No matter what » CHARLIE

No matter what
Charlie & Cian

Une journée en mer avec ma nièce. C’est réellement ce dont j’avais besoin en ce dimanche. La semaine à tout simplement été horrible. Je me suis battu avec l’ex petit ami de Charlie qui s’est avérer être un homme de mon âge, et même pire que cela, il s’agissait d’un ancien ami à moi. En nous battant, je me suis littéralement explosé la main en me cassant deux phalanges. Depuis, je suis en arrêt de travail et je n’ai pas pu faire ma sortie en vol qui était prévu depuis bien longtemps. Je ne suis pas du genre insupportable habituellement, mais il n’y a rien de pire pour moi que d’être cloué au sol avec une interdiction de voler. J’avais besoin de pousser mon avion à vitesse maximale pour oublier le fait que ma nièce a été trahi et manipulé par un mec qui a le double de son âge. J’en avais également besoin pour oublier le fait que, ces deux dernières semaines, j’ai croisé Niamh bien trop de fois pour cela puisse être une coïncidence. Tellement que nous avons finis par partager un déjeuner ensemble et que depuis je ne cesse de penser à la jeune blonde. Je n’arrive pas à la sortir de mes pensées et avec cette main dans un bandage, je suis incapable de faire ce qui habituellement me permets de me défouler. Impossible de boxer, impossible de voler. Un véritable cauchemar pour moi. Puis Charlie m’a proposé cette sortie en mer. Une nouvelle façon pour nous d’échapper à un repas familial. J’aurais clairement été incapable de me rendre à la maison de mes parents en ce dimanche midi. Déjà, parce que j’ai un beau bleu à la mâchoire et la main immobiliser et que je ne serais comment expliquer le pourquoi du comment calmement, mais également parce que je ne suis pas d’humeur pour faire face à leurs remarques. Maman était déçue lorsque je l’ai appelé pour la prévenir de mon énième absence. Je sais parfaitement qu’elle aimerait que je sois plus présent. Elle aimerait aussi que je m’entende mieux avec ma sœur et surtout avec mon père. Pendant des années, elle a essayé de garder le lien, de nous rapprocher, mais cela n’a jamais réellement fonctionner. Je sais parfaitement que je vais recevoir un message de ma sœur lorsque cette dernière va comprendre que sa fille a encore une fois préféré s’échapper avec moi. J’aurais probablement droit à une visite de sa part dans la semaine également. Enfin… Je m’occuperai de tout cela en temps voulu, après tout, j’ai l’habitude. Charlie avait besoin de s’échapper et moi aussi. C’est notre moyen à nous de se sentir bien, de faire relâcher la pression de la semaine. On n’aime pas les repas de famille, on aime juste être ensemble et c’est bien ce que l’on compte faire aujourd’hui.

Je suis le premier à arriver à la marina. Il y a de cela quelques jours, j’ai passé un coup de fil pour réserver un bateau pour la journée. Ma nièce n’est pas une grande fan de l’océan, à mon plus grand regrets, mais c’est elle qui a proposer l’idée et je n’allais pas perdre l’occasion de lui faire partager ma passion pour l’eau. Heureusement pour elle, aujourd’hui, le temps est clair et l’océan est assez calme. On ne va pas trop se faire secouer et si on s’installe dans la baie, elle ne sentira pratiquement pas le mouvement du bateau. J’ai loué un petit catamaran où l’on pourra s’installer tranquillement pour discuter et partager le pique-nique de fortune que je nous ai prévu. Je ne suis pas un grand cuisiné et autant dire que j’ai plus de bières que de nourriture dans ma glacière. Ce sera une bonne journée.

Alors que je jette un coup d’œil à ma montre, j’entends des bruits de pas sur le ponton derrière moi. « Salut… » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que mon regard se pose sur le visage de ma nièce et le bleu qui orne se dernier. En quelques secondes, mon sang ne fait qu’un tour. « Qui t’as fait ça ?! » Mon ton est soudainement froid et dur. Ce n’est pas réellement comme cela que j’avais prévu ma journée. Je crois qu’on va annuler le bateau et cette fois-ci, je vais réellement aller tuer ce petit con. C’est forcément lui. « C’est lui, hein ?! » Ne pas crier Cian, surtout ne pas crier sinon elle va partir. « Je vais me le faire ce petit con, il va pas s’en sortir vivant cette fois ! » Je lâche la glacière que j’avais à la main et commence déjà à chercher mes clés de voiture. Je ne sais même pas ou John vit, mais il est probablement en train de bosser. Je ferais le pied de grève devant son bar s’il le faut, mais il ne va pas s’en sortir aussi facilement. Je suis tellement en colère que je ne réalise même pas que Charlie est en train de me parler.

@Charlie Villanelle

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

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@Cían Atwood

Proposer à Cian une sortie en mer alors que Charlie a encore son bleu sur le visage n’est sans doute pas l’idée la plus brillante qu’elle ait eu. Elle avait le choix entre le montrer à Cian et seulement Cian ou devoir s’expliquer de longues heures durant au repas de famille, le choix a été vite fait. Il est même celui qui leur a proposé une sortie entre oncle et nièce, elle a sauté sur l’occasion pour leur proposer de s’évader loin de bayside et tous leurs problèmes. Le reste de la famille les déteste déjà, ils ne sont plus à ça près, plus à un dimanche raté non plus. Ils auront tous un ennemi commun sur qui cracher leur venin au moins, ils ressortiront de leur épreuve un peu plus soudés. Ou un peu moins désunis. Dire que Charlie est prête à affronter sa peur de l’eau pour être loin d’eux, voilà à quoi l’amour pour sa famille en est réduit. Elle aurait aimé avoir le pied marin comme son oncle, faire comme tout le monde et louer un bateau pour plusieurs jours, s’amuser non loin des côtes entre amis. Mais ç’aurait été trop pour elle qui a l’impression que leur embarcation va se retourner et sombrer à chaque nouvelle vague, infime soit-elle. Ils ne pensaient pas que l’iceberg allait couler le Titanic, personne ne pense qu’une micro vague peut renverser un catamaran non plus, mais vous verrez un jour ! La jeune femme a pris sur elle aujourd’hui, pour Cian, parce qu’elle sait que cela lui fera énormément plaisir et qu’elle doit le calmer. S’il est au beau milieu de la baie elle aura une certaine marge de manoeuvre avant qu’il ne veuille casser la gueule du premier venu. Ou peut être qu’il rejoindra les côtes à la nage et qu’elle se sentira bien bête avec ses idées lumineuses. Elle avale un premier cachet contre le mal de mer sur sa route pour la marina. Elle a laissé toutes les rênes de la journée à son oncle, a pour une fois laissé tomber toute envie d’organisation. Elle n’en avait de toute façon pas envie avec les évènements récents, Léo s’est fait tabassé il y a moins d’une semaine et tout est encore beaucoup trop frais dans son esprit. Chaque nouveau coup de John, son corps ne réagissant pas, le sang sur sa mèche de cheveux. Elle préférait voir ça sur grand écran, quand tout était doublé et qu’elle pouvait se moquer du manque de réalisme ; c’était beaucoup plus drôle, beaucoup moins traumatisant.
Cian est déjà prêt alors qu’elle même est arrivée avec quelques minutes d’avance, un trait de famille sans doute. Il est chouette, avec sa tenue de vacanciers et sa petite glacière aussi bleue que l’océan et le cocard de Charlie qu’elle se rend compte avoir totalement oublié d’essayer de cacher. Ils ne seront pas déjà sur l’eau qui va commencer à criser, elle l’entend déjà avec sa voix froide et dur et « Qui t’a fait ça ?! » Ca y est. C’est fichu. Il est énervé. Pas la peine de mettre tes lunettes de soleil au beau milieu de l’hiver Charlie, tu es déjà cramée. Lever les yeux au ciel et s'agacer n’y changera rien jeune fille. « Cian … » Une fois, doucement, encore calme, encore patiente. « C’est lui, hein ?! » Merde. Il a connecté ses neurones, c’est fichu. Il aura crié le premier. Enfin, il n’a pas vraiment crié mais cela semble tout comme pour Charlie, elle connaît bien les stades d’impatiences et d’énervement par lesquels il va à nouveau passer. « Cian … ! » Une petite pointe d’impatience commence à se faire entendre mais sa voix reste dans les normales autorisées. Finalement il est le premier à flancher, n’essayant même pas d’écouter ce que sa nièce essaye de lui dire. « Je vais me le faire ce petit con, il va pas s’en sortir vivant cette fois ! » Il monte aussitôt sur ses grands chevaux et fait tomber la glacière dont les bouteilles s’entrechoquent. Il a pris des bières. Elle sait pourquoi il est son oncle préféré. Alors qu’il commence à se battre avec son trousseau de clé pour en ressortir le trésor qui ouvrira sa voiture, elle profite de es mains tremblantes de colère et de son inattention pour lui voler le tout des mains et les mettre dans la poche arrière de son jean, espérant enfin capter son attention. « CIAN ! » Il pose ses yeux sur elle quelques secondes, c’est sa seule ouverture avant qu’il ne recommence à en vouloir au monde entier. Avec une voix aussi imposante qu’elle peut (c’est à dire, pas tant que ça) elle prend un air sérieux pointant un index accusateur en sa direction. « T’as pas intérêt de faire ça Cian je te préviens, si t’y retournes tu oublies mon numéro et tu m’oublies tout court ! Tu prends tes clics, tes clacs, tu me montres le putain de bateau que t’as loué et on monte dessus pour s’en aller loin. C’est ce qu’on a prévu Cian, et tu m’as promis ! T’as pas intérêt de me faire faux bond Atwood, je te jure que je te tuerai de mes propres mains. Je t’expliquerai tout quand on sera loin de là et tu recommences pas à vouloir me sauver de tout et n’importe quoi, regarde l’état de tes mains ! » Il se peut qu’elle ait un peu crié. A defaut de pouvoir se défouler sur qui que ce soit, son oncle reste le seul sur lequel elle peut crier sans craindre de lui faire du mal. Cela n’empêche qu’elle pense réellement chacun de ses mots et qu’elle tient beaucoup trop à lui pour qu’il retourne dans la mêlée. Elle prend les choses en main et ne lui laisse pas le choix, attrapant la glacière et commençant à avancer sur le ponton. « Bon il est où ce bateau de malheur !? »

