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 every now and then I get a little bit tired

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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyDim 16 Juin 2019 - 21:53

every now and then i get a little bit tired
The road is long, with many of winding turns that lead us to who know where, who knows where? But I'm strong, strong enough to carry him - yeah He ain't heavy - he's my brother So long we go, his welfare is my concern no burdon is he to bear, we'll get there
 
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Il n'en dormait plus la nuit, tournant encore et encore cette histoire dans son esprit sans arriver à penser à autre chose qu'au regard éteints que sa mère affichait à chaque fois qui lui rendait visite. Allongé dans la pénombre, le chat de la voisine ronronnant à ses pieds, Lonnie avait vu défiler les heures au dessus de ses yeux grâce à l'horloge à projection que ses collègues lui avait offert pour son anniversaire. Vingt-trois heures puis minuit, sans jamais réussir à fermer les yeux. Est si elle l'avait mené en bateau toute sa vie, prétextant qu'elle allait bien alors qu'au fond d'elle s'éteignait lentement le peu d'envie de vivre qui se battait encore ? Lonnie soupira longuement avant de faire valser les draps de sur son corps, réveillant au passage le chat qui protesta dans un miaulement sauvage. Le flic trouva refuge à la fenêtre, une cigarette au bord des lèvres, mauvais cliché du gamin perdu. Romy Ashby avait réussi à foutre le bordel dans sa tête. Toute pleine de bonnes intentions elle avait enfoncé un couteau brûlant dans une plaie que Hartwell pensait avoir fermé il y a des années. Et elle avait raison. C'était son boulot, sa manière de faire, et Lonnie avait beau essayé de la détester il n'arrivait pas à tirer un trait sur le fait qu'elle était entré dans sa tête, qu'elle était la raison à ses insomnies. Maudissant la jeune femme d'avoir réussi à percer un trou dans son armure le flic avait refermé la fenêtre d'un coup sec avant de s'habiller d'un pull pris au hasard dans l'armoire et du jean impeccablement plié sur sa chaise du bureau. Foutue Romy Ashby et ses principes à la con que Lonnie aurait salué dans d'autres circonstances, bien trop énervé sur le moment pour reconnaître qu'elle était la voix de la sagesse et non pas le petit diable sur son épaule. Convaincre sa mère de demander une libération conditionnelle était un challenge, mais le flic savait qu'elle ne voudrait pas en parler avant d'avoir vu Harvey, et ça c'était la plus emmerde pour Hartwell qui avait claqué la portière de la voiture d'un coup bien trop sec.

La rancœur qu'Harvey avait nourri pour leur mère au fil des années ne pourrait pas s'effacer d'un geste de la main, d'une parole émue et tremblante que Lonnie adressait en guise de cesser le feu. Non, Harvey était un chieur, un mec têtu comme une mule qui ne se laisserai pas convaincre aussi facilement. Foutu Harvey Hartwell. Tout dans cette histoire sans queue ni tête faisait chier le flic qui, sans s'en apercevoir, avait grillé un feu orange 'bien mûr' devant un bar fréquenté où un homme lui adressa un joli "enculé" sorti du fond du cœur. Lonnie connaissait bien l'endroit où son frère avait trouvé un travail (si on pouvait appeler ça comme ça) et ça ne l'étonnait que très peu de savoir son aîné fourré dans un nid à emmerdes comme le confidential club où des jeunes femmes à peine majeures servaient de distractions à des hommes à la moustaches grasses qui pensaient pouvoir faire ce qui leur chante à coup de gros billets claqués sur la table. Il bouillonnait le flic, hésitant à faire demi tour quitte à s'assommer avec des somnifères pour pouvoir enfin trouver le sommeil. Trop tard pour faire marche arrière, les lumières du club venaient d'entrer dans son champ de vision et son allure de petit fouille merde allait bientôt alerter les vigiles traînant aux alentours de la boîte. Il avait la tête de l'emploi de toute façon, mais il n'était pas pour autant décidé à se servir de son badge ni même de l'arme de service dans la boîte à gants.

Garé à la vas vite sur un bout de trottoir Lonnie était sorti de la voiture en serrant sa veste contre son cou, tremblant à l'idée de se confronter à son frère mais décidé à ne pas quitter l'endroit avant que ce dernier n'accepte de lui rendre un seul et unique service. Hartwell avait coupé la petite file d'attente, qui ne se composait que de jeunes femmes quasiment dévêtues et de petites racailles aux chaines en or autours du cou, avant de se retrouver nez à nez avec un des gorilles gardant l'entrée de ce trou à rat. « Je viens voir Harvey. » Qu'il avait sifflé sans se démonter, les jambes tremblantes cependant. « Connais pas. » Bien sur. Levant les yeux au ciel Lonnie avait fait un pas en arrière avant de sortir son paquet de cigarette de la poche de sa veste, il était hors de question qu'il parte sans avoir vu son frère, pas maintenant qu'il avait fait tout ce chemin. « Ouais, évidemment. » La main sur la ceinture le flic avait laissé entrevoir son badge, mauvaise idée, tant pis pour lui si on retrouvait son corps dans le fond d'une benne à ordure. « Dis lui que Lonnie est là et qu'il veut lui parler, tout de suite. Sinon je fais fermer ce tout ce petit bordel ... » Gonflé de confiance par la présence de son badge, même si il savait pertinemment que la plupart des propriétaires n'étaient que très peu impressionnés par les flics, Lonnie s'était approché d'un pas comme pour murmurer à l'oreille du gorille. « Parce que, entre nous, je suis pas sûr que toutes ces jeunes femmes soient majeures. » Il avait encouragé le vigile à jeter un coup d’œil à la file d'attente qui ne faisait que grossir et qui hébergeait maintenant bien plus de jeunes femmes dont le visage ne criait pas "j'ai 18 ans".
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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyMer 19 Juin 2019 - 23:03

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The road is long, with many of winding turns that lead us to who know where, who knows where? But I'm strong, strong enough to carry him - yeah He ain't heavy - he's my brother So long we go, his welfare is my concern no burdon is he to bear, we'll get there
 
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Ce soir, l’ambiance électrique du Confidential Club ne me gagne pas vraiment. C’est comme si, à force de voir continuellement les mêmes scènes se répéter, j’y étais devenu indifférent. Certains spectacles attirent plus l’œil gourmand que d’autres et créent une atmosphère intime, presque chaleureuse, mais je n’arrive pas à y voir autre chose qu’une jeunesse perdue et désespérée, réduite à se vendre faute de mieux, prête à accepter les pires sévices à noyer ensuite dans la drogue ou l’alcool… Je crois que travailler ici me fous même le cafard. Croiser chaque jour tous ces personnes aux rêves brisés, aux sombres destins me renvoie à ma propre misère et ma propre situation d’indécis. Qu’est-ce que tu fous Harvey ? Je suis revenu ici la queue entre les jambes et la tête basse, comme un condamné qui va à la potence à reculons, conscient qu’il ne sera pas épargné et qu’il n’y aura aucune échappatoire. Et pourtant, je rêvais d’un tout autre retour. Quelque part dans ma petite tête d’écervelé, j’ai cru pouvoir revenir la tête haute, brandissant un diplôme prestigieux et un emploi tout aussi renversant – cela aurait justifié mon absence interminable et mon exil Irlandais. Que je croyais… Non seulement, aucun diplôme ne pourrait racheter mes fautes et mes manquements ; mais je n’ai même pas été foutu de réussir. Je suis parti dix ans à l’autre bout du monde avec un but précis en tête et j’ai tout fait foiré sur la dernière ligne droite, comme l’abruti que je suis. Ça me troue le cul d’avoir échoué ! D’avoir saboter mon propre plan. Faut être con quand même, ou aimer s’faire du mal, je ne sais pas trop. Je n’ai pas envie d’y penser dans l’fond, je préfère encore vivre dans une sorte de déni et d’incertitude oisive. C’est à ça que se résume mon existence de toute façon. Je fuis les problèmes, en espérant qu’ils ne me rattrapent pas tout en semant des cailloux à la Hansel et Gretel derrière moi pour m’assurer qu’ils me retrouveront quand même. Totalement paradoxal.

Je fixe le verre vide de soda posé devant moi d’un air absent et me surprend à bailler, la fatigue reprenant ses droits sur mon corps après cette longue nuit de veille. Il est assez tard mais le club reste ouvert quasiment jusqu’à l’aube, recueil de toutes les âmes perdues en quête de perdition – ou de ceux qui ont un peu froid dehors, à partir d’une certaine heure, on n’est plus très regardants sur le client qui entre. Je m’étire et pousse un soupir, peu enclin à faire la conversation aux collègues pour que le temps passe plus vite. C’est une soirée calme, trop calme et ennuyeuse à mourir, mais ce n’est pas suffisant pour tenter de causer avec le gorille de l’entrée qui ne sait pas aligner trois mots et ne comprends ni l’ironie ni le sarcasme. Aussi, je suis en train de me tourner les pouces tout en gardant un œil sur la vaste salle et les podiums de strip-tease. Je pense à Gold Coast, là où j’ai l’intention de me rendre demain pour profiter du calme de la plage en hiver, loin de l’effervescence du centre-ville, mon bol d’air… L’un de mes collègues coupe court à mes pensées paresseuses et me sort de ma léthargie en prononçant cette phrase «  Hey Hartwell ! Y’a un flic dehors pour toi. » D’abord dubitatif, je mets quelques secondes à intégrer ces mots. Puis, je sens mon cœur s’emballer bien vite à l’idée qu’un flic puisse me chercher. « Pour moi ? » Que je répète, hésitant. Sourcils froncés, je masque ma paranoïa par une attitude ennuyée et agacée. Je me mets aussitôt à réfléchir aux raisons pour lesquelles un flic pourrait être à ma recherche, et mes pensées dévient évidemment sur les combats auxquels je peux participer parfois et qui ne sont en rien légaux, mais aussi sur ma mère emprisonnée et là mon palpitant se déchaîne dans ma poitrine, c’est un véritable carnage si bien que je suis en sueur en quelques secondes seulement. « Ouais pour toi, il est en train de faire chier à l’entrée, alors t’y vas et tu l’éloignes de là. C’est d’la mauvaise pub les flics. » Jambes chancelantes, je dois avoir la même allure qu’un détenu dans le couloir de la mort. Ma main glisse sur ma nuque et je serre ma peau pour me donner du courage. Va-s-y, tu verras bien ce qu’il te veut, c’est peut-être rien.

Et alors, masquant difficilement mon trouble, je m’aventure au-dehors et tombe nez à nez avec un Lonnie nerveux et agacé. Décontenancé, je cligne des yeux et observe la ruelle rapidement pour chercher le flic… Je ne réalise que quelques secondes après que c’est Lonnie le flic. Un profond soupir de soulagement passe la barrière de mes lèvres alors que mes épaules s’affaissent et que je m’avance vers lui à la fois contrarié et soulagé. Et puis, l’inquiétude revient rapidement à la charge alors que je croise son regard. Il a l’air de manquer de sommeil lui aussi. « Qu’est-ce que tu fais là Lo’ ? » Direct, je ne m’attarde pas comme toujours. Les ‘comment ça va’ et ‘t’as passé une bonne journée’, ils ne sont pas pour nous. Notre mode de communication est distant et froid, méfiant par précaution car nous pouvons être nos pires bourreaux. « Viens, on marche un peu. » Dis-je après avoir capté le regard insistant du molosse de l’entrée. Je glisse une clope entre mes lèvres et appréhende le froid de la ruelle en frissonnant légèrement. « T’en veux une ? » Je lui tend le paquet de clopes et m’arrête au bout de la rue pour lui faire face, sous la lueur faiblarde d’un lampadaire solitaire.

