Cela faisait maintenant quelques semaines que Morgane s’était fait mal au poignet lors de sa séance de cheval. Elle n’avait donc pas remis les pieds au centre équestre depuis et l’en tenir éloigné se révélait être une tâche bien ardue. Abel ne voulait pas qu’elle y revienne trop tôt mais lors de votre visite de contrôle chez le médecin, il avait bien précisé que tout était guéri et que Morgane pouvait reprendre cette activité en y allant doucement au début. Ramener Morgane au centre équestre voulait dire contacter Abel pour que vous parliez à la directrice de l’établissement. Ce que vous aviez fait plus tôt dans la semaine. Tu avais donc ramené Morgane au centre équestre pour sa leçon hebdomadaire et ta fille rayonnait littéralement de bonheur. Tu étais restée les dix premières minutes pour t’assurer que la monitrice respectait bien les consignes que tu avais données pour les premières semaines du retour de Morgane et quand tu vis que c’était le cas, tu repris ta voiture pour aller au supermarché. C’était une routine bien réglée désormais. Tu profitais de la séance de cheval de Morgane pour faire les courses pour la semaine car les faire avec ta fille était pour toi synonyme de pur enfer et tu préférais t’éviter cela. Tu savais que tu avais à peu près deux heures devant toi et il était rare que tu aies besoin de tout ce temps donc tu revenais toujours plus tôt voir Morgane. Tu pris un chariot et tu attrapais la liste que tu avais glissée dans ton sac avant de te mettre à arpenter les allées. Tu avais toujours détesté accompagner ta mère au supermarché, trouvant cette tâche dénuée de sens et inutile quand aujourd’hui on pouvait tout commander sur internet mais maintenant que tu devais cuisiner pour Morgane et te préoccuper de ce qui arrivait dans son assiette, tu comprenais l’intérêt de prendre un peu de temps pour s’assurer de ce que l’on achète. Tu faisais glisser ton chariot d’une allée à une autre glissant quelques produits dans le chariot par-ci par-là fredonnant quelques airs qui te venaient en tête. Il n’y avait pas grand monde aujourd’hui ce qui était légèrement surprenant vu que c’était samedi mais en même temps c’était le beau milieu de l’après-midi. Tu finis par arriver au rayon des céréales. Morgane venait d’entrer dans une phase où c’était son petit déjeuner préféré. Tu l’orientais petit à petit vers des céréales un peu meilleures pour la santé mais elle avait toujours un paquet de céréales bien sucrées qu’elle préférait comme tout enfant qui se respecte. Et Morgane t’avait bien précisé la marque et le nom des céréales qu’elle voulait cette semaine. Apparemment elle les avait goûtées chez son père et ne jurait que par ces dernières. Scannant le rayon, tu crus d’abord que les céréales ne s’y trouvaient pas. Mais un deuxième puis un troisième passage te firent te rendre compte qu’elles étaient bien vendues dans ce magasin mais qu’elles se trouvaient tout en haut du rayon, à une hauteur que tu ne pouvais pas atteindre sans jouer à l’acrobate. Regardant autour de toi, tu soupirais fortement quand tu vis qu’il n’y avait personne autour de toi. Très bien, tu pouvais peut-être trouver un petit marche pied ? Mais après avoir fait les rayons alentours, tu vis que c’était inutile. Te replaçant devant le rayon, tu pris une grande inspiration avant de ranger la liste dans ta poche et de commencer à poser le pied sur le premier niveau de l’étagère. Avec un peu de chance, personne ne te verrait et tu pourrais ramener ces fichues céréales pour Morgane. Tu avais presque réussi ton coup et c’est la boîte de céréales en main que tu allais reposer un pied par terre quand le talon de ta chaussure vint se prendre dans les boîtes du bas. Perdant l’équilibre, tu te sentis tomber et te préparait au choc qui … n’arriva pas. Des bras s’étaient entourés autour de ton corps et te relevaient alors que tu ouvrais les yeux, encore abasourdie de ne pas t’être fracassée sur le sol. Maladroite ? Toi ? Complètement ! Levant les yeux vers ton sauveur, tu lui dis : « Merci beaucoup, je … » Montrant la boîte de céréales, tu ne savais pas quoi dire te sentant réellement bête pour le coup. « Vraiment merci beaucoup, me blesser est bien la dernière chose dont j’ai besoin en ce moment. » Tu ne pourrais plus travailler un temps et t’occuper de Morgane serait un enfer alors ce beau brun venait de te sauver la mise. Posant ton regard sur lui, tu ne pus t’empêcher de lui demander : « Vous habitez dans le quartier ? J’ai l’impression de vous avoir déjà croisée mais je ne connais pas vraiment mes voisins. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu connaissais le plus proches, tu n’étais pas trop réunion de quartier. Ce que tu étais surtout en train de faire c’est le noyer de paroles, manière comme une autre de cacher ton embarras …
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Encore une journée banale. Le monde ne demande qu'à te sourire, il suffit que tu prennes ton courage à deux mains et que tu arrives à tourner la page en ce qui concerne Anna. En plus de te manquer, t'éprouver un profond sentiment de rancœur à son égard. De quel droit peut-elle te priver de ton fils ? Anna n'a aucunement le droit de décider pour toi. Le plus frustrant dans cette histoire c'est de savoir que ta cousine est au courant de l'endroit où ton fils et sa mère se trouvent. Elle a même déjà eu la chance de le voir en photo. Toi aussi, mais ce fut bref et cette image s'efface peu à peu de ton esprit. Chaque jour, l'espoir de le voir un de ces jours meurt petit à petit. Tu doutes sérieusement sur la bonne foi de ton ex petite amie à revenir à Brisbane et te permettre, enfin, de tenir votre fils dans tes bras. Lorsque les gens te demandent comment va ta vie amoureuse ou si tu as des enfants, ton coeur saigne et tu t'obstines à ne pas répondre, préférant changer de sujet. On t'as déjà répétés à bons nombres de reprises qu'il fallait que tu tourne la page, que tu te laisse une chance d'être heureux. Peut-être ont-ils raison. Faire la chambre de ton fils chez toi a été une très mauvaise idée, ça ne t'aidera pas à faire ton deuil. Mais au fond de toi, tu as toujours l'espoir qu'Anna revienne et te laisse voir ton enfant. T'espère vraiment qu'elle ait suffisamment de coeur pour revenir à Brisbane et que tu puisses voir la petite bouille de ton fils. Certes, tu auras raté six ans de sa vie, il te restera plein d'autres moments à partager avec lui. Les cartes sont entre les mains d'Anna. Il n'y a qu'elle qui peut décider. Du haut de tes trente-quatre ans, tu as toujours été un homme responsable. T'as toujours été quelqu'un sur qui compter. Ayant vécu dix-huit ans seul avec ta mère puis avec ton meilleur ami, t'as dû apprendre à te débrouiller. Les courses, le ménage, gérer l'administratif. Tout ça, tu sais faire. Aujourd'hui, tu dois d'ailleurs aller faire des courses. Le réfrigérateur et les placards commencent à se vider. Et bien que tu ne sois pas un grand fan des plats cuisinés, ça ne te gêne pas d'en manger certains jours mais pas toute la semaine non plus. Réveil matinal, l'aube se lève à peine. Les parents doivent préparer leurs progénitures à aller à l'école tout en checkant la liste des choses qu'ils ont à faire aujourd'hui. Toi, tu n'as pas grand chose à faire. Un rendez-vous téléphonique à onze heures. Cet après-midi, t'as prévu de passer au bureau afin de faire un peu de rangement et de tri. Les livres et papiers commencent à s'accumuler, tu peine à travailler sur ton bureau. Il faut aussi que tu ailles acheter une nouvelle étagère. Tes journées sont loin d'être passionnantes, mais tu te débrouilles toujours pour être occupé au maximum afin de ne pas penser à ta situation. Ton rendez-vous téléphonique c'est bien passé. L'heure du déjeuner arriva vite et tu n'eus le temps de ne prendre qu'un sandwich avant de filer au bureau. L'état de ton espace de travail te déplore considérablement. La tâche est fastidieuse et tu ne sais pas par où commencer. Manches relevés, tu empiles dans un coin de la pièce les livres que tu voudrais ranger sur l'étagère que tu ne possèdes pas encore. Un petit tri dans les papiers posés en vrac sur un coin de ton bureau s'impose. Avec tout cela, tu as remplis au moins deux sac poubelles et un troisième se profile à l'horizon. Quinze heures. L'heure de faire une pause est primordiale. Clés à la main, tu files rejoindre ta voiture afin de t'occuper des courses. Personne ne le fera à ta place de toute façon. T'as bien tenté de soudoyer ta cousine un jour mais non, elle a refusée ton chantage. T’arpente les rayons remplissant petit à petit ton chariot. Du lait, de l'eau. Des yaourts, du fromage, de la charcuterie. Quelques légumes et fruits également. Tu préfères les pommes de terre aux légumes mais de temps en temps, ça ne peut pas te faire de mal. Dans le rayon des céréales, t'es à la recherche d'une nouvelle marque. À trente-quatre ans, t'es resté un grand enfant et continue de manger des céréales pour enfants. Tu peux apercevoir une demoiselle en équilibre sur le dernier étage du rayon. Elle semble complètement en galère, tu ne viens pourtant pas l’aider et l’observe silencieusement. Pendant ce temps, tu viens chercher le paquet de céréales que tu as l’intention d’acheter cette fois. Alors que tu relèves la tête, tu vois la demoiselle prête à tomber. Pas question de la laisser s’écraser sur le sol. T’es bras viennent rapidement enrouler sa taille afin de la retenir. Tu lui souris alors qu’elle s’excuse de sa chute. « Tu n’as pas à t’excuser, vraiment. Moi aussi je serais prêt à tout pour mon paquet de céréales. » Tu laides à se relever. Ton regard se pose sur elle, tu la connais. Tu as déjà vu ce visage quelques part. Si seulement t’avais une bonne mémoire. «En effet oui. Je réside à Bayside. Il ne me semble pas t’avoir déjà croisé pourtant ton visage ne m’est pas inconnu.. » T’attrapes ton paquet de céréales et le mets dans ton charriot. Dans le sien, il y a beaucoup d’articles pour enfant. Ce constat a pour but de te rappeler, une fois encore, que tu ne peux pas voir ton fils. C’est si frustrant. Ou alors, la demoiselle est une grande enfant, comme toi, et elle adore manger des céréales au petit déjeuner. « Je m’appelle Lukà. » Tu lui tends la main pour la saluer. Toi qui d'ordinaire refuse de rencontrer du monde en sortant le moins possible et ne parlant quasiment à personne, tu t'étonne à vouloir lui faire la conversation. T'es certain d'avoir déjà vu le visage de la jeune femme quelques part.