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Charlie & Cian

Cette journée devait être une bonne journée. Fuir les problèmes de la semaine en mer avec ma nièce. Le programme parfait. Jusqu’à ce que la dite nièce arrive devant moi avec un bleu ornant son visage. Cette simple vision me fait démarrer au quart de tour. Je lus demande qui lui as fait cela, mais la question est bien plus rhétorique qu’autre chose. Je connais déjà la réponse, elle n’a même pas besoin de parler ou de hocher la tête pour que je comprenne. Ce bleu sur le visage de ma nièce, c’est l’œuvre de John. Donc en plus de l’avoir trompé et de lui avoir menti, il a osé lever la main sur elle. Cette fois, il a atteint la limite de trop. J’aurai pu accepter ce qu’il lui avait fait avant, après tout, ce sont leur histoire et Charlie m’avait promis ne pas retourner près de lui. Mais les coups… C’est inacceptable. On ne frappe pas une femme, jamais. On peut crier, casser des trucs, mais on ne touche pas une femme. C’est quelque chose que je ne pourrais jamais accepter et quand cette femme est ma nièce, c’est pire que tout. Je sens la colère monter en moi de manière sourde et froide. Il ne va vraiment pas s’en sortir comme cela cette fois. Il va payer pour ce qu’il lui a fait. Je sais parfaitement que la violence ne résoudra rien, mais je ne peux pas le laisser s’échapper comme cela. La colère est tellement forte que je n’attends pas Charlie m’appeler les premières fois. Je n’ai qu’une idée en tête, c’est d’abandonner cette journée pour aller trouver John et lui donner une véritable leçon. Pourtant, la main gauche bandée à cause de ma dernière blessure, je galère pour sortir mes clés de voiture de ma poche. Charlie profite de ce temps de flottement pour me subtiliser l’objet et hurler mon prénom. Je suis surpris par son geste, mais également par la force de sa voix m’arrête complètement de bouger. Jamais elle ne, c’était adresser à moi de cette manière et je ne suis pas au bout de mes surprises.

Le discours de ma nièce me laisse sans voix. Je le connais par cœur, nous ne sommes pas de la même famille pour rien. Je sais parfaitement que ce ne sont pas des paroles en l’air. Si je pars aujourd’hui, elle coupera tout lien entre nous-même si cela doit la rendre malheureuse. Elle est têtue comme cela ma nièce. Comme moi en réalité. J’aimerais la reprendre sur son ton, mais je ne dis rien, elle m’a scié. Déterminez la gamine. J’ai envie de maudire son sale caractère, mais je suis véritablement mal placé pour cela. Alors, je ne dis rien. Pendant quelques secondes, je la fixe, mon regard plongé dans le sien. Je vois qu’elle est déterminée à mettre ses paroles en action et je comprends que je ferais mieux de ne pas jouer au plus malin. Je suis en colère, je pourrais clairement retrouver John pour lui refaire le portrait, mais je ne mettrais pas ma relation avec ma nièce en péril pour ce connard. Jamais. Je préfère le laisser impuni plutôt que de ne plus jamais voir Charlie. Alors, je ne dis rien. Je me contente de récupérer ma glacière et de partir en direction du catamaran. Je préfère ne pas parler plutôt que de regretter mes paroles. Charlie a promis de tout m’expliquer une fois que l’on sera en mer, alors ainsi soit-il.

Une fois sur le bateau, je laisse tomber ma glacière près de la table et me dirige vers l’avant du bateau afin de relever l’ancre et de nous lancer sur l’Océan. Le problème, c’est qu’avec une main en moins, je suis littéralement en galère. « Charlie ! Viens m’aider. » Une fois que ma nièce m’a rejoint, je lui montre comment m’aider ne voulant pas tirer sur ma main blessée. Alors que Charlie me donne un coup de main, je ne peux m’empêcher de tourner le regard vers elle, son bleu en évidence le long de sa tempe. Reste calme Cian. J’ai envie de hurler et je finirais probablement par le faire lorsque l’on se sera éloigné. Je ne peux tout simplement pas la voir comme cela et rester calme. C’est véritablement trop me demander. Il nous faudra quelques minutes pour tout régler et pour que le catamaran soit prêt à partir en mer. Je rejoins les commandes et je vois Charlie s’asseoir non loin de moi. « Tu me dis, si tu te sens mal. » Je suis fâché, en colère et vexer par le ton qu’elle a utiliser après moi, mais je ne veux pas que ma nièce soit malade. Je sais qu’elle n’apprécie pas réellement d'être en mer et on va éviter de faire tourner cette journée en cauchemar.

Pendant une bonne demi-heure, je manœuvre pour nous éloigner de la côte et nous emmener dans la baie. Il n’y a pas beaucoup de bateaux de sortie et il ne me faudra pas longtemps pour trouver un coin parfait. Dans un coin de la baie entouré de rocher ce qui permettra de ne pas avoir trop de houle. Charlie ne devrait pas se sentir mal ici. J’arrête le moteur et vais jeter l’ancre avant de rejoindre ma nièce qui est partie s’installer sur le pont à l’avant. On ne va tout de même pas passer notre journée à ne rien se dire. Je crois que nous avons même une longue conversation à avoir, il faut juste commencer doucement. Je m’assois auprès de Charlie et tout doucement donne un petit coup de coude à son bras. « Alors comme ça tu cri sur ton oncle maintenant ? » Je tente de détendre un peu l’atmosphère qui est plus que tendu depuis notre départ. Je ne suis pas très doué pour lancer les conversations sérieuses, ça n’a jamais été mon truc. Généralement, je suis l’oncle idiot qui fait rire sa nièce, rien de plus. « Je te promets que je vais pas m’énerver, mais dis moi ce qui s’est passer Charlie… » Parce que j’ai peur malgré tout. Peur qu’elle soit réellement sous son emprise et qu’elle reste avec lui pendant que lui est violent avec elle. Je ne pourrais pas le supporter. « Les tromperies, c’est une chose, mais les coups… » Je ne finis pas ma phrase, je sais très bien qu’elle a compris et je ne veux pas avoir l’air moralisateur non plus.

@Charlie Villanelle

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@Cían Atwood

Le soulagement est intense alors qu’elle voit Cian se calmer et ne rien répondre. Elle n’aurait pas voulu le perdre à son tour et surtout pas maintenant (jamais, même). Pourtant elle ne serait plus à une erreur près et s’il avait continué à vouloir lui faire la morale elle serait repartie aussi vite qu’elle est venue. Mais il la connait, il connait sa nièce depuis vingt trois ans et il se doute qu’elle aurait réellement mis ses menaces à exécution. Charlie souffle quelques secondes et tente de faire calmer son rythme cardiaque qui avait monté en flèche avec cette tirade. Non vraiment, crier sur son oncle ne fait pas parti de ses habitudes et ça lui aurait valu une tape à l’arrière de la tête en temps normal (de sa mère d’abord avec ses incroyables réflexes et de Cian ensuite, exaspérée par son attitude). Pour être franche elle ne sait même pas comment son oncle aurait réagit dans d’autres circonstances puisque c’est véritablement la première fois qu’elle hausse le ton avec lui. Lui, en tant que figure d’autorité, l’a déjà bien sûr grondée pour ses erreurs de jeunesses mais il était plutôt celui qui venait la réconforter après que sa mère l’ait disputé une enième fois pour des broutilles. Ils n’ont jamais eu à hausser le ton l’un face à l’autre, ne se sont jamais disputés, et heureusement cela ne commencera pas aujourd’hui. Charlie ferme les yeux et s’autorise à souffler doucement alors qu’il prend la glacière et se retourne. Elle reste pantoise quelques secondes, regardant son oncle s’avancer sur le ponton avec un bandeau sur sa main. Pour qu’il accepte de garder ces quelques bandes c’est que ça doit être plus grave qu’il ne voudra jamais l’admettre. Il n’est pas du genre douillet, s’il avait pu ne rien avoir elle est certaine qu’il aurait fait comme si de rien n’était. Il lui aurait sûrement menti par omission, comme elle l’a déjà fait avec lui. Chacun souhaite protéger l’autre, c’est la définition d’une famille. « Charlie ! Viens m’aider. » Elle s’extirpe de ses pensées et rejoint son oncle sur le catamaran qu’il a loué pour eux, obéissant docilement aux ordres qu’il lui donne. C’est lui qui a le pied marin, bien plus que Charlie ne l’aura jamais. C’est aussi lui qui sait exactement quoi faire, bien plus qu’elle ne comprendra jamais comment s’en sortir sur un bateau. Elle a même du mal à ne pas se retourner sur un canoë la petite rousse, c’est pour dire. La jeune femme s’affaire à la tâche, tentant de comprendre tout le vocabulaire qu’utilise son oncle avec elle ; bien consciente que ce n’est pas le moment de l’énerver. « Tu me dis, si tu te sens mal. » La tension reste palpable entre eux mais elle se surprend quand même à sourire. Il prend toujours soin d’elle, même quand la situation ne s’y prête pas réellement. Elle regarde quelques instants ses yeux bleus (une marque de famille) et se demande en même temps pourquoi elle n’a pas été plus douce avec lui. Il cherchait seulement à l’aider et la protéger, elle l’a envoyé bouler alors qu’il ne méritait rien de tout ça. Charlie se contente de lui répondre par un petit hochement de tête, évitant de s’épandre sur le sujet stipulant qu’elle a peur de se noyer à chaque nouvelle seconde qui passe. La jeune femme se contente ensuite de s’asseoir sur le côté du catamaran, laissant son oncle gérer tout l’aspect pratique de leur escapade. La mer est calme, il n’y a aucune secousse ; elle arrivera peut être à ne pas vomir d’ici à leur retour sur la terre ferme. Cheveux au vent, son regard posé vers l’horizon, elle ne pense plus vraiment à rien. S’éloigner de Bayside et de Brisbane en général lui permet de s’évader de tous ses problèmes qui y sont associés. Ca parait simpliste, mais c’est réellement ce qui est en train de se passer. Désormais installée sur le pont avant, elle s’étonne finalement de sourire lorsqu’une baie s’offre à eux. Une baie qu’elle ne connaissait pas, elle, la Brisbane girl, la Bayside girl, la nièce de marin. Que de paradoxes qu’elle s’empresse d’éloigner de sa tête lorsqu’elle se rend compte que le moteur ne tourne plus. Le plus dur est passé, hein ? Non. Elle lui a promis de lui expliquer l’histoire avec John, elle doit le faire.
Son oncle s’occupe de la logistique, elle reste assise sur l’avant à contempler l’eau. Elle ne sait pas quoi dire ni par où commencer, espérant secrètement qu’il a oublié l’histoire qu’elle lui a promis de lui raconter. Mais non, elle sait qu’il n’oubliera pas, il ne pourra jamais oublier. Charlie l’entend approcher à pas feutrés et sourit déjà. « Alors comme ça tu cries sur ton oncle maintenant ? » Elle se retourne suite à son coup de coude et relève sa main du sol pour qu’il puisse s’installer auprès d’elle. « Si j’avais su que tu m’écoutais quand je crie, je crois que j’aurais déjà essayé il y a bien longtemps. » Elle lui jette un regard un instant, un sourire sincère sur son visage accompagné d’un rire bref. La vérité c’est qu’elle n’aurait jamais cru lui crier dessus et qu’elle aimerait autant ne jamais avoir à le refaire, parce que cela ne lui ressemble pas. « Je te promets que je vais pas m’énerver, mais dis moi ce qui s’est passé Charlie … Les tromperies, c’est une chose, mais les coups … » Le sourire de la rousse s’efface à nouveau. Elle va avoir cette discussion avec Cian. Encore. Elle le lui doit bien, surtout après ce micro séjour derrière les barreaux seulement dans le but de sauver son honneur. « J’avais vraiment coupé les ponts avec lui, depuis la dernière fois que je t’en avais parlé. Mais tu n’es pas le seul à avoir voulu lui casser la gueule et Léo s’en est mêlé quelques jours après. » Il sait qui est Léo, elle ne parle que de lui depuis deux ans. Il ne l’a jamais rencontré mais il sait que ce nom est à associer à “meilleur amie de la mort qui tue”. « Sauf que lui il fait un mètre dix les bras levés et que s’il se met sur le côté il devient invisible. » Elle tente de mettre un bout d’humour dans sa déclaration, n’en manquant jamais une pour se moquer gentiment de son meilleur ami gringalet. Elle l’aime comme il est l’Ivywreath mais elle l’aime davantage pour qui il est. « En bref, John l’a tabassé et je me suis retrouvée au milieu. Il a continué à le frapper alors qu’il était au sol et ça m’a mise hors de moi, je me suis interposée et ça ça a été mon gros lot. » Elle n’a pas besoin de pointer le cocard du bout de son doigt, ils savent tous deux ce dont elle veut parler. « Je suis désolée de t’avoir attiré dans tout ça Cian … Tu as quoi exactement à la main ? Ca ira mieux bientôt, hein ? » Elle prend doucement le poignet de sa main blessé entre ses mains, comme si ça allait changer quelque chose, comme si elle allait pouvoir poser un diagnostic à travers les bandes opaques.