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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyVen 5 Juil 2019 - 17:21

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Moral dans les chaussettes mais bien déterminé à tout mettre de son côté pour faciliter les choses en finir une bonne fois pour toute avec cette histoire Lonnie s’agrippe au volant de son tas de ferraille en bout de vie, les yeux fixés sur la route et l’esprit concentré sur Harvey, pour ne pas céder à la tentation de faire demi-tour. Dans le calme de la nuit la ville s’anime pourtant, laissant de côté pour quelques heures les mères de famille et leur mini van pour laisser place aux jeunes gens en quête de frisson. Lonnie n’aime pas la nuit, l’agitation de sa ville lui fait peur, et si Harvey en a fait son terrain de jeu le cadet – lui – ne s’imagine pas une seconde avoir à rester éveillé pendant trop longtemps. Encore un point de différence entre les frères Hartwell, noircissant un tableau déjà bien rempli. Dans le coin de son œil le flic aperçoit le club et ses lumières aux néons qui foutent le mal de crâne et donnent la gerbe, un lieu qu’il n’aurait jamais visité dans d’autres circonstances que celles du boulot. Savoir Harvey dans un environnement aussi néfaste que celui-là n’étonne pas Lonnie, sans doute parce qu’il ne donnait pas cher des ambitions de son aîné quand celui-ci à tout plaqué pour s’enfuir, parce qu’il se refusait à imaginer un Harvey plus heureux que lui, qui n’en aurait rien à foutre de tout ce qu’il avait laissé derrière lui. Les mains sur le volant le flic s’arrête sur le bas-côté sans se poser de questions, tant pis pour l’éventuel prune qu’il pourrait prendre si quelqu’un le trouvait trop mal garé à son goût. Il fait les cents pas devant le club, tournant et retournant toutes les fins possibles à cette soirée : 1) Harvey n’était pas là et il avait fait tout ce chemin pour rien. 2) Harvey était bien là mais refusait de le voir, ce qui aurait donné au flic une très grosse envie de débarquer dans le club en hurlant et se frayant un chemin à coup de coudes ou de claques dans la gueule. 3) Ils discutaient, aussi bien qu’ils le pouvaient, et Harvey obtempérait, pour le bien de tous. Même si la dernière solution semblait la moins probable Lonnie avait quand même envie de voir, qu’avait-il de plus à perdre que sa fierté de toute façon ? L’amour d’un frère ? Balancé depuis longtemps aux oubliettes, tout comme la confiance que les deux avaient pu se porter plus jeunes.

Serrant les poings Hartwell s’était frayé un passage jusqu’au gorille à l’entrée qui l’avait retenu du bout de la manche, le badge pourtant facilement visible sous son blouson aurait très bien pu le dissuader de faire quoi que ce soit, à la place Lonnie avait reçu un regard froid suivi d’une invitation à attendre sur le côté plutôt que de faire barrage à l’entrée du club. Demoiselles peu vêtues, jeunes hommes déjà complètement ivres ou intoxiqués, le Confidential Club veillait à sa réputation, celle de laisser entrer n’importe qui (ou quoi) du moment qu’ils avaient de quoi payer une fois à l’intérieur. Les mains tremblantes de nervosité Lonnie ne s’aperçoit de la présence de son frère qu’une fois ce-dernier à sa hauteur, il semble tout aussi troublé que lui par la situation, et il n’a sans doute pas vu la silhouette d’un matelas depuis de nombreuses nuit, ou d’une machine à café. « Qu’est-ce que tu fais là Lo’ ? » ça  l’énerve, de n’être réduit qu’à une moitié de prénom, un vague soupir jeté dans la nuit alors qu’Harvey ne mets même pas les formes pour le saluer correctement. Mais il ne veut pas se laisser emporter le flic, les choses qu’il a à dire sont bien trop importantes pour être mêlées à leur querelle enfantine, alors il se mord la lève tandis qu’Harvey désigne du regard la ruelle située derrière eux. « Viens, on marche un peu. » Comme un gamin que l’on prend par la main pour l’emmener jouer plus loin, ou bien pour le kidnapper, dépendant de la personne. Lonnie se mord l’intérieur de la joue alors qu’il accompagne son aîné, un peu plus loin des regards inquisiteurs du vigile qui ne manquera pas de rapporter les moindres faits et gestes des Hartwell, quitte à faire plonger Harvey. « T’en veux une ? » Son cerveau lui hurle de refuser, de laisser tomber cette histoire et de faire comme si de rien était en soupirant un ‘salut’ du bout des lèvres. Mais le manque de nicotine dans son organisme et la boule dans le creux de son estomac le force à attraper une clope qu’il glisse entre ses lèvres avant de l’allumer. « Je serais pas long, tu pourras retourner … travailler. » Il insiste sur le mot pour en souligner le caractère ironique alors que sa main viens essuyer une goutte de sueur sur son front, étrangement il aurait presque chaud en plein milieu de la nuit fraîche.

« Tu sais que je vais toujours la voir, toutes les semaines. » Là aussi il aurait voulu retenir ses lèvres d’appuyer trop fortement sur les mots, mais il ne peut s’empêcher de nourrir une rancœur contre son frère, tant pis pour les sentiments. « La dernière fois j’ai croisé le chemin d’une femme qui travaille là-bas, Romy Ashby. » D’un geste Lonnie tire de sa poche le paquet de cigarette sur lequel la petite blonde avait écrit son numéro de téléphone avant que le flic ne disparaisse, paquet qui restait maintenant toujours dans le fond de sa poche. « Elle travaille à la prison, elle essaie de convaincre maman pour une possible liberté conditionnelle … elle est persuadée qu’elle peut l’avoir si elle la demande. » Lonnie se charge d’une énorme bouffée de cigarette avant de la souffler lentement, créant autours de lui un petit nuage de fumée opaque qui l’empêche de distinguer clairement le regard de son frère. Un sourire nerveux s’emparent de ses lèvres alors qu’il trouve un coin de marche dure pour y déposer son corps, la tête appuyée dans les mains, la cigarette se consumant dans les doigts. « Mais maman n’acceptera pas … elle lui a déjà dit que ça ne servait à rien. » Etait-ce plus pour le convaincre lui ? Lonnie n’en avait aucune idée, Ashby ayant foutu le bordel dans sa tête. « A moins que tu ailles la voir. » La bombe lancée Lonnie avait détourné le regard pour ne pas avoir à affronter son frère, même si on devait bien reconnaître qu’il avait fait là le premier pas dans sa direction.  
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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyDim 7 Juil 2019 - 0:44

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→ Lonnie attrape la cigarette tendue et se l’allume. Il est nerveux, et je ne le quitte pas des yeux en grillant à mon tour une clope, me demandant bien ce qui l’a poussé à venir me trouver ici au beau milieu de la nuit. Encore sous le coup de la panique qui s’est emparée de moi, je m’astreins néanmoins au calme et relativise comme je peux. – Je serais pas long, tu pourras retourner… travailler.  Je détourne le regard alors que le ton de sa voix souligne clairement son mépris pour le travail que j’accomplis ici.  Il est vrai que c’est bien plus reluisant d’être flic et de bosser pour les mêmes enflures qui n’ont pas su protéger la citoyenne fragile qu’était notre mère. Agacé par sa toute première remarque, je tire un peu plus nerveusement sur ma cigarette et souffle bruyamment la fumée, répondant un simple – Ok. J’ignore ce qu’il me veut, et bien que son ton moqueur me donne envie de le laisser là, au beau milieu du trottoir, je décide de l’écouter et de faire preuve de maturité. Les années m’ont légèrement changé après tout.  – Tu sais que je vais toujours la voir, toutes les semaines. Maman. Encore. La conversation prend directement un tournant que je n’aime pas et je baisse mon regard sur mes chaussures en m’agitant légèrement sur place. J’ai évité de penser à Maman depuis notre dernière rencontre, j’ai évité de penser à la promesse prononcée à la va-vite dans un élan de compassion et de culpabilité, j’ai évité… Comme un lâche. Et qu’il me le rappelle brutalement ce soir me trouble profondément. La honte me recouvre de la tête aux pieds et j’hoche la tête, osant à peine lui jeter un regard. – La dernière fois j’ai croisé le chemin d’une femme qui  travaille là-bas, Romy Ashby. Je relève mon visage vers lui, les sourcils froncés, surpris par l’information. Moi qui pensais me prendre une montagne de reproches, je me retrouve déstabilisé par la tournure de la conversation. Et j’écoute, attentif ,en tirant férocement sur ma clope qui se consume beaucoup trop vite. Je vais peut-être éviter le pugilat fraternel ce soir, mais pour quelle raison ? Méfiant, je laisse Lonnie poursuivre sans l’interrompre. – Elle travaille à la prison, elle essaie de convaincre Maman pour une possible liberté conditionnelle… Elle est persuadée qu’elle peut l’avoir si elle la demande.  Liberté conditionnelle. Les mots frappent, comme le marteau sur l’enclume, et résonnent en faisant vibrer tout mon corps. Transi par l’interdiction, l’impossibilité de comprendre les émotions qui se bousculent dans tous les sens et se répandent partout et nulle part en même temps, je fixe Lonnie les yeux exorbités, l’air dubitatif et interdit. Ce dernier s’assoit sur les marches de l’entrée d’un immeuble et je me rends compte que mes jambes sont chancelantes et ne me soutiennent que miraculeusement. Alors, je m’abaisse brusquement au sol, m’accroupis face à Lonnie que je continue de fixer, en attente de plus d’explications. Pour comprendre ce qui est en train de se passer. Suis-je en train de rêver ?  Mon pouce vient se coller au bout fumant de ma cigarette et la brûlure vive m’assure que non. Je ne rêve pas. C’est bien réel. On parle de liberté conditionnelle. De maman hors de la prison. De ce qui n’avait jamais été envisagé avant. Perpétuité, ça veut dire pour toujours. Mon cœur se met à battre de façon totalement erratique, ça part dans tous les sens et je tremble. Se pourrait-il réellement qu’elle sorte de taule ? L’ambivalence de mes sentiments à son égard me malmène, encore plus avec ce qu’ajoute Lonnie ensuite : – Mais Maman n’acceptera pas…  Elle lui a déjà dit que ça ne servait à rien. A moins que tu ailles la voir. Ahuri, je pointe mon index sur mon propre torse en demandant bêtement : - Moi ?  Que j’aille la voir ? Pourquoi ? Incrédule mais avec le palpitant qui tambourine, le sang qui afflue et les veines qui se resserrent, la pression m’enserre tant que je suis sur le point de défaillir. – Qu’est-ce que ça changera si j’y vais ? Elle peut vraiment la faire sortir de taule ? Pourquoi ? Comment ? Ce que je n’avais jamais osé imaginer un jour se révèle soudainement possible. Mes jambes chancelantes sont sur le point de me lâcher donc je me redresse et vient m’assoir sur la marche, poussant légèrement mon frère au passage. Hébété, totalement sidéré par cette nouvelle à laquelle je ne pouvais pas m’attendre, je sors une nouvelle cigarette la main tremblante et la cale entre mes lèvres. – Si elle ne t’écoute pas toi alors que tu lui rends visite chaque semaine, pourquoi elle m’écouterait moi hein ?  Je ne l’ai pas vu depuis plus de dix ans. Dis-je amer face au triste constat qui s’impose : je ne sais pas qui  est ma mère, contrairement à Lonnie.

