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 a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan)

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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptyVen 21 Juin - 16:07




< a lost bird in a clear sky >
Old face, tired ears, Wrong turnings and souvenirs
hundreds of memories when you say, A lost bird remembers
feat. @Hassan Jaafari


Plutôt du genre à prendre le taureau par les cornes, Sophia détestait ne pas avoir le contrôle de toutes les situations dans lesquelles elle se lançait, et la confrontation avec Hassan étant sans doutes celle qu'elle appréhendait le plus, ça lui semblait d'autant plus important qu'elle se passe dans des conditions qu'elle jugerait optimales. Non pas qu'il y avait quelconque formule scientifique pour s'assurer qu'il ne lui claquerait pas la porte de son bureau au nez à la simple vue de sa chevelure rousse, mais elle n'avait pas non plus besoin de se retrouver nez-à-nez avec lui pendant qu'elle faisait ses courses, ou souffrir d'une quelconque fortuite colloque comme ce fut le cas avec Joanne. Le destin lui avait déjà une fois tiré le tapis sous les pieds, et une fois de trop si vous lui demandiez son avis. Autant dire que la rouquine n'avait pas perdu de temps, et sa quête de rédemption l'avait mené sur les chemins familiers de l'université du Queensland, que le perse n'avait jamais réellement quitté. Ou du moins l'espérait-elle, car si il était toujours professeur avant qu'elle ne quitte Brisbane, rien ne lui indiquait que c'était toujours le cas. Sophia haussa les épaules, et balaya cette crainte de côté. S'il fallait qu'elle fouille tout Brisbane de fond en comble pour le trouver, elle le ferait, mais elle aimerait autant s'épargner cette tâche, et la bonne grosse dose d'angoisse qui y serait certainement associée.

Fort heureusement, son inquiétude fut rapidement apaisée. Pénétrant dans l'enceinte du bâtiment principal, Sophia s'était machinalement dirigée vers le bureau d'accueil, où la réceptionniste à lunettes, qui semblait ne pas avoir bougé d'un pouce du temps où elle-même évoluait entre ces murs, s'était pris à la reluquer plusieurs secondes durant, comme si son visage lui rappelait vaguement quelque chose, avant de vraisemblablement capituler d'essayer d'y mettre un nom et de lui livrer l'information dont elle s'était enquit, pour finalement reposer son regard sur ses mots croisés. Hassan Jaafari. Deuxième étage. Sophia jeta un coup d’œil à sa montre : les étudiants envahiraient bientôt le hall sur le chemin de la maison, et elle espérait seulement que son ami - son ami ? - n'ait pas déjà terminé sa journée. Montant les escaliers deux marches à la fois, elle tentait d'ignorer la boule qui se formait au creux de son estomac à mesure qu'elle se rapprochait de sa destination. Si sa discussion avec Joanne s'était passée plus ou moins comme elle l'avait anticipé, avec Hassan, elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Pour cause, leur amitié était née de son histoire avec la blondinette, et était morte le moment où il avait décidé de la quitter. Ce n'était pas pour sous-entendre qu'il n'avait pas été un ami cher - non, pendant une longue période, il avait été ce qui se rapprochait le plus d'un meilleur ami masculin, et pas seulement pas défaut d'être le copain, puis mari de Joanne, et meilleur ami de Rhett -, il avait juste commis le pêché impardonnable au yeux de la rousse : il avait brisé le cœur de Joanne, et le siens au passage. Mais maintenant qu'elle s'était rendue elle-même coupable de ce même sacrilège, des réparations semblaient de mise. Elle se souvenait encore des choses qu'elle lui avait balancé à la figure, quand elle avait appris pour le divorce. Des mots qu'elle aimerait pouvoir reprendre, des paroles dont elle aimerait effacer l'existence. Des mots pour lesquels elle aurait dû s'excuser il y a bien longtemps. Trop longtemps. C'était d'ailleurs bien là la raison de son angoisse : elle n'était pas là pour s'excuser d'être partie. Hassan était à l'époque la dernière personne qu'elle s'inquiétait de blesser, leur relation étant bien antagonique des années même avant son départ. Non, de bien des manières, les comptes à rendre étaient bien plus lourds, et cette rencontre pourrait terminer de bien des façons, si tant il acceptait seulement de lui accorder un peu de son temps.

Perdue dans ses divagations, piégée dans son esprit préoccupé, Sophia ne sentit pas les minutes s'écouler dangereusement. Déjà arrivée devant la porte sur laquelle était posée une plaque lisant le nom du professeur Jaafari, elle avait frappé, dans le doute, pour être royalement ignorée. Alors elle avait commencé à arpenter le couloir, allant et venant au son de ses talons sur le sol carrelé. Ce n'est que le bruit de pas se mêlant au siens qui la tira de ses rêveries et, comme elle l'avait espéré, Hassan apparut dans son champs de vision peu après. « Bonsoir, Hassan. » Rien que le fait de prononcer son nom à voix haute lui fit une drôle d'impression. Tout comme elle n'avait pû se retenir de sourire en le voyant arriver. Combien de temps s'était écoulé depuis qu'ils s'étaient retrouvés ainsi, face à face ? Elle l'ignorait. Elle savait, en revanche, que la dernière fois, elle ne l'avait pas abordé avec autant de bienveillance, et elle partait du principe qu'Hassan s'en souvenait également. Y repenser la mit mal à l'aise, et durant un court instant, elle hésita sur la suite. « Je m'excuse de débarquer à l'improviste. C'est le seul endroit où j'étais sûre de te trouver. Tu as un peu de temps à m'accorder ? » finit-elle par opter en tâchant de paraître sûre d'elle, même si elle n'en menait pas large à l'intérieur. Non, ce n'était pas du tout comme avec Joanne. Elle sentait déjà la différence en attendant avec appréhension la réaction de l'homme : Si elle avait choisi le lieu et le moment, Hassan, lui, avait tout un bâtiment duquel il pourrait l'expulser si l'envie lui en prenait.
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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptyVen 19 Juil - 11:07

Lorsque le coursier qui déambulait deux fois par semaine dans les couloirs de l’université avait glissé sous la porte du bureau d’Hassan l’enveloppe sur laquelle son nom et l’adresse de l’UQ, il ne se doutait pas que ce qui se trouvait dans l’enveloppe vaudrait au professeur de dispenser son cours magistral de l’après-midi avec la tête ailleurs, ses préoccupations bien plus loin qu’il ne l’aurait fallu de la mutation des frontières ottomanes dont il était pourtant question face à ses élèves de première année. Dans l’enveloppe, oblitérée en Australie Occidentale et dont l’expéditeur n’était pas précisé, le brun avait découvert une carte postale sur laquelle un koala déambulait sur une branche avec son petit sur le dos, et si la carte n’était pas signée l’écriture soignée et les quelques mots griffonnés dessus ne lui avaient laissé aucun doute quant à celui – ou plutôt celle – qui les avait rédigés. Both well and happy, and forever grateful for your help. Take care, as we will. Depuis le départ de Leela trois ans plus tôt, c’était la troisième carte postale qu’il recevait de sa part ; Une par an, dans un sens, et si Hassan n’en avait pas espéré tant la dernière fois qu’ils s’étaient vu, recevoir des nouvelles – et une preuve de vie – de la jeune femme de temps à autres lui mettait du baume au cœur et lui permettait d’aborder avec un peu moins de regrets la courte histoire qui avait été la leur. Les mots tracés avec application par la jeune femme, le brun les avait lus et relus jusqu’à se donner l’impression qu’il allait pouvoir voir au travers, et alors qu’il sortait une énième fois la carte postale de sa sacoche en quittant l’amphithéâtre pour rejoindre son bureau il avait fallu qu’il manque louper une marche de l’escalier pour se décider à la glisser à nouveau entre deux pages de son livre du moment – un polar, comme souvent – et à regarder à nouveau où il mettait les pieds.

Plus étonnant qu’il n’y paraissait, l’enseignant tenait bon dans sa résolution prise en début d’année et dont il avait fait la confidence à Alfie principalement dans le but d’avoir un témoin pour le forcer à s’y tenir : il ne s’attardait plus dans les couloirs de l’université plus que de raison. La mauvaise habitude, gagnée peu après que sa rémission lui ait permis de reprendre son poste de professeur mais dans une période où rien ne le terrifiait plus que la solitude de son appartement, n’avait été qu’un moyen pour lui de faire l’autruche sur d’autres problèmes qu’il peinait à assumer, et à l’aube de la nouvelle année Hassan avait estimé de façon raisonnable qu’il était temps que cela cesse. Son minuscule bureau du deuxième étage n’était donc plus le repère éternel qu’il avait été à une époque, et le brun tendait à ne plus s’y enfermer des heures durant comme on s’enfermait dans une tour d’ivoire, mais dans la mesure du possible il tâchait de continuer d’y corriger ses copies et d’y répondre à ses mails afin de ne pas ramener de boulot chez lui – seconde mauvaise habitude dont il fallait qu’il se détache. La carte postale un court instant reléguée au second plan et la tête occupée à lister mentalement l’ordre des mails auxquels il devait répondre de façon prioritaire, il avait plongé à nouveau la main dans sa sacoche à la recherche des clefs de son bureau et n’avait relevé les yeux que lorsque le « Bonsoir, Hassan. » prononcé dans sa direction l’avait glacé sur place. Parce qu’il connaissait trop bien cette voix pour la confondre avec n’importe quelle autre voix, et peu importe qu’il ne l’ait pas entendue depuis … oh, une éternité. « Sophia … ? » Incapable d’empêcher l’air médusé venu instantanément habiller son visage, le brun était resté bouche bée durant ce qui lui avait semblé être une éternité, les lèvres s’agitant sans qu’aucun son ne parvienne à quitter sa bouche. Faisant un pas en avant, il s’était bien vite décidé à ne pas en faire plus tandis que lui revenaient à l’esprit les derniers mots que la rousse et lui avaient échangé des années plus tôt ; Des mots durs, des phrases odieuses qu’Hassan ne se rappelait que par bribes suffisantes pour qu’il ait la certitude de ne plus les assumer aujourd’hui. « Je m'excuse de débarquer à l'improviste. C'est le seul endroit où j'étais sûre de te trouver. Tu as un peu de temps à m'accorder ? » Fronçant les sourcils sans être sûr de bien comprendre la question, il s’était éclairci la gorge pour se donner une contenance et s’empêcher de bafouiller – la dernière chose dont il avait envie à cet instant étant de perdre la face. « Est-ce que je … Oui. Oui bien sûr. Pardon. » Sans trop savoir lui-même de quoi il s’excusait exactement, le professeur était fébrilement reparti à la recherche de ses clefs, fouillant maladroitement les tréfonds de son sans avant d’enfin mettre la main dessus et déverrouillant la porte en prétendant n’avoir pas remarqué que ses mains tremblaient devant la serrure.

