Assit dans le bus, jambe gauche parcourue de tremblements nerveux, je pianote avec les doigts de ma main gauche sur ma cuisse alors que je me pince les lèvres avec mon pouce et index droit. Mon regard, fixé sur l'extérieur, est troublé, tant que mes pensées sont ailleurs. Elles, elles sont déjà à l'hôpital, auprès de Charlie et Léo. Lorsque j'ai reçu le message de la rousse, je me suis simplement excusé au près de Cian et, après avoir attraper ma valise, je suis parti en quatrième vitesse, pestant un peu contre le destin qui a décidé de tout gâcher dès mon retour. En reposant les pieds sur le sol américain, j'étais complètement détendu et reposé autant physiquement que mentalement. Le fait que je me sois tromper de valise m'a parut plus marrant qu'autre chose et ma rencontre avec Cian était bien agréable. Et puis, il a fallut que toute l'horreur oubliée me retombe dessus telle une enclume.
Et ça fait maintenant 10 minutes déjà que je suis dans le bus, avec la très nette impression que le chauffeur respect beaucoup trop les limitations de vitesse et le code de la route. Je n'ai jamais été dans un bus qui avançait aussi lentement. Comme si le trafic routier avait décidé d'être dense aujourd'hui, juste pour faire chier, pour emmerder et pour m'empêcher d'arriver le plus vite possible auprès de Charlie. D'ailleurs, en pensant à elle, je me rappelle, sous la panique, de ne pas avoir répondu à son message. Maladroitement, je sors mon portable de la poche de mon jeans et lui répond rapidement que je suis en route. Tout simplement. Remettant le portable à sa place, je me redresse, regarde vers l'avant du bus et pousse un lourd soupire.
Dix minutes de plus encore et le bus s'arrête enfin au niveau de l'hôpital. Ni une ni deux, je saute à l'extérieur et me met à courir le plus vite possible, déboulant en trombe dans le hall. Je m'immobilise au centre, regarde en panique autour de moi lorsque mon regard accroche la crinière rousse de Charlie un peu plus loin, assise sur un banc face à, ce que je présume, être une salle d'examen. Sans plus tarder, je m'avance d'un pas rapide vers elle. «Hey » la prévenais-je de mon arrivé « Désolé, j'ai fait aussi vite que j'ai pu» je me passe une main dans les cheveux et secoue doucement la tête «Qu'est-ce qui s'est passé ? » demandais-je d'une petite voix, toujours planté debout devant Charlie.
La jeune femme garde son visage enfoui dans ses genoux depuis qu’elle est arrivée à l'hôpital. On lui a expliqué toute la procédure à suivre mais ce n’est pas pour autant qu’elle a compris ce qu’elle devait faire alors elle se contente de rester auprès de Léo, et maintenant qu’il est dans la salle de consultation elle attend devant la porte le visage plein de larmes. Ses sentiments oscillent entre une profonde préoccupation pour l’état de santé de son meilleur ami et beaucoup de haine envers elle même, se sentant responsable de son passage à tabac. Ce n’était pas un combat loyal mais bien un passage à tabac, il n’y a pas d’autres mots possibles. Cela aura au moins permis à Léo d’être pris en charge rapidement, peut être que c’est là le seul point positif de toute cette journée. On a fait mieux comme fête d’anniversaire pour ses vingt sept ans … Stupide Léo, stupide stupide Léo. Elle relève vivement la tête à chaque fois qu’elle entend une porte s’ouvrir mais ce n’est jamais la bonne. Son cerveau ne se concentre sur le bruit des portes et tente au maximum d’oublier les bébés en pleurs et les bip réguliers de machines en tout genre. Égoïstement, elle n’en a rien à faire de l’état de santé du reste du monde, seul celui de Léo lui importe. Se balançant frénétiquement d’avant en arrière comme un fou à qui on viendrait de mettre une camisole, une seule voix vient la tirer de sa torpeur. Ce n’est pas un énième patient mécontent ou souffrant le martyr à cause d’une petite égratignure, cette voix là elle se sentait soudainement capable de la reconnaître entre toutes. Clément. Elle sort son visage de ses genoux et sans prendre le temps de sécher ses propres larmes ou de lui adresser un salut elle se redresse vivement et vient le prendre dans ses bras. La jeune femme passe ses bras autour des épaules du danseur et le serre sans doute bien plus fort que ce qui serait recommandé, n’en ayant que faire que son oeil au beurre noir se retrouve serré contre la tête du jeune homme. Il est venu. Charlie se reprend après quelques secondes et relâche son étreinte en prenant le temps d’essuyer ses larmes du dos de sa main, non sans tiquer lorsqu’elle appuie comme une forcenée sur son bleu. « Il est dans la salle d’examen ou je sais pas quel nom ça a, mais il est là avec des médecins ou je sais pas trop qui. Ca fait quelques minutes, ou peut être une heure, je sais pas trop, je sais pas quand on est arrivés et le temps passe si vite ... » Ses explications sont confuses et parsemées de hoquets associés à des mains tremblantes tentant une explication de leur propre chef. Elle ressent le besoin d’utiliser ses mains pour parler, comme si cela allait aider Clément à comprendre quoi que ce soit de ce qu’elle raconte. « C’est de ma faute il a voulu aller me venger auprès de mon ex et il est allé le voir dans son bar … Quand je suis arrivée ils étaient en train de se battre et Léo était déjà inconscient mais l’autre continuait de le frapper, encore et encore. Il le frappait et l’onde se propageait jusque dans ses pieds qui tressautaient. » Cette image restera à jamais gravée dans l’esprit de la jeune femme, elle l’a profondément choqué et marqué. « Il lui a pété une arcade et un de ses yeux était vraiment gonflé, sa lèvre aussi … Mais j’ai pas de nouvelles, j’suis pas médecin je sais rien de plus ... » Des études de médecines auraient sans doute été plus utiles que d’apprendre la géopolitique. Elle aurait au moins pu aider son meilleur ami pour une fois qu’il avait besoin d’elle. Elle n’a pas su être là quand il avait besoin d’elle et ça la ronge de l’intérieur.