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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyLun 5 Aoû 2019 - 18:30

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Trouver Harvey était une chose, après tout l'aîné n'avait jamais vraiment caché son boulot ni ses habitudes et son jeune frère n'avait pas eu du mal à dénicher l'information sur son lieu de travail en farfouillant un chouïa dans les dossiers de la police. Alors oui, mettre la main sur son frère avait été chose facile pour Lonnie malgré la boule dans son estomac et la main griffue qui s'était emparée de ses entrailles alors qu'il avait mis un pied en dehors de la voiture. Pourquoi s'imposer ça maintenant ? Le bleu avait déjà assez de problème, assez de préoccupations entre les mains pour ne plus trouver le sommeil. Pourquoi là, ce soir ? Pourquoi de vive voix alors qu'il aurait très bien pu se contenter de trouver le numéro d'Harvey ? Frottant la ride du lion qui était apparue sur son front alors qu'il attendait patiemment que son frère soit averti de sa présence, Lonnie avait tourné et retourné la conversation dans son esprit, les mots se remplaçant toujours par d'autres, les questions se transformant en ordres, les demandes en supplices. Harvey, le visage tendu, avait fait glisser une cigarette entre ses lèvres avant de tendre le paquet à son cadet qui ne s'était pas fait prier pour prendre une cibiche nerveusement. La clope de trop, de pas assez. Les mains tremblantes contre le jean de son pantalon le bleu avait trouvé refuge sur une petite marche en pierre froide inconfortable, refermant ses bras autours de ses genoux dans une position enfantine et vulnérable. Tu vois Harvey, je suis toujours le gamin que tu as connu, je fais juste semblant de jouer à l'adulte. Il déballe l'histoire le gamin, non sans jouer sur la corde sensible en s'appuyant sur une voix tremblant qu'il n'avait – de toute façon – pas contrôlée. Romy elle avait les idées claires, bien pensées, elle avait réussi à creuser son trou dans l'esprit pourtant hermétique du flic, le poussant même à chercher du réconfort auprès d'un frère qui n'avait jamais été là pour lui. Quelle connerie, de croire qu'à lui seul il pourrait régler tous les soucis de sa mère, qu'il serait le roc sur lequel elle pourrait s'appuyer pour le reste de ses jours. En vérité il n'était qu'un enfant apeuré, encore secoué par la mort d'un père violent et l'enfermement d'une mère qui aurait donner sa vie pour protéger ses gosses. Son discours se meurt entre ses lèvres alors qu'Harvey essaie de comprendre, son visage éclaboussé d'une vérité à laquelle il ne s'attendait pas, ses yeux vagabondant entre son frère et la ruelle vers laquelle il aurait sans doute bien aimé s'enfuir. Dis quelque chose Harvey, ne reste pas un suspens alors que j'ai si peur, que j'ai si froid. Ils éteignent tous les deux la clopes qui, de toute façon, s'est laissée mourir aux bouts des doigts du flic qui n'a tiré dessus que deux fois. « Moi ?  Que j’aille la voir ? Pourquoi ? » Parce que j'ai besoin de toi Harvey, parce qu'elle a besoin de toi. La tête entre les mains Lonnie laisse traîner sa réponse un moment, rassemblant ses idées comme son courage alors que ses mains tremblent toujours. « Pour lui parler, ou juste lui montrer que tu es venu … T'es même pas obligé de lui parler si tu veux pas … » Il n'arrive pas à dire la vérité Lonnie, à exprimer clairement son souhait de peur de se faire rejeter par ce frère qui l'a déjà laissé tomber par le passé. Une fois mais pas deux Harvey, tu ne m'aura pas cette fois, tu ne me fera plus jamais souffrir. « Qu’est-ce que ça changera si j’y vais ? Elle peut vraiment la faire sortir de taule ? Pourquoi ? Comment ? » Nerveusement le flic attrape son paquet de clope qui, dans la poche intérieur de son manteau, descend à vu d'oeil depuis quelques jours. Il allume le bout d'un geste vif avant d'expulser la fumée dans le visage d'un Harvey qui ne comprend toujours pas les enjeux de cette situation, qui ne trouve pas de réponse aux interrogations, pas de lumière au bout du tunnel. « J'en sais rien ok ? C'est Ashby qui a les réponses, pas moi. » Sur le paquet de clope vide dans sa poche de jean le numéro de la jeune femme qui doit sans doute attendre le verdict, le couperet, qu'apportera cette conversation. « Tout ce que je sais c'est qu'elle a de bonnes chances de sortir... » C'est la première fois que le contact physique est rétabli entre les deux frères sans que ce dernier soit agressif, et god que ça fait du bien au flic dont le corps se fige alors qu'Harvey se positionne à côté de lui en silence. T'es un connard Harvey, mais dieu que tu m'as manqué. Sans rien dire le gamin Hartwell tends le cigarette fumante à son frère, calumet de la paix. « Si elle ne t’écoute pas toi alors que tu lui rends visite chaque semaine, pourquoi elle m’écouterait moi hein ?  Je ne l’ai pas vu depuis plus de dix ans.. » Lonnie soupire lourdement avant de reprendre la cigarette des doigts de son frère et d'aspirer la fumée lentement. « Je sais pas Harvey … pour la première fois depuis longtemps, je suis complètement perdu. » Il peut sentir les larmes le gamin, tentant de percer la barrière de ses paupières pour montrer au monde la tristesse de son âme, la solitude qu'il éprouve un peu plus tous les jours. « Mais je pense qu'elle serait capable d'accepter cette condition si on lui offre notre pardon... le tien, surtout. » Il tire sur la clope jusqu'au mégot qu'il jette devant lui dans la ruelle avant de regarder, pour la première fois, son grand frère dans les yeux. « Elle le mérite Harv … si tu ne veux pas le faire pour elle, fais le pour moi. » C'était une offre de paix balancé à vive voix par le bleu qui, sans le vouloir, venait de percer lui-même un trou dans sa carapace pour y laisser entrer un peu de lumière, un peu d'espoir. Je t'en pris Harvey, aide moi à reconstruire tout ça, aide nous à nous retrouver.   
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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyDim 18 Aoû 2019 - 22:05

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→ Nous sommes là, posés comme deux cons sur les petites marches inégales d’un immeuble choisi au hasard, devenu lieu de recueil pour ce soir face à notre détresse profonde et commune. Nous sommes là, les frères Hartwell, réunis plus de vingt ans après le drame, dans un tableau affligeant rempli de désespoir, tous les deux perdus au milieu de la nuit, à tirer et souffler sur le même bâtonnet de cigarette, un goût de cendre et de braise dans nos bouches. Et ce n’est ni le froid glacial qui gifle nos joues, ni l’atmosphère lugubre de la ruelle simplement baignée d’une lueur jaunâtre que dispense un lampadaire vieillot ; ce ne sont pas les cris étranges des bandes de jeunes alcoolisés parcourant les rues ni l’ambiance lourde et pesante qui règne sur Brisbane en ce début de week-end ; non ce ne sont pas tous ces faits là qui alourdissent nos cœurs et nous rendent l’un et l’autre apathiques, en quête d’un souffle tout autre, venu d’ailleurs, salvateur. Ce qui nous tord les boyaux ce soir, c’est la possibilité d’un changement radical sur nos situations respectives, l’éventualité que l’avenir puisse être différent sans que cela ne soit de notre fait, sans que nous ne puissions rien y contrôler. Et par ricochet, le constat implacable qui vient de fait : nous n’avons pas réussi à vivre ces vingt dernières années. Où est donc passé le temps gâché ? Il est parti dans de tristes années ce temps de liberté, affranchis du joug d’un père maltraitant, abandonnés par une mère dont le dernier acte d’amour fut criminel, qu’avons nous fait de notre jeunesse chérie ? Nous l’avons bafoué et meurtri, nous avons brimés nos cœurs et nous nous sommes interdits de rêver. Car l’espoir porte ceux qui ne sont pas encore détruits, et notre foyer s’est effondré dès la première décennie. Enfants perdus, gamins des rues, en errance et avec un besoin d’amour bien trop grand pour être comblé, refusant l’aide et la pitié, nos chemins ont fini par se séparer. Est-ce que c’était trop douloureux de lire la peine en miroir au fond de tes yeux ? Est-ce que c’était trop affreux de ressentir l’injustice, de ne pas réussir à sécher nos larmes coupables, d’essuyer les remarques et les coups que la société, pernicieuse, a continué de nous donner. Gamins habitués à encaisser, à courber l’échine et à la fermer, nous nous sommes murés l’un et l’autre dans un silence qui a fini par creuser, comme une vaste tombe, un trou immense entre nous. Et par dépit, nous avons lutté, chacun de notre côté en espérant un jour pouvoir nous retrouver et prendre notre revanche, construire ce foyer qu’on nous a enlevé et arraché alors que nous n’étions que des enfants. Avec un espoir futile, un espoir naïf, mais un espoir féroce, accroché aux tripes qui nous a permis d’avancer malgré tout et de nous relever après chaque coup du sort et du destin. Ce même espoir qui, ce soir, nous réuni avec la promesse d’un avenir tangible et bancal.

Et je ne sais pas si j’en veux de cet avenir là en fin de compte, je ne sais pas car si Gail Hartwell n’avait pas réussi à faire tenir son foyer il y a vingt ans, comment pourrait elle le porter aujourd’hui ? Et est-ce que ce foyer, cette illusion, avait réellement besoin de renaître de ses cendres ? N’était-il pas mieux oublié et carbonisé dans le passé, avec toutes les horreurs et nos rêves désabusés ? Et puis le revendiquait-elle d’ailleurs ? Lonnie venait de dire qu’elle refusait la liberté conditionnelle ? Pourquoi ? Etait-ce si bien finalement la prison ? Était-elle contente de nous avoir lâchement abandonné à notre triste sort? Ou était-elle trop lâche finalement pour affronter la réalité ? Celle qui vit au-delà des murs épais et des grillages, des procédures, des avocats et des parloirs, des matons, des détenus et des cellules. Celle qui existe au-delà, la vie, la vraie, dure à affronter, intransigeante et exigeante. Celle qui nous met à l’épreuve à chaque instant, celle qui nous pousse à bout, nous offre des instants de répit et de bonheur pour tout nous arracher ensuite avec violence. Parfois, je me sens aussi bien trop lâche pour cette vie. Alors je lui demande à Lonnie, pourquoi moi, pourquoi serait-ce à moi de la convaincre d’embraser ce chemin pénible qu’est la vie ? Je ne saurais pas vraiment être convaincant par ailleurs et j’ignore si je suis en droit de la pousser à faire un choix, alors je reste un peu hébété, un peu ennuyé aussi, hésitant et mal à l’aise. « Pour lui parler, ou juste lui montrer que tu es venu... T’es même pas obligé de lui parler si tu veux pas. » Je fronce les sourcils, toujours aussi embarrassé par cette demande dont le but me semble nébuleux. Au delà du fait que je doute des effets positifs que pourrait avoir une visite de ma part à ma mère, me rendre à la prison me fait froid dans le dos. J’ignore comment il fait Lonnie, comment il a fait toutes ses années durant, pour passer les portiques et la sécurité, pour affronter les couloirs austères et le parloir lugubre, car rien qu’à l’idée d’y retourner cela me provoque des sueurs froides. Alors je le questionne et j’exprime mes doutes, mes incertitudes et ma peur qui transparaît dans chacune de mes questions affolées. La peur d’un peu tout, cocktail dangereux qui éclate le cœur et noircit l’esprit, mais surtout de devoir faire face à ma génitrice que j’ai rendu responsable de tous mes échecs. « J’en sais rien ok ? C’est Ashby qui a les réponses, pas moi. » Ashby. J’intègre le nom, ainsi que les informations distillées au compte goutte. Elle travaille à la prison et pense pouvoir obtenir une liberté conditionnelle à notre mère. Ashby. Un nom à retenir, assurément. « Tout ce que je sais, c’est qu’elle a de bonnes chances de sortir... » Je lève les yeux vers le ciel peu étoilé, la luminosité de la ville gâche complètement son éventuelle contemplation de toute façon, mais je n’observe pas le ciel en quête d’espoir ce soir, je lève juste la tête pour chasser le voile d’émotion qui vient de se poser devant les yeux. Car, c’est à cet instant que je comprends ce que veut Lonnie, la raison pour laquelle il est venu me trouver ce soir, pourquoi il baisse les armes et se montre vulnérable à venir quémander l’attention du grand absent de sa vie.