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Charlie & Cian

Jamais je n’avais vu Charlie s’adresser à moi de cette manière. On a déjà eu quelques petites prises de tête tous les deux, mais c’était souvent moi qui gueulais le plus fort. Et encore… On n’a jamais réellement crié l’un sur l’autre. Nous sommes vraiment proche tous les deux et on a toujours su discuter, mettre des mots sur ce qui n’allait pas, mais de manière calme. Alors, je ne sais même pas quoi répondre. Je n’ose même pas répliquer en réalité. Je me connais et si j’ouvre la bouche maintenant, je sais que tout va aller trop vite et qu’elle va partir. C’est tout ce que je cherche à éviter. Je ne veux pas qu’elle s’en aille, parce que je la connais par cœur aussi et je sais qu’elle tiendra parole. Malheureusement. Alors, je me contente de la regarder, de hausser les épaules et de reprendre ma glacière en main pour partir en direction du bateau. Ne rien dire. On verra cela plus tard. Pour le moment, elle a besoin de se calmer et moi aussi. Dans le fond, elle a raison… Je n’aime pas l’admettre, mais elle a raison. Aller casser la gueule de ce mec une nouvelle fois, ne changera rien. Je ne dois pas me concentrer sur lui, mais plutôt sur ma nièce. Alors, je monte sur le catamaran sans rien dire, déterminé à nous faire quitter la terre ferme pour nous éloigner de tout cela. On a besoin de se retrouver rien que tout les deux loin de tout pour oublier les évènements de la semaine.

Même si je voulais rester un peu seul pour faire descendre la pression d’avoir vu Charlie avec un bleu sur la figure et le fait qu’elle est hausser le ton avec moi, je dois me rendre à l’évidence que j’ai besoin d’aide de la part de la rouquine. Heureusement, Charlie ne discute pas trop et vient me donner un coup de main même s’il paraît évident qu’elle ne comprend pas un traître de mots de ce que je lui raconte. Mais elle fait bien les choses et il ne nous faut pas longtemps pour nous mettre en route. Une fois le catamaran lancer sur les flots, je sens de suite la tension dans mes épaules redescendre. Charlie a probablement eu la meilleure des idées en me proposant cette sortie en mer. Comme si elle savait parfaitement que c’est ce qu’il fallait pour me calmer. Je ne sais pas rester en colère lorsque je me retrouve sur l’eau. L’Océan a réellement un pouvoir apaisant sur moi. Doucement, je me calme tout en manœuvrant le catamaran et en observant Charlie du coin de l’œil. Elle s’est isolée à l’avant et je lui laisse un peu de temps et d’espace. Juste pour que l’on arrive à se calmer tout les deux.

Je finis par jeter l’ancre dans un endroit assez calme ou nous serons tranquilles pendant un moment. Nous n’avons toujours rien dis, mais je sais qu’il va falloir que l’on est cette discussion une bonne fois pour toute. Je sais que cela ne va pas plaire à Charlie, qu’elle aimerait mettre ce sujet derrière elle. Je ne vais pas l’embêter longtemps, je veux juste comprendre comment elle a pu se retrouver avec un bleu sur la moitié du visage. Je veux bien rester calme, mais j’ai besoin de savoir et de comprendre. Je ne retournerais pas voir John. Il se pensait bien plus malin que moi lorsqu’il a décider de me rendre les coups et je sais que je dois me méfier d’un homme comme lui. J’ai juste besoin de savoir que Charlie est en sécurité. Ne voulant pas attaquer la conversation de but en blanc, je préfère la taquiner un peu sur la manière dont elle, c’est adresser à moi. J’écoute sa réponse en prenant place à ses côtés et fronce rapidement des sourcils en me tournant vers elle. « Ouais, enfin, ne t'avises pas de recommencer dans un avenir proche. » dis-je sur un ton léger, mais en étant sérieux malgré tout. « Je suis capable de crier plus fort que toi, tu sais. » On n’est déjà pas trop têtu dans cette famille. Je lève les yeux au ciel espérant bien que ma nièce n’aura pas à me crier dessus à l’avenir. C’était une mauvaise passe et désormais, on va laisser tout cela dernière nous.

Finalement, on en vient au cœur du problème. C’est doucement et en fuyant mon regard que Charlie m’explique ce qui est arriver et qui s’est conclu en un bleu sur son visage. Elle évoque son meilleur ami et je suis content de savoir que le jeune homme serait capable de tout pour la protéger. Visiblement, il est juste un peu moins bien bâti que moi et John s’en est donner à cœur joie. Ce mec est véritablement une ordure. Me frapper moi passe encore, il savait que j’avais de quoi lui répondre, après tout son front venait de rencontrer le comptoir du bar violemment. Mais frapper un petit jeune qui visiblement n’avais pas vraiment le force de se défendre, c’est minable. Et mettre un coup à une femme, c’est encore plus minable, que ce soit intentionnel ou non. Il devait y aller vraiment fort pour que Charlie se retrouve avec un tel bleu alors qu’elle tentait juste de s’interposer. « Comment va ton meilleur ami ? » Je tente de ne pas renchérir sur le sujet John. Il ne vaut mieux pas sinon je vais encore m’emballer, je le sais parfaitement et on va repartir sur une nouvelle dispute, ce qu’aucun de nous ne souhaiter voir arriver. On a besoin de se parler calmement. Doucement, Charlie prend ma main blessée entre ses doigts et je vois sur son visage à quel point elle s’en veut et surtout qu’elle s’inquiète. « Je me suis cassé deux phalanges… » dis-je doucement en regardant les bandages qui entourent mes doigts. Ce n’est vraiment pas ce dont j’avais besoin, mais bon… Le Commodore n’as pas du tout pris la nouvelle avec le sourire, j’étais censé repartir en vol la semaine prochaine et maintenant ça ne va pas être possible. « Ça va prendre un peu de temps et ça à annuler ma prochaine mission… » Cela me fait bien chier, mais je ne veux pas trop le montrer à Charlie. Elle s’en veut alors qu’elle ne devrait même pas. Absolument pas. Je récupère ma main et passe mon bras autour des épaules de ma nièce pour la rapprocher de moi. « Tu n’as pas à t’en vouloir Charlie, d’accord ? » Je me tourne un peu pour plonger mon regard dans le sien. « Tu es ma nièce et je ferais toujours tout pour te protéger. Tout. » Je serais capable de cacher un corps pour elle alors que cela va à l’encontre même de ma profession. Tout ce que je veux, c’est faire avec Charlie tout ce que je n’ai pas pu faire avec Leah. Je me dois de la protéger et de faire attention à elle. « J’avais pas l’intention de lui casser la gueule, tu sais… Je l’ai pas cherché. La coïncidence à fait que l’on se soit retrouver dans le même bar, qu’il soit un ancien ami de mes années Lycée et qu’il me parle de sa vie… » Qu’il me parle d’elle et qu’il s’en plaigne surtout. « Ça a été plus fort que moi Charlie… Je lui ai explosé la tête contre le comptoir. » Je ne suis pas spécialement fier de mon geste, mais j’ai besoin de lui expliquer. Une dernière fois. « Ça a dégénéré et il faisait trop son malin. Les flics ne seraient pas arrivés, je pense que ça se serait mal fini. » Je soupire et lève les yeux au ciel. « Enfin… Je voulais que tu sache que je ne l’avais pas traqué. Je t’avais promis de ne pas le faire, mais la vie a fait qu’il s’est retrouvé sur mon chemin et vu ses propos, je pouvais pas… » Je ne finis pas ma phrase, mais je sais qu’elle va comprendre ce que je veux dire.