Morgane n’avait jamais été une enfant très difficile à faire manger. C’était ce qui rendait ce caprice autour des céréales complètement ridicule. Comme tous les enfants, Morgane avait des aliments qu’elle n’aimait pas, des aliments qu’elle adorait, des plats qu’elle préférait mais ceux-là étaient en général préparés par ta mère. Cette dernière avait veillé à ce que tu saches te débrouiller un minimum en cuisine pour ne pas mourir de faim et pour nourrir à peu près correctement ta fille mais il était évident que tu ne seras jamais une aussi bonne cuisinière que ta mère ou ta soeur aînée, rester derrière les fourneaux plus de vingt minutes te donne envie de mettre le feu à la maison. Mais tu étais obligée de cuisiner un peu, principalement parce que tu ne mangeais pas de viande et que du coup il fallait bien préparer les légumes pour les manger. Toutefois, le caprice alimentaire de Morgane autour des céréales était une autre histoire. Vous aviez négocié quelques déjeuners de temps en temps avec des céréales très sucrées ce qui te semblait équitable vu que tu savais sans le lui demander que son père les deux matins par mois qu’il passait avec elle lui servait ce qu’elle voulait. Que tu aies à jouer au parent sévère et qui met des limites à sa fille n’était pas une surprise. Tu étais après tout celle qui passait le plus de temps avec Morgane et malgré des accès d’immaturité toujours soulignés par ta mère, tu restais relativement raisonnable avec la tête sur les épaules. Clairement, l’idée que tu avais eu de grimper sur les étagères pour attraper la boîte qui te faisait de l’oeil n’était pas la meilleure idée que tu avais eue de la journée vu qu’elle avait failli très mal se finir. Si le beau brun qui t’avait rattrapé n’avait pas été là, tu aurais fait une sacré chute qui aurait pu t’envoyer aux urgences si tu étais mal tombée. Heureusement pour toi, tu avais trouvé un sauveur pour te sortir de ce mauvais pas et de cette mauvaise décision. Le paquet de céréales désormais collé contre toi, ce dernier t’aida à te relever avant que tu ne te confondes en excuses. Tu te trouvais vraiment bête sur le coup et tu n’hésitais pas à le faire savoir à ton interlocuteur. « Tu n’as pas à t’excuser, vraiment. Moi aussi je serais prêt à tout pour mon paquet de céréales. » Tu laisses échapper un éclat de rire à ces paroles. Tu n’es pas vraiment surprise de passer pour une fanatique des céréales alors que tu n’en manges pas toi-même. Il y a bien longtemps qu’un bon déjeuner rime pour toi avec un café, un yaourt et un fruit. Tu n’as pas dérogé à cette règle depuis des années, t’autorisant quelques écarts de temps en temps mais jamais plus d’une fois par mois. « Elles sont pour ma fille. Disons qu’elle serait capable de refuser de petit déjeuner si je ne lui amenais pas les céréales qu’elle a jugé être ses préférées en ce moment. Et il est hors de question qu’elle parte à l’école le ventre vide. » Dis-tu un léger sourire sur les lèvres avant de déposer le paquet de céréales si durement acquis avec tes autres articles dans ton chariot. Alors que tu prenais un peu plus le temps d’observer ton interlocuteur, tu ne pus t’empêcher de noter que son visage était familier. Tu étais certaine de ne pas vraiment le connaître mais plutôt de l’avoir croisée quelques fois. Tu avais toujours été physionomiste et cela n’avait pas l’air de changer avec le temps. « En effet oui. Je réside à Bayside. Il ne me semble pas t’avoir déjà croisé pourtant ton visage ne m’est pas inconnu. » Tu ne peux t’empêcher de sourire à cette remarque. Tu te souviens la première fois que cela t’est arrivé quand tu étais encore au début de ta carrière et que tu résidais à Londres. Des gens qui avaient vu tes photos pour des publicités mais qui n’arrivaient pas à savoir d’où ils connaissaient ton visage. « Il y a de fortes chances pour que vous m’ayez vue dans des publicités de maillots de bain ou de lingerie, c’est ma spécialité. » Dis-tu un sourire en coin avant d’ajouter : « Je suis mannequin. » Tu n’en faisais pas une grosse affaire. Tu ne te vantais pas souvent de ton métier car pour toi, c’était avant tout une manière de te réaliser et d’exercer un métier qui te passionnait et pas d’être au devant de toutes les caméras, même les plus intrusives, du monde entier. Aujourd’hui, tu ne te considérais pas comme très connue et c’était mieux ainsi. Que les gens aient l’impression de te connaître te suffisait largement. Une fois son paquet de céréales dans son panier, l’homme te tendit la main en disant : « Je m’appelle Lukà. » Il te tutoyait depuis le début de votre échange alors que tu le vouvoyais, détail que tu soulevais mais que tu ignorais comment traiter pour l’instant. Déposant ta main dans la sienne tu lui dis : « Moi c’est Jessian mais tout le monde m’appelle Jess’. » Pas seulement tes amis, c’était juste plus facile de te surnommer ainsi. « Vous aussi vous avez des enfants ? » Lui demandas-tu en désignant le paquet de céréales dans son panier. Tout le monde avait le droit de manger des céréales mais l’homme en face de toi avait l’âge parfait pour être papa et de l’extérieur il ne te semblait pas être un mangeur de céréales.
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Dernière édition par Jessian Reed le Dim 7 Juil 2019 - 13:08, édité 1 fois
Pour la plupart des gens, faire les courses est synonyme de corvée. Pas pour toi. C'est une certaine satisfaction de pouvoir remplir son réfrigérateur de choses délicieuses à manger, d'aliments qui nous font envie. T'as toujours aimé venir faire les courses, sans être non plus hystérique, mais tu ne comprends pas l'intérêt des gens de venir au supermarché en faisant la tête. Tu n'as jamais été difficile en nourriture. Il n'existe pas, ou peu d'aliments que tu n'aimes pas. Tu n'est pas un grand fan de viandes mais, toutefois, il t'arrive d'en manger de temps en temps. Une fois par semaine, tout au plus. En revanche, ta consommation d'oeufs et de poissons a beaucoup augmentée ces dernières années. Des fruits et des légumes, t'en manges mais les pâtes ainsi que les pommes de terre resteront toujours ton aliment favoris. En cuisine, tu te débrouilles un minimum. Disons que tu sais ne pas mettre le feu, c'est déjà ça. Parfois, ta mère vient te rendre visite en t'apportant de bons petits plats préparés maison. Qu'on se le dise, les plats préparés par les mères resteront toujours les meilleurs. Environ un dimanche par mois, tu viens déjeuner le midi chez tes parents. C'est toujours un plaisir de les retrouver mais ils ne te cessent de te demander quand est-ce que tu vas tourner la page et trouver une copine. C'est plus facile à dire qu'à faire. T'aimerais avoir le courage de tourner cette page mais c'est dur. Tellement dur. Aucune lettre, aucun mot. Rien. Anna est partie du jour au lendemain. Aujourd'hui, ça fait six ans et tu ne parviens pas à l'oublier. De plus, le fait de ne pas pouvoir voir ton fils, c'est d'autant plus frustrant. Dans le rayon des céréales, alors que tu choisis celles qui te font le plus envie en ce moment, tu viens à la rescousse d'une demoiselle qui a cherché à jouer les aventurières. Plus de peur que de mal, elle n'a rien de cassée. Son rire est communicatif. Tu ris avec elle. Mieux vaut en rire qu'en pleurer, non ?! « Elles sont pour ma fille. Disons qu’elle serait capable de refuser de petit déjeuner si je ne lui amenais pas les céréales qu’elle a jugé être ses préférées en ce moment. Et il est hors de question qu’elle parte à l’école le ventre vide. » Le fait qu'elle ait une fille te fait sourire. C'est aussi un nouveau coup de poignard quand tu le découvre. Toi, tu n'as pas la chance de pouvoir offrir de céréales à ton enfant. Tu ne connais même pas ses goûts, ni rien. Faiblement, tu souris à la jeune femme. "Oh je vois ! Les enfants peuvent être têtus parfois. Sage décision, personne ne devrait partir de chez soi le ventre vide le matin." Le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée. Pour toi, il se compose d'un bol de céréales ou de quelques tartines beurrées, c'est selon tes envies du jour, et tu n'oublies jamais de te prendre un grand bol de café. La journée, il t'arrive de ne pas boire de café. Mais en aucun cas, tu ne loupes ton bol de caféine du matin. C'est grâce à ça que tu termines de te réveiller complètement. « Il y a de fortes chances pour que vous m’ayez vue dans des publicités de maillots de bain ou de lingerie, c’est ma spécialité. Je suis mannequin. » Mais bien sûr ! Maintenant qu'elle te le dit, tu te souviens d'avoir déjà vu ce visage sur internet alors que tu effectuais une recherche qui n'avait rien à voir avec cette publicité. "Ah mais oui. Je ne m'attendais pas du tout à tomber sur toi un jour mais je suis flatté de te voir en vrai. Et sache que tu es tout aussi mignonne en vrai qu'en photo !" Ce compliment avait n petit air de vérité dans ta bouche. T'espère simplement qu'elle ne va pas te prendre pour le dragueur lourd du coin ou quoi que ce soit dans ce genre là. Ce n'était pas du tout ton genre. Ça fait d'ailleurs six ans que tu n'as flirté avec une femme. T'es même pas certain de te souvenir de la manière dont il faut s'y prendre pour draguer une jeune femme. De toute façon, loin de toi l'idée de la draguer. Tu ne cherches pas à te caser à tout prix. C'est tout naturellement que tu te présentes à elle. « Moi c’est Jessian mais tout le monde m’appelle Jess’. » Très joli prénom qu'elle porte à merveille. "Enchanté Jess !" Si on t'avais dit que tu rencontrerais une mannequin en faisant tes courses aujourd'hui, jamais tu ne l'aurais cru. « Vous aussi vous avez des enfants ? » Tu déglutis un peu à sa question. Chaque fois que tu rencontre quelqu'un, t'as la hantise que cette personne te pose cette question. Tu joues nerveusement avec tes doigts. "Tu peux me tutoyer tu sais, je ne suis pas si vieux." Le "vous" te donne l'impression d'avoir quarante ans. Ça te vieillis et t'aimes pas ça. "C'est compliqué.." Commences-tu par t'exprimer. Tu n'as pas envie de la souler avec tes problèmes. Tu as toujours eu du mal à cacher tes sentiments à qui que ce soit. "Les céréales sont pour moi. Je suis un grand enfant tu sais. Chaque matin, je mange mon bol de céréales. Il n'y a que le dimanche où c'est pancakes." Doucement Lukà. Ne lui dévoiles pas toute ta vie, elle doit probablement n'en avoir rien à faire. "J'ai bien un enfant. Un fils mais .. pour faire court, on va dire que sa mère refuse de me laisser le voir.." C'est un court résumé de la situation mais qui en dit bien assez loin. Même le son de ta voix reflète bien toute la détresse ainsi que la peine que tu ressens face à ce qu'Anna te fait subir depuis six ans déjà. "Pardon, loin de moi l'idée de t'embêter avec ça. T'en as probablement rien à faire." Tu détestes l'idée de souler les gens avec tes problèmes. Généralement, tu gardes tout pour toi jusqu'au point d'exploser en larmes. Oui, un homme qui pleure ça existe.