Il n’a plus besoin de parler, Lonnie, plus vraiment besoin de m’expliquer pourquoi il est là et pourquoi il veut que je rende visite à notre mère. Je sais, petit frère. Ta mère te manque, tu t’infliges une véritable torture depuis vingt ans à lui rendre visite toutes les semaines, tu as besoin d’elle. Besoin qu’elle te montre que tu n’as pas fait tout ça pour rien, que ça en valait la peine, que tu t’es comporté comme un bon fils et que tout ce temps passé à la prison n’a pas été vain. Tu la rêves, cette relation maternelle idyllique, les bons petits plats que Maman prépare le dimanche et toutes les petites attentions, tu la rêves si fort, Lonnie. J’arrive à percevoir les petits bouts éparpillés de ton rêve dans le ciel ce soir, et ça me touche. L’émotion le gagne, j’attrape la cigarette et tire dessus avant de la rendre à son propriétaire. J’ai compris, Lonnie, je sais ce que tu veux que je fasse. Je sais ce que tu veux mais j’ai besoin que tu me le confies, je veux que tu me dises clairement ce que t’attends de moi avant de te répondre. Car je me suis trompé si souvent avec toi... si souvent. La blessure est suintante, jamais cicatrisée, tel un gouffre béant de douleur et de peine où la culpabilité écrasante s’est engouffrée pour s’y établir. « Je sais pas Harvey... pour la première fois depuis longtemps, je suis complètement perdu. Mais je pense qu’elle serait capable d’accepter cette condition si on lui offre notre pardon... le tien, surtout. » J’ignore s’il a raison, tout comme je ne me sens pas capable de pardonner à notre mère mais j’attends la suite car il n’a pas fini de parler Lonnie. Et son regard larmoyant se relève vers le mien, nos prunelles se croisent et s’accrochent alors qu’il formule enfin son souhait, les barrières tombent et la vérité s’impose. « Elle le mérite Harv ... si tu ne veux pas le faire pour elle, fais le pour moi. » Et c’est avec soulagement que j’accueille ces mots, car ils reflètent mon état d’esprit et m’offrent le parfait alibi pour ne pas faire face à mes propres angoisses et peurs profondes. Je n’ai pas à pardonner à ma mère, pas réellement du moins. Tout ce que j’ai à faire, c’est soutenir mon petit frère qui vient de me tendre la main ce soir. Je n’ai pas à faire face à la rancoeur ou à la haine, pas à m’imaginer construire quoi que ce soit avec celle qui a détruit tous mes rêves de gosse et m’a livré en pâture à la société alors que je n’étais pas prêt. Est-on jamais réellement prêt pour l’abandon ? Les yeux dans les yeux, je n’hésite donc pas longtemps avant de répondre avec certitude « Je le ferai. » Encore une fois, je ne réfléchis pas vraiment à ce que tout cela implique. Les déplacements à la prison, la rencontre de cette fameuse Ashby, une confrontation obligatoire avec ma mère... J’occulte tout cela pour palier à plus urgent : la détresse de Lonnie. J’oublie momentanément tout ce que cette requête justifiée va me couter à moi, à quel point mon coeur va saigner et mes poumons vont s’asphyxier, j’oublie les cauchemars qui vont m’empêcher de dormir, la peur panique qui commence dès à présent à s'infiltrer partout, j’oublie tout ça car je ne supporterai pas de lire une énième déception dans le regard de Lonnie ce soir. Aujourd’hui, on m’a regardé avec amour toute la journée, je n’ai pas envie de gâcher ça. Et même si c’est égoïste, même si je vais me flageller par la suite et vouloir me tuer pour cette réponse trop rapide, je la formule d’une voix assurée et franche et poursuis sur le même ton « Je veux rencontrer Ashby avant, m’assurer que son dossier est correct. Tu y as déjà jeté un coup d’œil ? Elle est vraiment sure de son coup celle-là ? » Parce qu’il est évident que si je dois me jeter dans cette affaire, ce n’est pas pour un vague espoir jeté comme un os rongé à la moelle a des chiens affamés. « Tu crois que tu pourrais nous obtenir un rendez-vous ? » Et l’espoir se met à briller dans les yeux de Lonnie qui reflètent le bout de la cigarette que je viens tout juste d’allumer. Fumer pour se donner contenance, fumer pour ne pas s’effilocher au gré du vent, fumer pour cacher l’émoi qui s’empare brutalement de moi.

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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyVen 23 Aoû 2019 - 21:04

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Se confier, faire tomber les barrières et les non-dits afin de quémander comme un enfant, supplier ce frère parti trop vite et trop longtemps de prendre le peu de courage qu’il lui reste pour bâtir quelque chose de bien, pour redresser un cadet qui ne tient plus debout, qui ne sers plus à rien. Dans la fiable lueur du lampadaire qui les éclaire Lonnie et Harvey se recroquevillent à la recherche d’un peu de chaleur humaine, d’un peu d’attention qui a tant manquée à la leur vie et ceux depuis si longtemps. Plus de papa pour apprendre à jouer au rugby ou à faire les lacets, plus de maman vers qui se tourner quand on tombe à vélo et qu’on s’érafle le genou au sang, plus rien que les deux gamins Hartwell dont les bouilles encore baveuses ont fait la une des journaux ce soir-là. Tirant sur la clope comme un forcené Lonnie a du mal à contenir sa sensibilité, son cœur qui s’échoue maladroitement aux pieds de son frère, toute cette tension qu’il n’arrive pas à sortir depuis de longs jours maintenant. Il pourrait mettre tout ça sur le dos d’Ashby et se contenter d’attendre que la jeune femme revienne au galop, mais même dans la dureté de ses paroles la blonde avait raison, ils n’ont pas le droit de priver leur mère d’une nouvelle vie simplement parce qu’ils sont en colère. Meurtris par son absence, rendu hostile à toute approche par peur de l’abandon, le flic ressemble à son frère même si ça le tuerait de l’avouer. Il a la même étincelle dans les yeux, la même rage qui lui colle à la peau, et quand bien même il a choisi de la contenir en exerçant un métier où la discipline et le contrôle sont de rigueur, Lonnie se bats tous les jours pour éviter de devenir le même monstre de colère que l’était son père, que l’est son frère aujourd’hui. Ça fuse dans l’esprit du petit bleu qui enchaîne les clopes, serrant dans sa main le paquet sur lequel la conseillère a inscrit son numéro avant de disparaître, si seulement elle savait maintenant tout le merdier qu’elle a laissé derrière elle. Il a envie de chialer, de tout péter, de renverse sa colère sur les passants, sur ces adolescents à peine sortis des jupes de leur mère et qui pensent déjà que la vie n’en vaut la peine que si on se détruit, qu’il n’y a pas d’autres moyen de se faire entendre que de rallier une société qui leur a tout donné. Les yeux du gamin s’égarent un instant sur les jeunes femmes à moitié dénudées qui se pavanent aux bras des petites frappes de la ville, persuadés d’être les nouveaux caïds. L’un d’entre frappera sa femme, sa copine, sa sœur, c’est statistique, ça finira par arriver. Peut-être qu’elle ne fera rien, qu’elle se contentera de se taire pour ne pas attirer l’attention, peut-être même qu’elle se persuadera de l’avoir mérité. Elle serait encore là maman si elle avait pris sur elle plutôt que de commettre l’irréparable. Chaque dimanche la famille Hartwell se retrouverait autours d’une table, d’un pain de viande ou d’un bœuf mijoté, Harvey abordant fièrement le sourire du mec à qui tout réussi, Lonnie se vantant d’avoir eu une belle promotion au boulot. Papa aurait le regard noir, un peu absent, mais un fin sourire sur les lèvres. Maman, elle, le regard fatigué et les coins de la bouche tombant, aurait caché les bleus sous un grand tablier et des manches longues.

Le cœur aux bords des lèvres le bleu fait glisser la cigarette sur le bout de ses doigts pour la passer à son frère qui ne dit rien, qui se tait depuis un long moment afin de laisser tout le temps  à Lonnie d’exprimer ce qu’il ressent. Et ça lui fait du bien de se livrer, de ne pas être couper dans son discours comme il l’est tant de fois au boulot et dans la vie de tous les jours. Oh Harvey, il y aura toujours en toi une envie de me protéger du monde. Les mains tremblantes, Lonnie s’imagine une réalité où Gail Hartwell serait libre d’aller et de venir comme bon lui semble, où elle pourrait respirer un autre air que celui de la prison, où ses faits et gestes ne seront plus observés à la loupe par des gardiens. Etait-elle prête à affronter cette réalité ? A ce replonger dans une ‘vie normale’ ? Si Lonnie essayait de se persuader qu’il serait là pour elle afin de l’aider du mieux possible dans sa reconversion, il ne pouvait s’empêcher de croire qu’elle serait mieux épaulée par Romy pour faire face aux nouveaux dangers et aux nouvelles pressions du monde. Fallait-il encore qu’elle accepte de sortir, qu’elle baisse la garde et se laisse enfin approcher sans détourner immédiatement la conversation sur une énième recette dont elle avait le secret. Harvey était une partie de la solution, une pièce manquante dans l’énigmatique puzzle qu’était la mère de famille, et tout ce dont Lonnie avait besoin c’était d’un souffle de la part de son frère, d’une parole acquiesçant afin de retrouver un semblant de souffle, un semblant de vie.  Ça n’est pas mince affaire que de convaincre un gamin au cœur brisé de retourner voir son bourreau, de se laisse happer par le monstre d’obscurité qui a détruit sa vie et l’a laissé seul, abandonné, mais c’est la seule solution qui leur reste. Les sourcils froncés sur le visage de l’aîné ne laissent pourtant rien présager de bon, et le flic doit retenir sa colère sous peine de la voir exploser au nez de son frère qui ne dit rien depuis un moment, qui se contente d’écouter en tirant péniblement sur une clope qu’ils échangent depuis de longues minutes maintenant. Ça n’est pas Lonnie qui détient les réponses aux interrogations de son frère mais bien la petite blonde qui a creusé son trou dans l’épave familiale, parée de bonnes intentions, persuadée d’être la voix de la raison.  Quand Harvey lève les yeux au ciel son cadet sait pertinemment que ce n’est pour contempler le voile bleuté qui est maintenant descendu sur eux, mais bien pour cacher une potentielle émotion qui le rendrait fragile, sensible. A cet instant, le regard posé sur ce frère qui se cache de ressentir des choses comme si c’était une honte, Lonnie sait que ses paroles ont trouvés le moyen de percer la carapace de son frère, il sait que sa voix est entendue. C’est peut-être son désir de famille unie qui le pousse aujourd’hui à se blottir contre celui qui s’est échappé de sa vie des années plus tôt, un rêve enfantin de retrouver de nouveau maman derrière les fourneaux et Harvey à ses côtés qui s’échappe entre ses lèvres en même temps que la fumée de sa cigarette. Un rêve idiot de gamin à qui sa famille manque.