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@Cían Atwood

Les mots de son oncle la font sourire. Bien loin de l’intimider désormais, ses paroles sonnent surtout comme un nouveau défi interdit à relever pour la rousse. Elle ne lui criera pas dessus pour rien bien sûr, mais il ne devrait pas être aussi certain d’être capable de crier plus fort qu’elle. Si concours il devait y avoir, la rousse parierait sur sa propre victoire parce que son oncle ne sait pas ce dont elle est capable lorsqu’elle s’énerve réellement. Elle non plus, ceci dit, parce que quand il s’énerve avec sa mère cela ne compte pas réellement. Cependant elle préfère ne rien répondre cette fois ci, ne sachant réellement si son oncle est sérieux ou s’il ne s’agit que de second degré. Un peu des deux sûrement, comme toujours avec lui.

Son coeur se sert à la simple évocation de Léo. Il n’a même pas donné son prénom mais elle n’a pas deux “meilleur ami” alors tout est rapidement compris. Elle s’autorise à souffler légèrement, toujours un peu choquée de la tournure qu’ont pris les événements dont elle essaye de ne pas se souvenir. Même dans ses plus beaux rêves elle n’arrive pas à tout oublier. « Il va bien maintenant. On a eu peur quand il est arrivé à l’hopital et ils l’ont gardé une nuit en observation, mais maintenant ça va. » Les deux meilleurs amis sont loins d’être rutilants mais ils font de leur mieux pour faire bonne figure dans la vie de tous les jours. Ils parlent peu de cette nuit et de toute l’histoire avec John en général cependant leur coquard respectif n’est pas vraiment quelque chose qui peut être aisément caché. Charlie est heureuse que son oncle aborde le sujet, même si elle ne sait pas si cela lui importe réellement. Pour elle il est le plus important dans toute cette histoire, au delà d’avoir sauté dans la gueule du loup il reste le Blessé qu’elle s’était pourtant jurée de protéger. Une fois encore, elle a failli, et c’est un autre qui en a payé le prix. Elle relève des yeux attendris vers Cian lorsqu’il lui annonce le diagnostic des deux phalanges cassées. Il n’a sûrement rin senti sur le coup à cause de l’adrénaline mais quelques heures après il devait réellement souffrir. Il souffrait à cause d’elle alors qu’il aurait pu continuer de vivre sa vie heureuse, alors qu’il aurait pu partir en mission comme prévu. Tout aurait été réellement parfait pour lui si elle ne s’était pas ajouté à l’équation. Ses yeux quittent la main de son oncle sans qu’elle ne le souhaite, sûrement pour le mieux pour qu’il puisse passer ses main autour de ses épaules. La jeune femme pose sa tête contre la clavicule de l’amiral quelques secondes avant qu’il ne s’écarte à nouveau et replonge ses yeux bleus dans les siens. Leurs yeux bleus. « Tu seras toujours là pour moi et je continuerai toujours à m’inquiéter ; ça doit être notre truc oncle/nièce je crois. » La rousse aurait pu rêver de mieux si seulement elle s’autorisait à rêver d’autre chose que leur situation actuelle avec son oncle. Ils ont leurs défauts, tous les deux, mais ils se complètent bien et ce depuis des années. La rousse ne peut retenir un rire alors que son oncle explique avoir éclaté la tête de John sur le comptoir. Ca, c’est une image qu’elle aimerait retenir pendant longtemps encore dans sa tête. John méritait de s’en prendre à quelqu’un de plus fort que lui ou au moins à quelqu’un de sa taille, ce qui n’était définitivement pas le cas de Léo, Primrose ou Charlie. « Désolée, c’est pas drôle. Mais je te crois Cian tu sais, et je suis contente que t’ais pas cherché les embrouilles. » Elle est même fier de lui à vrai dire, mais elle n’ose pas le lui avouer de peur que son égo d’homme viril ne se sente blessé. La jeune femme se contente de passer une main qui se veut rassurante sur la nuque de son aîné. Il a été là pendant de si nombreuses heures déjà, elle mérite d’en faire de même avec lui désormais. « C’est ok, tout va bien. J’ai eu envie de te tuer quand tu m’as envoyé les messages mais maintenant je veux juste qu’on passe une journée ensemble et qu’on oublie tout ça une bonne fois pour toutes. » Parce que merde, John n’a pas à être le sujet récurrent de toutes ses réunions avec son oncle, les deux irlandais de sang méritent de parler d’autres choses que du barman. « T’as encore des histoires sous le coude ? Comme avant. On a le bruit des vagues et le soleil en cadeau. » C’est un très bon mood pour des histoires d’hommes voguant sur les sept mers, et d’un Thomas et d’un Cian se faisant vivre les pires crasses entre deux gestes d’amour inavoués. Petite, Charlie pensait réellement que les deux amiraux formaient un couple et elle n’a pas pu cacher sa déception le jour où elle a appris que ce n’étaient que de folles idées.

No matter what
Charlie & Cian

Au fil de la conversation, je comprends que Charlie ne veut plus parler de tout cela. Elle en a assez de la solution, je le vois. Pourtant, je ne peux pas continuer ma journée comme si de rien était alors que dès que je pose mes yeux sur elle, je vois cet énorme bleu sur sa joue. Je suis resté calme. Après tout, c’est elle qui a élevé la voix et pas moi. Chose assez impressionnante d’ailleurs. Ce n’était jamais arrivé auparavant et je lui fais bien savoir, sur le ton de la plaisanterie, qu’il vaut mieux que cela ne se reproduise plus jamais. On ne reste pas longtemps là-dessus. Je préfère diriger notre conversation vers ce fameux bleu qui orne son visage. Je veux tout simplement comprendre. J’ai promis de ne pas m’énerver et cette fois-ci, je tiendrais ma parole. Ma dernière rencontre avec John, c’est plutôt mal terminé et la douleur qui irradie encore parfois dans ma main me le rappelle régulièrement. C’est calmement que ma nièce finit par m’expliquer le pourquoi du comment. Une autre bagarre qui a mal tourner. À croire que c’est ce qui le fait bander ce petit con. S’en prendre à moi encore… Je l’ai cherché et je suis physiquement capable de lui répondre, mais battre un petit jeune de 23 ans qui en plus de cela n’a pas le physique ? Il y a quoi de plaisant là-dedans ? Je prends le temps de souffler un bon coup pour ne pas exploser. Ce genre de comportement me rend littéralement dingue. J’espère sincèrement pour lui que je ne le recroiserai jamais. Je ne veux plus me battre avec lui, mais ma patience a tout de même des limites. Encore plus lorsque j’apprends que le meilleur ami de ma nièce a passé une nuit en observation après s’être fait passer à tabac par un homme de deux fois son âge. « Ouais d’accord. » dis-je en plantant mon regard à l’horizon. Reste calme Cian, ce n’est pas le moment de repartir dans une crise de colère. Je sais que Charlie ne veut pas épiloguer, je sais qu’elle a compris tout ce que j’ai pu lui dire la dernière fois. Ils sont tombés sur John un peu par hasard et ce connard en à profiter pour jouer au plus malin, encore une fois.

Je reste calme, mais je fais tout de même savoir à la rouquine que je serais toujours inquiet pour elle. Toujours. Je ne sais pas faire autrement, et ce, depuis le jour de sa naissance. Je n’ai pas d’enfant, pas de famille à moi, alors je projette toute ma protection sur ma nièce. Que cela lui plaise ou non d’ailleurs. Pourtant, la jeune femme le comprend. Je n’en ai jamais douté d’ailleurs. On a juste parfois un peu de mal à communiquer et à se comprendre parfois. « Je crois que c’est notre truc oui. » dis-je tout en lui souriant tendrement. Cela doit également venir de nos sales caractères respectifs. Nous ne sommes pas de la même famille pour rien après tout. Il faut juste que je me fasse à l’idée que Charlie n’est plus une gamine de six ans, mais une jeune femme qui se doit de vivre ses propres histoires et ses propres galères. Je ne me suis jamais mêlé de sa vie privée et je ne le ferais jamais, mais je serais toujours là pour ramasser les pots cassés. Elle pourra toujours compter sur moi et je préfère lui rappeler de temps en temps. Pour mettre les choses aux clairs, je finis par lui expliquer ce qui s’est réellement passer avec John. Je veux qu’elle sache que je ne suis pas allé le chercher et que même si c’est moi qui aie donné le premier coup, ce n’était pas du tout quelque chose de prémédité. Le rire de ma nièce me fait comprendre qu’elle a complètement tourné la page sur ce John. Tant mieux. « On en parle plus promis. » dis-je en lui souriant à nouveau. « Mais oublie pas que je suis là pour toi, tout le temps. » Je ne vais pas insister plus longtemps, mais c’est plus fort que moi, je me devais de lui rappeler.