La maladresse était clairement un de tes défauts. Bon, ce n’était pas trop grave mais il t’arrivait des fois de te mettre dans des situations pas possibles simplement parce que tu avais été maladroite. Tu avais appris au fil des années à éviter les situations qui pouvaient te conduire à te blesser mais des fois, tu voulais braver le destin et aujourd’hui tu avais vu trop grand en essayant de récupérer le paquet de céréales préférées de Morgane. Heureusement, un bel inconnu était venu te sauver de ta chute et de l’arrêt de travail qui en aurait découlé et c’est soulagée que tu le remerciais, profitant de l’occasion pour discuter un peu avec ton sauver que tu étais certaine d’avoir croisée quelques fois dans le quartier sans réellement lui prêter plus d’attention que cela. Tu te retrouvais à lui justifier ton besoin d’attraper cette boîte de céréales en particulier et tu ne manquais pas l’expression soudainement plus tendue de son visage alors que tu parlais de Morgane et de ton besoin de la faire partir à l’école avec quelque chose dans le ventre. « Oh je vois ! Les enfants peuvent être têtus parfois. Sage décision, personne ne devrait partir de chez soi le ventre vide le matin. » Ce n’était pas toi qui allais dire le contraire ! Tu avais conscience de ne pas avoir un rapport à la nourriture toujours très sain. Depuis ta pré-adolescence, tu t’étais infligée un régime végétarien avec le moins de sucre possible et avec le moins de graisse possible. Quand Morgane était née, tu avais fait des cures de jus pour perdre tes kilos de grossesse et revenir à ta taille de mannequin. Tous ces efforts avaient payés mais tu étais consciente que ce n’était pas le meilleur exemple pour Morgane et tu essayais de l’amener dans la bonne direction. Tu ne répondis pas au jeune homme, préférant lui indiquer que s’il pensait te connaître mais ne semblait pas faire le lien avec le voisinage, c’était certainement parce qu’il t’avait vu dans des publicités. Cela te faisait toujours étrange de tomber sur des gens qui te reconnaissaient, même après dix ans de métier mais cela t’amusait tout de même beaucoup. « Ah mais oui. Je ne m'attendais pas du tout à tomber sur toi un jour mais je suis flatté de te voir en vrai. Et sache que tu es tout aussi mignonne en vrai qu'en photo ! » Tes joues se tintèrent légèrement de rouge mais tu ne lâchais pas son regard des yeux. Tu ne pouvais t’empêcher de rougir quand on te faisait des compliments par contre, cela ne te rendait pas complètement muette et tu lui répondis : « Mignonne seulement ? Moi qui partais plus sur du sexy, je suis déçue. » Tu fis une petite moue que tu ne gardais pas longtemps car elle ne tarda pas à être remplacée par un sourire en coin destiné à faire comprendre à ton interlocuteur que tu plaisantais bien évidemment. « Les gens ont tendance à oublier que les mannequins sont des gens normaux qui vivent parmi eux donc me voilà ! » Lui dis-tu en faisant un petit tour sur toi-même. Maintenant que tu avais retrouvé l’équilibre, c’était bien plus simple de tenir sur tes deux jambes. Alors que la conversation se poursuit, Lukà se présente te donnant son nom et tu ne tardes pas à lui donner le tient suivi très rapidement de ton surnom qui est presque devenu ton véritable prénom. « Enchanté Jess ! » Vous vous serrâtes la main avant que tu ne remarques que lui aussi achetait des céréales bien sucrées. C’est donc naturellement que tu lui demandais si lui aussi avait des enfants sans te douter que ton interlocuteur allait se murer quelques instants dans le silence, semblant hésiter sur l’approche à mener. Finalement, il commença par : « Tu peux me tutoyer tu sais, je ne suis pas si vieux. » Il avait raison, il n’avait pas l’air très vieux mais il avait la trentaine passée, tu en étais certaine ce qui lui donnait déjà quelques années de plus que toi au compteur d’où ta question sur les enfants. « C'est compliqué.. Les céréales sont pour moi. Je suis un grand enfant tu sais. Chaque matin, je mange mon bol de céréales. Il n'y a que le dimanche où c'est pancakes. » Un petit sourire se dessina sur ton visage. Cela t’amusait beaucoup de penser à Lukà en train de manger ses céréales le matin. Tu ne jugeais pas, chacun son truc mais c’était amusant. « Tout m’a l’air parfaitement orchestré ! Un jour sur deux, Morgane décide qu’elle préfère une banane et du chocolat avant de vouloir des muffins, cela peut être épuisant ! » Dis-tu pour répondre au jeune homme mais ce dernier ne semblait pas avoir terminé. Tu pensais que son compliqué signifiait qu’il ne voulait pas parler de sa situation mais tu t’étais trompée. « J'ai bien un enfant. Un fils mais .. pour faire court, on va dire que sa mère refuse de me laisser le voir.. Pardon, loin de moi l'idée de t'embêter avec ça. T'en as probablement rien à faire. » Ah … Tu ne t’attendais clairement pas à entendre ces mots sortir de la bouche de Lukà. Tu trouvais cela étrange qu’il te parle de quelque chose d’aussi personnel mais peut-être avait-il besoin d’en parler ? En tout cas, tu ne manquerais pas de mentionner à Abel qu’il avait de la chance que tu le laisses voir sa fille tous les dimanches et qu’il l’aie avec lui un week-end par mois. « Je … C’est juste très personnel et je ne suis pas sûre d'être la meilleure conseillère. » Dis-tu au jeune homme avant d’ajouter. « Le père de ma fille et moi sommes séparés depuis sa naissance mais je ne l’ai jamais privé de sa fille. Il s’en est privé tout seul au début, il n’était pas prêt à s’en occuper. C’est différent désormais. » Tu haussais les épaules en repensant au chemin parcouru par Abel ces quatre dernières années. Un chemin qui se traçait de plus en plus loin de toi. « Tu ne peux pas faire une demande de droits de visite ou de garde auprès d’un juge ? En tant que père, tu as des droits sur ton enfant si tu l’as reconnu. » Lui dis-tu en posant ta main sur son avant bras quelques secondes pour lui témoigner ton soutien.