Fait le pour moi Harvey. Fait le pour ces instants de ma vie que tu as choisi de louper. Pour toutes ces fois où j’ai hurlé ton nom dans mes cauchemars. Pour tous ces jours où je me suis retenu de te retrouver. Le regard recouvert d’un voile larmoyant Lonnie s’affaisse, laisse tomber ses épaules d’habitude si fières, se brise en mille morceaux aux pieds de son frère. « Je le ferai. » Le flic respire enfin, de cette longue inspiration que l’on prend après une apnée trop profonde, il en pleurerait presque de savoir que son frère mets enfin de côté sa fierté personnelle pour répondre au plus urgent, pour assumer son rôle d’ainé et permettre à Lonnie de ne plus avoir autant de poids sur les épaules. « Merci. » Des paroles mangées par un sanglot qui emporte le corps frêle du cadet, par un sursaut imprécis qui le fige dans la nuit, les bras collés à ceux de son frère à la recherche d’un peu de chaleur. « Je veux rencontrer Ashby avant, m’assurer que son dossier est correct. – Lonnie ne peut que se sourire à l’entente de cette phrase, lui qui s’imaginait bien son frère en train de défendre la veuve et l’orphelin. Tu y as déjà jeté un coup d’œil ? Elle est vraiment sur de son coup celle-là ? » Tournant et retournant entre ses doigts le paquet de cigarette malmené Lonnie hausse les épaules avant de passer une main rapide contre sa barbe naissante, qui ne sera jamais aussi longue que celle d’Harvey malgré toutes les tentatives. « Assez sûre pour me tenir la grappe une heure sur le parking de la prison en tout cas. » Il a le sourire, quand même, en repensant à la petite blonde aux joues rougies qui s’est précipité vers lui dans une tentative de lui faire ouvrir les yeux. On ne pouvait pas enlever à Romy Ashby sa drôle de façon de faire irruption dans la vie des gens. « Je pense qu’elle tient à maman … quelque part … alors elle ne se donnera pas la peine de se battre dans le vent. » Combative était le mot, malgré toutes les emmerdes qu’elle avait amenée avec elle dans sa vie le flic ne pouvait pas retirer à la conseillère qu’elle s’était battue bec et griffes pour obtenir ne serait-ce qu’un ‘peut-être’. « Tu crois que tu pourrai nous obtenir un rendez-vous ? » Harvey, la clope pendante aux bouts des lèvres, le chevalier en armure brisée. Pour la première fois depuis des années Lonnie sent une ouverture dans sa relation avec son frère, une possibilité de voir plus loin qu’un échange de regards teintés de reproches qu’ils se balancent à la gueule à la première occasion venue. « Ouais, je peux faire ça. » Sur une page du petit carnet toujours rangé dans sa poche intérieure Lonnie gribouille son numéro de téléphone d’une main tremblante avant de le glisser vers un Harvey dont le regard s’est encore perdu. « Tiens, tu me dis quand tu es disponible et je vois avec elle. » Foutu pour foutu le bleu attrape la dernière clope de son paquet avant de la porter à ses lèvres, laissant son mouvement en suspens alors que – du coin de l’œil – il observe la file de jeunes qui s’est amoindrie. « T’es là depuis longtemps ? » Histoire de faire la causette, histoire de prolonger un peu cette nuit où, pour la première fois depuis longtemps, les frères Hartwell sont redevenus des frères.  
  
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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyVen 30 Aoû 2019 - 22:26

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→  La pression redescend brutalement avec la promesse de mon engagement. Il y croit, Lonnie, il y croit fermement et lorsque je regarde ses prunelles céruléennes éclatées et larmoyantes, je ne peux m’empêcher de me gifler mentalement. Combien de fois l’as-tu déçu ? Abandonné ? Combien de fois me suis-je détourné de mon petit-frère pour le laisser à son triste sort, sous la main accusatrice et violente de notre père dominé par sa fureur ? Je me suis senti si souvent pitoyable face à ton regard, Lonnie. Si tu savais comme je m’en veux… De n’avoir pas su te protéger, de t’avoir évincé de ma vie au moment où j’aurais dû te soutenir, de t’avoir relégué au second plan en me persuadant que c’était mieux ainsi, que je ne te causerai pas plus de tort de cette façon. Plus tu étais loin, plus tu étais en sécurité. Et encore aujourd’hui, je suis incapable de savoir si j’ai eu raison ou tort. On ne peut pas changer le passé, n’est-ce pas ? Mais peut-être qu’il y a de l’espoir pour l’avenir. Je ne fuis plus en tout cas, je suis là et je vais essayer de ne pas te décevoir davantage, même s’il y a peu de chances pour que je remonte dans ton estime un jour, au moins j’aurai la satisfaction d’avoir fait ce qu’il faut. Pour toi, pour t’offrir ce que tu rêves en espérant que notre mère ne détruise pas tous tes espoirs sitôt sortie de taule. Si elle sort… Car avant cela, il faut que je m’assure de la fiabilité de cette Romy Ashby. Je me méfie des gens qui font des promesses : ils insufflent l’espoir pour tirer profit des désespérés. Lonnie et moi sommes désespérés, il est si facile de se jouer de nous ! Alors, je préviens le petit-frère, je ne le laisserai pas sombrer à cause d’une nana qui veut bien faire son travail, aussi charmante et professionnelle soit elle. – Assez sûre pour me tenir la grappe une heure sur le parking de la prison en tout cas. Cette information, accompagnée d’un sourire légèrement rêveur de Lonnie, me laisse perplexe. Sur le parking de la prison… Cela voudrait dire qu’elle lui a couru après pour obtenir des réponses. Je ne sais pas trop quoi en penser, m’étant volontairement éloigné de l’univers carcéral pour des raisons évidentes alors je me contente d’adopter un air dubitatif quand Lonnie ajoute – Je pense qu’elle tient à Maman… quelque part… alors elle ne se donnera pas la peine de se battre dans le vent. A nouveau, je fronce les sourcils et caresse d’un air préoccupé ma barbe en demandant – C’est l’impression qu’elle t’a fait ? De tenir à … Maman. Pourquoi à ton avis ? Pourquoi notre mère attirerait-elle la sympathie maintenant, elle qui a été jugée si sévèrement pour son acte désespérée ? Je suis sur la défensive, et peut-être que ce sont mes peurs qui parlent pour moi mais je ne peux pas m’empêcher de trouver cela suspect. La crainte de voir tous les espoirs de Lonnie s’envoler en fumée me serre le ventre, car je le sens si désireux de tourner la page ‘prison’, celle qui lui a pris vingt bonnes années de vie. Et je crois qu’il est déjà trop tard, que les mots d’Ashby se sont enfoncés bien trop profondément dans son esprit et qu’il s’y accroche Lonnie, comme un assoiffé à sa gourde pendant la traversée du désert, il s’y accroche fermement à cet espoir infime, à la possibilité de récupérer sa mère auprès de lui, de pouvoir la serrer dans ses bras et d’obtenir l’étreinte maternelle tant désirée, tant attendue aussi. Mais rien ne se fera facilement. Rien n’est jamais facile. Et même si Ashby a raison, même si cette liberté conditionnelle peut lui être attribuée, la procédure peut s’avérer longue et pleine d’embûches alors je reste sur mes gardes. Je sais aussi que si Ashby a réussi à charmer mon frère, je serais bien plus difficile à appâter. – Ouais, je peux faire ça. Je l’observe noter un numéro de téléphone sur le calepin qu’il sort de sa veste. – Tiens tu me dis quand tu es disponible et je vois avec elle. Récupérant le bout de papier déchiré, j’hoche la tête et le plie soigneusement avant de le glisser dans la poche arrière de mon jean en me contorsionnant sur l’escalier de béton. – Je serais dispo peu importe l’heure du rendez-vous, mes horaires ne sont pas emmerdants. Je travaille toutes les nuits du jeudi au dimanche, ce qui me laisse toutes mes journées de libres pour les rendez-vous divers. Je n’aurais aucun mal à me libérer pour ça. - T’es là depuis longtemps ? Un bref regard vers le Confidential Club et j’hausse les épaules. Ce boulot ne me passionne pas, ça paie juste bien les factures pour le moment. – Depuis février. Ça paie bien, c’est pas si contraignant. Et surtout on ne me fait pas chier. Je me pointe à l’heure, je fais mon taf et je repars sans rien demander à personne. Parfois j’interviens, souvent même pour calmer les ardeurs de certains clients, virer ceux qui sont trop éméchés et qui se laissent emporter par la fièvre des lieux. Je ne considère pas mon job comme ingrat, et bien qu’il soit peu reluisant, il m’offre suffisamment de liberté pour que je le garde. J’ai un sacré problème avec l’autorité en général, et mon parcours scolaire bancal le prouve largement. Je dois mes diplômes à une étrange ténacité et une volonté farouche de prouver que je n’ai pas rien dans la tête. ‘Tous dans les muscles, rien dans la tête, n’est-ce pas boy ?’ Je grille une énième cigarette, le regard las et j’ose demander – Et toi, ça fait longtemps que t’es entré dans la police ? Mon regard fuyant qui erre sur les passants goguenards témoigne de ma gêne face à ce choix de carrière. Je n’ai jamais eu d’excellents rapports avec les forces de l’ordre, et je préfère largement les éviter. Nous avons beau partager le même sang, Lonnie et moi, nos choix de vie semblent très différents. - Elle est comment Maman ? J’veux dire… Elle te parle de quoi quand tu vas la voir ? La question me brûlait trop les lèvres pour que je ne la pose pas. Revoir ma mère me terrifie, j’ai peur de ce que cela peut provoquer en moi, j’ai peur de la souffrance, j’ai peur de ne pas réussir à dominer ma colère, ou ma douleur. J’ai peur de m’effondrer en la voyant, ou d’exploser. Tout est possible. Tout et rien. Tant que je me tenais loin d’elle, je n’avais pas à me poser de questions. Désormais… tout sera différent. – T’as une idée de c’qui pourrait la convaincre de sortir de là-bas ? Puisque c’est de ça dont il est question : la faire sortir de taule. Légalement. Et s’il faut lui insuffler du courage, autant se concerter tous les deux sur la marche à suivre. Je porte à mes lèvres mes mains meurtries et me ronge un ongle nerveusement, crachant le bout au sol, je retourne mon regard sur Lonnie cherchant son accord, mais surtout son appui. S’il faut qu’on fasse équipe, petit-frère, faisons-le correctement toi et moi.  