Finalement, c’est presque timidement que ma nièce me demande si j’ai quelques histoires à lui raconter. L’espace d’un instant, je me retrouve face à la petite Charlie qui m’attendait de pied ferme lorsque je rentrais de mission et qui écoutait mes histoires avec des yeux brillants. Aujourd’hui, je sais pas réellement quoi lui raconter. L’armée est tellement passée en deuxième plan ces derniers temps que je ne sais même pas par ou commencer. « J’ai pas vraiment d’histoire de militaire, pas en ce moment. » dis-je doucement en regardant la mer face à nous. « J’ai souvent été avec les recrues dernièrement. Je devais piloter un peu la semaine prochaine, mais bon… C’est foutu. » ajoutais-je en lui montrant ma main bander. C’est quelque chose qui me mine un peu, je n’ai pas piloté depuis un moment et lancer un avion en pleine puissance aurait pu m’aider à me vider la tête un peu. Tant pis. Il vaut mieux que je ne pense pas à cela. « Mais je peux te dire que Thomas est venu me sortir de prison. Il a payé ma caution et tout. Il était joie. » Je ris un peu en repensant à la petite morale que m’a faite mon meilleur ami en me sortant de là. « J’étais en colère, je m’en suis pris à lui, les flics ont voulu me remettre en cellule directe. Ils n’ont même pas compris qu’on s’aime en vrai. » Je sais que cela fera rire, Charlie. Elle suit nos aventures depuis qu’elle est en âge de comprendre et elle attendait toujours d’avoir des nouvelles de nos aventures un peu loufoques et parfois héroïques. Je profite de ce moment de légèreté pour ajouter très, très, rapidement. « Puis j’ai revu Niamh. »

@Charlie Villanelle

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

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Tout recommence enfin comme avant. Ils se parlent du quotidien, de la vie professionnelle de Cian, de sa relation avec Thomas, de la vie dure qu’il fait mener aux jeunes recrues. Ce sont le genre d’histoires que Charlie rêve d’entendre dans l’état actuel des choses, elle rêve d’entendre des histoires de gros bras menés à bout par son oncle. Cela n’a rien d’un quelconque plaisir pervers que de voir souffrir des inconnus, mais cela l’amuse assez de savoir que leur bourreau n’est autre que son oncle si tendre et si doux. Tous le voient comme l’instructeur sadique qui les force à se dépasser mais elle n’arrivera jamais à le voir comme la figure paternelle qu’il a toujours été. Bien sûr qu’elle avait son père, un bon père, mais avec Cian tout était différent. Son père faisait maison - boulot - dodo alors que son oncle parcourait les sept mers et lui ramenait des souvenirs du monde entier. Quand ses amis venaient dans sa chambre ils pensaient qu’elle avait vu tant de choses et elle elle ne les contredisait, car dans un sens elle avait réellement vu tout ça à travers les yeux de son aîné. Elle le regardait avec ses petits yeux d’enfants et ce regard n’a jamais changé en grandissant. Ils ont commencé à pouvoir parler d’autres choses que de coloriages à l’école mais la jeune femme a continué à vivre à travers le regard de son oncle, raison pour laquelle le voir si triste aujourd’hui la brise de l’intérieur. John derrière eux et les reproches de son oncle sur le ton employé, ils peuvent enfin redevenir eux mêmes le temps d’une sortie en mer. La rousse n’a même pas encore eu le temps de penser qu’elle est sur un bateau susceptible de couler à chaque instant, son mal de mer ne s’est pas encore éveillé. Elle aurait dû prendre un cachet ; comme toute personne sensée l’aurait fait. Bien que ce ne soit pas le moment de penser à ça, Charlie persiste quand même à croire qu’elle est celle criant le plus fort des deux. Cela lui sera utile la prochaine fois qu’elle criera à l’aide ; parce que tout le monde sait déjà qu’il y aura une prochaine fois. Elle est bien incapable de rester dans le rang, disciplinée, et de ne pas se créer de problèmes. Toutes ces négations et injonctions sont inconnues à ses douces oreilles. Cela ne l’empêche cependant pas d’écouter le programme de son oncle pour les jours à venir, fortement réarrangé à cause de sa blessure à la main. Piloter un avion ne semble en effet pas être la meilleure chose à faire dans ces conditions. Si la rousse avait été chez elle (chez sa génitrice, plus précisément) elle lui aurait tendu un des nombreux avions en papier soigneusement rangés dans sa chambre en lui disant qu’elle pourrait au moins faire voler celui ci. Elle est certaine qu’elle a déjà dû lui demander de faire voler ces avions à taille réduite étant petite. Sa mémoire flanche si on remonte aussi loin dans le temps, mais son coeur lui le sait. « Thomas qui te sort de prison laisse moi deviner … il t’a fait la leçon de morale du siècle, ça t’a énervé, t’as essayé de finir avec lui ce que t’avais pas fait avant. Sauf que c’est ton lapin préféré et que tu l’aimes trop pour abîmer son joli minois. » Et que contrairement à John, il est un soldat entraîné qui aurait su se défendre, surtout face à un Cian déjà blessé et aveuglé par la colère. Charlie s’imagine très bien la scène dans sa tête oui, avec des policiers incrédules face à la scène du prisonnier tentant d’en coller une à celui qui vient de payer sa caution. Thomas et Cian, une véritable histoire d’amour à travers les âges. C’aurait fait un joli titre pour un livre, avec eux deux devant des cygnes dont le cou formerait un coeur. Le petit couple parfait. Charlie rigole parce qu’ils s’autorisent enfin à faire dévier la conversation vers un sujet plus léger, et le fait que son oncle parle à nouveau de Thomas est un beau début au processus de guérison. Cependant elle s’arrête aussitôt de rigoler en comprenant la raison du lent retour à la stoïcité du visage de son oncle. « Niamh, Niamh ? Vraiment ? Quand, où, comment ? … Pourquoi ? » Ce qui est bien avec ce genre de prénom c’est qu’il ne peut pas y avoir de confusion sur la personne. L’étudiante attend que son oncle lui donne toutes les informations à propos de leur rencontre pour dire quoi que ce soit d’autres. Ses pensées à propos de cette femme sont tellement variées, tellement complexes … La seule chose qu’elle espère c’est qu’elle ne fera pas souffrir Cian à nouveau, parce qu’il a assez donné.

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Charlie & Cian

Charlie a toujours aimé que je lui raconte des histoires. Enfant, c’est la toute première chose qu’elle me demandait dès que je rentrais de missions. Il fallait toujours que je lui raconte ou j’étais allé, ce que j’avais fait et surtout si j’avais vu des choses nouvelles. Grâce à mon métier, j’ai pu faire le tour du monde et heureusement, je n’étais jamais à court de nouvelles histoires. C’est probablement ce qui a construit notre relation si forte. Je lui promettais toujours de revenir pour lui parler de mes aventures et c’est une promesse que je n’ai jamais brisée. Elle pouvait me faire confiance sur ce point-là. Lorsqu’elle était enfant, j’étais celui qui parlait le plus. Elle m’écoutait toujours avec beaucoup d’attention et me posais mille et une question. Puis ma petite Charlie à grandi et ce qui avant n’était qu’un long récit de ma part, c’est petit à petit transformer en de très longue discussion avec ma nièce. On se parlait de tout et de rien. Je n’ai jamais jugé Charlie, je ne lui ai jamais fait de reproche. Je me contentais d’écouter ce qu’elle voulait bien partager avec moi. C’est sans doute grâce à cela qu’au fur et à mesure elle a commencé à me confier de plus en plus de choses. J’ai été le premier à savoir qu’elle avait partagé son premier baiser, le premier à savoir lorsqu’elle a commencé à se questionner un peu sur sa sexualité. J’ai toujours chéri ce genre de moment et parce que je prenais toujours du temps pour elle, ma nièce a toujours su qu’elle pouvait me parler. On ne se voyait pas souvent, mais on échangeait toujours beaucoup. Un point qui a bien souvent fait enrager ma sœur et qui la dérange encore aujourd’hui. Elle n’a pas su créer ce lien avec sa fille alors elle m’en veut, constamment. Comme si j’avais fait quelque chose de spécial, comme si j’avais demandé à Charlie de prendre mon parti. Je n’ai jamais rien fait de tout cela, j’ai juste été présent lorsque la rouquine en avait besoin et aujourd’hui encore même s’il m’arrive de m’emporter, Charlie sait que je serais toujours là pour elle. Voilà pourquoi on se retrouve sur ce bateau à parler de son ex copain qui a été infâme avec elle. Je suis persuadé qu’Erin ne sait rien de tout cela. C’est d’ailleurs bien pour cela que je ne peux m’empêcher de veiller au grain. Pourtant, je n’insiste pas lorsque ma nièce me fait comprendre qu’elle en a assez de parler de tout cela. Elle ne veut pas ressasser sa relation avec John et je peux le comprendre. On en reste donc là. Le chapitre est clos. Charlie sait parfaitement que je vais tout de même continuer à garder un œil sur elle, mais que jamais je ne vais l’embêter ou lui interdire quoique ce soit. Elle est grande, elle sait ce qu’elle fait. Je me suis battu avec cet abruti uniquement parce qu’il avait blessé celle que je considère comme ma fille, mais je ne recommencerai pas.

Afin de rendre son beau sourire à ma nièce, je finis par lui parler du soir ou Thomas est venu me chercher en garde à vue. Un grand moment de bonheur pour mon meilleur ami. Bien entendu, il n’a pas pu s’empêcher de me faire sa morale de papa et bien entendu cela fait rire Charlie. « Tu le connais, c’est plus fort que lui à chaque fois. » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres lorsque j’entends la jeune femme utiliser ce surnom idiot que l’on se donne avec Thomas. C’est vrai que parfois, il me tape sur le système même après vingt ans d’amitié, mais cela ne dure jamais bien longtemps. Généralement, après dix minutes, j’oublie pourquoi j’étais énervé après lui. « Je taperai jamais sur mon lapin. » dis-je en haussant les épaules. « Enfin… Plus jamais quoi. » Oui parce que je lui avais déjà plus ou moins taper dessus il y a de cela quelques années, alors que nous faisions nos classes à l’armée ensemble, mais depuis le temps il y a eu prescription.

Parler de mon amitié avec Thomas, c’est bien, mais ce n’est pas réellement ce qui m’occupe l’esprit en ce moment. Vraiment pas. Et si Charlie peut me parler de tout, je sais que la réciproque est évidente. Alors, je finis par lâcher ma bombe. Parler de ma rencontre avec Niamh. Et bien entendu, il ne faudra que quelques secondes à Charlie pour comprendre de quoi je parle et pour lancer une vague de questions. Je ne sais même pas par ou commencer. « C’était vraiment par pur hasard. » dis-je doucement. « À cause de ça… » Je lui montre ma main toujours bandé. « J’ai du temps à tuer et je m’ennuyais chez moi alors je suis parti faire un tour. Je suis tombé sur elle à la sortie d’un café. Comme ça bêtement. » Je repense à ce moment ou mon regard, c’est poser sur la jeune blonde. Comment mon cœur, c’est serrer en voyant son ventre surtout. « Elle est… » Elle est quoi Cian ? Toujours aussi belle, ça, c’est sûr, mais bien enceinte surtout. « Enceinte… » finis-je par dire bêtement. Je secoue la tête et passe une main sur mon visage. C’est complètement idiot, je devrais même pas penser à elle. C’est fini toute cette histoire. Vraiment fini. Et pourtant… J’y pense depuis des jours au point que ça m’empêche de dormir la nuit. Mais je ne vais peut-être pas parler de tout cela avec Charlie. Je n’en sais trop rien en réalité. « Je vais pas la revoir. Enfin, je crois. J’en sais rien. » Vraiment, on ne pouvait pas faire mieux comme phrase Cian. Je sens qu’elle va se moquer de moi dans deux minutes.