Tourbillonnant à toutes allures dans son esprit, les milles et une questions qu’il avait à poser lui étaient parvenues d’un seul coup et sans qu’il n’ait la moindre idée de par laquelle il allait devoir commencer. En vérité trop occupé à envisager la situation par le prisme de ses propres incertitudes, il en aurait presque oublié que pour s’être déplacée jusqu’à lui la rousse obtenait d’office le droit d’être celle qui s’exprimerait la première, et ce n’est finalement que lorsqu’il lui avait à nouveau fait face qu’Hassan avait compris que la seule chose qu’il était en droit de demander à Sophia pour l’instant était « Tu veux boire quelque chose ? J’ai du thé et du café. » et que le reste devrait attendre plus tard. Un coup d’œil machinal autour de lui et le voilà qui se désolait de présenter un bureau dans un tel désordre, le panneau en liège débordant de flyers parfois vieux de plusieurs années, de planning raturés et maintes fois modifiés au stylo rouge – l’arme ultime de tout professeur qui se respectait – et les étagères débordant de livres et de manuels au point qu’on les croyait sur le point de s’effondrer, tandis que l’antique cafetière faisait grise mine près d’une bouilloire que le buveur de thé qu’était Hassan lui préférait largement. Repoussant sur un coin du bureau la paperasse qui y trainait, et désignant le second fauteuil à l’attention de son ancienne amie, il brun n’avait pu s’empêcher d’observer un peu plus en détails les traits de celle qu’il pensait ne plus jamais revoir. « Je suis désolé je … Je sais pas trop quoi dire. Je ne m’attendais pas à recevoir ta visite. Est-ce que … tout va bien ? » Prudent, Hassan se questionnait sur les motivations ayant poussé Sophia jusqu’à lui après autant d’années. Après qu’à son tour elle ait décidé, un beau jour, de prendre le large sans explication, créant une nouvelle entaille dans le cœur de leur blonde commune, pareille à celle que lui-même avait provoqué quelques années plus tôt. Et si c’était bien de la bouche de Joanne qu’Hassan tenait la nouvelle de la disparition de Sophia, jamais n’aurait-il espéré la revoir un jour, quand bien même aurait-elle décidé de faire son retour à Brisbane. Rancunière, celle qui avait autrefois été son amie avait mis les voiles bien avant que Joanne et lui ne déterrent leurs rancœurs et leurs sentiments, et à ses yeux il ne s’attendait pas à autre chose qu’à demeurer celui qui, par lâcheté, avait abandonné dans un caprice celle qui aurait pourtant dû être la femme de sa vie.
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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptyMar 30 Juil - 0:42



< A LOST BIRD IN A CLEAR SKY >
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FEAT. @HASSAN JAAFARI
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Si elle restait incertaine que sa question recevrait un jour une réponse, elle profita du silence qu'elle avait suscité pour reluquer le professeur du regard et se demander si elle le trouvait changé. Il a vieilli, se dit-elle, son regard s'attardant sur les traits de son visage, sur les contours de sa barbe et glissant sur les courbes de son costume. On a tous les deux vieilli. Un rappel qui lui tira un sourire presque nostalgique, leur dernière rencontre remontant à ce qui lui semblait être plusieurs siècles. Mais si une telle transformation était à prévoir, c'est sa carrure qui lui sauta aux yeux. Si elle avait toujours décrit Hassan comme une force tranquille, l'homme fatigué qui se tenait devant elle projetait une aura bien différente que celui de ses souvenirs, alors bien plus fringuant. Préférant mettre cette coupure sur le compte de l'heure, et choisissant d'en assumer la responsabilité -c'était elle, après tout, qui avait décidé d'attendre la fin de son service pour organiser cette petite réunion- plutôt que de se perdre dans quelconques injustes spéculations, elle finit par détourner complètement son regard, ses chaussures offrant subitement une vision des plus réconfortante tandis que le temps de réaction de son ancien ami affûtait son anxiété chaque seconde qui s'écoulait. Elle se prit à se demander à ce que lui voyait en la regardant, ce qu'il se remémorait en toisant sa singulière chevelure rousse et qui le faisait hésiter autant. Et si ces questions amenèrent la certitude malsaine d'avoir commis une grave erreur, Sophia tint bon, et parvint même à rassembler suffisamment de courage pour lever les yeux de nouveau, vers un Hassan qui semblait plus troublé qu'autre chose, et juste à temps pour l'observer insérer la clé dans la serrure de la porte de son bureau. « Est-ce que je … Oui. Oui bien sûr. Pardon. » Un des scénario qu'elle avait imaginé montrant Hassan lui jetant sa mallette à la figure, elle estima que ce début, aussi bancal fut-il, se passa aussi bien qu'elle put l'espérer. Bien sur, entrer dans le bureau constituait la partie facile de l'exercice. « Promis, je viens en paix cette fois. » Osa-t-elle plaisanter, notant son malaise. Franchement culotté, se dit-elle en ignorant les sirènes d'alarmes qui s'étaient mises à scander dans son cerveau, l'avertissant de peut-être éviter de faire de l'excès de zèle. Parce qu'il n'y avait pas besoin de faire semblant, et qu'ils étaient tous les deux parfaitement conscient de l'étrangeté de cette situation, réminiscente du dernier souvenirs qu'ils gardaient l'un de l'autre, à peu de choses près. Ça avait plus ou moins commencé de la même façon, la dernière fois. Sophia s'était déplacée jusqu'à chez Rhett pour l'occasion, presque certaine que c'était exactement à cet endroit qu'elle le trouverait, dans le seul but de lui donner une opinion que personne n'avait demandé à entendre, mais qu'il, elle avait estimé, devait absolument connaître. Aujourd'hui, elle s'était déplacée jusqu'à son lieu de travail, le seul endroit où elle pouvait espérer le rencontrer, avec l'idée d'enfin lui proférer des excuses qui arrivaient bien trop tard mais qu'il, elle avait estimé, devaient absolument être faites. Et si leur précédente altercation s'était terminée sur une amitié brisée, elle espérait que celle-ci se solde d'une fin un peu plus enthousiaste. Granted, la barre n'est pas bien haute. Une pensée pour se rassurer, qui lui permit d'entrer dans le bureau d'un pas relativement confiant. Et confiante, c'était exactement l'image qu'elle cherchait à convier : car c'était la confiance ou la peur, et elle avait suffisamment laissé cette dernière dicter sa vie. En outre, elle savait qu'elle faisait la chose juste vis-à-vis de son vieil ami, alors aussi inconfortable cette scène puisse être, elle se dit que rien que pour ça, le jeu en vaudrait la chandelle.

Ce qui ne rendait pas la tâche plus facile pour autant. Car si Sophia avait une idée de ce qu'elle voulait dire, elle ne savait pas quel chemin emprunter pour y accéder, ou par quoi commencer. Pénétrant dans la pièce, à la suite du professeur, elle se laissa volontiers distraire par le désordre, lâchant malgré elle un sifflement impressionné tout en gardant tout commentaire pour elle, de peur qu'ils puissent paraître impolis. Le fait étant que le bureau ne semblait pas refléter l'image qu'elle avait gardé d'Hassan, une image qui, elle serait la première à admettre, commençait à sérieusement dater, et n'était peut-être plus bien fiable. « Tu veux boire quelque chose ? J’ai du thé et du café. » Bien heureuse qu'il casse le silence, Sophia acquiesça avec vigueur avant de venir s'asseoir sur la chaise qu'on lui présenta. « Je prendrais bien un thé, s'il te plaît. Merci. » Elle n'avait jamais été très caféine. Hassan et elle avaient ça en commun. « Et merci de bien vouloir me recevoir. J'ignorais comment tu réagirais en me voyant, au vu des circonstances. » Elle ne resta finalement pas assise bien longtemps, réalisant rapidement que cette configuration ne lui plaisait pas. Séparés par un large bureau en bois, elle avait l'impression d'être une élève sur le point de se faire réprimander par son professeur. Elle préférait encore rester debout. « Je suis désolé je … Je sais pas trop quoi dire. Je ne m’attendais pas à recevoir ta visite. Est-ce que … tout va bien ? » Cessant de feindre s'intéresser aux divers objets décorant ses étagères, Sophia se tourna vers Hassan et le regarda comme une biche aveuglée par des feux de voiture. « Ce n'était pas mon intention de te prendre au dépourvu. Je voulais faire ça différemment, mais j'ignorais comment te joindre, ou à qui demander. Et comme je tenais absolument à te voir, je me suis dit que le plus simple serait encore de venir directement. » Contournant la largeur du bureau, elle opta de s'asseoir sur le rebord, les bras croisés contre sa poitrine, le regard jonchant le sol, un torrent de cheveux roux cascadant sur son visage. « Ça fait quatre ans que je réfléchis à ce que je devrais dire si nous étions destinés à nous revoir. Comme je n'étais pas sûre de revenir un jour, j'ai longtemps regretté de ne pas t'avoir reparlé avant de monter dans cet avion. » Un petit sourire triste brisa la barrière de feu. Si cette période de sa vie avait été confuse, elle n'avait jamais été aussi déroutée que quand elle avait réalisé qu'elle l'avait mal jugé, et qu'elle avait jeté une belle amitié aux oubliettes par pur manque d'objectivité.