Avec les femmes, t'es extrêmement maladroit. Tu ne sais comment réagir. Il fut une époque où cette vérité était fausse mais depuis qu'Anna t'as brisé le coeur, tu n'es plus aussi à l'aise qu'autrefois avec les femmes. Elles sont ta kryptonite. T'es même capable de te mettre dans des situations rocambolesques rien que par la simple présence d'une femme. Peut-être n'aurais-tu pas dû les fuir si rapidement et ce pendant six longues années. Anna t'as brisée, bien plus que tu ne le penses. Tant bien que mal, t'essaie de te soigner et quel meilleur moyen que d'aller de l'avant en venant secourir la jeune femme qui aurait probablement dû s'éclater la tête contre le carrelage de la grande surface. Cette dernière vient t'expliquer que cette boite de céréales qu'elle tient contre elle lui est vital. Non pas pour elle mais pour sa fille. Ton visage se crispe, ta mâchoire se serre. Tout comme ton coeur. Tu ne lui en veux pas, elle ne pouvait pas savoir mais apprendre qu'elle a une fille te rappelle à quel point toi, tu ne peux pas serrer ton enfant dans tes bras. Tu as tellement pleuré durant six ans que tu n'as certainement plus rien à déverser à présent. Tu te contentes de sourire à la jeune femme. Ton regard se pose sur elle. La demoiselle est vraiment très charmante, un délice pour les yeux. Même si t'es loin d'être à l'aise en la compagnie des femmes, tu n'en restes pas moins un homme et pour toi, la femme est la plus belle chose au monde. T'as beaucoup de mal à supporter celles qui se trouvent des complexes qui n'a pas lieu d'être. Anna en avait et, avec le temps et ton acharnement, ces complexes ont été relégués aux oubliettes. Certainement pas oubliés mais enfouis très loin en elle. Du moins, t'espères y être parvenus. Ton rapport à la nourriture n'est pas des plus sains, ni même un exemple à suivre. Tu détestes les légumes, tu n'arrives pas à les manger qu'ils soient crus ou cuits. Les fruits t'en manges mais tu préfères de loin les bonbons, chocolats, pâtisseries. Pourtant, tu ne prends un gramme ou très peu. Tu as la chance d'avoir un bon métabolisme et de perdre rapidement tes kilos superflus. À l'époque, t'as fait une légère crise de boulimie. Non, ça n'arrive pas qu'aux femmes. Tu mangeais tout ce que tu trouvais et, ensuite, tu venais te faire vomir derrière le dos de ta mère. Très vite, tu t'es rendu compte que ce n'était plus possible. Que tu mettais ta vie en danger et tu as cessé d'avoir ce comportement. Aujourd'hui, tu manges toujours autant mais tu ne te fais plus vomir, c'est terminé. « Mignonne seulement ? Moi qui partais plus sur du sexy, je suis déçue. » Sa remarque a le don de te faire sourire, tu sens tes joues rosirent légèrement. Bien sûr que tu la trouves mignonne mais elle doit en avoir marre d'entendre des réflexions de ce genre-là de la part des hommes. « Les gens ont tendance à oublier que les mannequins sont des gens normaux qui vivent parmi eux donc me voilà ! » C'est vrai aussi. Brisbane est une grande ville et tu es plutôt ravis de tomber sur cette jeune femme. Toi, le type le plus névrosé et dépressif de la ville, t'arrive à parler à la jeune mannequin. Un exploit venant de toi. "C'est vrai oui. Désolé de ma maladresse, je n'ai pas pour habitude d'aborder une femme que je ne connais pas.." Une main dans tes cheveux, tu t'excuses face à elle. Tu n'as nullement besoin de t'excuser en réalité, tu ne lui dois rien. Jessian, Lukà. Les présentations sont faites, tu lui serres la main poliment. Face au questionnement de la demoiselle, tu te justifies en précisant que les céréales sont pour toi. Du haut de tes trente-quatre ans, tu restes un grand enfant. Le petit-déjeuner est ton repas préféré et t'aime varier tes repas selon tes envies, tes humeurs. « Tout m’a l’air parfaitement orchestré ! Un jour sur deux, Morgane décide qu’elle préfère une banane et du chocolat avant de vouloir des muffins, cela peut être épuisant ! » Tu souris lorsqu'elle te parle des habitudes alimentaires de sa fille. Ça ne te fait plus rien lorsqu'elle te parle de Morgane et, peut-être qu'un jour, tu pourras avoir la chance de la rencontrer. Elle doit aussi magnifique que sa mère. "J'essaie oui. J'ai pas le temps la semaine de prendre un vrai petit-déjeuner, alors un bol de céréales et un café, ça fait très bien l'affaire. En revanche, le weekend je me force à prendre le temps de me préparer un vrai et bon petit déjeuner. Le dimanche, c'est brunch." Tu as fortement envie de lui proposer d'en prendre un ensemble un jour mais c'est trop tôt. Mieux vaut commencer par un café ou un thé dans un lieu dédié à cela. Soudain, tu te mets à lui raconter ton histoire. Tu ne sais pas pourquoi tu lui raconte ça, si tu veux la faire fuir c'est le meilleur moyen c'est certain. C'est à son tour de te parler de son parcours entre elle, sa fille et le père de cette dernière. Petit sourire en coin lorsque t'apprends que cette dernière est séparée. Loin de toi l'idée d'avoir d'impures pensées à son sujet. Ce n'est pas ton genre. « Le père de ma fille et moi sommes séparés depuis sa naissance mais je ne l’ai jamais privé de sa fille. Il s’en est privé tout seul au début, il n’était pas prêt à s’en occuper. C’est différent désormais. " C'est triste pour la petite fille mais le plus important c'est qu'il assume son enfant et passe le plus de temps possible avec sa fille. "ça effraie les mecs en général de devenir père.." Même toi mais t'étais prêt à assumer et à élever cet enfant. Anna le savait à quel point tu souhaitais fonder ta propre famille mais non, elle est partie du jour au lendemain. Ça fait six ans et la douleur est toujours immense. "C'est compliqué .. Je ne sais pas où ils sont .. Elle est partie du jour au lendemain et je n'ai pas de nouvelles depuis six ans.." Tous les jours tu penses à eux. Tous les jours tu te demandes s'ils vont bien, si ton fils est heureux et en bonne santé. Jessian pose sa main sur toi, frisson qui te parcoure l'échine. Un faible sourire illumine ton visage, tu ne vas pas pleurer. T'en as assez d'être ce névrosé au bord de la dépression, tu veux changer, évoluer et être capable d'aller de l'avant. La corvée des courses se finit par la rencontre avec une mannequin jolie comme tout. "ça te dit qu'on continue cette conversation autour d'un café? Enfin, t'as peut-être des choses de prévues .." A nouveau, ta main grate le sommet de ton crâne. Il va falloir arrêter de faire ça.
Tu étais amusée par l’homme qui se trouvait en face de toi. Il venait de te sauver d’une chute qui aurait pu te coûter quelques mois d’arrêt maladie ce que tu cherchais à éviter à tout prix vu les contrats que tu avais décrochés dernièrement. Tu lui devais donc une fière chandelle mais tu ne pus t’empêcher de le taquiner un peu quand il te dit qu’il te trouvait mignonne. Cela t’amusait beaucoup car faisant des publicités pour les maillots de bain et la lingerie, c’était la première fois de ta carrière que l’on te disait que tu étais mignonne. En général, le mot qui revient le plus souvent est ‘sexy’ mais tu n’y prêtes pas vraiment attention. Tu es à l’aise dans ton corps et tu l’aimes, peu importe ce que les autres en pensent. Tu en prends énormément soin donc autant que tous ces efforts servent à ravir les yeux des personnes tombant sur tes photos. Comme tu l’avais prévu, ta taquinerie ne servit qu’à rendre un peu plus bafouillant ton interlocuteur ce qui permit à un sourire amusé de se dessiner sur ton visage. « C'est vrai oui. Désolé de ma maladresse, je n'ai pas pour habitude d'aborder une femme que je ne connais pas.. » Cette remarque te surprit un petit peu car même s’il était clair que le flirt n’était pas une matière dans laquelle Lukà excellait, l’idée qu’il n’ait pas l’habitude d’aborder des femmes inconnues voulait dire qu’il était marié ou en couple depuis longtemps ou alors très seul. Tu n’arrivais pas encore à te faire une idée mais qu’importe, tu décidais de continuer à le taquiner un peu pour voir s’il pouvait être encore plus gêné. « Pas besoin de t’excuser, après tout, il faut bien s’exercer. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Depuis que tu avais commencé dans le mannequinat, tu avais appris à ne plus être gêné dans tout un tas de situations sociales qui auraient pu te déranger auparavant. en général, c’était plutôt des remarques plus ou moins fines sur ton physique que tu devais gérer donc aujourd’hui cela t’amusait beaucoup. La conversation se tourna vers les céréales vu que c’était pour un paquet bien particulier que tu avais décidé de jouer à l’acrobate et que tu avais lamentablement échoué. Mais tu avais récupéré les céréales de Morgane, c’était déjà pas mal ! « J'essaie oui. J'ai pas le temps la semaine de prendre un vrai petit-déjeuner, alors un bol de céréales et un café, ça fait très bien l'affaire. En revanche, le weekend je me force à prendre le temps de me préparer un vrai et bon petit déjeuner. Le dimanche, c'est brunch. » Voilà une vie bien réglée et clairement sans enfant. Morgane n’est pas une petite fille pénible mais des fois, tu as l’impression qu’elle change d’avis comme de chemise. Donc tu ne prévois rien trop à l’avance, tu la laisses choisir ce qu’elle va manger du moment que ce n’est pas trop mauvais pour sa santé. D’où la limitation des céréales sucrées mais ta fille connaissait les règles et puis elle avait le week-end mensuel chez son père pour les excès, Abel n’avait jamais été quelqu’un qui aimait se mettre beaucoup de limites. « C’est bien d’avoir ses petites habitudes. Ma fille change d’envie trop souvent pour que je prévois les choses à l’avance. Ceci dit, cela fait longtemps que nous n’avons pas fait de brunch. » Lui dis-tu pensive. Il faudra que tu récupères les ingrédients pour en faire un dimanche, ça pourra être une activité à proposer à Abel quand il viendra passer l’après-midi avec Morgane. Il pourrait arriver un peu plus tôt et tu t’occuperais ensuite de ce que tu avais à faire dans la maison en les laissant jouer. Tu ne sais pas vraiment comment vous en êtes arrivés là mais Lukà en vient à te raconter son histoire avec son ex petite amie et son fils qu’il n’a jamais vu. « ça effraie les mecs en général de devenir père.. C'est compliqué .. Je ne sais pas où ils sont .. Elle est partie du jour au lendemain et je n'ai pas de nouvelles depuis six ans.. » Il était évident que cette situation ne lui convenait pas du tout et qu’il avait envie qu’elle change mais l’impuissance dans laquelle il se trouvait était bel et bien palpable. La vérité c’était que tu ne savais pas trop quoi lui répondre alors tu posais ta main sur son épaule en lui disant : « Courage, j’espère que cela finira par changer et que la mère du petit te laissera une chance. » C’était ce que tu avais fait avec Abel. Tu n’avais pas cru qu’il serait un jour un bon père au début, pas avec le désastre qu’il avait été pendant la grossesse et les premiers mois de la vie de Morgane et pas avec ce qu’il t’avait montré depuis votre rencontre. Et pourtant, tu ne regrettais pas aujourd’hui de lui avoir donné une chance. « ça te dit qu'on continue cette conversation autour d'un café? Enfin, t'as peut-être des choses de prévues .. » Tu regardes ton caddie puis ta montre. Tu as encore un peu de temps avant d’aller récupérer Morgane. Tu te fais rapidement la liste des courses que tu avais en tête et tu as à peu près tout. « Si tu me laisses aller récupérer deux-trois derniers articles, j’ai trente minutes pour prendre un café avant d’aller récupérer ma fille qui est à son cours d’équitation. » Lui dis-tu en te remettant derrière ton caddie et en partant chercher les deux-trois trucs qui te manquaient. « On se retrouve à l’entrée ? » Lui proposas-tu avant de partir dans le magasin. Une dizaines de minutes plus tard, tu étais passée à la caisse et tu avais mis tes sacs dans ta voiture où il ne faisait pas trop chaud. Tu revins alors vers l’entrée où Lukà t’attendait. « Et voilà ! » Lui dis-tu avant de demander : « Vu que tu connais mon boulot, je suis curieuse de savoir ce que tu fais dans la vie. » Lui demandas-tu, pas très pressée de relancer le sujet des enfants s’il ne voulait plus en parler.
