus qu’un petit band et pourtant depuis quelques mois, Tad aimerait plus. Sans parler de grosse carrière, il aimerait bien arrêter de s’enfermer dans des chansons qu’il a composées à vingt-cinq ans et qui ne traduisent plus forcément son état d’esprit actuel. « Je te promet de tout te faire écouter en avant-première dès que ce sera écoutable. » promet-il en sachant pas du tout quand ce sera possible parce que malheureusement tout ne dépend pas que de lui. En attendant, tout ce qu’il semble pouvoir faire d’encourageant, c’est de lui proposer des petits cours vu qu’après tout, c’était déjà ce qu’il faisait avec Charles et le résultat n’est pas dégueu bien que plus le temps avance, moins l’adolescent semble s’intéresser à la musique (hormis pour les filles, quel grand original) « C’est une bonne idée, ça me plait bien. On pourra essayer, peut être que je finirais par apprendre à jouer quelques accords, et toi à faire quelques pas de danse. » « Deal ! » dit-il en lui tendant la main pour sceller le pacte qu’ils viennent de faire dans un grand sourire. C’est qu’il était terrible danseurs mais qu’il ne détestait pas avoir à tortiller des hanches quand il le faut parce que c’était toujours sensation pour lui que de débarquer en soirée capable de reproduire la dernière chorée à la mode, même s’il y’avait perdu du temps pour pas grand-chose. « J’aime beaucoup lire, c’est probablement l’une des seules activités que j’aime bien faire pour me poser. J’ai toujours été un peu hyperactive tu sais. Quand j’étais petite mon frère et moi rendions mes parents un peu fous des fois. » « Des fois ? » dit-il en soulignant l’euphémisme alors qu’il imagine bien ce que ça devait être, un seul enfant avait réussi à le rendre barjo, c’était même pas le siens et il était tout seul, alors deux bien à soi. « Mais j’aime bien le cinéma aussi, les films et les séries. » Jusque là, ce n’est pas si différent de lui qu’il se rend compte mais ne dit rien face à la petite voix d’Oakley qui s’affaiblit. « Je suis désolée, je commence à être fatiguée. » dit-elle, un peu gênée, ce qu’il comprend tout à fait et c’est pourquoi il se relève pour ajouter. « Y’a pas de problème, tu devrais te reposer » dit-il avant de fouiller dans ses poches. « On pourra se revoir une prochaine fois, tu me feras signe. » Il sort un bout de papier ainsi que le stylo qui reste toujours cramponné à son portefeuille pour y griffonner son numéro. « Prend soin de toi et hésite pas au besoin. » assure t-il avant de partir, il hésite un instant à lui embrasser le front comme il le ferait avec n’importe laquelle de ses amies mais n’ose pas, à la place, il offre un fier sourire avant de s’éclipser.