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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyLun 14 Oct 2019 - 16:18

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C'était con de penser que tout pouvait s'arranger ici, assis comme deux cons sur les marches crasseuses d'un immeuble noircit par le temps et la pollution de la ville. Parce que dans la tête du flic cette rencontre c'était déjà jouée des centaines de fois, et à chaque fois elle se terminait par son poing fracassant la gueule de son frère. Mais pas là, pas maintenant qu'il était en train de céder sous la pression accumulée depuis quelques semaines déjà. Il n'avait pas envie de lui foutre son poing dans la gueule mais il n'allait pour autant arrêter de croire que son frère avait encore un long chemin à parcourir avant de retrouver une once de crédibilité dans les yeux d'un Lonnie bien trop souvent déçu par les actions de son aîné. Il n'avait personne d'autre à qui se confier, c'était ça la triste vérité. Même si Anwar avait depuis longtemps dépassé le stade du simple collègue Lonnie n'était pas encore complètement à l'aise à l'idée de se mettre à nu devant l'inspecteur qui avait sûrement d'autres chats à fouetter que d'entendre le bleu se plaindre encore et encore que sa vie pue la merde, quant à Finn .... et bien le flic n'avait que très peu envie de le déranger, gardant dans un coin de sa tête que le Coverdale avait - lui aussi - des passages à vide en ce moment. Alors il n'y avait que Harvey et sa gueule de zombie, Harvey qui essayait de comprendre sans forcément réussir à trouver les mots. Harvey qui avait trop loin trop longtemps, mais qui connaissait par coeur les mimiques de son cadet. Du battement de cil incertain au tressautement de ses lèvres signifiant que le coeur était trop lourd à porter, les épaules pas assez fortes pour affronter cette histoire sans céder. « C’est l’impression qu’elle t’a fait ? De tenir à … Maman. Pourquoi à ton avis ? » Dans la fumée de cigarette qui les enveloppe, qui les protège du reste des gens, Lonnie peut sentir la frustration d'un frère qui voudrait faire de son mieux mais qui ne comprend pas, qui a peur de se laisser emporter dans une histoire sans queue ni tête qui finirait par lui faire du mal à lui, ce petit frère perdu qu'il n'avait vraiment réussi à protéger. « Elle ferait pas tout ça si ça n'était pas le cas ... Je pense qu'elle à une relation particulière avec maman ... plus intense qu'avec les autres. » La dernière latte qu'il tire sur la dernière clope de son paquet lui brûle les lèvres, alors il la laisse glisser entre ses doigts jusque sur le trottoir avant de passer une main dans ses cheveux tout en recrachant la fumée. « A vrai dire j'en sais rien ... peut-être que j'ai tout faux depuis le début. » Peut-être qu'il n'est juste qu'un con avec des idées trop grandes et des rêves trop beaux, après tout ça ne serait pas la dernière fois qu'il fantasme une vie plus simple. En agrippant le petit carnet sur lequel il note son numéro personnel Lonnie se précipite, imagine une relation avec ce frère disparu en espérant secrètement ne pas retomber dans les méandres d'un souvenir, d'un a peu près. Harvey entre à nouveau dans a vie parce qu'il le décide, mais surtout parce qu'il en a besoin, de cette présence, de ce réconfort qu'il ne trouve nul part ailleurs si ce n'est dans les bouteilles qui remplissent son appartement. Un lâche, trop fragile pour affronter le monde, la vérité, les gens qui lui collent sa propre solitude dans la gueule. C'est de ce frère dont il a besoin, celui qui réussira à lui montrer que la solitude ça se combat et que les nuages ça se chasse. « Je serais dispo peu importe l’heure du rendez-vous, mes horaires ne sont pas emmerdants. » Un maigre sourire emporte les lèvres du bleu alors que son regard se perd sur la foule qui augmente à vue d'oeil, se remplissant de jeunes ingénues et de pseudo caïd qui le flic pourrait faire fuir d'un simple mouvement de bras. « Tu m'étonnes que ça doit pas être des horaires de bureau. » Cette tentative d'humour échoue mais c'est pour la beauté du geste, pour sauver les meubles dans cette relation qui s'est embrasée par le passé qui tente de renaître malgré les absences et les non dits, petit à petit. Les frères Hartwell qui échange des banalités sur le boulot, assis dans une rue crasseuse à balancer leur mégots sur le sol, digne des plus grandes tragédies, digne des plus grands peintre. « Et toi, ça fait longtemps que t’es entré dans la police ? » Le bleu hausse les épaules ainsi qu'un sourire en demi lune sur ses lèvres. Parce que cette conversation il a rêvé de l'avoir plusieurs fois avec son frère, mais ça se déroulait toujours dans un bar et non pas dans une ruelle à côté d'un club mal fréquenté. « Deux ans maintenant, ça a pas été simple mais j'aime ce que je fais. Et puis il fallait bien rentabiliser ce petit costume de flic que maman m'avait offert pour noël. » Tu te souviens Harvey ? Du dernier noël avant la merde ? Maman dans sa jolie robe, papa qui ronflait sur le fauteuil alors que la dinde crépitait dans le four. Le dernier noël heureux de la famille Hartwell. « Elle est comment Maman ? J’veux dire… Elle te parle de quoi quand tu vas la voir ? » Le bleu enfourne ses mains dans ses poches alors qu'il se redresse pour éviter de s'étouffer sous le coup d'une question qu'il n'attendait pas, qu'il n'attendait plus depuis des années. « Elle est ... aussi heureuse qu'elle arrive à l'être. Elle se cacher derrière les ateliers cuisine, elle s'inquiète dès que je débarque avec des cernes, un jour elle m'a dictée toute la recette du porc caramel et elle a bien insisté pour que je prenne des notes.. ça reste maman tu sais. » Avant de lâcher la bombe il inspire profondément l'air autours de lui, les mains toujours enfoncées dans les poches mais le regard perdu sur ses pieds. « Et elle parle de toi, Harvey, constamment. Jamais en disant qu'elle te déteste ou qu'elle t'en veut .... toujours en espérant que tu ailles bien quoi que tu fasses. » Il s'accroche à un demi sourire sincère alors que son pieds vient fouetter un petit caillou qu'il envoie balader quelques mètres plus loin, incapable de soutenir le regard de son aîné une seconde. « T’as une idée de c’qui pourrait la convaincre de sortir de là-bas ? » Il n'avait jamais vraiment réfléchi à la question, préférant de loin laisser ce genre d’interrogations à Romy qui semblait plus à même de pouvoir y répondre. Tout ce qu'il voulait c'était la voir libre, le "comment" le dépassait encore. « Lui dire qu'elle aura pas de soucis à se faire pour nous ... lui montrer qu'elle pourra se réintégrer dans la société et ... essayer de lui faire une place dans nos vies. » C'était la partie la plus compliquée pour l'aîné des Hartwell qui n'avait toujours pas digérer le meurtre de son père et l'emprisonnement d'une mère qui avait promis de toujours veiller sur eux.
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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyMer 16 Oct 2019 - 15:53

every now and then i get a little bit tired
The road is long, with many of winding turns that lead us to who know where, who knows where? But I'm strong, strong enough to carry him - yeah He ain't heavy - he's my brother So long we go, his welfare is my concern no burdon is he to bear, we'll get there
 
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→  Je ne m’attendais pas à ça. Je crois qu’inconsciemment, je savais que tôt ou tard inévitablement, je serais confronté à l’emprisonnement de ma mère et à tout ce qui peut en découler. Seulement, je ne pouvais pas m’attendre à l’annonce de Lonnie ce soir, faite à la lumière jaunâtre des vieux lampadaires alors que la nuit a envahi les rues du cœur de Brisbane depuis plusieurs heures déjà. Assis tous les deux sur les marches crasseuses d’un immeuble parmi d’autres, c’est le passé qui vient nous lier et nous bouleverse tandis que les lendemains sont désormais plus qu’incertains. L’éventuelle liberté conditionnelle de notre mère trouble tout autant l’avenir qu’elle l’éclaire, tout devient flou, insaisissable et comme toute personne sensée devant une situation bancale, je tente de mettre de l’ordre et de compartimenter mes pensées, de déterminer avec le plus d’objectivité possible ce qui peut être dangereux pour nous. Je n’ai pas été le grand-frère idéal, loin de là même, mais je peux essayer de ne pas tout foirer à nouveau. Alors je le questionne, le petit-frère, sur Ashby et ses intentions, sur cette confiance qu’il semble lui attribuer sans la connaître véritablement. Que peut-on dire réellement sur une personne rencontrée à la va-vite dans un parking, hein ? Comment deviner ses intentions et comment s’assurer qu’elle n’y voit pas là l’occasion d’un profit personnel ? Qui est Romy Ashby, cette conseillère sortie de nulle part qui apparaît brusquement dans nos vies ? – Elle ferait pas tout ça si ça n’était pas le cas… Je pense qu’elle a une relation particulière avec maman… plus intense qu’avec les autres… A vrai dire, j’en sais rien… Peut-être que j’ai tout faux depuis le début. Les sourcils froncés, je garde le silence, prenant le temps de bien mesurer tout ce que me confie Lonnie. J’ignore tout du travail que font les conseillères à l’intérieur de l’établissement pénitencier, et donc le type de relation dont on parle m’échappe totalement. Toutefois, il en faudra plus pour me convaincre des bonnes intentions d’Ashby. Je lâche un simple – Hmmpf. Grognement étouffé qui signifie que je ne connais pas suffisamment le dossier pour lui répondre. Mon ignorance me fait grandement défaut ce soir, et tout ce dont je peux assurer Lonnie, c’est que je vais me renseigner convenablement en amont du rendez-vous. – Le rendez-vous nous en dira très certainement plus. Je ne m’avance pas et je ne veux pas faire de conclusions hâtives. La situation est bien trop compliquée, je suis bien trop impliqué émotionnellement pour me précipiter d’une façon ou d’une autre. J’ai besoin de temps, et de recul. Car tout est secoué à l’intérieur. Il y a ce frère dont j’ignore tout mais que je connais mieux que personne, cette mère que j’accuse depuis plus de vingt ans parce qu’elle est la coupable toute désignée du désastre familial et, il y a ce petit bout de papier déchiré qui scelle une relation nouvelle et qui porte avec lui l’espoir de lendemains plus sereins. Ce soir, à la lueur faiblarde des lampadaires, les frères Hartwell renouent en partageant la brume épaisse de leurs pensées qui s’échappe de leurs lèvres entrouvertes et volette tout autour d’eux pour finir par s’évaporer dans la nuit de l’hiver austral.

Je lui assure que je serais présent, réitérant ainsi la promesse faite un peu plus tôt. J’ai décidé d’être là cette fois, petit-frère, et j’espère que je ne te décevrai pas à nouveau. – Tu m’étonnes que ça doit pas être des horaires de bureau. Et cette remarque m’arrache un large sourire brusquement, la tension se relâche et je lève les yeux vers le ciel en haussant les épaules. T’es aussi gauche que moi, Lonnie. Toi aussi t’essaie l’humour quand tu ne sais plus quoi dire ? Ce n’est qu’un détail, trois fois rien, mais ça fait du bien de se découvrir des points communs. Peut-être qu’on se ressemble plus qu’on ne peut le penser, finalement… - Deux ans maintenant, ça a pas été simple mais j’aime ce que je fais. Et puis il fallait bien rentabiliser ce petit costume de flic que maman m’avait offert pour Noël.  Le sourire se fige lentement, le regard se voile et je m’accroche aux passants inconnus qui m’aident à faire diversion. Je me souviens de ce Noël, Lonnie, et ça me fait mal d’y repenser. Tu vois, si toi tu t’accroches à tous ces souvenirs avec ferveur, moi j’ai décidé de les oublier, de les laisser sur le bas-côté de la route et d’avancer en agissant comme s’ils n’existaient pas, comme si le bonheur n’avait jamais touché notre famille. Et c’est faux, je sais. Car je me souviens très bien de la dinde délicieuse, des cookies préparés durant l’après-midi, du lait chaud, de tes yeux rieurs en découvrant ton costume et de ta joie lorsque tu l’avais enfilé. Maman n’avait jamais paru aussi heureuse et fière que ce soir-là… Je déglutis, difficilement, et chasse toutes les images qui m’accaparent et obstruent mon esprit, passant rapidement les mains sur mes joues et mon front avant de m’en sortir avec une boutade - J’paris que tu rentres encore dedans, t’as pas énormément grandi hein ! J’affiche un léger sourire, qui se perd rapidement tandis que j’insiste légèrement : – Et du coup, tu bosses dans quelle section ? T’es sur le terrain ou dans les bureaux ? J’ai besoin de savoir, besoin de comprendre ce qui l’aide à se lever chaque matin et à continuer, à avancer, à ne pas tout envoyer valser alors que la tentation est certainement très forte. C’est quoi qui te maintiens en vie, Lonnie ? C’est quoi qui te fait te sentir bien ? Pourquoi est-ce que tu te lèves les matins ? Dis-moi, dis-moi pourquoi… J’ai besoin de savoir.