N'importe qui qui te connait un minimum pourra te dire que t'es l'homme le plus maladroit lorsqu'il s'agit des femmes. Depuis ton adolescence, tu n'as connue qu'une seule femme. Une seule et unique, celle qui t'as brisé le coeur il y a six ans. Celle qui t'as laissé un goût d'inachevé quant à votre relation. Depuis cette époque, tu t'efforce de te tenir à bonne distance des femmes. Tu refuses de t'accrocher à qui que ce soit, surtout si c'est pour souffrir une nouvelle fois. Face à la jeune femme dont tu viens de sauver la vie, tu bégaies, tu bafouilles. T'es mort de honte à l'intérieur et si tu pouvais rentrer sous terre, tu le ferais sans hésiter un seul instant. Ça fait des années que t'es seul maintenant, t'éloignant autant que possible des personnes du sexe opposée. « Pas besoin de t’excuser, après tout, il faut bien s’exercer. » Elle te fait un clin d'oeil signe qu'elle ne t'en tient pas rigueur. Tu ne la connais pas, tu ne sais absolument rien d'elle mis à part qu'elle s'appelle Jessian. Un très joli prénom d'ailleurs et peu commun. Elle le porte à ravir. Tu ne sors pas assez, voici la vérité qui t'éclate en pleine figure. Tu ne fais pas suffisamment de rencontres diverses et variées pour te socialiser. La preuve en est encore alors que tu faisais tranquillement tes courses de la semaine. Qui aurait cru que tu sauverais la vie d'une mannequin en plein milieu du rayon céréales du supermarché ? Lukà, roi des rencontres improbable. D'autant plus que tu es déjà tombé sur plusieurs clichés de la jeune femme sur internet, jamais tu n'aurais pu te douter qu'elle habitait la même ville que toi. Tu vas de surprise en surprise décidément, la jeune femme est maman d'une petite fille du nom de Morgane. Un nouveau coup de poignard en plein coeur lorsque tu penses à cet enfant -ce fils- que tu ne connais pas et que tu ne connaitra certainement jamais. Tout dépend d'Anna et, d'après ta cousine, cette dernière ne semble pas décidé à rentrer et à te laisser voir ton fils. Ni même à te laisser une chance de t'expliquer sur ce qui s'est réellement passé ce soir-là. Ça n'a plus d'importance de toute façon, Anna est partie et peut-être qu'elle ne reviendra jamais. Sans trop savoir pourquoi, tu te mets à parler de tes habitudes alimentaires avec cette inconnue. Peut-être parce qu'elle t'as surpris avec un paquet de céréales pour enfant entre les mains ? T'es resté un grand enfant malgré tes trente-quatre années. « C’est bien d’avoir ses petites habitudes. Ma fille change d’envie trop souvent pour que je prévois les choses à l’avance. Ceci dit, cela fait longtemps que nous n’avons pas fait de brunch. » Ah les enfants ! Non, tu ne sais pas ce que c'est que d'en avoir quotidiennement chez toi mais tu l'imagines. Tu te revois quand t'avais six ou sept ans, en train de casser les pieds à ta pauvre mère parce que tu préférais manger des céréales au diner plutôt que des choix de Bruxelles. Quel enfant n'a pas fait cela ? "Peut-être qu'un jour on s'en fera un, qui sait ? Je t'ai quand même sauvé la vie !" A ton tour, tu lui fais un clin d'oeil. C'est de l'humour, bien entendu. Tu ne te permettrais jamais de lui demander une telle chose. Tu gagnes suffisamment d'argent pour te payer ou te concocter un brunch toi-même. Même si tu préfères qu'on te le fasse étant donné qu'en cuisine, t'es une véritable catastrophe ambulante. L'hôpital a un tiroir entier rempli de tes exploits. T'exagère à peine. "Enfin, si jamais, choisis l'option du brunch au resto. Jvoudrais pas t'infliger mes pancakes à moitié cramés." Lukà, roi des fourneaux. Et encore une fois, tu te confies sur ce qui te bouffe le plus la vie depuis six ans : l'absence d'Anna et la privation de voir ton fils. Tu l'espère aussi que ton ex petite amie te laissera une chance d'être un père un jour. C'est affreux de voir quasiment tout le monde avoir un enfant et toi, tu ne sais même pas où est le tien. Ni même ce à quoi il ressemble. « Si tu me laisses aller récupérer deux-trois derniers articles, j’ai trente minutes pour prendre un café avant d’aller récupérer ma fille qui est à son cours d’équitation. » Tu souris en attrapant ton chariot partis loin de toi et qui semble déranger une petite mamie pour attraper son paquet de biscottes. "Parfait. À tout de suite alors !" Tu lui lance un dernier sourire avant d'arpenter les rayons qu'il te reste à faire pour terminer tes courses. Tu scrute ton chariot puis file en caisse régler tes achats. Sacs à la main, tu patientes un moment avant de voir revenir la mannequin vers toi. « Vu que tu connais mon boulot, je suis curieuse de savoir ce que tu fais dans la vie. » Jessian a très bien compris que parler d'enfants te rendait malheureux mais tu ne voulais pas la priver de te parler de sa fille, elle doit en être fière. Qui ne serait pas fier d'avoir un enfant et de parler de lui ? "Je bosse dans les livres. J'ai créé ma propre maison d'édition et, pour le moment, je bosse seul. On verra si je prends quelqu'un pour m'aider un jour." Tu vois un tout petit café dans le supermarché, ça ira très bien pour se poser et siroter un café tout en faisant connaissance. "on va s'prendre un café là-bas ?"
La maladresse de ton interlocuteur t’amuse. Il est évident qu’il n’a pas l’habitude de complimenter une femme et d’être taquiné en retour. Voilà longtemps que ce genre de compliments ne te mettent plus mal à l’aise. Au début, tu rougissais à chaque fois mais désormais, cela t’amusait et te permettait de ne pas regretter tous les sacrifices que tu faisais dans ta vie pour garder le corps que tu avais aujourd’hui. Tu trouvais cela injuste quand certaines personnes faisaient passer ta vie pour un conte de fée. Certes, tu n’étais pas à plaindre mais ton boulot n’était pas simplement de faire la maligne devant un photographe. Non, il y avait tout le reste à côté et qui était beaucoup moins joyeux. Les régimes alimentaires, les séances de sport à rallonge, les soirées où il fallait se montrer … Cela fait peut-être rêver beaucoup de monde et tu as appris à ne pas détester cette partie de ton boulot mais elle existe et elle n’est pas toujours évidente à gérer. Surtout depuis que Morgane est entrée dans ta vie et qu’elle semble ne vouloir manger que des plats qui te sont interdits. Alors vous négociez car il est hors de question que tu cèdes à tous les caprices de ta fille. Lukà ne relève pas ta taquinerie et c’est certainement mieux ainsi. Quand il te parle de ses habitudes bien définies, tu souris car avec Morgane, il est impossible de réellement avoir des habitudes alimentaires. Elle change de goût comme de chemise et même si c’est rassurant pour toi de savoir qu’elle veut tout goûter et tout essayer, des fois c’est épuisant. « Peut-être qu'un jour on s'en fera un, qui sait ? Je t'ai quand même sauvé la vie ! Enfin, si jamais, choisis l'option du brunch au resto. Jvoudrais pas t'infliger mes pancakes à moitié cramés. » Ah … Tu n’avais donc pas devant toi un cuisinier hors pair ce qui expliquait sans doute les petits déjeuners aux céréales. Mais tu n’étais pas un as des fourneaux non plus à vrai dire donc tu ne pouvais pas vraiment te moquer. Tu savais faire le minimum ce qui déprimait tous les jours un peu plus ta mère. Tu ne répondis pas tout de suite au jeune homme parce que tu n’étais pas certaine que vous en étiez à échanger des invitations pour un brunch alors que vous veniez de vous rencontrer quelques minutes plus tôt. Peut-être un jour qui sait ? Décidant de la jouer safe, tu lui dis : « Je garde ce conseil en tête si un jour nous brunchons ensemble. » Le sujet qui suivit ne fut pas aussi gai que les échanges remplis de taquinerie qui venaient d’avoir lieu. En ayant parlé de Morgane, cela avait poussé ton interlocuteur à te parler de sa situation avec son fils et la mère de ce dernier. L’idée que l’on puisse priver son enfant et le père de ce dernier de se voir alors qu’ils le voulaient, c’était quelque chose que tu ne comprenais pas. Et tu t’engueulais assez souvent avec tes parents à ce sujet pour comprendre que ta vision des choses n’était pas aussi répandue que tu l’avais d’abord cru. Oui, Abel n’avait pas été le mari idéal, tu étais la première à souligner ce qu’il n’avait pas pu t’apporter mais cela ne voulait pas dire qu’il ne pouvait pas être un bon père et il était en train de le démontrer à tes parents. Lukà te proposa ensuite d’aller prendre un café et après avoir regardé l’heure et l’état de tes courses, tu acceptais son invitation. « Parfait. À tout de suite alors ! » Tu repris ton chariot en main et tu partis à la recherche des quelques items qui te manquaient encore pour compléter ta liste. Cela ne prit pas énormément de temps te te permit de rapidement passer à la caisse avant d’aller déposer les sacs dans le coffre de ta voiture et de retrouver Lukà qui t’attendait patiemment devant le magasin. Alors que vous marchiez vers quelques cafés à côté du supermarché, tu décidais de relancer la conversation sur un sujet plus serein que la situation familiale du jeune homme. « Je bosse dans les livres. J'ai créé ma propre maison d'édition et, pour le moment, je bosse seul. On verra si je prends quelqu'un pour m'aider un jour. On va s'prendre un café là-bas ? » Tu hoches la tête et vous poussâtes la porte du petit café qu’il t’indiquait. Tu n’étais pas une très grande lectrice mais tu lisais quelques livres par an, majoritairement dans les avions quand tu décrochais des contrats à l’étranger. Prenant place à une petite table dans la cour intérieure du café, tu lui dis : « Tu n’as pas de chance, je ne suis pas une très grande lectrice. Tu publies quoi comme genre de bouquins ? » Lui demandas-tu curieuse malgré tout. Ton regard se promenait sur la carte du café et c’est sans grande surprise que tu décidais de faire au plus simple. Quand la serveuse s’approcha, tu lui dis : « Un expresso s’il vous plaît ! » Tu laissais ensuite Lukà commander avant de lui demander : « Et à part les céréales, c’est quoi ton plat préféré ? » C’était une manière comme une autre d’engager la conversation.