Dernière édition par Sophia Caldwell le Lun 9 Déc - 12:54, édité 1 fois
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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptyLun 19 Aoû - 14:16

Régulièrement encore, il arrivait à Hassan de se questionner sur l’endroit où pouvait bien être Sophia désormais, ce qu’elle y avait trouvé, et ce qui l’y avait poussée en premier lieu. Le retour à Brisbane de Rhett, et les tentatives encore timides et maladroites pour Joanne et lui de donner un nouveau sens à leur relation, avaient été d’autant plus d’occasions pour lui de regretter que la rousse ne fasse plus partie du paysage – et bien qu’ils n’en parlaient que rarement, Hassan pourrait jurer que ce regret les deux autres membres de ce qui avait un jour été leur quatuor le partageaient aussi. Mais au fond peut-être regrettait-il simplement que Sophia ait eu le courage que lui n’avait pas eu de s’affranchir de tout un pan de sa vie pour en écrire un nouveau, si le chapitre précédent ne la rendait plus heureuse ; Et si fut un temps le brun l’en avait trouvée affreusement égoïste, son jugement envers le départ précipité et inexplicable de son ancienne amie était désormais beaucoup moins sévère. Et puis, qui était-il pour la juger, au fond ? Après ce qu’il avait fait. Reste que lorsqu’elle avait cru bon de commenter « Promis, je viens en paix cette fois. » d’un ton maladroit, trahissant ainsi de n’être elle-même pas certaine de son trait d’humour, Hassan avait eu la désagréable impression qu’elle était parvenue à deviner ce qui occupait ses pensées et n’avait su lui offrir en retour qu’un sourire gêné, avant de détourner le regard et d’ouvrir le chemin jusqu’à l’intérieur du bureau. L’idée de Sophia se tenant face à lui semblait tellement incongrue, tellement inespérée, qu’il n’arrivait pas encore à s’en réjouir et n’osait pas ne serait-ce qu'envisager qu’elle l’ait fait dans le simple but d’enterrer la hache de guerre. Autrefois si optimiste, le brun appréhendait désormais ses relations tel le bambin qui, après avoir été mordu une fois, n’osait plus présenter sa main pour la moindre caresse de peur de recevoir un nouveau coup de canine – et la morsure des mots prononcés par Sophia cinq ans auparavant avait assurément laissé un souvenir suffisamment douloureux pour qu’il ne veuille pas s’y confronter à nouveau. Pour meubler sa gêne plus que par réelle envie de boire un thé lui-même, le professeur avait en tout cas débarrassé le gourbi qui régnait sur son bureau et proposé à la jeune femme de lui offrir quelque chose à boire, ne pouvait empêcher un brin de sourire de lui échapper lorsqu’elle avait répondu « Je prendrais bien un thé, s'il te plaît. Merci. » Il l’aurait parié ; Certaines choses ne changeaient pas. « Et merci de bien vouloir me recevoir. J'ignorais comment tu réagirais en me voyant, aux vues des circonstances. » Aux vues des circonstances. Et quelles circonstances. Parce que les mots qu'elle employait continuaient néanmoins de lui donner la sensation qu'elle était venue avec une idée derrière la tête, le brun était partagé entre ne pas savoir quoi dire et vouloir en venir rapidement au fait. De son côté, Sophia semblait suffisamment nerveuse pour ne pas parvenir à rester en place, s’asseyant pour mieux se remettre debout quelques instants plus tard, laissant son regard aller d'un point à un autre du bureau pourvu que cela la dispense de poser les yeux sur Hassan, et n'accordant finalement son attention à ce dernier que lorsqu'il s'était résolu à briser la glace le premier. « Ce n'était pas mon intention de te prendre au dépourvu. » lui avait-elle d'abord assuré, alors qu’il mettait la bouilloire en route et sortait deux sachets de thé au jasmin d’une boite métallique posée juste à côté – la fameuse boite de loukoums offerte par Kelly à son précédent anniversaire, et ornée de dromadaires pour lesquels Hassan avait décidé de pardonner le cliché qui en découlait fatalement. « Je voulais faire ça différemment, mais j'ignorais comment te joindre, ou à qui demander. Et comme je tenais absolument à te voir, je me suis dit que le plus simple serait encore de venir directement. » Croisant les bras comme dans un geste inconscient de protection, la rousse s’était installée sur le rebord du bureau. « Ça fait quatre ans que je réfléchis à ce que je devrais dire si nous étions destinés à nous revoir. Comme je n'étais pas sûre de revenir un jour, j'ai longtemps regretté de ne pas t'avoir reparlé avant de monter dans cet avion. » Pourtant pas du genre taiseux, le professeur l’avait laissée dérouler le fil de ses pensées sans l’interrompre, toujours incertain quant à ce qu’elle était venue chercher en décidant de venir à lui, et quant à ce qu’elle espérait entendre de sa bouche. « Je n’ai jamais changé de numéro. » qu’il avait finalement indiqué d’un ton calme, sans rancune ni sous-entendu « Et je n’ai jamais retiré le tien de mon répertoire non plus. J’ai pas réussi à m’y résoudre. » La gratifiant d’un sourire triste, il avait haussé doucement les épaules et déposé deux tasses sur le bureau après y avoir mis les sachets de thé. Autrefois si vifs et enjoués, l’un et l’autre semblaient avoir abandonné leur enthousiasme communicatif sur l’autel d’une tristesse latente dont ils étaient tous les deux atteints. « Je t’en ai beaucoup voulu, tu sais. D’être partie. » S'adossant au mur derrière lui, il avait croisé les bras à son tour, contaminé inconsciemment par la posture de Sophia. « Pas à cause de ce qui s'est dit y'a cinq ans, mais d'avoir laissé Joanne derrière toi, alors que je m'étais dit qu'elle pourrait toujours compter sur toi, quoi qu'il arrive. » Au fond sacrifier son amitié avec Sophia c'était sauver celle qui les unissait Joanne et elle ; Ou du moins Hassan le croyait-il, à l'époque. « Et puis j'ai fini par réaliser que c'était injuste et que tu n'avais pas à te sacrifier sous prétexte que je n'ai pas tenu mes engagements envers elle. » Mais ça, il lui avait fallu plusieurs années pour réellement en avoir conscience, et si la rousse était réapparue deux ou trois ans en arrière, sans doute se serait-elle heurtée à un Hassan beaucoup moins enclin à la recevoir. Le temps passant, le professeur avait seulement décidé de ne plus entretenir de vieilles rancunes qui n’avaient plus lieu d’être ; Il n’avait plus l’énergie pour ce genre de choses. « Je suis désolé. » avait-il enfin admis. « D’avoir été aussi odieux avec toi la dernière fois, et de t’avoir traitée comme un dommage collatéral de ma décision de divorcer. Tu méritais pas ça. » Penaud, il avait baissé les yeux en croisant les bras un peu plus fort. Il était sans doute trop tard pour les excuses, et il n’attendait pas vraiment de Sophia qu’elle les accepte … Mais il les avait suffisamment mûries et regretter pour les formuler maintenant qu’il en avait l’occasion. « Tu l’as revue ? Joanne. » Il se questionnait à ce sujet, se demandait comme Joanne l’aurait accueillie, ce qu’elle lui aurait dit, et ce que Sophia savait ou non des événements survenus dans la vie des deux ex-époux – de ses deux anciens amis, surtout – depuis son départ. Un départ sur lequel Hassan ne se sentait pas encore le droit de la questionner, conscient que l’amitié qui les avait un jour liés n’était sans doute plus qu’un souvenir.
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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptyVen 23 Aoû - 23:43