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Les yeux bleus de Charlie se posent avec amour sur le visage de son oncle qu’elle a tant aimé au fil des ans. Elle le regarde se perdre dans ses explications au sujet de Thomas, lui dire qu’il ne le frapperait ou en tout cas plus jamais, et elle de rigoler aussitôt. Elle a entendu bien des histoires des deux soldats, des meilleures comme des pires. Ils ont vécu tant de choses tous les deux, se sont quittés pour mieux se retrouver. Leur amitié a été une véritable aventure avec laquelle elle a grandi, son dessin animé préféré et de loin. Elle souriait face au visage de son oncle qui s’illuminait avant même qu’il ait commencé à raconter son histoire. Elle savait qu’il allait parler de son autre tonton de coeur et que cela allait lui faire plaisir peu importe le sujet. Il aurait tout aussi bien pu lui conter une journée sans aucune aventure (ce qui semble impossible à croire lorsque les deux sont réunis) et elle l’aurait écouté avec tout autant d’attention. Certains grandissent avec les exploits de guerre de vieux aïeuls dont on pourrait même douter de l’existence, ses héros à elles c’était ses tontons. Fin de l’histoire, impossible de négocier. Elle laisse donc Cian parler de lui encore une fois aujourd’hui, elle laisse ses mots se perdre doucement parmi les vagues. Le moment n’était pas propice à sourire, pourtant, l’arrivée de Thomas dans l’histoire change tout. Il sourit, son tonton préféré. On dit même à son Lapin. Charlie ne remet pas le couvert, tous ces évènements sont derrière eux désormais et ils doivent avant. Elle le laisse se nourrir des images qui lui restent de cette rencontre, parce qu’elle ne lui donnera plus rien à se mettre sous la dent désormais.

Cependant la rousse perd bien vite son sourire lorsque la discussion évolue vers les problèmes de son oncle. Elle n’avait absolument rien vu venir de sa révélation et s’en veut réellement d’avoir été obnubilée par ses propres problèmes pour ne pas avoir vu que son oncle avait les siens à gérer aussi. Stupide fille. Il a tellement de choses bien plus importantes que les problèmes de coeur de sa nièce à gérer. A cause d’elle il est obligé de rester à terre et de rater des missions, alors qu’elle sait pertinemment que sa seule raison d’exister est de pouvoir s’envoler. Son autre raison d’exister portait le prénom d’une femme. Et Charlie a déjà compris que l’amour rend aveugle et qu’il tue à petit feu ensuite, c’est un piège duquel il est bien difficile de réchapper. Impossible, à vrai dire. Elle n’est qu’une grande adolescente mais pour lui, l’adulte qui a tant vécu de choses, le problème est tout aussi compliqué. Son histoire avec Niamh est si complexe, si profondément enfouie dans son coeur qu’elle sait qu’il ne pourra jamais totalement l’oublier. Elle le sait et cela lui fait craindre tant de malheurs pour son oncle qui mériterait tant de trouver la femme de sa vie et de se poser avec elle. Il mériterait de fonder sa propre famille, d’avoir ses propres enfants à qui raconter ses aventures avec Thomas. Il pourrait enjoliver la situation, leur inventer un passage express sur la lune et la zone 51. Et quand il lui avoue l’avoir rencontré par hasard, elle le croit. Elle sait qu’il ne chercherait jamais à lui mentir parce que la rousse sera toujours là pour lui comme lui l’a été pour elle. Sans jugements, jamais. Pas entre eux. Lorsqu’il lève sa main en guise d’excuse, la rousse l’attrape doucement au vol en l’attrapant par le poignet. Elle enveloppe sa main bandée entre ses longues mains diaphanes et protectrices. Charlie ne veut pas qu’il s’en aille, qu’il se fasse mal à nouveau et elle aurait réellement apprécié avoir des super pouvoirs pour guérir les blessures. Elle les aurait utilisé pour lui ; pour guérir sa main et son coeur. Elle aurait drainé sa peine et ses malheurs si seulement cela avait été possible ; elle aurait tout fait pour lui, absolument tout. « Te sens pas obligé de te justifier Cian, je te crois. » Elle croit chacun des mots qui sortent de sa bouche, boit ses paroles. Il est son oncle, son repère. Le premier pilier de sa vie et elle voudrait ne jamais avoir à le voir souffrir comme aujourd’hui. Le sang de la jeune femme se glace quand il évoque l’état de santé de son ex compagne et l’espace d’un instant elle ne sait plus quoi penser. Elle tente de rassembler toutes les données qu’elle avait à son propos, de se placer dans la frise chronologique des évènements … Et tout semble malheureusement trop s’imbriquer facilement. « De … De toi ? » Parce que dans la tête de la rousse 1 + 1 ça fait bien 2, et qu’ils n’ont pas le temps de passer par des chemins détournés. S’il aborde le sujet c’est qu’il souhaite lui en parler, qu’il lui fait assez confiance pour ça aussi. La rousse ne sait pas quelle réponse serait le mieux entre “oui c’est le mien mais apparemment elle ne me veut pas dans sa vie” ou “non ce n’est pas le mien elle me trompait et elle ne me veut plus dans sa vie”. Dans un cas comme dans l’autre cela implique un coeur brisé, et pas le bon. « Tu ne peux pas prévoir le futur, personne ne le peut. La question c’est de savoir si tu veux la revoir, et si elle le veut aussi ? Tu … lui as parlé ? » Elle tente d’aborder le sujet avec délicatesse, de ne poser qu’une question (ou deux, ok, d’accord) à la fois avec une voix douce caractéristique de la gente féminine. Il mérite tant d’être heureux.

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Charlie & Cian

Cette sortie était une énième excuse pour échapper au repas familial dominical. Une excuse de plus pour ne pas s’asseoir autour de cette table en bois usé par le temps, à écouter mon père se plaindre de tous les habitants du quartier, Erin se plaindre du comportement de sa fille alors que cette dernière était assise à table avec nous et ma mère se plaindre de mon comportement en faisant comme si je n’étais pas là. On échappait au pire, assis sur ce catamaran au large de la baie. Un endroit paisible pour se retrouver un peu entre oncle et nièce. Une journée qui visiblement était placer sous le signe des révélations, une chose qu’aucun d’entre nous n’avais prévu. Pourtant Charlie est arrivé sans avoir camouflé le bleu sur son visage, tout simplement parce qu’elle sait qu’elle peut me faire confiance. Elle se doutait que j’allais m’énerver, mais elle savait également que je ne la pousserais jamais à bout et que je ne la forcerai jamais à me parler. On a abordé le sujet, le plus calmement possible et j’ai compris qu’elle ne voulait pas s’attarder plus longtemps sur le dossier John. Alors, je laisse couler.

Ce que je n’avais pas prévu, c’est que je finisse par vider mon sac à mon tour. J’ai commencé à plaisanter en évoquant mon meilleur ami, pour changer les idées de Charlie et pour la faire rire un peu. Puis sans réellement réfléchir, j’ai fini par évoquer ma rencontre avec Niamh. Je savais que ce prénom allait faire réagir ma nièce, mais je n’avais pas réellement prévu de lui en révéler autant. Tout le monde est au courant pour ma rupture avec la jeune femme, en revanche, seul Thomas en connaît la véritable raison. Je n’ai parlé de cela à personne d’autre, un peu par honte, mais surtout parce que je ne savais comment aborder le sujet. Je refuse que mes parents soient au courant de tout cela, leur jugement serait bien trop violent et je serais incapable de l’encaisser. Pourtant, aujourd’hui, sur ce catamaran en compagnie de ma nièce, je ressens le besoin de parler de tout cela. Je sais que Charlie n’en parlera à personne. Je sais qu’elle ne jugera pas. La preuve en est, c’est avec douceur qu’elle me demande de ne pas me justifier. Ma rencontre avec Niamh s'est faite dans un pur hasard et je m’en serais réellement bien passer. Je n’étais pas prêt à lui faire face, à la voir avec son ventre rond. Je ne pourrais jamais effacer cette image de ma tête. Niamh dans une jolie robe, ses cheveux blonds détachés et cette main qu’elle a immédiatement poser sur son ventre en croisant mon regard. Ce ventre si rond, preuve vivante de sa tromperie, de la fin de notre histoire. Mon cœur se serre en pensant à tout cela. Comme un idiot, incapable de trouver mes mots, je fais savoir à Charlie que mon ex compagne était enceinte. Sans préciser le plus important. Et bien entendu, Charlie émet une pensée qui sommes tout est le résultat le plus logique. Un rire amer s’échappe d’entre mes lèvres face à sa question. Me voilà replongé dans ce cabinet médical, le jour ou le médecin m’as appris que je n’étais pas le père de ce bébé que j’aimais, peut-être, déjà un peu trop. Le jour ou mon avenir avec Niamh, c’est tout simplement écroulé. Je hausse les épaules et détourne la tête pour ne pas croiser le regard de ma nièce. « Pas de moi, non… » Cette vérité qui fait mal, qui transperce de part en part. Cette vérité que j’ai du mal a accepté et qui est pourtant bel et bien réelle. Niamh est enceinte, oui, mais pas de moi. Elle avait un amant. Celui qu’elle voyait lorsque j’étais à l’autre bout du monde. Un soupire triste m’échappe. Non, je vais pas laisser les larmes coulées, mais je ne parle jamais de tout cela et aujourd’hui encore, après plusieurs mois, le sujet est toujours aussi sensible. Je crois que j’avais tout simplement besoin d’en parler à Charlie. Elle est jeune, elle ne devrait pas avoir à supporter mes problèmes, je ne veux pas la rendre triste. Mais dans ma famille, elle est celle en qui j’ai le plus confiance, celle qui connaît pratiquement tout de moi. Alors, aujourd’hui, elle mérite de connaître la vérité. « Je pensais qu’il était le mien, elle n’a rien fait pour le démentir d’ailleurs… » Tous ces souvenirs qui se jouent en boucle dans mon esprit. « Je m’étais fait à l’idée. Je me voyais devenir papa aussi étrange que cela puisse paraître. Puis y a eu ce foutu rendez-vous pour l’échographie. » Je passe une main las sur mon visage. « Le médecin a estimé la date de fécondation… J’étais pas au pays à cette époque-là, j’étais même très loin du pays. » Et la douleur de cette révélation qui vient me frapper en plein fouet à nouveau. « Elle avait un amant pendant tout ce temps. » Conclusion douloureuse d’une histoire dans laquelle je croyais tant, pour la première fois de ma vie.