La première réaction de Charlie est celle de me prendre dans ses bras et de me serrer fortement contre elle. Je sens, dans ce geste, toute la détresse par laquelle elle est entrain de passer et y répond sans plus tarder. Entourant ses hanches de mes bras, je répond à son étreinte, lui offrant ainsi tout le soutient physique et moral dont elle a besoin. Je m'inquiète pour Léo, je veux sincèrement savoir ce qui s'est passé, mais je ne veux pas me montrer trop intrusif, je ne veux pas pousser Charlie et préfère lui laisser le temps. Alors si elle besoin de se sentir rassurer par mes bras, je peux bien le lui offrir, non? Lui caressant les cheveux et le dos, je ferme les yeux et essaie de me calmer, espérant que mon état d'esprit aura une réaction positive sur la jeune femme.
Lorsqu'elle décide d'elle même de s'éloigner, mettant fin à notre proximité, je relâche mon étreinte et la laisse se redresser, sans pour autant la lâcher complètement, une main restant sur son épaule. Lorsqu'elle prend la parole, je l'écoute avec attention. Ses paroles sont confuses, montrant bien à quel point l'inquiétude et la panique ont prit possession de ses pensées et son esprit. Elle n'a aucune idée s'il s'est passé quelques minutes ou quelques heures, si Léo est avec les médecins ou s'il s'agit bien d'une salle d'auscultation. « L'important c'est qu'il ait été prit en charge rapidement» dis-je en hochant la tête, lui serrant affectueusement l'épaule « Ils sont très compétant ici» crois-moi, je sais exactement de quoi je parle, que je continue pour moi.
Elle fini par m'expliquer un peu plus en détail ce qui s'est passé. C'est de sa faute -permet moi d'en doute Charlie- que Léo ait voulut se venger de son ex et est aller le trouver dans un bar. Lorsque Charlie est arrivé sur les lieux, elle les a vu entrain de se battre. Ou plutôt a-t-elle vu son ex entrain de frapper Léo qui était allongé, inconscient, au sol. Mon sang ne fait qu'un tour. Non seulement ce connard -car je présume que s'en est un- a frappé Léo, mais en plus il ne lui a pas laissé la chance de riposter et s'est encore acharné sur lui alors qu'il était déjà au sol. Il y a un an encore je serais sans doute parti de l'hôpital pour traquer ce fameux connard -même si j'ai absolument aucune idée de qui s'est, je n'ai pas son nom, ni son âge, ni son adresse, rien du tout, mais je l'aurais trouvé et je lui aurais fait comprendre qu'il a fait l'erreur de sa vie- mais les temps ont bien changés. Tout est différent maintenant et je sais que je serais bien plus utile ici à rassurer Charlie.
Lorsqu'elle m'explique les blessures qu'elle pense que Léo ait pu avoir, j'hoche doucement la tête « Rien de mortel» dis-je en souriant «Il va souffrir pendant quelques temps mais ce n'est rien de grave » assurais-je. A moins que, bien sûr, le connard ait eu la merveilleuse idée de frapper dans les organes vitaux du Québecois. « Dans tous les cas, Charlie, ce n'est pas de ta faute, ok ?» j'hoche doucement la tête «tout ça c'est la faute du connard. Enfin, de ton ex » me reprenais-je «Léo est quelqu'un de très protecteur envers ceux qu'il aime, ça ne m'étonne pas qu'il ait voulut te venger. C'était un peu stupide de sa part » parce que avouons-le, Léo n'est pas ce qu'il y a de plus résistant. Bien que parfaitement proportionné, son corps n'est pas des plus musclés. Son domaine, à lui, c'est plus l'art et la réflexion que la force musculaire. Enfin, je commence à douter en ce qui concerne la réflexion, en vrai ... « Mais il est plus résistant que ce qu'on puisse imaginer» comment puis-je le savoir, moi ? Je n'ai jamais vu Léo mal en point. « Il va s'en sortir, ça va aller. Tu vas voir, dans quelques minutes la porte va s'ouvrir et il va sortir en dansant en mode 'the bitch is back'» je tente le petit trait d'humour, dès fois que ça puisse aider Charlie à relativiser. Et en même tant je m'en veux un peu de faire du faux espoir.
La jeune femme se dit, avec beaucoup d’égoïsme, que maintenant qu’ils attendent à deux tout ne peut qu’aller mieux. Léo sera heureux de voir Clément à son réveil, même si ça brise quelque peu le coeur de la rousse. Il sera heureux de voir son comédien préféré lorsqu’elle lui énumerera à quel point il est le roi des cons deux secondes après qu’il ait ouvert les yeux. Elle le fera, elle fera vraiment ça parce qu’à défaut de pouvoir raisonner Léo ça lui permettra de se vider l’esprit. Elle pourrait lui raconter n’importe quoi que son meilleur ami ne changerait jamais, même après s’être pris une dérouillée il serait capable de demander où est John pour qu’il puisse retourner au combat. Têtu vous dites ? A peine. La main de Clément sur son épaule l’aide à ne pas retomber dans les bas fond d’une nouvelle crise de larme ainsi qu’à arrêter de trembler comme une feuille. Au delà qu’il soit là pour Léo, elle est heureuse qu’il tente de s’occuper d’elle aussi même si elle ne lui a pas démontré qu’elle le méritait au cours des dernières semaines. Ils sont désormais voués à se rencontrer et encore, peut être que les prochaines fois cela ne se terminera ni à l'hôpital ni chez le vétérinaire … Avec un peu de chance. « Appelle le connard. Mon ex. Appelle le “connard”, on saura tous de qui tu veux parler. » Elle relève ses yeux verts vers lui, souriant légèrement après sa boutade. Elle préfère réellement associer John au terme de connard plutôt d’ex à l’heure qu’il est. Il a blessé bien trop de ses proches pour qu’elle puisse ressentir ne serait-ce de l’empathie à son sujet. Il l’a blessé elle aussi. Deux fois, en toute connaissance de cause. Si seulement Cian savait ça il voudrait encore aller lui casser le gueule … Quel cercle vicieux infernal. « C’est stupide de sa part, Clément, on le sait tous les deux … Mais il pensait faire ce qui était juste. » Pour Charlie, pour venger son honneur, pour la venger elle tout court … Pour tant de choses que la rousse n’arriverait jamais à comprendre, elle qui pardonne si facilement avec ce coeur si pur. « On l’aime pour ça hein ? Parce qu’il fait toujours des trucs débiles en pensant faire au mieux. » Même quand il met sa fourchette à réchauffer au micro onde avec tout le plat parce qu’il la trouvait trop froide, ce genre de choses. Tout part toujours d’une bonne intention avec Léo, c’est dans la mise en place des choses que ça commence à capoter petit à petit. La jeune femme finit par s’asseoir sur un des bancs mis sommairement à disposition, laissant assez de place à ses côtés pour que Clément puisse en profiter aussi. « Il a intérêt de revenir aussi pimpant que RuPaul en mode halleloo i’m back bitches, j’en demande pas moins de sa part. » Léo pourrait tellement à participer RuPaul’s Drag Race maintenant qu’elle en parle, elle lui prêterait le peu de maquillage qu’elle a avec plaisir. Il serait carrément plus bonne qu’elle, et cette idée la fait sourire comme une bêta, parce qu’au moins elle oublie son visage tuméfié. « Merci d’être venu aussi vite en tout cas. Il sera heureux de te voir, il tient beaucoup à toi. » Il n’ose pas vraiment lui parler de Clément après tout ce qu’il s’est passé depuis leur première rencontre à trois, mais elle n’est pas débile, elle le voit sourire à chacun de ses messages. Elle le voit être heureux tout court, d’autant qu’elle passe ses journées sur son canapé désormais. Charlie prend enfin une grande respiration, s’autorisant à avoir un peu d’espoir. Il va se réveiller, il ira bien. Il sera seulement moche quelques temps, mais elle saura s’y faire. Tout ira bien.