La fée catastrophe a dû se pencher un peu trop sur ton berceau lorsque tu n'étais qu'un nourrisson. Depuis que t'es né, l'hôpital de Brisbane a eu la chance -ou la malchance- de te voir débarqué pour tout et n'importe quoi. T'es même sûr et certain qu'ils possèdent un tiroir entier remplis de différents exploits. Mais il n'y a pas que physiquement que la maladresse reste l'une de tes principales qualités. Avec les femmes, t'es tout aussi maladroit. T'es loin d'être à l'aise lorsque tu dois parler à une femme, même s'il s'agit de ta conseillère bancaire. Tu ne connais pas la fille dont tu viens de sauver la vie, sans vouloir te vanter. Te voici pourtant en train de discuter avec elle, comme si tu retrouvais une vieille amie de longue date. Ce n'est absolument pas le cas. Jessian, tu la connais simplement à travers les photos que tu as pu voir d'elle sur différents publicités sur la toile. Et tu peux avouer qu'elle est aussi magnifique en vrai qu'en photo, Jess ne fait partie de ses mannequins qui font retoucher leurs photos pour paraitre plus jeune, plus mince. Jess est parfaite à tout niveau. Tu ne sais pas quelle mouche t'as piquée pour lui proposer de bruncher ensemble un jour mais tu l'as fait et la demoiselle ne semble pas fermé à cette idée. "Peut-être que .. Morgane, c'est ça ? Peur-être qu'elle se joindra à nous un jour, qui sait !" Tout dépend de Jessian, mais tu serais ravie de rencontrer la petite fille. Elle doit être aussi belle que sa mère. T'as toujours adoré les enfants, c'est d'autant plus frustrant que tu ne peux pas tenir ton fils dans tes bras. Le fait qu'elle te parle de sa fille te rend triste de ne pas pouvoir raconter d'anecdotes sur ton fils. Ça te rappelle qu'il est loin de toi et qu'il ne connait probablement pas ton existence. C'est Anna qui a dû choisir de lui parler de son père et, surtout, de savoir quoi lui dire sur toi. Mais tu ne veux pas que Jess se prive de parler de sa fille pour t'empêcher de te faire du mal en pensant à ton fils. De toute façon, tu penses tous les jours à lui. Parfois même, tu penses à lui pour pas grand chose. Un paquet de céréales pour enfant, un livre que tu vois dans un magasin. Lorsque tu fais les boutiques pour toi, il t'arrive toujours de craquer sur des fringues pour ton fils. Mais tu te retiens, ça ne sert à rien de lui acheter des vêtements vu qu'il ne pourra certainement jamais les porter. Jessian et toi, vous vous quittez le temps d'un instant. Juste le temps de terminer le ravitaillement et de passer en caisse. Tu es le premier à avoir terminé, t'as dû oublier des articles encore. C'est courant chez toi. Ce n'est même pas la peine de faire une liste vu que tu l'oublies toujours chez toi. Il ne te restera plus qu'à revenir dans quelques jours.
[...]
Jessian a terminée ses achats à son tour. Elle te rejoint et un espèce de sourire idiot apparait sur ton visage. Elle est belle Jess, elle pourrait te plaire dans l'absolu mais non, tu refuse de te lancer dans une nouvelle aventure avec une femme. Et puis, c'est trop tôt. Vous vous connaissez depuis environ vingt-cinq minutes, tout au plus. Si tu connais le métier qu'elle exerce, Jessian ne sait rien de toi. À part ton nom, bien sûr. « Tu n’as pas de chance, je ne suis pas une très grande lectrice. Tu publies quoi comme genre de bouquins ? » Parfois, il t'arrive de te sentir un peu exclu de ce monde. Comme si tu n'étais pas né à la bonne époque. Les gens de ton âge sont adeptes des dernières technologies et tu t'en sers aussi ne serait-ce que pour ton boulot. "Toutes sortes de lire mais j'essaie de m'adapter aux tendances en publiant quelques romans à la cinquante nuances de Grey .. Je publie aussi certains livres pour enfants. Educatif ou non, jpourrais peut-être t'en passer pour Morgane si ça te dit." Tu ne fais aucun commentaire sur le fait qu'elle ne lise pas beaucoup et qu'elle soit mannequin, tout simplement parce que tu te moque de son métier. Elle est certes mannequin mais elle semble également cultivée pour faire taire toutes ces mauvaises langues qui se permettraient de la juger sans même la connaitre. "Tu lis quoi comme livre lorsque t'en lis ?" Vous arrivez au café, les bras chargés de sac remplis de courses. "Jvais prendre la même chose !" Dis-tu au serveur. Tu lance un regard à la jeune femme en haussant les épaules. "Je ne vis pas sans café, c'est impossible !" Limite, tu pourrais te faire une perfusion intra-veineuse. Oulà si elle attaque le sujet de la nourriture, elle a pas finit. T'es loin d'être l'homme le plus healthy du monde. Tu ne fais pas attention à ce que tu manges, c'est pour ça que tu aimerais faire un peu plus de sport. "Euh .. Tout ? Bon, peut-être pas tout mais j'adore tellement de choses. Les fast food, les pizzas .. Tu sais, je ne cuisines pas beaucoup, alors la question des repas est souvent vite réglée avec moi. Heureusement, ma mère m'emmène des plats préparés maisons chaque dimanche. C'que je préfère ce sont les pâtesà la bolognaise. Les pâtes tout courts d'ailleurs ! Et toi alors ?" Le serveur vous apporte vos deux expressos, tu règle le tien en lui tendant un peu plus que le prix annoncé.
Tu n’avais pas des tonnes d’heures devant toi pour prendre ce café avec Lukà mais tu avais assez de temps pour discuter un peu et boire un café avec lui avant d’aller récupérer Morgane à son cours d’équitation. L’amour de ta fille pour ce sport te dépassait complètement car tu n’avais jamais été attirée par les chevaux et il ne te semblait pas qu’Abel en soit un fanatique non plus. Mais quand elle vous avait dit vouloir faire de l’équitation, tu avais cherché un ranch pour qu’elle ait accès aux meilleurs enseignants. Ce n’était pas bien difficile, avec les contacts de ta mère à l’église, tu avais su en quelques jours lequel était le meilleur. Comme convenu, tu retrouvais Lukà devant le magasin et il t’indiqua un petit café qui avait l’air fort sympathique. De toute manière, du moment qu’ils servaient du café qui n’était pas infect, tu étais loin d’être très difficile. Décidant d’éviter les sujets qui fâchent comme le fait que l’homme en face de toi ne pouvait pas voir son fils, tu lui posais des questions sur son boulot. En général c’était un sujet bateau avec lequel tu ne prenais pas trop de risques. Et cela fonctionna à merveille ! Vu que Lukà connaissait ton boulot, c’était assez logique que tu cherches à en savoir plus sur le sien. C’est donc pour cela que quand il te dit avoir une maison d’édition, tu lui demandais ce qu’il publiait comme livres. « Toutes sortes de lire mais j'essaie de m'adapter aux tendances en publiant quelques romans à la cinquante nuances de Grey .. Je publie aussi certains livres pour enfants. Educatif ou non, jpourrais peut-être t'en passer pour Morgane si ça te dit. Tu lis quoi comme livre lorsque t'en lis ? » Apparemment c’était une maison d’édition qui publiait un peu de tout. Tu avais entendu parler de ‘Cinquante nuances de Grey’ comme toute personne vivant dans les années 2010 mais tu n’y avais jamais prêté attention. Il te semblait te souvenir que lors d’une soirée entre collègues, une des mannequins présente avait insisté pour regarder les films mais tu avais dû boire un peu car tu ne gardais que de vagues souvenirs d’un beau gosse mais des acteurs très moyens. « Je lis pas mal de livres pour enfant maintenant que tu me le dis, Morgane aime que je lui lise quelques pages avant de s’endormir. » Ta fille aimait les histoires et même si tu n’étais pas du genre à encourager cette dernière à vivre dans un monde fantasmé et idéalisé, tu ne voulais pas briser son enfance, la lecture était une étape importante dans sa vie. « La colocataire d’un bon ami à moi en écrit et j’en récupère déjà pas mal mais je suis toujours preneuse. » Ajoutas-tu avant de dire : « Sinon de mon côté, je lis principalement en avion et quand j’ai un peu de temps. Je lis des policiers principalement mais si on me conseille un livre, je n’hésite pas à varier les styles. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu devais lire quelques livres par an, préférant largement feuilleter des magazines et en admirer les photos. C’était peut-être ridicule mais ta passion à toi c’était les photos et les magazines, pas les livres. Tu n’avais jamais été la petite intello à lunettes plongée dans ses lectures … « Jvais prendre la même chose ! Je ne vis pas sans café, c'est impossible ! » Tu laissais échapper un petit rire à cette remarque avant de demander à Lukà quelle était sa nourriture préférée. De voir toutes ces bonnes choses entreposées dans la vitrine du café t’avait fait te poser la question. « Euh .. Tout ? Bon, peut-être pas tout mais j'adore tellement de choses. Les fast food, les pizzas .. Tu sais, je ne cuisines pas beaucoup, alors la question des repas est souvent vite réglée avec moi. Heureusement, ma mère m'emmène des plats préparés maisons chaque dimanche. C'que je préfère ce sont les pâtesà la bolognaise. Les pâtes tout courts d'ailleurs ! Et toi alors ? » La nourriture italienne semblait être une vraie source de bonheur pour Lukà. Tu trouvais cela amusant que sa mère lui apporte toujours à manger à son âge mais la tienne ne te laissait jamais repartir le dimanche soir sans quelques Tupperwares donc tu étais assez mal placée pour faire des commentaires. « Tu as des origines italiennes ? » Lui demandas-tu curieuse avant d’enchainer. « Je n’ai pas vraiment de plat préféré. Je dirais certainement des raviolis au fromage parce que j’en mange très rarement et que j’adore ça. Je n’ai jamais eu de problèmes avec la nourriture mais disons que j’ai appris très tôt à ne plus manger beaucoup de choses. » De la viande en premier lieu et puis ensuite beaucoup de choses caloriques et riches en sucres.