Et ma curiosité est telle qu’elle me pousse à formuler la question qui me brûle les lèvres : elle est comment Maman, Lonnie ? Toi qui la vois chaque semaine, toi qui n’a pas détourné les yeux, toi qui a assumé, toi qui est resté, toi qui la connais : elle est comment Maman ? – Elle est… aussi heureuse qu’elle arrive à l’être. Elle se cache derrière les ateliers cuisine, elle s’inquiète dès que je débarque avec des cernes, un jour elle m’a dicté toute la recette du porc caramel et elle a bien insisté pour que je prenne des notes… ça reste maman tu sais. Mes paumes se serrent l’une contre l’autre alors que je fixe droit devant moi la rue et les pavés luisants sous les lumières artificielles de la ville. Mes doigts se crispent, tout comme ma mâchoire et j’inspire profondément et lentement. Maman dans sa cuisine, un tableau que j’avais occulté. Maman et son tablier tâché. Maman et ses doigts plein de farine, ses cheveux emmêlés ramenés vers l’arrière dans un chignon grossier. Maman qui sursaute avec enthousiasme à la sonnerie du four. Maman et ses maniques. Putain… Maman… – Et elle parle de toi, Harvey, constamment. Jamais en disant qu’elle te déteste ou qu’elle t’en veut… toujours en espérant que tu ailles bien quoi que tu fasses. Les larmes coulent car mes paupières ne peuvent les contenir plus longtemps. Elle ne m’en veut pas de mon absence, Maman. Ni de ma violence, ni de mes rancœurs égoïstes, ni de tous mes manquements. Ça me bousille, putain. Ça m’fait mal de l’imaginer sans son tablier, dans son uniforme de détenue, derrière les barreaux, le visage las et fatigué par la prison et les années. Bordel Maman, à quoi ça ressemble la prison ? Est-ce que ça valait le coup, tu crois ? T’as fait le bon choix tu penses ? Putain… Tu me fais chier, Maman ! Tu me fais chier ! Mes émotions sont en vrac, mon bide se serre et je sors fébrilement un paquet défoncé de la poche intérieure de ma veste. Mes mains tremblent alors que je glisse la sèche entre mes lèvres gercées, et je dois m’y reprendre à plusieurs fois pour réussir à faire briller la flamme de mon zippo. La cigarette m’aide à refouler mes émotions et je finis par reprendre le dessus, par lui demander à Lonnie s’il a une idée de comment je dois procéder. Encore une fois, c’est mon pragmatisme qui m’extirpe de mon émoi trop important. – Lui dire qu’elle aura pas de soucis à se faire pour nous… lui montrer qu’elle pourra se réintégrer dans la société et… essayer de lui faire une place dans nos vies. Putain, Lonnie… Je passe une main dans mes cheveux, essayant en vain de les rabattre vers l’arrière et je souffle lourdement la fumée. La nervosité s’est emparée de moi et elle transpire par tous les pores de ma peau. Non seulement, je dois faire face aux fantômes du passé, mais en plus de cela je dois aussi les combattre pour l’intérêt commun. Le tien, petit-frère, celui de maman… et le mien peut-être. Je n’en sais rien, bordel. J’ai si longtemps fui mes responsabilités vis-à-vis de notre mère qu’il m’est difficile de l’intégrer à mon futur désormais. Il y a nos aspirations, nos envies, mais aussi nos craintes et nos peurs. Je redoute la souffrance, car si elle devient pire qu’elle n’est je ne crois pas pouvoir y survivre.  – Ok… Je prononce dans un souffle, plus pour nous persuader tous les deux que je ne vais pas prendre mes jambes à mon cou et me tirer de nouveau. J’y pense, évidemment. Partir, recommencer ailleurs, tenter de nouveau… Mais ça recommencera. Je reviendrai toujours au même endroit, et les mêmes questions se poseront encore et encore, jusqu’à ce que je décide d’y faire face pour de bon. Alors, j’inspire et je remplis mes poumons de cet air saturé en goudron et monoxyde de carbone avant de dire – J’vais essayer de faire ce que je peux. Avant, faut qu’on voie la conseillère… J’veux pas faire miroiter une sortie éventuelle à Maman si ce n’est pas sûr à 200%. Je ne veux pas faire miroiter cet espoir à aucun d’entre nous d’ailleurs. Je me sens fébrile, tremblant et je suffoque un peu. – Tu veux boire un verre ? Ils ont du bon whisky tu sais. Je renifle, lance cette proposition à la dérobée, sans attente particulière. J’ai besoin de décompresser, de boire surtout. Et ça devient une obsession soudainement. Penser au whisky me persuade que j’ai besoin de whisky. Alors, je prends les devants brusquement en déclarant – Viens, on s’casse d’ici. Je prétendrai une urgence familiale, allons ailleurs. T’es venu comment ?  Tirons-nous, petit frère et découvrons ensemble ce que la nuit peut nous offrir ce soir.


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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyVen 25 Oct 2019 - 17:37

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The road is long, with many of winding turns that lead us to who know where, who knows where? But I'm strong, strong enough to carry him - yeah He ain't heavy - he's my brother So long we go, his welfare is my concern no burdon is he to bear, we'll get there
 
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Il fallait voir le bon côté des choses dans cette histoire sans queue ni tête, car si l’emprisonnement de leur mère les avait séparés durant leur enfance il semblerait que tout ça finisse par les rapprocher à l’âge adulte. Lonnie avait tant de fois rêvé de le revoir, tantôt pour lui mettre son poing dans la gueule, tantôt pour pleurer sur son épaule tout la tristesse qu’il avait ressentie quand Harvey était parti sans dire au revoir. Il y aurait toujours cette rage au fond de lui, peu importe les bonnes actions de son frère, toujours cette pointe de suspicion qui lui soufflerait de se poser les bonnes questions, de s’attendre à le revoir partir car si il l’avait abandonné une première fois Harvey était capable de l’abandonner encore et encore. Un cercle vicieux qui finirait par enterrer un Lonnie bien trop dépendant, bien trop fragile dans toute cette histoire. Perde son père avait été une délivrance, sa mère une tragédie, son frère un déchirement. Anéanti, petit garçon au cœur brisé qu’on laisse sur le trottoir en lui promettant que l’on reviendra vite, qu’il ne faut pas qu’il s’inquiète. Cette tristesse avait guidée sa rage et sa colère, son envie de combattre le monde à la seule force de ses poings, son désir brûlant de rendre justice pour ceux qui ne pouvaient pas parler, qui étaient trop faible pour se défendre. Toute sa vie, sa carrière, le flic l’avait bâti sur ce sentiment d’abandon constamment présent, et maintenant qu’Harvey avait refait surface et que Gail pouvait être libérer, Lonnie n’avait plus rien qui justifiait sa colère. Les frères Hartwell, épaules contre épaules, perdus l’un comme l’autre dans l’infinité d’une nuit noire rythmées par les mégots de cigarette dont ils se débarrassent du bout des doigts sans rien dire.  La tragédie des frères Hartwell, trop triste pour en faire une symphonie, pas assez pour un requiem. Ashby fait office de ciment dans cette relation et elle est la seule chose qui retient Lonnie et Harvey, lui envoyer des fleurs pour la remercier ne serait sans doute pas assez. Si Harvey arrête de se braquer devant la possible libération de leur mère c’est uniquement pour se rapprocher de son frère et Lonnie est assez intelligent pour le comprendre mais trop con pour l’arrêter, parce que lui aussi à besoin des paroles et de la présence réconfortante de son aîné. Alors Gail aussi sert de ciment dans cette relation bancale, qu’elle le veuille ou non, et ça lui ferait même plaisir de savoir que ces fils se retrouvent – même sur les marches crasseuses d’une boîte de nuit peu fréquentable. « Le rendez-vous nous en dira certainement plus ». Harvey accepte, laisse entrevoir une porte de sortie dans l’esprit tourmenté de son petit frère, et ça fait sourire Lonnie qui ne peut s’empêcher d’imaginer la rencontre entre Ashby et Harvey, l’un aussi têtu que l’autre. « Attend toi à te faire secouer les puces … c’est le genre de femme qui sait ce qu’elle veut. » La voix Lonnie était tombée, passant d’un extrême à l’autre et le surprenant lui-même par le ton rieur qu’il avait employé en finissant sa phrase. Romy avait définitivement retourné son esprit, qu’elle le veuille ou non.

S’essayer à un brin d’humour pour combler le vide affectif, pour ne pas laisser tomber la conversation dans le vide maintenant qu’il a réussi à accrocher les yeux d’un Harvey complètement paumé dans cette situation, une manière comme un autre de voir le sourire sur les lèvres de son frère, sourire qui lui réchauffe le cœur alors qu’il évoque sa première panoplie du parfait petit flic offerte à noël par une mère toute fière. Les souvenirs de ce moment agréable passé en famille se figent dans l’esprit du flic alors que ses mains s’enfoncent dans les poches de sa veste. Harvey n’en veut pas de ces souvenirs, Lonnie s’y accroche pour ne pas le perdre. Ils sont différentes les frères Hartwell, et pourtant ils ont la même expression sur le visage alors que la brume dehors les entoure peu à peu. « J’paris que tu rentres encore dedans, t’as pas énormément grandi hein ! »  Entre ses lèvres Lonnie s’esclaffe lentement en formulant une insulte qui meurt entre ses lèvres. « Toi t’as grandi en connerie par contre. » Piques et remarques, comme les gamins qu’ils étaient autrefois, insouciants et bien heureux de se balancer des conneries dans la gueule parce que ça veut dire qu’ils n’ont pas oubliés, qu’ils s’accrochent à ce qui les rendaient heureux autrefois. « Et du coup, tu bosses dans quelle section ? T’es sur le terrain ou dans les bureaux ? » Tant de questions Harvey, des questions que j’aurai voulu entendre plus tôt, des choses que je voulais partager avec toi bien avant aujourd’hui. Le souffle court du flic se confond avec la brume naissante alors qu’il quitte les marches trempées pour faire face à son frère et aux questions de ce dernier sur sa vie. C’est sa manière d’entrer dans la vie de Lonnie, de mettre les pieds dans les plats et de rattraper les conversations qui ont tant manquées aux oreilles solitaires d’un cadet qui aurait voulu se confier plus tôt mais qui n’avait personne pour l’écouter. « Affaires familiales… à croire que j’en avais pas assez de ma propre vie. » Cette remarque lui tire un sourire amusé alors qu’ils enfoncent un peu plus ses mains dans ses poches pour se donner une constance. « Je suis le mec qui remplit les dossiers et qu’on engueule quand le café est trop froid. Mais j’adore mon boulot, vraiment. » Et il pourrait donner les détails mais ça ne servirait à rien, Harvey n’a pas besoin de savoir le nombre de gamins aux joues salies par les larmes que son frère a croisé dans sa courte carrière. Les larmes qui coulent sur la peau d’un Harvey dont les souvenirs remontent, souvenirs qu’il pensait avoir perdu en quittant la ville, souvenirs qui le frappe et le mette à terre alors que l’image de sa mère dans un tablier vieillit lui reviens comme un claque dans la gueule. Maman elle parle de lui, s’inquiète de savoir si il va bien et si il est heureux, parce que tout ce qu’elle souhaite c’est le bonheur de ces fils malgré la haine et la colère. Ça le brise, Lonnie, de voir son aîné se fendre devant lui et d’être encore trop con et trop triste pour venir poser une main compatissante sur son épaule. C’est toi qui es parti Harvey, pas moi. La dernière offense, le dernier sacrifice d’un frère pour légitimer la douleur. « Elle oubliera tout le jour où tu poseras les yeux sur elle … t’es son fils Harvey. » C’est la seule chose que le flic arrive à formuler alors que les larmes de son frère contrastent avec la flamme brûlante de son zippo qui balance sous ses yeux, illuminant son visage fébrile. Elle a juste besoin de nous, de se faire une toute petite place dans nos vies, d’agir comme une mère pour les frères Hartwell qui ont appris à se débrouiller seuls pendant des années.