Je ne pouvais décemment pas laisser Charlie seule. Tout comme je ne pouvais me résoudre à avouer à son oncle que je m'en vais la rejoindre à l'hôpital. J'aurais pu le lui dire, il serait sans doute venu lui aussi, mais je n'y ais pas pensé et je dois avouer que ça ne me serait même pas venu à l'esprit. Enfin, peu importe. Je suis là, maintenant, avec Charlie dans mes bras et j'essaie, par cette étreinte, de la rassurer, de lui insuffler de l'espoir, sans même savoir ce qui se passe réellement.
Après quelques instants de calme, elle fini par se détacher de moi et j'en profite pour lui demander quelques explications quelle a tôt fait de me fournir. Léo serait aller la venger auprès de son ex -aussi connu dorénavant sous le nom de 'connard'- qui lui aurait mit la raclé jusqu'à finir par le frapper alors qu'il était encore au sol. Je tente de garder mon calme -ce qui, en vrai, est réellement compliqué- et explique à Charlie qu'elle peut être certaine que Léo va s'en sortir. Elle fini par me faire comprendre que son ex peut sans problème être appeler 'Connard' et que tout le monde saura de qui on parle lorsqu'on évoquera ce prénom. Je répond à son sourire et hoche la tête, lui signifiant ainsi que c'est comprit, alors me confirme qu'effectivement Léo était stupide mais qu'il pensait sincèrement faire les choses justes et que c'est comme ça qu'on l'aime, car il fait toujours des truc idiots en pensant faire bien. «C'est comme ça qu'on l'aime, oui » confirmais-je ses paroles.
Je fini par m'installer à côté de la jeune femme en lui disant que Léo va rapidement revenir en mode 'the bitch is back' et Charlie de surenchérir qu'elle n'accepte un retour de son meilleur ami qu'en mode « Halleloo I am back » de RuPaul. Je lui souris doucement, par principe, bien que dans le fond je préfère ma référence à Elton John. Anyway, mon amie fini par baisser d'un ton en me remerciant d'être venu aussi rapidement, précisant que Léo sera heureux de me voir car il tient beaucoup à moi.
Ma réaction est celle d'une adolescente énamourée : je rougis. Tout simplement et puérilement en baissant le regard avec un sourire nerveux. Si j'avais eu les cheveux long, croyez moi que je me serais remit une mêche derrière l'oreille pour signifier à quel point je suis mal à l'aise en même temps super touché par ces paroles. Est-ce ça veut dire que Léo a parlé de nous à Charlie ? Si oui, dans quel sens ? Comment ? Pourquoi ? Je fini par hausser les épaules, tentant de prendre un air naturel «C'est normal » dis-je en reprenant contenance « Je ne pouvais pas te laisser seul » et je pouvais encore moins avoir bonne conscience à rester chez moi alors que Léo est à l'hôpital «Au fait, j'ai rencontré ton oncle aujourd'hui » dis-je, histoire de changer de sujet « On a échangé nos valises à l'aéroport ce matin et … il avait son uniforme dans la sienne. Autant dire qu'il a bien flippé» je rigole doucement, amusé, presque moqueur « il est super cool, on a bien discuté» jusqu'à ton sms.
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
C'est durant les transmissions entre les deux équipes de blouses blanches qu'un jeune homme de vingt-sept ans tout pile fut emmené aux urgences de St Vincent's. Une énième victime d'un passage un tabac. Si au début de ma carrière j'étais épris de la volonté d'élucider l'origine de la persécution de certains individus, j'avais, avec l'expérience autant personnelle que professionnelle, cessé de m'approcher de ce genre d'investigation menant souvent à l'élaboration de scénarios polémiques. En effet, bien qu'insatiablement touchés par chaque souffrant franchissant la porte du centre hospitalier, les innombrables gardes effectuées m'avaient inculqué deux constats : l'aide ne s'impose pas et pour l'offrir, le service social est le mieux placé. Aussi, à mesure des milliers de patients que j'avais vus défiler dans le service auquel j'avais été affecté, j'avais catalogué au registre de la banalité ce genre de motifs de blessures. Des bagarreurs et des personnages sous l'emprise de substances composaient effectivement une patientèle majoritaire et prolifique. Chaque patient était coloré de son expérience singulière et unique, mais au final, les résultats convergeaient souvent - tristement.
C'est en pressant les derniers boutons de ma blouse d'infirmier que j'étais entré dans le box où le jeune adulte avait été déplacé par les brancardiers. J'aidais ceux-ci à transférer le belliqueux sur le lit d'hôpital et l'installais machinalement pendant que l'urgentiste de garde préméditait par écrit ses futurs actes médicaux et sollicitais téléphoniquement les services spécialisés. Une aide-soignante vint glisser au poignet du jeune homme le bracelet garant de son identité après vigilante vérification et le médecin s'appliqua à annoncer à l'inconscient Léo la suite des événements.
Je terminais d'inscrire les constantes du garçon à son dossier et le perfusais à la demande de mon supérieur hiérarchique. Quelques minutes plus tard, Léo fut emmené au plateau d'imagerie où des manipulateurs en électroradiologie médicale le soumettraient à des examens permettant d'évaluer l'étendue de ses blessures internes. Au premier examen médical, le jeune homme répondait favorablement et éloignait les éventuels traumatismes fortement dommageables, mais il valait mieux certifier l'évincement de toutes évolutions néfastes.