Je passe une main sur mes joues et lève les yeux au ciel. « Je devrais pas te parler de tout cela, t’as pas a porter les problèmes de ton vieil oncle. » Je ris un peu, comme une réaction nerveuse. C’est tout ce qu’il me reste à faire après tout, rire de ma situation. Charlie me demande si j’ai envie de revoir mon ex compagne. La question à cent balles. Je n’en sais absolument rien. J’ai été incapable d’ouvrir la bouche face à elle et pourtant, je donnerais tout pour pouvoir passer un instant avec la belle blonde. « Je ne lui ai pas parlé. J’ai bloqué sur son ventre et je suis parti… » dis-je en soupirant longuement. « Je ne sais pas ce que je veux, mais elle me manque… »

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@Cían Atwood

Le rire qu’il lui tend la brise de l’intérieur. Elle ne lui connaît pas ce genre d’expressions là, ne le savait pas même capable de rire de la sorte. Ce n’est pas même un rire, seulement un horrible son qui la déchire de l’intérieur à cause de son trop plein de réalisme. Parler de Niamh n’était plus chose facile depuis quelques temps, mais le sujet qu’ils abordent aujourd’hui est encore bien plus compliqué. Elle s’en veut de lui avoir posé cette question pourtant il est celui qui a entamé la discussion ; il savait dans quoi il s’embarquait et sûrement au fond de lui avait-il besoin d’en parler. Charlie n’y voit inconvénient, aussi difficile que le sujet puisse être elle restera là pour lui comme il l’a été pour elle pendant toutes ces années. Elle garde sa main blessée dans les siennes alors que son coeur semble s’arrêter lorsqu’il détourne le regard au moment de lui répondre. Elle a l’impression d’observer la construction d’un mur de pierre entre eux au moment où ils parlent. Il a sans doute bien fait de quitter les yeux de Charlie à ce moment là pour ne pas la voir perdre pied à son tour ni voir le voile se poser sur ses iris bleues. Pas de lui. Enceinte, mais pas de lui. Ils étaient en couple, pourtant, alors … Il n’y a pas que les hommes qui semblent jouer avec le coeur de leur compagnon malheureusement. Cian a besoin de temps et d’espace pour se confier pour ce malheur qui le ronge et sa nièce ne comprend que trop bien cette situation dont elle sort à peine. Elle ne le pressera pas comme lui ne l’a pas pressé. S’ils doivent rester trois jours sur ce bateau alors c’est ce qu’ils feront, et au diable ce mal de mer qui la rend folle.
Le clapotis des vagues sur la coque du bateau n’a pas le temps de se faire entendre à nouveau qu’il continue son histoire, qu’il lui avoue à demi mot savoir depuis bien plus longtemps qu’elle était enceinte. Qu’il lui avoue avoir eu bien trop d’espoirs avec cette femme. Qu’il lui avoue avoir pensé à devenir père pendant un temps. Et la chute. Toujours la chute qui arrive sans que l’on ne l’attende, sans qu’on ne la prévoit. Une chute d’autant plus difficile lorsqu’on pensait avoir atteint les plus hauts sommets des cieux, lorsqu’on pensait être heureux et comblé. Il l’était, assurément ; mais pas elle. Comment ne le pouvait-elle pas avec Cian ? Villanelle essaye de comprendre le point de vue de Niamh, elle essaye vraiment sous couvert de solidarité féminine ou tout simplement d’un trop grand coeur … mais il lui est impossible d’arriver à lui trouver des excuses. Encore moins à pardonner. Elle voudrait lui dire tant de choses si elle se retrouvait face à elle maintenant ; et rien de bien glorieux dans tout ça. « Y’a pas de vieil oncle qui tienne, tu sais que tu peux me parler de tout. Et que je fais de même. » Même si ça fait mal, même si ça fait pleurer, même si ça brise le coeur en des millions de morceaux qu’il serait impossible de recoller. Parfois, sur un malentendu, ils ont aussi de belles choses à se raconter. C’est quand ils ne le font pas exprès, souvent. Ces derniers temps ils étaient un peu trop occupés pour avoir de bonnes nouvelles à vrai dire. Peut être que tout reviendra à la normale dans quelques semaines. « Vous en avez parlé ? Du bébé, de son amant, de tout ça ... » Parce qu’au fond Charlie déteste cette femme mais elle ne peut pas s’empêcher d’essayer de lui trouver des excuses pour avoir brisé le coeur de son oncle. Peut être que c’était qu’une seule fois (et alors ?), peut être que c’était un accident (vraiment, Charlie ?), peut être que le docteur s’est trompé (elle l’aurait dit à Cian), peut être que Charlie ne trouve réellement aucune excuse et que ça la terrifie. « C’est normal qu’elle te manque, te sens pas désolé pour ça. » Et elle voudrait tellement qu’il ne la fuit pas pour pouvoir être capable de lui dire droit dans les yeux qu’elle elle sera toujours là pour lui, que rien ne pourra jamais les séparer même s’ils se crient dessus et même s’ils se disent d’horribles choses. Il y aura toujours quelqu’un pour remplacer Niamh, quelqu’un de bien meilleur. Pourtant elle sait aussi ce que c’est que de tomber amoureux des mauvaises personnes, et elle sait que ça ne peut pas se réparer d’un coup de baguette magique. « Laisse moi te prendre dans tes bras. Je ne peux pas te promettre que tout ira bien mais je peux au moins te dire que tu pourras toujours compter sur moi. »

No matter what
Charlie & Cian

Cette journée devait nous permettre de nous échapper du quotidien. Résultat, assis sur le ponton avant du bateau, voilà que nous vidons tout les deux notre sac. Si Charlie m’a parlé de ses problèmes de couple assez rapidement, je n’ai jamais réellement évoqué les raisons de ma rupture avec Eavan. Pour toute ma famille et la majorité de mes proches, nous avons simplement rompu, pas d’autres explications. Je n’ai jamais vraiment ramené Eavan aux repas familiaux. On l’a fait de temps en temps, mais Erin n’arrêtait jamais avec ses questions, ma mère voulait absolument nous marier et mon père ne pouvais pas s’empêcher de faire des remarques sur la profession de ma petite amie. J’avais rapidement abandonné l’idée de parler de ma relation aux repas de famille et finalement à qui que ce soit. On vivait notre histoire juste tout les deux et c’était parfait. Ou tout du moins, cela l’était pour moi.

Je crois que je ne pourrais jamais oublier le jour où j’ai appris la vérité. Ce rendez-vous chez le médecin, je l’avais attendu avec impatience. Oui j’avais réellement flipper le jour où j’ai appris qu’Eavan était enceinte. On n’avait jamais évoqué cette possibilité, je n’y avais jamais réellement pensé non plus. Il m’avait fallu quelques jours pour me faire à l’idée, mais a presque quarante ans, j’ai fini par me rendre compte que c’est ce que je voulais. Et je le voulais avec Eavan et personne d’autres. J’avais fait des plans sur la comète, persuadé d’être le père de ce bébé. Je me voyais demander à ralentir mes missions, j’avais même envisagé de complètement mettre ma carrière entre parenthèses. Pour elle. J’aurais fait n’importe quoi pour elle. La chute n’en a été que plus violente. Visiblement, je vivais seul dans ma petite bulle et elle m’a explosé en pleine figure. Blessé dans mon orgueil et incapable de gérer ma douleur, j’ai préféré ne rien dire à personne. Il était bien plus simple de prétexter un conflit d’intérêts amenant à une rupture. Rien de plus. Je n’avais pas prévu de parler de tout cela à Charlie. Elle est ma nièce, je devrais pas vider mon sac auprès d’elle et pourtant… Je crois que j’avais besoin de la mettre dans la confidence. J’ai besoin qu’elle soit au courant de tout cela. Elle a bien tenté de me parler de mon ex petite amie de temps en temps et cela ne faisait que de me mettre de mauvaises humeur. Je me suis déjà braqué contre elle à cause de cela, elle mérite de comprendre toute la situation et surtout, j’ai réellement besoin de parler de tout cela depuis que j’ai revu Eavan un peu par hasard.

Alors, je vide mon sac. Même si cela fait mal, même si je n’ose plus croiser le regard de Charlie. Je sens sa main sur la mienne comme une présente rassurante et pourtant… Je me sens emporté par mes souvenirs incapables de mettre mes émotions de côtés. Les larmes aux yeux, je tente de ne pas me laisser submergé. Un petit rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres lorsque Charlie me rappelle que je peux lui parler de tout. « Qui est l’adulte ici ? » demandais-je ironiquement. Il faut croire qu’aujourd’hui ma nièce est celle qui a la tête sur les épaules comparer à moi. Elle n’est clairement plus une gamine et j’ai trop souvent tendance à l’oublier. C’est calmement qu’elle me pose des questions censées. Cette conversation que je n’ai eue avec personne, au final. On pense toujours qu’il est plus simple de tout garder pour soi. Grave erreur. À trop vouloir gérer seul on ne sait plus vraiment comment faire pour s’en sortir. « On a… On a essayé de se parler entre deux hurlements. » Lorsque j’ai fini par comprendre qu’Eavan m’avais trompé, qu’elle menait une double vie, j’ai cherché à comprendre, mais la colère a fini par prendre le dessus. Je me suis laissé aveugler par la blessure et je sais que j’ai été méchant avec elle. Je regrette une grande partie de ce que j’ai pu dire à ma petite amie ce soir-là, mais la blessure été à vif et j’avais besoin de lui faire payer. Ce qu’Eavan a pu m’avouer lors de cette conversation, je ne pourrais jamais l’oublier. « Elle… » Nouveau rire nerveux au souvenir de ce qu’Eavan a bien pu me dire ce jour-là. « J’étais assez bien pour elle parce que… Parce que comparer à son amant, j’ai une bonne situation. » Je renifle un coup et lève les yeux au ciel avant de tourner la tête vers Charlie. « C’est tout ce qu’elle a réussi à me dire ce soir-là. Qu’elle aurait aimer que ce bébé soit le mien, parce que je pouvais lui offrir un avenir stable. Pas parce qu’elle m’aimait ou quoi… Non… Parce que j’avais le bon profil pour être son baby daddy. » J’ai l’impression que l’on me poignarde en pleine poitrine à nouveau. Comme cette sensation de ne plus pouvoir respirer, de chercher l’air pur. Je sens les bras de Charlie s’enrouler autour de mes épaules et je laisse ma nièce me prendre contre elle. Je crois que j’avais besoin de tout cela. « Je me sens tellement con t’as pas idée. » Je soupire et m’éloigne un peu de Charlie pour plonger mon regard dans le sien. « Et ça allait très bien avant que je la revoie. » Enfin… C’est ce que je veux me faire croire. Comme si évité mon ex compagne, faire comme si elle n’avait jamais existé, pouvait réellement m’aider. J’avais juste caché mes émotions sous le tapis et je pensais pouvoir continuer comme cela encore longtemps. « Maintenant, je me rends compte à quel point elle me manque et… » J’ai soudainement envie de crier, mais je ne veux pas hurler sur ma nièce qui n’a absolument rien demander à personne. « Et ça me rends dingue, j’ai envie de hurler ou de frapper dans un truc, mais je peux pas avec cette main de merde et… » Et quoi Cian ? « J’en ai juste marre ! » Et cette fois, je ne peux m’empêcher de hausser le ton. Marre d’avoir encore des sentiments pour une femme qui s’est moqué de moi pendant un an, marre de vouloir lui trouver des excuses, de m’inquiéter pour elle.