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Quand Sophia avait une idée derrière la tête, ou un but qu'elle devait atteindre, peu de choses pouvaient l'arrêter, et elle n'avait jamais été très subtile dans sa façon de faire. Fougueuse et intrépide, elle avait appris à se fier à son instinct, qui lui indiquait parfois des chemins qui la mèneraient vers des situations particulièrement délicates. Et si elle avait conscience des défauts dans son raisonnement, elle était du genre à gérer avec les conséquences de ses actions seulement quand elles se présentaient à elle. Alors quand le professeur annonça « Je n’ai jamais changé de numéro. Et je n’ai jamais retiré le tien de mon répertoire non plus. J’ai pas réussi à m’y résoudre. », ce que Sophia prit pour un subtil reproche visant à lui faire comprendre qu'elle aurait pû éviter tout cet embarras avec un simple coup de téléphone, réalisa-t-elle seulement qu'elle avait peut-être été trop brutale dans son approche, et que se pointer non-invitée sur le lieu de travail d'autrui n'était peut-être pas une façon appropriée de venir se racheter. Le seul problème étant que son numéro, elle s'en était séparée depuis belle lurette. « Je n'ai pas eu autant de scrupules. » admit-elle en riant. L’appeler était une option dont elle s'était privée des années auparavant, quand elle avait estimé que tout avait été dit, et qu'elle n'aurait plus besoin de lui adresser la parole un jour, le rayant ainsi de sa vie et le fourrant dans le même panier des hommes qu'elle aurait souhaité ne jamais rencontrer, où il avait rejoint son pote Rhett. Elle ignorait si cette déclaration devait la toucher, si elle devait y voir une autre preuve de sa propre intolérance, ou encore la conclusion qu'Hassan était une bien meilleure personne qu'elle. Mais comme pour balancer le tout, il annonça ensuite ses griefs. « Je t’en ai beaucoup voulu, tu sais. D’être partie. » Parfait. Il n'a pas effacé son numéro, mais au moins l'avait-il quand même détesté. Bien qu'elle aurait pas mal de chose à redire à ce propos. Si elle trouvait ça un peu gros qu'il lui en ait voulu d'être partie, c'était sans doutes ce qu'elle méritait, pour lui avoir reproché la même chose. « Pas à cause de ce qui s'est dit y'a cinq ans, mais d'avoir laissé Joanne derrière toi, alors que je m'étais dit qu'elle pourrait toujours compter sur toi, quoi qu'il arrive. » Parce qu'avec eux deux, tout revenait toujours vers Joanne, et qu'elle pouvait difficilement argumenter contre ça. « Tu as dû me prendre pour la pire des hypocrites. » Elle ne s'était que très peu inquiété de ce qu'Hassan penserait d'elle après son départ, et elle n'était pas certaine comment elle devait prendre la réalisation qu'elle avait déçu une personne de plus. En avait-il seulement le droit ? Pas vraiment. Pouvait-elle lui en vouloir ? Non plus. Elle était fatiguée d'en vouloir au monde entier, ainsi quand il poursuivit avec « Et puis j'ai fini par réaliser que c'était injuste et que tu n'avais pas à te sacrifier sous prétexte que je n'ai pas tenu mes engagements envers elle. », elle fut plus que ravie d'isoler ces questions dans un coin de son esprit et de laisser cette fâcheuse histoire derrière elle. Hassan et elle semblaient être sur la même longueur d'onde, et ce à bien des niveaux, et le professeur le prouva une fois de plus en coupant l'herbe sous le pieds de la rouquine. « Je suis désolé. » proféra-t-il ensuite, ce qui ne manqua pas de la troubler. Sans voix, elle avait décollé son regard du planché pour venir fixer l'homme comme si il venait d’annoncer une chose grave. « D’avoir été aussi odieux avec toi la dernière fois, et de t’avoir traitée comme un dommage collatéral de ma décision de divorcer. Tu méritais pas ça. » Le choc de cette déclaration passée, la réaction de Sophia fut pour le moins étonnante. Roulant lourdement des yeux, elle soupira audiblement d'un air lassé. Typique. « Oh Hassan. Il fallait que tu t'excuse en premier, hein ? » C'était de sa propre faute, pour tourner ainsi autour du pot. N'empêche qu'elle ne pensait pas les mériter, ces excuses. « Tu n'as pas à t'excuser. Au contraire, je l'avais bien cherché, à me mêler de ce qui ne me regarde pas. C'était entre Joanne et toi, je n'avais pas à mettre mon nez dans vos affaires. » Un point pouvait être fait que les affaires de Joanne étaient les siennes, et vice-versa, au vue de leur complicité, ou du moins était-ce l'impression qu'elles donnaient parfois. Mine de rien, elle avait toujours eu cette fâcheuse tendance à débarquer dans la vie d'autrui comme un bulldozer et agir comme si elle savait tout mieux que tout le monde, et elle n'avait pas eu le droit de battre un homme alors qu'il était à terre, et encore moins de s'offusquer quand dit homme s'était défendu en retour. Reprenant son sérieux, elle poursuivit d'un air plus grave. « J'aurais aimé savoir ce que je sais maintenant. Peut-être que tout ceci aurait alors pu être évité. » Par tout ceci, elle entendait leur amitié, et ce qu'il en était advenu. Si elle ne se voyait pas prendre un autre parti que celui de Joanne, elle aurait pû éviter que les choses prennent une tournure aussi moche. Elle enfouit son visage dans la paume d'une de ses mains et laissa transpirer un rictus embarrassé à travers ses doigts. Ces excuses, elles ne les avaient jamais attendu, et n'avait jamais songé à les réclamer. Elles ne les avaient jamais désirées non plus, et c'était toujours le cas aujourd'hui. Hassan n'avait jamais eu de compte à lui rendre. Elle, en revanche, avait lourd à se faire pardonner. « Je me suis demandé, quand j'ai embarqué, si tu avais ressenti la même chose ... » Quand tu as si subitement quitté Joanne. Si tu n'étais simplement pas heureux et que tu étais trop embarrassé pour l'admettre. Elle parlait à demi-mots, mais ils savaient tous les deux à quoi elle referait. Il les avait tous pris par surprise ce jour-là. Elle se souviendrait toujours du coup de fil fatal, de la voix brisée de sa meilleure amie en pleurs tandis qu'elle réalisait peu à peu que le couple qui était censé durer pour toujours n'était plus, et que leur petite bande de joyeux lurons était brisée à jamais. « Je ne t'avais plus adressé la parole depuis des mois, et pourtant j'ai tout de suite pensé à toi. C'est marrant, non ? » Non, pas vraiment. C'est toujours dans les moments les plus bas que l'on repense à nos pires erreurs. « Je ne sais pas ce que tu as ressenti, et j'ignore si je comprendrais un jour tes raisons, mais je suis désolé Hassan. Désolé d'avoir mis tout ce temps pour réaliser que je t'avais peut-être mal jugé, et d'avoir mis encore plus de temps pour te le dire. » Ses lèvres formèrent un cercle par lequel elle aspira une nouvelle filée d'air avant de retenir son souffle. Durant un court instant, le malaise sembla s'intensifier dans la pièce, à un tel point qu'elle dût se forcer pour ne pas détourner son  regard du professeur, comme quand l'on arrache brutalement un pansement sur une plaie et que le corps tremble sous une vive douleur qui finit par doucement s'évaporer. Lorsque la rouquine laissa échapper son soupir, elle sentit les nœud dans son estomac se dénouer et son corps tout entier se détendre. Dans la foulée de son discours, elle adressa à Hassan un triste sourire et un révolu haussement d'épaule. Elle était venue pour une seule unique et chose, et n'avait osé anticiper la suite. Sa tâche remplie, elle était à court de mots. Le meilleur cas de figure qu'elle avait imaginé se terminait ainsi, alors elle s'attendait plus ou moins à ce que le professeur accepte ou refuse ses excuses, et qu'il la congédie sans plus de cérémonie. Aucune simulation ne la prépara à ce qu'il l'entraîne sur un terrain qu'elle pensait interdit, et qu'elle se sentait méfiante à aborder avec lui. L’assénant d'un « Tu l’as revue ? Joanne. » qui la prit un peu par surprise, Sophia hésita un instant, avant de lentement acquiescer, son regard se perdant sur un point du sol tandis qu'elle se remémorait ses retrouvailles avec leur blondinette commune, un sourire nostalgique à peine contrôlé sur le bout des lèvres. « C'était … étrange. Pas autant que maintenant. Mais ça s'est plutôt bien passé. » Elles s'étaient promis de se revoir rapidement, et Sophia comptait bien honorer cette promesse. Elle avait de l'espoir, mais seul le temps dirait dans quelle direction leur relation évoluerait. « Enceinte de son deuxième enfant, si tu peux le croire. » Il n'a pas demandé. Elle préféra s'arrêter là, non seulement car elle-même n'en savait pas beaucoup plus sur sa vie actuelle, mais parce qu'elle n'était pas venue pour en faire l'éloge à son ex-mari. Une fois encore, elle ne pût s'empêcher de laisser son regard fouiner à travers la pièce. Si Joanne semblait épanouie dans sa nouvelle vie -vie dans laquelle ils ne faisaient plus parti-, on ne pouvait pas vraiment en dire autant de la sienne. Elle n'osa pas se prononcer sur celle d'Hassan, mais elle avait ses doutes. Elle se demandait si elle devait y voir une sorte de justice. « Il semblerait que notre amie commune s'en soit bien sortie sans nous, au final. » conclut-elle d'un ton tristement cynique, la voix emplie d'amertume qu'elle dirigeait inconsciemment vers eux-même mais qu'elle cacha sous une épaisse couche d'ironie. Si Hassan avait espéré que Joanne puisse toujours compter sur elle, il serait sans doutes soulagé d'apprendre qu'elle n'avait même pas eu besoin d'elle, en fin de compte.


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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptyJeu 10 Oct - 8:47