Une trentaine de minutes plus tard - et deux cafés engloutis au service de radiologie qui était à mon sens franchement mieux équipé en termes d'or noir - je revenais avec Léo dans le box qui lui était réservé. Je m'appliquais aux soins de ses plaies physiques pendant que le docteur informait autant à l'adresse de son infortuné inconscient que de la mienne des résultats posant son diagnostic et les médicaments que je lui administrerais sous peu dans sa perfusion pour continuer d'amoindrir sa douleur en toute sécurité. « J'te laisse gérer le reste et j'informe ses proches qui sont à côté qu'ils pourront entrer. » m'adressa l'urgentiste auquel je répliquais en vérifiant et calculant mentalement la dose d'antidouleurs préconisée. J'étais un infirmier des plus agaçants - j'estimais qu'il était de mon recours de relever toute ordonnance incohérente et que ceci complétait un travail d'équipe - et vérifiais plusieurs fois chaque dose et acte prononcé par mon supérieur. « Ça marche. » Je réajustais le drap sur le corps de Léo que j'avais fini de panser après son visage ainsi que l'oreiller puis repositionnais ses bras de manière à le rendre le plus présentable possible pour ses proches. Je glissais ensuite dans sa perfusion la dernière dose de médicaments prescrites par l'urgentiste. « Vos proches vont pas tarder à venir vous voir. » Je percevais déjà quelques ombres à travers la vitre teintée pour garantir la confidentialité des malades.
Spoiler:
Merci encore pour cette invitation S'il y a quoi que ce soit qui vous gêne dans ce RP ou vous souhaitez quelconque ajout/modification/suppression, hésitez pas à me dire et j'éditerais sans souci
Les yeux de Charlie se perdent sur le carrelage, sur les habits des gens défilant devant eux. Infirmiers, personnel hospitalier, patients, proches, … tous y passent, tous subissent le regard voilé de Charlie sur eux. Elle ne réagit même pas quand Clément lui annonce avoir rencontré son oncle, se contentant d’un vague « Hm hm » alors qu’en temps normal elle l’aurait assailli de questions sur le où quand comment. Parce que comment ça se fait que Clément rencontre soudainement tous ses proches ? A l’instant une nouvelle envie soudaine de le détester l’irradie mais elle se retient. Elle ne sait même pas d’où ça vient, mais ce dont elle est certaine c’est que ce serait incongru. Clément a rappliqué dès qu’elle lui a envoyé un message confus, il mérite toute son admiration et autant d’amitié qu’elle pourra lui donner. Il mérite tout sauf sa haine en tout cas, et ce n’est pas le bon moment pour la lui montrer en tout cas. Pas alors que Léo souffre à quelques mètres d’eux et qu’ils sont sagement assis sur leur fauteuil. La jeune femme en a même oublié son magnifique cocard sur l’oeil et la brûlure que ça lui avait procuré. Par rapport à tous les coups qu’a dû essuyer Léo, ce n’est rien. C’est à peine comparable. Ce n’est pas elle qui est inconsciente, ce n’est pas de sa tête qu’il a fallu écarter une mèche de cheveux noirs ensanglantée. Cette image la hantera pendant de longs mois encore, bien plus que celle de la veine ressortant sur la tempe de John et de ses yeux emplis de haine.
Alors que la jeune femme commençait à retomber dans ses démons intérieurs, la tête enfouie entre ses mains, une nouvelle voix s’ajoute à la discussion. Les mots restent confus mais elle en comprend parfaitement le but. Ils peuvent aller voir Léo. Genre là, maintenant, ils peuvent aller voir Léo. Il est réveillé ce putain d’abruti de meilleur ami. Charlie garde une tête étonnée, la bouche ouverte, et se dirige vers la salle qu’elle pointe du bout du doigt. Comme si elle avait oublié où il était. Clément paraît bien insignifiant désormais et elle s’avance en première dans la salle, ne sachant toujours pas comment réagir. Son visage est toujours tuméfié, comme dans ses souvenirs sauf que maintenant la lumière est plus éclatante et les différences de couleurs sont flagrantes. Il est sacrément amoché, mais ses yeux sont ouverts. Faiblement ouverts, certes, mais ce n’est pas le moment d’être tatillon. Ce spectacle la fige à nouveau sur place. Elle ne sait pas quoi faire ni quoi dire. Elle a tant envie de venir pleurer à son chevet que de finir le travail de John, tous les sentiments s’entremêlent dans son cerveau. La seule réponse qu’elle trouve à toute cette histoire, c’est de se poser dans un coin. Elle reste en retrait en face du lit de Léo, loin de lui, loin de l’infirmier à son chevet ; loin de tout. Son visage reste fermé, elle ne montre aucune émotion. Elle même ne sait pas pourquoi l’hypersensible qu’elle est se retrouve dans une telle situation. La détresse est telle qu’elle ne sait comment réagir. Son meilleur ami est presque mort pour elle, et la seule réponse qu’elle trouve à tout ce malheur c’est de ne rien faire. Rester impassible ; attendre. Clément saura mieux réagir qu’elle, il saura aider Léo … parce qu’ils sont faits pour s’entendre. Elle n’aurait pas dû venir, elle aurait dû laisser Clément tout gérer parce qu’ils sont faits pour s’entendre et pour être ensemble. Ce n’est pas Winchester la troisième roue du carrosse, c’est elle. Et alors que son meilleur ami est shooté aux anti douleurs, la seule chose à laquelle elle arrive à penser c’est elle. Stupide fille. Il ne te mérite pas. Charlie chancelle et se retient au bout du brancard, évitant soigneusement de toucher le corps de Léo sous le drap. Une main sur la bouche elle commence à pleurer, silencieuse.
Charlie est au plus mal et je ne peux que trop bien la comprendre. Quand quelqu'un d'aussi cher à son cœur que Léo soit emmené à l'hôpital après un passage à tabac, il est évident que le trouble nous gagne. Puis se trouble fait place à la panique, puis à la rage et finalement à l'inquiétude. Et parfois tout ça à la fois comme j'ai l'impression que c'est le cas chez Charlie. Celle-ci, après m'avoir expliquer brièvement ce qui s'est passé avec Léo, retombe dans le silence et me fait bien comprendre qu'elle n'a pas envie de parler d'avantage. Voyant qu'elle ne répondra pas à l'évocation du prénom de son oncle, je la laisse se murer dans le silence, pensant bien qu'elle en ait besoin.