« Ok… » Que l’aîné prononce dans un souffle de fumée et que Lonnie accueille avec une appréhension non dissimulée. Il ne pourra pas être présent pour servir d’éponge entre son frère et Romy, pour le mieux, sans doute, à force de trop en faire on finit par s’oublier. « Je vais essayer de faire ce que je peux. Avant, faut qu’on voie la conseillère…J’veux pas faire miroiter une sortie éventuelle à maman si ce n’est pas sûr à 200% » On est sur la même longueur d’onde grand-frère, moi non plus je n’ai pas envie de lui briser le cœur. « Ouais bien sûr, je suis d’accord avec toi. On fera rien tant qu’on est pas certains que ça marche… Je ne veux pas la voir heureuse si c’est pour tout lui retirer après… je le supporterai pas. »  Un Lonnie au cœur fendu, incapable de se relever et d’agir comme un être humain, voilà ce qu’on retrouverait de lui si jamais toute cette histoire n’est que poudre aux yeux. « Tu veux boire un verre ? Ils ont du bon whisky tu sais. » L’idée de boire ne l’emballe pas, surtout avec la voiture qui patiente gentiment sur le trottoir comme une offrande au dieu du PV, mais la proposition de son frère sonne comme un armistice, un acte de réconciliation, et Lonnie ne peut pas dire non. « Tout le monde ici sait que je suis flic, je tiendrai pas deux minutes sans me faire démolir. » En un coup d’œil sur la file d’attente qui ne fait que grimper devant le club Lonnie sait qu’il ne va pas y retrouver des pères de famille et des traders, impossible pour lui de mettre sa conscience professionnelle de côté dans cette situation. « Viens, on s’casse d’ici. Je prétendrai une urgence familiale, allons ailleurs. T’es venu comment ? » Sourire aux lèvres Lonnie pointe la vieille bagnole du menton alors qu’il quémande la fin de cigarette d’un geste de la main, incapable de sortir le nouveau paquet de la poche de sa veste. « Elle ne paie pas de mine mais c’est tout ce que je peux m’offrir avec mon salaire alors on se moque pas de la voiture. » Le flic pointe un doigt accusateur vers son frère alors qu’il ouvre la portière côté passager pour laisser Harvey grimper à l’intérieur. Peu importe la destination, du moment qu’ils sont ensemble.
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Message(#)every now and then I get a little bit tired EmptyVen 8 Nov 2019 - 19:00

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The road is long, with many of winding turns that lead us to who know where, who knows where? But I'm strong, strong enough to carry him - yeah He ain't heavy - he's my brother So long we go, his welfare is my concern no burdon is he to bear, we'll get there
 
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→ - Attends-toi à te faire secouer les puces… c’est le genre de femme qui sait ce qu’elle veut. Au-delà de la métaphore qui semble des plus appropriées en ce qui me concerne, sale chien galeux abandonné qui traîne sa misère partout où il se rend, l’avertissement contenu dans ces mots m’effleure à peine. Je n’ai jamais eu peur de l’affrontement, puisque j’y ai été confronté toute ma vie. Constamment sur la défensive, à anticiper les prochains coups de l’adversaire, sur le qui-vive, je ne suis jamais vraiment serein et je m’attends toujours à ce qu’on me tombe dessus pour une raison ou une autre. Je baisse rarement mes défenses… Je les ai pourtant bien baissées aujourd’hui, ces défenses, auprès de Terrence… C’est le cœur qui s’est ouvert, brutalement, qui s’est livré et qui a été touché. C’est le cœur qui a vibré et les tréfonds de mon âme, sursauts de vie. Je ferme les yeux, férocement, comme pour rejeter ce qui s’apparente à du bonheur dans ma vie. Car je n’y ai pas le droit, non ? Je ne peux pas aspirer à mieux qu’à ce que j’ai et l’arrivée de Lonnie ce soir ne fait que me le confirmer. J’ai trop de choses à régler et mes manquements sont trop nombreux pour être comptés vis-à-vis de ma famille, alors comment pourrais-je me lier à un autre sans le bousiller ? Trop égoïste, comme toujours mais je ne peux pas entraîner quelqu’un d’autre avec moi dans tout ça. Mes pensées m’échappent, la discussion se prolonge et cet échange maladroit démontre simplement que nous avons passés trop de temps loin de l’autre. Je suis le seul à blâmer pour ça, je le sais. Je le vois dans tes yeux, Lonnie, tu aurais aimé avoir un frère présent pour toi et pas un lâche comme moi. Je ne crois pas que je serais un jour à la hauteur de tes attentes, j’ai peur de continuer à te décevoir continuellement mais je suis décidé à rester cette fois (et pourtant, ce n’est pas l’envie de fuir qui me manque, surtout ce soir). Et il y a ces questions, ces demandes de pardon non-formulées alors que je tente, gauchement, d’en apprendre plus sur lui, sur ce petit-frère qui a réussi à s’en sortir seul, par la force de sa volonté. Parce que c’est un Hartwell et que si notre père nous a transmis quelque chose par la force de ses poings, c’est bien que rien n’est facile dans la vie et que tout s’acquiert grâce à une sorte d’acharnement et de rage. La rage, on la partage dans la famille. Aussi, je ne suis pas vraiment étonné du parcours du petit-frère, bien que je n’aie pas une grande opinion des flics en général. – Affaires familiales… à croire que j’en avais pas assez de ma propre vie. J’arque les sourcils, surpris par cette information qui me semble, à moi, très perturbante. J’observe alors Lonnie différemment, et mon regard semble chercher des réponses sur son visage. T’avais besoin de savoir que t’étais pas tout seul, Lo’, c’est ça ? T’avais besoin de savoir que d’autres souffrent, que d’autres suffoquent, que d’autres ont besoin d’aide ? Tu les aides ou tu assistes, impuissant, à leurs échecs ? Ça te défonce pas le cœur toutes ces histoires glauques ? Ça te troue pas le bide de savoir que des pères comme le tien, il en existe pleins ? Moi ça m’a détruit toute ma vie, je déteste ceux qui profitent et font du mal gratuitement. J’avoue alors, dans un murmure empreint de douleur – Je sais pas comment tu fais… Car moi, j’aurai envie de tous les buter. Tous ces connards pas foutus d’assumer leurs gosses, tous ces enculés si faibles qu’ils éprouvent le besoin de tabasser leurs femmes et leurs mômes, tous ces sales cons, je ne pourrais pas m’y confronter.

J’inspire une grande bouffée d’air, et la question qui me brûle les lèvres sort. Je n’ai pas revu Maman depuis plus de dix ans et j’ignore à quoi m’attendre. Mes derniers souvenirs d’elle sont ceux d’une femme fatiguée, épuisée moralement et physiquement par un environnement trop dur pour elle. Maman, elle aimait la cuisine, et elle chantait même quand rien n’allait, elle avait toujours ce petit sourire sur les lèvres… ‘Ce n’est pas grave les garçons, ça ira mieux demain.’ Toujours à positiver, toujours à essayer de tenir son foyer à bout de bras, toujours à sourire alors qu’elle avait très certainement envie de pleurer à l’intérieur. Putain, maman, n’as-tu jamais eu le soutien que tu aurais mérité d’avoir ? Lonnie, il l’a soutenu. Pas moi. Je lui ai tourné le dos, je l’ai rendu responsable de tous nos malheurs et je l’ai condamné comme la justice l’a fait. La mère coupable, l’assassine sans cœur… Et comme s’il avait deviné mes pensées pleines de regrets et de honte, Lonnie murmure : - Elle oubliera tout le jour où tu poseras les yeux sur elle… T’es son fils Harvey. Je renifle, bruyamment. Je ravale mes larmes honteuses et prends une grosse bouffée d’air. Oubliera-t-elle vraiment tout ? Toutes ces années où je l’ai ignoré, toutes ces années où je n’ai pas su être là pour elle, toutes ces années où je lui ai tourné le dos car c’était bien trop dur de lui faire face. Lâche, lâche, lâche ! Je suis son fils, mais est-ce que c’est suffisant pour être pardonné ? Je n’en suis pas aussi certain. L’émotion, bien trop forte, ne me permet pas de répondre alors je me contente de tirer sur ma clope et de reconcentrer mes pensées sur les raisons pour lesquelles Lonnie est venu ce soir : cette fameuse conseillère. J’ai hâte de la rencontrer maintenant et je suis en train de penser qu’il vaudrait peut-être mieux que j’agisse seul. Lonnie a l’air de beaucoup trop apprécier la dite conseillère, j’ai besoin de me faire ma propre idée sans être influencé. – Ouais bien sûr, je suis d’accord avec toi. On fera rien tant qu’on n’est pas certains que ça marche… Je ne veux pas la voir heureuse si c’est pour tout lui retirer après… je le supporterai pas. Elle non plus… Moi non plus. Aussi, il va falloir redoubler de vigilance dans cette affaire pour ne pas se faire tous avoir comme des cons. La justice ne nous est pas venue en aide il y a vingt ans, on va éviter de réitérer l’expérience. Je hoche vigoureusement la tête, pour assurer Lonnie de mon implication dans tout ça. C’est toi et moi, petit-frère. On s’ra plus forts ensemble. Estimant que la discussion touche à sa fin, je propose à Lonnie de boire un verre. Tout d’abord au Confidential club, puis je me ravise. Ce n’est pas un endroit où je vais pouvoir profiter tranquillement de nos retrouvailles. Un regard vers l’entrée du club, mon cœur se serre légèrement. Plus rien ne sera comme avant désormais. Cette soirée sonne comme le début, ou la fin, de quelque chose. Et c’est la douleur qui encercle mon cœur, malgré le fait que je reste persuadé de prendre la meilleure décision possible. D’ailleurs, Lonnie me confirme que c’est la bonne décision en évoquant son statut de flic et je souris. Petit-frère, personne ne te pétera la gueule en ma présence. Un petit sourire amusé et plein de fierté vient se poser sur mes lèvres et le regard brillant je suis le frangin jusqu’à sa voiture pourrie. J’affiche un large sourire mais lève les mains en signe d’abdication. – Je ne me moque pas ! J’ouvre la portière grinçante et m’installe dans l’habitacle restreint, mes grandes jambes se retrouvant un peu à l’étroit. – T’as jamais pensé aux deux-roues ? Ça prend moins de place, c’est plus pratique quand t’habite en ville. Comme si cela constituait le seul argument. Manuellement, je baisse la vitre et sors de moitié le bras, allumant ma clope et je tapote sur la carrosserie. Les frères Hartwell qui s’évadent dans la nuit… Un beau tableau de famille finalement, n’est-ce pas ?

End.
CODAGE PAR AMATIS

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