Assis à l'une des tables du café se situant au beau milieu d'un centre commercial, certains pourraient s'amuser à croire que Jessian et toi étiez un couple, ou bien même des amis de longue date. Vous n'êtes rien de tout ça. Jess est l'une de ses mannequins que l'on peut retrouver sur diverses pages sur internet. Tu l'as toujours trouvés belle, cela dit l'avoir en voisine et tomber sur elle au milieu du rayon céréales du supermarché était une grande surprise. Une belle et agréable surprise. Vous n'avez pas beaucoup de temps avant que la demoiselle file récupérer sa fille. Être parent célibataire ne doit pas être de tout repos. T'aimerais le découvrir mais Anna t'en empêche. Peut-être ne verras-tu jamais ton fils et, si ça se trouve, Anna n'a jamais parlé de toi à votre enfant. Si ça se trouve, il ne connait rien de toi et pense que tu l'as abandonné. C'est faux. Tu ne l'as jamais abandonné, c'est elle qui est partie. C'est Anna qui t'as privé de votre fils. Tu ne connais rien de lui. Ni comment il s'appelle, ni à quoi il ressemble. Tu ne connais rien et t'en souffre tellement. D'autant plus lorsque tu peux voir un père avec son ou ses enfants. Cette image -aussi innocente soit-elle- te détruit de l'intérieur. Jessian a une fille, elle semble tellement proche d'elle. Ça pourrait te faire du mal mais non, tu n'es pas jaloux qu'une mère soit proche de son enfant. Et t'es également très content d'avoir appris que le père de la petite Morgane s'occupe très bien de sa fille également. De toute façon, tu ne peux pas le juger. Tu ne le connais pas et t'es bien mal placé pour juger un père absent de la vie de son enfant. Si pour tes proches, c'est Anna la coupable aux yeux de certaines personnes, tu l'es tout autant qu'elle. Tu n'as jamais cherché à les retrouver et à reprendre ta place de père dans la vie de ton fils. Complètement perdu dans tes pensées, c'est la voix de ton amie qui te ramène à la raison. « Je lis pas mal de livres pour enfant maintenant que tu me le dis, Morgane aime que je lui lise quelques pages avant de s’endormir. » C'est tellement adorable. Tu ferais la même chose avec ton fils si tu le pouvais. Il a d'ailleurs une jolie étagère remplie de bouquins éducatifs ou non, de bibelots en tout genre dans la chambre aménagée spécialement pour lui. "Oh c'est bien ça. Peut-être deviendras-t-elle une future grande lectrice plus tard ?" Ou une jolie mannequin comme sa maman, elle fera bien comme elle en a envie. Mais il était tout à fait normal que tu tiennes à défendre l'honneur des livres étant donné que c'était ton domaine professionnel. « La colocataire d’un bon ami à moi en écrit et j’en récupère déjà pas mal mais je suis toujours preneuse. » Tiens donc, comme le monde est petit. "Il ne s'agirait pas de Maddie Hamilton par hasard ? Je l'ai croisé l'autre jour à la librairie, j'adore les dessins qu'elle fait !" Tu continue d''écouter le petit monologue de ton amie tout en sirotant ta tasse de café apporté quelques secondes plus tôt par la serveuse. Impossible pour toi de te passer de caféine. Chaque matin il te faut ta tasse de café afin que ta journée commence bien -sur ce point-là tu ressemble beaucoup à ta cousine- et, durant la journée, les cafés s'enchainent. Au bureau, à la maison, au DBD. « Sinon de mon côté, je lis principalement en avion et quand j’ai un peu de temps. Je lis des policiers principalement mais si on me conseille un livre, je n’hésite pas à varier les styles. » "Tu voyages beaucoup ?" T'imagine qu'avec Morgane, ces activités de mannequin doit être principalement à Brisbane ou aux alentours. La jeune femme est donc ouverte à toutes sortes de livres. "Ben écoute, si tu en as envie, je pourrais toujours t'en conseiller. Je note que les gros pavés entre cinq cent et milles pages sont à proscrire." Dis-tu avec un léger sourire. Trente minutes ça passe vite mais qui te dit que vous n'allez pas vous revoir très vite ? Après tout, vous êtes des voisins. "Hum .. pas à ma connaissance non." Il faudrait que tu demande à ta mère. Peut-être en-as tu du côté de ton père mais tu ne le connais pas, et ta mère non plus. Ça va être difficile de se prononcer à moins de faire un test adn. "Les raviolis aux fromages c'est la meilleure chose au monde. Je crois qu'on est fait pour s'entendre !" Bien entendu, tu rigoles en disant cela. Lukà Petterson, le mec aux blagues pas drôles. "T'entends quoi par ne pas manger certains aliments ? Serais-tu, toi aussi, une flexitarienne ?" Par toi aussi, t'entends que tu l'es également. Manger de la viande est loin d'être une nécessité pour toi, tu peux très bien t'en passer en mangeant une fois par semaine -voire pas du tout- de la viande.
Tu as toujours été avide de nouvelles rencontres. Voilà comment tu te retrouves à prendre un café avec un quasi inconnu alors que tu dois aller récupérer Morgane dans une trentaine de minutes à son cours d’équitation. Ce côté confiant envers les gens, cette envie de découvrir leur singularité surprenait toujours ton entourage et était souvent accueilli par des inquiétudes. Pourtant, tu n’avais jamais fait de mauvaises rencontres, du moins pas de rencontres dont tu ne pouvais pas te sortir à temps. Et Lukà te semblait être quelqu’un d’inoffensif. Il était peut-être légèrement dépressif et il n’était pas difficile de comprendre qu’il souffrait d’une forme de solitude mais à part ça, tu ne risquais pas grand chose. Ces quelques minutes allaient passer bien vite mais ce serait une première rencontre, une première approche car étant voisins, vous allez certainement être amenés à vous recroiser. Le métier de Lukà dans l’édition lance la conversation sur le domaine littéraire et tu n’as pas cherché à mentir, ce n’est vraiment pas ton domaine. Tu n’aimes pas vraiment lire, ce n’est pas quelque chose dont tu as l’habitude pourtant, tu veilles à lire quelques pages tous les soirs à Morgane dans l’espoir qu’elle ne déteste pas l’idée de lire et qu’elle puisse s’y intéressait de plus près une fois qu’elle saurait lire si ça l’intéressait. « Oh c'est bien ça. Peut-être deviendras-t-elle une future grande lectrice plus tard ? » Tu laissais échapper un petit rire. Du haut de ses quatre ans, ta fille pouvait bien décider de devenir ce que bon lui semblait. Et les hésitations et suppositions n’avaient pas encore commencé. « Je n’hésiterai pas une seconde à lui acheter tous les livres qu’elle veut si ça l’intéresse. » L’idée d’imposer à ta fille ses passions et ce qu’elle avait le droit d’aimer ne t’avait pas traversé l’esprit. Comme Abel tu aurais préféré qu’elle ne se lance pas dans l’équitation mais elle aimait clairement ça alors pourquoi l’en priver ? Tu te contentais juste de chercher les meilleurs endroits pour pratiquer chacune des activités qui l’intéressaient. Quand tu lui parlas des livres de Maddie sans la nommer, Lukà te dit : « Il ne s'agirait pas de Maddie Hamilton par hasard ? Je l'ai croisé l'autre jour à la librairie, j'adore les dessins qu'elle fait ! » Tu ne pus t’empêcher de froncer les sourcils à ces paroles. Comment pouvait-il savoir qu’il s’agissait de Maddie ? Il y avait à peu près zéro indice dans ce que tu venais de dire qui pouvait lui indiquer que tu parlais d’elle. Perplexe, tu lui dit : « C’est bien elle en effet mais … Comment peux-tu le savoir ? » Il y avait des dizaines d’écrivains et de dessinateurs de livres pour enfants, certains n’étaient d’ailleurs pas trop publiés et Maddie ne devait pas être la seule à être en colocation. C’était le genre de réflexion qui te mettait sur tes gardes mais tu décidais de ne pas insister. A la place, tu confiais à Lukà que tu lisais des livres policier quand tu en lisais. « Tu voyages beaucoup ? Ben écoute, si tu en as envie, je pourrais toujours t'en conseiller. Je note que les gros pavés entre cinq cent et milles pages sont à proscrire. » Tu hoches la tête instinctivement avant de boire une gorgée de ton café. « Plus ou moins. Je pars en moyenne une semaine tous les trois voire quatre mois. J’essaie de travailler le plus possible à Brisbane ou dans le coin mais même si j’adore ma fille, j’ai besoin de garder des contrats à l’international. » Tu ajoutais ensuite : « Et j’avoue, je préfère quand le livre n’est pas trop gros. » Tu t’en fichais que cela te fasse passer pour une mère indigne aux yeux de ton interlocuteur. Tu avais sacrifié beaucoup pour ta fille, tu l’avais eue très jeune et tu avais bien le droit de partir bosser sur des plages paradisiaques ou dans des pays lointains quand tu en avais la possibilité. « Hum .. pas à ma connaissance non. Les raviolis aux fromages c'est la meilleure chose au monde. Je crois qu'on est fait pour s'entendre ! T'entends quoi par ne pas manger certains aliments ? Serais-tu, toi aussi, une flexitarienne ? » Tu parlais rarement de ton régime alimentaire mais c’était surtout parce que tu n’aimais pas aborder les sujets liés à la nourriture. En général les gens avaient des avis bien arrêtés sur le régime alimentaire des mannequins et ce qu’ils pensaient que tu mangeais et les faire changer d’avis n’était pas simple. « Je suis végétarienne depuis mon adolescence. Et être mannequin demande un certain nombre de sacrifices liés à la nourriture qui sans être de grosses privations restent des restrictions. » Dis-tu en haussant les épaules. Personne ne te les imposaient mais si tu ne les avais pas, tu n’étais pas certaine de continuer à trouver du travail pendant dix ans.