Toutefois, ce silence est bien assez rapidement brisé par l'arrivée de l'urgentiste. La jeune femme -qui ne doit pas avoir plus de 30 ans- se présente rapidement et nous indique que nous pouvons allez voir Léo. Ni une ni deux, je me lève et, suivant Charlie, j'entre derrière elle dans la chambre. Et c'est là, sous l'emprise de la panique et l'inquiétude qu'on remarque deux types de personne : ceux qui s'effondrent en larme et ceux qui savent garder leur sang froid pour poser des questions. Charlie fait partie de la première catégorie : je la voit se placer contre un mur, loin du lit de Léo alors que de grosses larmes coulent sur ses joues.
Pour ma part j'avise celui qui doit être l'infirmier et m'approche de lui «Bonjour » dis-je en lui tendant la main, un sourire poli sur les lèvres «Tu ….tu peux m'en dire un peu plus ? » demandais-je en désignant Léo d'un coup de tête «Est-ce que qu'un diagnostique a déjà été posé ? » je pose mon regard sur Léo «On sait quand il se réveillera ? » pauvre infirmier, il n'a rien demandé à personne et se retrouve assaillit avec un nombre incalculable de questions.
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Je signifiais tout juste au patient que ses proches ne tarderaient pas à lui rendre visite lorsque la porte du box s'ouvrait sur deux jeunes adultes. Je soupçonnais qu'ils devaient être ses amis plutôt que des membres de sa famille et les saluais avec un sourire aussi compatissant qu'avenant. Il me tenait à cœur de mettre autant à l'aise que possible les accompagnants des malades, se trouver aux urgences dénotant son lot de sensations fortes. Le garçon me tendit derechef sa main que je saisis après avoir disposé dans le bac adéquat de la seringue qui m'avait permis d'intégrer la dernière dose de médicaments à la perfusion de la victime d'un passage à tabac. « Bonjour. Je suis Isy, l'infirmier qui s'occupe de Léo. » Je me présentais sommairement dans le cas où les deux jeunes gens auraient à me solliciter quand je quitterais le box. Mon regard passait du brun à la rousse que les émotions dévastaient au fil des secondes. « Tu ….tu peux m'en dire un peu plus ? Est-ce que qu'un diagnostic a déjà été posé ? » Je glissais la sonnette d'appel dans la main du blessé si jamais il réclamait un soutien quand j'aurais à quitter la pièce et informais les deux visiteurs : « Les examens qu'on lui a fait passer à son arrivée n'ont révélé aucune blessure interne sérieuse. Les coups qu'il a reçu vont guérir avec le temps. En revanche, par mesure de précaution, il va passer la nuit au centre hospitalier en observation vu le coup qu'il a reçu à la tête et sa perte de connaissance. » Je déplaçais une chaise à côté de Charlie ainsi qu'une boîte de kleenex. « Le médecin qui l'a pris en charge viendra vous voir sous peu pour vous expliquer tous les détails et répondre à toutes vos questions. Pour l'instant, on attend qu'un lit soit prêt en service de médecine où il pourra se reposer plus facilement qu'ici. » En effet, le service des urgences était traditionnellement bondé et bien que les dernières heures s'étaient montrées plus tranquilles que d'ordinaire, il n'en demeurait que l'on percevait régulièrement des patients hurler de douleur, sur le personnel, ou d'autres malades, quand une urgence ne pénétraient pas en tintamarre sur les lieux.
L'ami de l'infortuné enchaîna sur le réveil de ce dernier. Je hochais la tête à l'affirmative, patient et attentif aux doutes et inquiétudes des jeunes adultes. Je savais pertinemment qu'il n'y avait rien de pire, dans ce genre de circonstances, que le personnel soignant comme médical ne prenne pas le temps d'éclairer les faits aux proches et ignorent la détresse dans laquelle ils peuvent se retrouver immergés suite à un tel événement. « Il somnole. La mésaventure et les médicaments l'ont bien fatigué. Si vous lui parlez directement, il va vous répondre. » J'invitais doucement. Je percevais d'ici les yeux mi-clos de Léo ainsi que ses pupilles passant de droite à gauche. De temps à autres, ses doigts pianotaient légèrement le drap. Le bagarreur était sonné et alternait entre un sommeil très léger et l'éveil. « Il va falloir qu'il se repose, mais vous pouvez rester ici sans problème le temps qu'il soit transféré en médecine. Ensuite, le service vous indiquera leurs heures de visite. »
Spoiler:
Idem qu'à mon précédent post Si vous voulez que j'édite/ajoute/supprime quelque chose, n'hésitez surtout pas !
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Dernière édition par Isaac Jensen le Sam 10 Aoû - 22:57, édité 1 fois
Léo Ivywreath n'a qu'une impression : que quelqu'un est en train de faire une fête, dans sa tête. Une putain de fête énorme, du genre à faire boom boom jusque dans ses muscles, du genre à casser tout ce qui se trouve dans la maison. Il émerge juste, avec ce sentiment qu'on est justement en train de lui écraser la tête au sol, ou contre le mur. C'est une impression généralisée, qui se diffuse petit à petit dans tous ses muscles. Plus de sol, plus de plafond. Léo flotte dans le vide, dans le rien, n'a pas l'impression que son corps veut lui obéir. Devant ses yeux dansent de toutes petites étoiles grises, seuls points de lumière qu'il parvient à analyser, les yeux encore mis-clos. De toute façon, il sait déjà qu'ouvrir son œil droit risque d'être compliqué, et ce pour un petit moment. Y'a comme quelque chose qui le coince, qui l'empêche de s'ouvrir. Il ne le sait pas encore, mais le poing de John a fait germer sous son œil un immense coquard. Sur ses côtes, où se concentre la douleur, une grande marque voit doucement le jour. Il l'apprendra bien assez tôt. Sa lèvre, fendue, ne le dérange pas encore. Pas alors qu'il n'a pas bien conscience de tout ce qui vient de se passer, dans ce bar. Pas alors qu'il ne se souvient plus qu'il déteste John. Le petit musicien n'a pas encore saisi l'endroit où il se trouve, pas plus qu'il ne sait qu'en dehors de la chambre l'attendent Clément et Charlie. Le bouclé sent qu'on s'affaire autour de lui, veut protester, questionner, mais n'y parvient pas. « Vos proches vont pas tarder à venir vous voir. » Vos proches ? Quels proches ? L'étudiant a encore ses parents, bien sûr, mais il sait aussi qu'ils ne viendront pas le voir... pas à moins qu'il ne soit entre la vie et la mort. Est-il entre la vie et la mort ? Définitivement pas, mais la panique s'empare soudain de lui, lorsqu'il se rend compte qu'il pourrait être ici depuis des jours et des jours sans s'en être rendu compte.