Il ne s’était pas levé ce matin-là en imaginant un instant qu’il recroiserait la route de Sophia – ou que Sophia recroiserait sa route, plus exactement. Il n’avait plus songé à cette éventualité depuis un moment en vérité, rangeant pour de bon dans un coin de sa tête l’espoir de la revoir un jour et de mettre à plat ce qui à ses yeux méritai de l’être, même si cela avait dû être leur dernière et unique discussion, dès l’instant où il avait semblé clair pour Joanne et pour lui que la rousse ne reviendrait pas. Que peu importe où elle avait décidé de faire voguer sa barque, elle semblait y avoir trouvé quelque chose ou quelqu’un qui la rendait plus heureuse, et que c’était sans doute tout ce qui comptait. « Tu as dû me prendre pour la pire des hypocrites. » avait d’ailleurs commenté Sophia à ce sujet, Hassan ne se donnant pas la peine de nier puisqu’en effet, ce reproche avait été au sommet de sa liste les premiers temps. Puis le temps avait passé, les choses s’étaient tassées et l’œil que portait le brun sur une partie de ses certitudes avait changé – sans doute avait-il cessé de responsabiliser Sophia lorsqu’il avait cessé de mettre Joanne sur un piédestal. Présenter un jour de vive voix les excuses qu’il estimait devoir à la jeune femme il en avait fait le deuil, les mots brouillons rédigés à son égard depuis son lit d’hôpital ayant terminé au feu en même temps que ceux destinés à Joanne, lorsqu’il avait été évident que leurs routes ne reprendraient plus jamais la même direction. Alors face au silence qui s’était à nouveau installé dans le bureau et que seul le frémissement de l’eau dans la bouilloire venait troubler, il avait posé timidement les excuses qu’il craignait de ne plus jamais avoir l’occasion de formuler s’il ne saisissait pas cette chance. Relevant la tête dans sa direction, Sophia avait roulé des yeux en soupirant ostensiblement, se fendant d’un « Oh Hassan. Il fallait que tu t'excuses en premier, hein ? » qui avait un peu froissé le brun, plus habitué à l’honnêteté aiguisée de la jeune femme. « C’est pour ça que tu es là, non ? » Un peu plus brusque qu’il ne l’aurait souhaité, Hassan s’était télescopé avec la suite de la phrase de la rousse, « Tu n'as pas à t'excuser. Au contraire, je l'avais bien cherché, à me mêler de ce qui ne me regarde pas. C'était entre Joanne et toi, je n'avais pas à mettre mon nez dans vos affaires. » et s’était senti bête d’avoir été piqué ainsi au vif. Quel idiot. Baissant les yeux d’un air penaud, n’osant plus se risquer à un commentaire bien qu’il aurait aimé lui dire comme il ne lui en voulait pas pour ça, et comme il aurait aimé – une partie de lui du moins – que Joanne ne s’avoue pas vaincue aussi vite, il les avait relevé presque aussi vite lorsqu’elle avait ajouté « J'aurais aimé savoir ce que je sais maintenant. Peut-être que tout ceci aurait alors pu être évité. » Ce qu’elle savait maintenant ? Mais à propos de quoi ? « Je me suis demandé, quand j'ai embarqué, si tu avais ressenti la même chose ... Je ne t'avais plus adressé la parole depuis des mois, et pourtant j'ai tout de suite pensé à toi. C'est marrant, non ? » Un peu, oui. Assez en tout cas pour arracher à Hassan un sourire un peu triste – mais un sourire néanmoins. « Pas mal, pour quelqu’un dont tu n'as pas gardé le numéro. » avait-il finalement pointé sans animosité, parce qu’il valait mieux en rire qu’en pleurer au fond. Ils avaient probablement assez pleuré l’un et l’autre. La bouilloire claquant pour signaler que l’eau était prête, l'enseignant avait pris quelques instants pour remplir leurs tasses, laissant à Sophia le loisir d’ajouter « Je ne sais pas ce que tu as ressenti, et j'ignore si je comprendrais un jour tes raisons, mais je suis désolé Hassan. Désolé d'avoir mis tout ce temps pour réaliser que je t'avais peut-être mal jugé, et d'avoir mis encore plus de temps pour te le dire. » et lui tendant finalement la première, l’odeur de jasmin venant chatouiller leurs narines en provoquant chez Hassan une vague sensation de réconfort. « T’as pas à être désolée, Sophia. J’ai jamais douté que tu prendrais le parti de Joanne, j’en attendais pas moins de toi, et au fond ça m’arrangeait bien. Ça me dispensait de me justifier. » A son tour il avait haussé les épaules avec défaitisme. Il ne jouerait pas les victimes à ce sujet, il avait tout fait pour se donner le mauvais rôle et s’il l’avait fait c’était avant tout pour se protéger lui-même – c’était une décision égoïste. Qu’il assumait, mais égoïste néanmoins. A l’écouter parler le brun avait en tout cas la sensation que Sophia avait fait un premier arrêt ailleurs avant de décider de venir le voir, et retournant prendre place dans le fauteuil derrière son bureau il avait pris le temps d’une minuscule gorgée de thé brûlant, puis posé la question qui le taraudait depuis le début. « C'était … étrange. » Qu’avait alors admis la rousse, répondant à la question et à celles qui auraient suivi par la même occasion. « Mais ça s'est plutôt bien passé. » Tant mieux, s’était-il empressé de penser, acquiesçant d’un signe de tête léger et y ajouter un sourire sincère. « Enceinte de son deuxième enfant, si tu peux le croire. » avait de son côté repris Sophia, marquant une pause lourde de sens avant d’ajouter « Il semblerait que notre amie commune s'en soit bien sortie sans nous, au final. » comme on ponctuait avec un brin d’amertume. Nul doute que s’il n’avait jamais revu Joanne la nouvelle lui aurait serré le cœur, et plusieurs fois déjà le ventre arrondi de la blonde l’avait renvoyé à cet enfant qu’ils n’avaient pas eu et à cette famille qu’il n’aurait jamais ; Mais l’amertume d’Hassan, aujourd’hui, se situait ailleurs. « Ça n’a pas été trois années faciles pour elle non plus. » avait-il pourtant défendu la jeune femme d’un ton songeur, le regard un brin distant et la main remuant machinalement son sachet de thé dans sa tasse, avant que Sophia ne récupère toute son attention. « Elle ne t’a rien dit, pas vrai ? » A en juger par l’air confus qu’elle avait affiché, il en concluait que non. « On a commencé à se revoir un peu après ton départ. Ou un peu avant, je ne sais pas trop. » Tout à cette époque n’était qu’approximations et lui semblait être arrivé des siècles plus tôt, rendant l’époque de ses années de bonheur avec Joanne d’autant plus lointaine. « Y’a eu des hauts et des bas. Plutôt des bas en fait, et des choses que je ne cautionne pas forcément, mais … » Il avait haussé les épaules. « Elle mérite d’avoir la famille qu’elle a toujours voulue. » Qu’ils avaient toujours voulue. Et qu’ils n’auraient jamais pu avoir finalement, alors au fond de lui le brun n’en voulait pas à Joanne d’avoir construit ce bonheur-là ailleurs. « Elle donne quelques cours ici avec le département d’histoire de l’art. » Autrement dit, ils essayaient l’un et l’autre de mettre de l’eau dans leur vin afin de ne pas rendre la situation plus compliquée qu’elle ne l’était déjà – et bien qu’Hassan ne se permettrait jamais de le faire savoir à la blonde, il n’était pas enchanté à l’idée de la croiser de manière régulière sur son lieu de travail. L’université avait toujours fait office de terrain neutre dans le chaos de son quotidien, et la présence de son ex-épouse entachait cette neutralité. « Rhett aussi travaille ici. Il entraîne l’équipe de rugby. » Cinq ans qu’il n’avait pas vu Sophia, et malgré tout il jurait d’être encore capable de déceler ce genre de micro-expression qu’elle arborait lorsqu’elle recevait une information à laquelle elle ne s’était pas préparée tout en voulant donner l’impression que son impassibilité n’était pas atteinte. « Je te dis simplement ça parce que j’ai pas envie de lui mentir, et que je lui cacherai pas le fait que tu es passée. » Si Rhett apprenait plus tard qu’Hassan lui avait caché il ne lui pardonnerait pas, et il aurait raison ; Trop de non-dits avaient déjà égratigné la confiance inébranlable qui liait les deux hommes pour que le brun se mette dans une position inconfortable.
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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptySam 23 Nov - 10:26



< A LOST BIRD IN A CLEAR SKY >
OLD FACE, TIRED EARS, WRONG TURNINGS AND SOUVENIRS
HUNDREDS OF MEMORIES WHEN YOU SAY,
A LOST BIRD REMEMBERS
FEAT. @HASSAN JAAFARI
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Son sourire amer confrontant celui d'Hassan venait confirmer son dégoût pour cette idée que leur amitié était destinée à vivre et à mourir aussi aisément. Elle voulait croire que leur lien avait été plus puissant que ça. Pourtant, elle n'avait rien pour prouver le contraire, ce qui pourrait bien être la chose la plus triste dans toute cette histoire. Portant son nez au dessus de la tasse, l'odeur de jasmin la frappa avec plus de tendresse que la sensation qui lui serra le ventre en entendant les paroles du professeur qui, en tentant de la déresponsabiliser, la tranchait à vif. Étrangement, l'entendre avouer que sa réaction virulente avait été anticipée la blessait profondément. « Tu n'en attendais pas moins de moi ? Voilà qui est plutôt triste. M'enfin, je t'ai bien donné raison au final. » Et évidemment, qu'elle lui avait donné raison. Elle était incapable d'envisager un seul scénario dans lequel elle ne prendrait pas le parti de Joanne : elle regrettait simplement qu'il ai fallu que ce soit l'un ou l'autre. Bien que piquée au vif, elle ne répondit pas sur la défensive, soudainement prise par un sentiment de honte qu'elle n'avait aucune intention de confronter. Car les choses s'étaient passées ainsi, et qu'il ne servait plus à rien de faire l'autruche. Au lieu de quoi, elle préféra le thé au sable. Elle enfouit son visage dans la tasse, laissant la première gorgée lui offrir un répit de quelques secondes. « Ça ne me fait pas sentir mieux de savoir que tu t'attendais à ce que je réagisse comme une garce haineuse, la moindre des choses aurait quand même été de te donner le bénéfice du doute. » Sophia était très consciente de l'image qu'elle pouvait parfois renvoyer, elle espérait cependant que ses proches soient capable de voir au-delà de ses défauts. Paradoxalement, elle aurait préféré qu'il ait été blessé par sa réaction, cela attesterait, contrairement à son aveu, d'une certaine estime à son égard. En plus d'être blessée, c'était l'une de ces occasions où la rouquine maudissait réellement la prédictibilité de son tempérament. Oh qu'elle aurait aimé prouver tort à cet homme, en lui montrant quelle bonne amie elle pouvait être. Hélas, le contraire s'était produit : elle avait échoué dans sa tâche, d'où sa présence en ces lieux.