Est-ce qu'une seule seconde peut changer à tout jamais notre existence ? Est-ce qu'une seule personne peut bouleverser l'entièreté de notre vie ? La réponse est simple. Oui, une seule personne peut changer notre vie en une seconde. Ta rencontre avec Jessian n'était aucunement prévue. Il fut une époque où rencontrer des gens était chose aisée pour toi. Depuis six ans, tu t'es enfermé dans une bulle. Tu t'es tenu à bonne distance des autres et aujourd'hui, tu te rends bien compte que ce fut une immense erreur. Freya, Matt, ta mère. Tous autant qu'ils sont, ils n'ont cessés de te répéter que tu n'avais pas à te sentir coupable. Que c'était Anna la fautive et que t'enfermer dans une bulle ne t'étais aucunement bénéfique. T'en prends conscience aujourd'hui, mieux vaut tard que jamais. Avant, jamais tu n'aurais accepté l'invitation de la demoiselle à aller boire un café et pourtant, vous en êtes là. Assis l'un en face de l'autre, à parler de vos vies respectives. Lorsqu'elle mentionne sa fille, Jessian a des étoiles pleins les yeux. T'aimerais avoir des étoiles dans les yeux lorsque tu parles de ton fils. À la place des étoiles, ce ne sont que des larmes qui inondent ton regard. Les larmes d'un homme qui ne connaitra jamais son fils. Peut-être que si. Peut-être qu'Anna aura un soupçon de lucidité et reviendra à Brisbane, te laissant -enfin- voir ton fils. Ce ne sont que des suppositions, rien est certain. Tu te fais des films dans ta tête. Plus le temps passe et plus les chances de voir ton fils s'amaigrissent de jour en jour. Personne ne se méfie de toi, pourtant ils devraient. T'as beau avoir des amis, de la famille, tu te sens seul. Incroyablement seul. L'heure est venue de percer cette bulle et de t'intégrer au monde réel. « Je n’hésiterai pas une seconde à lui acheter tous les livres qu’elle veut si ça l’intéresse. » Très bonne initiative de la part de Jessian. Ta mère, même si ça a été difficile avec son maigre salaire d'institutrice, elle t'as toujours offert tous les livres que tu voulais posséder. Des livres pour agrandir ses connaissances personnelles, des romans. Tu les as tous gardés. C'est une véritable caverne d'Ali Baba des livres ta maison. "Très bonne initiative de ta part. Tu sais que j'ai gardé tous les livres que ma mère m'a acheté quand j'étais petit ? Même si j'ai pas mon fils avec moi, il a le droit à son étagère remplie de livres en tout genre !" T'ignore pour quelle raison tu parle de tout ça à Jessian. Tu te sens bien avec elle. Un peu comme si tu venais de croiser une vieille amie du lycée. Si Jess t'avais croisé au lycée, elle ne t'aurais sans doute jamais adressé la parole. « C’est bien elle en effet mais … Comment peux-tu le savoir ? » Tu souris, t'as dit ça au pif. Des illustratrices de livres pour enfants, il ne doit pas en avoir dix mille à Brisbane mais Maddie n'est sans doute pas la seule. "Bah en fait, j'ai un peu dit ça au pif. Je l'ai rencontré y'a pas longtemps. J'aime beaucoup son travail !" Difficile de croire qu'elle est ta demie-soeur lorsqu'on vous voit tous les deux. Mais si t'en crois ce test d'ADN que tu as fait tout récemment, Maddie est bien ta soeur, enfin ta demie-soeur. A confirmer mais il ne doit pas exister beaucoup d'Hamilton à Brisbane. Tu arrête de parler de livres, si personne ne t'arrête tu pourrais en parler durant des heures entière. T'as pas trop envie de souler la jeune femme avec ta passion des bouquins, le temps vous ai compté. Jessian doit récupérer sa fille dans peu de temps. « Plus ou moins. Je pars en moyenne une semaine tous les trois voire quatre mois. J’essaie de travailler le plus possible à Brisbane ou dans le coin mais même si j’adore ma fille, j’ai besoin de garder des contrats à l’international. » Ca doit demander une sacrée organisation tout de même. Ne serait-ce que pour garder sa fille. Toi, si tu devais partir comme ça tous les trois mois et que tu avais ton fils avec toi, tu pourrais le confier à ta mère ou bien à ta cousine. Quoi que tu aurais peur de le confier à ta cousine, Freya est loin d'avoir un mode de vie très sain, cela dit tu lui fais confiance au point de lui confier ton enfant. "Je suppose que c'est son père qui garde la petite quand t'es en déplacement. À moins que ça ne soit tes parents .. Pardon, jsuis trop indiscret.." Pour te taire, tu trempe tes lèvres dans ta tasse de café bouillant. Ça t'occupera cinq minutes. Nouveau sujet de conversation lancé : la nourriture. C'est comme les livres, si on te lance à parler de nourriture, tu ne t'arrête plus. T'es loin d'être un homme healthy. Heureusement que ta mère t'apporte des plats chaque dimanche soir, autrement tu ne mangerais que des pâtes ou des plats commandés au traiteur du coin. « Je suis végétarienne depuis mon adolescence. Et être mannequin demande un certain nombre de sacrifices liés à la nourriture qui sans être de grosses privations restent des restrictions. » Son métier lui demande des sacrifices mais si ça ne lui manque pas, c'est encore mieux. Tu n'es pas non plus un grand fan de la viande, tu n'en mange qu'une à deux fois par semaine tout au plus. En revanche, le poisson t'adore ça. Il parait que c'est bon pour la mémoire, dans ton cas ce n'est que du bonus. "Et ça te manque de ne pas manger comme tu veux ? Je t'avoue que je ne pourrais pas me priver, j'aime bien trop manger. Fast food, pizza, pâtes .. je suis encore plus un fan des pâtisseries." C'est certain que tu ne pourrais pas faire mannequin. Pas avec tout ce que tu ingurgite par jour. Le temps passe à une vitesse folle, les trente minutes sont bientôt écoulées et vous allez devoir vous quittez pour qu'elle puisse aller chercher sa fille. "J'étais content de te rencontrer, je me serais jamais douté qu'une mannequin mondialement connu habitait pas loin de chez moi !" Tu lui souris et termine ton café. "En tout cas, si t'as besoin de quoi que ce soit ou même juste de parler, ma porte t'es ouverte !" Grand sourire aux lèvres, t'es on ne peut plus fier de toi et de ta facilité à t'exprimer face à cette jeune femme.
Ce n’est pas toujours simple d’encourager les passions de ses enfants quand ce ne sont pas également les vôtres. Tu ne cherchais pas à ce que Morgane aime les mêmes choses que toi mais tu avais l’impression d’être ignorante, de ne pas bien l’encourager ou l’accompagner dans la découverte de ses passions à elle. La lecture était une activité que tu n’avais jamais vraiment pratiquée. Tu te souvenais d’avoir lu des livres enfants mais tu n’en avais jamais tiré un bonheur particulier. Le piano c’était autre chose … Tu avais toujours aimé poser tes doigts sur le clavier et tu continuais aujourd’hui en essayant de transmettre ce savoir à ta fille. Et elle appréciait mais ta fille était une personne à part entière qui avait une idée bien précise de ce qu’elle avait en tête. Têtue et déterminée, tu savais qu’elle allait faire de ta vie un enfer quand elle sera adolescente. « Très bonne initiative de ta part. Tu sais que j'ai gardé tous les livres que ma mère m'a acheté quand j'étais petit ? Même si j'ai pas mon fils avec moi, il a le droit à son étagère remplie de livres en tout genre » Un petit sourire se dessine sur ton visage. Tu n’as aucun mal à imaginer l’homme en face de toi garder religieusement ses livres d’enfant pour son fils. Tu n’avais jamais réellement été attachée aux objets de ton côté et pas assez à des livres pour les transmettre à Morgane même s’il t’était arrivé d’acheter un ou deux titres toujours publiés aujourd’hui par nostalgie. Mais il était bon de laisser de nouvelles inspirations parler ainsi que de nouveaux dessinateurs. Tu déposes quelques secondes ta main sur l’avant-bras de ton interlocuteur en lui disant : « Je suis certaine qu’il aura l’occasion de les découvrir. Et puis tu auras peut-être d’autres enfants. » Tu ne saurais trop donner un âge précis à Lukà mais il ne te semble pas très vieux, il avait encore la vie devant lui et rien ne le forçait de se contenter d’avoir un seul enfant s’il retrouvait quelqu’un avec qui fonder une véritable famille au sens strict du terme. Quand il te demanda si la dessinatrice que tu connaissais était Maddie, tu devais avouer que cela te refroidit légèrement. Tu avais entendu bien assez d’histoires glauques de tes collègues mannequins avec des harceleurs pour ne pas faire attention à toi. Lukà avait l’air inoffensif mais personne n’est jamais trop prudent. « Bah en fait, j'ai un peu dit ça au pif. Je l'ai rencontré y'a pas longtemps. J'aime beaucoup son travail ! » Tu baises un peu ta garde mais pas complètement non plus. Tu ne peux pas te détendre complètement en sa présence. Car même s’il est vrai qu’il n’existe pas des dizaines et des dizaines de dessinateurs à Brisbane pour les livres jeunesse, tu n’étais pas certaine que Maddie serait ton premier choix. Enfin, mieux valait être prudent. « Maddie est très douée, Morgane aime beaucoup ses histoires. » Te contentes-tu de lui répondre. Tu vins à parler de tes propres goûts littéraires qui n’étaient pas très développés. Tu lisais en voyage et surtout des romans policer. « Je suppose que c'est son père qui garde la petite quand t'es en déplacement. À moins que ça ne soit tes parents .. Pardon, jsuis trop indiscret.. » Le mode de garde de Morgane n’était pas un secret, loin de là ! Lukà avait raison, tu aurais dû laisser Morgane à son père lors de ces semaines et tu pensais de plus en plus à le faire, pour essayer mais tu n’étais pas complètement à l’aise avec cette idée. Tu ne pouvais t’empêcher de penser qu’Abel n’était peut-être pas encore prêt … « Elle reste chez mes parents ou avec mes sœurs la plupart du temps quand je suis en déplacements. » Tout sacrifier pour ta fille, tu l’avais fait pendant ta grossesse et l’année qui avait suivi sa naissance. Désormais, tu ne pouvais plus tout sacrifier pour elle, ce n’était pas quelque chose que tu voulais faire car tu savais que tu viendrais à lui reprocher certaines choses et tu préférais que Morgane t’en veuille quelques temps pour des absences courtes et répétées plutôt que pour des reproches que tu lui aurais fait sur l’obstacle qu’elle aurait pu être à ta carrière. La conversation se tourna ensuite vers la nourriture et tu expliquais à Lukà que ton métier te demandait de respecter certaines restrictions. « Et ça te manque de ne pas manger comme tu veux ? Je t'avoue que je ne pourrais pas me priver, j'aime bien trop manger. Fast food, pizza, pâtes .. je suis encore plus un fan des pâtisseries. » Bien sûr que toi aussi tu aimais tous ces mets mais tu avais appris à t’en passer. Et même si la tentation était forte, tu résistais la plupart du temps ne t’autorisant qu’une petite entorse de temps en temps. « On s’habitue à force, je fais ce métier depuis que j’ai dix-sept ans à temps plein. » Avant cela, tu le faisais déjà mais tu étais encore au lycée. Tu regardes ta montre et tu termines rapidement ton café car il est temps d’y aller. Le temps est passé bien vite et tu ne veux pas être en retard pour récupérer ta fille. « J'étais content de te rencontrer, je me serais jamais douté qu'une mannequin mondialement connu habitait pas loin de chez moi ! En tout cas, si t'as besoin de quoi que ce soit ou même juste de parler, ma porte t'es ouverte ! » TU souris au jeune homme qui t’avait donné le numéro de sa maison. « C’était un plaisir également ! Au plaisir de se refaire ça bientôt ! » Lui dis-tu avant de te diriger vers ta voiture. Tu espérais que ton instinct ne se trompait pas et que Lukà n’était pas quelqu’un dont tu devais te méfier. Montrant dans ta voiture, tu repris la direction du centre équestre pour récupérer Morgane.