Le – presque – trentenaire entend qu'on entre dans la pièce, tente de se redresser sur son lit mais n'y parvient pas. C'est à peine s'il bouge d'un millimètre. Les médicaments lui font un peu tourner la tête. La tignasse rousse de Charlie lui apparaît cependant très claire, très flamboyante, tout à fait rayonnante. Éblouissante. Léo tente de bouger le bras mais son poignet gauche le tiraille, le travaille. Le jeune homme renonce à l'effort. La voix de Clément lui parvient alors. Ses deux amis sont là, dans la chambre. Léo visualise un hôpital, mais se demande encore pourquoi il est là et surtout, depuis combien de temps. « Est-ce que un diagnostique a déjà été posé ? » Un diagnostique ? Léo déteste qu'on parle de lui comme s'il n'était pas là. Pourtant, là, tout de suite, il ne peut rien y faire. Le bouclé a aussi retenu le nom de l'infirmier, Isy, qui vient de lui glisser quelque chose dans la main. Léo aurait voulu serrer la main de l'infirmier, mais n'en a pas le temps. C'est comme si tous ses mouvements étaient ralentis. Le fameux Isy parle de coups. Et soudain, c'est comme si le tout refaisait surface. Léo se souvient du bar, de John. Du premier coup. Rapidement, pourtant, plus rien. Probablement est-ce parce qu'il a rapidement perdu connaissance sous l'assaut des poings de son aîné.
« Il va falloir qu'il se repose, mais vous pouvez rester ici sans problème le temps qu'il soit transféré en médecine. Ensuite, le service vous indiquera leurs heures de visite. » « Je vais bien, c'est bon, je suis pas mort. », marmonne Léo, entre deux respirations. Ses mots lui semblent comme distants, il a l'impression qu'ils ne sortent pas vraiment de sa bouche. Le petit brun pose ses yeux sur la crinière de feu de sa meilleure amie. Il comprend très vite qu'elle pleure et aimerait la prendre dans ses bras. Il voudrait la serrer contre lui. « Pleure pas, Charlie. Tu veux une blague ? » L'étudiant n'a pas vraiment les idées claires. Il farfouille dans sa mémoire, les sourcils froncés. « Avec quoi ramasse-t-on la papaye ? Avec une foufourche. » Silence. Il tente d'enchaîner, du plus rapidement qu'il peut, pour éviter le bide. « Vous faîtes quoi, ici ? C'est une réunion tupperware ? On fête un anniversaire ? » Le sien, c'est aujourd'hui. Mais ça aussi, il l'a un peu oublié. « Clément, t'as de super beaux cheveux. Je sais pas trop si je te l'ai déjà dit, puis là j'y vois pas très net mais ça méritait d'être soulevé. » Léo a tout un tas de compliment à lui faire, qui viennent tous seuls. C'est probablement la faute aux médicaments. Malheureusement, il n'a pas assez d'énergie pour se lancer dans le détail. « Vous m'avez amené mon carnet à dessin ? J'ai besoin de dessiner. » Mais son poignet lui fait mal. Avec lenteur, il parvient à formuler quelques phrases, endormi par la morphine qui galope dans ses muscles. « Je... Combien de temps, ici ? Je reste... pour... Heu... » Le sommeil le guette, déjà. Mais c'est important de le savoir. Et même si Isy a déjà répondu à la question, il n'a absolument pas entendu la réponse. « C'est pas grave, hein ? Je vais pouvoir dessiner bientôt ? Et jouer du violon ? » Il n'y a que cela qui compte, pour lui. Ses yeux se sont déjà refermés sans même qu'il ne s'en rende compte. Il est toujours conscient, pourtant. Pour ses amis – en priant pour qu'il le comprenne – il tapote sur son lit, les invitant silencieusement à venir s'asseoir à ses côtés. Les médicaments lui donnent le tournis et il n'est même pas sûr d'avoir parlé, pas parlé. Peut-être que tout ceci est un rêve, ou peut-être bien aussi qu'il ne s'est pas vraiment réveillé, et qu'il est juste en train de délirer.