Cet aveu lui fit savoir où était sa place, et ce mot de la fin laissait sur sa langue un goût acide, malgré l'impression que tout était pardonné. Un sentiment de vide s'empara d'elle, qu'elle tenta de combler en reflétant sur une relation qui montrait beaucoup plus de promesses. Un peu démoralisée, penser à la note positive qui avait clôturé ses retrouvailles avec Joanne lui mettait du baume au cœur. Ses lèvres s'assouplirent de fierté malgré elle en évoquant son ventre rond, et elle s'était surprise, presque instinctivement, à étudier la réaction d'Hassan. Or, ce qu'elle lut la prit de court. « Elle n'a pas dis grand-chose ... » répondit-elle avec prudence, désormais inconfortable et confuse. Non pas qu'elle souhaitait exagérer le positif de leur discussion : elle n'avait aucune honte à admettre que le chemin serait long. Pour autant, l'idée que le professeur en sache plus sur la vie de Joanne qu'elle était déconcertante. Elle n'était pas au bout de ses surprises. Devant sa confusion apparente, le brun s'empressa de la mettre au parfum. Elle l'écouta attentivement en grimaçant, ne cherchant même pas à dissimuler son étonnement. L'idée que les ex-mariés aient reconnectés lui semblait tellement incongrue, et elle détectait dans la voix d'Hassan un manque d'enthousiasme certain, qu'elle se sentit obligée de pointer du doigt. « Et comment sont les choses maintenant, entre vous ? J'aurais pensé que c'est une bonne chose, mais à t'entendre, tu n'as pas l'air ravi. ''Plutôt des bas'' ? Des choses que tu ne cautionne pas ? » Elle ne s'inquiéta pas du fait qu'elle marchait sur des œufs. Il en avait trop dit, ou pas assez. « Et pourquoi tu dis que ça n'a pas été facile pour elle ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? » D'un côté, elle détestait apprendre tout ça de sa bouche, de l'autre, elle ne pouvait résister à l'urge d'en savoir plus. Toutefois, elle se promit de prendre tout ce qu'Hassan pourrait lui dire avec des pincettes.

Mais le professeur devait se sentir d'humeur généreuse, puisqu'alors qu'elle portait sa tasse à ses lèvres à nouveau, il décida de continuer dans sa lancée, et lui balancer une autre bombe à la figure, juste pour faire bonne mesure. Pour une raison qui lui échappait, il avait décidé qu'il était important pour elle de savoir que Rhett était revenu à Brisbane. A cette révélation, son corps se bloqua en plein mouvement, et elle laissa le thé brûler sa langue quelques instants, soudainement super consciente de ses réactions. « Vraiment ? » Elle pouvait sentir le regard d'Hassan instiguer son expression, et bien qu'il l'avait pris par surprise, elle était déterminée à ne pas lui donner matière à deviner ce qu'il avait provoqué dans sa tête. Après avoir posé délicatement la tasse sur le bureau, elle redressa son torse, croisa ses jambes, et vint reposer ses mains entrelacés sur la pointe de son genoux. « Qu'est-ce qu'il … poursuivit-elle avant de se remémorer qu'elle n'était pas censée se soucier de Rhett. Non, tu sais quoi ? Ne me dis rien. Je m'en moque. » Ponctuant son ordre d'un regard lourd de sens, intimant à Hassan de ne même pas tenter d'ignorer son souhait, elle porta de nouveau la boisson à ses lèvres, laissant sa chaleur lui engourdir la mâchoire et ainsi l'empêcher de s'engager sur cette route. Pourtant à l'intérieur, les questions commençaient à se bousculer : Mais que faisait Rhett à Brisbane, bon sang ? Et pourquoi entraînait-il l'équipe de rugby ? « J'ignore ce qu'il fera de cette information, mais fais-toi plaisir. » enchaîna-t-elle d'un ton beaucoup trop amer pour passer comme indifférent quand Hassan lui confia que son retour ne resterait pas longtemps un secret, consciente qu'il était inutile même d'espérer pouvoir lui faire promettre de garder ça pour lui. De une parce qu'elle savait qu'il ferait toujours passer son ami de toujours avant elle, et de deux parce que ça reviendrait à compromettre sa façade insoucieuse. En outre, elle ignorait réellement ce que son ancien amant penserait de son retour. Sans doutes aurait-il la même réaction qu'elle. Vu comment les choses entre eux s'étaient terminés, elle imaginait mal le contraire. « Donc vous bossez tous les trois ici maintenant. J'ai plus qu'à me faire embaucher et ce sera presque comme au bon vieux temps. » Cette idée la déstabilisait plus qu'elle ne le laissait paraître, mais pas encore digérée suffisamment pour en réaliser tous les tenants et aboutissants, elle préférait contrer son trouble par l'humour et pointer du doigts l'évidente ironie. En réalité, même si elle chérissait ses années à l'université, et qu'elle avait grandement apprécié son rôle d'enseignante à l'institut, l'idée de partager le même lieu de travail qu'eux relevait du cauchemar.


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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptyDim 8 Déc - 3:56

Là où Hassan voyait dans sa remarque une preuve de la fidélité indéfectible de Sophia envers ses amis, la rousse elle y voyait plutôt une attaque déguisée, une façon détournée de lui asséner un coup violent derrière la tête pour lui faire mettre genou à terre. Le nez s’enfonçant dans sa tasse de thé d’un air d’abord penaud, la jeune femme s’était laissée gagner par une amertume que le son de sa voix avait fini par trahir lorsqu’elle avait repris la parole. « Tu n'en attendais pas moins de moi ? Voilà qui est plutôt triste. M'enfin, je t'ai bien donné raison au final. » Et c’est vrai, elle lui avait donné raison. Mais là où le stoïcisme de Joanne face à sa décision de divorcer avait été une blessure profonde, la réaction violente de Sophia à son égard avait été un déchirement mais aussi un soulagement – Joanne n’aurait jamais exigé de la rousse qu’elle fasse un choix, et pour que survive au moins une amitié de toute cette histoire il avait fallu compter sur Sophia et sur son incapacité à la demi-mesure, son refus de l’à peu près. « Ça ne me fait pas sentir mieux de savoir que tu t'attendais à ce que je réagisse comme une garce haineuse, la moindre des choses aurait quand même été de te donner le bénéfice du doute. » S’interrompant alors qu’il soufflait sur son thé pour le faire refroidir un peu plus vite, Hassan avait secoué la tête « C’est pas ce que je veux dire, Sophia. » Cherchant comment mieux ordonner ses pensées, il avait marqué une brève pause avant de reprendre « J’ai été odieux avec toi parce que je voulais t’obliger à faire un choix … C’était égoïste de ma part, mais c’est moi qui ne t’ai pas laissé me donner le bénéfice du doute. » Et de cela il ne la blâmait pas ni ne la tenait pour responsable. « Non, ce dont je n’ai jamais douté c’est que s’il y avait un choix à faire de ton côté, ce serait toujours Joanne. Mais c’est tout sauf un reproche. Et je ne pense pas que tu es une garce haineuse. » Combien de fois au cours de la décennie qui les avait réunis Hassan avait-il vu les deux jeunes femmes prendre fait et cause l’une pour l’autre ne pas en démordre ? Si l’amitié s’était représentée par une pièce les deux jeunes femmes en auraient chacune été une face ; On ne se mettait pas en travers de cela. On n’essayait même pas, et sans doute était-ce pour cela que des années après la seule question qui taraudait encore Hassan était de se demander comment les choses avaient pu ainsi s’étioler, et quelles étaient les raisons qui, en définitive, avaient entraîné la rousse et la blonde sur deux routes différentes.

Sans surprise, Joanne avait fini par prendre sa place au cœur de la conversation tout comme elle avait toujours eu sa place au cœur de l’amitié qui liait autrefois Sophia et Hassan. Et si le brun ne s’étonnait pas que la blonde ait été la première étape de l’itinéraire du mea culpa auquel semblait vouloir se livrer son ancienne amie, il n’était pas plus étonné de découvrir que Joanne n’avait offert à Sophia qu’un aperçu tronqué de ce qu’avait été sa vie durant son absence : la confiance de son ex-épouse, une fois perdue ne se récupérait pas sans une période de pénitence. Et la mémoire sélective de Joanne savait aussi pousser sous le tapis les éléments qu’elle estimait indésirables à l’image qu’elle souhaitait renvoyer. « Elle n'a pas dit grand-chose ... » avait-il donc écouté Sophia lui répondre sans surprise. « Et comment sont les choses maintenant, entre vous ? J'aurais pensé que c'est une bonne chose, mais à t'entendre, tu n'as pas l'air ravi. » Ravi ? Le choix de mot de la jeune femme avait laissé Hassan un brin songeur, et lui avait fait prendre conscience de l’aspect bien différent que pouvait revêtir la situation suivant d’où on l’observait. « ''Plutôt des bas'' ? Des choses que tu ne cautionne pas ? Et pourquoi tu dis que ça n'a pas été facile pour elle ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? » Trempant une nouvelle fois ses lèvres dans son thé avec un flegme contrôlé, l’enseignant s’était permis de faire remarquer avec une pointe d’amusement « Ça en fait, des questions. » Mais il s’en était passé des choses, en trois ans. Assez pour donner à Sophia l’impression d’avoir été absente un siècle – Dieu sait qu’Hassan avait l’impression que sa vie de divorcé durait déjà depuis une éternité, désormais. « Disons que je ne pense pas que le père de ses enfants soit une bonne personne. » Il aurait pu accuser plus durement, utiliser d’autres mots – pointer plus directement du doigt la violence dont Keynes avait fait preuve à l’égard de celle qui avait pourtant accepté de l’épouser par la suite. Mais cette conversation Hassan savait qu’elle aurait de grandes chances d’être répétée, et le brun refusait de se retrouver à nouveau acteur de quoi que ce soit concernant le nouveau couple de son ex-femme ; Il avait suffisamment pâti des drames dans lesquels Joanne l’avait un temps entrainé. « Mais au bout du compte j’ai été qu’un pansement dans le grand drame de son nouveau couple, alors qui sait. Ma rancœur nuit peut-être à mon objectivité. » Au ton un peu amer sur lequel il l’avait suggéré, on comprenait aisément qu’il n’en pensait pas un mot ; Keynes n’avait pas eu besoin de sa rancœur pour lever la main sur Joanne à plusieurs reprises. Mais il s’était fait le défendeur de la blonde durant trop longtemps, et aujourd’hui il n’avait plus la force – Joanne nierait tout en bloc, de toute façon, peu importe qu’il suffise de taper le nom de son prince charmant sur Google pour découvrir qu’il n’avait de prince que le titre pompeux. « Tu as toujours su jauger les gens et estimer s’ils nuiraient à Joanne ou non – je suis bien placé pour le savoir. Tu n’auras qu’à te faire ta propre opinion. » Ce que ni l’histoire ni Sophia n’avaient prévu en revanche, c’était que dans le dernier acte ce n’était pas Hassan qui brisait un cœur.