@Charlie Villanelle

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

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No matter what

@Cían Atwood

« On est tous les deux adultes maintenant. » Charlie réplique aussitôt, un mince sourire sur ses lèvres rosées. Elle a longtemps été sa petite nièce chérie et quelque chose lui dit qu’elle le restera encore pour de longues années, mais elle est aussi sa petite nièce chérie qui est devenue grande. Elle est une femme maintenant, elle a passé vingt ans à raconter tous ses problèmes à son oncle alors elle peut écouter en retour. Elle le veut. Il lui a donné tant d’amour durant toutes ces années, a été si patient aussi. Aujourd’hui est le jour où elle peut enfin lui démontrer qu’il peut lui parler sans craindre qu’elle ne soit pas assez forte. Alors elle fait comme il a toujours fait avec elle, elle le laisse parler, le réconforte en prenant ses mains blessées dans les siennes. La jeune femme se reconnaît avec douleur dans les mots de son aîné, elle ne peut que mieux comprendre tout ce qu’il lui dévoile petit à petit. Les mots qu’a eu Eavan envers lui la heurtent par la même occasion. Comme si elle se faisait embrocher par la même flèche. Il aurait réellement été un père parfait, elle aurait aurait eu toutes les raisons du monde pour l’aimer. Ces mots ne font aucun sens aux oreilles de la jeune rousse. Rien ne fait sens. Peut être mentait-elle ? Peut être avait-elle d’autres problèmes ? Et par dessus tout pourquoi Charlie tente de lui trouver des excuses alors qu’elle vient à nouveau de faire souffrir son oncle comme il a rarement souffert ? Villanelle s’en veut d’être encore et toujours en train de chercher des excuses pour les faits et gestes de quasi inconnus, surtout quand les inconnus en question font du mal à la chair de sa chair. Ne sachant toujours pas comment organiser ses pensées et les transformer en mot, elle prend le temps d’étendre son bras pour venir le passer derrière la nuque de Cian et attraper son épaule. Cela ne dure que quelques secondes pourtant elle sent bient ses muscles se détendre légèrement. « Revois la, Cian. » La voix de sa nièce tranche très largement avec son haussement de ton, elle fait de son mieux pour garder un timbre doux. Il a besoin d’une présence féminine pour le calmer et l’écouter, et aussi bon ami Thomas soit-il il ne pourrait jamais remplir ce rôle ci. La rousse tatônne, échoue, recommence, mais elle fait de son mieux pour choisir les bons mots et surtout lui donner les bons conseils. « Si elle te manque, va la voir. Sinon tu vivras dans le doute du “et si”, tu te feras mal pour rien. Tu lui manques sans doute aussi, même si elle n’a pas choisi les bons mots pour t’en faire part. » Même si c’est une connasse, manque-t-elle d’ajouter avant de rapidement se raviser. Il ne serait pas ravi qu’elle insulte son ex petite amie qu’il aime tant, et sans doute que cette femme ne le mérite pas aussi. Elle relève ses yeux, tente de capter l’attention de son aîné tout en carressant doucement le dos de sa main. « Je ne te dis pas de tout lui pardonner, mais écoute ce qu’elle a à te dire. On fait tous des erreurs et la sienne a pris des proportions inattendues. » Littéralement.

No matter what
Charlie & Cian

C’est avec douceur que ma nièce me rappelle que nous sommes tous les deux des adultes désormais. Elle ne m’envoie pas de pique, elle ne réplique pas méchamment. Juste en douceur comme elle sait toujours si bien le faire. Juste un petit rappel. Faire comprendre à son oncle un peu gâteux qu’elle n’est plus un bébé. J’ai souvent du mal à l’accepter. Je ne refuse pas qu’elle grandisse loin de là, elle doit vivre sa vie désormais, je l’ai bien compris ces dernières semaines. Elle doit vivre ses propres expériences, tomber et se relever. Je l’ai bien compris, mais il m’est difficile de rester dans mon coin sans intervenir. C’est tout simplement plus fort que moi, je la vois encore comme la petite fille qui avait besoin de ma protection et que je me devais de protéger du reste du monde. Elle a bien grandi cette petite fille et c’est avec douceur qu’elle tente de me le faire comprendre. « Je sais ma grande. » Je le sais, mais je suis pas sûr de l’accepter réellement. Mon dieu… Je plains mes futurs enfants si j’en ai un jour. Je vais refuser à vie de les voir grandir, c’est certain. Pourtant, Charlie ne fait pas cela pour me blesser bien au contraire. Elle veut juste gentiment me faire comprendre qu’elle est assez grande pour écouter mes problèmes et pour pouvoir les gérer également. Je ne devrais pas me confier autant sur ma vie privée auprès de ma nièce, je sais que sa mère n’apprécierait pas, mais c’est apaisant pour moi. Je sais que Charlie sera toujours une oreille attentive et surtout qu’elle ne me jugera jamais, quoiqu’il arrive. C’est ce qui me décide à finir par tout lui dire.

Je prends mon temps. Je bute un peu sur mes mots, je tremblote, j’hésite et je recommence. Au final, je ne lui cache rien. Absolument rien. Je lui parle de tout. De cette grossesse, des mensonges d’Eavan et surtout de cette dernière dispute qui fut fatale pour notre couple. Plus j’y pense, plus je me dis que j’aurais pu accepter une tromperie. Après tout, j’étais également fautif dans l’histoire. Ma profession m’obligeait à être loin, j’avais souvent la tête dans mon avion et les nuages même lors de mes permissions. Elle aurait pu me tromper une fois et cette grossesse aurait été un véritable accident. Je suis persuadé que je lui aurai pardonné cela. Mais une relation d’un an… Non. Je ne peux pas. Je me faisais toujours un plaisir de revenir à Brisbane. Je demandais plus de permissions, je faisais tout pour être plus souvent à la base qu’à l’étranger et pendant ce temps elle vivait une histoire avec un autre. Et voilà qu’elle est tomber enceinte de lui. Je n’avais plus rien à faire dans sa vie… Pourtant, la douleur est toujours aussi vive même huit mois après. Je suis tellement perdu. Surtout, depuis que j’ai revu mon ex compagne. Je pense à elle sans cesse. Constamment. Je m’attendais à ce que Charlie s’énerve, à ce qu’elle me dise que je suis en train de faire n’importe quoi, que je ne devrais pas retourner auprès d’elle. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise de la retrouver. Je suis tellement surpris que je tourne la tête vers elle presque trop rapidement faisant craquer mon cou. Je l’observe avec des yeux ronds. « Quoi ? » Je ne m’attendais vraiment pas à cela. Je suis persuadé que Thomas aurait eu un discours bien différent. Et elle explique le fond de sa pensée ma nièce, toujours avec autant de douceur. Je sens sa main glisser dans mon dos et cela m’apaise réellement tandis que je l’écoute avec attention. Je prends le temps de réfléchir à ce qu’elle me dit. « Depuis quand tu es devenu si sage ? » dis-je en riant un petit peu. Je renifle un peu et inspire longuement. Elle n’a pas tort dans le fond… Je le sais parfaitement et pourtant, je n’arrive pas à avancer. Je me sens comme coincé. « Une erreur d’un an… Pas d’un soir, mais d’un an. » C’est sans doute ce qui me blesse le plus dans le fond. Le fait qu’elle est entretenue cette relation avec l’autre pendant une année. Elle était bien contente de m’avoir auprès d’elle, mais dès que je partais elle allait se réfugier dans ses bras. Elle m’embrassait, me disait qu’elle m’aimait, partageait ma vie et mon lit et elle faisait pareil avec un autre. J’ai longtemps été infidèle dans ma vie, mais j’ai fini par comprendre à quel point ce genre de comportement était destructeur et a quel point j’ai pu blesser des femmes. Avec Eavan, je ne suis jamais allé voir ailleurs et voilà comment cela se termine. Et ce bébé. Ce petit bébé qui se retrouve au milieu de tout cela et qui n’a rien demander à personne. « Je… J’ai trop peur de m’attacher à son bébé. » dis-je doucement comme dans un murmure. Dans le fond, c’est ce qui me terrorise le plus et c’est la première fois que j’ose l’exprimer à haute voix. « Ce bébé qui sera jamais le mien Charlie. » Non jamais. Il a un père ce bébé et je ne suis personne pour priver un enfant de son père. Je soupire à nouveau et me cale un peu plus contre ma nièce qui n’a cessé de balader sa main dans mon dos de manière protectrice et rassurante. Je me tourne un peu et croise son regard bienveillant. Je lui souris un peu et viens embrasser sa joue doucement. « Merci ma puce… » Je me devais de lui dire cela. Je crois qu’au final, de nous deux, c’est moi qui avais réellement besoin de parler et de vider mon sac. « Je te fais confiance, mais n’en parle jamais à ta mère d’accord ? Je veux pas que ça se sache. »

@Charlie Villanelle

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

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