Charlie est un fantôme dans le coin de la salle. Elle entend tout, voit tout, ressent tout. Sauf qu’elle n’arrive pas à interagir avec les autres êtres humains. Elle les voit lui parler, lui jeter des regards en coin, mais elle ne peut pas leur répondre par aucun moyen. Elle est juste là, la main tremblante, dépassée par les émotions et les évènements. Clément arrive bien mieux à se contrôler, il semble tenir ce rôle à la perfection même. Il pose des questions à Isy, les bonnes. Claires, nettes précises. Il ne se perd pas dans un trop plein d’émotions. Il semble rodé à l’exercice ou alors c’est qu’il a pris le temps de se calmer dans la salle d’attente. Une partie de Charlie se demande même s’il n’en a pas rien à faire de la situation, s’il n’est pas venu que par pure politesse. Non, c’est la partie pleine de déni qui parle. Il est simplement bien plus fort qu’elle ne le sera jamais, il est le petit survivant. Les nouvelles qui arrivent au compte goutte sont rassurantes, il y a réellement plus de peur que de mal. Une nuit en observation, cela semble bien. Assez pour rassurer Charlie, pas trop pour qu’elle ne recommence à s’inquiéter de manière totalement inconsidérée. N’ayant pas de bataille d’ego à mener, elle accepte chaise et mouchoirs tendus par l’infirmier sans broncher, le gratifiant d’un geste de la tête. Elle finit d’écouter ses paroles rassurantes tout en essuyant ses larmes. Il va bien, il va se réveiller, ils pourront lui parler et ensuite il se reposera. Ce n’était pas le programme qu’elle avait prévu ce soir, mais finalement celui ci lui convient. Il n’est pas si horrible qu’il n’y paraît. Toute sa peine finit par s’effacer lorsque Léo murmure quelques mots. Non, il n’est pas mort. Il aurait réellement pu mourir par contre cet imbécile heureux. « Je pleure pas, c’est toi qui voit tout flou encore. » Ajoute-t-elle, dans le déni le plus total. S’il souhaite leur raconter une blague c’est qu’il a encore un peu de sa tête. Ceci dit la blague qu’il leur sort démontre qu’il a été bercé un peu trop du mur, et ça fait rire la seconde imbécile heureuse de la pièce. Elle se serait presque attendue à la blague du pingouin, mais elle aimait bien celle de la foufourche aussi. Tant que ça sort de la bouche de Léo elle ne peut qu’apprécier. La déclaration d’amour aux cheveux de Clément (métonymie merdique, si vous voulez mon avis) a du mal à passer mais ce n’est certainement pas le moment de faire une crise. « On t’a jamais dit que tu parlais trop ? » Elle se lève de sa chaise et contourne l’infirmier pour venir au chevet de Léo à son tour, prenant sa main dans la sienne à défaut d’oser toucher son visage tuméfié. Elle préfère rigoler sur ce sujet ci plutôt qu’avoir à être celle qui lui annonce que cette soirée est la pire soirée d’anniversaire de l’univers. Et qu’il n’a pas son carnet à dessin. Et qu’il va devoir rester ici tout seul alors qu’elle sait bien que lui aussi déteste ça. Et qu’elle ne sait pas quand est ce qu’il pourra recommencer à dessiner ou jouer de la musique parce que ce n’est pas elle la tête pensante. « Tu pourras bientôt repartir c’est promis. Je viendrai te chercher avec tous les popcorns salés de la ville, et on mettra des bougies dessus en essayant de ne rien faire cramer. On a la fête de l’année à rattraper encore, et beaucoup d’autres ensuite. » Est-elle réellement en train de dire tout ce qui lui passe par la tête pour essayer de lui faire oublier qu’il veut dessiner alors que ses bras ne lui répondent même pas ? Oui. Absolument.
FEATURING @Charlie Villanelle & @Clément Winchester & @Léo Ivywreath & @Isaac Jensen & Heïana Brook Fleur aux pétales d'or, répands ta magie. Traverse le temps, rends-moi ce qu'il m'a pris. Guéris les blessures, éloigne la pluie. Ce destin impur, rends-moi ce qu'il m'a pris. Ce qu'il m'a pris...
Heïana venait de terminer une série de rendez-vous, pendant lesquels elle avait fait passer des échographies de grossesse. La journée se passait plutôt bien à vrai dire, jusqu'à l'instant où on la pressa pour venir en urgence, alors même qu'elle saluait le dernier couple qui était venu la voir en consultation. Anthony, son collègue excentrique jusqu'au bout des ongles, avait en effet atterri d'on-ne-sait-où, comme par magie. Mon canariiii des îles, on a besoin de toi au service des urgences ! Plusieurs bébés sont arrivés d'un seul coup - avec leur lot de parents stressés bien sûr - et les sages-femmes permanentes sont débordées. Pouffant de rire devant l'attitude du camarade de galère, la maïeuticienne avait hoché la tête pour donner son accord, le ponctuant d'un J'arrive ! de circonstance. Voilà que les choses sérieuses allaient commencer, demandant à la fois patience, rapidité de diagnostic et d'exécution, diplomatie avec les parents des nourrissons et jeunes enfants... Aussi, peu de temps après qu'Anthony soit reparti en direction de son service d'affectation, la Tahitienne lui emboîta le pas. Couloir après couloir, elle quittait un peu plus le calme relatif de la maternité pour se rapprocher du chaos des urgences. Elle y parvint d'ailleurs, entrant par le côté "chambres" de ce service, qui aurait bien mérité d'en disposer de plus encore. Malheureusement, l'hôpital n'était pas extensible à l'infini. Alors qu'elle traçait son chemin d'un bon pas, un méli-mélo de voix l'interrompit, dont la dernière qu'elle avait plus particulièrement entendu. Tu pourras bientôt repartir c’est promis. Je viendrai te chercher avec tous les popcorns salés de la ville, et on mettra des bougies dessus en essayant de ne rien faire cramer. On a la fête de l’année à rattraper encore, et beaucoup d’autres ensuite. Charlie ?!
Ni une ni deux, la métisse n'hésita pas un instant; il ne s'agirait toute façon pas de s'attarder, car elle se devait toute entière à son métier, mais les patients attendraient deux ou trois minutes de plus. Après tout, il n'y avait pas d'urgence vitale - sinon, Anthony l'aurait direct chopée par le poignet et l'aurait entraînée avec lui à travers tout St Vincent, le connaissant - alors elle pouvait se le permettre. Bon, ça ne se faisait pas trop de s'introduire comme ça, mais là elle agissait plus en tant qu'amie que maïeuticienne. Ainsi, elle frappa trois petits coups à la porte concernée, et entra. La scène qui se déroule devant ses yeux la stupéfie. Non seulement sa connaissance rousse, tout feu tout flamme, est bien là, en larmes, assise sur une chaise et un magnifique cocard à l'oeil, mais se trouvent également dans cette pièce Clément, qu'elle avait rencontré quelques temps auparavant au grand parc de Logan City et avec qui elle avait sympathisé... Et surtout Léo, son québécois préféré, au si joli minois à cet instant bien amoché. Je... balbutia la sage-femme, totalement déstabilisée de constater qu'ils se connaissaient tous en premier lieu, et surtout que plusieurs étaient blessés en second. Salut, Léo, Charlie, Clément, déclara-t'elle d'une voix inquiète, montrant ainsi par la même occasion à chacun d'eux qu'elle les connaissait personnellement, s'ils ne le savaient déjà. Les larmes lui montèrent aux yeux, émue de cette scène totalement drama. Merde, elle n'avait pas assez de temps pour réclamer des explications sur la situation présente, ni pour discuter tranquillement des relations liant chacun d'eux. D'un signe respectueux de la tête, elle salua l'infirmier qui se trouvait là; elle ne le connaissait pas, mais il lui disait bien quelque chose... Sans doute s'étaient-ils déjà croisés à travers l'hôpital. Elle dit simplement: Je n'aurais jamais cru vous trouver tous ici, dans cet état. Mais je dois filer, j'ai des patients qui m'attendent. S'il-vous-plaît, si je n'ai pas le temps de repasser d'ici à ce que vous soyez partis, tenez-moi au courant. Par cette simple phrase et le ton employé, Heïana venait de dévoiler à quel point elle tenait à chacun d'eux, bien qu'elle ne les connaisse pas encore vraiment. En tout cas, elle avait assez d'affection envers eux pour se soucier de leur santé et de leur bien-être. Ne voulant pas être encore plus désarçonnée, elle ressortit aussi rapidement qu'elle était entrée, le coeur serré.