Il faisait grise mine, le quatuor de jeunes gens autrefois persuadé de pouvoir vivre éternellement d’un bonheur sans nuages. Parfois Hassan se disait qu’il ne pouvait s’agir que d’un retour de boomerang céleste pour avoir cru trop fort que le malheur n’arrivait qu’aux autres, et qu’aujourd’hui ils payaient tous pour leur insouciance d’hier. « Vraiment ? » Comme il s’y attendait, Sophia n’était pas plus au courant du retour au bercail de Rhett que du reste. Mais alors qu’elle s’apprêtait à questionner « Qu'est-ce qu'il … » elle s’était finalement interrompue pour changer son fusil d’épaule. « Non, tu sais quoi ? Ne me dis rien. Je m'en moque. » Slalomant déjà entre ce qu’il acceptait de dévoiler et ce qu’il préférait passer sous silence depuis le début de la conversation, Hassan avait simplement acquiescé d’un signe de tête. Si son amitié et les confidences faites par Rhett l’avaient toujours dissuadé de juger trop durement les choix faits par le sportif, il n’était pas sans ignorer que Sophia avait beaucoup souffert de sa rupture avec lui, et il n’avait pas pour intention de verser du sel sur ses plaies. Dans un vague sursaut d’honnêteté néanmoins, il avait préféré prévenir Sophia qu’il ne cacherait pas sa présence à Brisbane à leur rugbyman commun, et tenté de ne pas prendre pour lui l’amertume manifeste du « J'ignore ce qu'il fera de cette information, mais fais-toi plaisir. » qu’il avait récolté en retour. Hassan ne savait pas plus ce que Rhett ferait de l’information à vrai dire ; Rien, peut-être. Leurs différences de tempérament et le fait qu’il s’en sache responsable rendait simplement la rancœur de Rhett à l’égard de cette rupture moins évidente que celle de Sophia. « Donc vous bossez tous les trois ici maintenant. J'ai plus qu'à me faire embaucher et ce sera presque comme au bon vieux temps. » Ne lui tenant pas rigueur du sarcasme de la remarque, l’enseignant s’était même trouvé capable d’en rire un instant, reposant finalement sa tasse sur son bureau en laissant échapper un bref soupir. « Comme au bon vieux temps, ouais … » Pensif, il avait répété la formule sans savoir s’il la trouvait triste ou simplement illusoire. Puis, l’esprit semblant revenir à la conversation, il s’était réinstallé un peu plus confortablement sur son fauteuil « Mais si tu veux continuer à être celle de nous qui s’en sort le mieux, je te le déconseille … Je te mentirai si je disais que c’est pas difficile certains jours, de croiser Joanne au détour d’un couloir et de faire comme si ça ne remuait pas des souvenirs. » Il avait fait le deuil de son mariage et de cette époque. Il avait cessé d’aimer Joanne et plus que l’évaporation de ces sentiments c’était sans doute d’en avoir fait le constat qui avait été le plus difficile pour lui. Mais la blonde poursuivait la nouvelle impulsion donnée à sa vie professionnelle, et lui ne pouvait que tenter de faire avec. A ce sujet d’ailleurs, il avait fini par demander du bout des lèvres « Et toi ? Tu as trouvé ce que tu étais partie chercher … ? » On ne fuyait pas comme ça, sans une bonne raison. Hassan en avait toujours eu la certitude et s’il n’avait aucune idée du pourquoi il s’était toujours persuadé que Sophia ne s’était pas volatilisée pour rien. Était-ce professionnel, personnel, ou bien avait-elle simplement eu besoin d’ailleurs ? Il n’aurait pas osé le demander clairement, mais cela ne rendait pas moins sincère l’espoir qu’il avait qu’elle lui réponde par la positive, et qu’elle au moins n’ait pas connu la chute vertigineuse que ses trois anciens amis avaient connus après s’être brûlé les ailes.
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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptyJeu 9 Jan - 22:13



< A LOST BIRD IN A CLEAR SKY >
OLD FACE, TIRED EARS, WRONG TURNINGS AND SOUVENIRS
HUNDREDS OF MEMORIES WHEN YOU SAY,
A LOST BIRD REMEMBERS
FEAT. @HASSAN JAAFARI
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Dans sa tentative de la réconforter, Hassan aurait tout autant pu creuser un trou plus profond dans lequel s’enfoncer. Si ses intentions étaient nobles, le mal était fait aux yeux de la rouquine, et l’entendre dire qu’il ne lui reprochait pas de s’être tenu aux côtés de Joanne ne rendait pas la pilule plus facile à avaler. Car il n’avait pas contrôle sur ce qu’elle ressentait, et s’il refusait de lui jeter la pierre, elle se jetterait sur le rocher. Elle ne pensait pas que le professeur pourrait la faire se sentir ainsi. Elle s’était préparée à bien des scénarios, à encaisser des paroles difficiles bien sûr, à ne même pas être reçue, mais pas à cette vicieuse révélation qu’il avait consciemment fait une croix sur leur amitié, qu’il n’avait pas cru en elle. Mais de cette révélation n’émanait aucune colère, ou du moins aucune qu’elle oserait diriger vers lui. Comment pourrait-elle ? Il avait vu juste. Alors tout ce qu’elle fut en mesure de lui donner en cet instant fut un sourire triste, et entreprit à œuvrer pour viser le projecteur ailleurs que sur sa propre personne. Heureusement, Joanne était un sujet fort passionnant, et la rouquine semblait incapable de tenir sa langue. Quand Hassan lui fit remarquer sa propre insistance d’ailleurs, Sophia ne se laissa pas écraser par le sentiment d’illégitimité qui lévitait au-dessus d’elle comme une épée de Damoclès, et décida de défier le regard du professeur tout en se préparant à essuyer un refus catégorique. Il ne lui devait rien, et si les rôles avaient été inversés, elle n’aurait pas pris le risque de révéler des informations que Joanne aurait peut-être préféré garder sous silence. En outre, elle n’éprouvait aucune satisfaction à apprendre de telles choses d’autres lèvres que celles de la concernée, mais son interlocuteur avait suffisamment piqué sa curiosité pour passer outre ce cas de conscience. S’il était arrivé quelque chose à celle qu’elle avait longtemps considéré comme sa meilleure amie, elle voulait le savoir, et sachant pertinemment que cette dernière ne lui révélerait rien pour l’instant, elle devrait se contenter des confessions d’Hassan, même si elle se promit de prendre tout ce qui sortait de sa bouche avec un énorme grain de sel. Cette animosité qui lui inspirait méfiance, elle comptait également dessus pour qu’Hassan n’éprouve pas autant de remord à la mettre au parfum, et il semblerait qu’elle avait parié sur le bon cheval, puisqu’après quelques secondes de duel interne, il lui donna quelque chose auquel s’accrocher : « Disons que je ne pense pas que le père de ses enfants soit une bonne personne. » Lui révélant cette information tout en ne lui dévoilant rien du tout, Sophia ne savait quoi faire de cet aveu. Condamnant, mais comprenant également, cette façon de tourner autour de pot, elle échangea son air agacé pour brandir une expression de surprise. “ Jamie ? “ demanda-t-elle, comme pour confirmer qu’ils parlaient bien de la même personne et que Joanne ne s’était pas trouvé un autre homme entre temps. Car si elle en savait peu sur l’homme en question, et si le couple lui avait toujours paru un peu singulier, il ne l’avait pour autant jamais frappé comme étant de quelqu’un de particulièrement malveillant. Consciente qu’elle n’avait pas suffisamment foi en sa faible impression du concerné pour rebuter ces accusations, elle n’osait cependant pas demander davantage de précisions, craintive que, comme il l’admit lui-même après coup, la subjectivité d’Hassan obscurcisse son jugement. « Mais au bout du compte j’ai été qu’un pansement dans le grand drame de son nouveau couple, alors qui sait. Ma rancœur nuit peut-être à mon objectivité. » Il semblerait que Joanne avait de nouveau fait des siennes, et que son indécisivité légendaire avait fait des dégâts. Le tableau qui se dressait devant elle semblait suffisamment clair pour qu’elle s’imagine assez clairement ce qui avait transpiré pendant son absence. Les détails restaient flous, mais elle pouvait concevoir un scénario où Hassan, conscient de l’erreur qu’il avait commise en demandant le divorce, ait tenté de reconquérir la nouvellement casée Joanne, et que cette dernière, incapable de faire mal à ne serait-ce qu’une mouche, l’ait -consciemment ou inconsciemment- donné espoir que deux ex-époux puissent se retrouver. Présomptueux de sa part, assurément, mais puisque tout le monde s’était décidé à parler en énigmes, elle était forcée de tirer ses propres conclusions. Toujours assise sur le bord du bureau, elle observait son interlocuteur d’un air détaché. Quoi qu’il en soit, la rouquine éprouvait des difficultés à éprouver de la compassion pour Hassan, et ne voyait rien d’attendrissant dans sa performance mélodramatique. Pour cause, diffamer le nouveau mari de son ex-femme était rarement un témoignage de bonne foi. “ Je ne le connais pas très bien. ” admit-elle en haussant légèrement les épaules. Ce qui était étonnant. Après le fiasco qu’avait été leur divorce, d’aucun aurait pu penser qu’elle se serait montrée bien plus exigeante envers quiconque s’approchait un petit peu trop près de la blondinette. Mais elle avait décidé de laisser les choses se faire, voyant qu’il la rendait heureuse. Et après tout ce qu’elle avait vécu, elle méritait bien un instant de répit. “ Leur couple m’a toujours étonné. Ce n’est pas franchement le type d’homme dont je l’imaginais tomber amoureuse. Et vice-versa … Mais bon, on a vu plus étrange, et il semblait la rendre heureuse. “ Elle trempa ses lèvres dans le thé chaud. “ C’est tout ce que je peux dire. “ Cependant, elle pouvait voir qu'Hassan tenait toujours à elle, et cela lui suffit à prendre ses paroles avec un minimum de sérieux. « Tu as toujours su jauger les gens et estimer s’ils nuiraient à Joanne ou non – je suis bien placé pour le savoir. Tu n’auras qu’à te faire ta propre opinion. » Si elle passa ensuite un accord silencieux avec le professeur, cette étrange idée lui étouffa un rire pour le moins amer. Et quel super boulot elle avait fait jusqu'ici. Un instant, elle se demanda si Hassan se moquait d’elle, mais se mordit la langue pour ne pas sortir quelque chose qui pourrait de nouveau être mal interprété. Si cette discussion avait prouvé quelque chose, c’était que les deux anciens amis ne savaient plus comment naviguer leur caractère respectif, et que beaucoup de choses devraient être réapprises. Car il fut un temps où Sophia pensait qu’Hassan serait incapable de “nuire” à Joanne, et pourtant. En outre, si elle estimait que ce dernier lui donnait trop de crédit, il trouverait néanmoins dans son mutisme la preuve que ses sous-entendus n’étaient pas tombés dans l’oreille d’une sourde.