Incruste:
Ahah désolée pour ce petit passage surprise mais en lisant votre rp j'ai pas pu me retenir . A ma décharge, j'avais l'accord de Charlie
Je n'ai plus vu Léo depuis notre mésaventure l'autre jour à l'université lorsqu'il a jugé bon de se mettre entre Primrose et moi. Certes, il ne pouvait pas savoir tout ce qui s'était passé entre la jeune femme et moi, mais j'aurais espéré voir un peu plus de retenu de la part de mon amant de ces dernières nuits. Toutefois, tout cela est très vite oublié en le voyant là, allongé dans ce lit, le visage tuméfié, attaché à plusieurs câbles de perfusion. Charlie s'étant mise sur le côté, je l'entend pleurer doucement et décide de prendre les devants, me mettant à poser plusieurs questions à l'infirmier qui ce trouve dans la chambre de mon ami. Le professionnel de santé confirme qu'il n'y a rien de sérieux, pas de blessures internes et que les blessures qu'il a sont, certes douloureuses, mais totalement superficielles. L'hôpital a toutefois décidé de le garder en observation compte tenu de sa perte de connaissance mais je suis persuadé, dans le fond que Léo ne restera pas bien longtemps ici. «Ok, merci » adressais-je un sourire à l'infirmier.
Avant que la voix de Léo ne retentisse. Et avec elle revient son humour si singulier. Il dit à Charlie de ne pas pleurer -ce qu'elle démonte du tac au tac- avant de lancer une blague. Même si c'est une blague de merde -vraiment nulle en vrai- je laisse échapper un petit rire amusé. Si Léo sait encore faire des blagues, c'est que tout va bien, qu'il n'est définitivement pas à l'article de la mort. La suite, elle, me surprend un peu plus car il se met à faire une déclaration d'amour à mes cheveux. J'arque un sourcil, puis pince les lèvres en un sourire et hausse légèrement les épaules « Merci … ?» dis-je doucement, ne sachant pas vraiment comment prendre cette déclaration.
Il pose ensuite plein de questions et c'est Charlie qui, ayant reprit ses esprits, lui répond. J'avoue que mon cœur se sert légèrement en voyant la complicité qu'ils échangent tous les deux, mais ne dit rien. Je n'ai même pas le temps de réagir que la porte de la chambre s'ouvre à nouveau sur ...Heïana, la jeune femme du parc. Et je comprends très rapidement qu'elle connaît chacun d'entre nous. Lorsqu'elle nous demande si on peut la tenir au courant, je suis le premier à réagir «Oui t'inquiète pas, je le ferais, compte sur moi » ais-je le temps de dire avant qu'elle ne s'en aille.
Je me retourne ensuite vers Charlie et Léo et me passe une main sur la nuque, trouvant que j'ai de moins en moins ma place ici. «Tu ... » mon regard se pose sur Léo, évitant à tout prix celui de Charlie « Tu nous as fait peur, sérieux» dis-je doucement en m'avançant vers le lit « Avec Charlie on est d'accord que t'es un petit peu idiot » je souris, posant mes mains sur la rambarde au pied du lit «Mais bon, t'es là, bien en vie et c'est tout ce qui compte » mon dieu, qu'est-ce que c'est bancal ce que je dis «Enfin bref, voilà. T'as intérêt a guérir vite » concluais-je en hochant la tête, décidant de ne me taire afin d'éviter de m'enfoncer d'avantage.
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Je réponds sur un ton posé à l'ami de Léo, lui exposant les faits en sélectionnant soigneusement mes mots tout en tentant de le rassurer. Le jeune homme a subi un remarquable passage à tabac, plusieurs régions de son corps sont touchées et endommagées ; néanmoins, les proportions de ces coups auraient pu être bien pires. Le repos, uni au temps qui guérit inexorablement toutes blessures, composera son meilleur allié pour les prochaines semaines, ainsi que les nombreux antidouleurs qu'il risque d'embarquer avec lui à sa sortie du centre hospitalier.
Je conclus en signifiant que le médecin de garde sera en mesure de répondre avec davantage de précisions aux interrogations des proches du souffrant puis précise la suite du parcours du patient à St Vincent's. Notant les dernières données au dossier médical du jeune homme, je l'entends assurer à ses amis qu'il n'est pas mort, ce qui m'arrache un léger sourire. Par la suite, l'Ivywreath se dévoile comédien : papaye, foufourche, tupperware, attraction capillaire. La complicité et l'amitié entre le trio se révèle dans son authenticité : Léo est entre bonnes mains. Ce dernier est shooté, mais ne délire pas complètement. Malgré son humour douteux, il ne paraît pas confus. Je replace le dossier dans la boîte au pied du lit au moment où le bagarreur réclame son cahier à dessins. « Je... Combien de temps, ici ? Je reste... pour... Heu... » Ses paupières sont lourdes, je le devine militer pour demeurer éveillé. Je demeure silencieux question de ne pas briser son sommeil s'il glisse dans les bras de Morphée, mais ses lèvres s'animent à nouveau : « C'est pas grave, hein ? Je vais pouvoir dessiner bientôt ? Et jouer du violon ? » La rouquine rassure son ami et je confirme ainsi que complète ses justes paroles : « Non, ce n'est pas grave. Vous pourrez dessiner et jouer du violon à nouveau et vous serez sans doute de retour chez vous demain. » C'est que la chanson se répétait inlassablement pour ces victimes d'altercations. Léo capitule, ses yeux sont totalement fermés à présent. Sa respiration ralentit, paisible, et ses doigts tapotent l'espace sur son lit pour inviter ses proches à se rapprocher de sa personne. Je salue de la tête la rousse et le prénommé Clément avant de m'orienter vers la sortie du box. « Hésitez pas à appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit. La sonnette est dans sa main. Le médecin ne tardera pas. » J'ouvre la porte sur Heïana, ma collègue, à qui j'adresse un sourire avant de pénétrer dans le bureau des infirmiers du service des urgences.
Spoiler:
Le sujet est bien terminé, je voulais juste alléger ma conscience en termes de vent Merci de me l'avoir permis