Ce qu’elle aurait aimé ne jamais entendre cependant, c’était les dernières nouvelles concernant le quatrième membre de leur quatuor infernal, car malgré l’air qu’elle tentait vainement de se donner, ses méninges s’étaient mises à tourner malgré elle, pas franchement aidées par ces discussions sur “le bon vieux temps” qui n’accomplissaient rien d’autre que la rendre nostalgique. « Comme au bon vieux temps, ouais … » Elle pouvait voir que Hassan ressentait la même chose. Deux individus partageant le même désir, et des années de bagage entre eux. Elle n’aimait pas cette sensation. Elle la trouvait puérile, pathétique. Elle ne voyait pas l’intérêt de s’attarder sur le passé. Sautant sur ses jambes pour agiter son malaise, elle ne put s’empêcher d’hausser un sourcil lorsqu’Hassan jeta cette folle hypothèse qu’elle serait celle qui s’en sortait le mieux. Si elle ne prétendrait jamais le contraire, cette idée l’attristait. La barre n’était alors pas bien haute. Il était clair qu'Hassan n’avait aucune idée des raisons de son départ, et du profond mal-être qui l’avait poussé à tout abandonner, laissant les autres boucher les trous. Elle croisa les bras et baissa son regard vers ses chaussures, la gorge nouée. Joanne lui avait reproché d’avoir laissé tout le monde penser que tout allait bien quand la vérité était bien plus compliquée, et que tout ceci aurait pu être évité si elle avait eu le courage de demander de l’aide. Elle voyait en cet instant une opportunité de commencer à reboucher ce fossé entre Hassan et elle, opportunité qu’elle n’osa pas saisir. Elle n’était pas prête. Pas avec lui. Pas encore. Alors quand il amena le sujet sur la pointe des pieds, d’une telle subtile façon qui lui permettait de tourner autour du pot, elle lui en fut reconnaissante. « Et toi ? Tu as trouvé ce que tu étais partie chercher … ? »  Au fond d’elle, elle se doutait qu’il savait ce qu’il faisait. Elle laissa la question peser dans l’air quelques secondes, médita sa réponse en avalant le reste de son thé. “ Non. “ admit-elle dans un élan d’honnêteté en posant la tasse sur le bureau. Parlé avec une certaine détermination, son regard confrontait celui du professeur. “ Mais je suis ici maintenant. A la maison. “ Elle ponctua sa phrase d’un petit sourire. A pas de bébé. Ce qui voulait dire que viendrait bientôt l’heure de se retirer. “ Merci pour le thé. “ Nouveau silence. “ Il se fait tard ... ” murmura-t-elle en balayant la pièce du regard.  
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Message(#)a lost bird in a clear sky ☆☆ (hassan) EmptyMar 11 Fév - 1:26

Quelque chose le retenait, l’empêchait de cracher sa bile pour écorner un peu plus l’image de Keynes. Sa conscience peut-être, ou ses remords … Pas à l’égard du concerné bien sûr, mais à l’égard de Joanne, qui n’accepterait probablement pas de l’entendre parler de son époux en des termes peu élogieux tout en sachant pourtant qu’il n’en pensait pas moins. Il y avait de ces sujets qu’il valait mieux ne plus aborder pour tenter de conserver la paix fragile que les deux anciens époux tentaient d’accorder à leur relation, et le nouveau mari de la blonde en était le plus épineux – quant à Sophia, elle avait quitté son quotidien depuis bien trop longtemps désormais pour qu’Hassan ne puisse avoir la certitude que ses mots n’iraient pas être répétés à Joanne, raison pour laquelle il s’était contenté d’accueillir silencieusement le fait qu’elle lui assure « Je ne le connais pas très bien. » mais sans véritablement s’en étonner. Lorsqu’il avait retrouvé Joanne durant les semaines qui avaient suivi sa séparation avec Jamie, il était tombé des nues en réalisant le vide que l’homme avait créé autour d’elle, la coupant progressivement de toute personne extérieure à son cercle et la persuadant d’abandonner son travail. Que Sophia en ait été un dommage collatéral ne l’aurait pas étonné, en fin de compte. « Leur couple m’a toujours étonné. Ce n’est pas franchement le type d’homme dont je l’imaginais tomber amoureuse. Et vice-versa … Mais bon, on a vu plus étrange, et il semblait la rendre heureuse. C’est tout ce que je peux dire. » Il semblait la rendre heureuse, lorsqu’il n’en faisait pas son punching-ball … Mais à quoi bon. Ce n’était plus sa guerre, et ce n’était probablement plus celle de Sophia non plus désormais. Entière comme elle était, il ne doutait pas qu’elle saurait se faire sa propre idée de l’énergumène si l’occasion lui en était donnée, et pour l’heure Hassan ne souhaitait pas se glisser dans le rôle de l’accusateur au risque d’y perdre à nouveau des plumes.

Il n’était pas en position de demander où elle avait été tout ce temps, pas plus qu’il n’était en position de demander ce qui l’avait poussée à revenir. Le brin de nostalgie qui semblait guider ses questions laissait néanmoins l’enseignant songeur, persuadé qu’il y avait derrière ces mots des interrogations qui ne demandaient qu’à être grattées et quelques vérités qui auraient souhaité se faire entendre … Mais enfin. La seule question qu’il s’était finalement autorisé à poser l’avait été avec toute la demi-mesure dont il se sentait capable, laissant à Sophia la possibilité d’un mensonge éhonté autant que celle d’une habile pirouette de sortie. « Non. » lui avait-elle pourtant répondu sans détour, après quelques instants de réflexion. « Mais je suis ici maintenant. À la maison. » Restant assis malgré que la rousse se soit levée, amorçant un départ qu’il ne comptait pas interrompre, il s’était contenté d’acquiescer d’un signe de tête et de lui offrir un sourire teinté de bienveillance. Il n’avait pas la moindre idée de ce qui se tramait dans la tête de la jeune femme, mais il pensait pouvoir comprendre le sentiment qu’elle décrivait – celui qui vous poussait à fuir pour tout un tas de raisons, avant de réaliser que la maison était souvent l’endroit que l’on avait voulu quitter en pensant que la morosité et la tristesse ne se glisseraient pas dans les bagages … C’était mal les connaître. « Merci pour le thé. » Croisant son regard, Sophia semblait chercher un moyen de prendre congé. Alors qu’elle ajoutait « Il se fait tard ... » Hassan s’était donc levé à son tour, abandonnant sur un coin de bureau sa propre tasse encore à demi-pleine. Avançant avec elle jusqu’à la porte, il s’était arrêté sur son seuil et avait commenté avec légèreté « Je ne te raccompagne pas, je pense que tu connais le chemin. » Quant à lui, il doutait finalement d’être capable de se plonger dans ses mails ou ses corrections … La carte postale de Leela ainsi que cette réapparition soudaine d’un autre pan de son passé qu’il pensait enterré à jamais avaient eu raison de ses bonnes résolutions, et il doutait d’être capable de se concentrer sur quoi que ce soit. « Ça m’a fait plaisir de te revoir. Vraiment. » avait-il finalement formulé après une courte hésitation. « Prends soin de toi, Sophia. » Se reverraient-ils ? Rien n’était moins sûr, et le brun doutait que d’autres discussions ne suffisent à colmater le fossé qui s’était creusé entre la jeune femme et lui … Mais si les choses en restaient là, au moins ne vivrait-il plus avec le regret que sa dernière discussion avec celle qui fut une amie aussi chère se soit faite dans les cris, la colère, et des mots qu’il avait passé les années suivante à regretter d’avoir prononcé.
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